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 La belle d'Odélian

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Griffon de Langehack
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MessageSujet: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeMar 5 Nov 2019 - 3:01

Début de Favriüs au tournois de Hautval.
Dix-septième année du onzième cycle.

Pianotant sur l’accoudoir du trône de Langehack, Théodoric attendait le retour de son père, tenant son menton grâce à son poing, il s’ennuyait ferme. Mais il n’avait pas le choix, son oncle, Galyn, se tenait debout à côté de lui après avoir annoncé la venue prochaine du marquis la veille, ce dernier ne devrait pas tarder à finalement arriver. Alors pour rendre cette attente détestable un peu plus supportable, l’héritier du marquisat s’imaginait devenir marquis recevoir l’hommage de ses vassaux comme l’avait fait son père il y avait si peu de temps. Lui aussi prendrait quelque de bonne famille pour lui servir de page mais ses rêveries furent finalement interrompues. Pour le moment il n’était qu’héritier et le réel maître des lieux venait d’entrer dans la salle, suivit de sa suite. Une suite qui s’était petit à petit réduite, à mesure qu’il faisait le tour de son domaine les seigneurs qui étaient venu à Langehack pour lui jurer fidélité étaient rentré dans leurs domaines pour l’administrer, pour y faire régner la paix et dans l’idée de faire prospérer cette magnifique contrée qu’était le langecin ; accéssoirement, une fois arrivé à Merval, il fut demandé à son baron de jurer à nouveau fidélité. Certes il l’avait déjà fait devant tous les seigneurs de Langehack mais le faire à nouveau devant ses propres sujets ne faisaient jamais de mal, surtout avec le passé houleux de la baronnie.

« Son Excellence, Griffon Henrry Louis Abseyrde de Langehack. »

Annoncèrent les deux hommes d’arme de garde alors que son Excellence pénétrait dans la salle, suivit par les seigneurs langecins qui avaient jugés bon de retourner à la capitale avec leur seigneur. Théodoric se leva alors que son père montait la volée de marche pour prendre place sur le trône qui lui revenait de droit.

« Père. » A ce salut formel Griffon attrapa son fils dans ses bras pour le serrer contre lui.

« J’ai une bonne nouvelle pour toi : je vais t’accorder une chance de faire tes preuves par toi-même, un tournois est organisé à Hautval. Par contre si tu prends armes et armure et part pour le médian tu ne révéleras ton nom que si c’est nécessaire, hors de question que tu t’en serves pour obtenir quoi que ce soit que tu n’aies pas mérité. » La précision de Griffon ne fit rien pour amoindrir l’enthousiasme de Théodoric qui hocha vivement la tête. « Toutefois tu ne partira pas seul, tu seras accompagné par Ludolph. »

Le jeune homme fit la moue en tournant le regard pour le poser sur Ludolph, ou Fossoyeur comme on le surnommait à cause de son manque flagrant d’émotion, que ce soit sur son visage ou dans sa voix. Puis, un peu à contrecœur, Théodoric hocha à nouveau la tête, plus lentement cette fois.

« Bien père, quand dois-je partir ? »

« Sous peu, tu as un peu moins d’une ennéade de trajet. » Théodoric s’en alla donc pour chercher ses armes et son armure, quittant presque au pas de course la salle du trône pendant que Griffon s’approcha de Fossoyeur. « Tu me diras comment il s’en est sortis et si Hautval a changé. »

Ils partirent le lendemain, Théodoric, sur son destrier blanc et dans son harnois avait fière allure, ce qui contrastait avec Fossoyeur qui, bien que le chevalier portait également une armure, elle était moins resplendissante. Le voyage jusqu’à la ville qui donnait son nom à la baronnie fut plus rapide que prévu, notamment parce que Ludolph était originaire de la région et, bien que cela faisait des années qu’il n’était pas revenu, l’endroit dans lequel il avait grandis lui était tout de même familier et certains des raccourcis qu’il connaissait étaient toujours praticables. Une fois arrivé dans la ville Théodoric s’inscrit sous le nom de Louis sans donner de nom de famille.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeMar 5 Nov 2019 - 22:09

