Avant le Concile

Tariho 36 Karfias de l’An 17:XI, au milieu de l’après-midi.

« Place ! Place ! annonçaient les crieurs. Faites place aux Hommes du Roi ! »

Depuis son carrosse en tête de cortège, Constance d’Avaugour souriait ; à sa dame de compagnie en face d’elle — une jeune femme aux cheveux noirs comme le cœur d’un sombre — elle fit remarquer : « Ce sont des hommes que l’on annonce, mais c’est bien la coupe d’une femme qu’ils devront boire… et jusqu’à la lie.

— N’oubliez pas trop vite, ma dame, que vous apportez le vin du Roi et rien de plus, » répliqua la suivante. Les lippes de la Serramiroise prirent un plis plus sardonique, mais elle concéda le point à son interlocutrice en opinant une fois du chef.

Loin de se préoccuper de ces subtilités sémantiques, le Langecin retenait son souffle tandis que dans sa capitale pénétrait une troupe d’une centaine de Souffles, dont les trois quarts au moins portaient une épée. Le message de Diantra était clair : Bohémond était dans le marquisat chez lui. Il manquait peut-être un peu de subtilité, mais dans la cour du Roi, on s’agaçait de plus en plus des atermoiements de Langehack. La Couronne avait longtemps espéré que le temps ferait son office et que les Suderons, las de la vacance de son gouvernement, se doterait d’un Marquis enfin. C’était mal connaître, sans doute, les profondes blessures que les guerres du onzième cycle avaient infligées à ces terres. « Mais enfin, avait fait remarquer un partisan un peu volubile, Diantra aussi à souffert et la DameDieu en est témoin, nous avons un Roi. »

Bien sûr, Bohémond était jeune encore et bien loin de régner, mais grâce au soutien de ses grands vassaux et la poigne de fer de son régent, le trône était sien et plus personne ne le contestait. Il était loin, le temps où l’enfant fuyait ses ennemis, jusqu’à échouer dans le Soltaar ; où les puissants de son Royaume se déchiraient son mentorat, moins par amour pour lui que de leur propre destinée ; fatiguée, peut-être, de ces querelles intestines, la Péninsule s’était trouvée un maître en sa personne et tout laissait à penser qu’elle s’y tiendrait… jusqu’à sa majorité, tout du moins. Et au delà, si des nobles comme Constance avaient leur mot à dire à ce moment-là.

La dame d’Avaugour fut accueillie par Guilhem de Tall et Uthar de Brevise ; les deux seigneurs gouvernaient de concert dans la belle cité de Langehack, en attendant qu’un nouveau Marquis ne les dépossédât de cette charge. Constance les connaissaient bien et ne s’étonna pas de découvrir entre eux comme des relents de tension. Elle savait que les deux hommes avaient des vues différentes sur le futur de leur pays. « Mes seigneurs, les salua-t-elle avec le respect qui leur était dû, je suis heureuse de vous voir.

— Vous nous pardonnerez de ne pas partager votre enthousiasme, Constance, répondit roidement Uthar.

— Avez-vous fait bon voyage, ma dame ? lui demanda Guilhem sur un ton plus consensuel.

— Aussi bon que faire se peut, acquiesça-t-elle avant de darder un regard mi-figue mi-raisin sur le sire de Brevise. Rassurez-vous, Uthar, je regrette autant que vous que la Couronne ait dû me demander de me mêler de vos affaires. » Elle jeta un rapide coup d’œil par dessus son épaule, vers la coterie qui l’accompagnait. « Fort heureusement, dans une ennéade, nous pourrons tous rentrer chez nous, rassurés de savoir le Langecin à nouveau gouverné. »

Les deux hommes échangèrent un regard qui ne cachait pas grand chose de ce qu’ils pensaient vraiment de cette affirmation, mais Constance ne se souciait guère de leurs doutes. Elle connaissait sa mission et n’ignorait rien des conséquences d’un échec, aussi ne se permettrait-elle pas, dans les jours à venir, de seulement évoquer la possibilité qu’après neuf jours, la couronne du Langecin attendît toujours qu’un seigneur la prît pour lui-même.

« Demain, nous nous mettrons au travail, promit le seigneur de Tall, ce soir, nous honorerons la Couronne en organisant un banquet en son honneur. »

Constance opina du chef. Un banquet était une bonne manière d’entamer les hostilités. « J’imagine que les principaux prétendants seront des nôtres ?

— Effectivement. Les électeurs aussi, précisa Uthar.

— Parfait. » La Serramiroise joignit ses mains dans son dos, puis leva les yeux vers le Palais de Langehack. Contrairement aux dires de Guilhem, le « travail » qui l’amenait dans le Marquisat avait déjà commencé. Elle pensait avoir déjà une bonne idée des intentions des uns et des autres, mais elle profiterait sans doute des quelques heures que dureraient les festivités pour vérifier ses informations. De plus, elle était curieuse de savoir qui s’était invité dans ce grand ballet diplomatique qui s’annonçait. Elle savait par exemple que le Duc d’Erac n’avait pas ménagé ses efforts pour peser dans la balance et n’aurait pas été surprise de le voir, lui ou l’un de ses représentant.

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A nouveau sur les remparts de Sorrault je passe mon temps à regarder l’horizon, espérant voir arriver un chevalier en armure rutilante portant un fier tabard gris frappé d’une croix rouge approcher du château à travers les marais sur un destrier fringant.

« Il arrivera à temps? »
« Il arrive toujours à temps non ? » Je réponds à Lars d’un hochement de tête. Il est vrai que Galyn n’est pas arrivé en retard pour mon duel avec Alcion, du moins avec le frère d’Alcion, alors pourquoi ne serait-il pas ponctuel pour un tel évènement ? « Ne t’inquiète pas, j’ai envoyé un message à tous les temples d’Othar du coin, s’il est encore dans la région il l’a forcément eu. Y’en a pas quinze des temples d’Othar. »

Je sens dans sa voix une pointe d’incertitude, d’origine roturière Lars n’a pas pris la peine d’apprendre à compter et quinze ça doit lui sembler un gros chiffre sauf que dans tout le marquisat il doit bien en avoir plus que quinze des temples. Enfin j’espère pour Othar parce que sinon ça serait triste. Le chevalier fait les cents pas le long du chemin de ronde en attendant la venue de mon frère. En réalité je ne suis pas si certain de vouloir l’avoir à mes côtés mais bon la famille c’est important alors autant qu’il soit là. Mais ça ne vaut pas la peine de regretter maintenant, déjà parce que le message a déjà été envoyé et puis parce que même si nous ne sommes pas toujours d’accord avoir un prêtre comme soutien moral c’est toujours important. En espérant qu’il veuille bien me soutenir évidemment.

« J’te l’avais dit ou pas qu’il allait venir ? »

Je regarde Lars en haussant un sourcil puis mon regard suit le sien pour voir qu’effectivement, au loin, approchant sur un sentier entre deux flaques d’eau stagnantes, sortant presque des roseaux, Galyn est visible sur son destrier auquel il manque son caparaçon. Il est plus ou moins à encore une vingtaine de minutes du château mais j’ordonne tout de même qu’on prépare une chambre.

