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 Une dévotion de circonstance [Lucrétia]

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Aerianna Hiisi
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MessageSujet: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeMer 14 Aoû 2019 - 15:13


Karfias, fin de la troisième ennéade
An dix-sept du onzième cycle

Suite de ce rp.

L’ancien eldéen argenté s’écarta un instant du corps reposant nu sur le lit autour duquel s’affairaient des serviteurs pour diverses tâches qui ne nécessitaient pas de magie. Il avait finalement assoupi la forme de sa maîtresse, estimant qu’Aerianna avait perdu trop de sang et qu’une patiente qui remuait en profitant beaucoup trop de ce qui devait être une trop grande douleur n’amènerait que des problèmes supplémentaires. Normalement, et il ne s’était occupé que de ça, les hémorragies avaient cessé, mais il était si épuisé qu’il n’arrivait pas à se rendre compte de l’ampleur des autres dégâts, ne percevant qu’un amas de blessures et autres soucis plus ou moins entremêlés. Il comptait sur l’arrivée prochaine des autres mages qui devaient le suppléer, maudissant Tadeo pour sa lenteur absolue, non sans imaginer que la plupart des noms qu’il avait rassemblé devaient lui filer du fil à retordre. Personne n’appréciait être réveillé au beau milieu de la nuit, et la plupart des personnes influentes devaient avoir leur propre cour de soigneurs en tout genre.

Aerianna aussi, mais à Geresh.

Il y avait un nombre absolument aberrant de choses qui avaient mal tournées, de mesures qui auraient dû être prises, de décisions qui auraient dû être gérées autrement, mais c’était le problème de l’inconscience d’Aerianna et de son insensibilité à la douleur qui la poussait dans toutes sortes de situations dans lesquelles elle se jetait tête blessée, et encore, ce serait moins un problème si elle y était réellement insensible… Comment ne pas se mettre toute seule dans des situations dangereuses qui procuraient autant de plaisir ? La question avait été posée par l’intéressée à plusieurs reprises, notamment cette fois où elle s’était retrouvée avec un nombre beaucoup trop important de morceaux de verre fichés dans le genou. Et encore, les blessures étaient relativement propres, là personne ne savait d’où venait ce monstre et où il avait traîné. Cette pensée l’effraya, et il revint vers la forme assoupie pour chercher spécifiquement à trouver les dernières infections qui pouvaient menacer la vie de sa Princesse.

Il aurait sûrement besoin d’aide, et elle ne pouvait pas arriver trop tôt.

***

Tadeo, lui, avait fait le tour des adresses données par l’argenté et quand on avait répondu à ses coups répétés sur les différentes portes on ne lui avait répondu – quand on lui répondait – qu’à la négative. Il n’y en eut que deux pour dire qu’ils y réfléchiraient mais qu’ils ne seraient bons à rien sans avoir fini leur nuit ou quelque variante de ces mots, et forcément ce n’étaient pas ceux en tête de la liste. Il insista mais jamais très longtemps car il était beaucoup trop pressé, et non satisfait des réponses qu’il avait reçu il eut l’idée que seul un dévot comme lui pouvait avoir, celle de se tourner vers Néera. Ou en tout cas de son clergé, avec lequel il avait déjà eu des contacts avant qu’il ne soit au service de la Princesse de Geresh, pour diverses guérisons miraculeuses que certains des fidèles qui l’entouraient avaient nécessité. Peut-être qu’Ulk ou Aerianna ne seraient pas satisfaits d’une telle présence, mais il estima que le danger était trop grand pour s’en priver.

L’appel à l’aide fut entendu.

Il avait donné toutes les directives qu’il pouvait donner pour que ceux qui y avaient répondu puissent retrouver facilement leur chemin jusqu’à Aerianna Hiisi puis il s’en était allé frapper à nouveau aux premières portes dans la liste mentale qu’il avait mémorisée. Il n’y eut qu’un vieil homme pour ouvrir, un vieil homme qui s’excusa de ne pas avoir entendu les coups sur sa porte la première fois, un vieil homme qui semblait beaucoup trop vieux pour être utile, qu’Ulk avait dû connaître il y a bien longtemps, et dont Ulk avait sûrement oublié la non-éternité. Tadeo prit l’initiative d’accompagner le vieil homme jusqu’au palais, un vieil homme qui déclara n’avoir rien besoin de plus que lui-même pour guérir des pires maux. Il ne le crut qu’à moitié, mais dans le doute et parce qu’il y avait fort à parier que les autres apporteraient du matériel il n’allait pas être trop exigeant avec sa trouvaille. Il arriva aux portes du palais, il avisa un serviteur qui passait par là.

« Ils sont déjà arrivés ? Deux mages, le clergé de Néera, quelqu’un ? »


Dernière édition par Aerianna Hiisi le Lun 26 Aoû 2019 - 14:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeJeu 15 Aoû 2019 - 0:37



Une dévotion de circonstance [Lucrétia] Chris-11

______________________________________________


Lucrétia passa sa main devant sa bouche, réprimant un bâillement avec le plus de dignité dont elle pouvait faire preuve en cet instant. Elle n’appréciait pas être réveillée, en plein milieu de la nuit, même par un émissaire d’une famille des Soiries. La haute-prêtresse n’avait que peu dormi. Les journées étaient longues au dispensaire et elle avait très peu de temps pour elle, surtout depuis que son temple se remplissait sans cesse de nouveaux arrivants qu’il fallait former, éduquer et préparer aux tâches quotidiennes.

Non, définitivement, elle n’appréciait vraiment pas ! Mais c’était visiblement urgent et elle n’avait pas le loisir de refuser l’aide de la déesse et de se dérober à son devoir. Elle avait accepté la charge de haute-prêtresse et se devait de montrer qu’elle était digne d’endosser ce rôle. Il en allait de la crédibilité de sa position et de celle du culte de Néera. De plus, si elle parvenait à s’attirer les faveurs de la haute noblesse estreventienne, il serait plus aisé de bénéficier de leurs largesses pour le dispensaire. C’était donc un mal pour un bien !

Lucrétia tentait à nouveau de garder les yeux ouverts. Le chemin n’avait pas été long jusqu’au quartier des Soieries, mais elle avait pris soin de se faire accompagner par l’un des gardes affectés à la sécurité du dispensaire, par mesure de sécurité. L’homme, un dénommé Roland, était un ancien gladiateur qui occupait le poste de gardien du temple. Enrôlé depuis quelques mois, ce dernier s’était montré d’une efficacité remarquable pour éviter que les malades ne se baladent partout dans le dispensaire et que des voleurs ne profitent de l’occasion pour piller l’herboristerie. Il avait avec lui deux collègues, plus jeunes, qui s’entrainaient à l’extérieur du temple et venaient quotidiennement pour surveiller les abords du dispensaire. L’effet était dissuasif, mais Lucrétia ne préférait pas prendre de risques concernant la sécurité du dispensaire de Sainte Iselda. Elle avait convenu qu’il passerait la chercher à l’aube. De toute façon, elle ne serait pas en état de repartir, surtout si elle devait utiliser ses pouvoirs.

Elle se pinça le bras droit au travers du pli de sa robe. Elle avait revêtu à la va-vite la première robe qui trainait sur la chaise de ses appartements et n’avait même pas eu le temps de se coiffer, si bien que ses cheveux tombaient en cascades bouclées jusqu’à ses épaules. Si Aube la voyait ainsi, elle se moquerait d’elle, elle qui n’avait pas été tendre avec sa tignasse. La robe qu’elle portait était longue et en tissu gris bleuté, réhaussé de motifs dorés. Le bustier qui lui serrait la taille et remontait jusqu’au haut du cou était fermé par une broche de turquoise frappée des symboles de la déesse. Les manches de la robe étaient ouvertes au niveau des épaules et bouffantes au niveau des coudes, se terminant par des liens du même tissu que le bas de la robe lui recouvrant les avant-bras. La robe était complétée dans le dos par une cape bleue légère sans capuche. N’ayant qu’à peine le temps de se préparer, la jeune femme avait chaussé des ballerines en cuir noir, fermées avec une boucle en argent. Elle portait autour du cou son médaillon et avait apporté en tout hâte sa sacoche de médecin avec tout ce qu’elle avait pu attraper dans l’urgence.

L’ensemble était à la fois pratique et léger, tout en restant assez élégant pour témoigner de son rang. Il cachait aussi assez astucieusement les petites marques dorées et brillantes qui émaillaient sa peau depuis qu’elle utilisait le don de la déesse.  

D’un geste, elle ouvrit sa sacoche afin de faire l’inventaire de ce qu’elle avait apporté. Quelques bandages, son matériel pour ouvrir ou recoudre les plaies, quelques onguents … Rien de bien fameux, mais c’était mieux que rien !

Assise sur un banc de bois vernis au milieu d’une salle richement ornée – un peu trop à son goût -, la haute-prêtresse trouva dans son matériel une petite fiole de tonique, qu’elle s’empressa de boire pour se maintenir éveillée. Le liquide acide coula le long de sa gorge et la fit tousser. Vivement que l’herboriste du temple parvienne à affiner et à adoucir la formule. Le composé était certes efficace, mais quel goût atroce ! Le produit fit effet rapidement. Avec ça, elle allait pouvoir tenir quelques heures de plus.

Lucrétia scruta la pièce d’un air contrit. Elle n’aimait pas jouer les pots de fleurs et les serviteurs de cette demeure avaient gardé un silence de mort quand elle s’était mise en tête de les questionner, du hall jusqu’à l’antichambre. Elle n’avait comme seule information que le nom de la famille qui requérait ses services : les Hiisi. Lucrétia avait entendu parler de cette famille. Non contente d’être une des plus influentes de l’Estrevent avec sa prise de pouvoir à Gueresh, cette famille était tenue d’une main de fer par un patriarche vieillissant et surtout sa mystérieuse fille. Comment s’appelait-elle déjà ? Aenia ? Anna-Rienna ? … Lucrétia ne s’était pas tellement éprise de la politique au-delà de Thaar et elle s’était tenue à l’écart des jeux de Thaar, son travail lui consommant tout son temps et son énergie. Elle avait simplement en tête les « on dit » des gens qu’elle côtoyait … difficile de se fier à des rumeurs, surtout quand elles racontent tout et leur contraire.

La jeune femme s’étira, se leva et commença à faire les cent pas dans la pièce pour se tenir éveillée. Elle s’arrêta devant les statues de pierres sublimement sculptées. Du vrai travail d’orfèvre … Visiblement, les propriétaires veillaient à ce que leur argent se voit et soit bien dépensé. Même les braseros qui illuminaient la pièce étaient finement ouvragés. Tout dans cette antichambre respirait le luxe et l’élégance. Elle était bien loin des châteaux de la Péninsule ou de la simplicité des temples scylléens.



La robe de Lucrétia:


Dernière édition par Lucrétia le Ven 16 Aoû 2019 - 20:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeVen 16 Aoû 2019 - 15:11


Tadeo entra dans l’antichambre en maugréant à moitié, le vieillard allait bientôt avoir plus besoin de soins que sa Princesse, et de toute façon il n’entendait rien. On lui avait dit qu’une mage était bien arrivée, mais on ne lui avait pas dit qu’on l’avait faite attendre là, comme une idiote, alors qu’il suffisait de franchir une porte pour arriver au chevet d’Aerianna pour laquelle chaque minute comptait. Enfin, il n’en savait rien, et il ne l’espérait pas, mais c’était possible. Lâchant le bras du vieil homme qui devrait bien se débrouiller seul à un moment ou à un autre il se posta devant celle qui attendait. Il souriait, même si une lueur d’inquiétude habitait ses yeux. « Vous êtes venue ? Merci d’avoir répondu à l’appel, si seulement les autres avaient la même conscience. Je suis désolé qu’ils vous aient fait attendre ici, je… les idiots. » Il ne devrait pas parler comme ça de ses collègues, mais parfois c’était compliqué de résister au peu de réconfort que cela pouvait apporter. « Suivez-moi ! » Il avait haussé la voix pour inclure le vieux mage et elle avait résonné dans le marbre, le faisant presque sursauter lui-même.

Il se déplaça jusqu’à la porte et se poussa sans y frapper, parce que ça ne devait attendre, pas même pour un protocole qui de toute façon n’avait jamais établi par la maîtresse des lieux. La chambre était assez grande pour qu’une petite foule s’y tienne, les fenêtres en étaient ouvertes, des tas de tissus souillés de sang et d’autre chose s’entassaient dans un coin et contre le mur, au milieu, trônait un grand lit. Outre Aerianna Hiisi qui y reposait, inconsciente et totalement nue, il y avait Ulk, le drow argenté, qui somnolait dans un fauteuil alors que Ketill regardait par une fenêtre. Des serviteurs que Tadeo reconnaissait tous justes étaient là, également, mais ils ne faisaient pas grand-chose d’utile. Ils semblaient en pause, un moment idéal pour apparaître. La Princesse était couverte de plaies récentes et d’autres traces plus ou moins inquiétantes, alors que le tout se mélangeait à quelques cicatrices, vestiges de ses brûlures des quelques jours plus tôt.