La belle d'Odélian Cg4s Alaïs La belle d'Odélian Aoa5 Raoul
Les nuages gris voguaient paisiblement au-dessus des terres odéliannes, alors qu'on faisait servir le déjeuner dans la salle à manger du château du Comte. Gaubert prit place, tenant un rapport à la main, qu'il consultait en grinçant des dents. Au nord-ouest du Comté, aux alentours de l'Hedda, une bande de malandrins attaquaient convois marchands et pillaient les fermes de la région depuis des jours. Le fief de Librecourt faisait parvenir chaque jour le compte-rendu d'une nouvelle attaque qui laissait mort et destruction derrière elle.

Ses trois enfants étaient déjà assis de chaque côté de la longue table sur laquelle on avait tiré une nappe rouge carmin. L'odeur du porcelet qui avait rôti dans l'âtre pendant la matinée eut du mal à faire lever le comte du maudit vélin qui comptait dans son esprit le montant des pertes qu'entraînaient les actes malveillants de cette bande en maraude. Sulpice attendait impatiemment, armé de ses couverts dans chaque main. Blandine, comme à son habitude de coquette, finissait d'ajuster la dernière natte qu'elle s'était faite faire par sa suivante en s'observant dans un miroir à main en argent. Alaïs, son aînée, attendait en posant son regard clair vers les marmitons qui apportaient le plat fumant.

Une fois décoiffé de sa cloche, l'odeur de la viande parfaitement cuite emplit la pièce et vint chatouiller les narines du Comte qui daigna lever les yeux du parchemin qu'il relisait une nouvelle fois, reprenant ses calculs.

Mangez mes enfants, mangez.

Sa descendance le prit aux mots, et entama la pitance avec un entrain puéril chez son fils, et une délicatesse plus retenue chez ses filles, sans qu'elle boude le plat en s'empêtrant dans des manières excessives qui auraient irriter Gaubert. Le comte saisit un morceau de viande et le porta à sa bouche sans prêter grande attention aux manières de ses enfants.

La porte s'ouvrit en grand, tandis qu'un valet annoncé, la voix haut-perché.

Le Seigneur Raoul, votre Grandeur !

Le plus jeune frère du Comte entra, le pas vif comme toujours, arborant un sourire qui avait déjà mis en pamoison quelques jouvencelles. Bien que petit à petit, ses tempes grisonnaient comme ce fut le cas de son aîné, le benjamin des enfants de Foulques de Prademont gardait un charme indéniable. Joueur, jouteur et ripailleur invétéré, le Raoul n'avait jamais pris de femme comme épouse et cette situation lui convenait tout à fait. Il écarta les bras en apercevant la petite famille réuni pour le repas.

Mon frère ! Oh milles excuses ... Mon Seigneur-lige ...

Le sourire qui barrait son visage soulignait l'exagération moqueuse qui marquait le son de sa voix. Il effectua une élégante révérence, rajoutant moults voltes de poignets et plia les genoux comme une petite fille maladroite qui s'adonnait à sa première révérence. Gaubert lui adressa un reagrd en coin, haussant les sourcils et roulant des yeux devant le trublion qui se donnait en spectacle. Son jeune frère avait toujours était le petit comique de la famille.

Belles nièces, beau neveu ... Comment vous portez-vous en cette belle journée au temps de merde ?
Bien, mon oncle !

Sulpice aimait ce fanfaron de Raoul et avait répondu alors que la sauce lui collait depuis la commissure des lèvres. Alaïs se contenta d'un hochement de tête polie tandis que sa soeur, trop obnubilée par son propre reflet, se contenta d'un vague mouvement de la main, qu'elle replongea dans sa coiffure qui ne voulait visiblement pas tenir en place comme elle le désirait.