« C’est déjà fait depuis hier Griffon. » Je grommelle quelque chose en me rendant compte qu’il a effectivement raison.
« C’est juste. La prochaine tournée est pour moi. »
« Ça c’est ce que j’aime entendre ! »

Un coup dans l’épaule plus tard je descends ordonner aux cuisiniers de s’activer. Galyn s’est arrêté dans le village qui borde les remparts de Sorrault, discutant avec le peuple qui sort à sa rencontre, il faut dire que les prêtres d’Othar ne sont pas courant dans le coin, au départ les gens l’ont un peu vu comme une curiosité, se demandant pourquoi il n’avait pas rejoint les rangs du clergé de Néera. En réalité je ne saurai le dire aussi, j’avoue ne jamais lui avoir posé la question mais je me doute qu’il a une bonne raison. Et puis en général il discute avec Théophile, le prêtre de la DameDieu de Sorrault, souvent de théologie d’ailleurs car, comme le nom le laisse à penser, Théophile est passionné par le sujet. C’est donc après plus de deux heures que Galyn passe enfin les portes grandes ouvertes du château.

Après les salutations de circonstances et un repas copieux bien que pas forcément excellent, mais surtout long car cela fait quelques années que mon frère n’était pas revenu, mes enfants ayant donc mille questions à lui poser. J’ai dû leur intimer l’ordre d’arrêter pour le laisser manger. Pour le coup j’ai pris soin de ne pas aborder le sujet du conseil à venir car nous aurons tout le loisir d’en discuter en chemin. Après ce repas j’ai envoyé mes enfants se coucher pour demander à Galyn de présider une veillée d’Othar, j’espère ne pas en avoir besoin mais sait-on jamais, c’est toujours mieux d’avoir les dieux de son côté.

Le lendemain, Galyn, Théodoric, Lars et six hommes d’arme m’accompagnent pour cinq jours de voyage. Quatre soldats ferment la marche à cheval, deux dirigent une charette, le chevalier chevauche aux côtés de mon fils, ayant visiblement un débat passionnant sur les devoirs de de la noblesse, tandis que je reste au niveau de mon frère, quelques mètres devant, dans un silence de plomb. Jusqu’à ce que le prêtre daigne parler.

« Tu n’as donc pas abandonné ? » Même si ça en a l’air, ce n’est pas une question mais un reproche.
« On ne va pas reprendre cette discussion. »
« Pourtant on devrait. »
« Très bien. Tu voudrais que je ne tente pas de récupérer ce qui m’appartient par le sang ? Tu veux que je crache sur nos ancêtres ? »
« Ne soit pas de mauvaise foi s’il-te-plaît. »
« Tu sais très bien que je n’ai pas le choix. »
« On a toujours le choix. »
« Facile à dire pour toi. Ça fait combien de génération que notre famille n’est plus sur le trône du duché ? Deux ? Trois ? Si je n’y arrive pas il sera trop tard. »
« Il ne sera jamais trop tard parce que, comme tu le dis si bien, c’est dans le sang. »
« Bien sûr qu’il sera trop tard. Ma prétention, si légitime soit-elle, n’est pas loin d’être moquée. »
« Par qui ? Alcion ? Arrête donc d’être dramatique pour rien Griffon, je t’en prie. »
« Alors aides moi, soutiens moi au lieu de douter ! » Je me retourne en entendant que les conversation derrière moi se sont arrêtées, Théodoric me lance un regard curieux tandis que Lars pousse un long soupir. Je ne pensais pas avoir parlé si fort.
« Calmes toi déjà sinon tu n’arriveras à rien. Bien sûr que je te soutiens. Publiquement du moins. »
« Et c’est bien le problème c’est en privé que j’ai besoin de ton soutien Galyn. Tu n’es pas le Champion à ce que je sache alors ton soutien public ne me sert pas à grand-chose. Si je t’ai demandé une veillée d’Othar ce n’est pas pour rien. »
« Je ne suis pas un hypocrite et je ne vais pas commencer maintenant. »
« C’est bien dommage parce que c’est maintenant qu’il faudrait commencer. »

Le reste du voyage se fait somme toute calmement, les gens ayant envie d’attaquer un convoi somme toute lourdement armé se font assez rare. Il y eut bien un roturier en guenilles qui lança timidement une insulte plus pour la provocation qu’autre chose mais mis à part ça il n’y eut rien à signaler. Alors en arrivant à Langehack un frisson me parcourut le dos : si les dieux le voulaient bien cette ville serait à moi d’ici une ennéade ou deux.

Langehack bruit des rumeurs du concile à venir ; dans les méandres du Palais des Ducs, les langues se délient à l’abri des oreilles averties et tout à chacun à son mot à dire sur la saga politique qui s’annonce. Ces terres du Sud se languissent d’un Marquis pour les gouverner et sont las des incertitudes que la vacance du pouvoir fait immanquablement naître.

Les festivités en l’honneur de la Couronne battent leur plein ; elles ont été spécialement pensé pour réunir les sept grands électeurs qui, dans quelques heures, remettront le destin du Marquisat et de ses terres vassales à l’issue de leurs palabres.

Dame Constance, l’émissaire de la Couronne, demeure dans la salle principale. Elle a perdu de vue sa dame de compagnie depuis un moment déjà, mais ne semble pas s’en inquiéter. Elle est accompagnée de Guilhem de Tall et Uthar de Brevise depuis le début de la soirée ; les deux seigneurs sont comme deux cerbères qui veillent sur elle non sans se regarder en chiens de faïence quand l’occasion se présente. Ils se respectent, mais leur querelle larvée n’est plus un secret pour personne. Elle est sans doute l’une des raisons qui expliquent pourquoi la ou le successeur de Linaëlle n’a pas encore été trouvé.

Alcion d’Amderran, lui, se tient en retrait ; les rapports de force ne sont, de son point de vue, pas à son avantage. Les événements de l’An 11:XI demeurent frais dans son esprit et il sait qui il risque de rencontrer pendant la soirée. Il n’en a pas forcément envie. En attendant, il a trouvé un semblant de paix dans une petite dépendance du Palais où un courtisan volubile a réuni ses amis. La présence — et le pouvoir — de la Couronne n’est pas au goût de tout le monde.

La dame de Leliande, Alida de son prénom, s’attache quant à elle à ne froisser personne et demeure donc en retrait, entourée de sa coterie. Elle est l’une des questions ouvertes des débat qui vont s’ouvrir : elle s’est souvent affichée en bon terme avec Linaëlle, mais n’a que rarement adressé la parole au régent de Missède. Elle s’est par ailleurs tenu éloignée des différents remous qui ont agité le Sud de la Péninsule ; d’aucuns diraient qu’elle ne s’est pas fait beaucoup d’amis ainsi, mais force est de constater qu’elle ne compte pas non plus ses ennemis.

Amedeo Bax, originaire du port du même nom, que tous à Langehack appellent le Mervallois, n’arrête pas de bouger. Il va de groupe en groupe, n’hésitant pas à se promener dans le Palais comme s’il était chez lui. Il est le grand artisan du statut quo en vigueur dans l’ancienne principauté depuis sa chute pendant l’An 14:XI. Officiellement revenu dans le giron Langecin, Merval conserve néanmoins une grande autonomie qui ferait pâlir d’envie bien des perdants de l’Histoire. Amedeo le répète à qui veut l’entendre : Merval prêtera serment au Marquis… Pas de Marquis, pas de serment.

Linaëlle de Lancrais demeure au côté de Gaël. L’ancienne Marquise, désormais prêtresse de Néera, n’a jamais fait mystère de son peu d’enthousiasme à l’idée que Gaël de Missède — le dernier grand électeur, ce qui lui offre un avantage sur ses concurrents — ne lui succède.

Le soleil est couché depuis plusieurs heures déjà. La soirée a trouvé son rythme et certaines rumeurs venues des cuisines promettent les desserts pour dans quelques minutes à peine. Une heure tout au plus !

