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 Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)

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Hardrek Poing-de-Fer
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MessageSujet: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeMar 1 Jan 2019 - 9:29


Mois de Verimios, 16ème année du XIème cycle

Alors que la petite troupe approchait de Kirgan, les traces du cataclysme ayant ravagé l'endroit une quinzaine d'années auparavant se firent plus visible. Ici une coulée solidifiée de lave devenue noirâtre sous l'oxydation de l'air témoignait la fureur du volcan, là une fortification effondrée rappelait la puissance perdue de la cité des rois sous la montagne. Mais sur les plaies encore béantes infligées par la folie du Coléreux se dressaient aussi de nouvelles constructions comme pour prouver aux Dieux eux-mêmes que la fière race des dawis ne pliait pas aisément le genou. Dans la vallée les fermes se trouvaient de nouveau en état et au loin se dressait sur un aplomb rocheux la silhouette massive de Fort Garmin d'où le clan Poing-de-Fer avait lancé sa reconquête du Kirgion. Juste en contrebas du Fort se devinaient déjà les tunnels permettant d'accéder à leur destination : la cité souterraine en elle-même, là où régnait le Gormrik du Zagazorn.

Ur Mandosson Undhazul le Gardefer, Zagazkroni du clan Poing-de-Fer, se tourna vers le vieil archimage à la barbe blanche qu'il escortait depuis Lante. Gardien des Souvenirs n'était pas un titre vain et Undhazul se souvenait des venues précédentes de l'Umgi... mais Nakor était-il encore un umgi ? Son espérance de vie n'avait plus rien à voir avec celle de ses congénères et la légende courrait que le vieux roublard aurait été capable de duper Heidum lui-même s'il l'avait fallu. Cela importait finalement assez peu au Zagazkroni qui reconnaissait Nakor pour un ami des dawis depuis longtemps. Rien d'étonnant dès lors à ce qu'il se soit vu reconnaître comme Ongrunthrong du clan Poing-de-Fer, comme un allié du clan autorisé de ce fait à venir jusque dans les Monts du Septentrion.


Appréciez l'insigne honneur qui vous est fait, Gnolgromthi. Vous êtes le premier des longues-jambes à être invité en ce lieu sacré depuis bien des années.

Gnolgromthi, vocable qui signifiait vénérable ancêtre et indiquait une référence respectueuse de la part des frères de barbes. Undhazul ne pouvait appeler Nakor un Karumgrothi car seul un véritable dawi peut se voir ainsi révérer par l’appellation "d'ancêtre vivant" mais il trouvait que les actes passés de l'archimage méritaient bien l'usage d'une formule rituelle de politesse. Le dawi s'était d'ailleurs exprimé en khuzdhul car Nakor maîtrisait admirablement bien cette langue fort peu connue en dehors des frontières du Zagazorn, signe d'une vaste culture qui depuis le départ de Lante impressionnait les grognards de l'escorte peu habitués à voir des umgis répondre dans la langue de leurs pères. Rien d'étonnant dès lors, se dit intérieurement le Gardien des Souvenirs, que le Gromrik ait choisi d'accueillir l'archimage à Kirgan pour envoyer un signal politique d'ouverture au reste du monde.


Dernière édition par Hardrek Poing-de-Fer le Mer 2 Jan 2019 - 14:02, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeMar 1 Jan 2019 - 15:03

Nakor espérait depuis longtemps qu'un de ses messages parvienne au seigneur nain des régions du Septentrion. En effet, après le terrible épisode du Voile sous Kirgan, le peuple qu'il fallait maintenant dénommer peuple Dawi s'était refermé sur lui-même. Après de longues périodes de troubles ou chaque ville dirigeante avait tenté de nommer un seigneur à leur tête, ils avaient fini par reprendre le chemin de l'ancienne cité mère des nains. La puissante et magnifique Kirgan. Pendant des siècles, Nakor avait arpenté les chemins sous la montagne, il avait apprit la langue du fier peuple guerrier et avait sympathisé avec les différents rois depuis trois générations avant le Voile. Il avait enfin reçu une réponse après qu'un des runistes dawis de sa guilde s'était personnellement rendu jusqu'au Zagazorn. Il était officiellement invité par le puissant seigneur Hardrek Poing-de-Fer nouveau roi sous la montagne. Il cheminait donc vers la cité accompagné d'une troupe de dawis envoyée pour l'accueillir et le guider. Le guider seulement? Ou s'inquiétait de savoir s'il venait en ami? Cela importait peu au vieillard, il avait immédiatement sympathisé avec la troupe en parlant leur langue et en buvant de la bière. Undhazul en prit connaissance et c'est avec un peu de malice dans les yeux que le sorcier répondit en langue naine

"Gnolgromthi ... oui c'est un terme parfaitement adéquat! J'ai pleinement conscience de l'honneur et de la chance que j'ai d'être ici sous l'invitation du Gromrik sous le Kazaz. Voilà longtemps que je n'y ai plus mis les pieds. Lorsque mon ami Golran, runiste dawi de ma guilde de mage, a souhaité revenir quelques temps dans le Septentrion, je lui ai confié un message. Je suis heureux qu'il ait pu arriver jusqu'aux oreilles d'Hardrek Poing-de-Fer. J'ai autrefois bien connu la cité mère des dawis, une perle sous la montagne. Je suis certain que les efforts cumulés des gens de votre peuple ont fait merveille! Vous n'êtes pas sans savoir non plus Undhazul, que m'inviter à moi en premier sera un signal fort en direction de la noblesse Umgi. Beaucoup me détestent car je n'ai jamais cherché le pouvoir pour moi-même et je me suis toujours opposé à leurs petites manigances. Mais j'ai aidé dans bien des guerres pour sauver mon peuple. Je suis à la tête d'une guilde de sorciers venus de tous horizons ... je représente une ouverture qu'ils n'ont pas. Le Gormrik me fait un honneur qui va en effet résonner dans tout le monde Umgi et donner à chacun l'envie de venir trouver votre amitié. Je suis certain que vous y êtes préparés et le commerce devrait vite devenir florissant. C'est extrêmement astucieux!"