Ulk s’était réveillé bien rapidement de sa sieste probablement non prévue, et il se leva aussi vite, se présentant devant le vieillard et la mage que Tadeo avait trouvée dans l’antichambre. Il eut un froncement de sourcils en voyant le frêle mage et se tourna presque intégralement vers la jeune femme, délaissant l’autre. « Je suis en charge de la survie d’Aerianna, et je pense avoir accompli ma mission, mais… je ne peux pas tout faire seul, j’ai trop puisé dans mes rés… » Il secoua la tête alors que ses trop longues oreilles suivaient le mouvement. « Vous ne voulez pas entendre ça, je suppose… Aerianna Hiisi, donc. Elle s’est faite agresser cette nuit, par un daedhel, un eldéen plus particulièrement, un puissant mage… » Il montra la blessure qui le défigurait presque d’un doigt lui aussi trop long. « …mais ses blessures à elle n’ont pas été causées par la magie, à part les cicatrices de brûlures, causées par le même monstre il y a déjà quelques jours. »

Le vieux mage délaissé s’était rapproché du lit et commençait déjà à examiner le corps inconscient, et le regard de Tadeo vers lui alerta l’argenté qui vint interrompre in-extremis une main qui se dirigeait vers le bas-ventre de sa Princesse. « Laissez-moi finir, s’il vous plaît. » Un nouveau regard vers la mage alors qu’il dominait maintenant le corps. « Elle a reçu des coups là et là. » Il désigna une pommette qui avait comme éclaté et un genou en piteux état. « Il a manqué l’étrangler à plusieurs reprises. » Il y avait également cette entaille au cou qu’il avait presque oubliée. « Il lui a brisé ce poignet et une partie de la jambe. » Le poignet gauche était tordu et c’était moins visible au niveau de la cuisse gauche sans pour autant qu’il n’y ait de doute. « Il l’a mordue, aussi, partout sur son buste, sa poitrine, et il lui a arraché l’oreille. » Là encore c’était évident, mais il préférait tout lister. « Pour finir par… » Sa voix se brisa mais il reprit une partie de sa contenance en peu de temps alors qu’il ne finirait pas cette phrase. « J’ai arrêté les hémorragies, à l’intérieur, mais je… je n’ai jamais vu ça… il était beaucoup trop grand pour elle… »

Il détourna le regard du corps d’Aerianna, et plongea son regard dans celui de la mage. « L’agresseur n’a pas dû s’être nettoyé pendant des ennéades, il était vêtu de peaux quand on l’a trouvé, j’ai peur de ce qu’il a pu mêler à ses plaies, je ne m’en sortirais pas seul, j’ai besoin de votre aide. » C’était peut-être la première fois qu’il faisait un tel aveu, et la peur habitait sa voix. « Je ne sais pas qui vous êtes mais je suis obligé de vous faire confiance, je suis épuisé et dépassé mais si je peux vous aider en quoi que ce soit je le ferais, je me mets à votre service – ainsi que tous les serviteurs dans cette pièce et même notre ami sourd si vous lui trouvez une quelconque utilité – et je répondrais à toutes vos questions. »
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeVen 16 Aoû 2019 - 18:50



« Bien le bonsoir messire. Oui, je suis venue aussi vite que j’ai pu … Dites moi vite ce qu’il se passe pour que … »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle était conduite par le serviteur jusqu’aux appartements du patient. La haute-prêtresse pénétra dans la chambre avec le vieillard, qui semblait sur le point de tomber en poussière. Elle espérait ne pas avoir à soigner deux personnes cette soirée. Son corps ne s’en remettrait pas. Et puis … elle ne savait pas ressusciter les tas de poussières.  

La chambre sentait le sang coagulé et la chair brûlée. Le nez de Lucrétia ne pouvait la tromper, même si l’odeur était masquée par le parfum des encens qui flottait dans les airs. Elle remarqua immédiatement les linges tachés de sang empilés au fond de la salle … Très mauvaise idée. Il fallait tout de suite les laver, éteindre les encens et aérer tout de suite la pièce. Qu’attendaient les serviteurs pour le faire ? Ils restaient plantés là comme des piquets.

Elle n’eut pas le temps d’ordonner quoi que ce soit qu’un drow vint se présenter à elle. D’instinct, elle sentit un frisson la parcourir. Ces êtres lui faisaient toujours froid dans le dos. Il semblait épuisé et parlait d’une voix quasiment éteinte. Il venait vraisemblablement d’utiliser la magie et ne tenait qu’à peine sur ses pieds. Au vu de ses vêtements, il devait être une personne importante au sein de cette maisonnée. Il lui expliqua d’une voix faible ce qu’il attendait d’elle et ce qu’il avait opéré comme soins jusqu’à présent avant de lui présenter la patiente en question. Lucrétia écouta attentivement l’homme lui exposer son diagnostic. Elle avait affaire avec quelqu’un de compétent visiblement et surtout de dévoué … bien loin de l’image qu’elle se faisait des elfes noirs. Elle se sermonna intérieurement pour son attitude pleine de préjugés et acquiesça aux explications de l’homme tandis qu’elle voyait le serviteur qui l’avait accompagné s’agiter auprès de la patiente pour faire éloigner le vieillard.  

La jeune femme réprima un rire nerveux quand elle vit le corps qu’elle devait soigner au plus vite. Enfin un corps … C’était un bien grand mot. Lucrétia avait vu des chevaliers en bouillie dans leur armure après des batailles qui avaient bien meilleure mine que la fameuse Aerianna Hiisi – elle ne s’était qu’à peine trompé sur son prénom. Ce n’était pas une héritière de la famille Hiisi qui gisait sur le lit, recouverte à moitié par des draps ensanglantés, c’était un morceau de viande que l’on avait probablement battu à l’attendrisseur pendant plusieurs heures avant d’essayer de la faire cuire. Si le drow ne lui avait pas dit qu’il s’agissait d’une des personnes les plus influentes de l’Estrevent, elle aurait pu la confondre avec une pièce de boucher posée sur des draps de soie.

Lucrétia resta silencieuse pendant tout le diagnostic et examina rapidement le morceau de viande dénommé Aerianna Hiisi. Visiblement, le drow venait de lui sauver la vie s’il avait stoppé des hémorragies internes. En revanche, il ne fallait absolument pas que les soins en restent là. Tout ce qui était brisé devait être réparé le plus rapidement possible et les plaies pansées et nettoyées au plus vite pour éviter les infections. Le plus urgent était de stabiliser au plus vite l’état de la noble pour éviter toutes surprises, mais surtout de repérer les potentielles blessures que l’homme n’avait pas pu découvrir.

La haute-prêtresse se releva, l’air inquiète. Au-delà des blessures physiques à soigner immédiatement, il y avait de nombreuses blessures de second ordre à soigner. Il lui était impossible de soigner tout ça d’une seule traite sans tomber dans les pommes ou mettre sa propre santé en danger. Elle se tourna vers le drow et le serviteur et déclara d’un ton neutre :

« Ecoutez … Au vu de son état, je n’ai pas le choix … je vais devoir utiliser la magie. Je vais avoir assez d’énergie pour faire deux choses : vérifier qu’elle n’a pas de blessures cachées que vous n’auriez pas vu lors de votre intervention et soigner ses membres brisés pour éviter que les blessures ne s’aggravent. Une fois que cela sera fait, il faudra appliquer cet onguent sur l’ensemble de ses plaies avant de panser ses blessures avec des linges propres. »

Elle vit dans les yeux du drow que ce dernier était plus que paniqué à l’idée de perdre sa maîtresse. Lucrétia tenta de se montrer compatissante :

« Soyez rassuré … vos soins lui ont probablement sauvé la vie … ,
lui assura-t-elle d’une voix calme. »

Puis, elle se tourna vers celui qui semblait être le chef des serviteurs :

« Sortez tout de suite les linges souillés et faites-les laver immédiatement. Les encens doivent disparaître le plus vite possible et la pièce doit être aérée. Il nous faudra aussi plus de lumières ainsi que de l’eau la plus claire possible ainsi que des bandes de tissus propres. Vous les passerez à l’eau bouillante avant de les apporter. Personne n’entre dans cette pièce sans s’être lavé les mains. »

Elle remarqua que le vieillard s’était assis dans le fauteuil occupé précédemment par le drow. Lucrétia le regarda fixement. Il bavait. Ce bougre venait de s’endormir ! C’était bien sa veine …

« Et sortez-moi ce vieil homme d’ici ! Il bave, c’est répugnant ! »

Lucrétia ouvrit sa gourde d’eau claire et s’en aspergea les mains afin de commencer son travail. Elle s’agenouilla auprès de la patiente et posa sa main sur son cou. La jeune femme avait le visage tuméfié et respirait faiblement, mais son pouls était là. Restait à savoir jusqu’où s’étendaient les dommages. La haute-prêtresse agrippa son médaillon et commença à entonner une prière à la DameDieu.

« Par les larmes de Sainte Deina … »

L’énergie magique commença à fluctuer vers elle et à l’emplir d’une douce chaleur. Sa déesse répondait à son appel et les flux se concentrèrent dans sa main droite. Rapidement, elle dispersa les flux dans le corps de la patiente, afin de vérifier si son organisme ne cachait pas des blessures cachées. Ce sortilège, elle l’avait utilisé maintes et maintes fois et il lui permettait de savoir immédiatement si ses patients ne couvaient pas autre chose que de simples blessures.


« Tient … c’est étrange … »

Lucrétia venait de tomber sur une anomalie. Les flux magiques qui parcouraient le corps de la jeune femme avaient passé en revue l’ensemble de son corps. Le drow ne s’y était pas trompé : son diagnostic était parfait et ses soins avaient été exécutés d’une main de maître. Il avait bel et bien sauvé sa maîtresse d’une mort certaine. Lucrétia pouvait donc travailler en toute tranquillité, sans avoir besoin de repasser derrière lui. En revanche, quelque chose clochait lorsque la jeune femme impulsait les flux dans l’organisme de la noble dame. D’ordinaire, les flux magiques traversaient les corps des êtres vivants en les caressant délicatement. Seuls ceux qui parvenaient à les maîtriser parvenaient à les ressentir pleinement et à les dompter. De l’expérience qu’en avait Lucrétia, l’énergie magique qu’elle parvenait à canaliser semblait être un flot de miel liquide qui lui réchauffait le corps d’une douche chaleur et se diffusait avec fluidité.

Or, ce n’était pas ce qu’elle ressentait quand elle faisait parcourir les flux magiques au sein du corps d’Aerianna. C’était comme si l’énergie magique se brisait sur des parois rugueuses et écharpées, percluses de rasoirs. Cette femme était bel et bien une magicienne, il n’y avait aucun doute … mais contrairement aux conduits magiques soyeux façonnés par les mages pour conduire l’énergie magique, ceux d’Aerianna semblaient dessinés pour les percuter de plein fouet. Ses conduits magiques étaient des champs déchiquetés par les flux ...  


*Cette femme, pensa-t-elle, … elle … elle se … non c’est impossible, personne ne serait assez fou pour faire ça !*

Lucrétia chassa cette hypothèse de sa pensée pour maintenir sa concentration. Personne n’était assez peu sain d’esprit pour oser mutiler son corps avec de la magie. Ce devait être un reste de l’attaque du mage … il n’y avait pas d’autre explication possible.

Se concentrant à nouveau, elle canalisa à nouveau les flux pour tenter de reconstruire les os brisés de la jeune femme. Le poignet gauche … l’os de la cuisse … le genoux … les os de la pommette … Quatre os à réparer en peu de temps. Lucrétia inspira longuement, tentant de synchroniser sa respiration avec la palpitation des flux magiques et commença son travail. Elle dispersa les flux vers les endroits ciblés, tentant de tout reconstruire en une seule manœuvre. De toute façon, elle n’aurait pas l’énergie pour plusieurs opérations d’affilées. Elle sentit la fatigue s’emparer d’elle à mesure qu’elle impulsait de plus en plus d’énergie et qu’elle sentait le corps de la jeune femme se reconstituer sous ses yeux. Le corps d’Aerianna n’opposa aucune résistance à ses soins. De toute façon, il n’en avait pas la force.

Il fallut une bonne vingtaine de minutes à la haute-prêtresse pour reconstituer l’ensemble des os sans puiser trop dans ses ressources ou celles de la patiente. Si elle allait trop vite, le drow risquait de se retrouver avec deux cadavres sur les bras. Si elle allait trop lentement, c’était elle qui risquait de tomber de fatigue et sa patiente n’en serait pas plus avancée. Sa tâche terminée, elle prit quelques instants pour reprendre son souffle. Sa vision se brouillait désormais. Elle avait besoin de repos.

« C’est à vous … nettoyez et pansez ses blessures … je … je vais m’allonger quelques instants. »

Toujours agenouillée au pied du lit de la blessée, Lucrétia se sentit partir. Elle s’effondra la tête la première sur le lit, épuisée.

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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeSam 17 Aoû 2019 - 13:48


Ulk n’avait jamais à ce point apprécié une validation de son art, il n’avait jamais à ce point apprécié que quelqu’un lui confirme qu’il avait fait du bon travail, qu’on lui confirme que la vie qui avait été entre ses mains était sauve. Il n’était pas encore vraiment soulagé, car il restait beaucoup de questions, mais il l’avait été assez pour laisser l’humaine prendre la relève et corriger certaines des mauvaises pratiques qu’il avait laissées s’installer quand il n’avait eu d’yeux que pour Aerianna Hiisi. Il était aussi un peu triste, même s’il ne l’aurait avoué à personne, car cette soirée lui avait appris que certaines choses qu’il prenait comme acquises étaient loin de l’être, que ce soit sa situation actuelle, qui se serait effritée si Aerianna avait succombé à ses blessures, que ce soient ses lointaines connaissances qui ne répondaient plus, que ce soient ses lointaines connaissances qui affectées par un temps qui ne l’affectait pas succombaient à son passage. Quelques jours plus tôt il avait vécu une alerte, quand l’eldéen leur était tombé dessus, mais il n’avait pas pris l’alerte assez au sérieux, et il avait laissé Aerianna recommencer.

Il s’endormit alors, et au bout de longues minutes la chambre qui était restée animée par un chaos frénétique depuis qu’Aerianna y avait été portée s’assoupit après que les derniers esclaves et serviteurs aient fini d’obéir à la jeune mage éreintée. Alors que ceux avec la légitimité de prendre des décisions n’étaient plus présents ou plus en état de le faire une dernière décision fut prise et avant de tirer une couverture légère sur Aerianna on souleva la jeune mage pour l’allonger à l’opposé de l’immense lit.

