[MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire

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Artiön Laergûl
Lyorindel Minervia
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeMer 13 Mar 2019 - 9:00


Il le savait. Il savait très bien qu’il n’aurait aucun soutien venant de sauvages mais au moins il avait essayé. Il ne savait pas vraiment à quoi il s’était attendu en se tournant vers d’autres Iarin’Dath mais en tout cas il ne fut pas déçu, comment l’être lorsque l’on n’attend rien ? Qu’Alcariel ait parlé ou non ne change rien, en tout cas pour Lyorindel, c’était simplement une autre tentative d’exonérer leur chef de ses fautes. Cela dit il arrivait plus aisément à l’accepter, et donc pardonner la tentative, car elle venait de quelqu’un du même clan que Falewen ; pour les autres noss présents à cette réunion c’était plus difficile de le justifier.

En voyant Faelwen se lever avec une lame, pour la première fois, l’épervier ressentit une peur atavique, animale, primale, prendre le dessus. Sans les soigneurs qui le tenaient il se serrait éloigner. Il aurait reculé alors qu’il revivait avec une limpidité insoutenable la lame plongeant avidement dans son dos, raclant ses os et sectionnant ses nerfs. Il aurait reculé comme si ça pouvait changer quoi que ce soit, comme si ça pouvait changer le passé. Encore une fois la main de Cinnaeth posée sur son épaule n’aida pas. Là où Lyorindel l’avait sentie comme une tentative d’infantilisation alors que la vielle elfe discourait, désormais il la ressentait comme une cage. Comme la main du chasseur qui bloque sa proie pendant que son camarade approche avec le couteau pour l’achever. Les yeux de l’épervier se portent sur son roi, par-dessus l’épaule de Faelwen et la peur reflue.

Devant le manche tendu il ne savait pas comment réagir. C’était ce qu’il avait attendu pendant longtemps et pourtant… pourtant ce n’était pas vrai. Il pensait que c’était ce qu’il voulait mais maintenant que la possibilité de se venger lui était offerte il se rendait compte que ce n’était pas le cas. Il regarda l’arme tendue alors qu’elle parlait. Lorsqu’elle eut terminé Lyorindel leva la tête.

« Tu as entendu mais tu n’as pas écouté. »

L’épervier faisait ce qu’il pouvait pour garder une expression neutre malgré les flammes de colère qui dansaient dans son regard, colère qu’avait ravivé sa proposition. Quel sacrifice, quelle noblesse ! Elle lui tendait son arme comme si c’était à elle d’en décider. Comme si elle était juge, juré mais assez magnanime pour céder son rôle de bourreau à sa victime.

« Merci de me donner raison. Je suis venu désarmé parce que je crois que la violence n’est pas une solution mais ce n’est pas ton cas et c’est pour ça que je reste convaincu que tu répéteras ton erreur. Retournes parmi les tiens, guides les d’erreurs en erreurs, et lorsque ta noss sera au bord du précipice alors peut-être qu’ils verront l’erreur qu’ils ont fait en te choisissant comme chef. »
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeMer 13 Mar 2019 - 13:50


Tendue, tu ne peux empêcher tes yeux de s'écarquiller, ni ton visage et tes mains de se crisper. Dans l'erreur, à nouveau, toujours... Alors que c'était l'idée même d'en commettre en retenant ton bras qui t'avait décidée. Tes oreilles frémissent sous l'effet de ton trouble, car il a frappé là où tu te sens vulnérable, faisant écho à la peur dont tu tentes de te défaire, mais qui t'étreint encore, vicieuse geolière, ravivant tes doutes quant à ton rôle parmi les tiens, à ta légitimité, mettant toujours plus à vif ce sentiment de vulnérabilité qui te fait te sentir si faible.

"J'ai laissé les tiens me désarmer. Cependant, à t'entendre, je n'ai pas cru que les mots seuls t'atteindraient. Peut-être ai-je à nouveau commis une erreur. souffles-tu. Pourtant... N'est-ce pas par l'erreur que l'on apprend ? Quand on les reconnait..."

Dans sa tension, tu ne sens que rejet. Dans ses mires, tu ne perçois que colère. Tenir, se contenir, cacher pour mieux protéger... Cette fois, tu décides de n'en rien faire. Le cuivre de tes yeux se teintent de la douleur qui t'habite, de tes doutes et de ta vulnérabilité. La lame que tu lui tendais, il l'avais à nouveau dédaigné. Son prix, il ne l'avait pas encore énoncé, pourtant, il te semblait déjà en payer un.
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Artiön Laergûl
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeMer 13 Mar 2019 - 17:02


Vous êtes arrivé, il semblerait, alors que se jouaient les issues les plus bouillantes de la confrontation. Lyorindel se retrouvait enfin face à son agresseure. Le Conseil s’appliquait tant bien que mal par son attitude à contenir les élans d’affects dont ils n’étaient pas à l’origine, mais tu avais peur. Pas que tu ne lui fasses pas confiance, tu l’avais envoyé ici après tout, mais tu craignais que Lyorindel ne finisse par céder. Tu es loin d’être son centre d’attention, destiné que tu es à t’installer dans l’ombre de son dos et la présence des guérisseurs que tu as mandaté à son chevet termine de creuser l’écart entre lui et toi… et pourtant, dès qu’il parle, c’est comme si tu étais planté face à lui et pendu à ses lèvres. À ses inflexions tu sais deviner ce que tu ne peux voir de son visage, à ce qu’il dit et à la manière dont il prononce les mots tu sais les tics qui lui prennent les lèvres, le nez et les sourcils.

Lyorindel est en colère, mais sa verve, malgré son indélicatesse, te surprend presque. C’est un jeu dangereux qu’il joue. Un jeu dangereux qui pourrait complètement le discréditer pour peu que ceux qu’il accuse ne retournent pas de cartes dont il ait déjà prédit la face. Et pour peu qu’il se retrouve discrédité, alors il repartirait d’ici doublement perdant, et renforcé dans sa haine. Alors autant tu aurais préféré savoir les Iarin’Dath ne pas vérifier ses craintes… autant il t’aurait été difficile d’accepter qu’un soudain sursaut de bonne déontologie ne te coûte ce la santé mentale de ton ami.

Quand se termine l’intervention de Celle-qui-protège – Alcariël disait-elle – tu éprouves déjà une première pointe de soulagement. Elle ne sait pas plus que toi les véritables tenants et aboutissants de cette histoire. Elle est à peu de choses près ton miroir chez les Iarin’Dath. Présente pour protéger, ne pouvait se fier que ce qu’elle connaissait de sa Chef et de ce qu’il lui avait été rapporté ; comme tu ne pouvais te fier qu’à ce que tu connaissais de Lyorindel et aux histoires qui t’avaient été contées. Alors elle demandait à attendre que se présentent d’autres preuves, d’autres preuves que…

Ta main se crispe sur ton sceptre. Les lumières commencent fébrilement à danser autour. Faelwen t’a surpris par ses gestes, mais ses mots te restent péniblement prévisibles. Quant au reste… ton regard parcours l’assemblée, et il semblerait que tu ne sois pas le seul à être dépité d’une telle réaction. Seulement d’entre tous les visages, ce n’est pas la déception qui marquait le plus animé d’entre eux. C’était l’impatience.

- Est-ce qu’on va encore continuer comme ça longt[…]

- Pelineln ! la voix de Ma’hëlnoss la coupe, intransigeante, et La Voix se lève Tu es persuadé qu’elle reste convaincu ne pas avoir commis d’erreur Lyorindel. Je peux le comprendre. son regard glisse sur l’assemblée Nous pouvons tous le comprendre. Quant à toi Faelwen, tu restes trop effrayée de ce que tu penses être ceux qui te font face pour revoir ton jugement. N’est-ce pas ? Tu les comprends trop peu pour accepter qu’ils décident de quelle humiliation est appropriée… elle jette un œil vers les derniers arrivés Citadins d’Alëandir, Iarin’Dath, j’ai une solution à vous proposer. Puisque vos Anciens, Iarin’Dath, lui ont confié d’entendre, d’écouter, d’apprendre, et d’emmener avec elle les leçons tirées de cette rencontre ; et puisque vous, Lëandrins, et à la direction de son visage il était aisé de comprendre que par « Lëandrins » elle entendant « Lyorindel » considérez qu’ici et en cette heure elle fut trop peu instruit ; seriez-vous, vous tous, prêts à accepter que Faelwen aille faire pénitence entre les murs de pierre ? Si quelqu’un veut bien s’offrir de lui servir de gardien.

Cinnaeth se lève. Pour elle, ce ne serait pas la première fois, et après un regard entendu, la diplomate et toi faites tous les deux un pas en avant. Et là où la demi-sang est une presque parfaite interface, en tant que Roi, tu es le mieux placé pour te porter garant de la sécurité de la Chef de clan au sein de ton peuple. Tous les outils étaient posés.

- Faelwen ? Lyorindel ? Qu’en dites-vous ?

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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeMer 13 Mar 2019 - 23:50


Tes oreilles frémirent avec plus d'emphase, alors que tu te retournais vers tes pairs. Comment pouvaient-ils suggérer que... ? Une peur primaire t'étreignait le coeur à cette simple pensée, l'idée d'être entourée de la pierre arrachée aux entrailles de l'Oeuvre de la Mère, en lieu et place de ses enfants végétales. Ton souffle s'en étrangla dans ta gorge et ton derme pâlit. Il te fallut quelques instants pour reprendre tes esprits, mettre de côté l'inquiétude qui te serrait la gorge, te concentrant sur... L'intérêt d'une telle proposition. Ne t'interrogeais-tu pas sur le ressenti du citadin, que tu jugeais dû à son manque de compréhension ? Alors qu'en était-il de la tienne ? Jamais tu n'avais franchi leurs murs. Jamais. Ton cœur s'y refusais. Pourtant, ta raison te força à l'envisager.

"Ce serait... Riche d'enseignements. Parvins-tu à dire, d'une voix effacée. Pour combien de temps ? Et où ?"