Et Nakor, tout en se mettant à rire, donna une bourrade dans le dos du nain si forte qu'il le fit presque basculer. Aucun humain et encore moins aussi âgé que ce vieux fou à barbe, ne pouvait cacher une telle force. Qui donc était-il? Les autres dawis se mirent à rire bruyamment. Le Magistère aimait tellement cette forme de compagnie : directe, sincère ... naine! Ils arrivèrent enfin aux abords de la colossale montagne qui abritait le joyau dawi et le vieillard, plantant son bâton dans le sol, regarda jusqu'au sommet du pic rocheux avant de dire

"Kirgan ... voilà trop longtemps que je ne suis pas venu jusqu'à toi! Allons amis dawis, hâtaient vous donc! Je ne voudrai pas faire attendre le roi sous la montagne!"

Et le magicien trépignait déjà de pouvoir serrer dans ses bras le fier nain guerrier à la barbe grise.


Dernière édition par Nakor le Mer 2 Jan 2019 - 21:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeMer 2 Jan 2019 - 14:54


Nakor savait y faire avec les dawis, et sa rude camaraderie eut l'air de plaire aux grognards de l'escorte qui considéraient désormais cet umgi comme digne de fouler le sol sacré de la cité royale. Undhazul eut un discret sourire derrière sa barbe en se disant que le vieux Poing-de-Fer avait choisi intelligemment quel umgi accueillir, en évitant de laisser un diplomate braillard plein de paroles creuses souiller cette terre et ces galeries où tant d'histoire naine bruissait encore. Kirgan constituait un monde à part même au Zagazorn, une cité où certes fort peu de barbes vivaient encore comparés au Cycle précédent mais néanmoins le seul endroit où l'on pouvait distinctement sentir battre le cœur même de la race des montagnes.

Votre distance vis-à-vis de la noblesse péninsulaire est une qualité aux yeux du Gormrik. Les soubresauts perpétuels du pouvoir à Diantra depuis la mort du roi Trystan nous ont incité à garder nos distances.

Guidant toujours le groupe, le Zagazkroni les amena jusqu'à une porte massive taillée à même la falaise juste en dessous du promontoire sur lequel se dressait fièrement Fort Garmin. Là, plusieurs gardes en armures filtraient les entrées ou les sorties vers les profondeurs, et accueillirent les voyageurs sans éloigner leurs mains de leurs haches. On aurait en vain chercher chez eux la décontraction habituelle des miliciens gardant les cités humaines, tous les dawis qui se voyaient assigner l'insigne honneur de veiller sur les portes de Kirgan prenant leur rôle infiniment au sérieux.

Dal yar, Undhazul. Wangot ?
(Bonsoir, Undhazul. Le voyage s'est bien passé ?)
Langkgot, goroggot. Dal katalhüyk gormuzgul.
(Un voyage long mais dans la bonne humeur. Mes vieux os sont contents d'être arrivés.)

En effet, l'astre diurne disparaissait déjà derrière les hauts sommets qui entouraient la vallée par laquelle le petit groupe venait d'arriver. Il fallut attendre quelques minutes pour effectuer toutes les vérifications nécessaires, quand bien même ils se trouvaient attendus. Lorsque le chef du détachement de gardes s'estima enfin satisfait, il se tourna vers Nakor et le salua poliment, respectant le statut d'Ongrunthrong de ce dernier.

L'audience royale officielle se tiendra au matin, mais le Gormrik souhaite vous voir dès ce soir.

Undhazul ayant indiqué à Nakor qu'il le reverrait lors de l'audience et souhaitait surtout aller réchauffer sa vieille carcasse au coin du feu, ce fut un des gardes qui guida l'archimage dans les souterrains chichement éclairés par de rares torches enchâssées dans la muraille. Race dotée d'une quasi-nyctalopie, les dawis ne ressentaient en effet guère le besoin de gaspiller du bois et cette semi-pénombre aurait pu paraître étouffante à quelqu'un n'y étant pas habitué, sans compter qu'ils avançaient dans un véritable dédale labyrinthique en plus ou moins bon état. Si certains tunnels se trouvaient rénovés et affichaient de belles parois bien lisses, à d'autres endroits on devinait encore les traces du passage de la lave lors de l'éruption de la Malenuit.

Enfin ils arrivèrent devant une porte à laquelle toqua le garde.

Entrez ! ordonna une voix rocailleuse que Nakor reconnaissait pour l'avoir déjà entendu du temps où il avait rendu visite au roi Garmin dont Hardrek était alors l'un des généraux.

La porte s'ouvrit et l'archimage fut introduit dans une grande pièce mieux éclairée que les galeries grâce aux deux cheminées qui brûlaient joyeusement de part et d'autres de la table de travail où s'amassaient diverses missives. L'absence de fumée faisait honneur aux qualités d'architectes des bâtisseurs qui avaient établi les évacuations aussi loin sous le sol. Le suzerain du Zagazorn était justement occupé à tisonner le feu, mais son vieux visage buriné par les ans s'éclaira en reconnaissant son visiteur.


Nakor, mon vieil ami ! Venez, entrez donc et installez-vous ! Une choppe de bière peut-être ? Ou quelque chose de plus costaud ?
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeMer 2 Jan 2019 - 17:27

Le vieil homme écouta avec attention et ne répondit pas mais hocha longuement la tête sur plusieurs dizaines de pas, comme pour confirmer la sagesse de ce qui venait de se dire. Il marchait comme s'il n'était plus là, perdu dans les limbes de souvenirs aussi douloureux qu'intéressants. Il était dans le royaume nain lorsqu'une attaque d'envergure avait pris de court l'ancien roi, le seul et unique roi méritant dans l'esprit du sorcier. Un sourire de plus en plus large s'ouvrit cependant sur le visage buriné de Nakor qui s'amusait à penser que son retour au Zagazorn pouvait peut-être sonner le retour d'un royaume humain plus stable, plus calme, plus apaisé. La vie n'était-elle pas cyclique? Le Magistère balaya l'air devant lui et ils finirent par arriver aux devants des gardes. L'archimage s'inclina sincèrement devant les gardiens lourdement armés et accepta de se voir rapidement fouillé.

"Salutation maître gardien. Je n'ai que mon bâton ... et ma barbe!"