Assieds-toi, mon frère.

Gaubert posa le vélin sur la table, tandis que Raoul prenait place à côté de son neveu, lui ébouriffant la tignasse au passage, lui arrachant un petit gloussement amusé.

Quelles nouvelles d'Odélian ?
Mauvaises ! Une bande de maraudeurs ravagent Librecourt et le sud de l'Hedda. Ces maroufles pillent et tuent depuis des jours et personne ne réussit à leur mettre la main dessus.
Ah oui, c'est plutôt mauvais tout ça !

Raoul se saisit d'un morceau de pain dans lequel il plaqua une tranche du porcelet luisant qui fumaient depuis son plat.

D'ailleurs, puisque tu es là ...
Holà mon frère ! Je t'arrête tout de suite ! Non. J'ai à faire, je venais juste passer le bonjour avant de prendre la route de Hautval.
Qu'est-ce que tu vas bien faire dans le Médian ?
Jouter, par les Cinq ! La baronnie organise un tournoi où toute la Péninsule peut participer ! Trois milles pièces d'or au vainqueur, c'est le genre de prix qui vaut le voyage jusque là-bas !

Raoul mordit à pleines dents dans sa tartine au porc rôti avant de se saisir d'un gobelet qu'il remplit de vin aussi vite qu'il le but. Gaubert se renfrogna. Il ne chercha même pas à argumenter avec son frère, sachant que c'était peine perdue. Les nouvelles que portaient le vélin lui donnaient déjà la migraine, il ne voulait pas qu'une négociation sans fin avec Raoul l'amplifia d'autant plus. Néanmoins, il tenta de saisir l'oiseau au vol.

Puisque tu t'y rends, peut-être pourrais-tu me rendre un service.
Dis toujours.
J'aimerai entamer des relations commerciales avec les hautvalois. Depuis longtemps, nous nous contentons de quelques caravanes et cogues occasionnelles, mais je pense que nous pourrions mettre en place un partenarait plus avantageux pour nos deux territoires. Il suffit de remettre un pli ...

Raoul roula des yeux, visiblement peu enclin à répondre favorablement.

J'aimerai m'en charger, Père.

La douce voix d'Alaïs avait surpris les deux hommes qui tournèrent la tête vers elle de concert. Elle sourit, calmement, observant son oncle puis Gaubert avant de poursuivre.

Vous savez que notre oncle va refuser avant de lui demander. Si il part s'adonner à la joute, il ne prendra pas le temps de rencontrer le baron ou des commercants sur place. Il joutera.

Gaubert ne dit rien, mais il reconnut qu'elle avait raison. Elle poursuivit.

Tandis que moi, j'aurai tout le loisir de pouvoir le faire en votre nom, au sein des tribunes ou même en dehors.
Mais enfin, mon enfant, c'est un long voyage ... Et puis vous avez entendu ce que j'évoquais au sujet de la forêt d'Hedda ...
Père ...

Elle avait posé une main délicate sur celle burinée par le temps de Gaubert. Elle avait la voix douce et rassurante, déterminée, semblait-il, à remplir cette mission, elle avait pensait à son argumentaire.

J'ai hérité par Mère de Romeno et je compte bien un jour devoir mener ce genre de transaction pour mon propre fief. J'ai beaucoup appris à vos côtés, il est temps de me faire confiance. Il ne s'agit juste de remttre un pli n'est-ce pas ?

Elle sourit, frippone. Elle avait utilisée les mots de son père contre lui. Un mélange de fierté paternelle devant son enfant qui avait grandie trop vite et d'anxiété de la voir partir si loin se mêla dans la tête grise du comte.

Allez, mon frère ! Elle est avec moi, elle ne risque rien ! Et promis, nous éviterons l'Hedda en passant par Dens, comme ça ta précieuse fille ne risquera pas de se faire enlever par la truandaille !