A présent, ta parole se faisait réservée, tandis que tu tâchais de retenir l'élan de refus qui te vrillait le corps. Malheureusement pour toi, poser ces questions te faisais réaliser les conséquences de pareil projet : des tiens, tu serais encore plus coupée. Quelle perception aurais-tu de la Symphonie ? Comment pourrais-tu percevoir l'écho de la présence des tiens, entre des murs de pierre ? Tu évita précautionneusement de regarder en direction d'Alcariël et d'Ungwë, dont tu ne t'expliquais pas la présence. L'appréhension s'était nichée, viscérale, dans tes entrailles, et tu luttais de ton mieux. Tu avais accepté d'être jugée et de payer le prix de ton égarement. Il n'était plus temps de faire demi-tour.
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeJeu 14 Mar 2019 - 0:42

Lyorindel ne quitta pas Faelwen des yeux, malgré l’intervention de la vieille elfe, malgré celle de Ma’hëlnoss pourtant il écoutait ; même s’il préférait ne pas le faire. Il n’arrivait pas à croire qu’on ait bien pu proposer cette idée. Cependant ce qui choqua l’épervier c’était surtout le pas en avant d’Artiön. Tu y consens réellement ? Son regard chercha celui du roi dans l’espoir d’y déceler du doute, quelque chose qui le forçait à agir ainsi mais il n’y trouva que de la détermination. Son ami s’était proposé, il ne pouvait pas refuser, pas en public, pas devant des sauvages. Il allait laisser une noss rentrer dans une Cité et la laisser apprendre. Son esprit passa en revue toutes les informations qu’elle pourrait récolter une fois dans la cité, des informations qui permettrait, à son retour, aux Iarin’Dath de faire ce que bon leur semble en toute impunité dans son protectorat d’accueil. Autant inviter des daedhels à passer un séjour en Anaëh tant qu’on y était. Comment Artiön pouvait-il ne pas le voir ? Il ne répondit pas tout de suite, préférant prendre une grande inspiration pour se calmer.

Faelwen aussi accepta. Lyorindel se retrouvait dos au mur et c’était un sentiment qu’il détestait. Il n’avait plus le choix maintenant. Il avait pris trop de temps pour proposer le châtiment qui lui semblait approprié, il avait loupé sa chance et maintenant on en donnait une à son agresseur. Mais comment refuser sans se contredire ? Malgré son génie diplomatique il ne voyait pas de solution alors, lentement, il hocha la tête, la mort dans le Souffle. C’était trop tard pour dicter la punition mais il pouvait encore l’influencer alors Lyorindel se retourna vers Ma’hëlnoss même si ses mots étaient en réponse à Faelwen et donc pour elle.

« A Holimion. Elle ne sera pas trop dépaysée, les noss ne seront pas loin, et puis elle pourra user de ses nouvelles connaissances pour apaiser les tensions entre taledhels et ornedhels. » Il ne voulait pas se prononcer sur la durée du séjour, ça lui importait peu tant que la destination était acceptée.
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeJeu 14 Mar 2019 - 3:34


Un bond.

En voyant la lame luire dans la main de Faelwen, je m'étais levée d'un bond.

Un pas.

Mes yeux s'étaient illuminés de verts, mon pouce faisait toujours l'anneau d'apprenti autour de mon doigt. Mes lèvres s'agitaient silencieusement. Le souffle m'avait manqué un bref instant, la fatigue du jour pesant sur mon corps malgré les soins du citadin. J'étais restée debout, la peau glacée par les rayons de lune. La vigueur de l'astre faisait battre la sève plus fort. Sans mal, tous mes sens suivaient les racines et les tiges. Je m'adressai silencieusement aux végétaux de la petite zone, m'excusant de m'apprêter à les distordre sans leur accord.

Qu'elle face un geste, un seul, et des tiges surgiraient du sol pour entourer l'arme et séparer les deux ennemis dans une explosions de vie végétale.

Mais à la place... Les mots de Faelwen m'ont arraché un hoquet. J'aurai voulu hurlé de peur. Crier un refus. Et en même temps... Elle avait compris. Ou plutôt, elle avait fait un pas dans la compréhension des retombés de son acte. Un vrai pas. Si elle ne se rendait pas compte que la violence engendrerait toujours plus de violence, elle comprenait qu'elle avait toucher à quelque chose de fragile et d'abimé. Qu'elle avait fait du mal... Et lui ne prit pas le couteau.

Au delà des mots et des chamailleries, ils ouvraient leur cœur à autre chose que de la haine. Maladroitement. Tel deux cerfs qui se partagent une harde après un combat. La tristesse. Les regrets. La colère. Alors qu'aucun de leurs mots ne m'étaient destiné, l'état des deux adversaire m'étreignait le cœur avec force.

Un soulagement profond m'a envahi, comme une douce chaleur, m'apaisant et renforçant mon emprise sur la flore alentour. Je sentais aussi poindre d'autres volontés, prêtes à parer la mienne. Je ne m'en préoccupaient pas. Ils avaient raison de craindre que je soutienne ma sœur, mais s'ils étaient assez prompts pour m'arrêter, ils le seraient aussi pour les arrêter eux, alors je n'avais rien à craindre.

Et le froid de nouveau.

Pire.

Terrifiant.

- Non..."


Cette fois, un souffle s'est échappé de ma gorge serrée. Je n'aurai pu rester de marbre à ce que ces Noss étranges proposaient... Quelque chose qui était pire que de simplement servir ou payer de son sang... Mes entrailles se crispaient. Ma gorge se nouait.

Et Lyorindël m'a porté le coup de grâce.

Je perdais instantanément le contact avec ma magie, mes iris reprenant leur tinte bleu pâles. Le coup que j'avais reçu en pleine poitrine n'était rien en comparaison. Mes oreilles sifflaient légèrement, mon esprit blanc perdant un instant tout repère sous l'explosion d'une panique viscérale.

- NON !"

Je me précipitais en avant, tombant à genoux à côté de Faelwen sous les regard d'étrangers de toutes sortes. Et je n'éprouvais pas la moindre honte. Seulement cette peur horrible qui me mettait la bile aux lèvres et m'empêchait de respirer presque autant que de penser.

Lorsque le soleil brillait, il était à genou devant moi, m'émerveillant de quelques étincelles semblable à autant de papillon. Maintenant que la lune était haute, c'était à mon tour de ramper. Le temps avait son propre sens de l'humour. Pliée à terre, les deux mains sur le sol, je relevais à peine la tête pour capter le regard de celui qui venait de réclamer cette sentence ignoble.

- Je vous en supplie. Pas Holimion. Gardez-la enfermer si vous le désirez - et moi avec - ou tuez là sur le champs, mais pas sur l'île de la Reine de Sous-les-eaux. Pitié... Faites preuve de pitié... "


Beaucoup... C'était beaucoup trop. Beaucoup plus que ce que je ne pouvais supporter. Baissant la tête, je portais une main à ma bouche pour me bâillonner moi-même, incapable de retenir les sanglots qui commençaient à me secouer.
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeJeu 14 Mar 2019 - 21:33


A la vue de Faelwen fonçant sur Lyorindel, le commandant se crispa. Voir cette noss à nouveau armée avait quelque chose d’effrayant. Voir la scène du drame potentiellement recommencer avait quelque chose d’effrayant. Et ne pas vraiment être en mesure d’agir contre ça avait quelque chose de terrifiant.

Les mains crispées sur la souche de bois, il luttait mentalement pour ne pas bouger.  Ne pas bondir près de la sauvage, ne pas violemment lui arracher son arme qu’elle tendait vers le diplomate pour la deuxième fois en quelques heures. Pourtant, la dernière fois non plus il n’avait pas agi et Lyorindel y avait perdu ses jambes...

Il savait qu’il ne fallait pas. Il devait faire confiance aux souffles présents pour réagir assez rapidement en cas de problème. Il devait faire confiance, certes à contrecœur, à cette noss qui disait enfin bien vouloir reconnaître ses erreurs,  pour ne pas les réitérer.

Même lorsque les choses semblèrent se calmer, la tension ne disparut tout de même pas tout à fait. D’ailleurs il n’était sans doute pas le seul. La très jeune noss assise à côté de lui s’était levée. Il ne le remarquait que maintenant.

Lorsque Lyorindel décida d’où la noss serait finalement envoyée, Aegden haussa un sourcil. N’aurait-il pas été plus simple de l’envoyer à Alëandir ? Après tout, ça ne concernait pas Holimion. Toute cette histoire ne concernait que le protectorat d’Alëandir. Et puis c’était la capitale. Quoi de mieux, si il avait été décidé qu’elle devait apprendre quoi que ce soit des citadins ?

Malgré tout, ses objections, il les garda pour lui. Il n’avait pas le droit d’enlever au diplomate le droit de décider une bonne fois pour toute de tout ça.

En revanche, la petite noss n’eut pas l’air aussi résignée, loin de là. Avant qu’elle ne s’élance, il hésitât à poser une main sur son épaule en signe d’apaisement. Il n’en fit rien, stoppant son geste en plein milieux. Il savait pertinemment qu’en plus de ne pas avoir l’effet escompté, la jeune fille pourrait mal le prendre. 

Aegden n’était pas surpris que la petite elfe soit effrayé par la sentence de la Voix. Il n’aimait pas les noss,ne comprenait pas leur culture, mais il comprenait très bien à quel point les cités pouvaient les répugner. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était pourquoi elle semblait faire une fixette sur Holimion.

Et puis mine de rien, l’état dans lequel elle se mettait toute seule lui faisait de la peine… Son regard passa de l’une à l’autre toujours debout.

-Pourquoi Holimion semble si terrible pour vous ? 
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Je n’avais pas réagi au mouvement brusque de Faelwen, je n’avais pas réagi aux mots de l’Ornedhel qui semblait présider l’assemblée, je n’avais pas non plus réagi à ce dernier échange entre Faelwen et Lyorindel, qui proposait Holimion comme destination.

Je pensais qu’Ungwë allait suivre cette voie, mais je la vis au contraire s’activer, comme mue par une force invisible. Elle murmura d’abord, avant d’hurler un NON qui ne laissait aucun doute à son état interne, la panique la plus totale. Une panique tellement imprévue qu’elle me figea sur place, m’horrifiant alors que celle que j’étais sensée protéger se retrouvait à ramper devant ce citadin qui avait eu raison de son calme en un seul mot. Holimion.

Seulement, l’esprit de la petite Ungwë était plus affûté que le mien, ses connaissances plus nombreuses, et elle était arrivée à une conclusion à laquelle je ne serais jamais arrivée seule, bien qu’elle semble évidente maintenant qu’elle me la mettait sous le nez. La Reine de Sous-les-eaux, celle qu’ils appelaient Tari, celle qui essayait de nous voler nos mémoires, celle qui avait englouti tous ceux que nous avions perdu, celle qui engloutirait Faelwen. L’île était son repère, et aucun de nous n’osait s’en approcher depuis cet exil qui nous avait été imposé, et aucun ne devait s’en approcher. Tout n’était pas évident alors que je n’étais pas gardienne de ce secret au même titre que Lorna et Ungwë dans le futur, mais les mots ne laissaient aucun doute, la mort de Faelwen serait préférable à cela.

Je ne pouvais pas supporter de voir Ungwë dans cet état, mais je ne savais que faire. Une voix m’emplissait le crâne, et elle me raillait, alors que mon monde semblait s’écrouler. Toutes ces pensées positives que j’avais essayé d’empiler pour que l’issue d’une telle catastrophe soit la meilleure possible en accord avec la vision d’Ungwë s’écroulaient, ne laissant que cette voix qui me hurlait que l’espoir n’existait plus, que je ne pouvais rien faire. Mais j’essayais de croire que si, en vain.

Une voix me tira de cet état second. C’était un citadin à la chevelure flamboyante dont j’avais ignoré jusqu’à l’existence avant maintenant, et il me demandait presque innocemment pourquoi cette réaction. Je failli lui hurler toutes ces pensées négatives, mais en un instant mon visage animé par quelque chose d’autre retrouva ses traits habituels. Si je le regardais lui, je m’adressai d’une voix claire et forte à l’assemblée bouche-bée après avoir rassemblé tout mon courage plutôt que de laisser Ungwë l’affronter seule. « Ce que vous appelez le Souffle, nous l’appelons la Mémoire, nous ne possédons aucune richesse aussi importante, et nous les préservons depuis le troisième cycle. Nous ne pouvons laisser aucune de ces mémoires être livrée directement dans les bras de celle que vous appelez Tari, s’il arrivait quoi que ce soit à Faelwen ou n’importe qui là-bas… »

Je laissai la phrase en suspens un instant, me tournant vers Lyorindel à mon tour, sans oser regarder ou m’approcher d’Ungwë, de peur qu’elle me communique sa douleur et m’empêche de dire ce que je devais dire. « Non, c’est impossible. Si nous ne pouvons pas nous mettre d’accord sur une sentence… » Je ne pouvais croire à ce que j’allais dire à cet instant, tandis que les larmes me montaient aux yeux devant l’injustice de la situation, se multipliant à chaque fois que je prenais un peu plus conscience de l'horreur de la proposition du citadin. A cause du danger qu'elles apporteraient au clan, fuir n’était pas une option, combattre n’était pas une option, il n’y avait rien d'autre. Il n’y a pas d’autre option. Il n’y a pas d’autre option. Il n’y a pas d’autre option. J’essayai une dernière fois de me convaincre, et les mots m’arrachèrent la gorge au fur et à mesure que je les prononçais, sans laisser ma voix se briser. « J’exécuterais Faelwen ici et maintenant pour préserver sa mémoire. »

Je lançai un regard anéanti et noyé de larmes vers Faelwen, comment pouvait-elle prendre une telle déclaration ?
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Artiön Laergûl
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Enfin cette rencontre venait de faire un pas en avant. L’Ornedhelle malgré sa méfiance venait d’accepter d’apprendre à connaître les murs. Nul doute que le Conseil, puisqu’il avait proposé l’idée s’en satisferait, il ne restait que Lyorindel… seulement c’est Lyorindel ici qui portait le plus de pouvoir. Et la chance n’était pas avec lui. Une fois de plus.

Si tes sourcils en avaient eu le pouvoir, nul doute qu’ils auraient quitté ton front pour aller se frotter aux étoiles. Pourquoi ? Pourquoi une réaction pareille ? Pourquoi maintenant ?Pour autant qu’elle portât ses affects comme vêtements, la petite Shaman t’avait semblé jusque-là capable d’un peu plus de retenue. L’idée que l’un d’entre eux puisse se retrouver à Holimion était-elle à ce point terrible ? Tu peines à comprendre au point de t’en retrouver sans voix, et c’est d’entre tous, Aegden le taciturne qui trouva la force de poser la question fatidique avant toi. Et alors qu’elle aurait dû éclaircir la situation, la réponse ne fit que plus te plonger dans la confusion. Tu savais les Clans Noss porteurs de légendes et vecteurs de tradition. Tu savais les Clans Noss possesseurs de rites parfois étranges et de croyances quelques peu rocambolesques… mais là…

- Faut-il vraiment que l’on en arrive là ? tu interviens, la voix partagée entre la peur et l’incrédulité Enfin, ce n’est pas comme si la Voilée rôdait sur l’île en attendant que…

- N’essayez pas de comprendre, Artiön. La Voix t’interrompt avec une douceur à en faire presque oublier la frustration de n’avoir pas pu terminer ta phrase Ce sont là des choses en lesquelles il faut croire.

Des choses en lesquelles il faut croire… fallait-il vraiment croire que la Dame-Ecume, celle qui avait cédé à sa sœur le don d’éternité pour ses fils, celle qui lorsque les Souffles inévitablement se soustrayaient au monde qu’ils n’étaient pas forcé de quitter les guidait à travers la Tourmente jusqu’aux Terres d’Emeraudes, celle qui rendait à sa sœur les Souffles des héros pour qu’ils puissent continuer d’honorer l’Œuvre, celle qui donnait à ceux de votre peuple dont le Souffle était en peine l’espoir d’une guérison terrestre… celle là, fallait-il vraiment croire qu’elle puisse infliger à leurs Mémoires pire châtiment que la mort ? Les-dites Mémoires ne se retrouveraient-elles pas de toute façon perdues à la faveur de Tari lorsque leur porteur mourrait ? Tu ne… étaient-elles folles ?

- Lyorindel… tu soupires à ton ami, te forçant à aller contre tout ce en quoi tu croyais Faut-il vraiment que ce soit Holimion ? Après tout ce sont les Lëandrins, et nous en particulier les plus concernés par cette histoire. Que Faelwen apprenne au sein de la Cité Blanche serait à la fois plus logique, et logistiquement plus simple pour Cinnaeth et moi. tu t’accroupis, postant tes lèvres à hauteur des oreilles de l’épervier et baissant encore le ton Et si c’est un problème de sécurité, tu n’as pas à t’en faire. Il n’est pas non plus question de la laisser livrée à elle-même entre les murs.

Tu n’aimes décidément pas ça. Avoir à pousser ton ami à assouplir une demande dont il n’était même pas totalement à l’origine n’était pas une situation agréable. Seulement entre assumer une passagère frustration de Lyorindel et l’exécution pure et simple d’une elfe. En plus de la potentielle colère de son clan. En plus de la déception du Conseil. En plus de l’inimitié des Ornedhels…

Le Choix était vite fait.

Lyorindel se leva complétement, se tenant maintenant davantage sur ses jambes que sur ses bras il se tourna vers toi, son regard vide t'observait comme si tu n'étais pas vraiment là.

- C’est pour ça que tu m’as fait venir ? Pour raconter une histoire et laisser les autres décider ? Sa voix n’était qu’un murmure et d’un coup d’épaule il se dégagea des soigneurs, il se tourna vers les noss rassemblées puis vers Faelwen, le brasier de la colère s’était rallumé dans ses yeux. J’ai été stupide de penser que justice serait faite ici et vous n’avez pas besoin de moi parmi vous. Je n’ai plus qu’à espérer que vous fassiez quelque chose quand elle tuera quelqu’un.

Sa dernière phrase, même s’il parlait en regardant Faelwen, t'était adressée. À qui d'autre sinon ? Lyorindel convaincu ne plus rien avoir à faire en ces lieux se retourna et, fusillant les soigneurs d’un regard noir, s’en alla vers son cheval. Et dans son état, tu doutes fort qu'il puisse arriver jusque-là. Tu irais même jusqu'à dire que tu sais qu'il n'y arrivera pas. Mais drapé dans sa fierté il essaierait quand même.

Tu laisses faire. Tu le laisses péniblement traîner sa carcasse sur quelques mètres, espérant qu'il revienne à ses sens avant qu'il ne soit trop tard. Tu laisses faire et tu observes ses genoux se plier avec un peu plus de difficulté à chaque pas. Encore trois et il s'effondrerait... encore deux...
Tu souffles des nasaux, jetant un regard entendu à l'assemblée avant de t'éloigner. Que Lyorindel ne se trompe pas, tu l'apprécies comme un petit frère, et c'est bien parce que tu l'apprécies comme un petit frère que tu lui parlerais comme à un petit frère. Tu te propulses à sa poursuite, le rattrape en deux grandes enjambées, et d'une poigne autoritaire sur son bras tu l'arrêtes. Ton regard est sévère. Ton visage est fermé. Tes mâchoires sont serrées. Mais tes yeux sont humides.

- Arrête de faire l'enfant Lyo. tu claques de la langue Je sais ce que c'est que de se faire poignarder dans le dos. Je sais ce que c'est que de se sentir imbécile d'avoir fait confiance à quelqu'un à qui on n'aurait pas dû et je sais ce que c'est que d'avoir envie de faire payer tout ça à quelqu'un. C'est pour ça que je t'ai envoyé ici, pour que tu puisses obtenir justice, mais c'est aussi pour ça que je ne t'ai pas envoyé seul ici, parce que je sais que tu es encore en colère, et que je ne veux pas que la colère te pousse à faire des choses que tu regrettes plus tard. ta seconde main vient chercher l'autre bras de l'épervier et tu le tournes vers toi d'un coup sec, le soulevant légèrement par la même occasion, que ses jambes n'aient pas à accuser le coup Regardes-moi quand je te parle ! tu prends une grande inspiration Personne ici ne cherche à te retirer ton pouvoir décisionnel. Personne. Si La Voix a proposé une solution, c'est parce qu'aux yeux de tous il devenait clair que tu avais du mal à te prononcer. Elle a cherché à t'aider. Si sa proposition ne te convenait pas, tu n'avais... tu n'as qu'à la refuser. Et à en proposer une qui ne se termine pas avec un mort.

Même ta patience à des limites, et là tu arrives à bout. Alors tu ne peux qu'espérer que l'épervier revienne à ses sens. C'est sa dernière chance.

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Lyorindel Minervia
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeSam 16 Mar 2019 - 16:32


Lyorindel savait qu’il n’arriverait pas à monter à cheval seul, ce qu’il ne savait pas, du moins ce qu’il ne voulait pas savoir, c’est qu’il n’arriverait même pas à sa monture. La volonté, la détermination, peut permettre au corps de continuer même quand ce dernier est à bout de force mais même l’esprit a ses limites. Alors lorsqu’Artiön l’a rattrapé et l’a retenu de justesse d’une chute humiliante il fut soulagé. Mais ce soulagement ne dura pas longtemps. Il lui a épargné une ignominie pour lui en infliger une autre et sous les paroles de son roi, Lyorindel se replia sur lui-même comme un enfant battu, attendant chaque nouveau coup avec toujours plus d’appréhension. Il aurait hoché la tête et serait gentiment rentré dans le rang sans les deux dernières phrases d’Artiön alors, sortant de sa posture soumise il se redressa, prenant appui sur le bras de sa majesté et pour la première fois depuis qu’ils se connaissent, Lyorindel cria sur son ami.

« Tu n’as pas encore compris ‘Tiön ! A ton avis pourquoi Faelwen a accepté ? Parce qu’elle sait que ses compagnons vont la sauver parce que tout le monde sait qu’une exécution n’est pas acceptable ! Que se passera-t-il si je propose une autre cité à ton avis ? Ils vont trouver un nouveau tabou religieux ou culturel et menacer de tuer leur chef pour qu’on recule et quand ils n’en auront plus ils vont en inventer et ils vont continuer jusqu’à ce qu’elle s’en sorte avec une tape sur les doigts. Et toi, au lieu de faire tout ce que tu peux pour la protéger à Holimion tu recules, tu cèdes à leur chantage ! » Lyorindel donna un coup de poing sur la poitrine d’Artiön, un coup symbolique alors que les larmes commençaient à quitter ses yeux d’émeraude pour lentement rouler sur ses joues. « Pourquoi es-tu aussi grand si c’est pour ramper devant les noss ? » Sa voix baissa à chaque mot pour mourir sur le dernier. Il allait rajouter autre chose mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, incapable de rajouter quoi que ce soit son poing glissa mollement le long du torse du roi pour retomber sur son flanc et reprendre sa place initiale. Lyorindel baissa finalement la tête pour cacher ses larmes.
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Artiön Laergûl
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeSam 16 Mar 2019 - 17:14


Une larme s’échappe finalement de ton œil droit. Ta poigne se resserre contre les bras de Lyorindel, et ta poitrine se soulève haut, pour s’affaisser beaucoup trop bas. Tu respires lourdement, confus, excédé, à bout, las de marcher sur des œufs. Fatigué de réfléchir à des choses hors de ta portée. Où est le vrai, où est le faux ? Qui dit la vérité, qui ment ? Qui a raison qui a tort ? De qui devait-on utiliser la mesure comme référence ? Tu ne le savais pas. Tu ne l’as jamais su. Tu espérais que les choses se fassent, que les blocs finissent par s’imbriquer… mais force était de constater que cela n’arriverait pas sans que l’on ne choisisse de sauvagement poncer l’un des deux.

- Parce que je préfères passer le reste de l’éternité à ramper devant les Noss, les Nains, les Drows, les Humains, ou même les Vers de Terre ! tu hurles en retour au visage de Lyorindel Si ça peut m’obtenir que toi, ou Cinnaeth, ou n’importe lequel des elfes sur lesquels je suis censé veiller n’ait pas à craindre pour sa vie ! Tu veux savoir ce que c’est pour moi être un grand Roi ? Tu veux savoir à quoi ça me sert d’être grand ? Ça me sert à être sûr que quand je me couche par terre, tout le reste de mon peuple puisse me marcher dessus plutôt que de mettre le pied dans la boue ! ta voix naturellement bien trop claire se fait de plus en plus rauque au fur et à mesure que tu parles Je ne suis pas venu ici pour sauver ton honneur, le mien, celui d’Aegden, ou même la réputation des Cités. Je suis venu ici pour m’assurer qu’aucun des miens n’ait à vivre la même chose que toi. Alors si tout ce que ça me coûte c’est de céder à une requête aussi débile qu’un pauvre refus de voir Holimion en peinture… qu’est-ce qu'on a à y perdre ?

Tu déglutis, respires de plus en plus profondément alors que toutes formes de connexions logiques sont simultanément ravivées et détruites en ton Souffle. Tu mesures les conséquences d’une chose et de son contraire à la fois sans en trouver aucune qui te paraisse préférable. Tu analyses des données qui ne sont que des approximations, des jugements, des considérations infondées et arbitraires, parce que tu ne sais pas assez pour faire mieux. Personne n’en sait assez pour mieux faire. Alors tant pis. Tu laisserais faire. Il n’y avait plus d’autre solution qui fasse de sens à tes yeux.

- Mais puisque c’est si dramatique à tes yeux tu entames, à voix basse cette fois retourne t’asseoir là-bas et assume ton choix jusqu’au bout au lieu de lâchement abandonner ce fatras à d’autres.

Tu ne lui en laisses pas vraiment le choix, forçant presque son bras à te passer autour des épaules, tandis que les tiens passaient l’un autour de son buste, l’autre sous ses genoux. Tu reviens avec lui au sein du cercle, amenant avec vous une atmosphère aussi lourde que si vous vous étiez retrouvés vingt mille lieues sous les mers. Tu rassois ton ami à sa place, tandis que tu t’avances vers les Ornedhels, le regard vide, la gorge serrée et la mort dans l’âme. Et tu t’apprêtes à parler. Et ce que tu vas dire risque de ne pas leur plaire.

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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeSam 16 Mar 2019 - 18:02


Ça n’allait pas du tout, entre la petite noss toujours prostrée et les deux citadins qui s’étaient éloignés pour se hurler dessus… Ça n’allait pas du tout et si rien ne changeaient, ce rassemblement ne ferais qu’apporter plus de souffrance et de colère sans rien faire de plus.

Aegden pinça l’arrête de son nez entre son pouce et son index. Tout cela commençait sérieusement à le fatiguer et l’agacer. Pourquoi fallait-il toujours que ça parte dans tous les sens ? Tout aurait pût être simple pourtant… Pour ne rien améliorer, chaque seconde qui passait semblait amplifier le malaise qui pesait sur le cercle resté plus ou moins silencieux lorsque le diplomate avait tourné les talons.

Artiön et lyorindel finirent par revenir vers le reste des elfes présents. Plus précisément Artiön revint, Lyorindel dans ses bras. Déjà que l’ambiance n’était pas des plus joyeuse, là on aurait vraiment dit qu’une chape de plomb s’était abattue sur chacun des elfes présents.
Alors que le grand elfe s’apprêtait à prendre la parole à nouveau, Aegden soupira. Non, clairement ça n’était pas le moment d’en rajouter. Peu importe ce que l’Aran dirait.

-Attend Artiön. Il était désolé de devoir lui couper la parole, mais ça n’était pas pour rien. Il ne s’adressa ensuite à personne en particulier. Si je peux me permettre, je crois qu’il vaut mieux que tout le monde prenne le temps de se calmer avant que vous ne cherchiez à nouveau un compromis. Son regard se posa sur l’assemblée, comme pour défier quiconque de prétendre le contraire. Je sais qu’on a pas beaucoup de temps, mais tout le monde à cran à ce point, c’est le meilleur moyen pour prendre une décision biaisée.


Quelques minutes tout au plus. Il ne proposait pas des heures. Justes quelques minutes, histoire que chacun puisse sécher ses larmes, respirer et cesser de hurler une bonne fois pour toute.
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeSam 16 Mar 2019 - 22:43


Aux mots du citadin, tu t'étais sentie sombrer. Holimion... Cela avait suffit à t'ébranler, frémissant, rejetant cela. La soudaine présence d'Ungwë te fit sursauter, les propos d'Alcäriel trembler... Alors que tu contemplais les taledhels non pas comme de simples ignorants, mais de parfaits idiots. Leur ignorance ne justifiait en rien qu'ils osent minimiser ce qui, pour toi, était un devoir sacré. Plus important que ta survie. Plus important que celle de tes semblables. Plus important que leur précieuse paix. Soumise à des forces contraires, tu tremblais sur tes pieds, le regard ahuri, le visage désespérément fermé. Les mots de tes semblables parviennent à t'apaiser... Un peu. Avant qu'une nouvelle tempête ne s'annonce. Celles des émotions des taledhels... Dont les mots de l'un font naître une nouvelle, une énième en toi.

Tu t'étais baissée pour relever Ungwë, mais l'émotion qui te pourfend suspend tes gestes, alors que tes mires se vrillent sur Lyorindel. Si tes yeux étaient réellement du métal dont ils ont la couleur, ce qui naquit en toi les auraient fondu en une lame qui, cette fois, n'aurait pas chercher à neutraliser mais à tuer. Il osait. Il osait se rire de votre devoir. Il osait considérer votre Histoire comme une façade que vous déformeriez à loisir pour vous préserver. Des cycles d'errance. Des cycles de rituels. A tout le reste, cela s'ajoute, cette ignominie. De questionnements, il n'y en a plus en toi. Un danger. Voilà ce qu'il est. Un être misérablement tourmenté, dont les spasmes corrompent ceux qui l'entourent, dont la vie n'a pas plus de valeur que...

Tes mains se crispent sur les épaules de ta cadette, et tu baisses la tête, résolument tournée vers la terre de votre Mère. L'émotion te ravage et veux t'arracher le ventre pour jaillir, déchiqueter, ravager cet être immonde... Tant qu'elle t'effraie. Par delà le cuir qui te vêtit, des entrelacs du motif préservé à même ta peau s'aventurent jusque sur tes mains. Tes mires s'y braquent, désespérées, alors que des larmes te viennent aux yeux. C'est idiot, tellement idiot... Une erreur a toi vous a tous trainé ici, en ce lieu, en ce temps, pour vous faire face et raviver ces émotions que la distance garde d'ordinaire soigneusement enfouies. Cette violence que fait naître l'incompréhension, l'ignorance... Expliquer ne servirait à rien. Lyorindel s'est déjà montré si sourd que même son roi a perdu pied. Une bataille perdue d'avance, qui ne te jetterait que davantage dans l'abysse de la défense irraisonnée, spontanée et désespérée.

Ton visage est aujourd'hui un traître auquel tu ne te fis pas. Alors, forçant ta respiration à s'apaiser, malgré ton coeur déchiré, tu déclares, la tête toujours baissée.

"Choisissez. Holimion ou ailleurs. Dans tous les cas, je ne me déroberai pas." clames-tu d'une voix blanche, que dément malgré-toi la tension de ton corps prostré.

Tu as dû remettre un genoux à terre, forçant tes doigts à relâcher Ungwë. En cet instant, tu te sens épuisée. Tu te sens si jeune, si jeune et vulnérable...
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Artiön Laergûl
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeDim 17 Mar 2019 - 13:52


- Laisse-leur le temps, Faelwen.

L’expression concernée de La Voix restée pourtant tout du long si paisible est un témoignage de la pesanteur de l’atmosphère actuelle. Au sein du Conseil les murmures se sont levés, les avis divergent, les uns accusant les autres de se laisser avoir par leur empathie pour celle qui en tant qu’Ornedhelle était proche d’eux, tandis que les autres accusaient les uns de trop vouloir s’appliquer à faire bonne figure devant des Citadins à qui ils ne devaient rien. Les émotions montaient, avec elle le doute, et avec le doute disparaissait la raison.

Lorsque le guerrier aux cheveux flamboyant était intervenu, il avait bien fait. Ma’hëlnoss n’en ferait pas commentaire, mais le regard qu’elle lui avait jeté devrait suffire à exprimer ses remerciements.

- Frères ! Sœurs ! La voix de la Rêveuse s’élève par-dessus les murmures, pour la première fois J’entends vos cœurs battre à travers la Sylve comme vous entendez mes mots. Les premiers partagent vos doutes, mais Liltalaima ne peut être de bon conseil que s’il on consent à l’écouter. Les mots soufflés au Citadin par les Chants sont sages. elle ferme les yeux Prenons notre mal en patience, et autorisons-nous un temps pour nous recentrer.

Des expressions de soulagement furent partagées, et les plus impatients se levèrent sans tarder, saluant d’un hochement de tête leurs convives avant de se reculer d’un premier pas. Les regards se tournèrent vers Ma’hëlnoss.

- Je vous rappellerai lorsqu’il sera temps. Allez.

Mangez, buvez, inspirez, soufflez. Que vos corps et vos Souffles soient prêts lorsque viendra le moment de décider.

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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeLun 18 Mar 2019 - 14:38


J’avais envie que ça s’arrête, j’avais envie qu’une décision définitive soit prise, j’avais envie de ne plus douter.

Et à la place, on m’offrait une pause que je ne désirais pas, un moment de doute supplémentaire, une chance supplémentaire de me demander une énième fois si je ne faisais pas une erreur. J’aurais pu rester, rechercher du soutien ou en donner aux miens, laisser Ungwë me dire que je n’avais pas à prendre cette responsabilité, laisser Faelwen nous convaincre tous deux que ce n’était pas si grave d’aller à Holimion et qu’elle en prenait la responsabilité. Mais je ne voulais rien de ça, je voulais que ça se termine, je voulais, quelque soit le drame qui s’abattrait sur nous, qu’il s’abatte expéditivement.

Et je ne pouvais pas rester dans les parages le temps de cette pause, ou tout ce que je fuyais me tomberait dessus. Je brisai le cercle la première en m’élançant vers les plus proches arbres jusqu’à être assez isolée pour que personne qui ne me cherchait spécifiquement ne puisse m’importuner. M’asseyant en tailleur à même le sol, je plongeai en moi-même, ne gardant que très peu d’attention sur mon environnement, juste assez pour capter un signal qui signifierait la reprise des délibérations. Je résistai de tout mon corps à l’appel de ce crâne, gardant les mains posées sur les genoux. J’avais le temps, j’avais l’opportunité, mais j’avais surtout un devoir de cohérence, et cet équilibre que j’avais trouvé était si fragile…

Je ne pouvais m’éviter de penser à Lyorindel, qui était la représentation même de cet adversaire que je ne comprenais pas. Il alternait entre des positions raisonnables et déraisonnables. Il avait semblé si solide lorsqu’aucun de nos mots n’avaient réussi à l’ébranler, si faible lorsque son roi et ami avait osé remettre en question son choix. Il avait semblé si lucide en face du comportement inhabituel de Faelwen, si absurde quand je m’étais efforcée d’expliquer du mieux que je pouvais nos réactions. Et là, il nous accusait de mentir sur quelque chose d’aussi fondamental que nos traditions, juste pour sauver une chef dont je considérais sincèrement l’exécution. En quelques mots dans son égarement, il n’avait pas insulté Faelwen, il avait insulté l’ensemble des Iarin’Dath.
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Je faisais tout pour me calmer. Pour que mes larmes cessent de couler. Mais je ne pouvais que me mordre fermement la main au point d'avoir le goût de mon propre sang sur la langue. C'était la seule chose qui arrivait à contraindre suffisamment mes sanglots pour que les autres puissent continuer à parler. A genoux, en boule sur le sol, je ne les écoutais plus vraiment. Je cherchais seulement la présence de l'oeuvr et la régularité de mon souffle comme si eux seuls pouvaient me servir de bouée dans le chaos le plus total.

J'avais mal.

J'avais physiquement mal en entendant leurs voix défiantes, effrayées, haineuses. J'aurais aimé leur dire d'arrêté. Je l'ai hurlé dans ma tête. De plus en plus fort. De plus en plus désespéré. Serrant les dents sur mon pouce. La présence de Faelwen fut une brève caresse. Une brève accalmie qui ne dura pas. Elle était toujours là, près de moi. Mais elle acceptait la sentence. Et c'est comme si on me serrait le cœur pour m'empêcher de vivre.

Puis quelqu'un, quelque part, décréta que tout devait cesser.

Non. Une simple pause.

Sans réfléchir, je me suis retrouvée pendue au cou de ma sœur. Le visage enfouit au creux de son épaule, me serrant contre elle de toutes mes maigres forces, toujours à genoux. Je ne tentais pas de prononcer le moindre mot. J'avais peur. J'étais mentalement épuisée. Je voulais que tout s'arrête. Et je voulais qu'elle rentre avec nous. Car malgré les désaccords, la douleur et la déception, elle était l'une des nôtres... Et le seul lien de sang qui me restait en ce monde. Peut-être était-ce pour ça que cette simple étreinte et l'odeur de sa peau m'apaisaient doucement.

Quelques instants plus tard, je reprenais mon souffle et il ne restait plus que de légers sursauts de respiration. Je m'écartait légèrement prenant mon courage à deux mains pour sourire à Faelwen, le visage encore couvert de larmes. Toute cette tension... M'avait quittée d'un coup.

J'étais... vidée.

Mais je ne voulais pas m'écarter. Je n'avais rien de plus à dire que ce que j'avais déjà dit. Elle me connaissait assez et elle connaissait assez Lorna pour savoir que j'étais parfaitement sérieuse sur toutes les perspectives énoncées. Mais elle seule pouvait décider s'il convenait de se battre, de fuir ou d'accepter. J'étais incapable de faire ce choix. Je ne voulais pas penser aux conséquence. Mais j'étais là. J'étais là pour elle. Et quand nous nous relèverions, ce serait ensemble.
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Le discret regard de la Voix ne passa pas inaperçu. Aegden n’y répondit pas, mais intérieurement il était soulagé de voir des réactions positives. Pendant un instant il s'était réellement demandé si certains n'allaient pas protester, s’obstiner à vouloir en finir le plus vite possible. Au moins il y avait encore des personnes avec un minimum de bon sens parmi eux…

Quelques elfes se levèrent  plus ou moins précipitamment,a l'autorisation de la noss, confirmant qu’ils étaient plutôt nombreux au final, ceux qui désiraient souffler quelques instants. Si beaucoup s’éloignèrent, Aegden décida de simplement se lever et de faire quelques pas au hasard dans la petite clairière.
Il n’était largement pas le plus à plaindre actuellement, ni celui ayant le plus besoin de reprendre ses esprits. Il n’avait qu’à patienter maintenant, et quitte à patienter, il préférait marcher que rester assis sans rien faire…Il ne connaissait rien de plus insupportable que de devoir rester immobile à attendre.

Il aurait pu aller parler à n’importe qu’elle elfe présent au lieu de rester dans son coin à errer comme un souffle en peine ; mais là il n’avait vraiment pas envie de faire le premier pas envers qui que ce soit.  En fait il ne faisait même pas vraiment attention à ceux présents aux alentours...
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeMer 20 Mar 2019 - 0:07


L’intervention d’Aegden te fait l’effet de t’être pris un mur de plein fouet. Comme si tous tes organes avaient été violemment projetés à l’avant de ton corps. Ton faciès s’écrase sur lui-même, tes pommettes se tendent, ta mâchoire frémit, avant de simplement se décrocher pour t’autoriser de longues inspirations… qui se seront rapidement transformées en désagréables hoquets. Un rire jaune, presque muet, tendu, contraint, désespérée tentative d’évacuer une tension dont tu ne te débarrasserais pas avant que tout soit terminé. Peut-être même, selon la manière dont tout cela se terminerait, pas avant la fin de tes jours.

Tétanisé, tu laisses passer le temps sans bouger, tes pupilles glissant d’un elfe à une autre, suivant le cortège d’Ornedhels sur le départ. Tu reprends contenance, cherche un peu de force à l’occasion dans les yeux de tes camarades Citadins, trouve un léger réconfort dans l’expression de Cinnaeth, et puis tu retournes à tes idées noires, mis encore et encore face à ton incapacité de prendre La bonne décision.

Lui tu ne veux pas le voir descendre la  spirale du deuil inassouvi.

Eux tu n’en sais pas assez pour distinguer leur vrai de leur faux.

C’est une triste histoire que celle de l’elfe ne pouvant se résoudre à choisir de faire pleinement confiance à celui qui est censé être comme sa famille. C’est une triste histoire que celle de l’elfe incapable de se soustraire à la douleur des proches de l’accusée. C’est une terrible sensation finalement, que de se sentir responsable d’une mort dont leurs traditions seraient finalement les seules responsables.

Tant que tu le pouvais, il te fallait continuer de tenter.

Une inspiration comme celle d’un noyé, une expiration comme le souffle d’un cétacé, et tu te forçais à te ressaisir. Tu quittes à ton tour le Cercle, tes pas te menant dans la même direction que ceux de la première échappée. Tes doigts jouent contre ton sceptre, et ton esprit hésite à s’échapper au travers des pulsations environnantes. Elle est tout près cependant. Elle ne s’est pas particulièrement éloignée, La Protectrice, L’Exécutrice : Alcariël.

- Elle ne risque absolument rien à nous suivre jusqu’à Holimion, votre Chef. Et surtout pas placée sous protection royale. tu entames sans prendre la peine de passer par une quelconque introduction L’île est loin d’être habitée par une quelconque « manifestation » de La Voilée, et ce n’est ni notre but ni dans notre intérêt de soumettre Faelwen à un quelconque rituel. tu t’assieds auprès d’elle Très honnêtement, j’en ai assez de courir après un compromis. C’est Lyorindel qui a le plus de poids dans ce jugement et il ne fléchira pas. Ungwë et toi, pour autant que vous me sembliez de bonne foi, ce n’est jamais qu’une présomption, je ne vous connais pas. tu baisses les yeux un instant, avant de les vriller dans ceux d’Alcariël En tant que Roi, et en tant qu’ami, je dois à Lyorindel de lui obtenir justice. Quitte à devoir m’infliger votre inimitié. Je peux vivre avec votre inimité. J’aurais du mal par contre à dormir sachant que mon ami cultive une rancœur qui pourrait finir par le détruire.

Tu tournes en rond. Tu évites soigneusement la déclaration la plus difficile, pour mieux te retrouver forcé de l’appuyer.

- Alors avant qu’on ne reprenne, j’ai juste besoin qu’une chose soit mise au clair. tu marques une courte pause Que vous exécutiez Faelwen, et sa mort aura été votre décision. Votre responsabilité. Pas la nôtre.

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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeMer 20 Mar 2019 - 11:25


Je ne m’étonnai pas d’entendre Artiön se rapprocher. Il essayait encore de trouver une issue, et il m’avait certainement identifié comme la personne à convaincre, alors que probablement personne d’autre n’accepterait la responsabilité d’une telle exécution. Et il voyait juste, j’étais tellement affectée par la situation qu’il y avait encore sûrement un risque que je change d’avis, que j’accède à leur requête. Mais ses mots ne me convainquirent pas, plutôt l’inverse, même. Il balayait tout ce que j’avais exprimé quelques instants plus tôt d’un revers de main, comme si c’était aussi facile. Je ne relevai jamais les yeux vers mon interlocuteur, je ne m’en sentais pas capable.

Si ce crâne n’avait pas retenu une partie de ce que je pensais de Faelwen, j’aurais répondu froidement à ce roi que je n’avais pas peur que les siens lui fassent du mal, que je craignais vraiment que le comportement de Faelwen la mette elle-même en danger, et qu’un accident la mène à une catastrophe. « Je ne veux pas de promesse, ne faisons pas semblant de nous faire confiance. » Je lui dis à la place, simplement, le plus honnêtement possible. « Si vous n’êtes pas convaincus par nos émotions les plus pures, comment puis-je l’être des vôtres ? Si Lyorindel pense que nos larmes ne sont qu’une mise en scène grotesque, qu’en est-il des vôtres ? » Un ton plus acerbe que je ne l’aurais voulu, provoqué par l’ironie de Lyorindel qui faisait une scène de son crû tout en refusant que nos émotions aient de la valeur.

Je ne lui laissai pas le temps de répondre avant de réenchaîner. J’avais tant de choses à dire de tout ce que j’avais entendu, et cet isolement relatif déliait les langues. « Ce que je vois, c’est que si Lyorindel ne pensait pas au départ proposer une destination aussi… malsaine… il le fait en pleine connaissance de cause désormais. Il ne veut pas de justice, il veut une vengeance, et plus nous souffrons, tous, plus il sera… Non. Plus il pense qu’il sera heureux. » Je marquai une très courte pause, continuant dans ma lancée en réfléchissant à peine au sens que mes mots portaient. « Même si cette souffrance doit s’étendre à ceux qui n’ont rien à voir dans ce drame. Même si elle s’étend à Ungwë, qui même en partageant le sang de Faelwen s’est opposée à elle pour le sauver et n’a pensé qu’à votre ami tant qu’elle ne le savait pas vivant. »

« S’il n’y a que ça qui vous inquiète, de ne pas ressentir la culpabilité d’un tel choix, je peux vous en affranchir personnellement si vous le souhaitez, ce n’est pas vous qui manierez l’arme de toute façon. » Le ton se voulait accusateur alors que je réalisais que c’était peut-être uniquement ça qu’il cherchait depuis le départ, et au fur et à mesure, je comprenais ne pas vraiment pouvoir l’exonérer seule et l’explicita dans ce qui se voulait être la fin de ma tirade. « Mais si ce devait arriver, vous n’oublierez probablement pas que ce ne sont que les intentions destructrices que vous avez soutenues de votre ami qui forcent ce choix. » Je conclus enfin dans un souffle. « J’espère pour nous tous que le conseil que vous avez assemblé sera plus sage. » Plus sage que qui ? Artiön, Lyorindel, Faelwen, Ungwë, le citadin qui avait permis cette discussion en donnant à tous l’opportunité de réfléchir ?

Moi ?

Encore une fois, j’avais beaucoup parlé, et il y aurait des répercussions que je ne pouvais contrôler. J’aurais peut-être dû me concerter avec Ungwë. Peut-être que j’en avais encore le temps ? Mais je ne me relevai pas, je ne pouvais montrer de doute, pas moi, pas avec le rôle que j’avais aujourd’hui. Je ne pouvais me reposer sur personne.
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeMer 20 Mar 2019 - 14:32


- Il n’y a rien de malsain à Holimion. tu réponds, le verbe légèrement acerbe Et même en voulant bien croire que vos légendes vous rendent l’endroit effrayant, ça reste difficile pour nous d’avaler que vous puissiez sincèrement croire destructrice une île où sont guéris les maux du Souffles et accueillis les perdus en attendant leur dernier repos.

Certes, peut-être à une échelle moindre, mais la réputation d’Holimion en tant que lieu de pèlerinage, que terres bénies par La Voilée, elle existait aussi chez les Ornedhels. Les Ornedhels d’Holimion étaient tout sauf privés de leurs mémoires. Les Citadins d’Holimion étaient tout sauf privés de leurs mémoires. Par La Très-Sage ! Les malades cheminaient vers Holimion pour retrouver la mémoire ! Y avait-il parmi les clans Noss des elfes ayant choisi d’être à ce point aveugles qu’ils puissent aller jusqu’à cracher sur la Déesse vous ayant offert d’aspirer à l’éternité ?

Il y en avait. Malheureusement, tu te trouvais face à eux. Seulement le bien-fondé de leurs croyances n’était pas la question du jour. Du moins ce n’en était pas le point principal.

- Quant à ce que veut Lyorindel… la justice n’est jamais qu’une vengeance rendue acceptable par les conventions. tu te lèves Infliger au condamné une souffrance jugée comparable à celle de sa victime, pour qu’après l’avoir souffert il prenne mieux mesure du tort causé, c’est ça le but de la justice.

C’est là la triste vérité dissimulée derrière les grands discours. C’est là la triste vérité que dissimulés derrière leurs considérations éthiques, beaucoup refusent maintenant de voir. Et certains demanderont pourquoi dans ce cas ne met-on pas à mort tous les tueurs, et met-on à mort des personnes n’ayant pas tué. Et ceux-là il ne sert à rien d’argumenter avec eux, parce que dès lors qu’ils ont posé la question, ils ont prouvé soit être incapable, soit refuser de comprendre que si d’un côté la justice se veut compatissante, certains criminels ne peuvent être raisonnés.

- Ce qui doit arriver arrivera. tu tournes les talons Espérons juste que personne n’aie à en mourir.

Tu retournes auprès des tiens le pas aussi lourd, aussi abattu qu’il l’avait été quand tu les a quittés. Tu profites de l’absence de la majorité pour t’écraser sur une souche proche de celle de ton ami. Un regard vers le cortège de Citadins qui l’entoure, et tous auront vite compris que tu tenais à ce qu’ils s’écartent. Et puis ton regard suivant serait vers le ciel, vers la Lune, la première Lune, puis vers Silène, espérant que les Dieux en descendent pour vous conseiller en personne. Ou n’est-ce qu’une manière de ne pas poser l’œil sur un épervier que tu n’arrives pas à regarder en face ?

- Elles sont très sérieuses Lyo. Alors j’espère que tu seras satisfait lorsque Faelwen mourra parce que tu es trop têtu pour simplement avoir au moins essayé de proposer une autre Cité. tu soupires longuement Au moins il semblerait qu’ensuite elles puissent se contenter de nous détester en silence. On peut au moins espérer ne pas voir s’embraser de guerre fratricide.

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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeJeu 21 Mar 2019 - 10:52

Lyorindel était resté assis, de toute façon il n’avait pas vraiment le choix, mais il réfléchissait à ce que son ami lui avait dit et son cœur se serra. Il fallait qu’il lui parle, qu’il lui dise quelque chose d’important. Il sécha ses larmes et prit de longues inspirations pour se calmer puis il attendit qu’Artiön termine sa conversation avec une sauvage. Lorsqu’il se laissa tomber sur une souche à côté de lui, l’épervier rassembla ses pensées, il ne devait rien oublier. Son ami lui en voulait et il le comprenait très bien.

« Je… » les mots restèrent coincés dans sa gorge quelques secondes avant qu’il ne les force à sortir. « Je te présente mes excuses, je n’aurai pas dû. Cela dit saches que je le pensais et que je te fais confiance pour prendre la bonne décision, peu importe celle que tu vas faire je te soutiendrai. I Mîngely te guidera mais tu ne peux pas laisser tes émotions choisir à ta place et oui, je vois l’ironie dans mes paroles. Tu es roi maintenant, tu n’es plus un protecteur mais un guide, tu ne peux plus te permettre de ramper, tu as toute la puissance des Cités au bout de tes doigts mais les Cités sont aussi fortes que l’est leur roi. Tu ne peux pas être faible, pas ce soir, gardes tes faiblesses pour ta famille, ton épouse, tes amis mais pas pour eux. ls ne l’ont pas mérité. » Il marqua une seconde de pause et détourna le regard des yeux d’Artiön. « Ça serait trop facile si ce n’était que moi hein ? Malheureusement ce n’est pas le cas, Faelwen a presque avoué qu’elle allait recommencer, ça ne sera pas demain ou dans une ennéade mais dans une décennie ou un siècle ; quand ce jour arrivera ce ne sera pas un… un soldat. Tu ne peux pas te soucier de moi pour cette décision, quand je disparaitrais… et bien justement, je vais disparaître, personne ne se souviendra de moi et c’est normal, après tout j’ai signé pour ça. Nous n’écrivons pas les chroniques, c’est à peine si nous en signons le bas de la page mais sa prochaine victime elle, tout le monde s’en souviendra car ce sera sûrement un civile. Peut-être un enfant. Artiön elle a frappé une enfant de son clan, elle n’hésitera pas pour un citadin. Comment comptes-tu contrôler la colère légitime de ton peuple ? » Lyorindel releva lentement les yeux vers son ami.
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MessageSujet: Re: [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire   [MdO2019] N’empêche, si ça s’infecte, on peut en mourir, j’vous ferais dire - Page 2 I_icon_minitimeJeu 21 Mar 2019 - 13:14


S’il devait s’agir là d’un discours d’encouragement, de te pousser à l’action, de te forcer à redorer ton blason, parce que les Citadins comptaient sur l’Aran choisi par les Seigneurs-Protecteurs… c’était raté. Certains choix ne sont pas une affaire de sentiments, tu le sais. Tu es dorénavant l’emblème vivant de toutes les Cités d’Anaëh, tu le sais. Tu te dois de faire tout ce qui est en ton pouvoir pour empêcher que vos craintes face à la Chef des Iarin’Dath ne deviennent réalité. Tu le sais.
Ce que tu ne sais pas, c’est si Lyorindel se rend compte d’à quel point son discours est non pas ironique, mais tout bonnement hypocrite. Et tu ne trouves pas d’autre solution que d’en rire. Un violent hoquet te prend au cœur, ton diaphragme s’emballe, et tu te retrouves piégé dans un éclat de rire malsain au point d’en pleurer. Ton corps rit, pas ton âme. Ton âme est à la fois triste, déçue, en colère, soulagée et appesantie. Alors ne sachant comment répondre à ce conflit émotionnel, ton corps ris, deux longues minutes durant, à t’en épuiser une sangle abdominale pourtant solide.
Et puis ton rire s’arrête brusquement. Tu souffles. Reprends contenance. Mais tu ne te tournes pas vers Lyorindel.

- Tout ça aurait presque pu être encourageant si tu n’avais pas passé les dernières heures à te plaindre d’avoir été choisi pour témoigner, à te plaindre de n’avoir aucun pouvoir sur la décision prise alors que depuis le départ elle était tienne, à te plaindre de la moindre proposition comme s’il s’agissait d’une ingérence, et à jouer les oisillons aux ailes coupées traumatisés à l’idée que l’on puisse faire preuve de la moindre compassion envers celui qui leur a arraché des plumes destinées à repousser. tu claques de la langue J’ai failli perdre la tête à essayer d’obtenir une justice qui te soit satisfaisante, parce qu’au-delà du potentiel danger qu’elle représente pour les Citadins, j’avais peur de ce qu’elle pouvait représenter pour toi. Depuis le début je m’échine à faire en sorte que tu ne te sentes pas lésé, de peur que tu ne finisses par y perdre l’esprit…

Tes épaules se soulèvent légèrement, la tension monte en ton corps au point d’être quasiment visible. Tu es un titan contrarié, dont la mâchoire serrée laisse à penser que ton prochain mugissement secouerait toute la forêt ; dont les poings serrés laissent à penser qu’à ton tour, tu pourrais frapper. Tes yeux se sont posés sur Lyorindel, enfin. Et plus que la colère, plus que l’agacement, c’est une ô combien profonde déception qui s’y lisait. Tu ne pouvais plus te résoudre à ne plus l’aimer. Tu pouvais par contre lui retirer ta confiance. Pour l’instant.

- Tout ça pour que tu me dises ça.

Ton ton n’est pas monté, il est descendu même, en même temps que tes épaules, transformé en un désabusé murmure. Un désabusé murmure qui au fil des secondes de silence se sera transformé en un maussade sourire.

- Merci Lyorindel. le sarcasme n’est que partiel Par contre… ton sourire disparaît maintenant tu te la fermes et tu attends sagement qu’on en finisse.

Tu te retournes, cherche Ma’hëlnoss des yeux, et lorsque le regard de La Voix accroche au tien, tu lui fais signe de la main que maintenant ça y est. Tu es prêt.

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Dernière édition par Artiön Laergûl le Jeu 21 Mar 2019 - 16:00, édité 1 fois
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Dans ta chute, tu te raccrochas. Dans ta chute, tu acceptas cette étreinte, de ta demi-soeur de sang. Cela t'était présentement bien égal. Après t'être tenue seule, après avoir trembler en toi même, tu n'avais plus la volonté de résister à cette volonté d'être ensemble. De chercher le contact. Tu étreignis Ungwë comme si c'était la dernière fois...

De tension, il n'y avait plus que cela dans ton être. D'espoir, tu n'en n'avais plus guère. Tu ne voyais que la voie sans issue qui t'attendait... L'ouverture n'était qu'un piège qui trahirait les tiens, ce devoir propre aux tiens depuis tant de cycles. Céder au citadin et cracher sur ce qui t'avais fait, toi et tes Ancêtres ? A cette simple pensées, les innombrables coups d'aiguilles qui avaient tracé les arabesques de la Gardienne sur ton corps te parcoururent à nouveau. Ne pas oublier. Préserver les mémoires. Accepter sa proposition ? La mort de ton être physique, ou la perte de ta mémoire ? Quel était ce choix ? Tu n'avais pas cherché à tuer au moment de le frapper. Lui, à présent, s'y évertuais... ?
Rester auprès des tiens dans la mort. Tu ne voyais que cela.

Mais tu ne serais pas seule.

Alors qu'Ungwë s'est reculée, te souriant, tu restes aveugle à son être tendu vers toi. En toi, il n'y a que cette réalité, brutale, qui te frappe, t'étouffe et te broie. Tes mains restent sans force sur les épaules de ta cadette, alors que tu la regardes sans la voir. Ta cadette. Ta demi-soeur. Celle que tu tenais soigneusement à distance, devant la pardonner sans le pouvoir. La pardonner. D'être le fruit de l'amour entre votre mère... Et un autre. Laissant seul...

"Barhador..." Fut le son qui parvint à franchir tes lèvres.

Lui. Ton père. A ne penser "qu'aux tiens", tu l'englobais bien sur mais, là, il y avait une différence. Tous survivraient à ton trépas. Tous. Mais pas lui. Alors que tu luttais depuis plus d'un siècle pour le retenir, pour le préserver de ce mal qui le terrassait toujours un peu plus, égarait sa mémoire et son esprit... Comment pourrait-il résister encore, après avoir perdu son amour deux fois, s'il perdait aussi sa fille ?

Une barrière vole en éclat. Celle qui faisait de toi la 'chef' des Iarin Da'th, celle qui faisait de toi moins qu'un être, mais une volonté : celle de protéger. Et voilà que tu réalisais que ton trépas même signifiait la perte de l'un des tiens. La perte de ton père. Le dernier être qui parvenait encore à t'atteindre malgré la distance imposée par ce devoir qui t'emprisonnait. T'oublier dans cette tâche, tu t'y étais essayé, pour ne jamais douter, pour t'y consacrer pleinement, pour ne jamais ployer... Sans le pouvoir complètement... Car il était là. Que ce n'était pas sa chef dont il avait besoin, mais de sa fille.

Périr en sachant qu'il sombrera à ta suite, ou accepter et trahir un devoir ancestrale. Cela n'était pas un choix. C'était une torture. Ce n'était pas un choix. Et c'était à un sourd que tu devais le faire comprendre.

Lentement, tes mires égarées trouvent leur chemin jusqu'à celle d'Ungwë. Ce qu'elle peut y lire, c'est le vide que laisse en toi la terreur, l'épuisement, l'incertitude. Tu ne sais pas ce qu'il va advenir. Même ta résignation t'a été arrachée. Tu dois vivre.

"S'il pouvait comprendre..." souffles-tu d'une voix étrangement résolue.

Attirant Ungwë à toi, tu déposes sur son front la caresse de tes lèvres. Légère. Brève. Un soupir de tendresse déjà enfui. Intérieurement, tu trembles comme jamais. Cependant, il te faut agir. A rester prostrer, tu sens seulement que tu t'effondres toujours un peu plus, sans savoir jusqu'où les fissures s'étendent. Tu ne veux pas le savoir. Alors, il te faut agir. Tu saisis doucement les mains d'Ungwë et te relève avec elle, presque légère dans ton abandon, cette perte de repère.

"N'ais crainte. Va rejoindre Alcariël." lui dis-tu simplement.

Ces derniers jours, tu n'as jamais eu l'air aussi sûre de toi qu'en cette instant, alors qu'un gouffre d'incertitude attend que tu y sautes à pied joint. Délaissant ta semblable, tu te diriges d'abord vers la Noss dont tu as subtilité la lame. T'inclinant, tu la lui rends, murmurant des excuses respectueuses. Puis, avec cette même mesure, et un pas lent, tu t'approches à nouveau des citadins. De Lyorindel. De son roi. Tu ne sais pas ce qui t'attends, d'autant que ce dernier se remet d'un éclat de rire qui t'a fait froid dans le dos. Tu ne peux pas ressentir tout cela, tu n'en as plus la force. En un sens, tu n'es plus qu'un pantin jouant son rôle. Non. Ce n'est pas vrai. Tu es Faelwen. Tu espères seulement être digne de la charge qui pèse sur tes épaules. Mais tu es aussi une enfant de la Mère, comme eux-tous... Ce que tu as tendance à oublier.

Quand une occasion se présente, tu t'avances, imposant quelque peu ta présence. Lyorindhel, tu le regardes en face avec un regard posé. Le roi... Tu peux le regarder en face, alors qu'il est assis. C'est dire s'il est grand, mais tu n'en as cure. Lui aussi est un enfant, sous ses traits de géant bougon. Malgré-toi, tu te retrouves à sourire à cette pensée. Un sourire presque tendre pour cet inconnu.

"Je m'excuse de m'imposer, mais je le dois. commences-tu. Lyorindel, le choix te revient, cependant, tes propos me laissent penser que tu n'as pas saisi ce que tu demandes. Ce n'est pas à moi de t'expliquer nos nuances. Cependant, je peux dire ceci : nous ne considérons pas Tari de la même manière que vous. C'est ainsi. Le choix que tu crois me donner  n'en est pas un. Holmion revient à trahir le devoir auquel se dédient les miens depuis des cycles. Quant à mourir pour y rester fidèle... Le cuir de tes yeux se trouble un instant, puis se pose avec douleur sur ta victime. Mourir revient à condamner l'un des miens. Quelqu'un qui m'est cher. Quelqu'un qui ne t'a rien fait. Un temps, une pause, une respiration, tu en as besoin. Qu'est-ce que cela te coûte que de m'envoyer ailleurs qu'à Holmion ? Que veux-tu ?"
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- Lyorindel a fait son choix. tu embrayes sans attendre, ne laissant pas même à l’épervier le temps de penser Et tu ne peux pas échapper à Holimion. tes yeux effilés sont d’autant plus tranchant que tes sourcils se plissent C’est une part trop importante de notre culture pour que tu puisses te permettre – si tu tiens sincèrement à apprendre – d’en rester éloignée. tu marques une pause, le temps que tes mots s’encrent en elle Mais si cela peut te rassurer, tu n’auras pas à subir Holimion bien longtemps.

Tu te lèves, et d’un coup d’œil rapide vers l’arrière, désigne la diplomate en charge des relations de la Cité Blanche avec les Ornedhels du protectorat. Tu poses ensuite un visage quelque peu apaisé sur Faelwen, espérant qu’elle comprenne que si c’est là sa punition, vous gagneriez tous à ce qu’elle soit coopérative.

- D’abord tu viendras à Alëandir, là tu seras placée sous ma protection, et bénéficieras de la guidance de Cinnaeth ici présente. un coup d’œil sévère vers Lyorindel plus tard tu reprends Tu resteras avec nous le temps qu’il te faudra pour mieux nous comprendre, et le temps qu’il nous faudra nous pour mieux te comprendre. Et quand on jugera qu’il sera temps, tu nous suivra jusqu’à Holimion le temps d’une journée, que tu comprennes que si nous ne craignons pas Tari, ce n’est pas à cause de quelque « croyance » mais bien parce que des elfes sont guéris sur cette île. tu passes ta paume sur tes jours pour en chasser les restes de larmes Et les tiens n’en sauront rien avant ton retour. Pour l’instant, officiellement, tu nous suis pour purger ta peine à Alëandir. tu tends cette même main à la Chef des Iarin’Dath C’est une promesse un peu absurde, puisque tu ne risques absolument rien, mais si ça peut te rassurer le moins du monde, je me porte d’avance garant de la sécurité de ta « Mémoire » lorsque l’on posera pied sur L’Île de la Voilée.

En réalité, tu ne lui en laisses pas vraiment le choix. Il faut qu’elle accepte. Et si elle a encore le pouvoir de refuser, tu préférerais qu’elle n’en use pas. Tu en as assez maintenant, des excuses, des prétextes, des non-dits et des échappatoires. On n’apprend rien de personne lorsque l’on refuse de comprendre. Restait à savoir si Faelwen était sincère quand elle disait vouloir faire intelligente repentance.

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Aussi sourde à ma présence que les citadins sont sourds à celle de la sylve, Faelwen n'arrivait pas à reprendre pied. Son contact à la fois relâché et distant me faisait peu à peu comprendre que j'avais voulu avaler la lune en m'improvisant chef. C'était pour ça que j'avais trébuché. Pour ça que j'avais paniqué. J'avais fait une erreur que j'étais la seule a pouvoir me pardonner.

Je la sentais s'abimer toujours un peu plus. Autant dans sa façon de me regarder avec frayeur et regret que dans les mains sans force qui pesaient sur mes épaules. En cet instant, et malgré la panique qui m'a assailli, j'ai pourtant de la force pour deux. Patiemment, je l'écoute évoquer son père. Cet homme qu'elle maintenait contre toute logique et que Lorna s'était retrouver à devoir enchainer pour ne pas la perdre elle plutôt que de l'aider à accepter la fin de sa vie.

Lorsque ce baiser s'est posé sur mon front, une curieuse impression m'a envahit. Je relevais les yeux vers ceux de Faelwen. La sensation se transforma en certitude. Elle n'était plus tout à fait parmi nous. Qu'elle vive ou qu'elle meurt. Elle venait de franchir un cap qui n'avait pas de retour. Ou peut-être était-ce seulement moi qui me rendais compte des fêlures beaucoup trop nombreuses qui luisaient en elle.

- Bien sur que j'ai peur. " lui souriais-je. " Mais il... " est hors de question que je te laisse.

L'inverse n'était pas vrai.

Elle ne m'écoutait même plus.

Lorsque ses bras ont quitté mes épaules, cela sonnait comme un adieu. Et je l'ai regardé s'éloigner pour rendre le couteau. L'emplacement de son baiser restait chaud sur ma peau glacée par les rayons de lune. De façon diffuse, j'étais heureuse d'avoir au moins ça. L'apprentissage que je suivais depuis près d'un siècle faisait sans doute son office car un sourire serein revient peu à peu sur mon visage. Je séchais mes larmes comme je pouvais. Elles coulaient toujours un peu du trop plein d'émotion, mais la tension n'existait plus. J'avais compris. Et face à une telle évidence, on ne peut qu'accepter.

Elle venait de briser ses derniers liens. Les très maigres liens qui la retenait encore. Je revoyais toutes ces heures que son dos avait passé, dressé en lisière du camp depuis que les Anciens l'avaient nommée à son poste. Elle partait à la dérive, en s'enfonçant dans son propre égo, oubliant les siens à trop vouloir être parfaite. Et moi... Je pouvais accueillir, je pouvais soutenir, je pouvais soigner, je pouvais même conseiller ceux qui étaient prêt à écouter. Mais il n'était pas dans mon rôle de choisir si une voie était meilleur qu'une autre. Perdu dans son propre cœur a force de s'obliger à prendre en compte ce qu'elle pensait que les autres attendaient d'elle, elle tentait une nouvelle fois de s'approcher du même mur. Elle s'approchait de nouveau de Lyorindël et du grand roi près de moi... Et découvrait une fois de plus qu'ils ne comprenaient pas et qu'elle était condamnée. Je n'avais pas bougé.

Je n'ai pas bougé non plus lorsqu'il s'est posé en garant de la mémoire de ma sœur disparue. Je n'ai pas bougé non plus alors qu'il proposait de mentir à notre clan, comme si quelques mots pouvaient changer la réalité d'une mémoire brisée.

Les citadins étaient trop loin, trop différents. Ils n'entendaient pas la Sylve et se considéraient comme supérieurs aux habitants de l’œuvre. Ils avaient un but, une raison d'être bien trop grande pour être de simples animaux. Qu'ils soient si obtus ne m'étonnais plus vraiment maintenant que j'avais passé ces quelques heures à les écouter. J'avais trop réagi en me mêlant de leur choix. Faelwen et Alcariël savaient ce qu'Holimion signifiait. Elles savaient toute d'eux qu'aucun de nous n'accepterait que Faelwen prenne ce risque. Ils auraient pu demander quoi que ce soit d'autre. Mais eux qui n'avaient finalement rien perdu dans cette histoire, demandaient toujours plus. Un otage, un élève obéissant, une vie, une Mémoire. Leur cité ne leur suffisait pas, ils avaient du porter le sujet devant un autre clan, dix autres clans, cent autre clans maintenant qu'ils comptaient mêler des terres si lointaines à une décision pourtant si restreinte. Tout était tellement grand et vaste dans leur monde qu'ils ne pouvaient même plus réfléchir en terme d'individu. Et malgré ce qu'ils recevaient, ils se considèreraient toujours lésés; car ils étaient creux. Sûrs de leurs valeurs, de leur religion et de leur raison bien plus que de leur cœur et de leur expérience. Tant de souffrance et de solitude. Tant de rancœur et de certitudes. Et leur incompréhension du monde, ils voulaient l'imposer comme un dogme sous prétexte qu'il était plus logique ou tout simplement "vrai".

En entendant la proposition du roi, j'aurais sans doute du éprouver de la colère ou de la peur, mais c'était trop douloureux. Mon clan en éprouverai assez à ma place et la Mère seule savait ce qu'ils feraient alors... Mais c'était trop douloureux pour que j'accueille en mois des choses aussi destructrices. S'ils ne voulaient pas apprendre, alors je ne leur enseignerais pas. S'ils ne voulaient pas entendre, alors je ne parlerais pas. Moi, j'entendais. Moi, j'apprenais.

Et je restais moi.

Loin de leur haine, de leur colère et de leur peur. Loin de la douleurs qu'ils s'infligeaient en voulant l'infliger à d'autres. Je les comprenais, mais je ne souffrais pas avec eux pour autant. Et j'étais là, debout à un pas à peine de leurs discussions. Mon regard a croisé par hasard celui du colossal soigneur. Je lui sourit, un peu de tristesse continuait à me gonfler le cœur et transparaissait avec sincérité dans mon sourire, mais il n'y avait plus le doute, la gêne ou la contrainte qu'il y avait un peu plus tôt. C'était trop tard, mais mon pardon il l'obtenait d'avance.

Alcariël reviendrait lorsqu'elle se sentirait prête, je n'avais pas de doute à ce sujet et je ne m'en inquiétais pas. C'est elle qui manierait la lame, alors elle avait bien le droit de souffler et de choisir. Respirant doucement, j'écoutais toujours le trio qui refusait de lâcher prise, même pour quelques instants. Mes doigts tournaient et retournaient sur mon anneau d'apprentie. Et les murmures de mes frères ne me quittaient pas.
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