***

Je me réveillai dans un gémissement plus long et plus justifié qu’à son habitude, plus chargé en douleur, et donc ce qui allait avec. Presque aussitôt il y avait la faim qui s’était réveillée, aussi, mais la sensation d’avoir un estomac vide n’était pas génératrice de plaisir heureusement, ou ma vie serait bien compliquée. Je me sentais particulièrement faible et n’osai aucun autre mouvement que de la tête. Vers la droite il y avait Ulk sur un fauteuil, il dormait, paisible, et j’avais pour la première fois depuis bien longtemps une vue imprenable sur ses blessures alors que les premières lueurs du jour faisait briller sa peau argentée intacte. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point le feu l’avait ravagé. Derrière lui se tenait Ketill, il était appuyé sur le rebord de la fenêtre et avait la tête passée à l’extérieur, il ne m’avait pas entendue. Sur la gauche, il y avait une femme endormie sur le même lit que moi, je ne savais pas qui elle était mais je ne me questionnai pas bien longtemps.

C’était Ketill qui m’intéressait, et j’aurais bien voulu attirer son attention sans réveiller les autres. Un chuchotement qu’il ignora, un autre, encore un autre, et le chuchotement gagnait en force. Il ne répondit pas, il me frustra. Les prochaines tentatives se firent à mi-voix, et si je craignis réveiller quelqu’un à chaque appel ce ne fut pas le cas et il ne réagit toujours pas. La frustration montait et je n’étais pas loin de l’appeler à voix haute, mais un regard alentour me montra qu’il y avait une autre possibilité. Je sortis un bras de la couverture lentement, faiblement, et poussai sur la table de chevet un récipient qui ne semblait pas – au toucher – être du verre. Dans le petit fracas du récipient – qui n’était bien pas du verre – sur le sol je me figeai tel un félin attendant une réaction, n’importe quelle réaction. Heureusement, les deux mages assoupis l‘étaient vraiment et Ketill, sur qui j’avais posé le regard, l’entendit.

Il se rapprocha doucement et tendit l’oreille alors que satisfaite je chuchotai. « Ramène moi quelque chose à manger, s’il te plaît, j’ai faim. » Il s’en alla un sourire au coin des lèvres, il pensait sûrement que c’était bon signe. Il revint une demi-heure plus tard avec un plateau qu’il allait m’aider à engloutir, avec un peu de difficultés tout de même. Je n’avais pas prêté un instant attention à ce que je mangeais, avec mon sens du goût légendairement absent, et une fois fini je le laissai retourner à ses occupations, non sans le prévenir qu’il ne fallait pas qu’il se retrouve encore une fois assez loin pour ne pas m’entendre. Et là, j’attendais que quelqu’un se réveille, j’attendais que quelque chose se passe, alors que mon esprit dans toute sa générosité m’empêche de penser à ce qu’il s’était passé la veille. Ça viendrait, mais pas tout de suite. Au bout de quelques heures à attendre, quelques heures à réprimer les quelques gémissements qui avaient tenté de se glisser à travers mes lèvres, la jeune femme remua, et sans tourner le visage dans sa direction, gardant le regard figé sur le plafond, je murmurai. « Bien dormi ? »
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeDim 18 Aoû 2019 - 17:47


L’odeur du pain chaud et du jus de mangue monta aux narines de la haute-prêtresse. Elle flottait encore dans un état semi-conscient, enveloppée dans de délicieuses odeurs qui flottaient désormais près de ses narines. L’utilisation de la magie l’avait épuisée et comme à son habitude, c’était dans les bras de la déesse qu’elle s’imaginait se reposer. Son esprit se lova dans les bras de la DameDieu et elle espérait pouvoir rester plus longtemps dans cet état de sommeil à demi-réveillé.

Lucrétia grommela dans son sommeil. Elle ne voulait pas quitter son rêve. Dans cet état, sa retenue et son sérieux s’étaient totalement évaporés. Quiconque cotoyait la prêtresse au quotidien connaissait son sérieux et son attitude diligente. Ces mêmes personnes auraient bien eu de la peine à croire que la personne à moitié affalée sur le lit d’Aerianna Hiisi, les cheveux en bataille et en train de grommeler comme une enfant devant se lever pour aller à l’école était la haute-prêtresse de Néera.  

« Mmmmh pas maintenant … Je veux le poney … » gémit-elle dans son sommeil.

Elle sentit quelque chose remuer à côté d’elle. Trop peu consciente pour identifier la provenance de ces sons, ses mains saisirent un morceau de drap frais, qu’elle porta à ses joues pour se faire un coussin. C’est alors qu’elle entendit clairement des mots, énoncés d’une voix claire.


« Bien dormi ? »

Sa bulle de rêve venait d’être cruellement crevée par sa patiente. Encore emmêlée dans les bras de la déesse, elle chuta difficilement vers la réalité. Lucrétia ouvrit les yeux. La lumière extérieure était trop forte, si bien qu’elle se les frotta quelques instants avant de se redresser sur le bord du lit.

Elle s’étira en baillant et secoua ses longs cheveux bouclés. La haute-prêtresse avait faim, très faim et elle accusait encore de la fatigue de la veille. La jeune femme massa ses poignets, sans se rendre compte des gens qui l’entouraient. Sa vision était encore floue et elle avait besoin d’un bon bain.

C’est alors qu’elle se retourna vers la patiente. Lucrétia réprima un cri de surprise. Elle ne s’attendait pas à ce que la demoiselle soit réveillée aussi vite. Et Lucrétia était loin d’être présentable. Surprise, elle se releva d’un coup et son visage au teint hâlé prit la couleur d’une tomate bien mûre.


« Par la Déesse, je … je suis désolée ! dit-elle complètement confuse. C’est inconvenant de ma part. C’est la magie … son utilisation m’a complètement épuisée. Je vous prie d'accepter mes plus plates excuses. »

Lucrétia détourna le regard, cherchant à ne pas rencontrer celui d'Aerianna. Elle se sentait terriblement honteuse de s’être endormie ainsi sur le lit d’une demoiselle de haut-rang. Dans la Péninsule, ce genre d'impair pouvait vous coûter plus que quelques jours de cachots. Lucrétia espérait que les coutumes péninsulaires n'étaient pas les mêmes en Ithri'Vaan ...
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeLun 19 Aoû 2019 - 21:10


J’avais osé un regard joueur sur le côté pour la regarder se réveiller mais c’était sans compter sur une douleur qui m’avait arraché un petit gémissement dans le mouvement. Au lieu de ramener les yeux au plafond j’encaissais la douleur jusqu’à ce qu’elle soit moins vive. Je ne savais toujours pas qui elle était, mais la voir sortir de son sommeil en s’étirant et en baillant avait quelque chose d’hypnotisant, même si elle ne semblait encore pas trop être dérangée par la situation. Mais forcément cela ne pouvait durer, et elle se releva d’un bond en s’en rendant compte, en posant pour la première fois son regard sur moi, ou au moins la première fois aujourd’hui. Elle rougissait, elle s’excusait, mais elle me donnait aussi de bonnes informations sur sa présence ici, il ne m’avait pas fallu très longtemps pour comprendre que j’étais en piteux état, les vagues de douleur y veillaient, et apprendre qu’elle avait usé de magie ne me laissait pas beaucoup de place pour me tromper, même si la couverture légère me dissimulait mon corps et que je n’avais pas fait beaucoup d’efforts pour me mouvoir.

D’une voix douce et légèrement faible j’essayais de la rassurer peut-être un peu trop vite, oubliant au moins une de mes bonnes manières. « Non, non, arrête, ce n’est rien, ne t’excuse pas… » Je souris comme je le pouvais dans ma situation et eus envie d’y ajouter tranquillement la présentation par laquelle j’aurais peut-être dû commencer, mais je réalisai qu’elle devait déjà savoir qui j’étais et optai pour autre chose. « Et pourquoi Aerianna Hiisi aurait-elle besoin de deux mages pour la flanquer quand elle dort ? » Je commençai à rire doucement. L’argenté devait tout juste s’être réveillé et il était déjà debout à me surplomber, je n’attendis donc pas la réponse de la jeune femme pour m’adresser à lui. « Ulk, vas… t’occuper de toi. Laisse moi… recevoir notre invitée. Et toi aussi Ketill, envoie nous Tadeo quand tu l’auras trouvé. » Le premier grommela, le deuxième ne dit mot, et il n’y avait plus que l’invitée et moi-même dans la chambre.

« Tadeo te montrera où sont les cuisines et les bains si tu veux bien attendre, pour l’instant je suis simplement curieuse de connaître celle qui s’est réveillée dans le même lit que moi. » Si elle s’était occupée de moi et que mes sens étaient bien éveillés et fiables je devais être moins capable de charme qu’à mon habitude, mais j’essayais en tout cas. « Tu es qui ? » C’était une façon juvénile d’essayer de la lancer mais c’était ce qui viendrait, et je tournai à nouveau la tête dans sa direction pour plonger mon regard dans ses yeux sans aucune gêne. J’avais du temps avant que Tadeo n’apparaisse et j’allais essayer d’en profiter, il fallait juste qu’elle accepte le jeu. J’étais aussi gênée par la douleur et les gémissements – de plaisir – que je devrais réfréner mais j’étais de bonne humeur, et l’ombre qui menaçait de s’abattre avait attendu jusqu’ici alors que mes souvenirs restaient flous, pas une seule fois je ne me dis d’ailleurs que si les deux mages étaient allé jusqu’à l’épuisement c’était peut-être parce que c’était particulièrement grave et que peut-être ils devraient déjà être retournés aux soins.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 0:31


Lucrétia était encore rouge de honte quand l’héritière de la fortune des Hiisi lui offrit de se restaurer et de se laver. Elle était encore trop embêtée par son manque de retenue pour oser affronter la jeune femme du regard. A son ton de voix, la haute-prêtresse sentit qu’Aerianna Hissi essayait de se montrer soit taquine, soit polie … ou les deux.

« Tu es qui ? »

Toujours le regard détourné et baissé, la jeune femme fit une courtoise et discrète révérence telle qu’elle se pratiquait dans la Péninsule afin de marquer son respect à celle qui était désormais sa patiente. Troublée par ce langage familier, elle se présenta :

« Mademoiselle Hiisi, je suis Lucrétia. »

La jeune femme, dans sa confusion, ne remarqua même pas qu’elle avait complètement oublié de décliner son rang ! C’était un comble. Elle en oubliait les règles d’étiquette les plus basiques. D’un geste, la jeune femme tenta de se redonner une contenance en passant la main dans ses cheveux et en les attachant avec un ruban bleu qu’elle gardait toujours sur elle. Ce geste, bien que trivial, focalisa ses pensées encore hésitantes au vu de son état de fatigue.

Quand ce fut chose faite, elle ressembla les morceaux de sa fierté de scylléenne et se décida à affronter le regard de sa noble patiente.

Son cœur se serra quand elle la vit.

La première véritable image qui marqua l’esprit de Lucrétia en cet instant fut celle d’une femme recouverte d’un drap blanc dont les plis sculptaient de douces formes enrobées de la lumière matinale. Ses cheveux noirs de jais semblaient capturer les rayons du soleil tels les voiles de la nuit tandis que ses yeux, tels des onyx, pétillaient d’un éclat vif et alerte malgré les soins prodigués. Malgré ses bandages et ses blessures, Lucrétia devinait sous les tissus enduits d’onguents les courbes fines et délicates dignes de la noblesse estreventienne. Aerianna Hiisi, malgré ses blessures et ce qu’elle avait vécu, était un tableau sublimé par les rayons de l’aurore.

Lucrétia sentit au fond de ses entrailles comme une nuée de papillons venant la chatouiller de l’intérieur. C’était une sensation étrange et inconnue jusqu’alors, qui la mettait dans un inconfort certain. Cette femme dégageait un magnétisme certain, une sensation de délicatesse et d’assurance que la haute-prêtresse n’avait connu que chez son homologue péninsulaire.

Sa fascination lui retira la parole pendant une durée incertaine. Elle aurait pu rester là pendant plusieurs heures, accompagnée d’une excellente boisson chaude, à regarder sa patiente dans cette position. Il y avait quelque chose de divin dans cette apparition, de magnifique et de triste à la fois. Comment pouvait-on, par tous les dieux, être assez cruel pour infliger de tels sévices à pareil don de la déesse ?

Lucrétia se mordit la lèvre inférieure, comme toujours lorsqu’elle était soucieuse. Les papillons s’étaient déplacés dans son ventre. D’un geste, elle passa sa main gauche sur son estomac afin de calmer cette sensation à la fois plaisante et désagréable. Cela ne la chassa pas pour autant, mais la haute-prêtresse se sentit un peu plus maîtresse de la situation.


« Vous avez frôlé de peu la mort … Sans l’intervention de votre ami et de la Bienveillante, vous seriez morte à l’heure qu’il est … »

Une pointe de tristesse teintait la voix de la prêtresse. Elle repensa aux blessures qui marbraient le corps désormais bandé de la jeune femme. Elle se rappela aussi de ce qu’elle avait ressenti en faisant couler la magie au travers de son corps. Des champs de rasoirs … Quelle espèce de monstre pouvait bien être en liberté dans l’Ithri’Vaan ? Quelle espèce de cinglé pouvait ravager ainsi les conduits magiques d’une femme aussi angélique ?

Lucrétia était alors loin de se douter que la réponse se tenait en partie devant elle, sous les traits d’un ange meurtri…

Le travail de la guérisseuse n’était pas encore terminé. Elle devait vérifier que l’état de santé de la jeune femme était stable après cette nuit et que de nouvelles surprises ne se nichaient pas dans son corps.

« Veuillez pardonner mon impudence, mais je vais devoir vous examiner quelques instants pour vérifier que mes soins ont porté leurs fruits. »

Sans arrière-pensée aucune et ne désirant que le bien de sa patiente, elle s’assit sur le lit et passa sa main droite sur le front de la jeune héritière. Elle n’avait pas remarqué la veille à quel point sa peau était douce comme du lait. Lentement, elle souleva une mèche de ses cheveux, découvrant l’emplacement de son oreille manquante. Elle se pinça à nouveau les lèvres … le pansement avait été correctement fait. Si elle voulait récupérer son oreille, Lucrétia devrait être dans une meilleure condition physique : un bon repas, un peu de repos, et elle serait d’attaque.