Gaubert chercha un argument valable à opposer, un élément à contester, mais après quelques instants se résigna en soupirant.

Soit.

Le lendemain, Raoul, Alaïs et une quinzaine de gardes ainsi qu'un chariot où étaient secoués les gens au service de sa noble fille, prirent la route de Hautval. Le voyage dura près d'une ennéade et bientôt le convoi odélian arriva en vue des drapeaux qui marquait le haut des tribunes qui longeaient la lice furent en vue. Raoul passa la tête par la fenêtre du carosse qu'avait mis Gaubert à sa disposition, le sourire illuminant son visage.

Nous y sommes ma nièce ! Cocher, amenez-nous directement devant les clercs pour l'inscription !


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Dim 17 Nov 2019 - 9:33, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeVen 8 Nov 2019 - 0:07

Théodoric termina rapidement son inscription et regarda autour de lui les écuyers qui courraient un peu partout, l’un d’entre eux transportait une épée longue dans un fourreau directement rattaché à son ceinturon d’arme ; un autre portait des pièces d’armure dont un plastron frappé des armes d’un seigneur qui devait, sans doute, participer à la joute qui s’annonçait ; un dernier encore marchait, sans se presser contrairement aux autres, avec une lance posée sur son épaule, il sifflotait même. Les tentes installées en dehors des murs étaient moins nombre que ce à quoi il s’attendait mais compte tenu de l’importance somme toute très locale du tournois ce n’était, finalement, pas très étonnant. Tirant son destrier par la bride, l’héritier de Langehack suivait l’organisateur, ou du moins la personne chargée gérer les arrivants, pour lui allouer une tente.

Théodoric observa quelques instants les trois bannières qui flottait dans la brise au-dessus des gradins et de la place attitrée du maître de Hautval, d’où il aurait le loisir d’observer les joutes qui amenaient les compétiteurs. Toutefois, n’était pas vraiment versé dans l’héraldique, et surtout ne connaissait pas les diverses maisons du médian, il fallait dire qu’à part les armes d’Erac il n’en connaissait guère, le jeune homme n’en reconnut aucune mais sans doute n’étaient-elles pas bien importantes. Même s’il avait voulu savoir, ces questions sans grandes importances quittèrent son esprit aussi vite qu’elles y étaient entrées alors qu’il pouvait entendre le son si particulier de lourds sabots lentement marteler le sol.

« Je te confie ma monture. » S’exclama Théodoric en lançant presque les rênes à Fossoyeur qui n’haussa même pas un sourcil, il ne s’offusqua pas non plus d’être traité en écuyer alors qu’il était chevalier depuis un bon moment déjà. Toujours avec cette économie d’émotion qui le caractérisait il suivit le valet qui ne s’était même pas arrêté pour les mener jusqu’à la tente qui leur avait été alloué. Quant au jeune homme il courut pour entrer dans les gradins de la lice, poussant quelques roturiers et nobles afin de voir quelque chose car les gradins n’étaient pas suffisamment importants pour que les gens de basse et haute extraction soient séparés, si ce n’est pour le baron, sa famille et un ou deux invités de marque. Deux cavaliers se mettaient en place, un prêtre d’Othar placé aux premières loges, touchant du bout des doigts une épée qu’on lui présentait, déclara que ce qui allait arriver était la volonté du Guerrier et que si l’un d’eux devaient mourir ils auraient mérité une place aux côtés de la divinité.

Puis avant que le prêtre ait pu se rasseoir ou même ranger son épée au fourreau, les deux cavaliers s’élancèrent sous les regards des spectateurs qui n’attendait que le choc inévitable. Puis lesdits spectateurs poussèrent des vivats lorsque la lance du premier cavalier se brisa sur le plastron du second, projetant ce dernier au sol. Ou presque car un de ses pieds resta coincé dans l’étrier et son cheval le traina jusqu’au bout de la lice avant de faire demi-tour et d’être arrêté par un écuyer. Le héraut du tournois annonça le vainqueur qui lâcha sa lance en miette pour lever un poing triomphal alors que de l’autre il retirait son casque qu’il cala sous son bras.