Puis le vieillard sénile se mit à glousser sur place. Il apprit alors que le roi lui proposait une audience privée dès ce soir avant que l'audience officielle se tienne demain, en présence sans doute, de tout ce qui devait constituer le conseil dawi.

"Je vous remercie Zagazkroni! La route a été fort agréable par votre compagnie. Je vous souhaite un bon feu et une bonne pièce de viande! Nous nous reverrons à l'audience. Amis dawis!"

Nakor inclina rapidement la tête puis suivit le jeune guerrier qui l'amena par les chemins souterrains. En effet, on pouvait y sentir la poigne forte et ferme du peuple nain : les tunnels qui avaient été ravagés et perdus ne l'étaient plus, presque plus en tout cas. Quelques endroits encore demanderaient du travail et du temps. Mais Nakor imaginait aisément que dans quelques décennies, son oeil expert des lieux ne verrait plus les effets de la colère du Volcan. Ils empruntaient cependant un chemin que le magicien ne connaissait pas, ou qu'il ne reconnaissait pas. Il se laissait guider en toute confiance. S'il y avait bien un peuple privé de traîtres c'était celui des dawis. Ils étaient trop directs pour éventuellement masquer leurs intentions : s'ils vous voulaient du mal, vous le saviez tout de suite! Certains humains appelaient cela de la bêtise ... c'était car le peuple mortel était trop versé dans les manigances, rien de plus! Le haut du chapeau de Nakor touchait doucement le plafond du tunnel et après plusieurs longueurs, ils s'arrêtèrent et le jeune garde nain frappa sur une porte. Le vieil homme entendit alors une voix qu'il n'avait pas entendu depuis une décennie au moins : celle de l'ancien général du roi Garmin. Un grand et franc sourire s'afficha alors sur le visage du Magistère qui s'inclina pour saluer le nain avant d'entrer et de refermer la porte derrière lui. Ils étaient seuls, le roi et lui dans une belle pièce claire et chargée de documents. Une pièce où clairement siégeait un chef. Cela rappelait à Nakor son bureau en beaucoup plus grand et bien mieux chauffé. Le visage dur et franc du roi-guerrier dawi se tourna vers l'Ongrunthrong et s'éclaira. Cela réchauffa le coeur de l'archimage qui s'avança en direction du roi

"Hardrek Poing-de-Fer, mon vieil ami! Votre barbe est plus fournie encore que la dernière fois que nous nous sommes vu! Quel plaisir!"

Ils se donnèrent l'accolade franche et directe du peuple dawi. Le roi avait une poigne de fer mais le vieux fou n'était pas en reste.

"Cela fait trop longtemps ... je prendrai donc quelque chose de plus fort!"

Et Nakor explosa de rire avant de se rapprocher du bureau du roi. Redevenant un brin sérieux, le Magistère continua à parler

"Grand roi sous la montagne ... vous en avez fait du chemin! Et de ce que j'en sais, vos prédécesseurs doivent être fier de vous voir à leur suite. Je suis véritablement honoré de votre invitation et ... touché que vous me receviez en privé dès ce soir. Il y a tant de choses à me raconter Hardrek, mais que les dawis ouvrent de nouveau les portes de leur pays est une chose qui me réjouit. Cela me laisse penser que votre peuple va mieux. Et ... avouons le ... être le premier à venir au Zagazorn donne un goût particulièrement agréable à nos retrouvailles!"

Nakor frappa sur le bureau devant lui en riant aux éclats. Un vieillard qui souvent agissait comme un enfant.

"Vos gens ont fait un travail remarquable dans vos tunnels, j'attends de voir avec impatience la salle du ... trône? Du conseil? J'ai de nombreuses questions et vous vous en souvenez, je suis trop bavard, alors n'hésitez pas à me faire taire!"

Le mage attrapa le verre que le roi lui servait et ils trinquèrent cul-sec! Le roi allait sans aucun doute lui donner quelques renseignements et en demander peut-être à son tour. Dans tous les cas, de revoir les terres naines, leurs représentants et la cité de Kirgan donnaient du baume au coeur du vieillard âgé de six cent trente huit ans.
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeVen 4 Jan 2019 - 14:03

Farfouillant dans l'un des nombreux tiroirs de son massif bureau, le Gormrik en sortit une bouteille sans étiquette contenant un liquide vaguement ambré dans laquelle se devinait quelque insectes, peut-être des frelons macérant dans le jus alcoolisé. EN matière de spiritueux, les fils de la forge pouvaient créer des décoctions quasiment catégorisables comme des armes tant il fallait un gosier en acier trempé pour l'avaler. Remplissant deux verres de la liqueur, Hardrek en tendit un à Nakor tout en s'envoyant le second d'une goulée avant de s'en resservir un fond par pure gourmandise.

Ah ! Tenez, buvez, c'est du robuste. Les grognards à Almis l'utilisent pour se réchauffer durant l'hiver... ou pour allumer un feu, arharh !

Guidant l'archimage jusqu'à deux fauteuils près de la cheminée, des fauteuils un peu haut pour un nain mais qui permettaient à un umgi de s'y asseoir sans avoir l'impression d'être par terre. Geste de politesse bien entendu envers son invité, les dawis étant pleinement conscients des différences de taille, quand bien même il était mal vu d'en parler. Le dernier imbécile qui a demandé à boire "un petit verre" dans une taverne naine cherche encore ses dents.

Oui, nous nous remettons enfin de la Malenuit, quand bien même les cicatrices demeureront vivaces pendant bien des années. La trahison de Mogar, qu'il soit mille fois maudit, a engendré des répercussions profondes et un regain d'intérêt pour le culte d'Ikthor ou des autres Fils de la Première Forge.

Hardrek n'aborda pas le sujet d'Almis ni la féroce répression envers les prêtres mogarites qui avaient tenté de soulever la cité contre le trône. De telles affaires ne concernaient que les dawis eux-mêmes.

La fermeture des frontières était nécessaire pour panser nos plaies. Mais aucun peuple ne peut vivre couper du monde, aussi a-t-il fallu ouvrir un peu plus la porte que les simples enclaves commerciales de Lante et Thanor. Pour autant l'état des autres royaumes m'incite à la prudence tant ils se révèlent instables.

Le regard du vieux roi se fixa dans celui de l'encore plus vieux magicien.

La Péninsule parait enfin se stabiliser même si le jeune Bohémond devra faire la preuve de son autorité. Et vous, mon vieil ami, quoi de neuf à l'Aurore ? La fin brutale du roi de Naelis n'a pas engendré trop de troubles ?
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeDim 6 Jan 2019 - 12:30

Nakor observa avec beaucoup de circonspection, le contenu de la bouteille dont il allait sous peu, boire un verre entier. Les nains étaient connus pour savoir faire de l'alcool d'à peu prés n'importe quoi, du moment que le goût qui en était issu, était dense, fort, dévastateur pour l'estomac et capable de faire fondre la roche. Heureusement, avec un peu plus de six siècles d'entraînement, Nakor avait un estomac qui ne subissait plus vraiment les affres du temps. Ils burent en trinquant, à la mode humaine et finalement l'archimage fut étonné du goût subtil qu'il trouva dans la liqueur.

"Votre peuple continuera toujours de m'étonner mon ami!"

Nakor se permit de rire en allant s'installer devant la belle cheminée et ils purent enfin parler de choses plus sérieuses. Notamment de théologie, ce qui fascinait le sorcier pour la part non négligeable de demi-dieux que les dawis avaient érigeait dans leur culte.

"Ho ... Ikthor! Vraiment? C'est finalement logique, votre premier roi, grand guerrier sous la Montagne ... j'aurai dû y penser plus tôt. Dois-je vous avouer Hardrek, que de mon côté, j'ai toujours eu une légère préférence pour Yaron! J'aurai tant aimé pouvoir discuter avec lui et mieux comprendre comment la magie de rune fonctionne. Vous n'êtes pas sans savoir que ma guilde accueille quelques mages dawis dans ses rangs. Ils ont pu nous démontrer leur talent et leur moyen de fonctionnement. Ces runes peuvent s'avérer extrêmement puissante si l'invocateur possède le temps nécessaire pour les tracer. Leur pouvoir semble alors doté d'une longévité quasi sans faille. Tout à fait subjuguant!"

Nakor allait ajouter à la fin de sa phrase un "Monseigneur" comme à chaque fois qu'il parlait à un puissant. Mais il venait de se souvenir que les nains détestaient ce genre de dénomination, encore plus celui qui devenait roi généralement. Garmin était capable de vous broyer le crâne si vous le nommiez roi. Le regard d'Hardrek se fit alors plus profond, voilà qu'il s'enquerrait de politique extérieure des lointaines terres de Naelis. Le vieux sorcier à la longue barbe observa en silence le roi sous la Montagne avant de prendre la parole

"Glenn Hereon, feu le roi de Naelis est mort il y a bien plus longtemps qu'il n'y parait. Je vous passerai les détails mais un de ses amis proches, Altiom d'Ydril, à l'aide d'un rite Zurthan mille fois maudit, a pénétré l'antre de la déesse de la mort pour ramener l'âme de Glenn parmi les vivants. Une terrible malédiction s'est abattu sur eux ... la faucheuse n'aime pas beaucoup qu'on vienne lui emprunter ses précieuses âmes. La malédiction a été plus forte que leur volonté propre et Glenn est retourné au repos éternel. Paix à son âme défunte."

Nakor fit une légère pause, repensant à toute cette folle aventure, comment il avait trouvé les zurthans dans la chambre royale, les cadavres, la destruction par le feu, le retour des semi-vivants ... pure folie! Si seulement il avait été plus clairvoyant dans le jeu de son terrible Altiom! Le mage se cala plus lourdement au fond de son confortable siège et continua.

"Il n'empêche qu'en effet, Naelis a alors connu de fortes perturbations dans le pouvoir. Mais heureusement, la reine Glinaina, épouse elfique de Glenn a su conserver la couronne. Elle a donné deux enfants magnifiques au seigneur Hereon, ils seront les dirigeants futurs de Naelis et le peuple les aime, les enfants comme la reine. Elle a le soutien de son peuple et de ses troupes. Et pour couronner le tout, c'est une vieille amie personnelle. Je l'ai connu avant même qu'elle ne rencontre Glenn. Pour tout vous dire, la reine a mené une purge de sa cité : les espions, les seigneurs étrangers qui avaient la main mise sur une partie du commerce ... le conseil de régence ... tout a été épuré. Cela a créait quelques tensions nouvelles et un affaiblissement momentané des échanges extérieurs avec Thaar notamment. La reine a fait jouer son sang elfique et a su se rapprocher de l'Anaëh. Enfin, en ce qui concerne ma guilde ... et bien ... comment dire ... je crois que la reine est plutôt satisfaite d'avoir à sa porte, une grande guilde remplis de mages qui s'y connaissent plutôt bien et qui s'avèrent être des amis."

Nakor se mit à rire. En effet, pouvait-on véritablement refuser l'aide d'une congrégation de mages capable de choses insensées alors qu'on était soi-même en difficulté, Evidement non et Glinaina l'avait bien compris. La guilde était déjà intervenue sur des missions mineures pour aider à rendre certaines terres arables ou à aider dans de nouvelles constructions et fortifications.

"Mais de toutes les manières, voilà longtemps que je suis propriétaire de ma guilde et des terres sur lesquelles mon quartier général est construit. N'ayant pas d'intentions belliqueuses, je ne vois pas pourquoi les choses iraient mal de mon côté. J'essaie depuis plusieurs années, d'étendre l'influence de ma guilde en trouvant dans certaines régions du monde, des missions que des magiciens sont les plus à-même de réaliser. J'espère ainsi continuellement ramener de la confiance en la magie, partout où il n'y en a pas. Si vous avez quelques besoins, n'hésitez pas mon ami! Mais c'est finalement en Péninsule que la situation est la plus complexe. Le peuple craint souvent la magie, car il ne la comprend pas, car la magie a apporté son lot d'horreur. L'ancien roi Trystan a été diabolisé par son suivant alors qu'il manipulait les arcanes. Aetius D'Ivrey ensuite, peste soit de son infâme personne, a lui-même fait disparaître les derniers héritiers de la longue et grande lignée des Fiiram en convoquant des forces magiques que son imbécile d'Arcanum ne contrôlait pas. Nous voilà ainsi avec Bohémond premier du nom, de la maison Ivrey sur le trône. Il va devoir établir son autorité à l'aide de son entourage proche. Les choses sont plutôt en bonne voie. Le trône a prit des décisions allant dans ce sens ... l'avenir nous le dira."