La guérisseuse passa sa main sur le front de la jeune femme et commença à incanter en invoquant le nom de la déesse afin de diffuser à nouveau le don de la déesse afin de repérer de potentielles blessures oubliées. L’énergie magique se diffusa dans le corps d’Aerianna, au travers de ses conduits magiques déchiquetés. Lucrétia se demanda comment la jeune femme pouvait ne pas souffrir atrocement avec des tissus magiques aussi abimés. L’analyse dura plusieurs minutes. Les yeux fermés, Lucrétia sondait chaque partie du corps de la femme, vérifiant que tout était en place. Plus de fracture, pas de poison, pas d’infections … Tout semblait en ordre. Il ne restait que les blessures de second ordre : les brûlures, son oreille, …

Avec délicatesse, la haute-prêtresse fit ressortir les flux magiques et les dispersa, prenant soin de ne pas les coincer dans les parois déchiquetées de son être. Elle les frôlait à peine …

« Tout va bien … vous ne risquez plus rien. »

Sa tâche accomplie, Lucrétia rouvrit les yeux. Elle se figea instantanément. Sa main ! Durant le processus, la main qu’elle avait posé sur le front de l’héritière de la famille Hiisi s’était lentement déplacée sur sa joue gauche …
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 14:29

Lucrétia… ça suffirait amplement, et c’était si joli à entendre.

Sauf qu’elle n’osait toujours pas me regarder et que je pouvais facilement deviner sa gène sans pour autant la comprendre. Elle m’avait sûrement déjà vue en plus, plus dénudée qu’avec cette couverture, la différence d’être consciente et d’être éveillée était notable, mais je ne comprenais pas trop pourquoi elle la subissait à ce point. Enfin, si je ne pouvais pas trop me plonger dans ses yeux je pouvais toujours regarder le reste. Elle était jolie avec son teint hâlé et sa timidité apparente réhaussait ce fait en même temps que ses gestes précis nouaient sa chevelure. Il ne lui fallu que quelques instants pour finalement oser remonter les yeux, des yeux verts qui étaient comme la touche finale qu’il me manquait pour étirer mon sourire.

Des yeux dans lesquels j’allais me perdre bien longtemps. Pas tout de suite, pas dans l’instant, car son visage dans sa nouvelle orientation me permettait de la dévisager toujours sans la moindre honte et d’admirer ses traits fins tout en lui offrant un portrait presque immobile, mais je me dirigeais invariablement vers la même chose. Maintenant qu’elle avait passé le pas elle ne semblait pas avoir l’intention de cesser de me regarder et bien vite mon regard vint se plonger à nouveau dans ses yeux, y discernant un nouvel éclat. Je ne pouvais être celle qui interromprait un tel moment et j’allais devoir attendre qu’elle le fasse. L’interruption allait être annoncée par ce délicat mordillement de la lèvre inférieure et je manquai l’imiter, me rendant compte peut-être pour la première fois à quel point un tel geste pouvait être envoûtant, un geste auquel je m’étais habituée simplement parce qu’il était si efficace sur les autres, un geste dont j’étais cette fois la victime.

Jusqu’à ce que le sérieux de ses mots ne me rattrape, jusqu’à ce qu’elle parle de qui je devinais être l’argenté et Néera, jusqu’à ce qu’elle parle de quelque chose de bien plus sérieux.

Je tenais, au début, je parvenais à empêcher mon esprit d’aller se poser des questions, à le forcer de se concentrer sur Lucrétia, à le forcer de l’écouter. Je parvins tout juste à répondre un oui hésitant qui ne répondait pas tout à fait à ses mots, je parvins tout juste à tenir jusqu’à ce qu’elle s’assoie à mes côtés, jusqu’à ce qu’elle pose sa main sur mon front, me rassurant avec un contact doux. J’avais un sursis, un sursis encore rallongé par cette main qui passait dans mes cheveux, un sursis qui se rapprochait de son terme, ça arrivait, et la vague allait être forte, la vague allait me balayer. Mais avec les mots de l’incantation de la mage la douleur allait un temps servir comme une alliée, une alliée qui m’empêchait de penser tout en m’arrachant de légers gémissements, une alliée qui était amenée par l’énergie magique d’une autre, une alliée que je ne contrôlais pas, une alliée qui disparut quand Lucrétia avait décidé que tout était en ordre.

Ironiquement c’étaient les mots de la jeune femme qui allaient tout déclencher. Tout va bien. Cela ne pouvait pas être plus faux. Vous ne risquez plus rien. Je n’osais la croire et pour me protéger du monde je fermai les yeux.

Je commençai alors à revivre la scène, j’étais au sol, lui me surplombait, il n’avait pas intégralement respecté sa part du marché, il manquait quelque chose, il le savait, je le savais, les lances le savaient. La pulsion était venue, elle n’était pas préparée, et d’un coup il frappait, coup par coup. Cette fois j’étais à l’extérieur, cette fois je ne profitais pas du moment, cette fois je me voyais mourir, cette fois je le voyais me détruire, cette fois je le voyais… Et quand c’était fini, vraiment fini, même après qu’il soit revenu, quand c’était fini, quand il s’éloignait, tout recommençait. J’étais prisonnière du moment, et puis je le vivais plus j’en souffrais. J’avais envie de hurler, de tout arrêter, mais je ne pouvais pas, je continuais de gémir de plaisir, parce que c’était plus fort que moi, parce que c’était ce que j’avais fait la veille, parce que c’était ce qui m’avait amené si près de la mort.

Serais-je sortie de cet état si la main de la jeune femme n’avait pas été sur ma joue ? Je ne savais pas, mais en ouvrant à nouveau les yeux une larme glissa le long d’un cil noir, une larme perla, une larme s’écrasa sur la main, une larme annonça les autres qui s’écouleraient plus nombreuses, trop nombreuses. J’essayai de me redresser, j’échouai, je retombai sur le lit, je restai là. Les bras le long du corps je continuais de pleurer silencieusement alors que mon regard implorait de lui-même la jeune femme, il savait que j’en avais besoin. Il savait que j’en avais besoin mais moi non, alors que la seule chose que je pus exprimer était hoquetée.

« C’est… tout… de… ma… faute… »
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 18:23


Lucrétia s’était attendue à ce que la Princesse Marchande s’offusque de son geste, mais il n’en était rien. La demoiselle venait de fondre en larmes devant ses yeux. Lucrétia tenta d’imaginer un instant le calvaire que lui avait fait subir son tortionnaire. A sa confusion devait s’ajouter le stress post-traumatique et la fatigue. Elle ne pouvait que compatir à sa situation.

La dénommée Aerianna tenta de se lever, mais elle était trop faible pour cela. Au vu de ses blessures, elle devrait rester plus ou moins alitée quelques jours et forcer le moins possible sur son corps le temps de récupérer. Lucrétia s’étonnait que les blessures de la jeune femme ne la fassent pas autant souffrir qu’elle le pensait. Mais au vu de son état mental … c’était certainement un soulagement.

Lucrétia soutint le regard brillant d’Aerianna et esquissa un sourire, malgré son regard peiné. La haute-prêtresse était encore fascinée par cette apparition angélique et sentait son estomac se nouer à la vue de la souffrance de la demoiselle. Elle n’arrivait pas à savoir si la sensation lui déplaisait ou non … Si soigner des patients était son quotidien, elle se gardait d’ordinaire d’être trop proches d’eux, de peur qu’ils ne s’attachent à elle et ne se sentent trop redevables. Sa fonction de guérisseuse exigeait que malgré la compassion et la bienveillance dont elle devait faire preuve en tant que prêtresse de la DameDieu, elle dresse des murs pour éviter de trop s’investir émotionnellement dans ses patients. Cela lui permettait, entre autres, d’éviter de souffrir pour eux et de maintenir une certaine distance.

Mais cette femme dégageait quelque chose qui attirait irrésistiblement la haute-prêtresse, malgré ses larmes aux yeux et dans une telle position de faiblesse. Ce qui aurait dû mériter une indifférence polie était en train de démolir à grands coups de massue tous les murs que Lucrétia érigeait autour d’elle. C’était à la fois fascinant, frustrant, exaspérant, inédit ! Lucrétia avait des dizaines de mots pour qualifier cette sensation, mais aucun ne parvenait à en saisir la complexité.

Quelque peu désemparée, la jeune prêtresse fit ce que tout être humain aurait fait en cet instant, oubliant sa retenue de religieuse. Remontant ses mains le long des épaules d’Aerianna, esquivant les brûlures et les coupures, elle saisit délicatement le haut du corps de la jeune femme et la ramena contre elle. Sa main gauche lui caressa lentement les cheveux.

« Ca a dû être terrible … Mais c’est fini maintenant … Je vous promets que vous serez en sécurité ici. Ce n’est pas de votre faute ma chère. »

Lucrétia continuait de se demander qui pouvait bien en vouloir de la sorte à une Princesse Marchande. Elle n’était pas experte en psychologie, ni en traumatisme, mais il ne fallait pas être devin pour voir que son agresseur était d’une sauvagerie à toute épreuve. Heureusement que les Soieries étaient des endroits sûrs …

Afin d’éviter que la jeune femme ne souffre trop, Lucrétia tenta un petit tour qu’elle avait déjà utilisé sur certains de ses patients pour les calmer. Elle murmura quelques paroles à l’adresse de la déesse pour canaliser des bribes d’énergie magique et en diffuser la douce chaleur au travers de la princesse marchande. Ce n’était pas grand-chose, cela ne consommait pratiquement pas d’énergie, mais les flux étaient assez tangibles pour se sentir dans le corps et avaient un effet apaisant, tout comme la présence de la déesse. Elle espérait que de légers flux parcourant son corps pourraient la calmer. Elle était loin de se douter que les caresses des flux magiques n’avaient pas tout à fait l’effet apaisant qu’elle escomptait sur Aerianna.

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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 20:32


La sensation de ses mains contre ma peau, la sensation d’être serrée si près d’elle et cette main qui passait dans mes cheveux, tout ça allait m’aider. Pas assez pour tarir les larmes, pas assez pour faire cesser les soubresauts, mais assez pour que mon esprit s’éloigne peu à peu de cette zone sombre. Certains de ses mots étaient justes, d’autres sonnaient creux, mais elle essayait. Si j’étais toujours convaincue que c’était de ma faute et si j’étais malheureusement consciente que ça n’avait pas été aussi terrible que ça aurait dû l’être, c’était bel et bien fini et la seule sécurité que je puisse chercher résidait bien dans ses bras. Je ne répondis pas tout de suite à ses mots rassurants, j’essayais à la place de reprendre mon calme, de faire disparaître ces larmes, de lui autoriser à se débarrasser de son regard peiné. Je voulais que ce fardeau soit le mien tout en acceptant qu’elle m’aide à le porter.

Mais ça, c’était le plan initial.

Lucrétia crut bon d’incanter à nouveau, sans me prévenir cette fois, avec tout le calme du monde. Ce qui s’était produit une fois se reproduisait, et son énergie prit la place de celle que j’invoquais pour un tout autre objectif. Au début ce n’était pas assez pour que la douleur se fasse sentir, ce n’étaient que des chatouillis, assez agréables, qui allaient me pousser à remuer doucement dans ses bras. Puis alors que les hoquets cessaient et que mon esprit continuait de s’écarter de tout ce qui était sombre je commençais à sourire. Cela dura peut-être une poignée de minutes et bientôt il n’y eut plus de larmes pour s’ajouter à celles qui séchaient déjà sur mes joues. A cet instant je me dis que c’était sûrement ce qu’elle recherchait, qu’on le lui avait expliqué, et que le plaisir – un peu coupable car c’était lui qui m’avait mis dans cette position en premier lieu – pouvait parfois être un remède et qu’elle en avait fait le choix.

« Tu me chatouilles. » J’avouai à demi-mots.

Je remuais plus amplement bien que toujours assez faiblement, mais le désir se joignit à la danse alors qu’avec la douleur qui allait en s’amplifiant mon souffle se raccourcissait légèrement. J’aurais ronronné si j’en avais été capable, ronronné de plaisir, alors que la mage laissait mon corps s’emplir de douleur, que ce soit à son insu ou non, alors que l’énergie faisait comme celle que savais canaliser. Je me demandai en une pensée fugace si ma peau diaphane commençait à luire du même bleu, mais la douleur était sûrement toujours trop loin de ce que je m’infligeais pour ça. Elle était plus faible, mais aussi plus excitante, simplement parce que ce n’était pas moi à tenir la bride, qu’il y avait une dose de doute, un contrôle qu’on me retirait. Par chance mon esprit n’allait pas s’aventurer très loin sur le fait que c’était une réflexion qui m’avait fait survivre l’agression de la veille et je parvins à lui faire échapper au piège, aidée finalement par tout ce que Lucrétia faisait.

Il ne devait plus y avoir beaucoup de doutes sur ce qui se passait et quelques gémissements purent traverser mes lèvres alors que mes yeux s’étaient refermés plus tôt et que mon bassin avait entamé un imperceptible mouvement qui s’ajoutait au reste du remuement de mon corps comme fiévreux.

« Ça me fait du bien… » Je murmurai à nouveau, sans me rendre compte qu’il y avait énormément de cas de figure dans lesquels elle n’avait sûrement pas du tout envie d’entendre ça.

J’apprendrais alors bientôt si tout ce qu’elle faisait était un heureux accident ou une idée particulièrement efficace, mais à cet instant là je n’étais pas sûre d’en avoir quelque chose à faire, tant que ça me protégeait.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 22:32


Lucrétia sentit la jeune femme remuer dans ses bras à mesure que les bribes éparses d’énergie magique se diffusaient dans son corps. Ce n’était pas tout à fait ce à quoi elle s’attendait. Il s’agissait justement d’éviter qu’elle ne remue trop et qu’elle puisse se détendre. Avait-elle commis une erreur ? Elle lui avoua sentir des chatouilles dans son corps. Etonnant … C’était bel et bien contradictoire avec ce qu’elle essayait de produire comme effet.

La haute-prêtresse vit ses doutes se confirmer quand elle vit la jeune femme meurtrie commencer à gémir … de plaisir ?