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_ Où en sommes nous Edgard ?
_ Il nous manque encore une dizaine de noms mais nous pouvons dores et déjà exempter d’impôts les noms de la liste.
_ Eh bien allons-y, nous leur devons au moins ça…

La situation pourrait être cocasse pour n’importe quel grand noble d’ici ou d’ailleurs. Une liste, longue comme deux bras sur laquelle de nombreux noms en tout genre se démarquaient était disposée sur le bureau en chêne. Quelques mois après la campagne victorieuse, quelques officiers t’ont approché pour demander, sinon exiger un geste pour compenser une stratégie défaillante. Et il est vrai que même si la guerre a coûté cher, il te semblait important de faire un geste. Déjà parce que Linaëlle faisait pression en faveur des familles et aussi parce qu’il était important de s’affirmer à la tête de Missède. Une affirmation qui passe aussi par l’amour du peuple et il est rare qu’une guerre soit source de bonheur. Il a donc été conclu que les familles des disparus seraient exemptés d’impôts durant une saison. Alors depuis le début de l’année, la bureaucratie missédoise et les différents seigneurs de la baronnie dressent des listes des familles touchées par un drame en leur sein.

C’est sur cette touche positive que les cloches se mirent à sonner et ton coeur fit un bond dans ta poitrine. Quel effet de surprise. Tu poses ton regard sur Edgard qui répond du tac au tac.

_ Il est temps.

Tu hoches la tête et range la liste, normalement tout le monde est prêt pour le départ. Cent hommes en arme sont dores et déjà regroupés devant la porte principale pour escorter ton petit convoi. C’est un grand moment qui se dessine pour l’avenir du marquisat. Le Concile commencera dans peu de temps et tous les grands nobles sont conviés. Linaëlle ne fait pas exception et c’est contrainte et forcée qu’elle s’est richement habillée. Durant prêt d’une heure, les dames de compagnies se sont occupées de ses valises. Après tout, vous restez au moins deux ennéades à Langehack.

Tu quittes ton petit bureau de travail, Edgard s’en va rejoindre la dizaine de chevaliers qui resteront à tes côtés jusqu’au bout. Toi, tu vas rejoindre ton épouse. Les larges couloirs étaient le théâtre de jeu des valets et dames de compagnies et il était parfois difficile de se frayer un passage entre ce va et vient de bagages. Finalement tu arrives à pénétrer dans votre chambre, elle était là, debout en plein centre de la pièce. Tel un chef d’orchestre, elle dirigeait ses gens jusque vers la sortie avec les derniers effets.

Quand la dernière personne quitta la pièce, elle ouvrit les lèvres et les mots ainsi que l’intonation qui en sortirent étaient aussi secs que tranchants.

_ Je ne veux pas y aller. Tu le sais très bien.
_ Maël n’est pas en âge de diriger, qui représentera Missède sinon moi ?
_ Je ne t’ai jamais empêché d’y aller. Tu aurais très bien pu y aller seul.
_ Je t’en prie Lin’… On arrive au bout. Ta présence est importante, elle a une portée toute symbolique. Je t’épargnerai les négociations mais sois avec moi. J’ai besoin de toi au milieu des loups.

Tu t’étais approché pour lui prendre les mains et lui offrir un sourire. Ciel qu’elle est belle.

_ Et si ils te demandent de prendre ma place ?
_ Ils ne le demanderont pas…
_ Et si ils le demandent ?
_ Linaëlle…
_ Tu sais ce que j’en pense.
_ Je…
_ Allons-y, nous allons être en retard.

Elle lâcha tes mains et se dirigea vers la porte de la chambre, la traverse et au moment de disparaître, s’arrête.

_ Si tu m’aimes vraiment, respecte ma décision.

Et elle disparaît sur ces mots. Décidément, c’est une belle journée qui s’annonce. La tension étant ce qu’elle est, tu choisis de chevaucher durant le trajet. Le voyage se passe sans encombre et tu parviens même à échanger quelques mots avec ta bien aimée, ce qui est déjà une belle victoire.
Quand les murs de Langehack sont en vue, le convoi s’élève à trente civils et quarante hommes en armes. Vous pénétrez dans la ville et le ballet des valets s’enclenche dans le palais. Vous êtes accueillis par les nobles des terres environnantes et par le conseil de régence. Linaëlle se montre des plus chaleureuses et tu devines aisément que ce n’est qu’un masque et tu la remercie en ton fort intérieur qu’elle se plie au protocole.

S’en suit un banquet réunissant tout le gratin du marquisat. Linaëlle et toi êtes à côté, non loin du Sir de Tall. Tous parlaient plus ou moins à tout le monde, même le seigneur de Sorault dont tu sais qu’il a des vues sur l’ex duché et tu pris grand soin à te présenter à l’émissaire du Roi et à échanger quelques commodités avec elle. Tu osas même un charmant compliment sur sa coiffure pour l’événement.

Bref, tout le monde semble en place pour lancer les hostilités…

Une nouvelle bataille allait débuter. Ici et maintenant. Dans cette salle, au milieu des légumes et des venaisons. Tu sens bien que ces prochains jours seront déterminants, pour toi, pour elle et pour tous les habitants de ces terres. Alors tu te prépares, tu bois une coupe de vin en compagnie de ton épouse en faisant planer ton regard sur les invités. Elle le remarque et pose sa main sur tes lombaires.

_ Alors ? Comment envisages-tu la chose ?
_ La seule chose qui m’importe est d’assurer notre avenir. C’est l’occasion d’être en bon terme avec tout le monde et que tous ensemble nous allions de l’avant. Quoi qu’il arrive je ne t’imposerais pas de changer tes valeurs.
_ Merci… Bonne chance alors.
_ Tu rentres dans le jeu ?
_ Je te suis… pourvu que tu me serves un autre verre.

Elle ose un clin d’oeil, elle qui buvait très peu se laisse aller à une seconde coupe. Un jour historique s’il en est un. Tu souffles du nez, lui renvoie le clin d’oeil et ne tarde pas à lui remplir sa coupe à la moitié. La modération est mère de sûreté ! Une fois le verre emplit du breuvage, vous vous avancez ensemble vers Alida, Dame de Léliande. Tu inclines la tête, cette dernière fait de même et Linaëlle suit le mouvement.

_ Ma Dame, voilà bien longtemps que nous ne nous étions pas vu !
_ Bonjour Alida, cela me fait plaisir de vous revoir. Comment vous portez vous ?

Le couple ne faisait qu’un, ils étaient souriants et épanouies. Il faut dire que la vie n’était pas bien difficile pour eux. Malgré les petites tensions autour de sa succession, Linaëlle vit paisiblement à Missède, faisant le lien entre la politique et la religion. Son dernier fait d’arme est un petit hôpital dans un village voisin. Hôpital est un bien grand mot mais elle a travaillé longuement auprès des nobles et des religieux pour acquérir les finances nécessaires à l’édification d’une toute petite abbaye dans un village à quelques lieues de Missède qui offre des soins aux locaux. Une dizaine de religieux y travaillent, certains pour soigner, d’autres pour étudier l’herboristerie. Il ne fait aucun doute que l’ex marquise s’y plaît et étudie la médecine avec assiduité.

De ton côté, tu travailles à préserver les bonnes relations entre les nobles de la baronnie et la régence. Dans le même temps tu n’hésites pas à soutenir les marchands qui osent faire le pas difficile d’investir à l’étranger. En somme, Linaëlle se débrouille sans mal à préserver de bonnes relations avec les religieux tandis que toi tu batailles pour résoudre les maux politiques et économiques.

