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 Un pied devant l'autre et puis s'arrête

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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeVen 16 Aoû 2019 - 23:40




4ieme jour, 5ieme enneade de Karfias, an 17, Cycle XI
Un pied devant l'autre.

Thaar, cité luxuriante, luxueuse et luxurieuse, en tout cas pour ceux qui ont de l'argent à dépenser. La drow n'en avait pas, mais quelle importance?  Elle n'était pas là pour dépenser son argent. Elle était déjà venue ici. Dans un autre temps. Dans son esprit fiévreux c'était il y a des siècles. Ou des jours.

Un pied devant l'autre.

Ils étaient poussiéreux, comme le reste de la demoiselle. Quelque part sur le chemin, ils avaient trouvés un petit groupe d'esclavagistes, et ceux-ci avaient été assez aimables pour donner quelques vêtements. Evidemment, les lionnes ayant fait leur oeuvre, alors la drow avait improvisé quelque chose avec ce qu'il restait.

Un pied devant l'autre, elle tituba, prise de vertige. Elle dut poser une main tremblante sur un tronc le temps que cela se calme.

Le resultat était mediocre, Elle avait plus l'air d'une sauvage que d'une honorable représentante du Puy d'Elda. Certains pensaient à une esclave en fuite, d'autres à une pauvresse que la vie avait privé de tout. Ceux-là se trompaient à moitié. Elle sourit, le regard fiévreux. Qui aurait douté que cette drow crasseuse, titubante, était la championne de Thaar. Qu'elle était riche. Mais quel interêt y-a-t-il à être riche lorsqu'on ne peut pas accéder à son argent.

Elle reprit sa marche, un pas de plus, les passants la regardaient, l'évitaient. Elle devait attendre la demeure de Krish. Que restait-il à parcourir. Un kilomètre? Peut-être moins? L'édifice ne s'approchait plus, il s'éloignait.

Elle souffrait tant, elle avait chaud, elle avait froid, elle avait faim, mais aussi la nausée. Si soif, les muscles endoloris et affaiblis. L'aveugle qu'elle avait laissé à l'entrée de la ville avait-il remarqué son état? Avait-elle réussi à faire illusion? Il l'avait en tout cas laissé aller chercher de l'aide. Les lionnes leurs auraient posé des problèmes, dans leur état. Il lui faisait confiance. Elle n'allait pas encore échouer. Cela faisait quelques jour qu'elle souffrait d'une fièvre grandissante, mais ils n'avaient pas pour autant ralenti la marche.

Tout au long de leur périple, elle avait fait ce qui était en son pouvoir pour nettoyer sa plaie au coté qui lui avait paru de plus en plus vilaine au fil des jours. Efforts bien dérisoires dans un desert où il aurait était coupable de gaspiller l'eau, ou d'en souiller une source. Peut-être aurait-t-elle-du. Ca n'aurait probablement rien changé, pensa-t-elle raisonnablement.

Les passants la regardaient. Elle en reconnut certains, son père, sa mère, Na'ri, Krish, L'Renor, Irulan, Viconia et bien d'autres... ils riaient, se moquaient d'elle, de son ineptie.

Un pas de plus… Sa jambe céda sous elle, trop faible. Elle tomba à plat ventre dans le caniveau, incapable de se retenir.

Elle ne pouvait pas mourir ici… comme ca. Elle ne voulait pas. Si elle se reposait un peu, peut-être pourrait-elle se relever. Non, si elle commençait à penser ainsi, elle ne se relèverait jamais.

La daedhelle posa sa main dans la rigole et tenta de se redresser, tremblante.

Elle était si faible. Elle détestait ca.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeSam 17 Aoû 2019 - 12:39

<< Les séquelles d'une rencontre
Dis, on peut la garder ? >>


Le guet et les marchands de la rue principale avaient été interrogés la veille, juste après qu'elle ait demandé à Tessa d'envoyer un oiseau aux Deux Soleils pour qu'ils envoient le livre qu'ils avaient reçu pour elle un petit moment auparavant. Il y avait bien eu quelques incidents étranges en début d'ennéade passée. Elle en avait déjà vérifié deux en bordure du marché libre, mais pour l'instant ça n'avait rien donné. Ce n'était pas dans le style de la créature qu'ils recherchaient.

Dans le quartier populaire de Thaar, consultant un plan qu'elle avait griffonné sur une page de son grimoire pour n'oublier aucune des anomalie qu'elle devait vérifier, Cécilie tentait toujours de retrouver la race de leur étrange proie du moment... Tout en se demandant si pousser Dante sur une nouvelle chasse avant qu'il ne règle ses propres problèmes était bien raisonnable. Le soucis était que cette proie là, s'il était bien ce que les deux voyageurs pensaient qu'il était, pouvait leur en apprendre beaucoup sur les répercutions de certains rituels sur des êtres comme eux.

Portant toujours son ample pantalon noir, ses botes de voyage, sa chemisette blanche, les courts cheveux dont le noir était refait de frais, tranchaient sur sa peau blanche. La seule pointe de couleur était celle du sari de son sari, du même bleu estival que ses yeux rêveurs. Ainsi, elle passait beaucoup plus inaperçu qu'avec ses cheveux roux et ses robes d'un seul tenant si proche des pratiques péninsulaires. Elle avait encore du mal à se faire au port du pantalon, mais bon, ce n'était pas si différent que ses tenues de monte.

- D'où est-ce que vous venez ?

Son oreille distraite, notait les quelques faits alentours. Le soleil trop puissant commençait à vider les rues et il ne restaient que quelques passants circonspects. Ici une boiteuse. Là deux membres du guet qui empoignaient une mendiante ou une soularde gesticulant faiblement. En cette torride fin de matinée, elle était seule à chercher des pistes, son compagnon étant occupé ailleurs grâce à un travail rapide qui leur permettrait d'acheter le matériel dont ils auraient besoin pour le monstre... Et peut-être un appâts ou un extra sacrifiable.

- He! Pas de geste brusque ! N'essayez pas de vous relevez.
- Vous ne pouvez pas rester là-madame. Vous allez nous suivre et aucun mal ne vous sera fait. Je vais juste prendre votre arme, d'accord ?


Une vagabonde armée et tâchée de sang... Depuis que le Guet tentait de faire peau neuve et de se battre contre la corruption, il ne pouvait plus laisser passer ça. Le plus âgé des deux tenait en joug l'étrangère avec une hallebarde. D'ici quelques instants, ils la désarmeraient - de force si nécessaire - et l’emmèneraient à la tour du quartier avant de démêler qui pouvait être cette pauvre fille et ce qu'il convenait d'en faire. Emprisonnée ? Une famille à prévenir ? Virée de la ville vers les faubourgs crasses ? Au moins ils ne la tabassaient pas en place publique. Soit les bourgeois du Guet s'amélioraient vraiment. Soit le fait qu'elle ait une épée de facture eldéenne les rendaient méfiants.  

Pour l'instant cela dit, ils n'avaient pas l'air d'obtenir grand chose de la demoiselle...

Bon c'était pas tout ça, mais la prochaine étape de la jeune humaine était... une écurie qui avait cramée. Piste prometteuse. Comme les deux dernières, certes, mais elle n'arrivait pas à croire que la créature qu'ils chassaient soient sorti de Thaar sans causer aucun dommage. A force de chercher, ils finiraient bien par trouver.

Elle contournait tranquillement les gardiens de l'ordre quand deux points rouge sombre dans une figure fine la happa du coin de l’œil. Immédiatement, elle s'était tournée vers l'altercation mais le visage de la femme se retrouvait à nouveau derrière l'épaule du plus grand des deux gaillards. Sans les interrompre, les yeux plissés pour accommoder plus facilement sur la silhouette mouvante, elle fit un pas sur le côté pour tenter de voir la jeune femme mal en point.

Style d'agencement du sari:
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeSam 17 Aoû 2019 - 22:16



Une ombre avait masqué le soleil dur de l'Ithri'vaan au regard de l'elfe noire. Accroupie , son poids réparti entre ses hanches et son bras, elle leva des yeux troubles sur la silhouette qui la surplombait de tout son haut. C'était un humain, comprit-elle trop lentement en faisant difficilement le point sur son visage. La drow fronça les sourcils sous l'effort. Un membre du guet, à son accoutrement. Une seconde silhouette apparut aux cotés de la premiere. Les pupilles dilatées de la daedhelle passèrent de l'un à l'autre

- D'où est-ce que vous venez ?

Ce n'était pas une question à laquelle elle avait envie de répondre. Une sensation de colère la traversa, un frisson qui grimpa de son ventre jusqu'à la tête. S'appuyant sur son bras, elle se mit en tête de se lever, titubante, sans répondre à l'humain.

Lui connaissait les drows, il les craignait, car on ne savait jamais de quoi ils seraient capable. Il ne les aimait pas non plus, car ils étaient toujours compliqués à gérer. Celle là portait une épée au coté, retenue par une ceinture improvisée à partir d'une longue étoffe. La ceinture, et des parties de la daedhelle aussi étaient couverts de sang. C'était pas bon. Et c'était lui qui se tapait cette cinglée probablement droguée jusqu'aux yeux.

- He! Pas de geste brusque ! N'essayez pas de vous relevez.

Son collègue enchaina aussitôt. C'était un nouveau, une tête rousse pleine de charisme, qui, encore emplit par l'idéalisme et la flamme de la jeunesse, croyait que son travail consistait à apporter la paix par le dialogue. Le fou.
- Vous ne pouvez pas rester là-madame. Vous allez nous suivre et aucun mal ne vous sera fait. Je vais juste prendre votre arme, d'accord ?

La daedhelle avait titubé, mais sa jambe droite avait refusé de la supporter et elle était tombée à genoux. Comment pouvait-on être trop faible pour marcher? En mourant, avait-elle répondu pour elle-même. La douleur s'effaçait sensiblement.

-Non... pas suivre...dois voir… Feu d'Uriz... Sa bouche était si pâteuse que les mots étaient sortis comme un soupire. Elle avait besoin d'aide, pas qu'on lui prenne son arme, pas qu'on l'emmène dans une cellule. Elle mourrait si cela arrivait, elle en était certaine. Le plus vieux des deux pointait son hallebarde vers elle, inquiet. Le regard de la drow s'était fixé sur l'arme, comme si rien d'autre n'existait. La seule façon de leur donner l'arme serait de toute manière de la dégainer.

-je.. veux blesser... personne. Murmura-t-elle finalement, le cœur battant.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeDim 18 Aoû 2019 - 1:43


Bon sang cette voix ! C'était bien elle. Pas de doute là dessus... Mais elle était tellement... Elle était tellement tombé bas.

L'esprit de la jeune humaine s'agita, s'élançant dans une course méthodique et mesurée pour trouver une façon de la sortir de ce mauvais pas. L'eldéenne venait d'anoner un refus. Jadis, c'était suffisant pour être roué de coup. Ça pouvait l'être encore pour bien des agents du Guet. Elle était armée et ensanglanté. Si faible... Elle avait l'air fiévreuse ou droguée. La hallebarde qui la menaçait pouvait décider à tout moment qu'elle était une menace... ou que la patience n'était pas le fort de son porteur... Et vu son passé et ses activités, Cécilie n'avait pas intérêt à rester dans la mémoire de ces deux hommes...

Mais elle ne pouvait la laisser comme ça.

Elle devait savoir ce qui s'était passé.

Après une dernière hésitation, elle s'arrêta juste devant l'eldéenne, entre les deux gardes et se laissa aller à son ton le plus convainquant.

- Hel'Ra... ?

Le plus jeune des deux soldats se retourna à demi, l'autre tenant toujours l'eldéenne en joug. Étonné, il dévisagea la nouvelle venue qui le dévisagea en retour tout en ayant du mal à réellement détourner son attention de la jeune femme à genoux.

- Vous la connaissez ?
- Bien sûr ! ça fait deux jours qu'elle a quitté le temple d'Uriz ou on s'occupait d'elle.

Vu qu'elle avait parlé du feu d'Uriz, autant que ça paraisse raccord. Pour le reste, le Guet tout comme le Conseil évitait de mettre les mains dans les histoires des cultes tant que cela ne gênait pas leurs affaires ou l'ordre publique alors c'était une porte de sortie toute trouvée. Comme une évidence, l'humaine s'agenouilla en face de la drow, prenant doucement sa main et la serrant avec compassion.

- Hel'Ra... Je suis là. ça va aller maintenant. " levant son jeune visage vers les deux hommes, Cécilie demanda encore le plus innocemment du monde " Elle a posé des problèmes ?
- Oui. " répondit le plus vieux par la force de l'habitude face à une jeune femme visiblement assez honnête pour payer un supplément.
- Mais non ! Ne vous inquiétez pas. Si elle retrouve le chemin de sa maison, c'est le principal.

Le plus jeune eu droit à un regard assassin de la part de son aîné. Cécilie lui sourit, reconnaissance, en acquiesçant.

- Je vous jure qu'elle ne se perdra plus.
- Et le sang ?
- C'est le sien, Messire. " avoua Cécilie en rosissant un peu. " Ce sont les habits qu'elle portait quand elle est arrivé là-bas. Elle a du les remettre en se sauvant. Je vous promet de veiller sur elle.

Après l'avoir examiner de haut en bas, puis de bas en haut l'homme du se dire que le principal c'est qu'il avait un peu de travail en moins pour la journée. Quelqu'un voulait s'occuper de cette souillon ? Tant mieux. Les drogués il en avait soupé en bossant dans les lanternes. Il finit par acquiescer comme le plus jeune, laissant à l'humaine le loisir de glisser son bras sous celui de la noire elfe, et la regarda s'éloigner le long de la grand rue.

Malgré sa petite taille et sa silhouette fine, Cécilie tint bon en assurant les pas de sa compagne du moment. L'important pour l'heure était de s'éloigner, visant le quartier populaire et le bazar, loin des Soiries, de ce quartier et de la parfumerie. Elle la soutint un long moment, sans rien dire ni répondre, jusqu'à être sûre qu'aucun œil ni aucune oreille ne les avait suivit. Puis elle s'engouffra dans une rue plus étroite, moins passante, dans laquelle il n'y avait pas une caisse, pas un plot à l'abandon.

Avec attention, elle aida l'eldéenne à s'asseoir sur le sol à l'abri de draps blancs lavés de frais qu'on avait tendu entre les deux bâtiments. La chaleur restait cuisante malgré l'ombre relative de l'endroit mais c'était mieux que rien.

Une fois installée sur le pavé, elle posa genoux en terre face à l'eldéenne, s'assurant qu'elle gardait toujours conscience.

- Shyn'tae... Tu me reconnais ? Tu me comprends ? Est-ce que tu penses pouvoir encore marcher un peu ?
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeDim 18 Aoû 2019 - 20:15



Clairement, ce qu'elle avait dit n'avait pas convenu. Ne pouvaient-ils donc pas la laisser tranquille à ses affaires? Sa main s'était approchée du fourreau, son esprit fiévreux imagina comment elle pourrait se débarrasser d'eux… Celui qui tenait l'hallebarde était maladroit. Son corps se tendit, la colère monta en elle, elle voyait le sang, leur regard méprisant s'éteindre…

- Hel'Ra... ?

Ce nom qu'elle ne connaissait pas avait attiré son attention, ses oreilles effilées se tendirent, elle avait aussitôt tourné son regard perdu dans la direction de l'humaine qui venait de le prononcer. Car elle connaissait cette voix.

Irulan.

Le cœur de la daedhelle se serra, le vertige la saisit à nouveau, plus fort. L'humaine s'agenouilla face à elle, prit sa main. Elle frémit, la drow était chaude, plus qu'elle n'aurait du l'être, et serra faiblement en retour. Elle suivait, l'air perdu, les échanges rapides entre les membres du guet et la nouvelle arrivante. Shyn'tae savait ce qu'elle avait à faire, il suffisait de paraitre brisée. Il n'y avait pas beaucoup d'efforts à faire…

Les valeureux membres du guet hésitèrent, jaugèrent les deux demoiselles. L'un finalement haussa les épaules et redressa son hallebarde, l'autre, le jeune rouquin, leur sourit.