« Ça me fait du bien… »

Ces mots étaient prononcés sans aucune ambiguïté. La magie n’était pas en train de l’apaiser, mais de l’exciter ! Comment ? Pourquoi ? Lucrétia n’en avait pas encore la réponse, mais prise de panique, elle cessa immédiatement d’impulser l’énergie dans le corps d’Aerianna.

Par la déesse, elle venait de commettre une grave erreur ! Ses pensées s’emmêlèrent immédiatement tandis qu’elle se figeait sur le lit, Aerianna dans ses bras. Un malentendu ! C’était un effroyable malentendu ! Ce n’était pas du tout ce qu’elle avait en tête quand elle avait tenté ce sortilège anodin. La pensée des conséquences de son acte afflua dans son esprit. C’en était fini d’elle ! Un mot d’Aerianna et elle finirait clouée au piloris ou pendue sur la place publique ou pire. Commettre un tel impair envers une princesse marchande était passible de châtiments pires que la mort.

Une idée, il lui fallait vite une idée pour se sortir de ce mauvais pas. Mais à cet instant, elle était incapable de trouver une manière de renverser la situation et de sauver sa tête. C’est à cet instant que le Dogme lui revint en tête. Tout ce qu’elle venait de faire ces dernières minutes était totalement contraire aux enseignements qu’elle avait reçu dans la Péninsule. Elle avait oublié le rapport hiérarchique, oublié sa réserve due à sa qualité de prêtresse et oublié qu’elle n’était pas là pour donner du plaisir mais pour préserver la vie. Que Néera la garde : une ruse d’Arcam ! Fourberies !

Elle était tombée dans un piège subtil que lui avait tendu Arcam. Il n’y avait pas d’autre explication possible. Oui, c’était Arcam ! Certainement Arcam ! Pas l’ombre d’un doute dessus. Non, elle n’était pas responsable de cette situation. Elle avait été abusée par …

Aerianna Hiisi ?

Lucrétia était désemparée. L’idée était ridicule … Elle ne pouvait blâmer Arcam pour une décision qui relevait de sa propre responsabilité. Elle ne pouvait pas non plus blâmer la princesse marchande : elle était sa patiente. Elle était sous sa garde …

Il lui fallait tout de même tenter quelque chose pour dissiper ce malentendu … N’importe quoi pour se sortir de ce quiproquo ! Tout ça, c’était dans sa tête. Un malentendu. C’était un malentendu. Elle avait mal interprété les propos de la princesse marchande voilà tout ! Oui, c’était sûrement ça ! Tout allait bien. Tout se passait bien. Il n’y avait rien à redouter. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !

La jeune femme inspira profondément pour ralentir les battements de son cœur qui s’emballait. Elle chassa petit à petit les idées qui parasitaient son esprit. Il lui fallait rester sereine, retrouver sa contenance. Son calme retrouvé, elle tenta de replacer Aerianna en position allongée sur le lit. Sans dire un mot, elle tenta de se relever pour sortir de la pièce et oublier toute cette histoire.

Elle se rendit alors compte que les doigts de sa main droite étaient entremêlés avec ceux d’Aerianna et que cette dernière ne la lâchait plus des yeux. Lucrétia bredouilla :


« Je … euh … Cela devrait … vous calmer … le temps que je recouvre assez de forces pour guérir le reste de vos blessures »

Personne dans cette pièce n’était dupe. La patiente n’avait en rien été calmée et Lucrétia savait pertinemment que son sortilège avait produit l’effet inverse. C’était la pire excuse du monde. Mais peut être qu’enseveli sous la promesse de guérir le reste des blessures, ce mensonge allait passer. Cela permettrait au moins de sauver les apparences.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeMer 21 Aoû 2019 - 20:47

La magie se retira, la douleur cessa et j’arrêtai progressivement de remuer, la laissant facilement me déplacer. Je n’étais pas partie si loin que j’avais perdu toute conscience de ce qui était en train de se passer, et sa petite panique n’était vraiment pas passée inaperçue alors qu’elle ne faisait finalement pas exprès. J’étais amusée mais aussi un peu déçue, chose que je n’allais pas lui avouer. Elle avait voulu fuir tellement vite que je n’avais pas eu le temps de relâcher celle de ses mains qui était liée à la mienne et je ris doucement devant son air affolé. Pas pour me moquer, je n’aurais jamais osé en réalité, pas avec ce qui venait de se passer. Non, je riais simplement parce qu’elle s’inquiétait pour pas grand-chose, même si elle ne pouvait s’en douter. Joueuse je continuai de tenir sa main une poignée de secondes de plus en la regardant avec des yeux eux aussi rieurs avant de la relâcher.

« C’était pour essayer de me calmer ? » Je demandai de manière incrédule avant de repenser à l’effet que j’avais ressenti quand les flux traversaient mon corps et de rougir un peu en baissant en volume. « Ah… la magie… je ne la ressens pas comme tout le monde… mais c’est la première fois que celle d’une autre me fait cet effet… » Peut-être étais-ce sa façon de s’en servir mais ça faisait déjà deux fois alors que jamais Ulk ne s’était trompé autant sur l’utilisation de sa magie, si elle y était allée plus fort ça m’aurait sûrement un peu trop excitée. C’en était presque devenu intéressant mais ça passait après le reste, le reste qui s’était dégagé et voulait se ruer vers la porte pour fuir, ce qui n’était pas forcément à mon goût, pas comme ça en tout cas. « Je suis désolée de ce qu’il vient de se passer, je ferais mieux de… Tadeo ! »

Ma voix ne porta pas bien loin, mais alors qu’après une ou deux dizaines de secondes je pensais avoir à appeler de nouveau la porte s’entrouvrit, laissant place à exactement celui que j’espérais, bien. « Veille à ce que Lucrétia ait rapidement de quoi manger et fais en sorte qu’elle puisse passer le temps qu’il lui faut dans les bains chauds. » Il était presque au garde à vous et acquiesça, sans demander qui était Lucrétia, il n’y avait qu’une candidate pour posséder ce nom dans la pièce, et elle semblait avoir besoin de tout ça. « Ah, et aussi, personne n’a à y entrer tant qu’elle n’en est pas sortie, mais ça devrait être évident. » Si les ordres avaient été donnés en le regardant lui, je me tournai à nouveau pour plonger mon regard dans ses yeux d’émeraude. « Si tu le veux bien, après, j’aimerais bien que tu viennes rejoindre le daedhel argenté ici, je… pour… le reste de mes blessures. » Elle pouvait s’enfuir, Ulk saurait éventuellement finir le travail, mais je n’en avais pas très envie, et je me demandai si c’était pour ça que j’avais hésité.

Lointaine était l’ombre qui s’était abattue sur moi et j’espérais qu’elle ne viendrait pas profiter de l’absence d’un quelconque soutien pour s’étendre et me recouvrir à nouveau, mais je ne pouvais pas raisonnablement donner à Tadeo une autre mission, et être seule n’avait pas que des mauvais côtés.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeJeu 22 Aoû 2019 - 0:57


Son rire l’aurait fait fondre si elle n’avait pas été aussi affolée … Malgré son état, la demoiselle arrivait à afficher une panoplie de sentiments qui n’en faisait pas une patiente ordinaire. D’habitude, ceux-ci gémissaient de douleur, pleuraient dans leur sommeil, ou étaient totalement apathiques.

Aerianna lacha la main de la haute-prêtresse et ses yeux se remirent à pétiller. Cette dernière l’écouta patiemment, ne cherchant pas à l’interrompre tandis qu’elle commençait à lui livrer une des pièces du puzzle. Elle la vit rougir tandis qu’elle lui expliquait, non sans conserver une part de mystère, qu’elle ne ressentait pas la magie comme tout le monde. Cela restait totalement obscur comme réponse et cela ne répondait absolument pas aux questions de Lucrétia, notamment sur l’état catastrophique de ses tissus magiques. Mais, à moins de la questionner plus longuement, elle doutait d’avoir plus d’éléments en cet instant. Néanmoins, elle ne sentait pas dans le sourire de la jeune femme la moindre trace de malice. Peut être était-ce un jeu de piste et se contentait-elle de lui laisser des miettes de pain pour maintenir sa curiosité ?


« Vous ne devriez pas être désolée. C’est de ma faute et … »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que la jeune femme appela son serviteur pour qu’il l’accompagne aux bains. Cette injonction ne souffrait d’aucun délai et la guérisseuse se retrouva vite – trop vite à son goût – hors des appartements de la princesse marchande.

Le serviteur qui l’avait amené en ces lieux lui fit parcourir le palais de l’héritière, dans lequel s’affairaient les nombreux serviteurs. Elle put apercevoir au travers de la porte d’un boudoir le drow argenté qui avait prodigué les premiers soins. Celui-ci semblait dormir, affalé sur un canapé moelleux, complètement épuisé. Elle n’eut pas l’occasion d’en savoir plus qu’elle était pressée par le dénommé Tadéo au travers des couloirs somptueux, décorés de riches matériaux.

L’homme finit par se poster devant une porte d’ébène finement ouvragée et sertie de dorures gereshis. Il lui fit signe d’entrer et lui expliqua d’une voix plus calme que la veille qu’il allait revenir avec des vêtements propres et de quoi manger. Le remerciant chaleureusement, elle pénétra dans la pièce.

Les bains privés des Hiisi étaient beaucoup plus grands que ses propres appartements au dispensaire de Sainte Iselda. Elle aurait pu loger à l’intérieur au moins l’ensemble des novices du temple. La pièce était dans le même style que l’antichambre dans laquelle elle avait patienté la veille, décoré dans le plus pur style gereshi. Le sol était en marbre péninsulaire d’une qualité telle que l’on ne le retrouvait que dans les plus belles réalisations de la Péninsule. Les colonnes, richement décorées avec des feuilles d’acanthes sur les chapiteaux, soutenaient de solides voûtes aux intrados finement ciselés de motifs de vignes. La lumière pénétrait dans la pièce par des lucarnes hautes dont les moucharabiés en bois venaient tisser et découper les rayons du soleil pour les projeter telle des dentelles sur les murs de pierres. Le sol de la salle était occupé en son centre par un grand bassin se faufilant entre les colonnades aux pieds cerclés de marbres orange. Au vu de la fumée qui se dégageait de l’eau, celle-ci était chaude et prête à l’emploi.

Lucrétia resta pensive. Combien fallait-il de domestiques pour maintenir une telle installation chaude en permanence ? Bien entendu, elle avait déjà testé les grands bains publics de Thaar, elle n’était pas novice en la matière, mais un tel bassin devait normalement accueillir au moins une dizaine de personnes. Dans le dispensaire, elle avait sa Marmite, son immense chaudron en cuivre et en étain dont elle se servait pour ses besoins personnels, mais son système improvisé à la péninsulaire faisait pâle figure devant le faste de ces bains privés.

Profitant de la tranquillité du lieu, elle se déshabilla et posa ses vêtements tâchés du sang d’Aerianna sur un panneau de bois finement ouvragé qui se tenait là et faisait office de paravent. Elle défit le ruban bleu de ses cheveux et le posa à côté de ses ballerines avant d’entrer dans l’eau chaude des bains.

Elle soupira d’aise à mesure que la chaleur emplissait son corps encore fatigué par les efforts de la veille. Ses muscles lui faisaient mal et elle se décida à les masser lentement afin de les dénouer. L’opération prit plusieurs minutes : il ne fallait pas que son corps reste perclus de fatigue et de tensions trop longtemps. L’art de la magie divine se pratiquait à la manière d’un instrument de musique : il ne servait à rien d’en jouer quand le corps n’était pas prêt. Elle chassa de son esprit tout ce qui s’était passé durant ces dernières heures avec Aerianna. Il valait mieux ne pas y penser. Elle adressa une prière matinale à la Bienveillante pour éviter toutes les pensées dérangeantes qui auraient pu se presser dans sa conscience.

Deux serviteurs en livrées ocre entrèrent silencieusement dans la pièce quelques instants plus tard. Le premier portait dans ses bras un plateau d’argent rempli de mets des cuisines tandis que l’autre portait des vêtements propres et des linges pour se sécher. Lucrétia leur adressa un inaudible « merci » tandis qu’ils se retiraient.

Sentant que la faim la tenaillait, elle s’approcha du plateau de victuailles et en fit rapidement le tour. Visiblement, on veillait à ce qu’elle soit correctement nourrie : trois types de pains agrémentés de graines, des œufs durs, des fruits de toutes sortes et de toutes les couleurs, de la viande séchée, des bâtonnets de légumes frais à tremper dans de la crème. Avec tout ça, non seulement elle ne risquait pas de mourir de faim, mais en plus, elle n’aurait jamais assez de place dans son ventre pour tout finir. Toujours dans le grand bain, elle se décida à faire un bon repas et dévora un peu de tout, non sans être agréablement surprise par la qualité de ces mets.

Son repas terminé, elle se décida à sortir du bain et se sécha. Les serviteurs s’étaient vraisemblablement emparés de ses propres vêtements. La jeune femme croisa les bras, espérant qu’ils n’allaient pas les brûler. Ce n’étaient que quelques traces de sang et d’onguents. Rien qui ne pouvait être lavé avec du vinaigre et du savon. Elle s’empara néanmoins des vêtements qu’on lui avait gracieusement prêté. Il s’agissait d’une robe bleue nuit et bleu gris tombant jusqu’à ses pieds et étant retenue sur l’épaule gauche par une broche en or dans le plus pur style de la cité de Geresh. Les plis de la robe étaient réhaussés par de multiples broderies dorées qui donnaient à la robe l’aspect finement ouvragé. Le tissu de la robe constituait une légère traine bleue grise dans le dos, se terminant pas un liseré d’or. La robe était maintenue à la ceinture par une cordelette dorée. L’ensemble était assez ravissant et correspondait bien aux couleurs arborées par le culte de Néera. La jeune femme se sentit immédiatement à l’aise dedans et enfila la paire de ballerines en toile bleue qui avaient remplacé ses propres chaussures. Les serviteurs n’avaient heureusement pas remplacé son ruban bleu aussi s’en servit-elle pour se créer une tresse et l’y nouer.