Après une quinzaine de minutes à parler des récents événements et évoquer une invitation à Beaurivages, tu oses faire le pas pour franchir le fossé séparant la conversation courtoise de la conversation politique.

_ Dîtes moi très chère, qu’attendez-vous de ce concile ? Je vous avoue que j’appréhende beaucoup son issue. J’ose croire sincèrement que rien ne viendra rompre tous nos efforts pour rendre ce pays des plus agréables. Si nous pouvions éviter de subir une hausse de l’imposition ou des tensions avec nos voisins…

Tu laisses la phrase flotter dans l’atmosphère le temps de t’abreuver de deux courtes gorgées. Linaëlle hausse la tête, l’air de te soutenir. Encore heureux !

_ D’ailleurs je profite d’avoir votre attention pour vous proposer quelque chose. Linaëlle s’est faite un devoir sacré de soigner son prochain. Des maisons de santé fleurissent de part et d’autres à Missède et je crois savoir qu’elle ne s’arrêtera pas là…

Tu poses ton regard sur ton épouse, un peu gênée d’être au centre de l’attention. Elle avale sa salive et poursuit ta pensée.

_ Je n’ai aucune prétention mais… Serait-il possible de monter une maison de santé à Léliande … ? Je comprendrai que vous refusiez, je ne souhaite rien vous imposer du tout, ne vous sentez pas obligée…

Les joues rosies, la voix tremblante, elle ose. Elle ose faire un pas. La petite fille timide n’est jamais réellement parti et pour la soutenir, tu lui souris et poses ta main sur sa nuque.

_ Si c’est le financement qui vous gêne, sachez que pour la bonne entente du ménage, je ne peux rien refuser à mon épouse et je suis certains que vos artisans seront ravis d’avoir du travail.

Tu souris, fais une grimace furtive pour signifier que ce n'est définitivement pas toi le chef du ménage. Serait-ce un coup politique ? En réalité, le but premier était de soutenir Linaëlle, de lui permettre d’accomplir ses projets. Il n’y avait aucune arrière pensée bien qu’il faut être complètement stupide pour imaginer que l’opinion de Dame Alida n’évoluera pas à l’issue de cette conversation. Le bilan de cette conversation ? Une Linaëlle heureuse en cas d’acceptation et des habitants en meilleure santé.

Spoiler:

Le Maître du Jeu, s’adressant à Griffon. Dame Constance te voit approcher la première ; sans interrompre sa conversation avec les deux seigneurs Langecins, elle te gratifie d’un sourire courtois. Guilhem de Tall, lui, se renfrogne tandis que tu t’approches et il ne te fait aucun mystère de son hostilité. Uthar de Brevise, qui connait bien son compère, se fend d’un rictus sardonique ; il se tourne ensuite vers toi et tend son bras droit dans ta direction pour t’inviter officiellement à les rejoindre.

« Quand on parle du loup, énonce-t-il avec bonhommie.

— Messire, » te salue Constance. Malgré son âge, elle garde le dos bien droit et un port altier. Guilhem n’ajoute rien et te laisse à loisir engager la conversation. Quand tu mentionnes Avaugour, la Dame sourit avec nostalgie. « Je n’y suis plus retourné depuis des années, » te confie-t-elle avec simplicité. Un discret mouvement de mâchoire te laisse penser qu’elle a voulu ajouter quelque chose, mais s’est retenue au dernier moment. Elle connaît tes entreprises nordiennes, mais s’enquiert néanmoins de la situation du duché.

Quelques minutes plus tard, Guilhem ouvre enfin la bouche, te coupant au passage. « Ma dame, j’aimerai si vous le permettez vous entretenir de certaines de mes préoccupations… en privé. » Uthar ricane, mais point la Diantraise, qui sait combien il est important pour elle de conserver le respect et la confiance — sinon l’affection — du vieux sire de Tall.

« Tall n’a pas l’habitude d’être dans le camp des perdants, » te glisse le seigneur de Brevise. Il ne semble pas inquiet outre mesure de voir ses deux interlocuteurs s’éloigner.

Le Maître du Jeu, s’adressant à Gaël. Alida de Leliande est fidèle à sa réputation. Amène avec la dame ton épouse, elle se montre beaucoup plus réservée quand elle t’adresse la parole. Une fois, elle s’est laissée aller à cette étrange confidance à Linaëlle : « Les hommes, ma très chère, me sont sources de bien des tracas ; si je les écoutais tous, je serai toujours en guerre. »

Quand tu évoques le Concile, son visage se ferme légèrement. Elle ne trahit rien de plus de ses états d’âmes et te rassure seulement avec ces quelques mots : « Nous partageons tous vos attentes, j’en suis certaine. » Elle darde sur Linaëlle un étrange regard ; elle sait les tourments qu’ont longtemps représenté le trône Langecin pour celle qui en fut une éphémère marquise. Elle reporte son attention sur toi quand tu reprends la parole et à nouveau, ses sourcils se froncent légèrement quand elle comprend que tu changes de sujet. Elle vous laisse parler, toi et ton épouse, avant de hausser les épaules.

« Ce n’est pas comme si nous n’en avions aucune, vous répond-elle. Les portes des Temples de la DameDieu sont ouvertes à qui en a besoin… » Elle marque une pause. « Songez-vous à fonder un ordre hospitalier, Linaëlle ? » demande-t-elle finalement à la Langecine.

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Mais qu’est-ce que je fais là ? Cette phrase j’ai dut me la répéter une bonne centaine de fois, depuis mon départ de Soltariel, ce qui fais dix fois par jour environ, ce qui est une bonne moyenne. Heureusement que je suis passé par la route des Rois, ce qui m’a permis de pouvoir arriver à temps à l’ouverture de ce concile et éviter ainsi d'y réfléchir encore plus.

James Pengriffon:

Le problème dans cette aventure, c’est que je suis seul, alors que la plupart des représentant ont des chevaliers, des suivants et moult autres serviteurs, mon cousin Fabius Pengriffon, n’a envoyé que moi, son cousin, James Pengriffon pour le représenter. Il s’agit d’une lourde tâche, mais dans le courrier que j’ai reçu de sa part, il m’a instamment demandé mon aide et je ne peux rien refuser à celui qui m’a sauvé la vie quand il n’était qu’adolescent.

C’est donc toujours la même réponse à ma question que je me donne, je suis là car j’apprécie mon cousin Fabius et que je veux l’aider. Même si je suis un peu âgé que lui, je le vois toujours comme le frère que je n’ai jamais eu et si mes années à étudier la diplomatie pour le compte des seigneurs du Sud peuvent aujourd’hui l’aider, je le fais volontiers !

Maintenant que je suis dans cette ville, je suis impressionné par la magnificence de certaines délégations, certains ont même des carrosses ! J’entends même que les hommes du Roi sont présents, et je me hâte encore plus, afin d’entrer en compagnie de nombreux autres seigneurs, tous pressé d’entrer au banquet. Je peux voir du beau monde comme les deux gouverneurs de la cité où je suis actuellement, Uthar de Brevise et Guilhem de Tall qui se regardent en chien de faïence, Constance d’Avaugour, qui d’après ce que j’ai compris va servir de représentant de la maison royale.

Je vois également deux hommes qui semblent être au centre de toutes les attentions, Griffon de Langehack, le premier prétendant que je remarque, puis dans un autre endroit de la salle Gaël de Laval qui a amené son épouse et qui est également candidat pour gérer le domaine.

Pour ma part, mon cousin n’a pas encore de telle ambition, son fief étant beaucoup plus petit que Langehack mais s’il veut un jour faire partir du jeu de pouvoir, il doit se faire connaître, et peut-être rendre quelques menus services aux différents puissants réunis ici.