- Vous avez eu de la chance de la trouver. Thaar a besoin de gens comme vous, mademoiselle! Voulez-vous de l'... Le sergent venait de lui donner un coup de coude pour le faire taire.
- Apprend à repérer les trucs qui ne te regarde pas, fiston.

Tant qu'elle disparaissait vite des soieries, ils n'auraient pas de problème. Et son instinct de vétéran disait que si cette affaire se réglait toute seule, ce serait mieux pour tout le monde, mais surtout pour lui.

Il suivit du regard les deux femmes s'éloigner, le poids de l'une portée par l'autre comme une amie emporterait une compagne de beuverie trop éméchée pour rentrer chez elle celle.

- Drôle de paire, n'est-ce pas sergent?

Son supérieur ne répondit rien, son regard figé sur elles jusqu'à  ce qu'il fut certain qu'elles quittent les soieries. Il allait suivre son instinct, et ne pas s'en mêler si cela ne le regardait pas.

Shyn'tae ne disait rien, elle se tenait à Irulan comme si sa vie en dépendait. C'était probablement le cas. S'appuyant sur elle, elle marchait, le regard baissé. Encore un pas. Puis un autre, elle pouvait le faire. Ne pas renoncer. Elle ne pouvait pas s'arrêter maintenant.

Comme dans un rêve, l'humaine la guida jusqu'au sol. Etaient-ils arrivés? Où d'ailleurs? Un mélange d'un blanc et d'un bleu éclatant avait remplacé le ciel. La sensation du vent sur sa peau qui s'était couverte de sueur était froide, glaciale même. C'était ca les P'leiks? Un peu décevant.

Les yeux bleus, la chevelure rousse d'Irulan prirent à nouveau tout l'espace de sa perception.

- Shyn'tae... Tu me reconnais ? Tu me comprends ? Est-ce que tu penses pouvoir encore marcher un peu ?

Un sourire absent lui répondit, la drow hocha la tête. Ce n'était pas les P'leiks. Elle était toujours vivante. C'était une bonne nouvelle. Elle mettait l'humaine en danger. Dans son délire, elle avait envie de pleurer, cela n'avait pas de sens. Rien n'avait de sens.
- Irulan… tellement désolée… faut pas… qu'ils te trouvent avec moi… Son drow tenait plus du soupire que du discours. Elle se tu un instant avant de reprendre "De l'eau? ca va aller…"
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeLun 19 Aoû 2019 - 0:50


- Je pouvoir te dire la même chose. " sourit-elle, son accent eldéen largement moins pire que sa grammaire. Elle avait articulé distinctement dans la langue de l'eldéenne pour lui éviter la traduction à la volée, la phrase étant encore suffisamment simple pour qu'elle se débrouille.

Dante et elle avaient fuit Frontière pour éviter les drows alors retrouver Shyn'tae et apprendre qu'elle était poursuivit ne faisait pas vraiment peur à la jeune femme... Pourtant une idée lui traversa l'esprit et son front se plissa, soucieux. C'était à cause d'elle que l'eldéenne avait eu des problèmes ?

Une respiration haletante la dissuada de porter sa réflexion plus loin.

Ce n'était pas le moment. Cécilie entendait l'air raclé contre la gorge sèche de la drow qui avait du mal à déglutir. Sa peau brulante ne laissait rien présager de bon et c'était sur ça qu'elle devait rester concentrer. Alors... Les conseils de Dante... Boire oui. Sauf s'il y avait une plaie importante. Bon de toute façon, elle n'avait pas d'eau, mais savoir si elle pouvait être sujette à une infection - ce qui n'allait pas de soi vu ce qu'on disait sur la santé des drows - était important.

- Tu as une... " Elle réfléchi mais ne trouva pas le mot manquant, alors elle reformula avec une tournure plus éloignée de sa langue natale mais bien plus adéquate à la langue des sombres. " Tu es blessée ? "

Malgré ses difficultés, elle hocha la tête, montrant le pansement improvisé et rougi qui enserrait son ventre "oui... Pas pu me soigner"

Plusieurs hochements de tête lui répondirent, mais l'attention de l'humaine était déjà ailleurs. Où aller ? Hors de question de la ramener à la parfumerie. Déjà parce qu'elle n'était pas chez elle et surtout parce qu'amie ou non, si Shyn'tae était poursuivie, elle ne mettrait pas Dante en danger pour si peu.  Chez la Marquise ? Non. La chambre que Dante y avait aurait pu être pratique mais c'était mieux de laisser l'établissement se faire oublier s'il voulait pouvoir y amener leur monstre sans encombre. Et puis cette chambre... Elle refusait d'y emmener Shyn'tae comme ça. C'était des souvenirs à la fois douloureux et précieux qui s'y trouvaient.

Non le plus sûr était de taper dans ses adresses qu'elle connaissait d'autres sources... Ce qui n'était pas énorme car elle avait bien plus de contact dans la contrebande et parmi les collectionneurs de matériel magique anciens plutôt que dans la médecine. Elle n'avait pas non plus grand chose sur elle. Pas assez pour un guérisseur digne de ce nom. A peine assez pour une chambre dans une auberge dans les quartiers voisins ou une place discrète et sans question dans une quelconque réserve.

Quelques secondes s'égrainèrent, son esprit suivant la liste des adresses et des possibilités. Un lieu discret, suffisamment proche pour que Shyn'tae ne succombe pas et à proximité d'un guérisseur qu'elle pourrait sollicité sans question. A Frontière elle aurait tout de suite su, mais sa fréquentation assidue de Thaar datait de plus d'un an...

Avec un soupire, elle finit par remettre Shyn'tae sur pied avant qu'elle ne perde le peu de conscience qui lui restait et retira son sari pour le passer tant bien que mal autour de Shyn et l'ajuster à la va vite, cachant les traces de sang. Le commun des mortels ne pourrait pas distinguer son état d'une cuite monumentale ou d'un accident sévère, et si elle était suivi, des détails pouvaient suffire à brouiller les pistes.

- Courage. Je n'ai pas d'eau, mais nous n'allons pas loin. " Elle était repassée en oliyan, parlant plus pour maintenir l'éveil de l'eldéenne que pour lui dire quelque chose d'important.

Elle sortirent de la ruelle et continuèrent le long de l'axe principal jusqu'à tourner enfin dans des allées  taille humaine. Dans une rue qui sentait fort l'huile, la crasse, la paille et la sciure de bois chaude. Une fausse note s'échappa d'un atelier. En tout, elles mirent près de dix minutes à arriver à la porte d'une petite auberge populaire à la façade ordinaire.

- Je reviens vite, je te promet. " Elle avait à peine prononcé ces mots qu'elle était déjà en train de rentrer dans l'auberge, laissant sa compagne appuyée contre la devanture.

Quelques marches vers le bas marquaient le seuil. A l'intérieur, des ouvrier de tous poils s'étaient réfugier là pour fumer au frais sur le temps de la mi-journée plutôt que de rentrer chez eux. L’atmosphère était chargée de tabacs et d'herbes de toutes sortes qui rendaient l'esprit paisible. A une table au fond de la pièce, une femme faisait ses comptes. Il fallu quelques instants pour qu'elle décrive le chemin avec moult gestes des bras et les clients purent la voir acquiescer à plusieurs reprise, d'abord avenante, puis compatissante.

De retour dehors en un clin d’œil, Cécilie soutint de nouveau l'eldéenne, l'encourageant de la voix et du geste pour monter à l'étage, pendant qu'un gamin partait en courant dans la rue depuis la porte de service.

L'escalier raide aurait été particulièrement difficile à négocier si l'un des clients, un homme enturbanné qui avait tout d'un demi drow, n'avait pas à demi porté l'eldéenne jusqu'au palier sous les sourires chaleureux de la petite humaine aux cheveux noirs.

- Merci encore ! " sourit la jeune femme une ultime fois alors que l'homme redescendait pour profiter de sa narguilé avec ses deux compères.

Enfin, une porte en vieux bois sec. Pas de verrou. Elle la poussa sans soucis et tint sa compagne jusqu'au lit simple poussé contre le mur et l'y allongea avant d'aller barrer la porte qui ne pouvait se verrouiller que de l'intérieur avec une simple planche de bois.

La pièce était simple et plutôt petite et organisée plutôt en longueur. Les murs épais de pierre blanche et de terre gardaient une tiédeur fraiche par rapport à la fournaise extérieure. Large d'un peu moins de trois mètres et longue de quatre, le mur face à la porte était percé d'une unique fenêtre sans carreau qui surplombait le pied du lit. Le volet s'ouvrait sur le toit du bâtiment voisin. Parfait. Au fond à gauche, un lit simple en bois massif, très bas mais assez large et long pour accueillir tous les formats de clients, comme l'étaient souvent les lits en Ithri'Vaan. Shyn'tae n'y était donc pas spécialement à l'étroit malgré la dureté du sommier et la maigreur du rembourrage en laine. A droite, une table sur laquelle était posée un nécessaire de toilette vide et des draps de bain et un gros coffre pouvant également servir de banc, possédant une serrure sommaire.

Quelques minutes et la tenancière frappait avec de l'eau et du savon. Cécilie la remercia une fois de plus chaleureusement et referma la porte, oubliant visiblement de la barrer, avant de pouvoir enfin se mettre au travail. Elle s'essuya le front d'un revers de main et rabattit en arrière ses cheveux noirs collés par la sueur due à l'effort autant qu'au climat toujours difficilement supportable. Débarrassée du Sari, sa chemisette de coton blanc laissa apparaitre des cicatrices de morsure sur ses épaules et son col, ainsi que des parcelle de peau nue à la jonction de sa ceinture. Son ample pantalon noir et ses bottes de cuir parfaitement ajustées étaient avant tout pragmatiques et ne la flattaient pas le moins du monde.

Sans prendre un instant pour respirer vraiment, elle fit couler un peu d'eau dans un gobelet en terre cuite posé sur la table et beaucoup plus dans la vasque servant d'ordinaire à se débarbouiller, puis ramena le tout près du lit pour s'asseoir sur le bord, à la tête de celui-ci.

- C'est de l'eau. il faut que tu boives. " expliqua-t-elle sans vraiment insister, pour se concentrer sur la façon de gérer l'eldéenne. Les gestes qui lui venaient étaient fluides, mais la façon dont elle s'y pris n'était pas la plus commune.

Doucement, Cécilie se glissa dans le dos de sa consœur et professeur. Une jambe passée de l'autre côté de l'eldéenne, sa bote se retrouvant sur le drap côté mur sans qu'elle ne s'en soucis, l'autre resta appuyée sur le sol et le mur irrégulier lui servait de dossier. Des deux mains, elle aida Shyn'tae à se redresser jusqu'à ce que la sombre soit appuyée dans le creux de son épaule de façon à ce qu'elle puisse à la fois la voir et la soutenir, le corps en diagonal du lit et les deux bras libres, quoi que l'un soit en contact étroit avec le corps de l'humaine. La posture était plus celle qu'on aurait utilisé pour s'occuper d'un enfant, mais elle n'en connaissait pas dix alors elle ferait bien l'affaire.

Tendant le bras pour saisir le gobelet, Cécilie l'amena face à Shyn'tae, l'aidant à le saisir ou lui humectant les lèvres au besoin.

- C'est de l'eau. " répéta-t-elle peu importe l'état de l'eldéenne, à croire que c'était plus pour se rassurer elle que pour informer sa patiente du moment. " Bois doucement... Voilà... J'ai fais appeler un guérisseur que je connais mais il mettra un peu de temps. Je respire un peu, tu bois et je m'occupe du reste, d'accord ? "

Shyn'tae était décidément brulante... Bon sang mais que lui était-il arrivé ?
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeLun 19 Aoû 2019 - 12:14




- Courage. Je n'ai pas d'eau, mais nous n'allons pas loin. "

La daedhelle avait hoché la tête. Tout allait bien, elle pouvait avancer encore un peu. Ca faisait des jours que ses pieds abimés la portaient, ils pouvaient bien tenir encore un peu. Serrant les dents, elle s'était relevée, et maintenant marchait, appuyée sur son amie.

Combien de temps? La drow luttait, elle avait toujours lutté, elle ne s'arrêterait pas si facilement. Pourquoi d'ailleurs? Parce que… elle ne savait pas trop. Il devait y avoir une raison. Peut-être pour prouver qu'elle en était capable? Irulan l'avait laissée, lui promettant de revenir. Reviendrait-elle? Cela n'aurait aucun sens qu'elle ne le fasse pas. Une des larges étoffes de l'humaine sur les épaules, elle faisait de son mieux pour contrôler sa respiration, ses frissons. Quelques passants lui jetèrent un oeil, elle leur adressa un sourire en retour, qu'elle espéra amical. Il avait plus l'air dément en réalité, et les spectateurs s'empressèrent de continuer leur route. Ca marchait plutôt bien. Le dos appuyé contre le mur, elle pouvait rester comme cela longtemps.

L'instant d'après, Irulan la tirait de sa rêverie pour la conduire à l'intérieur. Elle se tendit et produisit un grognement lorsqu'un client la saisit pour aider Irulan, mais lorsque son regard paniqué rencontra le sourire de la petite humaine aux cheveux noirs, elle renonça à toute resistance et se laissa porter jusqu'à la petite chambre fraiche, jusqu'au lit préparé sur lequel elle s'assit, titubante.

Le torse d'Irulan s'appuya sur son dos, elle s'y reposa. Elle était bien, sa tête couronnée de ce qui avait été une belle toison de neige, aujourd'hui criniere crasseuse, se reposa contre l'épaule de sa consœur. Le sari retomba autour de ses hanches recouvertes d'un pagne, rien de plus qu'un long ruban d'étoffe découpé au couteau et retenu par un nœud. Son souffle ralentit, plus profond, difficile. Son cœur battait vaillamment dans sa poitrine. Couverte de la tête aux pieds d'un mélange de saleté et de sang séché, sa peau portait les stigmates mal guéries d'un combat difficile mais vieux d'une bonne dizaine de jours.

Autour de sa taille, quelqu'un, elle peut-être, avait noué un autre ruban de coton pour retenir un large pansement rougi par le sang.

Elle aurait du aider l'humaine, mais elle ne savait que faire. Si impuissante, si faible. Elle entendit un soupir de dépit, elle la connaissait, son regard halluciné se tourna brusquement, pour ne voir que le vide.

- Mère… peux plus… j'ai fait tout… tout ce que je pouvais… s'il vous plait…

Elle se recroquevilla, son bras droit frappa le gobelet alors qu'elle prenait une posture defensive, et le renversa sur elles deux. L'eau était froide, elle si brûlante, ses yeux passèrent du gobelet à moitié vide à sa consœur comme si elle les découvraient tous deux pour la premiere fois. Cette dernière venait de lui parler. C'était comme osciller entre un rêve et la réalité. Shyn'tae se laissa un peu plus aller contre son dos, et saisit lentement la tasse pour la porter à ses lèvres, maladroitement.

Le liquide vital glissait délicieusement dans sa bouche sèche pour s'écouler dans sa gorge.

-Pardon... Merci... Il y eut un silence. Ne pas s'arrêter.. elle ne devait pas s'arrêter. Dire la premiere chose qui lui passait par la tête. "Suis si heureuse... tu es la meilleure chose...depuis si longtemps." Non, elle aurait peut-être du se taire finalement.
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeLun 19 Aoû 2019 - 15:32


Patiemment, Cécilie se courba un peu sur le côté pour remplir a nouveau le godet grâce à la grande cruche d'eau posée près d'elle avant de le présenter plus fermement à Shyn'tae. Ses yeux vaseux la redécouvrait une fois de plus, stupéfaite comme si le soleil brillait juste derrière elle.