Elle n’avait certes pas l’habitude de se vêtir à la mode de Geresh, mais il lui fallait reconnaître que ces vêtements étaient particulièrement seyants. Un rapide coup d’œil dans le reflet de l’onde lui permet de vérifier qu’elle n’avait pas commis d’impair.

Tadéo vint la chercher quelques minutes plus tard et l’invita à se présenter à nouveau devant les appartements d’Aerianna. Le drow argenté semblait toujours dormir sur le canapé du boudoir attenant. Le chef des serviteurs frappa à la porte, désireux de s’enquérir de la santé de sa maîtresse.



La robe de Lucrétia:
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeJeu 22 Aoû 2019 - 20:00


Rester seule n’avait certainement pas que des mauvais côtés mais le monde allait essayer de me convaincre du contraire.

Mon visage arborait toujours un petit sourire quand la porte se referma mais il ne resterait pas là bien longtemps et au bout d’une poignée de minutes la vague déferla. Elle était plus forte que la première, elle allait m’emporter en un instant, elle allait rappeler les larmes, elle allait rappeler les souvenirs, elle allait rappeler que j’étais passée tout près de la mort, mais ce n’était pas le pire. Le pire, c’était la culpabilité. Il y avait des voix qui s’élevaient pour me dire que je ne savais pas qu’il allait me faire ça, il y avait des voix qui s’élevaient pour me dire que je n’étais que responsable de ce qu’il s’était passé avant, il y avait des voix qui essayaient de me convaincre que ce n’était pas de ma faute, mais elles étaient bien silencieuses comparées aux autres voix, celles qui hurlaient que c’était ce que je recherchais depuis le début, celles qui hurlaient que j’avais aimé ça, celles qui hurlaient que je m’étais exposée à un monstre et que je n’avais que ce que je méritais. L’esprit clair peut-être que les secondes voix auraient été aisément contredites, mais il ne l’était pas, et il n’y avait personne pour me soutenir, il n’y avait pas Lucrétia.

J’aurais dû appeler à l’aide, il y avait forcément des serviteurs dans les parages, mais je me sentais si seule que je n’avais même pas conscience de leur existence, je n’étais même pas consciente qu’il y avait quelqu’un, quelque part, qui pouvait m’aider, tout ce qui n’était pas dans cette chambre n’existait pas, tout ce qui n’était pas dans ce lit n’existait pas, et quand j’ouvrais ou fermais les yeux il était toujours là, à frapper en rythme, à hurler… Il manquait finalement la seule chose qui m’avait permis de résister, il manquait finalement la seule chose qui m’avait accompagné pendant ces longues minutes de la veille, la douleur, et je pouvais m’en charger. La peau luit, la douleur revint, les gémissements se firent entendre, à moitié exprimés, et tout cessa en un instant. Je ne parvins pas à mettre le doigt sur ce qui m’avait fait arrêter, même après un long moment consacré à réfléchir, alors que trouver quelque chose pour me distraire atténuait le reste.

L’état de panique avait peut-être duré jusqu’à une heure, c’était compliqué de savoir, mais mon esprit exténué décida de s’assoupir pour glisser jusqu’à un sommeil sans rêve, comme à son habitude.

Les coups sur la porte m’avaient réveillée en me faisant sursauter et j’allais attendre la deuxième série de coups pour comprendre ce qu’il se passait. Ce n’était qu’à la troisième que je répondis finalement d’une voix endormie mais assez forte pour être entendue de l’autre côté de la porte. « Entre. » C’était Tadeo… et c’était Lucrétia. Si j’étais restée de marbre en voyant le premier visage c’était le deuxième qui allait m’intéresser, celui auquel je souriais du plus petit des sourires. « Tadeo, laisse nous s’il te plaît. » Il était obéissant mais il n’était pas que obéissant, et s’il trouvait que c’était une mauvaise idée ou que j’oubliais quelque chose il ne pouvait que me le signifier. « Et Ulk ? » Je détournai le regard des émeraudes de Lucrétia, pensive, avant de répondre peut-être un peu trop rapidement. « Je n’ai pas besoin de lui tout de suite. » Avant de rajouter, consciente que c’était un peu trop direct. « Laisse le se reposer s’il n’est pas prêt, garde une oreille dans les parages et si je le fais appeler tu peux le mener jusqu’ici. » Il se retira alors avec un hochement de tête, fermant la porte derrière lui.

Je ne savais pas trop qu’est ce qui me poussait dans cette direction mais dans un élan d’honnêteté je voulus expliquer pourquoi je ne voulais pas de l’argenté. « Il n’est pas toujours aussi franc avec moi que je le souhaiterais, s’il y avait quelque chose de grave il me le cacherait peut-être. » Ce n’était pas toute la vérité, ce n’en était qu’un segment, mais il avait une importance assez grande. L’autre, c’était que Lucrétia était, comme moi, une femme. Et ça changeait tout. Et ça n’avait rien à voir avec cette espèce d’attirance ambigüe depuis mon réveil. Presque rien à voir. « J’espère que tout à été à ta convenance, on n’accueille pas grand monde quand je suis à Thaar, j’espère que les serviteurs se sont montrés sous leurs meilleurs jours. » Ici il n’y avait pas d’esclaves, d’ailleurs, ici ils étaient tous libres, ce qui n’était pas nécessairement le cas à Geresh. En pensant à la Cité Blanche d’Ithri’Vaan je souris un peu plus. Lucrétia en aurait été une si belle habitante, vraiment, vêtue comme elle l’était. Ça ne faisait qu’une ennéade que je l’avais quittée, tout au plus, mais j’avais l’impression d’être partie beaucoup trop longtemps.

Mais je ne l’avais pas amenée ici que pour l’admirer, je n’avais d’ailleurs pas pensé qu’on lui donnerait d’autres vêtements d’ailleurs, même si ce devait être logique. Non, je l’avais amenée ici pour lui poser une question sérieuse, répondre à un doute, un autre doute, qui concernait quelque chose qui pouvait changer ma vie à tout jamais, en plus de… tout le reste… Je ne la regardais plus, je regardais le plafond, quand j’ouvris finalement la bouche pour parler. D’abord aucun mot ne sortit, puis d’autres, que j’avais placé là pour remplacer les autres, ne trouvant pas le courage tout de suite. « Je les sens, les autres blessures, j’arrive à peu près à les oublier, mais ce n’est pas très joli, si ? Les morsures, l’oreille, le reste de mes cicatrices de brûlure… personne ne me trouverait désirable comme ça… » Puis, parce que parler m’avait lancé et que je me sentais enfin assez forte pour parler du reste, ce qui n’allait pas empêcher des larmes de couler alors que j’anticipais une réponse. « Et ce qu’il m’a fait… à l’intérieur… je… tu penses que je vais complètement me remettre ? Tu penses… qu’un jour je pourrais quand même… porter… des enfants ? » Il était grand, et grand, et revivre ça, revoir tout ça, ça me faisait douter.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeJeu 22 Aoû 2019 - 20:58


La haute-prêtresse resta silencieuse. Elle n’était pas là pour donner son avis sur le dénommé Tadéo, ni pour médire ou louer les serviteurs du palais d’Aerianna. Son rôle était de prodiguer des soins. Lucrétia se remémora à nouveau la scène de tantôt et chassa cette pensée de son esprit. Les soins, rien que les soins !

« Ils ont été d’une rare discrétion, ne vous en faites pas. »

La jeune femme lissa les pans de sa robe. Elle n’avait vraiment pas l’habitude d’être vêtue à la mode vaanie, mais elle devait avouer que ce n’était absolument pas déplaisant. Elle avait la sensation d’être beaucoup plus libre de ses mouvements que dans les robes péninsulaires qu’elle portait d’ordinaire. Avec un peu de chance, les finances du dispensaire seraient bientôt au beau fixe et elle pourrait peut-être envisager de troquer ses vieilles robes étouffantes pour quelque chose de plus local … qui sait …

« C’est juste que … je n’ai pas l’habitude de porter ceci, dit-elle avec une pointe de satisfaction qu’elle parvenait à peine à cacher. C’est si différent de la Péninsule … »

Elle se rendit alors compte qu’elle n’avait pas expliqué à l’héritière qu’elle était la haute-prêtresse. Devait-elle le faire ? Ses serviteurs l’avaient-ils mise au courant ? Dans le doute, il valait mieux ne rien dire.

La blessée ne pipait mot. Elle semblait non seulement perdue dans ses pensées, mais aussi en train de chercher ses mots. Lucrétia sentit l’atmosphère devenir tout à coup plus pesante. Elle avait déjà ressenti ce genre d’ambiance dans le dispensaire. La jeune femme avait la même attitude que ses cas les plus désespérés … ceux qui savaient pertinemment qu’ils allaient mourir, mais souhaitaient l’entendre de la bouche de la haute-prêtresse pour ne pas avoir à le formuler eux-mêmes. Elle était formée à ce genre de situations : tout ce qu’elle pouvait faire, c’était l’écouter.

La jeune femme resta droite comme un piquet, près du lit, écoutant les paroles hachées d’Aerianna. Quand il lui sembla qu’elle avait fini, Lucrétia conserva le silence, cherchant les mots les plus apaisants possibles pour ne pas la brusquer.


« Si vous sentez la douleur, c’est que votre Souffle ne vous a pas quitté. Cela peut vous paraître peu au vu de votre état, mais pour les gens qui vous entourent, c’est un soulagement … Les morsures, les brûlures, les mutilations … tout ceci, je peux le faire disparaître avec du temps et l’aide de la déesse si vous m’en faites la demande. Mais malheureusement, je ne peux pas soigner les blessures de votre esprit avec mes dons. Je ne peux que vous offrir une épaule pour pleurer, une oreille pour vous écouter et des bras pour vous réconforter. »

Elle marqua une pause avant de reprendre :

« Malheureusement, dans votre état actuel, je ne peux pas vous dire si vous serez un jour capable d’enfanter. Rappelez-vous : vous venez de frôler la mort ! Dans votre état actuel, vous ne pourriez même pas porter le nourrisson d’une autre dans vos bras. Vous devez reprendre des forces et vous focaliser avant tout sur votre guérison physique et celle de votre esprit … »

Le ton de Lucrétia était volontairement neutre. Ce qui s’était passé ce matin l’avait profondément troublé et elle s’imaginait que le seul moyen de s’échapper de cette étrange sensation qu’elle avait ressenti au contact d’Aerianna était d’ériger de nouveau des murs entre sa patiente et elle … même des murs de parchemin.

La jeune femme se mordit la lèvre inférieure. Ses mots avaient-il visé juste ?
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeVen 23 Aoû 2019 - 12:30


C’était bien, qu’ils aient été discret. Il m’avait fallu beaucoup de temps à Geresh pour faire comprendre à ceux que mon père aimait voir partout que je n’étais pas du tout de ce genre là et que je les préférais discrets voire absents. Au final ils ne donnaient que l’illusion d’être absents jusqu’à ce qu’on les appelle mais ça me convenait, comme Tadeo plus tôt qui avait sûrement passé quelques minutes derrière la porte à attendre mon signal sans m’interrompre. Ici, avec un travail très spécifique et des clients aux caprices tous plus étonnants les uns que les autres ils avaient plus rapidement su s’ajuster à mes envies. Il n’y avait aucun doute qu’ils avaient été moins discrets pour Lucrétia car il n’y avait pas d’habitudes et pas tous ces petits ajustements faits au fil des jours qui menaient jusqu’à un service parfait, mais si elle était satisfaite j’étais satisfaite. Et puis, si je ne l’avais pas été il aurait sûrement été trop compliquer d’y changer quelque chose, ce n’étaient pas que mes serviteurs et ils dépendaient d’un autre homme dont la mission était de faire tourner l’établissement, pas de me plaire.

Alors qu’elle commençait à répondre à mes questions avec des mots qu’elle voulait apaisants – et qui seraient même plus justes et plus précis que ses derniers – sa première phrase me perturba. Il y avait encore le doute, le doute que ses mots aient un double sens, que quand elle parlait de douleur elle savait très bien ce qu’elle faisait, qu’elle jouait un peu. Elle n’en avait pas du tout l’air, et mes yeux qui étaient revenus dans les siens ne voyaient rien qui sorte de l’ordinaire, mais ça entretenait vraiment ce doute qui était finalement excitant, ou l’aurait été, si je n’attendais pas une réponse bien précise, si je n’attendais pas qu’elle m’ôte d’un doute et me libère. Mais en attendant que la libération vienne je continuais de l’écouter, silencieusement, repoussant ce soulagement de ceux qui m’entourent alors que les deux personnes les plus importantes ne se doutaient de rien, mais embrassant volontiers la disparition de mes blessures et surtout ce soutien qu’elle voulait bien m’apporter, un soutien qui séchait mes larmes, ou essayait, en tout cas.

La libération n’allait pas venir, et les mots qui suivirent je les entendis sans les écouter, car le doute resterait, car je ne pourrais promettre à Sauveur un enfant, car je ne pourrais promettre à Rauast une descendance, car je vivrais quelque part dans l’incertitude jusqu’à ce que quelque chose qui était peut-être impossible survienne. Il n’y eut aucune larme pour accueillir la nouvelle, ou plutôt l’absence de nouvelle, juste un regard vide et une absence d’émotions. Mais elle ne dura pas très longtemps, parce que quelque part il y avait une part de raison qui me disait que rien n’avait changé entre maintenant et ce réveil aux côtés de Lucrétia, que ça ne faisait aucun sens de m’arrêter maintenant si j’avais continué jusque là. Et comme rarement elle ne le faisait la raison l’emporta et mes yeux trouvèrent à nouveau les siens. Elle m’avait proposé des choses, elle m’avait aussi dit qu’il fallait que je lui demande si je voulais qu’elle aille plus loin dans ses soins. « Je veux bien tout faire disparaître, mais ne touche pas à mon oreille, s’il te plait. Mais avant… je crois que j’ai besoin de réconfort. » Tout avait été murmuré et il n’y avait pas de malice dans mes mots, juste un réel besoin.

