La troisième épreuve des madriers | Urgoll, Elghinn & Nehril

Le troisième jour de la troisième ennéade de Favrius de l’An 14:XI

Il fait chaud, pour la troisième épreuve des madriers. Les températures sont largement au dessus des normales de saisons et ces premiers jours de printemps donnent l’impression de s’être travesti en doux été. Certains d’entre vous, les vaillants gladiateurs qui vont s’affronter aujourd’hui, commencent peut-être à regretter leurs choix de costume.

« Boooonjour Thaar ! »

Mamba reste Mamba et le temps qu’il fait n’a sur elle aucune prise. Aujourd’hui, elle se sent d’humeur pédagogue et prend quelques instants pour rappeler l’essentiel des règles de l’épreuve sur le point de commencer… et encourager le public a exprimer ses sentiments de la manière la plus virulente qui soit, pour aider ses mignons à choisir leurs victimes. Elle enchaîne ensuite sur la présentation individuelle des candidats, un rituel que d’aucuns jugent rébarbatifs, mais qui vient en réalité récompenser les mécènes les plus généreux du tournoi. Les grands jeux, c’est avant tout de l’argent privé, dépensé pour générer plus d’argent privé.

Le Maître du Jeu, s’adressant à Urgoll’Ven… Ta présence est une anomalie ; personne à Thaar n’aurait jamais envisagé qu’un si haut dignitaire étranger, soit-il du Puy, participe aux grands jeux. Tu fais peur au plus grand nombre, mais tu es aussi une cible de choix pour certains. Mamba, quand elle t’annonce enfin, ne dit rien d’autre. « Il est le Maître des Bêtes et une bête lui-même, il est large comme trois hommes et fort comme deux bœufs, pourtant il se fait appeler le Gobelin… À l’est, sa vox fait trembler et les entrailles du Puy et les cœurs des résidents. Il nous fait aujourd’hui l’honneur de sa présence, dans l’arène, pour démontrer la valeur de son peuple. Une seule question t’agite, peuple de Thaar ! Qui osera tenter de le rajouter à son tableau de chasse ? »

Le Maître du Jeu, s’adressant à Nehril… Malheureusement pour toi, Mamba n’a pas encore beaucoup de choses à dire sur toi. C’est l’occasion cependant de changer les choses. Ton habilité dans cette épreuve lui donnera du grain à moudre pour la prochaine. « Le combattant suivant se fait appeler Yeux-d’argent. » Elle marque une pause, comme pour mieux prendre le public à parti. « Est-ce que vous croyez que c’est une manière de nous prévenir qu’il est aveugle et qu’on ne doit pas trop en attendre de lui ? »

Le Maître du Jeu, s’adressant à Elghinn… Mamba commence ton annonce à toi par un gloussement plein de bonne humeur. Elle applaudit de bon cœur, avant d’expliquer : « À chaque fois, c’est la même chose ! Il y a toujours un enfant pour s’aventurer dans l’arène et il devient systématiquement mon petit préféré. La Mort Blanche — elle insiste sur le surnom d’arène — nous réservera-t-elle de bonnes surprises, ou bien sa présence si loin dans la compétition s’explique-t-elle par un peu de chance et beaucoup de pitié de la part de ses adversaires ? Ça s’est déjà vu ! Bref, sache que je te regarde, ma petite Mort d’amour ! Et je ne vais pas être la seule, je pense. »

Spoiler:

Il inspire.

Debout sur son madrier, entouré par des géant, le garçon planta le bout de son baton juste entre ses deux pieds. Le nez logé dans son foulard du même blanc que ses cheveux en bataille, sa tunique sans manche et son pantalon serré aux chevilles, ses grands yeux rouges regardaient alentours sans faire le plus petit geste.

Le gros triumvir est à quelque pas. Sa mère est dans les gradins. Sans la voir, il sent son regard sur son dos. Mais il n'y a plus rien à faire. Seulement prier pour qu'elle n'interrompe pas les choses avant la fin de l'épreuve. Il la raye de ses préoccupations de l'instant.

Il expire.

La voix de la présentatrice prend le temps de nommer un par un les participant. A chaque fois, l'intéresser est désigné. Beaucoup en profite pour rouler des mécaniques. Un a un, ils se transforment en silhouette sombre. Ce qui sont trop loin pour représenter une menace disparaissent. Ceux qui sont assez prêt sont des masses grouillante d'une myriade de possibilités de mouvements et de danger.

Un courant d'air chaud ébouriffe ses courts cheveux mal peignés lorsque la présentatrice s'extasie sur son nom de scène. Il frisonne en l'entendant l'appeler Mort d'amour, mais se force à maîtriser sa respiration. Il est calme. Comme il l'a fait des milliers de fois, il doit prendre en compte les mouvements venant de toutes les directions. Comme Driz'na lui a apprit, il faut qu'il prenne en compte chaque détail des nœuds de bois sur lesquels ils évoluent. Comme les prêtres de Natha lui ont permis, il peut compter sur un corps plus grand, plus fort et plus robuste que jamais.