- Bois. " répéta Cécilie en serrant fermement cette fois-ci, la laissant incliner à sa convenance pour ne pas la noyer.

Elle mourrait d'envie de lui poser des questions, mais vu sa fièvre, elle n'en tirerait que des délires de malade et des phrase trop obscure - sûrement en eldéen d'ailleurs - qui la frustreraient encore plus. Et ça ne rata pas. Après les deux respirations qu'elle prit en repoussant le godet, elle en profita pour commencer à délirer... Mais d'une façon si diamétralement opposé à ce qu'on imagine d'un haut officier eldéen que Cécilie ne pu s'empêcher de sourire.

Elle avait l'impression d'avoir plus souvent entendu une reconnaissance et une affection sincère dans la voix de ses quelques connaissances depuis qu'elle tuait des gens pour vivre que pendant toute sa vie à offrir la charité à des centaines d'orphelins de guerre et d'enfants malades... Ce monde était décidément aberrant. Mais maintenant qu'elle l'avait compris, elle s'en plaignait beaucoup moins.

- C'est ça... Je suis la bonté incarnée... Allez boit encore un peu. " sourit-elle en présentant un nouveau gobelet aux lèvres de la jeune femme. " Vu ton état, je pourrais parier que tu as une insolation en plus de tes blessures. " souffla-t-elle, la laissant aller à son rythme avant de reposer le récipient. Pas la peine qu'elle en ingurgite trop, Cécilie n'était pas certaine de ce qu'elle faisait, mais elle était presque sûre qu'un corps aussi faible devait être choqué de sentir son estomac se remplir, peu importe de quoi.

Maintenant qu'elle avait le temps d’accommoder sa vue à la distance et aux détails, elle laissa plutôt son regard courir sur le corps mince et sale qu'elle avait entre les bras. En plus de son bras atrophié, le reste n'était pas glorieux et ses vêtements ne l'aidaient pas à le cacher. Rien d'étonnant à ce que le guet lui soit tombé dessus... Elle portait les cicatrices d'un combat rue, bien que peu récent. Si elle comparait aux blessures qu'elle avait vue ou soignées, elle pouvait dire qu'il avait eu lieu à peu près une ennéade plus tôt. Ces blessures avaient été plus ou moins soignées. Mais le morceau d'étoffe qui lui enserrait la taille au dessus de son pagne... ça ça sentait mauvais... et au sens propre du terme quand son odorat fin y prêta un peu d'attention.

- Détend toi. Je vais jeter un œil à tes blessures en attendant le guérisseur. "

Elle n'avait pas beaucoup de force, mais au moins, elle était précise dans ce qu'elle faisait. Après avoir tester l'adhérence du tissus, il était clair que l'enlever ainsi serait douloureux... Avisant le godet, les doigts d'instrumentiste, versèrent un peu d'eau sur le bandage rougit pour ramollir le sang sécher et ne pas l'arracher de sa peau plus que nécessaire. Naturellement, sans même s'en rendre compte, la garde malade improvisée s'était mis à osciller doucement, comme on berce un enfant. Elle dénoua en suite le ruban taillé au couteau et saisit la main valide de l'eldéenne.

- Ça va faire mal mais il faut que je l'enlève. A trois. Un. " sa main libre n'attendit pas plus pour retirer la passe de tissus qui avait servit à tamponné le sang, emportant une partie de la croute qui s'était formée et de toutes les saletés qui s'étaient fourrées dedans. Elle jeta la vieille compresse à terre. Ses bras serraient l'eldéenne pour qu'elle ne gigote pas trop... Et surement pour la réconforter un peu. Elle lui parlait à voix basse. Heureusement, douleur ou non, l'eldéenne était suffisamment faible pour pouvoir être contenue, même par une nature aussi frêle que Cécilie.

Bon sang... Quand elle disait ne pas avoir eu le temps de se soigner, elle ne rigolait pas... Le nez de l'humaine se plissa mais elle ne fit pas de remarque. Sur le bord de la vasque qu'elle avait préparée un peu plus tôt attendaient deux chiffons duveteux. Elle en trempa un dans l'eau glaciale, sans cesser ses légères oscillations.

- C'est fait. Tout va bien. Il n'y a plus qu'à te laver et faire un peu baisser la fièvre. " La main pâle dégagea le front sombre de ses cheveux crasseux, murmurant plus pour elle que pour la drow. " Bon sang Shyn'tae... On a l'impression que tu as traversé le désert en solitaire pour arriver ici... "
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeLun 19 Aoû 2019 - 22:54



Elle se sentait un peu mieux. Toujours fiévreuse, elle tremblait, toute sa concentration sur les tâches que lui donnait Irulan. Boire déjà...

- C'est ça... Je suis la bonté incarnée... Allez boit encore un peu. Vu ton état, je pourrais parier que tu as une insolation en plus de tes blessures. "

La daedhelle n'avait pu s'empêcher de rire. Elle s'étouffa et grimaça à la douleur vive qui s'était emparée de son abdomen. Avoir mal, c'était bien… c'était rassurant.

- Bien plus que d'autres... Je veux bien avoir une insolation... Ca va aller." Elle se doutait bien que ce n'était pas le cas. Elle ferma les yeux un instant, puis les rouvrit en fixant la porte pour combattre la sensation de vertige qui l'envahit. Il ne fallait pas perdre conscience...

.. que je l'enlève. A trois. Un. " Elle avait du manquer quelque chose, et baissa les yeux pour voir la main de l'humaine sur son pansement, le bandeau retiré pour montrer son ventre nu. Ses oreilles se tendirent brusquement abaissées craintivement. "att..."

Un gémissement lui échappa malgré ses efforts, son bras gauche pris d'un spasme, son poignet droit autour du bras de son amie. Elle avait serré les dents, son souffle haletant, mais Irulan avait déjà accompli ce qu'elle avait à faire. Ses jambes, ses pieds nus blessés par l'interminable marche se détendirent à leur tour.

Elle avait arraché le pansement pour dévoiler une longue et profonde coupure fine clairement le fruit d'une arme tranchante. Elle s'était rouverte sitôt le pansement avait-il arraché la croupe, pour laisser couler un mélange de pus et de sang qui s'échappait maintenant sans peine de son abdomen tremblant pour souiller les draps blancs.

- C'est fait. Tout va bien. Il n'y a plus qu'à te laver et faire un peu baisser la fièvre."

La daedhelle avait lâché la main, son bras retomba sur le lit alors qu'elle s'affaissait un peu plus contre Irulan. Elle l'écoutait, son oreille frémissait contre la peau nue de l'humaine. Son regard était posé sur sa blessure, qui était encore plus laide que la dernière fois où elle avait pu la regarder.  Elle luttait contre le sommeil. Heureusement, la demoiselle lui parlait.

- Si j'ai mal.. c'est que ca va... Ca va aller... Ne t'en fais pas... ca va aller... " Elle n'était pas très certaine de qui elle essayait de convaincre. Elle aurait été incapable de se relever maintenant. Ca n'allait pas mieux, bien au contraire. Pour reprendre son souffle. Elle fit une pause avant de continuer. Ne pas s'arrêter trop longtemps, elle pouvait vivre. C'était une question de volonté? Au fond d'elle, elle avait si peur que ce ne soit pas le cas. Était-elle une drow qui se battait contre des moulins, devait-elle apprendre à renoncer? Il y avait tant de monde qui la regardait…

Pas comme ca...

Irulan avait posé une question... Une bonne question. Shyn'tae sourit et prit une inspiration avant de répondre, faiblement.

- Non pas seule... tu vas penser que je délire... Un Zurthan aveugle, trois lionnes blanches. Je fais bien la lionne. Je croyais... qu'on arriverait jamais.. jusque là... fait plaisir de se tromper, non?"
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 1:29


- J'imagine oui ! et bien sûr que ça va aller. Je ne devrais pas me répéter. Tu es forte. " les oscillations cessèrent et elle se remis plus franchement à la tache. " Les lions c'est bien ces gros chat avec une crinière. J'en ai vu pour la première fois il y a quelques ennéades, en quittant Frontière justement. Ils étaient près d'un petit étang dans les plaines de Valmar. " raconta-t-elle en empoignant le drap de bain posé à ses pied pour le coincé entre le flanc de l'eldéenne et le matelas pour servir d'éponge avant d'humidifier sa peau noir aux reflets violacés. Puis elle empoigna l'un des chiffons trempé, le frotta avec un tout petit peu de savon, riant à voix basse. " Ça te va bien, lionne. Mais pour le blanc je suis moins sûre... Je vais frotter un peu, si c'est trop insupportable, tu le dis. Tu as compris ? " Elle répéta au besoin jusqu'à s'être assurée que Shyn'tae l'ai comprise, avant de reprendre. " Et il était comment ce Zurthan aveugle ? " Elle n'était pas guérisseuse, mais elle avait passé assez de temps dans le temple de Néera après Amblère pour avoir pris quelques réflexes... Et faire parlé les malades était celui qu'elle le mieux à l'époque, étant donné qu'elle ne pouvait pas faire grand chose de plus.

Au moins son délire était original. Un Zurthan aveugle seul dans le désert avec trois lionnes blanches et qui emmène une eldéenne jusqu'à Thaar pour la laisser en rade dans la rue. Elle avait de quoi écrire un livre avec tout ça.

Poussant Shyn'tae a raconter les songes que lui avaient fait faire ce dur voyage, les détails, les anecdotes incongrues, Cécilie concentra ses yeux et ses mains sur les contours de la blessure. Avec des mouvements légers qu'elle avait eu le loisir de perfectionner au contact de Dante, elle nettoya le tour de la blessure avec la plus grande légèreté possible. Elle ramassait les saletés et le sang, trempant régulièrement le tissus dans l'eau clair, remettant à l'occasion un peu de savon. La coupure était nette mais l'infection la rendait sensible et gonflée. Une fois le dessus et le tour lavés avec précaution, elle put se faire plus vive. avec un peu plus de savon, gardant des mouvements doux, elle élargit peu à peu la zone lavée, passant comme elle le pouvait dans son dos et sur son ventre. L'eau froide roulait sur la peau mise à nue, sur ses propre vêtement et sur le drap du lit sans qu'elle ne s'en fasse. De toute façon, il faudrait les changer.

Elle remonta sur son ventre, passa sur ses épaules et ses bras, les manipulant avec toujours la même précaution appliquée. Puis son cou. Elle repoussa sa crinière emmêlée en arrière sans tenter de la nouer ou de la démêler et renouvela son eau pour glisser sur les traits fatigués de son visage. Son menton. Sa mâchoire qu'elle sentait frémir par moment. Ses lèvres gercées.

- Ferme les yeux, juste un instant. " le chiffon froid, à peine humide, se posa sur les paupières de la jeune femme pour en retirer la poussière. " Voilà. Tu disais donc ? "

Elle lavait, rinçait, et laissait l'air tiède rafraichir la peau fiévreuse par l'entremise de l'humidité.

Après un moment d'hésitation, Cécilie commença a défaire la vague bande de tissus qui cachait la poitrine de la jeune femme. Vu son état, il était ridicule de s'arrêter à ça alors qu'il faudrait peut-être répéter plusieurs fois l'expérience avant qu'elle ne soit pleinement capable de le faire seule... Et puis il fallait être honnête, cette odeur rance mêlée à celle de sa blessure soulevait le cœur de la soigneuse improvisée.

Les yeux froncés, rangeant le plus loin possible son passé Néerite, elle attaqua tout d'abord son dos, ses omoplates, ses cotes, avant de venir suivre ses courbes en tentant de faire au plus efficace. Si Dante la voyait, il serait furax... Enfin peut-être pas. Parfois elle se surprenait elle-même. Comment pouvait-elle jouer les prostituées sans aucune pudeur et se retrouver à avoir l'impression de faire quelque chose inappropriée en soignant quelqu'un qu'elle connaissait ?

Que son éducation péninsulaire aille se faire foutre !

- Ta blessure au flanc, c'est bien la seule que tu as, n'est-ce pas ? " demanda-t-elle l'air de rien en laissant ses mains s'affairer. Il n'y avait pas grand chose pour cacher une autre blessure de toute façon, mais c'était une question comme une autre...
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 10:36



-Sont belles les lionnes hein... Fortes aussi... Rudaba m'a sauvée..."

Elle fit une pause, les seuls bruits qui rompaient le silence furent sa respiration difficile le clapotis de l'eau tombant du linge qu'Irulan venait d'humidifier. Rudaba la lionne l'avait sauvée, elle était forte oui, Shyn'tae n'était pas aussi sûre qu'elle le soit aussi.

- Ça te va bien, lionne. Mais pour le blanc je suis moins sûre... Je vais frotter un peu, si c'est trop insupportable, tu le dis. Tu as compris ? "

-Non c'est vrai... on choisit pas ca... je préfère... faire la panthère noire...   Graou." Elle avait levé la main droite et avait donné un coup de griffe imaginaire. Ne pas s'arrêter... Il fut si laborieux que cela rendit la tentative plus adorable encore. Irulan répéta à nouveau, alors la daedhelle leva un doigt et hocha la tête.

- Ne t'en fais pas... fais ce qu'il faut. Elle suivit des yeux le bras de l'humaine, avant d'ajouter quelques mots. Ne pas s'arrêter..."C'est vraiment moche... me suis pas manquée cette fo.." La drow expira doucement, tremblante. Sa main s'agrippa à ce qu'elle pouvait de la jeune femme.

Puis elle souffla, et leva la main pour signifier que tout allait bien. Sauf que rien n'allait bien, même elle pouvait se rendre à cette evidence que personne ne voudrait aborder. C'était à se demander pourquoi exactement elle s'accrochait ainsi… Pour les dieux? Ils en riaient surement, si seulement il en avait quelque chose à en faire. Pour qui alors? Que voulait-elle démontrer?

Dangereux fil de pensée... Elle s'empressa de répondre à la question. L'ancienne professeur pouvait s'accrocher à cette jolie voix qui rappelait tant de bons souvenirs.

- Il t'intéresserait… élémentaliste… manipule le sable du desert… belle maitrise… des effets subtils..." Elle leva la main pour égrener, dans un murmure. Le tissus replongea dans la bassine, colorant l'eau de teintes rosées. C'était drôle comme les mots venaient tout seul. Avaient-elle autant espionné le mage?

- Faire disparaitre nos traces… Percevoir les mouvements dans le sable… à des kilomètres peut-être… nous cacher… Tu m'étonnes… qu'on n'arrive pas à se débarrasser des Zurthan…

Le coton humide glissait sur sa peau nue. Il emportait avec lui la saleté du voyage, petit à petit. L'eldéenne ferma les yeux lorsqu'il passa sur son visage, s'attarda sur ses paupières. La pièce tournait, elle se blottit un peu plus contre sa protectrice.

- Par contre... tellement mauvais... tellement mauvais pour focaliser... j'ai honte pour lui." Elle voulu rire, mais manqua de s'etouffer à la place. Elle l'avait vu faire, la magicienne n'avait pas réalisé au début... Cela avait été comme un rêve, à quel point était-ce mieux aujourd'hui?

A quel point?

- Il se tue tout seul… l'idiot... tant de chose... qu'on ne sait pas."

A un moment, l'humaine avait enlevé le bandeau qui retenait sa poitrine pour nettoyer son torse. Elle ne s'en était pas aperçue. Elle avait du avoir une absence. Un doigt de la drow caressait doucement, faiblement un peu de peau exposée de son amie.

Elle secoua la tête à la question. Elle avait beaucoup d'autres blessures, mais aucune aussi grave. Des blessures superficielles en piètre état, mais Irulan avait du les voir.

Shyn'tae savait pourquoi elle voulait continuer.