Et quelque part, alors qu’elle me donnerait ou non ce que je demandais, une question allait être murmurée. « Tu as mentionné la Péninsule ? C’est comment ? » J’avais eu l’esprit beaucoup trop préoccupé quand elle en avait fait mention, mais maintenant que je voulais justement me changer les idées c’était un sujet de discussion comme un autre, un qui me ramenait à cette première fois que mon père m’avait parlé de cette Péninsule de laquelle il venait, une Péninsule que je n’avais pas connue.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeVen 23 Aoû 2019 - 19:26


« Très bien. Je ne toucherai pas à votre oreille. »

Elle aurait bien voulu rajouter un compliment, mais elle sentait que présentement, cela aurait été fort déplacé et surtout complètement à côté de la plaque. Elle répondit cependant à la demande de la jeune héritière en s’asseyant à côté d’elle sur le lit. Ses mains se placèrent sur les plis de sa robe pour les lisser : elle en était encore à s’habituer à ce vêtement, mais cela commençait à venir.

La jeune femme passa la main dans ses cheveux pour toucher le ruban de sa tresse et se remémora les années passées dans la Péninsule avec une certaine pointe de mélancolie.


« La Péninsule … Enfin … C’est un bien grand mot, je n’en connais pas tous les recoins. Je suis née en Scylla, dans le sud de la Péninsule. Ce sont des terres fertiles et paisibles et ma famille y produit du sel et du vin. C’est une vie simple, pieuse et tranquille. Les Scylléens sont d’habiles commerçants et des gens fiers de leur contrée et de leurs traditions. Je me souviens des fêtes à l’époque où les arbres perdent leurs feuilles, mais aussi du bon air de la mer et les étals des marchands d’épices de Pharembourg. Il faut aussi voir la lumière du matin sur les façades blanches des temples … C’est un véritable spectacle. »

Lucrétia marqua une pause, avant de continuer son récit. Elle parla pendant plusieurs minutes : de la vie au bord de la mer, de la richesse des terres intérieures, des différents vins du Comté, de Pharembourg et de ses bâtisses de pierres blanches et de bois clair, des temples et de leurs vitraux finement ouvragés, de la caresse du vent, de l’odeur des épices. Elle aurait pu disserter sur sa contrée natale durant des heures, mais ne ressentait pourtant pas le mal du pays. Enfin … elle avait fait le deuil de son pays natal depuis longtemps. Elle ne gardait avec sa famille et sa hiérarchie que des échanges épistolaires réguliers depuis qu’elle s’était engagée pour étendre l’influence de la DameDieu au-delà des mers, à Nelen et à Thaar.

Les minutes passèrent. Quand Lucrétia sentit qu’elle en disait trop et qu’elle se livrait trop à la jeune femme, elle s’arrêta et conserva le silence. Elle n’avait pas envie de s’étendre plus sur le sujet et de trop se dévoiler à la jeune femme. Mais … ses yeux … ses yeux ne la lachaient pas et tentaient de la décortiquer comme une orange et de la mettre à nu. Lucrétia ressentit un inconfort certain. Les papillons dans son ventre recommencèrent à lui chatouiller les entrailles. Elle voulait détourner le regard, mais ses yeux étaient irrésistiblement happés par ceux d’Aerianna. En avait-elle trop dit ?

Lucrétia se mordit la lèvre inférieure tandis qu’elle tentait de se dégager du regard brillant d’Aerianna.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeVen 23 Aoû 2019 - 21:24


Je n’aurais pas dit non à des bras pour me réconforter, mais avoir sa présence assise au bord du lit suffirait. Je savais de toute façon qu’elle avait été dans trop d’inconfort pour lui imposer quoique ce soit qui y ressemble.

Le sud de la Péninsule, donc, loin de là d’où ma famille venait, quelque part qui pouvait ressembler à l’Ithri’Vaan, quelque part qui pouvait ressembler à Geresh si j’en croyais ses mots, un endroit où on produisait du sel et des fruits qui éventuellement finissaient dans les vins locaux, sauf qu’il n’y avait plus rien quand on allait trop profondément dans les terres, sauf que je connaissais probablement moins de ma cité et des ses traditions qu’elle en connaissait de Scylla. Et pour cette raison je buvais ses paroles, intéressée par ce qu’elle racontait mais encore plus par comment elle le racontait, par cet amour qu’elle dégageait et qui faisait contraste avec ses mots qu’elle avait prononcés pour me rassurer. Quand elle parlait des temples comme si c’étaient les siens, quand elle parlait des vitraux comme si elle les avait observé pendant des jours entiers, je l’imaginais dans un temple de Néera à accueillir toutes sortes de visiteurs. Quelque part au milieu de ses mots je parvins à glisser que c’était du nord que mon père venait.

Mais il suffisait que mon regard se perde sur sa robe et en un instant elle était à Geresh, dans un temple de Néera dont les façades étaient sûrement plus blanches encore que celles des temples de Pharembourg.

Il ne s’y perdait pas longtemps, ce regard, et il revenait invariablement se perdre plutôt dans ses yeux à elle. C’était lors d’un de ces moments qu’elle s’arrêta brusquement, cessant simplement de parler comme s’il n’y avait plus rien à dire. Puis après quelques instants de silence elle recommençait ce mordillement de lèvre, elle recommençait à m’envoûter, sans que je ne puisse lui en vouloir, même dans le cas absurde où j’aurais voulu lui en vouloir. Elle revêtait sûrement énormément d’importance pour moi à cet instant là par rapport au rôle qu’elle tenait depuis son arrivée, par rapport au fait que c’était une femme qui avait forcément une autre sensibilité qu’un daedhel éduqué au Puy il y avait bien longtemps, mais il ne pouvait pas y avoir que de la reconnaissance. La reconnaissance seule ne devait pas pouvoir faire cet effet, elle n’attachait pas deux regards aussi solidement, dans un instant qui s’allongeait peu à peu. J’étendis alors instinctivement une main vers son bras pour simplement toucher sa peau et m’assurer qu’elle existait bien, alors que la journée m’avait au moins appris que c’était elle qui repoussait l’ombre.

Elle existait bien, et une certaine gêne allait m’envahir alors que me revenait cette séparation un peu plus tôt, et cette panique qu’elle m’avait montrée.

Je fermai enfin les yeux, pour réfléchir, avant de les ouvrir en regardant dans une toute autre direction, le plafond. J’allais m’excuser, encore une fois, sans trop savoir pourquoi. « Je suis désolée. » Ça sonnait creux, surtout parce que quelques heures plus tôt nous avions toutes deux prononcé ce mot, surtout parce que ma main était toujours posée sur son avant bras. « J’ai remarqué que ça te dérange, mais… » Il n’y aurait pas de suite, alors que mon bras se retira lentement pour retomber doucement sur le lit. Je lui laissais le pouvoir de se détourner de moi, le visage légèrement fermé, sans sourire, j’allais lui donner encore plus de ce pouvoir en murmurant doucement et juste assez fort pour qu’elle l’entende. « Je peux faire appeler Ulk, si tu préfères. » Il y avait deux décisions qui venaient avec la proposition, et la proposition était restée assez peu détaillée pour que l’une d’entre elles ne se dévoile pas et puisse passer inaperçue.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeVen 23 Aoû 2019 - 22:31


Lucrétia frissona quand elle sentit le contact de la main d’Aerianna sur son bras. Les papillons s’envolèrent dans son corps, causant de délicieux, mais inconfortables sensations. Les excuses d’Aerianna sonnaient creux … et de toute façon, en cet instant, elle ne souhaitait pas les entendre. Cette femme dégageait quelque chose de si hypnotique que malgré l’inconfort qu’elle ressentait, quelque chose la poussait à ne pas se dégager de ce contact si particulier, mais à le rechercher.

La caresse d’une petite brise chaude traversa les fenêtres ouvertes. Ses sens ouverts, la jeune femme sentit ce qui lui semblait être la présence de la Bienveillante. Quelque chose lui soufflait de ne pas se formaliser outre mesure de la situation. Était-ce sa déesse qui lui disait de se laisser porter par les évènements ? Pourtant, le Dogme réprouvait ce genre d’attitude … Comment la déesse pouvait-elle être en contradiction avec le Dogme ? A moins que ce ne soit elle qui surinterprétait la douce chaleur qu’elle sentait monter en elle et réduire les papillons en cendres.

« J’ai remarqué que ça te dérange, mais… »

Son cœur se serra. Elle voulait pouvoir lui répondre, mais elle se sentait à court des bons mots et des phrases toutes faites qu’elle mémorisait depuis toute petite à Pharembourg. Le contact d’Aerianna la dépouillait pour la première fois de ses atours de prêtresse. Elle ne parvenait plus à être Lucrétia, haute-prêtresse de Néera en Ithri’Vaan, malgré tous ses efforts. A cet instant, elle n’était que Lucrétia. Lucrétia sans sa contenance de haute-prêtresse. Lucrétia sans sa cohorte de novices. Lucrétia sans le poids du Dogme … Lucrétia tout simplement.


« Je peux faire appeler Ulk, si tu préfères. »

Son cœur s’emballa. Toute son éducation lui hurlait que c’était la meilleure chose à faire. Faire cesser ce supplice, se replier derrière sa mission et tout oublier par la prière. Mais son esprit et la présence de la déesse lui soufflaient de crier son désaccord. Le visage d’Aerianna ne réflétait plus aucune expression, plus aucun son … seulement une attente patiente … un supplice pour la haute-prêtresse. Que lui voulait-elle ? Pourquoi la faire autant souffrir alors que c’était elle la patiente ?

Elle n’avait plus le choix. Impossible de se dérober.

Sa main gauche s’avança et saisit délicatement la main posée sur son épaule. Lentement, elle la remonta jusqu’à sa joue. Il s’agissait d’une des rares parcelles de peau de la jeune femme qui n’était pas recouverte de bandages. Sa main était douce : elle ne devait avoir jamais tenu un instrument de musique ou un maillet de sa vie … Ses lèvres entrèrent en contact avec ses doigts. Lucrétia, dans un souffle, concentra des bribes de flux magiques dans son corps et les souffla au travers des doigts d’Aerianna, espérant reproduire la réaction de tantôt.

Elle plongea à nouveau son regard dans le sien, ne laissant plus aucun doute quant à ses intentions, malgré le conflit intérieur auquel elle faisait face à la nouveauté de l’expérience. Quelle que soit sa décision, Lucrétia était prête à l’accepter. Elle qui utilisait la magie pour soigner les êtres vivants au nom de Néera … pouvait-elle utiliser la magie pour leur donner du plaisir ?
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeSam 24 Aoû 2019 - 14:48


Elle ne répondit pas, elle n’acquiesça pas, et elle me saisit simplement la main après un long supplice pour en porter les doigts à ses lèvres et… mon cœur sauta un battement… elle faisait vraiment ça ? Mon regard se tourna instantanément dans sa direction pour y chercher la réponse qu’il trouva bien rapidement. La douleur, le plaisir, il n’y avait pas tellement de différence, si ce n’était que tout était voulu. Je doutais même que ce soit vraiment de la douleur, peut-être que le sortilège était conçu pour ça, ou que ma perception étrange de la magie transformait la mienne en une douleur et la sienne en un plaisir qui n’avait rien à voir. Peut-être que j’aurais dû le lui avouer, que l’effet n’existait probablement que parce qu’elle commençait à me faire mal, mais quand le doute existait et qu’il n’y avait aucune différence fonctionnelle de mon côté et que le résultat était escompté et en phase avec son intention, ne serait-ce pas tout gâcher que de la faire arrêter par un petit peu trop d’honnêteté ? Ce ne devait pas être un secret trop lourd à garder…

Je jugeai bon de sourire, pour la rassurer, peut-être, et bientôt alors que le même effet se produisait je recommençai à remuer, glissant quelques mots avant de partir trop loin et de ne plus pouvoir l’arrêter. « Tu peux arrêter quand tu veux… » Un tout petit gémissement et je reprenais. « Je ne te le reprocherais pas… » C’était vrai, il n’y avait rien de plus vrai à cet instant là, et mes yeux brillaient d’un nouvel éclat, d’une envie qui venait se rajouter au jeu des émotions. J’y aurais sûrement rajouté des gestes aussi, des gestes auxquels elle ne devait pas nécessairement être habituée si j’en croyais son regard, mais ma main prisonnière allait le rester et l’autre était trop éloignée pour faire quoique ce soit dans un tel état de faiblesse. Ainsi mon regard, mon corps qui remuait et mon bassin qui se joignit à la dance allaient être les trois seuls éléments qui pouvaient lui faire comprendre à quel point j’appréciais son traitement.

Il y avait les gémissements, aussi, mais ceux-ci j’essayais de les étouffer en m’agrippant avec le peu de force que je possédais aux draps du lit, tant que c’était possible du moins, pour éviter de l’effrayer. Je ne savais pas grand-chose d’elle, mais alors que j’étais celle qui recevait ses attentions et surtout que je ne pouvais les lui rendre j’avais l’impression d’avoir une plus grande responsabilité en cet instant, qu’il fallait que je veille sur elle d’une façon ou d’une autre. C’en était presque ridicule mais dans le moment tout semblait logique. Seulement, je ne pouvais pas contrôler tous les gémissements et il y en eut pour être suffisamment forts que d’autres n’étaient pas très loin de les entendre. Et je compris presque trop tard que dans l’état où ils m’avaient laissé, entendre de tels gémissements pouvait être signe que quelque chose avait échappé au contrôle de celle qui devait me soigner. Je murmurai à mi-voix – dans un rythme haché – mes directives au cas où elle souhaiterait continuer, tout en étant bien consciente que je risquais de briser le moment.