Je me présente ainsi aux différentes personnes présentes :

Je suis James Pengriffon, représentant du seigneur Fabius Pengriffon, mon cousin, qui vous envoie ses salutations. Le domaine Pengriffon est un petit domaine au nord du Médian installé sur la route du Roi et sous la protection des Hautval.

Pour le moment, je limite là ma présentation, espérant avoir quelques réponses positives, surtout que je ne passe pas inaperçu avec ma tenue officielle aux couleurs de mon clan, sang et or. Certaines mauvaises langues indiquent même que c’est à cause de cela que les chevaliers de notre famille sont les premiers à tomber lors des combats, comme lors la bataille des champs pourpres durant la guerre civile, car ils font une cible parfaite. Pour ma part je préfère penser que c’est notre courage qui nous pousse à être les premiers à charger.

Je suis interrompu dans mes réflexions par une discussion entre Alida de Leliande et Alida, Dame de Léliande, dont le hasard fait que je suis à côté de ces illustres personnage. Un sujet à particulièrement retenu mon attention, l’épouse de Gaël de Laval, souhaite créer des maisons de santé. C’est exactement le genre de chose dont Fabius a besoin pour augmenter la réputation de sa seigneurie, je prends note mentalement d’aller voir cette jeune personne, dès que la discussion entre les deux femmes sera terminée, pour lui proposer notre aide pour en installer une dans le fief de mon cousin.

Je suis également investit d’une autre mission, mais celle-ci secrète, mon cousin est un mage qui souhaite que ses capacités restent inconnues de tous, mais si un des candidats est favorable aux jeteurs de sorts, je dois tout faire pour l’aider. C’est là une difficulté supplémentaire, mais après avoir poussé ma réflexion jusqu’au bout et vu de mes yeux les personnes présentes, je sais exactement pourquoi je suis là.

_ Cet ordre hospitalier s’est plus ou moins déjà fondé sans notre aide.
_ Des religieux davantage soucieux du progrès médicinal que des simples prières. Comment ne pas les soutenir ?

Parfois les gens n’ont besoin que d’un petit coup de pouce, peut être que ces religieux ont seulement besoin de lieux où s’exercer, où apprendre et où enseigner. Ce n’est pas bien difficile pour eux de s’étendre dans la baronnie, le couple étant plus que complaisants sur les initiatives qui ne dépendant pas de leurs décisions. Pendant que Linaëlle poursuit sa discussion avec son interlocutrice, tu détournes ton regard vers un nouveau venu.

_ Sir Pengriffon, soyez le bienvenu en Langehack, j’espère que vous avez fait bon voyage et que la ville a su vous accueillir dignement. Je suis Gaël de Laval, Seigneur de Beaurivages et régent de Missède. Dîtes moi très cher, votre illustre cousin manie-t-il aussi bien l’arc que les légendes sur les Hauvalois le racontent-t-elles ?

Tu lui offres un sourire tout en te rapprochant avant d’incliner la tête et d’ajouter.

_ J’ai toujours voulu me mesurer à ces fameux archers pour savoir où j’en suis dans cet art vénérable.

Ohlala que du vent, rien de plus. L’archerie c’est zéro. Oh évidemment tu sais tirer une flèche mais de là à viser, mesurer la provenance du vent et son impact sur le tir… Tu en es loin, très loin. Non toi tu préfères l’arbalète. Voilà une arme précise et facile à utiliser. L’arc ne peut être mis entre les mains des paysans, ce serait inutile et contre-productif alors qu’une arbalète…

Spoiler:

J’ai la chance d’attirer l’attention du seigneur de Beaurivages et je suis même surpris lorsqu’il m’adresse la parole. Je comprends vite que je dois continuer à capter son attention, et je m’adresse à lui dans ses termes :

J’ai fait un très bon voyage et je ne suis passé non loin de vos terres qui sont magnifiques.

Voilà, un petit compliment, ça ne fait jamais de mal, maintenant, une petite aide subtile :

Cette cité est très impressionnante, et celui qui en recevra la gestion devra être soutenu par des alliés fidèles.

Lorsqu’il me parle de mon cousin, Fabius Pengriffon, je suis bien embêté, ce dernier est un certes un vrai érudit mais c’est aussi un bien piètre guerrier et je crois ne l’avoir jamais vu tenir un arc durant toute sa vie à Soltariel, j’élude donc la question :

Il existe de grands archers à Hautval, mais notre famille est tout proche des frontières avec les provinces du Nord, car situé sur le principal axe marchand de la Péninsule, la route des Rois. Ils ont donc pour habitude de charger comme des vrais chevaliers que tirer à couvert.

Voilà, c’est plutôt pas mal comme argumentaire, maintenant, il faut que j’évoque le sujet de la maison de santé, sans leur dire ouvertement que je les écoutais, même si mon interlocuteur ne sera pas dupe, j’aurais au moins préservé les apparences.

Sir, j’ai entendu parler qu’un ordre hospitalier cherchais à s’étendre et c’est le genre d'aide que souhaite mon cousin pour développer son domaine, auriez-vous la bonté de me mettre en contact avec la personne qui gère cette organisation ? Je vous en serais très reconnaissant.

Je pense avoir fait dans le subtil, il ne me reste plus qu’à attendre la réponse de mon interlocuteur.

_ J’ai fait un très bon voyage et je ne suis passé non loin de vos terres qui sont magnifiques.
_ Je vous en remercie, pour tout vous avouer, je préfère passer du temps sur ma côte plutôt qu’à Missède…

Tu lâches un rire léger et un poil moqueur. Il est vrai que Missède est une belles ville, tu ne le nies pas. Mais Beaurivages et Chiard restent subjectivement plus chers à ton coeur et tu ne les échangeraient pour rien au monde. Ni Langehack, ni Diantra.

_ Cette cité est très impressionnante, et celui qui en recevra la gestion devra être soutenu par des alliés fidèles.
_ Je suis certain que nous saurons nous unir comme il se doit autour d’un marquis légitime et sage.

Tu ne poursuis pas sur ce sujet. Tout le monde épie tout le monde et tu ne veux pas être celui qui fera le pas de travers. D’ailleurs celle qui t’observe le plus ici, c’est bien ton épouse. Il n’est pas question de te fâcher avec elle. Jamais, Ô grand jamais n’agissez à l’encontre de leurs décisions où elles vous émasculeront.

_ Il existe de grands archers à Hautval, mais notre famille est tout proche des frontières avec les provinces du Nord, car situé sur le principal axe marchand de la Péninsule, la route des Rois. Ils ont donc pour habitude de charger comme des vrais chevaliers que tirer à couvert.
_ Qui est le plus réfléchi entre l’archer à couvert et le chevalier au centre du combat ? Souvent il m’arrive de penser que l’honneur de la charge ne vaut pas la discrétion du tireur…

_ Sir, j’ai entendu parler qu’un ordre hospitalier cherchait à s’étendre et c’est le genre d'aide que souhaite mon cousin pour développer son domaine, auriez-vous la bonté de me mettre en contact avec la personne qui gère cette organisation ? Je vous en serais très reconnaissant.

Tu lui souris et détourne ton regard vers ta belle, laquelle étant en pleine discussion avec la noblesse locale. Tu l’observes quelques instants avant de revenir à l’étranger.

_ Je pourrais passer mes journées à admirer sa beauté. C’est mon épouse, Dame Linaëlle de Laval, née de Lancrais qui est la mère de cet ordre. Il y a quelques années la maladie a frappée notre baronnie et les nobles de Beaurivages se sont réfugiés au monastère de Sainte-Aliénor à proximité de Chiard. Connaissez vous son histoire messire ?