Nakor afficha un long et sincère sourire sur son visage. En effet, le vieux bonhomme avait finalement, toujours eu une foi indéfectible en l'avenir et la possibilité d'un jour meilleur. Et c'est avec beaucoup de malice qu'il conclu son discours

"D'ailleurs, il est temps que je vous remercie pour ma nomination en tant que premier Ongrunthrong humain. Je suis touché, sincèrement ... et je trouve que politiquement c'est d'une intelligence supérieure, vieux brigand!"

Et Nakor explosa de rire. Il en avait assez dit et Hardrek comprendrait fort bien où il voulait en venir : en amenant un non-noble humain en premier sur les lieux, il donnerait à jalouser à toute la noblesse de la Péninsule qui connaissait au moins de nom, l'archimage. Ils se jetteraient tous sur des demandes de nomination afin de pouvoir créer un nouveau commerce avec les dawis. C'était fort bien joué de la part du seigneur nain. Le vieux fou savait aussi qu'Hardrek l'avait fait par sincère amitié et cela ne gâchait en rien cette situation, mais derrière, il y avait des possibilités intéressantes aussi pour les gens sous la Montagne.
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeLun 7 Jan 2019 - 12:58

Le Gormrik eut un petit rictus en entendant Nakor parler des runistes de l'Aurore. Certes le suzerain savait que certains praticiens des runes vivaient en Ithri'Vaan mais ce sujet demeurait une corde sensible qu'il valait mieux avoir évoqué en privé que lors de l'audience publique, car cela aurait alors été du plus mauvais effet. Personne n'aurait bien évidemment rien dit par politesse envers l'ongrunthrong mais cela aurait coûté des points à Nakor en terme de réputation.

Evitez en ces lieux de parler des dawis qui sont dans votre Guilde, mon ami. Les clans runistes n'apprécient pas du tout ceux d'entre eux qui frayent avec les umgis, leur savoir est l'un des secrets les mieux gardés du Zagazorn et nous préférons éviter qu'il se dispersent au-delà des frontières.

L'avertissement n'était pas inutile tant le rigorisme fanatique de certains runistes pouvait parfois les mener loin, à croire que les runes constituaient leur propriété exclusive que nul autre ne devrait jamais toucher. Hardrek trouvait parfois cela trop extrémiste, mais il reconnaissait l'importance de ne pas diluer un savoir magique qui constituerait l'un des avantages majeur du Zagazorn en cas de conflit. Encore heureux que la vieille chouette à la barbe pleine de théières ne se soit pas lancé lui-même dans l'étude des runes... ce qui de toute façon aurait été du temps perdu puisque jamais un non-dawi n'avait réussi à les maîtriser.

Vous nommer ongrunthrong du clan Poing-de-Fer permettait non seulement de vous remercier pour l'amitié sincère dont vous avez toujours fait preuve entre notre race, mais également d'envoyer un signal aux autres royaumes. Je n'ai pas l'intention de mêler le Zagazorn aux jeux politiques externes, or vous faites partie des rares personnalités reconnues de par le monde pour leur neutralité.

D'autres ongrunthrong commençaient à être nommés mais Nakor possédait désormais sur eux un avantage indéniable : l'accès libre à la cité de Kirgan et au trône. Peu d'umgis pourraient s'y rendre, rendant ce privilège fort recherché. Tout en leur servant de nouveau à boire, le roi reprit d'un ton devenu plus sérieux :

Je souhaitais aussi vous parler en privé car certains sujets ne pourront pas être abordés lors de l'audience publique de demain qui sera purement formelle et guindée. Il est advenu aux oreilles de certains... amis... du Zagazorn qu'un étrange artefact aurait récemment été découvert, à Diantra ou à Sol'Dorn. Près des temples apparemment, bien que rien ne soit assuré car je n'ai hélas pas d'emplacement exact et seulement des informations de deuxième ou troisième main. Cet artefact se présenterait sous la forme d'une mare noire emplie d'un liquide mystérieux impossible à vider ou à  déplacer et sur la nature duquel les meilleurs magiciens resteraient indécis. En savez-vous plus ?

Le Gormrik prêchait le faux pour savoir le vrai en ces circonstances. La découverte de la mare noire d'Almis avait incité à de nombreuses recherches pour savoir si l'artefact se trouvait isolé et si sa présence sous le temple de Mogar relevait du hasard ou non. Malgré d'intenses recherches le suzerain du Zagazorn n'en savait cependant pas beaucoup plus malgré les quelques rumeurs péniblement obtenues et qu'il jetait à l'archimage comme des bouteilles à la mer.
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeLun 7 Jan 2019 - 17:07

Le vieux magicien leva son verre et passa, devant sa bouche, son pouce recouvert de son index, comme s'il se fermait lui-même la bouche par cet étrange signe.

"Je ne dirai mot Hardrek, j'en fais promesse. J'ai toujours tendance à oublier que beaucoup de gens, sur notre monde, pensent que le partage d'information la dilue voir, l'abîme. Même si, en réalité, il ne peut que l'accroître si les choses se font entre personnes de bonne compagnie. Vos mages runistes, je vous l'assure personnellement, font honneur à votre peuple et ont une lourde conscience de la mission qui est la leur. Ils sont plus à l'étude des autres magies du monde qu'à la transmission de la leur. Votre pratique des arcanes demande plus de temps, de concentration, de précision. Les mages humains et drows ont besoin de plus de rapidité d'exécution, pour un effet plus immédiat mais plus éphémère aussi. Les elfes quand à eux et bien ... ce sont des elfes!"

Nakor explosa de rire et ne resta pas plus longuement sur ce sujet sensible. Il arrivait par quasi miracle à maintenir une entente entre tous les membres de sa guilde, peu importait leur race d'origine. Mais il savait à quel point cela ne tenait qu'à un fil, qu'à sa présence et ses manières particulières, qu'à ses amis au sommet de la hiérarchie de la guilde qui, avec lui, avaient l'esprit ouvert mais surtout, l'oeil attentif. Ils parlèrent alors de sa nomination et le vieux fou ne put qu'acquiescer aux remarques du Gormrik. Se passant avant longueur, sa main droite le long de la barbe qu'il avait au bout du menton depuis tant de siècles, il hocha doucement la tête de haut en bas.