- Il restait encore tant de choses à découvrir... Tu crois pas?" Ce n'était pas plus qu'un murmure entre ses lèvres.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 18:37


Elle avait rit pour deux en l'entendant s'offusquer des mauvaises bases du jeune homme. Elle lui avait aussi des remarques quand elles avaient commencé à étudier ensemble. Bien sûr, Cécilie n'avait pas put utiliser plus de quelques tours sommaires pour que ses marques restent abrités par ses vêtements, mais ça avait suffit pour quelques piques et quelques conseils. La sentant partir, Cécilie redressa un peu l’indécrottable professeure de magie et remplit le gobelet d'un peu d'eau propre avant de le lui tendre, l'obligeant à se concentrer pour boire. Ce ne fut qu'une fois qu'elle eut fini le verre que l'humaine consentit à répondre.

- Et tu as la chance de ne pas être limité par une vie humaine, alors tu as intérêt à ne pas la gâcher. " Elle sourit sans vraiment la regarder, reposant le godet pour reprendre son chiffon et en finir avec toute la partie haute du corps de la patiente. " Imagine ce que tu vas pouvoir découvrir. Un univers infini de savoirs, de plaisirs et de possibilités. D'ailleurs ton beau Zurthan, devait bien en faire parti, non ? "

Enfin elle arrivait au bout.

- Il va falloir que je m'occupe de tes jambes. Je vais t'aider à t'appuyer contre le mur. " L'allonger et elle se serait endormit en moins de deux, Cécilie n'en doutait pas une seconde. Alors elle l'aida à rester plus ou moins assise. L'oreiller n'offrant pas un confort particulièrement moelleux, elle lui laissa au moins son sari - libéré et déplié - pour s'en couvrir si elle le désirait. Une fois fait, elle referma les doigts de Shyn'tae sur un nouveau verre d'eau et attendit qu'elle le boive, assise sur le rebord du matelas. Elle ne repris la conversation qu'une fois le godet vide, posé à terre.

Tout en parlant, elle changea une fois de plus l'eau de la vasque et s'assit aux pieds de sa patiente... Et bon sang elle avait du boulot. Elle retirait ce qu'elle avait dit plus tôt. Elle n'avait pas traversé le désert Zurthan seule. Elle avait traversé seule et pieds nus les plaines de sels des terres stériles après le désert Zurthan.

Bon... Là le plus simple était encore de...

Trois coups retentirent à la porte. Elle se redressa en un battement de cil et couvrit Shyn par réflexe.

- Qui est-ce ?
- Celui que tu attendais, j'imagine.

La voix indéniablement masculine n'était pas particulièrement grave mais s'écoulait d'une façon fluide, sans à-coups. Elle avait toujours cette façon de rouler et d'emporter comme le courant tranquille d'un cours d'eau. On devinait un léger sourire dans son intonation pleine.

Tout en se déplaçant vers la porte, Cécilie lança un sourire à Shyn'tae.

- Le guérisseur.  " Mais au moment de se tourner vers les battants, lorsque ses yeux quittèrent ceux de l'eldéenne, il n'y avait plus que de la froideur sur son visage.

Du coin de l’œil, elle se rendit compte que la porte n'était pas barrée... Elle l'avait oublié. Et pourtant son invité restait poliment dehors. La porte s'ouvrit dans un chuintement de métal mal huilé et elle s'écarta d'un pas pour laisser son hôte entrer.

- Merci d'être venu, Mehmet.

Elle ferma la porte tout en détaillant le dos du nouveau venu.

L'homme était grand, c'était d'autant plus flagrant alors qu'il passait près de l'humaine. Sans être un monstre, on pouvait facilement le qualifier de force de la nature. Le dos droit, un turban lui couvrait la tête et le visage. Ses vêtements étaient des plus banals. Leur usure, leur facture, leur état de propreté, rien n'était véritablement à noter.

Il s'était tout de suite tourner vers Cécilie, sans se préoccuper de la jeune femme sur le lit qui n'avait pas eu le temps de voir son visage caché en grand parti par le voile de son turban blanc de bédouin.

- Je ne pouvais pas refuser, Irulan.

Il retira son turban en quelques gestes, l'envoyant sur le coffre à deux pas. Alors qu'il était dos à Shyn'tae, Cécilie se retrouvait plus ou moins de face. Bras croisés, glaciale et régalienne, rien ne laissait transparaitre la surprise qui venait de lui serrer les tripes.

Le turban cachait un crâne rasé de frais. Le visage aux traits forts et au nez typique des Vaanis avait le menton en galoche et des lèvres épaisses. Ses yeux effilés étaient ombragés par deux sourcils très noirs qui lui donnait toujours la même expression à la fois compatissante et suspicieuse. Les années n'avaient pas rendues ces iris d'un mauve soutenu moins aiguës non plus.

Mais tous ces petits détails que l'on reconnait d'une personne croisée il y a longtemps n'étaient rien. L'attention de ceux qui l'observaient devait être irrémédiablement détournée vers un autre genre de détail.

De fines lettres d'encre noire étaient tracés, minuscules, sur l'ensemble de sa tête, de son visage, de son cou, de ses mains, de la moindre parcelle de peau visible. Des lettres d'un alphabet oublié de tous... ou presque. Les symboles étaient tracés en cercles successifs, comme des bandes que l'on enroule autour de la tête et du corps. Seul le contour de ses yeux et son menton échappaient à la règles, marquant davantage ses traits et ses expressions.

Dans les quelques instants de silences que l'humaine venait de s'accorder pour le détailler, se demandant soudain si elle avait pris la bonne décision, il esquissa un sourire à la douceur mélancolique et repris de sa voix liquide.

- Tu as changé.
- Est-ce que tu peux la soigner ? " répondit-elle d'un ton égal en désignant Shyn'tae du menton, s'approchant de quelques pas pour accompagner son hôte au chevet de la patiente. " Elle a une plaie au flanc qui s'est infecté, peut-être aux pieds aussi, et elle a une fièvre horrible.
- Septicémie. " ponctua l'homme en se penchant vers la noire elfe, posant son battoir sur son front pour en tâter la température. Sa carrure tranchait avec ses manières retenues. Puis, adressant un sourire parfaitement médical à la patiente, il empoigna son bras valide et serra un bref instant. La couleur de la peau fluctua tout comme la chair pour retrouver sa forme initial quand il relâcha la pression. " Déshydratation. " Sans se redresser, il jeta un regard par dessus son épaule à l'intention de Cécilie. " Que lui as-tu donné pour l'instant ?
- Rien. Je l'ai fait boire et j'ai commencer à la laver. "

Il acquiesça et reporta son attention sur la patiente. Cécilie vint se placer à la tête du lit, près de Shyn'tae pour poser sa main sur son épaule. Sa voix reprit un timbre plus chaud à son attention. " Dit-moi. Je ne me suis jamais demandé comment pratiquaient les médecins eldéens. Ils sont tous prêtres ou il y aussi des profanes ? "

Avec un nouveau sourire qui frottait la peau comme un morceau de velours à rebrousse poil, Mehmet s'étendit au-dessus d'elle et décala tissus et drap pour parcourir sa peau d'un œil professionnel. Découvrant l'état de son flanc, il n'eut pas le moindre haussement de sourcil. Il continua simplement de la détailler. Il examina ses lèvres gercées. Son énorme paume prit délicatement le bras vivace de la jeune femme et le souleva avec précaution, testant ses articulation de l'épaule aux doigts. Puis il passa à l'autre, lui fit subir le même traitement avant de le reposer à l'endroit ou d'où il l'avait soulevé.

- Son bras est atrophié.
- C'est normal. Une ancienne blessure.

Il se pencha encore plus et son énorme tête chauve vint coller son oreille entre les deux seins de l'eldénne. Puis il se redressa et passa aux jambes. Les pieds. Les articulations des chevilles. Des genoux. Des hanches, notant mentalement chaque égratignure, chaque plaie non soignée, chaque brûlure du soleil, chaque ampoule.

Comme s'il venait tout juste de remarqué que l'humaine avait soigneusement commencé par laver les deux extrémités en laissant en place le simulacre de pagne crasseux.

- Je pensait que ta pruderie était passée. " Pas de réponse. Pas un regard échangé. Seulement un vague " Je vais enlever votre jupe, madame. Elle est trop sale. " destiné à Shyn'tae.

Sans attendre un accord, l'homme défit la chose qui se faisait passer pour un vêtement et termina son examen minutieux.

Lorsqu'enfin il se redressa, son regard traina encore un peu sur le corps mis à nu avec toujours cette même expression retenue. Puis il détailla le reste de la chambre et avisa les dernières gouttes d'eau fraiche au fond de la carafe.

- Il faut que tu ailles chercher de l'écorce de saule pour fluidifier le sang et faire baisser la douleur. " déclara-t-il le clapotis des dernières once de liquide faisant concurrence au timbre de sa voix pendant qu'il se lavait les mains.
- J'en ai. " Cette fois l'homme leva un sourcil mais l'humaine fouillait déjà dans la sacoche à sa ceinture, sortant deux rouleaux d'écorce. " J'en ai toujours... au cas ou.
- Je vais avoir besoin d'énergie pour l'infection. Je vais donc traiter sa plaie à la main. J'ai besoin d'un couteau, le plus fin et aiguisé possible, chauffé à la flamme, une spatule, des kilos de draps propres, de l'eau chaude et de l'eau fraiche.

Aussitôt, Cécilie se mit à rassembler les vasques et cruches de liquide saumâtre et quitta la pièce, revenant périodiquement avec l'un des éléments demandé par le guérisseur qui s'était assit près de sa patiente, lui tenant le poignet tout en la regardant, l'air pensif comme s'il comptait quelque chose. Puis son sa poigne se détendit et son regard redevint acerbe. Ses iris mauves s'insinuèrent même avec insistance dans celle de la drow au bord de l'inconscience. En un battement de cil, il saisit sa mâchoire fine dans sa gigantesque paume pour l'obliger à le regarder. " Vous êtes mourante. L'infection vous fatigue. Je peux essayer de vous sauver, mais je dois utiliser de la magie sur votre corps. Est-ce que vous êtes prêtes à l'accepter ? "


Dernière édition par Cécilie de Missède le Mer 21 Aoû 2019 - 14:43, édité 1 fois
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 23:20



Shyn'tae souriait, le regard pétillant. C'était comme avant… des souvenirs s'éveillaient en elle, si nombreux, comme s'ils étaient portés sur la berge comme le clapotement de l'eau. Les paroles d'Irulan étaient encourageante, mais la daedhelle n'était pas dupe. Elle pouvait au moins jouer le jeu, comme avant. Cela ne servait à rien, pourtant elle regrettait.

Toute sa vie elle avait su qu'elle méritait mieux que les humains. Mais maintenant que sa propre vie filait inexorablement entre ses doigts impuissants, elle réalisait l'immense injustice que cela représentait. Elle avait peur de mourir, peur de ce qu'elle trouverait après. Elle avait vécu déjà trois cent ans… Et pourtant ce n'était pas assez. Son ami vivrait bien moins que cela. Elle méritait tellement plus. Elle ne méritait pas de la voir gâcher sa chance en tout cas…

- Le Zurthan est mignon oui… comment tu savais que…" Elle soupira, amusée  … suis prévisible. Un sourire malicieux embellissait son visage mouillé par l'eau et la transpiration. Elle ouvrit la bouche, faillit ajouter quelque chose. Elle se souvenait si bien d'un baiser.

A la place, elle se tut.

Son dos nu était maintenant appuyé contre la pierre froide. Shyn'tae regardait la jeune femme la nettoyer avec attention. Elle l'écoutait. Parfois des parties de phrases lui échappaient alors que son esprit s'évadait dans une quelconque rêverie, avant d'être ramené sur terre par la voix de la demoiselle.

On frappa à la porte, ses oreilles fébriles se tendirent dans la direction du bruit, ses yeux carmins suivirent de prés. Le guérisseur? La drow sourit en retour, et souleva la main. Elle se sentait tellement épuisée. Ce serait si bien que Na'ri soit là, pensa-t-elle.

- C'est drôle… j'ai fait la même à Xan'darin. Juste retour des choses....

Mais ce n'était pas Na'ri. La daedhelle suivit du regard l'evolution de l'homme immense qui venait de les rejoindre. Il y avait quelque chose en lui qui inquiéta la drow, sans qu'elle sut dire quoi. Les manières froides d'Irulan peut-être? Il s'adressa d'abord à son hôte sans prêter attention à la blessée. Pas de problème. Il s'y intéresserait bien assez tôt. Ils formaient un couple bien étrange. Si froide. Il ne lui plaît pas.

L'instant d'après, il était devant elle, si proche, à l'observer. La main d'Irulan s'était posée sur son épaule. Un peu de temps avait disparu, aspiré dans le néant. Est-ce que si elle partait ce serait ainsi, sans même s'en apercevoir, à rêvasser? La drow trouva l'idée horrible et, dans un regain d'énergie, releva la main pour attraper celle de la demoiselle.

-  Dit-moi. Je ne me suis jamais demandé comment pratiquaient les médecins eldéens. Ils sont tous prêtres ou il y aussi des profanes ? "

- Prêtres.. Et Na'ri surtout… Elle est si… si… triste? peut pas sauver tout le monde…" Les idées se bousculaient dans sa petite tête plus vite qu'elle ne pouvait les traiter ou les comprendre. Rêves, souvenirs, questions et réponses, sans rapport les uns avec les autres.

-Je vais enlever votre jupe, madame. Elle est trop sale. " Le temps que le message arrive jusqu'à elle, il l'avait déjà enlevé. C'était bien, parce qu'elle n'aurait pas dit non. Pour tout dire, elle s'en fichait bien.

- Je l'aimais bien… Le C'nros… a des bonnes capes… Les lionnes avaient déchiré le reste… " C'était vrai qu'elles ne laissaient pas grand chose d'utilisable derriere elles en général. Ils parlaient à l'arriere plan, la noirelfe n'écoutait les humains qu'à moitié.  A un moment, sa main était retombée.  

"J'ai un couteau… un peu sale par contre... "  Ses lèvres se pincèrent. Pas sûr que ce serait utile, reconnut-elle. Le visage du guérisseur, puisque cela devant en être un, même s'il lui faisait plus penser à un nécromant à cet instant precis,  apparut dans son champ de vision. Shyn'tae s'aperçu qu'il lui tenait le menton.

Dans un instant de lucidité, son regard reprit de la vigueur, plus perçant, au milieu des mèches folles. Il lui posait une question qu'elle n'attendait pas, mais pleine d'interêt. C'était un homme qui demandait poliment à enlever des jupes et à se soumettre à des rituels magiques.

- Je sais… C'est pas vraiment un choix difficile." Avait-elle confiance en cet inconnu? Autant qu'Irulan lui faisait confiance. Et elle lui faisait au moins assez confiance pour la confier à lui dans cette situation. Avait-elle eu elle-même le choix?

Mais au fond, qu'elle importance est-ce que cela avait? Il disait la vérité, elle le savait. Elle ne voulait pas mourir. Tout était dit.

- Allez-y... et.. Elle leva un doigt sombre vers son visage. Vos tatouages… qu'est ce que c'est… je.. reconnais pas la langue.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMer 21 Aoû 2019 - 21:04


L'homme à la large carrure se redressa au bord du lit, mais ne s'éloigna pas. Sa voix sans à-coup était toujours égale, mais un sourire toujours alangui éclairait son expression d'une lueur étrange. Cécilie passa rapidement poser  une pile de draps et ajouta un petit poignard au manche de nacre et d'argent taillé en forme de faucon,  avant de ressortir.

- Beaucoup de curieux se posent la même question que vous. Pourtant votre peuple aurait pu sauvé ce genre de savoir. " expliqua-t-il sans hargne, son regard lourd transperçant avec insistance les pupilles de son vis à vis. " Ce sont des prières en ancien Nisetien. Même aujourd'hui il ne fait pas bon crier trop fort son appartenance aux anciennes pratiques... mais ils faut bien que certains d'entre nous gardent la tête haute."
-Oh... j'aurais dû voir... je crois…" La drow s'était tu, elle plissait les yeux pour mieux voir les caractères, des souvenirs se bousculaient en elle, l'odeur du vieux parchemin, des heures passés dans des caveaux profonds entourés d'ouvrages jusqu'au plafond. Il fallait qu'elle montre ca à Irulan.

-... vous devez m'en vouloir...

- Ce serait bien inutile. Vous n'êtes pas responsable des décisions de vos ancêtres.
- j'aurais bien aimé connaitre Nisetis... Ca devait être formidable… tellement dommage." Elle s'arrêta à nouveau, ses yeux vagues dans ceux, si perçants du guérisseur. "... il n'y a qu'à attendre... on se détruira... tous seuls. Très doués pour ca."
La drow toussa, puis leva la main, le doigt levé.
-  Dire des trucs hérétiques... lorsqu'on meurt.. c'est pas une très bonne idée." Dans les faits, ce n'était jamais une bonne idée, mais à quel point les dieux s'intéressaient-ils vraiment à ce que les drows disaient? Elle prit le temps de la réflexion. Il n'y avait plusieurs façons de savoir, aucune ne lui plaisait.
- Alors il ne vous reste qu'une chose à faire pour vous rattraper : ne pas mourir. " Il eut encore un sourire de velours avant de se relever, lentement.
- Malin" La drow lui avait rendu son sourire.

Sans plus se préoccuper de sa patiente, il commença à rouler ses manches pour qu'elles tiennent au-dessus de ses coudes. Il pliait le rebord de façon régulière, de façon à ce qu'aucun faux-plis ne vienne tendre ou déformé le vêtement qui - en y regardant de plus près - était fait parfaitement sur mesure malgré le tissus de grosse toile populaire et la facture passe-partout. Dans le même temps, la porte se refermait. Cécilie posa une bassine d'eau chaude à côté de celle d'eau froide, près du lit. Mehmet continua son office, les yeux penchés sur le tissus de sa chemise, mais il lança de sa même voix aqueuse.

- Si tu restes, tu me devras une obéissance totale. Sinon, attend à la porte.

- Je reste. " siffla le ton hautain et glacial. Shyn'tae avait haussé un sourcil. Le guérisseur se leva pour aller soigneusement se laver les mains avec de l'eau chaude et du savon, passant même sous ses ongles courts. La daedhelle le suivait des yeux. C'était un humain bien particulier. Si… détaché. A la fois apaisant et suprêmement agaçant. Impassible. De ceux qui ne laisseraient aucune émotion s'opposer à leurs decisions. Qu'y avait-il entre lui et Irulan… Que s'était-il passé pour que ce soit lui qu'elle appelle?

- Alors tourne là pour que son flanc blessé soit de mon côté et place toi comme tu peux pour la tenir sans me gêner.

La jeune femme acquiesça en venant de nouveau passer le bras sous l'épaule de Shyn'tae. Après avoir changé de côté, elle se réinstalla dans la position qu'elle avait prise pour commencer à s'occuper de la drow, la calant contre elle à ceci près qu'il n'y avait pas de mur derrière elle cette fois et que sa jambe au sol lui servait bien plus d'appui. La daedhelle s'était lovée contre elle. Elle avait une bonne idée de ce qui risquait de se produire ensuite. Il fallait le faire de toute manière. Ce n'était qu'un mauvais moment à passer.

Kiel devait beaucoup l'apprécier.

- Tu tiens le coup ? " murmura-t-elle une fois en position. Les doigts sombres s'étaient glissés entre les siens, aussi doux que ceux d'une enfant ou d'une amante. Leur propriétaire ne semblait pas s'en être aperçue. Elle prit un peu de temps pour répondre, son regard fiévreux peu à peu plus vivace  le temps qu'elle reprenne le fil de ses pensées.
-  Ce n'est qu'une ruse… pour être contre toi... Efficace. Suis fourbe…
- C'est ça oui...
- une redoutable Eldéenne."

Un sourire un peu moqueur perça la glace des yeux de la jeune femme. Le souvenir de leur dernière rencontre aurait put faire vaciller l'humaine, mais Shyn'tae restait égale à elle même et quelques traits de ce genre n'étaient jamais très loin. Et puis leur dernière rencontre remontait presque à un mois, une autre vie. Elle serra les doigts glissé entre les siens et passa son autre bras autour de sa compagne sans se soucier de sa nudité cette fois. Le fait que l'eldéenne ne semblait pas y prêter la moindre attention l'aidait grandement.

- Être près à passer près de la mort pour corrompre un jeune Souffle innocent. Ça ne m'étonne pas de votre engeance."
- C'est presque trop monstrueux.. même pour moi." Du coin de l’œil, elles virent Mehmet passer la lame du poignard sur la flamme d'une bougie.
- Manque de chance. Mehmet sait ce qu'il fait. Tu seras sur pied en quelques jours."
- Ah… faudra que je trouve une autre excuse." La flamme était hypnotique maintenant que la drow s'attardait dessus. Elle mit un peu de temps avant de s'apercevoir qu'il avait terminé. La douleur quant à elle s'était évaporée avec le temps. Shyn'tae ne put retenir un rire qui raviva la douleur un peu trop lointaine à son gout.

L'homme revenant vers elle, la daedhelle leva la tête vers sa compagne dont le visage s'assombrit sensiblement en entendant la question. L'homme lui coula un regard luisant mais ses épaisses lèvres restèrent closes.
- Vous vous connaissez… depuis longtemps?
- Je l'ai rencontré la première fois que j'ai vu Thaar.
- Nous ne nous étions pas revu depuis des années. " ajouta-t-il, tranquille, en posant un genoux sur le matelas.

Sans prévenir, d'un geste précis et net, il rouvrit la blessure et commença son œuvre : vider et débrider.
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeJeu 22 Aoû 2019 - 0:20



La patiente se tendit, dans un sursaut. Qui avait dit qu'elle n'avait plus mal? Son ventre rayonnait maintenant d'une douleur si grande qu'elle manqua de défaillir. Son souffle devint haletant en quelques secondes, sa peau luisante d'une sueur qui coulait abondamment.

Il gérait en même temps les vasques d'eau et son ouvrage. Heureusement, le poignard était aiguisé comme un rasoir. L'odeur prit instantanément Cécilie à la gorge et le sang se mis à couler abondamment. C'était normal ? Son corps ne trahit pas son doute. Elle se contenta de serrer Shyn'tae aussi fort que possible, laquelle restait crispée, la main tremblante crispée dans celle de son amie.

Un gémissement plaintif lui échappa. Vraiment, elle avait ca dans son ventre? Et tant de sang... La blessure n'en avait pas produit autant lorsque cette enfoirée la lui avait infligé.

Etait-ce normal?

Son champ de vision se réduisait, elle eut envie de vomir l'eau qu'elle venait d'avaler. La daedhelle tenta de se raccrocher à la main de l'humaine, serrant plus fort à s'en faire mal. La salle tournait comme si elle avait tenté de monter un Fern sauvage. La douleur embrasait son ventre. Elle ne voulait pas lâcher.. Elle ne pouvait pas lâcher.

Son regard s'emplit d'une panique telle que Cecilie n'en avait jamais vu chez la daedhelle.

-Iru..
- Je suis là.

L'humaine passa une main sur le front de l'Eldéenne sans tenter plus longtemps de la faire lutter contre l'inconscience. Sans doute aurait-ce été le plus clément. La drow venait de lâcher sa main, et finit de s'affaisser sur elle doucement

Heureusement, Mehmet agissait sans clémence mais il agissait vite. Il ne fallut que quelques minutes pour qu'il lave avec soin et sorte de sa sacoche de ceinture une petite corne a huile et un morceau de plante verte épaisse et grasse pour en enduire la plaie à vif, produisant à la fois un contact piquant et un froid agréable. Ramassant un morceau de drap propre, il protégea la blessure et maintint le pansement.

- Elle est consciente ?" Le corps svelte dans les bras de l'humaine ne s'agitait plus qu'à peine sous l'effet de la douleur , la tête appuyée contre son épaule, yeux clos, le souffle laborieux. Les battements faibles de son cœur prouvait qu'elle s'accrochait au moins encore à la vie sans pouvoir la lâcher. Les fines cicatrices, innombrables, qui étaient apparues ces dernières années sur sa peau nue, les blessures encore vives qui s'y étaient ajoutées il y a peu, tout cela ne changeait rien, ou si peu. Elle paraissait toujours aussi fragile.

- Non.
- Elle était plus amochée que je ne le pensais. " conclut-il en se relevant, laissant Cécilie sans autre indication pour emmener la vasque et le tas de draps fielleux. Il retourna ainsi se laver méticuleusement les mains.

Dans le silence seulement ponctué par l'eau, les bruits lointains de la fumerie en bas et de la lointaine harangue d'un vendeur à la sauvette sous la fenêtre, Cécilie prit brusquement conscience qu'elle respirait à grande lampées tendues. En quelques inspirations, elle régula son rythme et laissa ses épaules retomber doucement. Même frêle, Shyn'tae pesait lourd dans ses bras.

La jeune femme ne se serait pas mis en danger de mort pour quelqu'un d'autre que Dante, mais elle préférait voir son amie vivre... justement parce que - de toutes les personnes qu'elle avait rencontré en Ithri'Vaan - c'était probablement la seule qu'elle pouvait appeler son amie. Elle avait été un danger, mais également un professeur et une consœur. Bien sûr, elle pouvait parler de magie dans d'autres cercles mais pas de la même façon. Si elle n'avait pas passé de si bonnes vacances, les soirées qu'elles passaient en conjectures et en partage d'idée et de savoir lui auraient sûrement manqué. Sûrement...

- Son corps ne pourra supporter une intervention magique si je ne fournis pas la quasi totalité de l'énergie utilisée. Il est possible que j'ai besoin d'un peu de repos après. " Il secoua ses mains au dessus du bol et les sécha avec le torchon qu'il avait utilisé un peu plus tôt. Droit. Mesuré. Contraint. " Débarrasse moi de tout ce qui est souillé et va prévenir la tenancière, qu'elle prépare une seconde chambre ou qu'elle monte une paillasse d’appoint.

Silencieuse, Cécilie regarda le visage appuyé contre elle. Son teint tirait sur le gris, sauf ses orbitent restées très sombres. Elle respirait faiblement, mais régulièrement et frissonnait à chaque frôlement d'air sur sa peau couverte de sueur. Elle passa une fois de plus une main sur son front.

- Si tu as peur que je lui fasse quelque chose pendant ton absence, Drakma, je...
- Ne m'appelle pas comme ça.
- Comme tu veux. Mais je n'aurais pas accepté de la soigner si c'était pour lui faire du mal quelques secondes plus tard. J'avais autre chose à faire de ma journée.
- Je me doute. " Après un instant de plus, elle se dégagea, déposant aussi précautionneusement que possible la jeune femme sur les draps, rassembla tout le matériel et quitta la pièce.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeJeu 22 Aoû 2019 - 0:45


En bas, la tenancière lui demanda des nouvelles, qu'elle lui donna avec un sourire incertain. Elle ne savait pas s'il était sincère ou non, mais elle s'en foutait. Elle était certaine qu'il était convainquant et c'était tout ce qui comptait. La femme l'aida à se débarrasser des eaux usées et du linge sale. Cécilie lui donna le reste de sa bourse pour la peine et lui promis de lui rembourser le reste dès qu'elle le pourrait, mais de toute façon, la responsable des lieux n'était pas bégueule. Elle refusa certes d'apprêter une autre chambre, mais elle lui sortie de la réserve une paillasse de voyage avec une couverture et un petit oreiller remplit de graine de lin.

Elle monta le baluchon et redescendit chercher encore de l'eau propre, elle s'assit un instant dans l'escalier pour souffler un peu. Elle ne s'attendait pas à gérer ce genre de chose aujourd'hui... Au moins Dante ne s'inquiétait pas puisqu'ils étaient chacun de leur côté. Elle avait largement jusqu'à la soirée pour régler tout ça. Bon... Elle ne savait pas encore si elle emmènerait Shyn'tae à la parfumerie. A priori, non. Vu la dernière réaction de Dante à son égard, même si elle lui avait dit qu'il n'y avait rien entre elle-deux, autre que de la camaraderie, il allait falloir qu'elle lui dise les choses en douceur. Lui cacher était hors de question.

Elle soupira. La poursuite de leur monstre allait encore être retardée... Et la confrontation de Dante du même coup. En posant la tête dans ses main, elle se rendit enfin compte que sa chemisette blanche était beaucoup moins blanche et beaucoup plus transparente, imbibée de sueur et de  crasse. Il y avait même quelques tâches de sang sur les manche et sur la jambe de son pantalon... Super.

Bon. De toute façon, ça ne changeait rien à ce qu'elle avait à faire maintenant. Une fois Shyn'tae hors de danger elle enverrait un billet à la parfumerie à l'intention de Dante pour qu'il la rejoigne ici. C'était sans doute le mieux à faire.

Lorsqu'elle se retrouva à nouveau dans la chambre après avoir pris quelques minutes pour elle, le grand homme était en tailleurs près du lit. Les manches de sa tunique avaient repris leur longueur normale.

- Je t'attendais pour commencer. Lave là pendant que je m'occupe d'elle. ça ne me dérangera pas et ça nous permettra de la mettre sur la paillasse.

- Ce n'était pas pour toi ?
- Non. Personne de sain d'esprit ne voudrait dormir dans ce lit vu son état.

Sans un mot de plus, Cécilie se mis au travail tandis que Mehmet avançait la main pour la poser à plat sur le nombril de l'eldéenne. L'autre tira de sa chemise un épais pendentif représentant un reptile mordant sa propre queue, constitué de bronze, d'or et d'argent, enroulé sur une rose des vents piquée de pierres précieuses de différentes couleurs. Il respira profondément, les yeux fixement ouvert sur le corps nu, l'observant avec une concentration sans faille. A partir de la main posée sur la peau sombre, des veinules commencèrent à irradier d'une lueur tamisée aux couleurs changeantes. Ternes. Elle pulsaient et croissaient selon une pulsation lente et posée. Sur leur passage, alors qu'elles prenaient leur temps pour prendre possession de leur nouveau domaine, la peau se hérissait, les muscles se tendaient doucement. Les lueurs formèrent un nœud au niveau du cœur, un autre au niveau du crâne. Mehmet respira un grand coup, puis ne bougea plus. Un tintement cristallin vibrait parfois à la limite de l'audition lorsque les couleurs fluctuaient, mais Cécilie restait concentré sur la tâche qu'il lui avait donnée.

Sous ses paumes, la jeune femme sentit peu à peu la température de la peau baissée. Une douce odeur de savon couvrait peu à peu les parfums lourds dans lesquels ils baignaient. Les battements de cœur se faisaient plus amples et la respiration plus franche. Cette fois, l'humaine n'hésita pas et traita l'ensemble du corps qu'on lui avait demandé de laver jusque dans les moindres détails, avec une neutralité dépourvue de trouble. L'opération lui prit bien une demi-heure, mais Mehmet n'avait toujours pas fini lorsqu'elle ramena une fois de plus le matériel en bas pour remonter une dernière fois de l'eau et des linges propres.

Plutôt que de se rouler dans un coin, elle jeta d'ailleurs un regard à la vasque. Une toilette en règle n'aurait pas été de refus mais avec les deux personnes qui partageaient cette chambre, elle n'allait pas pousser le bouchon plus loin. Elle en profita plutôt pour demander à la tenancière d'envoyer un billet à la parfumerie en spécifiant l'adresse de sa si belle auberge et que Garati était là. Puis elle paya une narguilée avec une portion de chanvre et une d'herbe à fumer aux fruits séchés, avec les cristaux de roche qu'elle avait encore dans sa sacoche. Puis elle remonta le tout, barrant la porte derrière elle. Assise sur le coffre, elle fuma un moment, tout en prenant des notes dans son grimoire.  