Il inspire.

Le coup de gong.

La manche est lancée, tout comme une poignée d'étincelles colorées au-dessus des madriers.

Aussitôt, trois des quatre adultes en accès directe se ruent sur lui. Trois femme. Une drow, une Zurthane et une... sûrement une thaarie parmi tant d'autres puisqu'il n'a pas le temps de la voir clairement avant qu'un autre homme dans son dos ne la fasse tomber avant même qu'elle ne frappe le frêle concourant.

La drow attaque la première. Il pare, saute, tente de la frapper de son bâton, manque de se prendre un coup de talon. La Zurthane étudie la scène tout en défendant ses arrières, attendant le meilleur moment pour en finir. Elghinn et son adversaire à la peau noire échangent coup sur esquive, aussi souple et rapide l'un que l'autre. L'allonge de l'adulte est plus longue. L'angle du plus jeune plus difficile à prévoir.

Soudain, la Zurthane tombe en arrière, le dos dans le vide tandis que ses jambes et ses bras attrapent les coins de la petite plateforme sur laquelle Elghinn se tient toujours. Il saut de côté pour éviter l'adversaire de cette dernière, roule entre les jambes de la drow qu'il affrontait et lui frappe au passage les tibias avant de lui faire plier le genoux une fois derrière elle. Déséquilibrer, elle se plie en deux. Tente de s'accrocher à la poutre. Trop tard. Un coup de pied la percute à la tempe, la faisant tomber trois mètres plus bas.

- Et enfin ! la Veuve Noire est hors jeu ! Il semblerait que ce ne soit pas que de la chance ! " crie une voix lointaine.

Mise en scène. Annonce. Jeu. Rien qu'un jeu. L'idée a fait son bonhomme de chemin. Ainsi, là où la rage de bataille gouvernait le Gobelin au cours de la grande mêlée, c'est dans un esprit plus joueur et léger qu'il aborde cette nouvelle épreuve. Que la présentatrice le salue, et c'est par une gueule de flammes qu'il répond, s'élevant en rugissant vers les cieux, avant de disparaître. Une mise en bouche. Pour mettre l'ambiance. Le reste sera une autre affaire. Cependant, l'un des noms retient son attention. L'enfant. Il le repère, le reconnait... Et sourit. Avant de se concentrer sur la situation. Le pied sûr sur les madriers... Le drow massif s'amuse de ce nouveau défi. S'il n'allait pas courir comme un elfe dans les branches à la poursuite de ses proies, il n'avait pas moins survécu à des chasses au sommet du Puy et dans la Faille, avec ces arrêtes rocheuses donnant sur le vide... Cependant, y projeter ses ennemis par le bias de sa magie ne lui était guère permis. Soit. Ses seuls poings seraient ses armes. Son éternel rictus au visage, le Gris attend.

Sonne le glas de son attente.

Aussitôt, son attention se porte sur un adversaire proche. L'humain, courtaud, voit arriver le géant et parvient à reculer précipitamment, évitant les battoirs qui veulent s'emparer de son bâton. Dans une retraite maladroite, le gaillard parvient à prendre la poudre d'escampette, alors que retentit un cri de douleur. Laissant sa proie s'échapper, nullement enclin à galoper sur les petites surfaces, le Gobelin observe...

Et constate avec surprise que les madriers les plus proches sont vides de toutes présences.

Avec un haussement de sourcil, il s'avance à grand pas, comptant croiser le chemin d'un elfe. .. Qui bifurque au dernier moment, faisant rapidement grandir la distance entre lui et le drow. En parallèle, une autre sombre voltige, lacère son adversaire avant de le projeter, de ses deux pieds joints, dans le vide. Un bref instant de relâchement, il en observe l'efficacité et la puissance musculaire... Sans se faire attaquer. A vrai dire, le sombre ne s'attendait pas à avoir plus de temps pour jauger ses adversaires plutôt que pour les mettre à l'épreuve. Déterminé, il n'en reprend pas moins sa chasse.

Son rictus s'agrandit alors qu'il parvient à se rapprocher d'un combattant. Ce dernier, regarde en tous sens... Sauf là d'où vient la menace. Une masse le percute dans le dos et le fait vaciller, tandis que le Gobelin pose sur lui un regard impatient. Si lent... Le temps que son adversaire se retourne, le triumvir lui l'a frappé au visage, puis à nouveau au ventre. L'individu chute, l'air stupéfait.

"La bonne étoile de Chance le Magnifique semble l'avoir abandonné ! Un surnom usurpé, pensez-vous ?" clama une voix avec emphase.

Réalisant qu'il était question de son adversaire à l'air ahuri et désormais loin en bas, Urgoll'Ven éclata de rire.

Action: