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 Creuser la distance | Solo

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Naukhel
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MessageSujet: Creuser la distance | Solo   Creuser la distance | Solo I_icon_minitimeJeu 15 Aoû 2019 - 13:17


Première moitié de Karfias de l'an 17

Avec le temps, il avait arrêté de perdre inutilement de l'énergie. Il n'avait plus l'énergie pour autre chose que de siffler ou de claquer des mâchoires en voyant les mains de ces ennemis approcher. Il avait peur, mais il avait fini par comprendre qu'il devait se défendre seul, alors il économisait ses forces. Ses cicatrices avaient été soignées avec application. Ses longues ailes restaient bandées le long de son corps, mais ils ne l'avaient plus jamais blessé. La douleur... Les seules douleurs qui restaient étaient celles de son Autre, loin, et de son petit ventre creux.

Pour que le dragonnet ne meurt pas sur la route, les braconniers avaient du se résoudre à le gaver de force. L'entreprise était douloureuse et difficile car la bête ne se laissait jamais faire. Les premiers temps, l'animal se jetait violemment contre les barreaux de sa cage, s'arrachant plumes et écailles sans hésitation. Ils l'avaient drogué pour l'endormir mais en arrivant au milieu de Zurthanie, ils étaient déjà à court de sédatif. La seule chose qu'ils avaient trouvés était de le nourrir par petite dose avec du suc de cactus et de l'eau pour l'affaiblir et le mettre dans un état second afin qu'il ne risque pas de se blessé. La petite bête n'en était que plus angoissée, mais au moins, elle ne risquait plus de se tuer, ce qui leur aurait coûté une sacré perte sèche étant donné tout ce qu'ils avaient fait pour le maintenir en vie jusqu'à leur retour dans la civilisation !

Dans les premiers villages d'Ithri'Vaan, ils avaient continué à le maintenir ainsi. Ils avaient confectionné des manchons lestés de plomb pour ses ailes, les libérant de leur bande pour que les muscles ne s'atrophient pas trop tout en s'assurant qu'il ne puisse voler. Le petit reptile restait tout le jour durant allongé sur le fond de sa cage, le dos droit comme une lance, les pattes repliées sous lui. Le monde était étrange. Ses perceptions déformées. Les sons, les odeurs, les tâches de lumières que lui servaient ses pupilles dilatées... Tout lui donnait faim. Il claquait parfois des mâchoires sur le vide, juste pour sentir quelque chose.

Il était seul... mais pendant ses longues périodes d'apathie, jamais il n'aurait véritablement tenté de mourir. L'animal en était incapable. Il s'accrochait aux sensations de malêtre, de faim et de rage qu'il ressentait de son double. De temps en temps, il stridulait en vibrant sur un rythme lent pour calmer la violence ces émotions et sensations qu'il captait. Parfois, il avait si mal qu'il grinçait et couinait en sursautant, se roulant en boule ou s'étirant de tout son long, sans que les braconniers ne sachent quoi faire. Ils avaient fini par attribuer ça à des effets secondaires du cactus.

Les jours avaient succédé aux jours jusqu'à ce que le temps devienne une substance malléable.

Les yeux d'ambre aux pupilles fendues regardaient ce qui se passait alentour avec mollesse. Même lorsque les plaines de sable se changèrent en plantations. Même lorsque les boites en bois couvertes d'herbe jaune se changèrent en mur de pierre. Même lorsque les bêtes dangereuses se mirent a grouiller autour de lui. Immenses. Hurlantes. Terrifiantes. Il ne pouvait ni fuir. Il essayait bien de voler, mais ses ailes étaient lourdes. Il lui fallait tant d'effort pour les bouger, ses articulations lui faisaient mal et il ne s'élevait pas le moins du monde. Il se terrait au fond de son espace clos, restant le plus loin possible des mains et des regards qui se posaient sur lui, hoquetant parfois un rond de fumée anxieux.


Dans un palais de Geresh

Et un jour, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi, on l'avait sorti de sa cage pour le nourrir de force, comme si souvent... avant de retirer le poids de ses ailes. Il y avait de la lumière. Des bêtes énormes à deux pattes tout autour. Ses plumes étaient caressée par la brise. Avec un sifflement de rage, il avait griffé la grosse main qui le tenait, encore et encore, jusqu'à se retrouver dans l'air. Chaque mouvement lui paraissait facile. Il s'éleva. Encore et encore. Exalté. Libre !

Un à coup violent l'arrêta net.

Il tira.

Mais ses pattes étaient irrémédiablement prises dans un étau relié à une chaine.Il avait tenté de les mordre, de tirer. Encore... Peu importe la douleur. La colère et la peur lui disait qu'il pouvait fuir ! Enfin ! Le métal résistant, c'est dans sa propre patte que se plantèrent ses petits crocs. Aussitôt on tira sur la chaine. Un le serra et on lui tira la queue. Quelques secondes plus tard, il était de nouveau dans un endroit clos, mais plus grand, bien plus grand. Il avait la place de voleter, un perchoir un bon mètre au dessus du sol et un autre mètre avant d'arriver à une autre grille. Partout des grilles... Mais en bas, il y avait toujours sa cage, une boite, une antre exiguë dans laquelle il se sentait moins mal qu'ailleurs. Les pattes et la queue douloureuses, il s'y recroquevilla, couinant de douleur et de désespoir.