En tout, l'opération dura près de deux heures. Mehmet avait pris des poses de quelques minutes à plusieurs reprises mais jamais bien longues. Peu à peu, les lueurs qui dansaient en Shyn'tae avaient pris des couleurs plus vives, le noir, le vert et de bleu avaient disparus, le blanc c'était séparé en quelques canaux propres à lui, laissant les autres couleurs rouler et muter avec fluidité. Jusqu'à ce que sa paume se décolle du ventre de sa patiente, les lueurs se résorbant en l'espace de deux battements de coeur.

Pendant quelques minutes encore, Mehmet ne fit pas mine de se lever. Les deux mains posées sur ses genoux, il resta là et ferma les yeux. Sa respiration paisible marquait le rythme de la mine de plomb qui courait sur les pages de la voyageuse. Un petit quart d'heure s'écoula ainsi avant que la rivière qui lui servait de voix ne se répande à nouveau dans la pièce.

- Elle ne se réveillera pas avant plusieurs heures. Et il est fort probable qu'elle reprenne plusieurs fois conscience avant d'être véritablement capable de se lever. D'autres symptômes pourraient également réapparaitre transitoirement durant les prochains jours. nausée, vomissements, une sensibilité accrue, des affaiblissements temporaires ou de la fièvre sans-doute. Il faut que son corps reprenne ses propres marques. Elle était dans un était dangereusement grave. "
- Et je peux faire quelque chose ?
- Veille à ce qu'elle reste propre et dans un lit propre. Et veille à ce qu'elle boive et mange, même un tout petit peu, dès qu'elle ouvrira les yeux. J'ai donné à son organisme un surplus d'énergie et de ma propre eau, mais c'est encore bien inférieur à ce qui lui faudrait dans l'idéal.

Puis il souffla, ouvrit les yeux, et souleva l'eldéenne comme un fétus de paille pour la coucher sur la paillase, dans des draps propres et sec, la couverture remontée jusqu'au menton. Cécilie le regarda faire sans bouger. Elle ne pouvait pas l'aider à grand chose de toute façon. Alors elle attendit, jusqu'à ce que l'homme vienne s'asseoir à côté d'elle sur le banc.

- Il faudra que tu défasse entièrement les draps et je conseillerai aussi à la tenancière de laver le matelas, mais tel que je connais les habitudes de nos compatriotes, elle se contentera de le retourner.
- Sans doute.

Elle ne fit pas un geste pour lui tendre l'embout de la pipe à eau. Il n'esquissa ni un regard, ni un mot pour la lui demander. Le silence s'étira sans que l'un ou l'autre ne bouge, callé contre le mur.

- Je peux m'occuper du reste. Tu peux partir.
- Pas avant qu'elle ne se réveille. Je n'ai pas pour habitude de laisser le travail inachevé. Je referai une passe à ce moment là et je partirai.
- ... D'accord.

Sur ce, Cécilie se leva, éteignit la pipe à eau et commença à s'occuper du lit.
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeSam 24 Aoû 2019 - 13:05



***

Couchée sur le lit, la petite fille était absorbée dans la lecture du livre que sa mère lui avait mis dans les mains. L'ouvrage contait avec force détail les épreuves et les souffrances que les premiers enfants d'Uriz avaient enduré avant qu'ils ne trouvent le refuge du Puy. Elle aimait cette histoire, elle les admirait tant. Ses oreilles fines se dressèrent soudain:
   
La marche pesante de son père l’avait annoncé bien avant qu'elle ne puisse le voir. Elle put entendre ses parents discuter brièvement avant que la voix grave de Kerath ne se taise et qu’il aille toquer à la porte de sa chambre. Un sourire illumina son visage, et Shyn'tae se leva aussitôt pour ouvrir, sachant déjà ce qu'elle allait découvrir.
- Papa!
La petite drow s'était aggripée à une jambe massive comme un tronc. Elle était aussi petite et frêle qu'il était immense et fort. C'était son papa.

Les mains dans le dos et le sourire aux lèvres il se pencha en avant.
« On m’a dit que tu étais devenu très forte, tu montes m’embrasser ? »

Le sourire qui illuminait le visage de la jeune enfant grandit encore, son regard pétillant. Shyn'tae aimait les défis. Puis il la vit serrer les dents, concentrée, se ramasser sur elle même, puis sauter, bras tendus pour l'agripper. La manœuvre ne l'amena pas bien haut, mais elle entreprit alors de l'escalader comme un koala jusqu'à se pendre à son cou, heureuse de sa performance.
-je deviendrai encore plus forte que toi!

Il sortit un bras de derrière son dos et il le plaça sous la petite fille pour qu’elle puisse s’asseoir dessus. Kerath la regarda pensif quelques instants. Elle l'observait en retour avec admiration, la tête penchée.
« Pour savoir si tu y arrivera je dois verifier quelque chose... fais moi voir ton bras. »

Aussitôt, elle s'exécuta, confiante, fière d'elle, son regard devenu curieux. Son bras droit était fin comme une brindille, sombre comme le basalte. "Voilà. Je m'entraine tous les jours!"

« Arrête tu vas me rendre jaloux. » Il l’embrassa sur le front puis il fit mine de réfléchir pendant quelques secondes avant de poursuivre. « Bon, tu seras plus forte que moi, d’accord, mais est-ce que tu seras plus forte que lui ? » Demanda-t-il en indiquant son épaule opposé à la petite fille d’un mouvement de tête. Sur ladite épaule venait d’apparaître un félin à pointe, un chaton qui regarda Shyn’tae en penchant la tête sur le côté, légèrement intimidé.

Elle ne répondit d'abord rien, paralysée par la surprise, bouche grande ouverte, les grands yeux fixés sur l'animal qu'elle découvrait. Si la perfection existait au Puy, alors elle se trouvait devant les yeux de l'enfant. Elle pencha lentement la tête à son tour,  puis tendit lentement une main audacieuse vers la petite chose. - Non... lui sera le plus fort de nous trois!  "

- Moi c'est Shyn'tae! et toi comment tu t'appelles? chanta-t-elle à l'adresse de l'animal.

« Moi c’est Murrpau! » Répondit le soldat de sa voix la plus aigüe possible. « Je peux te faire un câlin ? » Enchaîna-t-il  alors que Murrpau regardait la fillette, intrigué, avant de miauler dans sa direction, ruinant les efforts de Kerath.

Du moins, c'est ce que le vétéran aurait pu craindre, car sa fille n'eut l'air de s'apercevoir de rien. "Bien sûr, Murrpau! A condition que tu protèges bien les arrières de papa quand je ne suis pas là." Elle avait tendu les deux bras vers le chaton, jambes tendues pour rester en équilibre. Ses mains rassurantes glissaient sur le félin à pointe intrigué et craintif avec tendresse, ses yeux attentifs aux réactions de l'animal. Le félin, un peu méfiant, se mit à ronronner sous les doigts de la petite fille jusqu’à ce qu’il s’avance pour poser une patte hésitante sur la jambe de Shyn’tae, la déséquilibrant une seconde avant que les réflexes protecteurs de Kerath ne le poussent à user de son bras libre pour empêcher qu’elle ne tombe. Murrpau vint se lover contre la daedhelle pour éviter lui aussi de tomber.

Le rire si léger de la fillette emplit la pièce. Elle n'avait pas craint de tomber, car son papa était si fort qu'elle ne risquait rien. Les bras pleins du chaton ronronnant, sa fille avait par reflexe ajusté sa posture pour que le bras libre de Kerath ne soit vite plus qu'une securité. L'instant d'après, elle imitait le ronronnement de l'animal. "Murrpau aime qu'on le gratouille!"

Son regard pétillant abandonna un instant le chaton pour revenir sur le soldat et se pencha à son oreille pour lui murmurer quelques mots.
-Tu sais papa, je sais que c'est toi qui faisait Murrpau. J'ai reconnu ta voix."
« Tu me promets que ça restera notre secret ? » Demanda-t-il avec un clin d’œil complice.

A chacun de ses mouvements, le grand drow illuminait des poussières d'étoiles, à peine visibles à la limite du champ de vision de la fillette.

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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeSam 24 Aoû 2019 - 15:07




L'atmosphère était ouatée, les sons étouffés. La daedhelle tourna difficilement la tête, ses yeux suivaient les sinuosités des gravures qui parcouraient les murs de basaltes sombre. Elle connaissait cet endroit sans pourtant être capable de se rappeler comment.

Les motifs, nets et précis, n'étaient interrompues par aucun des angles de la grande pièce noire, ils courraient, se croisaient, s'entrelaçaient encore et encore sans interruption, sans début ni fin.

Elle connaissait cet endroit, la certitude la heurta comme les murs de pierre qui l'entouraient. "Ce n'est pas intéressant", murmura une voix lointaine, séduisante mais pourtant brisée. Il fallait l'écouter. A moins que… Pourquoi le fallait-il?

- Qu'est ce que vous avez fait à ma maman!" La voix la fit sursauter, elle se retourna. Une petite fille se tenait devant elle, une épée longue tenue entre deux mains tremblantes. C'était une épée droite, au sommet biseauté. Shyn'tae la connaissait. Son cœur manqua un battement. La petite fille levait les yeux avec inquiétude, les oreilles abaissées.
- Mon papa va vous tuer!"
- Mais non ma petite." Shyn'tae n'avait pas remarqué le drow, sa figure était trouble, mais elle le connaissait. Mis à part la petite fille et son épée, tout était flou, vacillant. Se concentrer sur les détails donnait la migraine.
- Ta maman a accepté que tu nous rejoigne." Il souriait, elle le savait. Un sourire rassurant, qui lui fait chaud au cœur malgré la tension du moment.

C'est bien, murmura la voix brisée. Tu est une gentille fille. Shyn'tae secoua la tête.
-Non... elle… elle n'aurait jamais accepté."
- Tu es forte, tu as du talent, Uriz ne voudrait pas que tu le gâche." Sa voix était douce, son sourire si rassurant. Elle se rappela son père, qu'elle n'avait pas vu depuis des années. Shyn'tae secoua la tête. Ce n'était pas ce que sa mère disait. Elle était rêveuse, faible… si faible, trop faible.

Le vieux drow s'était approché, il était descendu à genoux. Sa main chaude s'était posée avec tendresse sur son bras, la lame s'abaissait doucement.

-pas vrai… suis pas forte... Il n'y avait rien à y faire. Le noirelfe l'observait avec la plus profonde des compassions, et posa un doigt sur ses lèvres d'ébène. Elle sursauta comme un animal pris au piège
- Shhhh… ne t'en fais pas, tu es déjà courageuse. Je vais te rendre forte. D'accord? Ton papa et ta maman seront fiers de toi. Tout le Puy sera fier de toi." Ajouta-t-il avec un clin d'oeil complice.

La petite fille hocha la tête. Il déposa un baiser sur son fronc et tapota avec tendresse ses longs cheveux de neige avant de se redresser.

- Tu as déjà fait de la magie?" Elle secoua la tête. "Tiens, je te présente Dunhae, elle va t'aider à te préparer, puis on fera de la magie. Genial non?" L'apprentie, une drow longiligne vêtue d'une robe noire aux motifs d'argents, lui adressa un sourire maladroit et un signe de la main.

La jeune fille fit un pas dans sa direction, adressa un dernier regard hésitant au vieux drow qui lui renvoya un sourire encourageant, puis consentit finalement à prendre la main tendue.

Hors de vue, toute trace de sourire disparut du visage du Maître.

Shyn'tae avait envie de hurler.

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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeSam 24 Aoû 2019 - 19:54



Shyn'tae hurla de rage, de frustration, de tristesse. Aucun son ne sorti de ses lèvres. Elle hurla encore, sa tête prête à exploser.

Il suffit de ne pas y penser et tout ira bien.

L'idée la traversa, fugace, douce, fraicheur séduisante au travers de la souffrance brûlante. Elle ne fit que faire grandir la colère qui brulait en elle. Souffrir. Elle souffrait. Elle voulait souffrir pour ce qui s'était passé, souffrir pour ce qu'elle avait oublié, souffrir pour ce qu'elle avait manqué. Souffrir pour ce qu'elle avait perdu.

Ca n'aurait pas été mieux, ca aurait été pire.

La petite fille s'immobilisa. Ses doigts serraient la garde si fort qu'ils en étaient blanchis. Son petit cœur s'était emballé. Cela ne s'était pas passé comme ca. La scène vacilla.

Elle se retourna soudainement, son visage déformé par la colère et par les larmes. La daedhelle ferma les yeux et se jeta de tout son petit poids sur le maitre, l'épée en avant.

Quelque chose se brisa. La douleur s'évanouit, et avec elle la douce voix. Elle était seule.

Un goût de cendre emplissait sa bouche, ses mains étaient couvertes d'un liquide poisseux, l'odeur métallique qui emplissait ses narines était celle du sang. Tremblante, les souvenirs palpitant en elle, s'affrontaient en une danse étourdissante, fugaces et changeant.

Elle ouvrit les yeux, perdue dans une immensité grise.

La daedhelle était seule. Les nuages de cendre cachaient le soleil et se reflétait sur Eveil là où le sang n'en couvrait pas la lame. Elle fit un pas, ses pieds nus agitèrent la cendre qui retombait en volute légère. Pas un bruit ne troublait le silence. Des restes d'arbres calcinés s'étendaient à perte de vue.

Quelques foyers brulaient encore. Sous ses yeux, ils s'éteignirent bientôt eux aussi, sa colère avec eux.

Dans les étendues désolées il ne restait que des cendres, et plus personne à affronter. Plus de défi à relever.

Était-ce cela la victoire?

- Tu as ta vengeance… Et maintenant? murmura-t-elle.
- Tu as gagné! Tu as la victoire! cria-t-elle de colère. Seul l'écho lui répondit.

- Et maintenant?!

La drow glissa au sol. Sa peau noire et sa chevelure de neige se mêlaient à la cendre grise, ses yeux carmins se reflétaient dans la lame, le rouge sang comme seule couleur dans ce monde en noir et blanc.

Combien de temps s'était-il écoulé dans ce monde immobile? Elle avait fini par se relever. Rien n'avait changé. Alors elle avait marché.

Eveil en main, elle avait erré sans but dans le silence et entre les troncs brisés, seule avec la chaleur de sa flamme et de ses souvenirs.

La daedhelle s'arrêta soudain. Devant ses pieds nus, elle avait vu un éclat de couleur.  Elle s'accroupit avec curiosité et posa délicatement la lame ensanglantée.

Ses mains écartèrent doucement la cendre.

Quelques petites feuilles vertes trouvèrent la lumière.

La lumière… Des voix lointaines, puis peu à peu plus claires.

Shyn'tae entrouvrit les yeux. Où était-elle donc? Elle se sentait si faible… La bouche pâteuse, des brides de souvenirs continuaient à refaire surface, lentement… si lentement. Elle reconnu la voix d'Irulan. C'était une voix rassurante. Elle pouvait écouter encore un peu.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeSam 24 Aoû 2019 - 21:28


- ... seule option.
- Ta seule option ou la seule que tu as bien voulu voir ?
- Ne commence pas, Mehmet. ça ne change rien.

La voix tranquille de Cécilie n'était plus froide, seulement distante, absente même. Elle semblait répondre tout en pensant à autre chose. Le claquement d'un livre qu'on ferme et un raclement de cuir ponctuèrent le retour du grimoire de la jeune humaine dans son étui de ceinture.

Il y eut un silence. Puis une cacophonie de vêtements. Le parquet grinça, soutenant la lourde stature de l'homme aux yeux d'un violet délavé. Il devait être assit par terre car l'opération fut plutôt laborieuse. Puis il fit un pas. Un seul. Et prononça une phrase. Une seule. Mais elle semblait porter la gravité d'une mémoire ancienne. La perspicacité qui transparaissait toujours dans le ton posé de l'homme était de celles qui ne laissent pas leurs hôtes indemnes.

- Tu crois vraiment ce que tu dis ?
- Cesse tes boniments.

Un léger froissement. Des jambes qui se croisent. Un autre pas, lourd sur le parquet. La lumière fluctue lorsqu'il passe devant la fenêtre, nimbé d'une aura sanglante par le soleil déclinant.