Tu attends sa réponse avant de poursuivre.

_ Il y a fort longtemps lors de la conversion de la Péninsule, le roitelet qui tenait ce qui est aujourd’hui mon fief est tombé follement amoureux d’Aliénor de Laval. Hélas elle se refusa à lui jusqu’à ce qu’il se mette à renier sa foi et son nom car elle ne pouvait épouser le meurtrier de son père. Après s’être converti à nos dieux Pentiens, elle l’épousa et leurs enfants prirent le nom de leur mère. Durant toute sa vie, elle n’a eu de cesse de révéler la vraie foi aux païens de ce pays et de nombreux monastères portent son nom aujourd’hui.

Un très court résumé suffira. Le reste se trouve dans les livres. Même si tu n’as jamais eu une aversion pour l’Histoire, ce n’est pas non plus ta matière favorite. D’ailleurs tu n’as jamais réellement briller aux yeux de tes précepteurs dans cette discipline. La géographie et la cartographie, ça oui, c’est ton domaine. Mais les anciennes langues et civilisations… Pouah quel ennui !

_ Lors de cette fameuse épidémie nous sommes venu chercher sa protection. Nous l’avons prié pendant des jours et des jours… Et cela fonctionna. Nombre de malades qui s’étaient réfugiés dans ce monastère guérirent et durant les mois qui suivirent, nombre de nobles et de bourgeois envoyèrent leurs fils étudier la médecine. Ils se nommèrent les Hospitaliers de Sainte-Aliénor et en tant que descendant de cette noble femme, je leur ai offert ma bénédiction.

Un ordre bien restreint comme il en existait des dizaines. On en comptait peut être une cinquantaine de membres. De plus, il ne faut pas oublier que la plupart pour ne pas dire l’immense majorité, ne sont que des apprentis venus pour étudier. Il n’y a qu’une poignée de professionnels de la médecine et seulement quelques alchimistes. Pas de quoi briser trois pattes à un canard. Mais qui sait, avec le temps peut être que cet ordre grandira.

_ Quel rapport avec mon épouse me demanderez vous ? Eh bien, Linaëlle était Marquise de Langehack avant d’abdiquer et de rentrer dans les ordres. Une chance pour moi car je peux me charger de l’administration et de la politique tandis qu’elle est responsable de l’activité religieuse dans la baronnie. Bien que cet ordre soit indépendant, il est encore trop petit pour survivre seul. C’est Linaëlle qui se charge de centraliser les dons et de trouver construire des édifices dans lesquels ils peuvent officier. Tout comme elle fédère les mages et alchimistes de nos terres. Je suis certains qu’elle serait ravie de voir avec vous comment installer quelques membres de l’ordre dans la Seigneurie de votre cousin.

Tu lui souris et pointe ton doigt en direction d’une table derrière l’invité.

_ Vous laisseriez vous tenter par un verre de vin ?

C’est donc sa femme qui est à l’origine de cette initiative ? Après tout c’est logique, le métier des armes leur étant interdit, il faut bien que les épouses des nobles s’occupent. Dans tous les cas c’est une bonne initiative et je réponds poliment par la négative quand mon interlocuteur me demande si j’ai entendu parler de l’histoire du monastère de Sainte-Aliénor, je ne ne savais même qu’il existait un lieu portant ce nom.

Sir Gaël me raconte cette histoire, qui parle de païens, de rédemption et finalement d’épidémie avec une guérison miraculeuse. Je ne peux que hocher la tête, car étant moi-même croyant, je sais que le pouvoir guérisseur de la Foi est réel. Il échappe également une information très intéressante sur comment les mages sont accueillis à Missède, et je garde ce sujet dans un coin de ma tête pour plus tard.

Lorsque le chevalier me propose un verre de vin, j’acquiesce avec plaisir, étant moi-même un grand consommateur. Afin de respecter les conventions du sud, j’ouvre une nouvelle bouteille, avant de nous servir deux verres, et après en avoir offert un au jeune homme, je bois le mien. J’ai vu que dans certaine culture, c’est l’inverse qu’il faut faire, et que l’invité boit en premier, mais dans le sud, où les chances d’être empoisonné sont réels, il faut montrer sa bonne foi et être soi-même gouteur.

Heureusement pour moi, les seigneurs du Médian ont d’autres coutumes et je ne tombe pas raide mort. Je prends le temps de savourer ma boisson et je regrette de ne pas pouvoir en prendre un deuxième goblet, voir un troisième, mais le concile n’a pas encore commencé et je dois rester sobre. Je m’arrête donc à un seul verre et je continu la conversation que nous avons engagée :

Avec votre accord, je m’adresserai volontiers à votre épouse, mon cousin dispose de quelques bâtiments aujourd’hui inutilisés et est tout à fais prêt à en faire don à l’ordre.

Je suis sûr de pouvoir la convaincre, après tout les terres des Pengriffons sont assez calmes mais comme beaucoup de gens les traverse et ils seront en position idéal pour aider les voyageurs et autres marchands, tout en se faisant connaître. Il faut que je passe ensuite à la seconde raison de ma venue :

J’ai ouïe dire que Missède était une terre où les mages étaient acceptés et pouvaient vivre au grand jour du moment qu’ils rendaient service à la collectivité, ce qui a évité de nombreux drames pour la population. Est-ce une chose que vous allez étendre à l’intégralité de vos terres ?

Voilà, la question est loin d’être anodine, mais si la réponse est positive et que ce n’est pas le cas des autres candidats, je voterai pour le seigneur de Beaurivages.

_ Avec votre accord, je m’adresserai volontiers à votre épouse, mon cousin dispose de quelques bâtiments aujourd’hui inutilisés et est tout à fais prêt à en faire don à l’ordre.
_ Bien sûr, je la préviendrais une fois qu’elle en aura fini avec Dame Alida. Vous savez, si jamais votre cousin donne son accord, je suis prêt à financer le voyage d’un maître guérisseur, d’un alchimiste et des apprentis volontaires. Une fois sur place il ne tiendra qu’à vous de les aider à croître. On est toujours gagnant à avoir un guérisseur à côté de chez soi.

Tu bois quelques gorgées de vin après avoir trinqué. Cet émissaire semble fort sympathique et des accords commerciaux pourraient se profiler à l’horizon… Mais c’est trop tôt pour l’évoquer. Plus tard. Déjà finissons en avec cet Ordre Hospitalier qui ne demande qu’à transformer l’essai.

_ J’ai ouïe dire que Missède était une terre où les mages étaient acceptés et pouvaient vivre au grand jour du moment qu’ils rendaient service à la collectivité, ce qui a évité de nombreux drames pour la population. Est-ce une chose que vous allez étendre à l’intégralité de vos terres ?
_ Toute la baronnie est ouverte aux mages et aux alchimistes. La baronne Cécilie, ma sœur bien aimée a été la première à véritablement aider les mages, d’ailleurs elle en est une elle même. Très douée je dois l’avouer. Depuis, je m’efforce de suivre son exemple et j’ai récemment fait construire une bourgade avec en son centre une tour regroupant les maîtres guérisseurs qui enseignent à l’ordre hospitalier. Je pense que celles et ceux qui manient cet Art devraient être protégés et guidés afin qu’ils puissent le développer sans danger et au profit de la communauté.

Les mages… On manque cruellement de mages. Déjà si l’on pouvait s’occuper dignement des malades, un grand pas sera franchit, ensuite oui, une Académie devrait voir le jour mais pour cela il faut une base de praticiens relativement importante. Et au jour d’aujourd’hui ces derniers sont silencieux, cachés des yeux du pouvoir.