"Si je ne dis pas de bêtises, des seigneurs comme Louis de Saint-Aimé et Renaud d'Erac font leur possible pour se rapprocher du Zagazorn. La Péninsule restera, pour toujours, la Péninsule. Notre noblesse est assoiffée de pouvoir, de grandeurs ... de domination aussi. La régence a affermi le pouvoir, Aymeric de Brochant y a veillé autant que possible. Cet homme du Nord fier et dur semble avoir toujours agit sous le couvert de principes sincères. J'ai combattu les armées drows à Amblère à ses côtés il y a quelques années. Il a su dépasser les rumeurs et se fier plus aux actes qu'aux racontars à mon propos. Vous êtes un roi intelligent Hardrek, vous saurez donc faire méfiance quand cela sera nécessaire ... faite simplement attention aux émissaires qui viennent vous rendre visite. Plus la proposition sera alléchante plus il faudra se demander ce que cela apporterait politiquement à l'humain qui sera face à vous. L'instabilité des régimes humains est ... une seconde nature et tout est bon pour espérer à un moment ou un autre, prendre le dessus sur un voisin. Si bien que tout à la fin, on se retrouve éventuellement pris à partis dans une affaire qui au départ, ne nous intéressait absolument pas!"

Et Nakor en savait quelque chose, il suffisait de passer un peu de temps avec les noblions du Royaume pour vivre de drôles d'histoires sans jamais en être à l'origine. Mais voilà que le roi servit de nouveau à boire à son camarade de discussion. Ainsi, en plus de parler de politique extérieure, il avait véritablement quelque chose à dire au sorcier en l'absence totale des différents membres de la cours royale de Kirgan. Sous sa lourde barbe, Nakor fit de son mieux pour masquer un sourire énigmatique et calmer le frétillement de ses moustaches fournis. Que diantre était-il en train de se passer dans cette pièce là, sous la Montagne, devant la cheminée d'Hardrek Poing-de-Fer? L'archimage avait besoin de réfléchir, intensément, ce que son rang de grand magicien contribuait à faciliter. Il fouilla donc dans sa barbe touffu et en ressorti de l'herbe à pipe, la meilleure de tout Miradelphia! Il la faisait pousser lui-même dans son jardin privé. Pendant qu'il en proposait au roi, il prit la parole doucement, comme plongé dans le même temps, en lui-même pour y réfléchir calmement

"Nous commençons à recevoir à l'Aurore, de très intéressantes rumeurs. Les magiciens qui vivent autour de la cathédrale Sainte Deina au coeur de Diantra son en ébullition. On raconte qu'il s'y trame quelque chose de particulier qui attire l'attention des sorciers les plus curieux et sensibles aux fluctuations arcaniques. Vous vous doutez que j'y ai, là bas, quelques contacts qui sont membres de ma guilde et qui ont été dans l'incapacité de m'en dire plus. Rien ne filtre, absolument rien. Ce qui est étrange. Lorsque des rumeurs courent, on finit toujours par trouver au moins quelques informations. Et là ... absolument rien du tout!"

Le regard perçant, voir perforant, d'un bleu azur, se planta dans celui du seigneur dawi.

"Je n'ai pas inspecté moi-même les choses ... le culte de Néera a tout verrouillé là bas. Et voilà que, du côté des drows, on me fait revenir aux oreilles qu'une concentration jamais vue auparavant de mages et de prêtres se retrouve en un même lieu. Ils semblent se concentrer sur quelque chose sans pour autant être une révolte de la partie magique du Puys contre le reste du pouvoir souterrain. Ils ... travaillent ensemble ... se coordonnent sans que rien n'échappe non plus. Mais je n'avais pas imaginé une seule seconde que ces deux évènements étaient liés."

L'esprit du vieillard était en ébullition interne. Il avait un va-tout à jouer. Si jamais de sa longue vie, il n'avait sous-estimé le peuple nain, Nakor était bien placé pour savoir que les espions dawis n'étaient pas infiltrés en de si hauts niveaux chez les humains et les drows en même temps. Le Zagazorn ouvrait tout doucement ses portes, ainsi, si le roi avait quelques amis dans Miradelphia, il ne pouvait pas avoir autant de détails sur une affaire si étrange, qui n'était qu'une rumeur, voir moins encore, un murmure chez les grands spécialistes du domaine de l'étrange. Il termina donc ainsi

"Et encore moins qu'une mare de liquide noire que l'on ne peut ni vider ni manipuler s'y trouverait. Je suis ... impressionné ... de trouver ici, à Kirgan, sous la Montagne, de si précis détails ... oui ... impressionné."

Et le vieux mage resta là, silencieux. Il venait de donner une information importante à Hardrek, le peu de rumeur qu'il avait obtenu faisait état, dans les deux cas, de prêtres et de l'intervention de membres de cultes capables d'éteindre les rumeurs voir, étouffer des affaires. Il était pourtant beaucoup plus simple du côté de l'Ithri'Vaan, d'obtenir des informations que partout ailleurs sur Miradelphia. Et même là, Nakor n'avait eu vent de presque rien. D'ailleurs, sans la question du roi, il n'aurait jamais fait de lien entre ces deux affaires et surveillait juste de loin les éventuels mauvais plans des drows. Il n'avait pas fait cas plus que cela des histoires sur la cathédrale humaine, la religion n'avait pas été son fort. Jamais. Et maintenant le roi des nains, dans le silence privé de son salon personnel, seul, créait du lien entre ces deux éléments, juste ici, aux pieds de l'ancienne cité ravagée de Kirgan. Les nains avaient-ils fouillés trop profondément dans le coeur de la Montagne? Hardrek cachait-il quelque chose pour le bien du peuple dawi? Pourquoi parler de cela à Nakor alors? Quelque chose pesait sur son esprit ... et éveillait l'intérêt de Nakor. Il n'en fallait déjà pas beaucoup au vieillard pour s'agiter mais alors là, une énigme entourée de brumes ... il était prêt à exploser! Les derniers mots du roi résonnèrent alors encore dans la tête du Magistère : les meilleurs magiciens sont indécis. Mais quels magiciens? Qui? Où? Quand? Comment? Pourquoi? Des mares noires? Une chez les humains, une chez les drows, une chez les nains? Et puis quoi encore? Une chez les elfes? Au moment où les dragons sont revenus en force sur le monde. L'esprit de la barbe blanche était en thermofusion et faisait de son mieux pour rester calme et ne pas y paraître. Les sorciers avaient cette capacité de compartimenter leurs cerveaux et faire plusieurs choses en même temps. C'est donc là que Nakor lança son va-tout

"Peut-on savoir quel magicien les dawis ont interrogé?"