« Je… si je reste… allongée comme… ça… je vais être… trop… bruyante… et… ils vont venir… » Une première pause alors que j’essayais avec succès de réfréner un gémissement trop bruyant. « Si tu me… redresses… et… » Encore une pause. « …me tiens contre toi, ça devrait aller. » Le pari était sûrement osé, mais s’il fonctionnait il m’apporterait bien plus que ce dont j’avais besoin, et j’aurais juré que mes yeux l’avaient révélé à Lucrétia.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeSam 24 Aoû 2019 - 16:32


Les paroles d’Aerianna confirmèrent ce que Lucrétia ressentait à cet instant. Son sortilège fonctionnait – peut être pas de la manière dont elle le pensait – et cette découverte fut un véritable déclic dans son esprit. Peut être que le don de la déesse pouvait servir à autre chose que de réparer les vivants. Peut être pouvait-elle s’en servir pour procurer du plaisir aux gens … Si la déesse ne lui avait pas retiré ses pouvoirs en cet instant, peut-être approuvait-elle son choix ?

Lucrétia passa sa main sa main droite dans le dos d’Aerianna et commença à la relever doucement, obéissant à sa demande. Elle était aussi légère qu’une plume : les soins l’avaient affaiblie et elle ne devait pas être bien épaisse au naturel. Mais surtout, elle n’opposait aucune résistance à ce que faisait la haute-prêtresse, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

Une délicieuse sensation envahit la prêtresse. Elle avait envie de protéger cette demoiselle au visage d’ange. Elle semblait si fragile en cet instant et pourtant s’accrochait à la vie. Ses grands yeux noirs ne laissaient aucun doute quant à ses désirs et Lucrétia ne pouvait qu’obtempérer, devant elle-aussi aller au bout des étranges émotions qui la traversaient. Chaque gémissement d’Aerianna, mêlés de douleur et de plaisir, réveillait en Lucrétia l’envie de continuer, de contenter l’être meurtri et pourtant si sûre d’elle en cet instant.

Sa main pressa délicatement la blessée contre le corps de la jeune femme. Comme dans les danses de salon de la Péninsule, Lucrétia menait. Son visage n’était qu’à quelques centimètres d’Aerianna … Elle n’arrivait pas à soutenir son regard, aussi cilla-t-elle avant de laisser son index remonter le long de la colonne vertébrale de la jeune femme, diffusant des bribes d’énergie magique le long de son dos. Elle sentit la réaction de la jeune femme comme une incitation à continuer …

Lucrétia maintint le silence et continua de jouer quelques instants avec les doigts d’Aerianna avant de lui lâcher la main et d’approcher son visage de son oreille valide. Elle lui murmura à l’oreille :


« Je suis désolée … Je ne devrai pas … Mais j’en ai besoin … »

L’odeur d’Aerianna avait quelque chose d’envoûtant. Le parfum et la douceur de sa peau étaient des choses que la jeune femme découvrait peu à peu. Au sein du culte de Néera, si aimer n’était pas interdit, les prêtres se devait de respecter une certaine distance pour ne pas que leurs sentiments empiètent sur leur mission. Lucrétia avait toujours respecté cette règle jusqu’à présent, faisant passer son amour pour Néera au-delà de toute autre considération. Si elle avait eu des aventures avec des hommes, elles restaient pourtant très rares tant son travail occupait une place importante dans sa vie.

La prêtresse enlaçait toujours Aerianna, son index droit continuant de diffuser le souffle de la déesse dans son corps. Rien qu’à cet instant, elle sentait déjà ses envies se combler : donner du plaisir à un autre individu, n’était-ce pas une noble chose ?

Toujours collée à son oreille, la haute-prêtresse finit par se reculer et caressa de sa main gauche l’épaule d’Aerianna. Son regard soutint le sien. Elle ne se sentait pas de brusquer les choses. Si la demoiselle voulait aller plus loin, il ne tenait qu’à elle de continuer.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeDim 25 Aoû 2019 - 15:07


Elle m’avait écouté, elle avait suivi mes directives, elle ne voulait toujours pas arrêter et l’ombre ne s’était jamais tenue aussi loin de moi alors que je trouvais refuge dans les bras de Lucrétia, contre son corps, enfermée dans son étreinte. Mes gémissements étaient de plus en plus réguliers mais crispée j’arrivais à mieux les étouffer dans cette nouvelle position, je pouvais aller plus loin sans alerter qui que ce soit d’autre que la prêtresse qui s’en nourrissait pour continuer de plus belle. J’avais perdu ses yeux du regard mais elle était si proche et si enivrante que je ne m’en rendis pas compte tout de suite alors que nos visages se rapprochaient, le contact de sa peau hâlée sur la mienne n’était pas aussi marquant que je l’aurais pensé, mais tout le reste, tout le reste était merveilleux. Et encore plus quand la main dans mon dos allait peu à peu prendre le relais de celle qui tenait ma main dans un instant qui s’étira, un instant où les deux sources de plaisir allaient opérer en même temps. Le gémissement qui suivit ne put vraiment être réfréné et se plaça à la limite de ce qui alerterait l’extérieur, accompagnée toujours du même remuement qui ne laissait aucun doute à personne.

Je ne compris rien à ses mots, ils ne faisaient plus aucun sens, nous avions toutes deux accepté ce que l’autre faisait, nous avions toutes deux eu notre lot d’excuses qui avaient toujours sonné creux, et là, elle continuait, en me murmurant à l’oreille, dans un souffle qui ne faisait que m’exciter un peu plus. « Pourquoi… désolée ? Tu ne… devrais… pas… quoi ? Tu as besoin… de… quoi ? » Cela aurait été bien plus simple de répondre dans d’autres conditions, et j’aurais probablement fait autre chose que de répéter bêtement ses mots. Je n’étais pas inquiète car elle n’avait fait aucun effort pour s’éloigner de moi, mais j’aurais voulu savoir ce que ça signifiait, j’aurais voulu savoir de quoi elle avait besoin, car si je pouvais le lui apporter, ce qui semblait évident, je voulais savoir que c’était quelque chose que je lui apportais, pas le faire simplement par ignorance et parce que par hasard nos besoins s’étaient retrouvés alignés.

Quand elle se recula ses yeux revinrent se plonger dans les miens. J’avais presque eu le temps d’oublier ce regard et j’étais heureuse de le retrouver, une joie légèrement gâchée par le retour de cette impression que j’étais un peu trop insensible à ses caresses. Je les sentais, je les appréciais, je n’avais pas envie qu’elles cessent, mais elles ne participaient pas à ce qui me faisait gémir, à ce qui me faisait fondre de plaisir, elles étaient comme détachées du reste. J’étais légèrement inquiète mais préférai oublier pour le moment, me concentrer sur ces yeux, me concentrer sur ce visage, me concentrer sur Lucrétia, me concentrer sur ces lèvres, me… J’approchai mon visage du sien, ne cherchant pas comme elle à s’approcher d’une oreille et murmurer quoi que ce soit, ne cherchant que le contact de ses lèvres alors que j’osai un baiser timide, un baiser qui ne consistait qu’à déposer mes lèvres sur les siennes et à m’écarter ensuite, osant un sourire presque aussi timide alors que mes yeux qui n’avaient pas eu d’autre choix que de s’écarter des siens revenaient trouver leur juste place.

Mes bras restés ballants jusque là commencèrent à se mouvoir alors que mon bras gauche essayait de se faire assez fort pour se glisser dans le dos de Lucrétia et remonter autant qu’il le pouvait, et ma main droite vint glisser contre le tissu de sa robe pour s’arrêter et se poser sur sa cuisse. J’avais tellement d’envies que je ne pouvais pas assouvir à cause de cette faiblesse qui était on ne pouvait plus normale alors que j’étais passée si près de ma mort. Et là, dans cette étreinte, je pouvais enfin y penser comme une bonne chose, une mort évitée, plutôt que comme l’horreur que ça avait été. Jusqu’à la prochaine fois que la magie avait touché un point sensible, en tout cas, alors qu’un nouveau gémissement allait rapidement me changer les idées.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeDim 25 Aoû 2019 - 20:48

Les mots d’Aerianna étaient désormais inaudibles pour Lucrétia. Elle ne pouvait plus l’entendre, seulement la sentir se mouvoir contre elle, incapable de se soustraire à sa magie. Mais les caresses de la jeune femme semblaient ne pas avoir l’effet escompté sur la Princesse Marchande : seule la magie semblait en avoir. C’était peu, mais suffisant aux yeux de la prêtresse. Tout était si nouveau et si inattendu qu’elle pouvait aisément passer sur cette particularité de son éphémère compagne.

C’est alors qu’elle sentit les lèvres d’Aerianna se poser sur les siennes. Quelle surprise ! Cela n’avait duré qu’un instant, mais cela avait laissé un parfum léger sur ses lèvres. Un délicieux parfum floral … Et une douce sensation de désir mêlée d’une profonde satisfaction. La jeune femme se pinça délicatement les lèvres, espérant sentir à nouveau la douceur et le parfum des lèvres d’Aerianna, mais déjà, celle-ci se dérobait à elle. Cette sensation de manque était aussi intolérable que la fugacité du baiser.

Elle frissonna de plaisir quand elle sentit les mains d’Aerianna commencer à arpenter son corps. Le froissement du tissu, la main sur sa cuisse, la légère pression qui se faisait dans son dos et ramenait la prêtresse au contact de la blessée … C’était à la fois stimulant et délicieux. La prêtresse lâcha prise et réagit aux caresses d’Aerianna en se mordillant les lèvres. Continuant à caresser le dos d’Aerianna et d’y diffuser de plaisantes bribes de magie, Lucrétia souleva lentement le pan de tissu bleuté qui lui couvrait la cuisse afin de pouvoir sentir au plus près la main légère de sa protégée.

De ses doigts experts, elle intima à la main de sa partenaire de lui caresser sa cuisse nue. Lucrétia réprima un gémissement pour ne pas affoler Aerianna et souhaita basculer en arrière pour se laisser faire mais se ravisa. C’était délicieux, à défaut d’être divin. Rapidement, elle condensa les flux magiques flottants sur son propre épiderme. Si Aerianna continuait à la toucher, elle sentirait immédiatement la magie s’insinuer en elle, tout simplement. C’était une manière simple de continuer cet échange …

Mais Lucrétia en voulait plus ! Tout de suite ! Immédiatement ! Mais l’état de sa patiente … elle ne pouvait pas y aller trop fort. Elle ne pouvait pas la brusquer. Pas maintenant. Mais en même temps …

Lucrétia utilisa sa main disponible pour passer son index sur les joues d’Aerianna. Puis, elle prit l’initiative de l’embrasser, plus longuement cette fois-ci, tout en continuant à diffuser le souffle de la déesse dans son corps. Cela étoufferait certainement les gémissements de plaisir de l’héritière …

Sa main continua de caresser la joue d’Aerianna tandis qu’elle l’embrassait, puis, lentement, mais sûrement, sa main glissa le long de son cou, puis sur son épaule, puis descendit avec tendresse et curiosité le long de sa poitrine pour s’arrêter vers son ventre.
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MessageSujet: Re: Une dévotion de circonstance [Lucrétia]   Une dévotion de circonstance [Lucrétia] I_icon_minitimeLun 26 Aoû 2019 - 14:45


Elle ne répondit jamais, pas par des mots en tout cas, elle s’était perdue au moment, et il n’y avait plus que mes mains pour communiquer.

Ses frissons qui me répondaient, ce mordillement qui reprenait, ce geste qui me donnait un accès direct à une cuisse nue, ce gémissement réprimé… le don qu’elle me faisait l’avait déjà bien excitée et j’en étais heureuse alors que j’avais tant tardé à participer à son plaisir. J’obéis à ses directives silencieuses d’abord, continuant de la caresser doucement de longues minutes jusqu’à ce qu’elle trouve une solution ingénieuse à mon insensibilité inquiétante, à mon insensibilité nouvelle. Désormais chacun des contacts entre nos deux peaux créait un nouveau point d’entrée pour que son énergie magique se déverse dans mon corps, et elle simulait finalement un nouveau sens du toucher plus excitant encore que celui que je pensais avoir perdu. Un regard empli de plus de chaleur encore que tous les précédents lui répondit, et je me retrouvais tiraillée entre l’envie d’aller vite, de la dévorer de désir, et l’envie de faire durer le moment et de l’étirer sur une éternité.

Mais c’était Lucrétia qui allait prendre les commandes, et alors que cet index commença à tracer des sillons d’énergie sur mon visage je ne vis pas venir le baiser. Un baiser plus long, un baiser plus langoureux, un baiser rendu magique par des sensations que jamais les autres baisers ne m’avaient procurées. Un baiser qui faisait autant de travail pour m’arracher de nombreux nouveaux gémissements – surtout quand cette main descendait le long de mon corps – qu’il n’en faisait pour me faire taire, et qui par chance réussissait mieux à ce dernier devoir. Dans une énième preuve que je désirais tout ce qu’il se passait et même plus ma main remonta un petit peu plus le long de la cuisse pour venir prodiguer d’autres sortes de caresses que je savais efficaces par expérience pendant que mon bras enroulé autour d’elle essayait d’assurer ma prise et de donner plus de force à cette main qui remuait contre l’intimité de la prêtresse.

Mais je restais frustrée par cette faiblesse qui ne me caractérisait que si rarement, et j’en avais assez de ne pas pouvoir tout me permettre. Je voulais vraiment essayer d’y remédier. Tout ce qui se passait était si agréable mais je ne voulais surtout pas tout briser, ce n’était pas ça, c’était simplement qu’à cause des limitations de mon corps nous nous retrouvions par ma faute entre-mêlées. Et nos corps liés l’étaient d’une façon qui ne permettait pas beaucoup de créativité et qui plus important encore me fatiguait trop vite ces membres qui essayaient de s’agripper à leur position plus qu’à rester actifs. Je repliai délicatement les jambes près de moi, changeant légèrement de point d’appui et mettant malencontreusement trop au supplice ce bras qui tentait de ne pas céder et qui allait tout de même le faire. La tentative nous embarqua donc toutes deux dans une chute qui allait redistribuer les cartes, une chute qui me verrait me retrouver allongée sur le dos au centre du lit avec une main droite trop éloignée du centre des plaisirs de mon amante d’un jour.
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