_ Oh j’ai conscience que ce discours effraie les Nordiens mais que voulez vous… Être au coeur des routes commerciales nous oblige à continuellement faire évoluer nos jugements.

J’ai en face de moi une personne qui aime aider les autres les autres et je ne peux m’empêcher de lui dire :

Vous êtes quelqu’un de très généreux, Seigneur, mon cousin se souviendra de votre soutient, soyez-en sur. Je peux en effet qu’être d'accord avec vous, avoir un médecin est un véritable luxe.

La réponse à ma seconde question est assez surprenante, vivant à Soltariel, je ne pensais pas que le Médian était si avancé que çà dans l’acceptation des mages. Il m’indique même que sa propre sœur en est une ! Pour ma part j’ai toujours soupçonné mon oncle Merlon d’en être un, mais il n’a jamais dit quoi que ce soit dans ce sens et j’ai toujours respecté sa discrétion. Le reste de son discours sur sa volonté de colaliser les mages devrait beaucoup parler à mon cousin et je lui réponds :

Vous avez raison sur les Nordiens, les terres de Fabius Pengriffon sont juste à la frontière et il m’a fait part à de nombreuses reprises de tristes histoires de la façon dont les mages sont traités dans les marquisats du Nord. Pourtant votre discours prouve que les mentalités changent.

Il est vrais que c’est une bonne nouvelle, car ma mission de trouver, puis de soutenir le candidat qui serais à même d’aider les mages est maintenant à moitié réussis. Je n’ajoute donc rien, et je savoure mon verre à petite gorgée, attendant que son épouse finisse son entretien avec Dame Alida.

_ Vous avez raison sur les Nordiens, les terres de Fabius Pengriffon sont juste à la frontière et il m’a fait part à de nombreuses reprises de tristes histoires de la façon dont les mages sont traités dans les marquisats du Nord. Pourtant votre discours prouve que les mentalités changent.
_ Il serait peut-être temps de construire des écoles pour former des arcanistes… Enfin, encore faut-il qu’ils n’aient plus peurs de se montrer.

Pendant que vous discutiez de magie et de Nordiens arriérés, Linaëlle et Alida discutèrent de choses plus légères, des années qui venaient de s’écouler et du soulagement de l’ex marquise. Elle semble heureuse de ne plus avoir de terres à gérer, la politique, très peu pour elle. Ses contacts sont aujourd’hui plus humains, moins intéressés et elle se sent profondément utile à la société. Mais elle ne se voile pas la face et confie à la Dame de Léliande qu’elle a hâte de quitter ce palais pour rejoindre la côte. Les fantômes du passé viennent de nouveau la hanter et lui retirer toute forme de sérénité. Elle reprend une coupe de vin quand une main se posant sur son épaule, la fait sursauter. Elle se fige et sent un frisson lui parcourir le corps avant que la voix de son époux ne vienne la calmer.

_ J’ose te déranger quelques instants mon aimée. Le cousin du Seigneur de Pengriffon souhaite évoquer avec toi l’ordre hospitalier.
_ Hum oui.

Elle s’excuse auprès de son amie et se détourne d’elle pour s’approcher de James. Une quinzaine de mètres vous séparaient de l’homme et elle en profita pour tirer sur ton col afin que tu te baisses à la hauteur de ses lèvres. Là, elle les colla contre ton oreille.

_ Toi, il faut qu’on parle tout à l’heure.

Tu redresses la tête et approuve sans demander ton reste. Elle s’adresse alors à James.
_ Messire, ainsi le régent de Missède vous a parlé de cet ordre. Enfin… de cet attroupement. Que désirez vous savoir ?

Elle sentait encore ta présence derrière elle et sans même se retourner elle t’adressa la parole.

_ Gaël, tu as certainement des choses plus importantes à faire.

Tu aurais bien voulu répondre mais James venait de lui répondre, invité par le hochement de tête de la religieuse. C’est donc par la faute de cet échange -qui n’en était pas un- pour le moins impératif que tu te rabats sur le vin. Encore.

Le chevalier Gaël de Laval me présente à son épouse, et je lui fais ma plus belle révérence avant de lui dire :

En effet, cette organisation peut beaucoup apporter au Domaine de mon cousin, Fabus Pengriffon. Je vous avouerai qu’une des raisons pour laquelle je suis présent dans ce concile est l’opportunité de pouvoir l’aider à s’occuper des habitants de son domaine.

Je m’arrête quelques secondes, car il me semble avoir ressenti un point de tension entre le seigneur de Beaurivage et son épouse, mais je suis trop bien élevé pour faire remarquer la chose, et je continu donc :

Le seigneur Fabius est, par suite de la mort de ses parents, mon oncle et ma tante, monté récemment sur le trône et m’a demandé mon aide, que je lui apporte volontiers. Votre ordre pourrait ouvrir une antenne là-bas et se rendre ainsi utile à la population locale ainsi qu’aux nombreux voyageurs qui emprunte la route des Rois.

Voilà, je pense avoir tout dit, bien sûr il restera des détails à régler, comme l’emplacement de leur ordre, le financement et ainsi de suite, mais pour une première prise de contact, c’est suffisant. Je vois le seigneur Laval prendre une nouvelle coupe de vin, et si j’osais, je ferai la même chose, mais je suis en présence d’une dame, de plus très jolie et je dois rester concentrer pour ne pas me laisser distraire de ma tâche.

_ Je suis sûre que ceux-ci seront ravis d'apprendre que le domaine du Seigneur de Pengriffon leur ouvre ses portes. N'oubliez point que tout ordre qu'ils sont, il sera nécessaire de les soutenir durant leur installation et peut être même de les autoriser à prélever un impôt pour qu'ils puissent assurer leur mission médicale.

Chacun de ses mots était finement réfléchit et elle les accompagna d'un sourire de circonstance. Un sourire qu'elle retrouva peu après son entrée dans les ordres. Elle apprit de Gaël à les faire instinctivement, afin de rendre la chose plus agréable. Pour adoucir son interlocuteur en somme. Car les deux Péninsulaires parlaient tout de même de la vie d'une dizaine de personnes qui une fois installées, en attireront de plus en plus et de fil en aiguille, évoqueront un jour ou l'autre la nécessité de vivre par leurs propres moyens.

_ J'ai ouïe dire que le Maître de l'Ordre envisage également de recourir à des chevaliers pour les défendre des pillards et autres vagabonds. Il vaut mieux que vous soyez informé en amont.

Les mots sont plus lents, le visage grimace légèrement. Elle se doutait que la présence d'hommes en armes pouvait gêner tout seigneur se revendiquant maître de sa terre. Car l'Ordre ne prête allégeance qu'aux Dieux. Aucun laïc ne saurait être leur maître. Mais elle préfère taire cette vérité. Après tout, l'Ordre est encore trop jeune pour avoir un poids réel. C'est tout juste si il peut soigner quelques mendiants et aider à l'édification de lieux de prière.

_ Enfin, n'ayez crainte, j'en informerai le Maître une fois de retour à Missède et ce dernier ne devrait pas tarder à écrire à votre cousin pour l'informer des menus détails. Prendriez vous une goutte de vin avec moi avant que le concile ne débute ?

Tout venait d'être dit, le reste se passera en coulisses et d'ici quelques ennéades Fabius Pengriffon devrait recevoir des nouvelles de la part du couple régent et du maître de l'Ordre. Outre ces hospitaliers, une entente s'est peut être construite ici et maintenant. Une entente qui pourrait conduire à une amitié à l'avenir. Qui sait.