Le sorcier posait sa question en termes clairs et simples, la réponse et le visage d'Hardrek mettraient l'archimage sur quelques pistes intéressantes. Voilà qu'une bonne part de son esprit ne pensait déjà plus qu'aux dieux, aux dragons, à Nisetis, au passé et à l'avenir. Lui qui s'était toujours laissé guider par le vent et la vie avait la légère impression que, de nouveau, un petit événement intéressant était en train de se produire.
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeJeu 10 Jan 2019 - 14:33

L'herbe à pipe de Nakor valait presque celle des Hautes Terres, ce qui pour un dawi équivalait à un compliment remarquable. Rien d'étonnant à ce que le vieux magicien soit si apprécié au Zagazorn : il buvait et pétunait aussi efficacement qu'un véritable Fils de la Forge, ce que peu de diplomates umgis auraient réussit à faire. Un verre d'alcool les aurait saoulé, une bouffée de pipe les aurait fait cracher des glaires toute la soirée dans un spectacle peu ragoutant. Ces petites natures manquait de la robuste constitution dawi, et parfois Hardrek se demandait dans quel métal pouvait avoir été fabriqué Nakor pour se révéler aussi résistant aux outrages du temps.

Un petit sourire resta caché derrière la barbe touffue du Gormrik lorsque l'archimage révéla avoir lui aussi eu vent de rumeurs sur les mares noires de Diantra et de Sol'Dorn. Malheureusement, l'archimage de l'Aurore n'en savait pas plus que le seigneur du Zagazorn car leur accès se trouvait fermement verrouillé par les clergés de ces deux lieux et de ce fait fort malaisé d'accès. Rien d'étonnant pensa intérieurement le dawi qui avait donné exactement le même ordre au sujet de la mare d'Almis, probablement pour les mêmes raisons que les drows ou les néerites : personne ne savait ce qu'étaient ces foutues mares noires ni comment les gérer !

Toutefois, Nakor devina que derrière les questions du roi se cachait quelque chose, et il l'interrogea sur ses sources lui ayant permis d'en apprendre autant sur un sujet dont seules quelques dizaines de personnes au monde devaient avoir entendu parler.


Des magiciens umgis... je ne saurais vous dire lesquels bien évidemment, sachez juste que l'or ouvre bien des bouches et que le Zagazorn peut verser dans des bourses de quoi alléger bien des consciences de trop lourds secrets.

Le Gormrik tira silencieusement quelques bouffées de sa pipe avant de reprendre :

Cette affaire de mares noires... inquiétant, oui très inquiétant... si vous en apprenez plus sur leur nature exacte, venez m'en informer et peut-être pourrais-je vous aider à vérifier certaines de vos théories. A ce stade tout reste encore trop nébuleux et il serait dangereux de se lancer dans l'aventure sans des éléments plus concrets.

Le suzerain parlait à mots couverts et par sous-entendus, mais il ne doutait pas que l'archimage saurait parfaitement lire entre les lignes et comprendre sa proposition. L'idée de mêler un étranger à cette histoire qui aurait du rester interne au Zagazorn ne lui plaisait qu'à moitié, mais l'incapacité des runistes à lui en apprendre plus malgré de longs mois d'études imposait d'ouvrir d'autres voies à explorer et peu de mages en ce monde auraient pu en remontrer à Nakor.

D'ici là j'apprécierais que cette conversation reste entre nous.
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeDim 13 Jan 2019 - 20:16

Nakor ne s'était jamais rendu compte, en plus de six cent années de vie, qu'une barbe pouvait être aussi gênante! Jamais un noble humain ne se trouvait avec tant de poil sur le menton qu'il puisse masquer certaines de ses émotions, jamais un elfe n'avait vu le moindre poil pousser sur son corps ... mais ça n'était pas le cas des nains! Et le roi usait honteusement de sa barbe fourni pour masquer sa réaction face aux questions du vieillard. Peste et damnation, il n'avait pas pu lire en lui comme dans un livre humain grand ouvert. Le roi commença par badiner un peu et faire silence, ce qui donna à Nakor l'occasion de marmonner dans sa barbe

"Oui l'or, oui ... oui, l'or ... "

Mais à force, le roi termina par révéler son jeu, à mots couverts certes mais une véritable bombe explosa dans l'esprit du vieux magicien. La preuve en fut immédiate, il ouvrit grand ses yeux comme le ferait un hibou et surtout, il se tut. Ce qui était d'une rareté sans faille pour celles et ceux qui connaissaient bien l'archimage. Et c'est toujours les yeux grands ouverts, dans le vide, qu'il se cala au fond de son siège en disant tout haut

"Une conversation? Mais quelle conversation?"

Et il resta là, à observer les flammes dans la cheminée. Ainsi donc, il y avait une de ces mares noires ici chez les nains. Et le roi nain semblait être apte d'assurer qu'il y avait un équivalent chez les humains et les drows. Il avait alors besoin d'explication et s'en était tourné vers le plus célèbre des magiciens de Miradelphia, un archimage humain multi centenaire. Pouvait-on faire plus particulier? Non! Le vieux fou pensa que les runistes dawis n'avaient sans doute rien tirés de leur découverte et que le seigneur sous la Montagne ne voulait pas être pris de court. Il savait sans doute aussi toute la curiosité sans faille dont ferait preuve le Magistère du Firmament devant une telle histoire, saupoudrée de rumeurs, de doutes et de secrets. Il n'en fallait vraiment pas tant à Nakor. Il se sentait investi d'une mission par le roi Hardrek et finit enfin par soustraire son regard du feu de la cheminée, pour se tourner vers le roi. Son esprit avait fonctionné à pleine puissance.