- Tu n'as plus confiance... Je sais. C'est ma faute et j'en suis dé...
- J'ai dit, assez. " Cécilie n'avait pas haussé le ton, mais elle ne souffrait plus la moindre affectation. Avec l'hésitation d'une lame et la chaleur du Zagazorn, elle continua sans se lever du coffre où elle était assise. " Reste et fait ton travail en silence ou quitte cette pièce. Je me passerai de tes services.

Après une rapide joute du regard, Mehmet s'inclina en étendant les bras, montrant les paumes en signe de reddition. Il savait ce à quoi il s'exposait mais il tentait tout de même. Croyait-il qu'elle s'était ramollie ? Qu'elle hésiterait parce qu'elle lui avait demandé d'intervenir comme un service pour une personne qui lui était chère ? Malgré la curiosité qui lui donnait envie de savoir, le fond la laissait de marbre. Elle savait de quoi elle était capable.

- Pardonne-moi. Je m'étais promis de ne pas t'indisposer et c'est exactement ce que je fais. Je voulais seulement... " L'étui de son livre et le fourreau de sa dague cliquetant contre ses cuisses, Cécilie se leva doucement dans un nuage d'odeur de savon et d'eau fraiche. Il se tut. Il soupira. Puis un sourire se sentit dans sa demande aux allures candide. " Vient chanter pour nous.
- Comment ? " Un filet de voix rauque venait de s'échapper des lèvres de la jeune femme sans que cela ne semble troubler son interlocuteur. Il avança d'un nouveau pas. Un pas serein, sans empressement, l'amenant juste à la hauteur de celle qui l'avait fait venir jusqu'ici.
- Vient chanter pour nous. Nous avons fait une erreur mais maintenant nous savons que tu...

Un claquement. Peau contre peau. Un sursaut dans la respiration de Mehmet le fait taire. Il déglutit. Sa pomme d'Adam tressaute juste au-dessus de la fine main blanche qui vient de se poser à la base de son cou de taureau. Cette impression caractéristique de la Trame tiraillée par la présence d'une puissante magie se répandit dans la pièce. Le contact froid lui léchait le derme, propageant un frisson sur l'ensemble de son corps... Pourtant son visage restait à la fois intense et alanguit dans cette expression qui ne l'avait pas lâché depuis son arrivée.

- ‘it’a fenitawoni mekadi āyichilumi ፣ Drāk'ma ፡፡ souffla-t-il dans une respiration aussi fluide que ses précédentes phrases. Les accents de sa langue étrange résonnaient comme une deuxième voix dans son ample poitrine.

Debout entre la couche de Shyn et la fenêtre, les deux humains n'étaient qu'à un souffle l'un de l'autre. Les doigts de Cécilie imprimaient leur trace dans la peau de Mehmet, juste au dessus de sa clavicule, dans un replis de son col. La chemisette de coton blanc qu'elle portait était encore humide et collait à son corps plus que n'importe quelle tenue dans laquelle Shyn'tae avait pu la voire. Ses courts cheveux noirs également étaient alourdis par l'eau sans être encore au stade de lui coller au crâne... Pourtant ce n'étaient pas eux qui assombrissaient les traits de son visage fin.

Chaque once visible de la peau de l'humaine était couverte de mots et de dessins étranges aux couleurs fanées. Ils s'en dégageaient une impression étrange sans que le spectateur puisse être capable de mettre exactement le doigt dessus. Courbes, schémas et versets se confondaient en une œuvre kabbalistique que Mehmet regardait de son éternel regard grave et assuré. La jeune femme n'y répondait que d'une dignité aussi régalienne que glaciale. Son corps livide couvert de symbole avait de quoi sembler effrayant à toute personne un tant soit peu sensé.

- ālikidimi ፣ be’ijē ālenyi ፡፡

A l'agilité de sa voix clair et calme, on ne pouvait douter que ce dialecte était sa langue maternelle... Contrairement à l'Oliyan dans lequel un léger accent de l'ouest revenait discrètement malgré son ton d'autant plus glaçant qu'il resta parfaitement mesuré.

- Et toi, tu vas trancher la tienne...

Des iris de glace de la jeune femme, il ne restait que deux gouffres d'un noir abyssal.
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeLun 26 Aoû 2019 - 18:49



Le vert de la jeune pousse, le rouge du sang sur la lame. Un visage confus sur l'acier poli comme un miroir…

- ... seule option.
- Ta seule option ou la seule que tu as bien voulu voir ?

L'oreille de la daedhelle frémit d'une secousse à peine visible que les deux humains manquèrent, concentrés sur leur discussion.

La drow leva la tête, vers le ciel, vers la lumière devenue aveuglante. La pousse, le sang et la lame menacèrent de s'évanouir dans le néant, elle s'accrocha à ses souvenirs. Elle ne voulait pas qu'ils s'échappent. Il ne fallait pas qu'ils s'échappent.

- Tu crois vraiment ce que tu dis ?
- Cesse tes boniments.

Que pouvait-elle croire? Qui avait raison? A quel point avait-elle eu tort? L'angoisse grandit dans son ventre pour former une boule dure et impossible à ignorer. La lumière grandit, elle avait l'odeur du sang.

- Tu n'as plus confiance…
Qu'il se taise… Qu'il se taise…
- J'ai dit, assez. " La voix d'Irulan était froide, glaciale, un soleil de givre qui fit grandir l'angoisse. D'autres souvenirs oubliés affluèrent, désordonnés, brisés entremêlés. Des voutes de pierre, la douleur, Na'ri, la victoire, la déception, Dante. Irulan.

Le visage d'Irulan, dur. La surprise, le malaise. Elle entrouvrit un œil. Les silhouettes étaient floues, elle reconnut celle de sa consœur, face à celle, massive, de l'homme.

Que faisait-elle là? Shyn'tae… Le grand drow.. Son père.. L'avait appelée Shyn'tae… Irulan l'avait appelée Shyn'tae. Elle aurait du être dans la demeure du feu d'Uriz.

Quelque chose s'était horriblement mal passé en chemin. Ca faisait toujours ca de toute manière, ajouta-t-elle intérieurement. Parfois, il fallait savoir renoncer à résister.

- Viens chanter pour nous.
-Comment?

Un frisson d'alerte parcourut la daedhelle. Que disaient-ils? De quoi parlaient-ils? Mais surtout… ce ton. Il n'était plus glacial. L'homme avait désarçonné son amie. Shyn'tae ne savait pas pourquoi, mais c'était dangereux.

Elle réalisa à quel point elle était faible, à quel point elle souffrait aussi. Quelque chose s'était définitivement mal passé.

Comme une confirmation de ses craintes, la magie résonna dans tout son être hypersensible, lui coupant la respiration. Violente, puissante elle vit les motifs s'éclairer, comme un monde flamboyant aux flammes soudainement avivé par une bourrasque violente.

Ne fais pas quelque chose que tu pourrais regretter…

La poussée d'adrénaline acheva de lui faire reprendre conscience.

Elle était là, la peau blanche couverte des vieux dessins  déconcertants, incohérents dans un spectacle qui avait un goût de répétition. La magie irradiait, belle et redoutable, effrayante surtout. La partie animale de son esprit hurlait de se cacher, de disparaitre.

L'autre était attirée comme une mouche vers la flamme.

Elle ne comprenait rien à leurs mots si aisément prononcés. Du Nisétien, peut-être… Elle parlait Nisétien? Les pensées se mêlaient au souvenirs. Cela ne faisait aucun sens.

La drow, confuse, ne pouvait  pas la quitter du regard. La posture d'une reine. Dangereuse. Effrayante. Belle.

Lui restait égal à lui-même. Grave, austère, assuré, comme s'il avait la certitude que la magie ne se déverserait pas sur lui. Mehmet agaçait Shyn'tae.

- Irulan? La voix habituellement chantante de la daedhelle était aussi rauque qu'un torrent pierreux.

Elle réalisa seulement maintenant, ses yeux carmins fixés dans les abysses, qu'elle n'était peut-être pas elle-même. Qu'elle ne savait rien. Tant pis. Elle déglutit.

-Vous avez l'air… de vous amuser… sans moi?

Elle nota que si ses progrès étaient indéniables, il y avait encore milles défauts dans sa technique.
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeLun 26 Aoû 2019 - 21:33


En oliyan, la voix de l'humain avait une force étrange. Ses mots portaient une volonté semblable à l'amorce d'un sortilège. L'homme s'était raidit, les yeux dans ceux de Cécilie. Sa main droite fusa rapidement vers le talisman qu'il serra à s'en faire blanchir les phalanges. Les lèvres de la jeune femme commençaient à s'agiter en un murmure grave. Un échos étrange. Un frisson dans l'air, de part et d'autre. Immobiles... Lorsque la voix de l'eldéenne était venue donner un coup sur le charme qui les coupait du reste du monde.

Cécilie avait frissonné de tout son corps et tourné ses pupilles abyssales vers Shyn'tae. L'homme, chancelant, avait reculé d'un pas pour s'appuyer contre le mur, près de la fenêtre, a poitrine soulevée en de profondes inspirations, une main sur les lèvres.

Le regard carmin qui attrape celui de l'humaine tient bond. Deux battements de paupières et les iris bleu ciel sont revenues à leur forme habituelle... Et du coin de l’œil, les marques sur sa peau se sont évanouies aussi furtivement qu'un mirage. Sa peau d'une lividité maladive au point de rendre crayeuses ses lèvres ourlées avait repris sa teinte laiteuse et le rose tendre de la jeunesse. D'un long pas, Cécilie s'approche pour s'agenouiller près de l'eldéenne, le froid de sa propre chemise humide la faisant frissonner au passage.

- On s'amusera encore plus quand tu seras remise. " sourit-elle en poussant la drow à se rallonger du haut de la dizaine de centimètre qu'elle avait vaguement réussit à gagner dans son sursaut d'adrénaline. D'un mouvement qui tenait plus du réflexe que de la réflexion, elle remonta la couverture jusqu'au menton de la noire elfe, lui souriant affectueusement. " Pardon de t'avoir réveillé. Tu peux dormir tranquille. Mehmet à réussit à stopper l'infection. Tu n'as plus qu'à prendre du repos pour que ton corps se rééquilibre et gère le contre coup de la magie. Quand tu te sentiras un peux mieux tu m'expliqueras ce qu'il t'est arrivé. "
- Je ne sais pas encore si j'ai réussit à vaincre totalement l'infection. " Mehmet s'était redressé tant bien que mal près de la fenêtre et sa voix tranquille semblait fatiguée. Le dernier rayon du soleil venait de disparaitre dehors, ne laissant plus qu'une pénombre rougeâtre dans laquelle la chandelle posée sur la coiffeuse rayonnait d'autant plus. Il devait être aux alentours de dix heures. " Je dois encore l’ausculter pour ça.
- Si tu penses que c'est nécessaire...

Une réponse distance. Cécilie se décala légèrement pour le laisser passer, restant avachit sur le sol au chevet de son amie. L'homme vint s'agenouiller mais il était clair que son pas était peu assuré. Il inspira a fond, finissant de se reprendre avant de planter son regard dans celui de l'eldéenne.

- Puis-je utiliser encore de la magie sur vous ? "

Il ne bougea pas d'un souffle avant d'avoir obtenu l’assentiment de sa patiente. S'il ne l'avait pas eu, il aurait simplement retraité, mais la noire elfe semblait apprécié l'idée de rester en vie et Cécilie respecter son choix. Il glissa son talisman contre sa peau et retira totalement la couverture de sa patiente. L'énorme paluche de l'homme tatoué serpenta sur la peau du ventre jusqu'au nombril de Shyn'tae et les veinules recommencèrent à se répandre en elle. Sinueuses. Insidieuses. Une sensation fraiche et étrangère qui parcourait son corps en profondeur. Une curieuse sensation de promiscuité. La magie luisait à travers elle, gagnant du terrain. La mettant à nu. Plus qu'à nu. Creusant sa place dans son corps. Prenant ses aises. Prenant possession en luttant paisiblement contre les réflexes qui poussaient naturellement au rejet. Dans chaque parcelle de sa chair, de ses organes, de ses os. Se nouant au niveau de son cœur. Le long de son cou et jusqu'au sommet de son crâne, se nouant à nouveau sous son front.

Les lueurs aux couleurs changeantes étaient reflétées par ses iris mauves. Tout un dégradé de couleurs flamboyantes. Du jaune au rouge en passant par le rose, le violet. Le bleu sur certains canaux. Le blanc sur d'autres. Durant de longues minutes, les couleurs fluctuèrent. Les yeux les suivaient. La main libre venait parfois les effleurer, les rediriger. Encore... et encore... et à chaque fois qu'un canal changeait, une impression curieuse déplaçait les tensions, le malaise, la nausée, les douleurs, la fatigue... Jusqu'aux picotements et aux tremblements de son bras mort.

La nuit nuit était totalement tombée lorsque les veinules se rétractèrent vers le ventre de la magicienne jusqu'à disparaitre totalement. Si minuit n'était pas passé, ils ne devaient pas en être loin. La sueur empoissait le crâne rasé du guérisseur et il prit une immense inspiration, comme s'il venait de crever la surface de l'eau après une longue apnée.

D'une main tremblante de fatigue, il s'épongea le front, son expression restant là même, son regard aussi lourd.

- J'ai rarement traité quelqu'un prenant aussi peu soin de son corps. " se justifia-t-il en reprenant doucement son souffle. " Je pensais que c'était du à l'inflammation générale, mais même maintenant, il y a un nombre infini de déséquilibre qui s'entretiennent les uns les autres. Si ce n'était pas le corps d'une drow, il serait tombé malade depuis longtemps pour tenter d'alerter quelqu'un. Je pense que l'infection est totalement jugulée, mais avec un état de base aussi instable, elle pourrait tout aussi bien revenir. Ou d'autres symptômes préoccupants. J'en ai aussi profité pour accélérer la cicatrisation de la plante des pieds. La sensibilité devrait avoir disparue demain matin et la marche sera à peu près normale. " Il s'avachit un peu sur lui même, posant les coudes sur ses jambes croisées en tailleur, sans savoir à laquelle des deux il devait s'adresser après ce qui s'était produit. " Mais je recommande du repos. Des repas copieux, riches et complets. Des massages pour rééquilibrer la lymphe, la posture et les tensions musculaires. De l'exercice dans l'eau pour travailler les sensations des deux bras. Et surtout... éloignez vous quelques temps de ce qui vous cause une telle tension. " Il couvrit à nouveau l'eldéenne qu'il prenait cette fois clairement à parti. " Certains des signes d'usures que j'ai remarqué n'ont pas de raisons physiologiques. Si vous ne vous changez pas les idées, votre corps lâchera de lui-même d'ici quelques ennéades. Quelques mois tout au plus. Vous m'avez bien compris ou est-ce que vous avez des questions ?
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMar 27 Aoû 2019 - 17:06



La magie faisait vibrer la jeune magicienne au plus profond de son être. Elle ignora la tension, les efforts du guérisseur si chétif face à la puissante déferlante.  Et leurs yeux se croisèrent, la noirceur de l'abysse contre le rouge du sang. Shyn'tae ne détourna pas le regard.

Soudainement, la magie s'évanouit aussi subitement qu'elle était apparue. La pression sur sa poitrine disparut avec elle. Shyn'tae cligna des yeux une fois, un instant prise au dépourvue.

Le bleu du ciel contre le rouge du sang. Sa consœur était redevenue telle qu'elle avait toujours été. La trame du monde avait repris ses lents scintillements. Nulle trace de ce qu'elle était certaine d'avoir vu ne subsistait, si ce n'était l'expression encore envouté de la drow.

- On s'amusera encore plus quand tu seras remise. " Son amie souriait comme si rien de particulier ne venait d'avoir lieu. Shyn'tae referma la bouche et se laissa recoucher, doutant maintenant que la vision n'ait pas été un rêve ou une hallucination.