La discussion avec la noble dame se passe très bien, à vrais dire je n’aurais pas pu rêver d’une interlocutrice plus agréable que la personne que j’ai en face de moi. Mais je fais bien attention à ne pas lui faire de charme, je suis marié et heureux en couple, je reste donc très formel et ne fais aucun sous-entendu qui pourrait être mal interprété. Je reste concentré sur le sujet et je lui réponds en souriant :

Sire Fabius n’est peut-être pas très riche, mais il est assez à l’aise pour les soutenir financièrement. Lever un impôt va peut-être difficile, mais il pourra leur accorder les revenus d’un des commerces qui parsème son territoire, ce qui leur apportera une certaine aisance financière. De plus, un bâtiment leur sera fournis et les gens du domaine réaliseront les travaux adéquats pour le transformer en un dispensaire.

Il est vrai que tous les serfs doivent un certain nombre de jours pour les menus chantiers de leur seigneur. La seconde partie du discours de mon interlocutrice est une bonne chose pour mon cousin, et je la rassure aussitôt :

La présence de chevaliers est une excellente nouvelle. Les terres de mon cousin en sont dépourvues et il essaye actuellement de faire venir un ordre réputé pour sa piété, les Marcheurs Austères, une organisation située dans les Marquisats du Nord.

Finalement, tout est dit et j’espère que le domaine Pengriffon sera celui choisi par le Maître qui vit à Missède et ainsi améliorer les conditions de vie, aussi bien des personnes sous la responsabilité de ma famille du Médian, que les voyageurs et autres marchands qui traverses ses terres. Lorsque la jeune femme me demande de boire encore un peu de vin, je lui souris une nouvelle fois, et je sers deux verres, mais je ne l’ai remplis qu’au quart, car le moment est important et je dois être au mieux de mes capacités mentales pour comprendre le jeu de pouvoir qui va se dérouler sous mes yeux.

Sujet: Re: Avant le Concile Jeu 12 Sep 2019 - 20:23

« Et bien la région se por... » je lance un regard noir à Guilhem pour m’avoir interrompu comme un rustre mais il ne reste pas, ce qui n’est en réalité pas plus mal, je le regarde s’en aller en me demandant ce qu’il va bien pouvoir comploter. La voix de de Brevisse me fait tourner la tête vers lui et c’est un sourire complice qu’il peut voir se dessiner sur mes lèvres. « Pourtant il n’a pas à rester dans le camp des perdants. » Je pousse un soupir qui n’est pas tout à fait feint. « Uthar j’aurai une question à vous poser, vous qui connaissez Guilhem et son épouse mieux que moi, à votre avis : qu’est-ce qui pourrait faire plaisir à cette dernière ? »

Un conseil de régence ayant tendance à se diviser en fictions j’aimerai, en accédant au marquisat, effacer les divisions que cette période d’instabilité a créé alors autant commencer sans attendre davantage.

[Le Langecin, surpris, ne répond d’abord que par un haussement de sourcils. Il te jauge quelques quelques secondes, avant de darder un regard dans la direction prise par Guilhem et Constance.]

« Bonne question. » [Il reporte son attention sur toi, avant d’ajouter :] « Si vraiment vous souhaitez vous mettre un Tall dans la poche, à votre place je miserai sur le bâtard. Guilhem l’a légitimé voilà plusieurs années déjà, mais le bougre court toujours après la moindre miette de reconnaissance. »

« Vous êtes certain ? Langehack vaut bien une cérémonie, je lui trouverais une place à la cour. Mais assez parler de politique, nous aurons tout le temps de le faire dans les jours à venir. Comment vous portez-vous ? » J’avale une gorgée de vin en détournant mon regard du dos de Guilhem pour reporter mon attention sur Uthar.

« Je ne me porterai pas plus mal quand cette farce de régence aura pris fin. »
« Et moi donc... »
[Il te jauge du regard et tu peux constater qu’à l’inverse de toi, l’homme n’en a pas fini avec la politique. Il semble vouloir ajouter quelque chose, mais se ravise et quand il reprend la parole, c’est pour aborder un autre sujet.] « Le duc d’Erac n’a pas ménagé ses efforts pour vous soutenir et certains commencent à se demander ce qu’il vous en a coûté. Amderran en particulier a soulevé plusieurs fois la question. Sournoisement, comme à son habitude, mais certains pourraient lui prêter une oreille attentive. »

Je hausse un sourcil avant de laisser mon regard vagabonder sur l’assemblée à la recherche d’Amderran sans le trouver. « La question est légitime et la réponse est… je ne suis pas certain que vous allez me croire mais je vous dois la vérité. » Je bois une nouvelle gorgée de vin pour laisser mes paroles flotter dans l’air quelques instants avant de reprendre. « Il ne m’en a rien coûté. Le duc d’Erac préfère voir sur le trône de Langehack un descendant d’une veille famille, une vieille famille qui a fondé le duché qui plus est. »
« À tout le moins, le duc d’Erac préfère avoir un parent sur le trône de Langehack, » [te reprend-il en esquissant un rictus. Il s’éloigne de quelques pas pour rejoindre la table la plus proche et commence à piocher dans le buffet, s’attendant a priori à ce que tu lui emboîtes le pas.]

« Mais vous vouliez dire quelque chose, je vous en prie, pas de secrets entre nous. »
« Les secrets sont utiles parfois. » [Il ricane, avant d’avaler deux amuses bouches.] « Certes. »
« En l’occurrence, je songeais juste qu’il me tardait de voir repartir Constance et sa condescendance. »
« Je comprends. Une raison de plus de s'occuper sans traîner de... ça. » Dis-je en embrassant l'assemblée d'un ample geste. « Mais tant que nous en parlons: que pensez-vous que demandera Gaël? »
« Des garanties, à tout le moins. » [Il s’interrompt, comme rattrapé par une idée.] « En vérité, je vous le dis : il n’est peut-être pas si différent du bâtard de Tall. Il n’est pas maître en sa maison, tout juste chauffe-t-il le trône pour le rejeton de sa… » [Il hésite sur le terme à utiliser.] « … sœur. »

Un rire m’échappe au rapprochement de Gaël et du bâtard. « Je ne doute pas de sa naissance mais parfois... » J’avale une nouvelle gorgée. « Mais là est bien le problème : sa sœur. Il paraît que la sorcellerie, à l’instar de la noblesse, se transmet par le sang. J’avoue ne pas avoir envie de lui accorder des titres ou des prérogatives. Quant au rejeton de sa… sœur, restons sur ce terme, je m’assurerais qu’il vienne à Langehack et qu’il soit élevé comme il se doit. »

[Tes paroles ne sont pas aux goûts de ton interlocuteur, qui dans le même temps fronce les sourcils et darde des regards autour de vous. À Langehack comme ailleurs, les murs ont des oreilles… mais en l’occurrence, vous parlez au beau milieu d’une fête.] « Je ne voyais pas l’utilité de l’évoquer, mais comme il semble que vous souffrez aujourd’hui des mêmes lacunes qu’hier… [commence-t-il en reportant son attention sur toi.] Tous ceux qui prendront part au Concile demain se souviendront du récit peu glorieux qu’a fait Amderran de vos projets de l’An 11. À votre place, j’éviterai d’afficher trop ostensiblement votre envie d’arracher un enfant à son château… surtout quand ce dernier est amené à devenir l’un de vos vassaux les plus puissants. » [Il marque une pause et se détend déjà.] « Je gage que demain, vous serez votre plus grand ennemi.

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