"Il me vient une légère petite idée ... que dis-je ... une brise ... un souffle ... soyez certain que l'Ongrunthrong que je suis est déjà impatient de revenir vous rendre visite. Une amitié s'alimente de moments de partages!"

Là aussi, le vieil homme utilisait un langage imagé avec des tas de sous entendus. Il lui était venu une idée première : il fallait qu'il vérifie le premier doute qui avait émergé en lui. Le peuple sylvain avait-il aussi une de ces étranges mares noires proche d'un lieu de culte ou un lieu rempli d'histoire et de lien. De nombreuses idées venaient en tête de Nakor, des idées mélangeant des dieux, des races de Miradelphia, les dragons et leur retour sur le monde, des guerres anciennes, des archives perdues ... il balaya alors machinalement l'air devant lui avec sa main droite comme pour laisser tout cela de côté. Il était évident que si la barbe blanche obtenait des informations intéressantes, le roi Poing-de-Fer serait le premier avertis.

"Oui, un partage sincère basé sur la confiance mutuelle et l'estime. Vous ai-je dis Hardrek à quel point je suis touché par votre confiance et votre amitié. Je suis un homme extrêmement chanceux. Oui, véritablement!"

Le sourire franc et direct de Nakor soulignait à quel point il pensait ce qu'il disait. Il termina alors ainsi

"Avant que je ne cesse de vous voler tout votre temps mon ami, dîtes moi un peu, comment va dorénavant fonctionner la royauté dawi? A qui serait-je présenté demain? Est-ce que le roi siège entouré d'un conseil? De généraux? Une cours royale se met-elle en place sous la Montagne? Je ne voudrai pas passer pour un imbécile demain en arrivant sans avoir la moindre idée de ce qui m'attends ... enfin ... autant que faire se peut!"

Et Nakor se mit à rire en gloussant sur place. Il lui arrivait régulièrement de tomber en marchant sur sa barbe au pire moment ou de passer pour une vieille chouette écervelé. Il avait en plus, la très fâcheuse habitude d'appeler tous les nobles et même les plus grands des rois par un seul et même titre : Monseigneur. Cela offusquait les humains quasiment à chaque fois, déplaisait aux nains qui n'aimaient pas qu'on leur donne du titre de noblesse et n'atteignait que de très loin les elfes qui n'en revenaient pas qu'un humain leur adresse la parole et espère en plus, qu'on lui réponde! Après la furie du Voile, les dawis avaient peut-être voulu un nouveau mode de pouvoir. La politique avait toujours un peu d'importance lorsque l'on se trouvait dans la plus haute sphère du pouvoir, peu importe la race à laquelle appartenait ce dit pouvoir. Dans un coin de son esprit, l'archimage continuait de réfléchir tout de même à cette histoire de mare noire.
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MessageSujet: Re: Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)   Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz) I_icon_minitimeLun 21 Jan 2019 - 9:05

Les deux vieilles barbes s'étaient parfaitement entendus à mots couverts, dans la discrète intimité du cabinet royal. De tels sujets devaient demeurer connus d'un aussi petit nombre de personnes que possible et Hardrek savait pouvoir compter sur la discrétion de Nakor pour ne pas clamer haut et fort ses soupçons relatifs à l'existence d'une mare noire quelque part au Zagazorn. Et quand bien même l'aurait-il fait, peu de dawis en connaissaient les détails en dehors des ouvriers d'Almis qui l'avaient déterrée (confinés depuis dans la cité sur ordre du roi), des rûnistes l'ayant étudiée (discrets par nature) et des gardes patrouillant dans les galeries alentours (choisis parmi le clan Poing-de-Fer pour plus de précaution). Certes aucun secret ne pouvait demeurer étanche en toutes circonstances, toutefois il faudrait disposer de puissants moyens de renseignements pour réussir à percer le secret situé dans les souterrains d'Almis.

Nakor aborda alors le sujet de l'organisation politique du Zagazorn, en prévision de l'audience du lendemain au cours de laquelle il souhaitait éviter de commettre une gaffe.


Le Zagazorn reste une monarchie absolue, mon vieil ami. Toutefois l'affaiblissement de Kirgan lors de Voile a eu des effets bien concrets car la majorité de la population dawi est désormais concentrée sur Lante et Thanor. Cela m'a incité à laisser la bride sur le cou aux pouvoirs locaux, qui restent responsables devant le trône et doivent suivre ses grandes orientations politiques, mais ils n'ont pas besoin de mon approbation pour chacun de leurs actes ou pour les détails de mise en oeuvre de mes directives.

Le souverain du Nord lâcha un petit rire.

En Péninsule, une telle délégation de pouvoir serait vite source d'abus car les umgis manquent notoirement de discipline et sont rétifs à respecter les ordres de Diantra. Fort heureusement nous autres frères de barbe sommes plus... rigoureux.

Il y avait dans les paroles d'Hardrek un peu de la condescendance souvent affichée par les autres races envers les courtes-vies, qui brûlaient la chandelle par les deux bouts sans réfléchir à leurs actions ni se poser dans une réflexion de durée. Les troubles civils récurrents depuis près de deux décennies avaient enracinés parmi les dirigeants nains la certitude de ne pouvoir compter sur la stabilité de leurs voisins du Sud, même si depuis quelques années le règne de Bohémond semblait se dérouler avec moins de soubresauts qu'à ses débuts.

Pour demain l'audience regroupera les Thanes ou membres de Thryng présents à Kirgan. Il n'y a pas de conseil royal au sens strict du terme, la majorité des clans m'envoient un représentant qui devient automatiquement l'équivalent d'un conseiller royal. Vous pourrez échanger avec eux librement, car je suis sur qu'ils sont particulièrement intrigués par votre venue.

L'heure étant devenue tardive, voire matinale, les deux vieilles barbes s'arrêtèrent là afin de pouvoir dormir quelques heures avant l'audience officielle du lendemain. Un garde vint guider Nakor pour le raccompagner jusqu'à Fort Garmin où une chambre confortable avec une superbe vue sur la vallée lui était réservée, Hardrek sachant que les umgis pouvaient avoir du mal à dormir sereinement dans les tréfonds de Kirgan.

[FIN]
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