Elle n'était pas certaine que ce soit très digne de se raccrocher à ce sourire, mais cela faisait du bien. Un sourire amusé se dessina sur son visage alors que l'humaine remontait la couverture comme elle l'aurait fait pour une enfante. Un souvenir remonta comme une bulle emplie d'amertume.

- Promis! et je n'ai rien a te pardonner! Elle avait posé un doigt sur la joue de l'humaine. Et avait espérer paraitre joyeuse. Le ton fatigué avec lequel les mots s'étaient échappaient racontaient une autre histoire. Elle avait raison, un peu de repos, et elle pourrait repartir d'un meilleur pied, et c'est pourquoi elle tira la langue, dans un geste impulsif et peut-être enfantin.

Opinion que le guérisseur tempéra néanmoins peu après. Son pas manquait d'assurance, comme un rappel que ce qu'elle avait vu d'Irulan n'était pas du domaine de l'hallucination.

A sa demande, la daedhelle, prouvant ainsi qu'elle avait regagné ses esprits, hésita. Ses yeux fatigués parcoururent ce visage impassible couvert d'une graphie issue d'une civilisation oubliée.

Dans quelle situation s'était-elle donc fourrée…

La demoiselle soupira. "Faites. Je ne vais pas m'arrêter au milieu du guet." conclu-t-elle finalement. L'humain sans emotion avait beau l'agacer, il avait raison.

Alors elle se détendit du mieux qu'elle put, pendant que lui dévoilait sa peau nue. Le froid lui donna la chair de poule. Elle frémit lorsque la grosse main se posa sur son nombril.

Une sensation indescriptible naquit au creux de son ventre. Elle frissonna. La sensation s'étendit, creusa en elle comme une racine creuserait la terre. Se scinda, se divisa pour courir sous sa peau. La daedhelle serra un poing et souffla, la sensation fraiche, une invasion lente, sinueuse et presqu'intolerable de son espace le plus intime.

Elle préférait Na'ri. La magie de la prêtresse de Kiran vous faisait vibrer de la tête au pied. Elle coupait le souffle, et elle frappait, pulsante, au rythme de ses caresses. Elle faisait mal, mais cela ne durait guère.

La magie de l'humain fouillait son être avec lenteur, lorsque douleur il y avait, elle était diffuse, mais la sensation de malaise était profonde. Elle savait qu'il était en elle. Méthodique, tissant un réseau devant laquelle les resistances que son organisme déployait par reflexe ne duraient jamais.

Il fut bientôt partout. En son cœur, sa tête, ses membres, éveillant des sensations absurdes jusque dans son bras mort. La daedhelle sentit ses douleurs, ses tensions, ses faiblesses glisser sous l'influence des sortilège. Elle fit de son mieux pour s'ouvrir, pour se laisser aller.  

La daedhelle leva les yeux vers Cécilie. Na'ri l'avait-elle déjà explorée à ce point en une seule fois? Ses yeux se plongèrent dans ceux de l'humaine, descendirent le long de son visage, sur son torse recouvert du tissu détrempé avant de se fermer.

Après elle ne sut combien de temps, elle sentit les veinules, les tentacules même comme elle avait commencé à les considerer, se glisser, se retirer, puis disparaitre.

La drow rouvrit les yeux et souffla. A un moment, sa main s'était posée sur la cuisse de sa consœur. Elle la retira doucement, gênée, alors que la voix du guérisseur commençait sa litanie.

Elle mit un peu de temps à intégrer tout ce qu'il venait de lui dire.

- Je… Hum. Ce sont des conseils… très censés. S'éloigner un peu? " soupira-t-elle finalement. Ses souvenirs étaient encore fragmentèrent. Elle visualisa L'Renor, Krish, imagina la Doth'ka.

- Facile." ajouta-t-elle finalement, dans une tentative malicieuse qui manqua quelque peu d'énergie et de conviction. Peut-être la croyait-on morte.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMer 28 Aoû 2019 - 22:36


Durant toute la durée de l'observation, Cécilie s'était concentré sur le visage de l'eldéenne, répondant à son regard, lui souriant lorsqu'elle l'avait sentie tendue par l'intervention de Mehmet. La main aux doigts fins avait attrapé celle plus robuste de la gladiatrice pour la serrer un peu avant de la reposer à la demande du guérisseur.

- Ce n'est qu'un moment à passer. " chuchota-t-elle par réflexe pour ne pas donner plus de difficulté que nécessaire au mage près d'elles. " Il ne te fera pas de mal. Je te le promet. " La voix comme le regard se voulaient rassurant, oublieux de ce qu'ils avaient été quelques instants plus tôt à l'encontre de Mehmet. L'idée qu'elle venait de menacer l'homme qui avait à présent accès au corps affaibli de son amie ne semblait pas l'inquiéter le moins du monde... Et pour cause, ça ne l'inquiétait pas.

Pendant le reste de l'opération, l'humaine ferma les yeux se concentrant sur la magie qui baignait sa consœur et sur les deux Rythmes les plus proche d'elle. Leur vibration. Leur inclinaison. Tous deux fébriles d'une façon étrange, très différente l'une de l'autre. Elle veilla, laissant la main de Shyn'tae s'encrer sur sa cuisse, jusqu'à ce que le frisson sur sa peau diminue. Jusqu'à ce que la chaleur et la sensation diffuse du cocon de magie qui entourait l'eldéenne se dissipe et que Mehmet se laisse aller à sa logorrhée.

En sentant la main de Shyn se retirer, Cécilie tourna les yeux vers elle pour lui sourire une fois de plus. Elle semblait avoir retrouver ses esprits malgré la fatigue. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait de renvoyer de suite le guérisseur, mais sa question était légitime, aussi laissa-t-elle la principale intéressée s'exprimer.

- Je… Hum. Ce sont des conseils… très censés. S'éloigner un peu ?
- Prendre du temps pour trouver un équilibre viable.
- Facile." ajouta-t-elle finalement, dans une tentative malicieuse qui manqua quelque peu d'énergie et de conviction. Peut-être la croyait-on morte.

L'air pensif et un peu mou de la jeune femme pouvait faire croire à une simple faiblesse, mais à l'oreille de Cécilie, la phrase sonnait même cynique... Et sa curiosité revint lui aiguillonner les flancs.

- Si tu as finis avec tes prédictions de malheur, tu peux y aller, Mehmet. " lança-t-elle très sérieusement sans le moindre signe de sympathie. L'homme la regard, l’œil humide, avant de souffler doucement en portant à nouveau son attention sur sa patiente.

- Prenez mes conseils au sérieux et vous devriez aller mieux. Si vous le souhaitez, je peux rester jusqu'à demain matin. " Le visage de Cécilie se fit de suite plus austère, la daedhelle leva une main en signe de paix, son regard sur Memeth.

- Ce ne sera pas necessaire… Un silence, avant qu'elle ne reprenne. - Je vous remercie de votre aide, et ne l'oublierai pas. Je suis en securité. Vous l'avez dit, J'ai besoin de repos. Mais vous aussi. Elle parlait doucement pour que sa voix ne l'abandonne pas, et espérait surtout ne pas se tromper.

Mais le plus important était qu'elle préférait la compagne d'Irulan à celle de Memeth.- Je préfèrerais rester seule avec elle. La chance est une amie volage. Son sourire grandit sur son visage fatigué, elle jeta un oeil à sa consœur. Avait-elle parlé pour elle, ou pour lui?

L'homme au visage inchangé acquiesça malgré l'ombre qui venait de passer dans son regard.

- Tu l'as entendue. Tu peux nous laisser.
- ... Comme il vous plaira.

Il soutint encore quelques instant le regard de plus en plus froid de Cécilie avant de se lever maladroitement. Il clopina jusqu'au mur, s'y appuyant lourdement. Ses jambes avaient du mal à le porter et il était en nage, mais l'humaine ne bougea pas d'un cil, se contentant de le fixer, jusqu'à ce qu'il ramasse son turban et passe par la porte, tremblant de fatigue.

En le voyant, la drow ressentit un malaise qui la fit frissonner. Un écho de ce qui lui était arrivé, un écho du rêve. Un vague sentiment qu'elle supposa être de la culpabilité. La drow tenta de le chasser, effrayée, ses oreilles fines légèrement aplaties. Elle ne quitta pas l'humain du regard que lorsqu'il disparu. Il t'a aidé, tu aurais pu rendre la pareil. Elle frémit. Non, elle avait fait ce qu'il fallait.

Cécilie resta là, immobile et droite, tandis que les pas s'éloignaient dans le couloir. Son ouïe fine le suivit jusque dans l'escalier et ce e fut que lorsqu'elle le perdit tout à fait qu'elle se détendit un tant soit peu.

Quittant sa posture austère, Cécilie grogna en dépliant ses jambes douloureuses.

- Quelle idée de s'asseoir par terre quand on peut l'éviter... " Elle s'appuya en arrière sur ses bras et porta sa pleine attention sur Shyn'tae. " Bon... Comment te sens-tu, vraiment ? "


La question sortit la drow de ses inquiétudes. Elle reposa la tête sur la paillasse, ses cheveux comme un halo de neige sale autour de son visage, ses yeux carmin un long instant sur le plafond .
- Epuisée. Physiquement… Mentalement…Je… Un long silence suivit, qu'elle rompit finalement. … je ne suis pas sûre. Je suis heureuse de te voir ici en sécurité.  Nouveau silence, plus long.

"Je crois que je me suis plantée." admit-elle finalement avec le plus grand détachement, comme si elle avait parlé d'acheter une pomme au marché.

Cécilie avait failli comblé le blanc mais n'avait finalement pas pu s'y résoudre alors que son amie semblait réfléchir. Mais sur ces demies-vérités, elle s'étendit plutôt sur le parquet près de la paillasse, appuyée sur un coude pour pouvoir parler sans que la blessée n'ait à tourner la tête dans un angle inconfortable. Elle avait sur les lèvres une question qu'elle ne pouvait retenir.

- C'est à cause de moi, c'est ça ? Qu'ils t'ont mis dans cet état ?
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Un pied devant l'autre et puis s'arrête   Un pied devant l'autre et puis s'arrête I_icon_minitimeMer 28 Aoû 2019 - 22:47




Shyn'tae se tourna sur le coté pour observer sa consœur avec curiosité. L'idée ne lui était pas venue jusqu'à présent. Elle fouilla dans sa mémoire, tentant de remettre de donner un sens aux évènements récents. Elle ne pouvait pas en être absolument certaine... Mais tout de même.

- Non…Je ne crois pas. Ne t'en fais pas…
- Tu sais qu'il t'es arrivée d'être plus convaincante ?
Un soupir s'échappa de ses lèvres. Elle se tendit. Le souvenir de cet enfoiré de Xy'thloryth en train de la noyer lui était revenu, lointain. Un autre mage m'a poussée vers la sortie… Puis il y eu un déclic, que suivit une profonde inquiétude. Tout semblait si.. ancien…

Elle avait la sensation d'avoir passé des années dans ce vide… Sa respiration s'accéléra, son regard trahissant une panique soudaine.
Je me suis enfui… Quel jour… quelle année somme nous?
- He! Calme toi. " L'humaine posa sa main libre sur l'épaule de l'eldéenne. Le fait qu'un autre mage soit mêlé à cette histoire ne voulait pas dire qu'elle-même n'y était pour rien... Surtout vu les doutes qui emplissaient Shyn'tae pour le moment. " Nous somme le 40 Karfias de l'an 17. Mais ça ne sert à rien de t'agiter. Raconte moi depuis le début. "

La voix douce, la réponse bien plus proche de ce dont elle parvenait à se souvenir aidèrent la daedhelle à retrouver sa quietude après de trop longues secondes. La bouffée de panique avait été si soudaines et incontrôlable qu'elle en restait choquée. Le guérisseur n'avait pas tort… " Pardon..." La drow peinait à retrouver sa concentration devant les consequences qui s'étalaient devant ses yeux. Elle respectait assez Irulan pour avoir honte de son état.

Elle ne pouvait pas se montrer ainsi. Parviendrait-elle à récupérer? Que lui avait-on fait? Shyn'tae fit de son mieux pour chasser ses questions pour répondre à celles, plus censées, moins effrayantes d'Irulan. Quoiqu'elle n'en était pas certaine.

- Je me souviens… de…" La colère, Kerath l'étranglant dans une arène. Le sang chaud sur sa main, imbibant les étoffes. "J'ai perdu une ordalie…" Était-ce le début? Irulan la vit froncer les yeux, en proie à la concentration, l'obligeant à réfléchir aussi à ce que l'eldéenne avait visiblement du mal à reconstituer.

Une Ordalie ? Pourquoi ? Pour qui ? Le peu de chose que l'humaine savait des drows ne lui permettait pas de savoir que la plupart des désaccords se réglaient par cette voie. Non. L'Ordalie pour un peuple aussi fanatique, si elle réfléchissait logiquement, ce devait être pour quelque chose de grave. Un manquement. Une faute... Une trahison. Et de nouveau elle pensa à ce fameux soir où Shyn'tae les avait laissé partir alors que le général d'une de leurs armées voulait la tête de son Chasseur.

Il était tout a fait possible qu'elle ait eu des problèmes à cause de ça. Que son geste ait été pris pour une trahison envers les siens. Tout cela aurait pu faire l'objet d'une ordalie... Sinon pourquoi alors qu'elle semblait prendre son travail tellement à cœur pendant toutes la durée de leurs rencontre nocturnes ? Tout cela aurait put justifier qu'ils la détruisent au point qu'elle perde toute notion du temps. Cécilie s'était faite rassurante en lui demandant de se calmer, mais elle avait soigneusement noté ce détail. Sa curiosité et son intellectes travaillaient de concert, faisant milles hypothèses qui s'affinaient ou mourraient au fur et à mesure des bribes d'information qu'elle recevait... Et toujours, Shyn'tae semblait passer par des émotions fortes et incontrôlées, sursautant et frissonnant comme jamais sa consoeur ne l'avait vu.

"Na'ri m'a soignée… c'est pas ca." La jeune magicienne mélangeait tout. Na'ri qui demande à son esclave de l'obliger à soulever des biscuits de sa main gauche avant de la récompenser. La sensation d'excitation qui accompagna l'ordre de la soigneuse, elle attachée solidement, le froid des dalles de pierre sur sa peau nue.

-On m'a enlevée… pas la Doth'ka. Des mages. Je les connaissais. Parce que… parce que je suis la petite chose.. de L'Renor Cristo… "Une insulte faite à l'armée drow". La voix tonitruante de son père avait rompu sa concentration, se superposa aux moments heureux dont elle se souvenait avec une précision qu'elle aurait préféré moins bonne. Elle ne répéta rien. Je ne sais pas ce qu'ils m'ont fait, Irulan. Elle parvint difficilement à maitriser l'angoisse qui menacait de revenir, et cela se sentit dans sa voix. De son épaule, la main de Cécilie remonta à sa joue, dégageant sa tempe d'un geste doux. La répétition tactile des encouragements qu'elle lui avait donné un peu plus tôt.
C'est comme si… j'y avais passé une éternité… sans rien voir… entendre… seule…Que les cordes… C'est si mort… sans la magie. Sa voix s'était éteinte à la fin.

- C'était pas toi. C'était moi… juste moi. Elle en était certaine maintenant. Mais cela allait-il durer?
- Ce n'est pas toi. Ne laisse personne te faire croire ça. C'est la faute de ceux qui t'ont blessés "
Tendue, les oreilles noires frémissantes, le souffle court, il lui en coutait clairement de raconter et c'est pour cela que sa compagne ne tentait pas de l'interrompre. Elle en avait besoin.
- Me suis enfuie… J'ai tué un mage.
- Tu as survécu. " murmura l'humaine avec affectation.

Le silence lui répondit. Le prix n'était pas encore très clair pour l'Eldéenne, mais survivre était de toute manière bien preferable à la mort de son point de vue.
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