Et le temps recommença à passer. Dilué au fil des ombres et des lumières. Mais des choses avaient changé.

Déjà, on posait parfois un voile blanc sur le monde qu'il voyait pas la grille et sa cage ne bougeait plus. Les yeux et les mains restaient loin de lui. Seuls les sons le berçaient toujours, lointain. Moins agressifs. Plus rien ne venait le toucher ou le tirer. On lui laissait de la viande sur le bord de sa cage, mais on ne lui enfonçait plus rien dans la gorge de force. Après un long moment de faiblesse et de faim, il avait finit par dévorer ce qu'on lui mettait sous le nez. A partir de ce moment, le voile blanc avait été retiré de plus en plus souvent.

Le monde était plus clair. Les sons et les odeurs avaient retrouvés quelque chose de familier. Certains étaient appétissants. D'autre étranges. Certains même amusants... Les petits naseaux du reptile et sa langue bifide goutaient l'air chaud aux senteurs sucrées. Du fond de son antre, il regardait l'extérieur ou les immenses bêtes passaient bien plus rarement désormais. De temps en temps, il laissait sa tête passé entre les mailles du grillage pour profiter de la brûlure du soleil sur ses écailles.

Le ciel lui manquait, mais la peur décroissait. Son Autre lui manquait, mais il pouvait se reposer.

Alors c'est ce qu'il faisait. Il voletait, montant et descendant jusqu'à s'en rendre fou lorsqu'il n'y avait personne alentours. De temps en temps, une haute bête noir et orange passait par là en cliquetant alors il retournait se terrer sans son antre. Une odeur de noix et de fleur saturait l'air dans son sillage. Toujours la même. Elle ne le regardait pas. Elle s'asseyait non loin et ne bougeait pas, la tête baissée sur un objets étrange. Parfois sa voix puissante s'élevait en une succession de sons ressemblant à ce que l'Autre faisaient quand il s'adressaient à d'autres grandes bêtes. Alors d'autres bêtes venaient et se soumettaient à elle, en se recroquevillant sur elles-mêmes ou en lui faisait dans cadeaux de toutes sortes. C'était cette grande bête noire et orange qui lui donnait de la viande. Il y avait parfois son odeur dessus.

Une fois, le petit croisa son regard brun en venant prendre le lambeau de viande qu'elle avait déposé devant la grille. Elle ne s'éloigna pas comme d'habitude, restait, assez pour le menacer s'il venait chercher la nourriture... La petite tête dressée, il crissa en étendant les ailes, menaçant. Mais elle ne bougea pas. Même quand il hoqueta un rond de fumée, elle ne bougea pas. Alors il resta au fond. de son trou. Longtemps. La grosse bête restait là. Tout près. Elle s'était installée et regardait obstinément un objet sentant fort le bois et l'encre.

Même lorsque la nuit tomba...

Et l'estomac de la petite créature grondait de plus en plus. Entêté, il ne bougea pas. La grande bête non plus. Il essaya plusieurs fois d'avancer, mais à chaque fois, le cliquetis de ses griffes sur le sol de métal ramenait l'attention de la grande bête sur lui. Alors il crissait et battait en retraite. Le lendemain matin, on retira la viande et la grande bête partie. Ce jour là, il eu faim.

Le jour suivant, la grande bête noire et orange revint poser de la viande... et resta. Son ventre grondait. Son Autre était gêné, tordu, en colère. Il n'était pas bien. Il crissait, grondait, piaillait et claquait des dents en agitant les ailes mais rien y faisait. La grande bête restait là... Alors en désespoir de cause, il finit par courir jusqu'à la viande pour l'attraper et la tirer à l'abri. Essoufflé, le cœur battant, il se redressa, patte sur le lambeau de chair fraiche, pour regarder le danger qui le guettait. Elle n'avait pas bougé. Elle n'avait pas tenté le moindre geste. Alors il pris une première bouchée, sur le qui-vive. Il déchiqueta le muscle de ses crocs et de ses griffes pour en lamper les fibres... Et une voix chaude le fit sursauté. La grande bête parlait d'un ton doux. Paisible. Après quelques secondes, il repris son repas en la laissant murmurer encore et encore, jusqu'à ce qu'il ait fini de manger. Alors seulement, la grande bête retourna vaquer à ses occupations.

Et tous les jours qui suivirent, le jeu recommença. Le jeu ? Oui. Malgré lui, le reptile s'en amusait. Le temps passait plus vite avec ce petit défit et l'absence de son Autre était moins mordante.

Quelques temps plus tard... La grille s'ouvrit de nouveau. Pour la première fois depuis longtemps, une main approchai. Aucun cri ne la dissuada de se tenir près de lui. Juste avant qu'elle ne le touche il y planta ses crocs. Un sursaut et un cri, mais la main resta un peu plus loin, une petite goute de sang glissant sur son doigt.

A nouveau le temps passa, entre les mots de la grande bête, son odeur de noix et sa main baladeuse. Il mangeait à sa fin. Jamais il ne se laissa touché, mais elle ne se découragea jamais non plus.
Puis un jour, les barreaux de la petite cage furent fermés et on recommença à le bouger. Un cahot lent et régulier berçant le monde recouvert d'un voile blanc. Après avoir guetté pendant des heures, il sombra dans le sommeil.
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