La prochaine joute n’ayant lieu que dans deux heures, Théodoric quitta les gradins comme tout le monde pour aller se désaltérer sous la tente qui servait de taverne improvisée et qui fleurait bon le graillon, l’alcool, l’urine et le vomis.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeVen 8 Nov 2019 - 18:03

L'attelage s'arrêta devant le bureau d'inscriptions, quelques mètres derrière les gradins. Des vivats s'élevaient depuis la lice, tandis qu'on présentait les prochains combattants qui allaient s'élancer. Raoul descendit le premier et tendit la main vers sa nièce qui posa une main sur son front pour s'abriter du soleil. L'automne était plus doux qu'en Odélian dans le Médian. Une forte odeur de cheval et de cuir envahit les narines délicates d'Alaïs qui observait l'agitation autour d'elle. De ci de là, des écuyers trottinaient pour amener divers accessoires de montes à leur seigneur qui était probablement en train de se préparer sous les tentes qui s'entassaient un peu plus loin. Le duo s'approcha de la cahute où un homme maigre et barbu griffonné un long parchemin.

Holà l'ami, j'aimerai m'inscrire pour le tournoi !
Oui Monseigneur. Mais je crains qu'il vous faudra patienter pour les joutes de l'après-midi, les premiers tours de lice matinaux ont commencés.
Bien sûr, mon brave !
Votre nom, titre et blason, Monseigneur.
Raoul de Prademont, Chevalier, d'azur au cygne d'argent à la fasce de gueules.
Je note ... Veuillez vous présenter en lice à la première heure de l'après-midi pour la présentation à la foule, vous faites parti du deuxième groupe de concurrents de cette première journée.
Merci mon brave !

Raoul fit volte-face, entrenant à son bras sa nièce qui continuait de découvrir avec une certain émerveillement, le faste et le fourmillement qui entourait pareil évènement. Il se pencha vers elle, souriant.

Ma chère nièce, est-ce fidèle à ce que vous imaginiez ?

Pour le moment, oui-da, mon oncle. Bien que j'imaginais que cela sentait moins le cheval.

Raoul s'esclaffa. Un rire sonore et jovial dont il avait le secret et que la jeune femme avait entendu à chaque visite de son oncle. Il lui tapota gentiment la main tandis qu'elle continuait d'observer aux alentours. Un grand bruit métallique résonna depuis la lice, suivit de cris ravis de la foule. Un jouteur avait mis son adversaire à terre et avançait dans la compétition.

J'aimerai rencontrer le seigneur avant la reprise des joutes, cher oncle. Plus tôt, j'aurai accompli la mission de mon père et plus vite, je pourrai applaudir vos exploits sur la champ d'honneur.

Elle souriait en disant cela, mais l'oncle put lire dans son regard qu'elle était convaincue de ce qu'elle venait d'avancer. Raoul rendit son sourire à la belle.

Avancons vers les tentes, même si nous ne le trouvons pas, nous tomberons bien sur quelques informations.

Ils se dirigèrent vers l'une d'elles, plus haute que les autres, et d'où s'échappaient une odeur de viande braisée, probablement la taverne ephémère. Raoul écarta un des lourds pans qui gardaient l'entrée et laissa Alaïs pénétrer la première. L'atmosphère était lourde de diverses odeurs qui firent froncer le nez et les sourcils de la jeune femme, soudainement assaillie. La formidable agitation qui régnait au-dehors laisser place à un semblant de paisibilité ordonné sous les tentures.

De longues tables où des gens de tout âge devisaient autour de chope de bière étaient séparés par une allée centrale ou des serveuses en tablier blanc passaient les bras encombrés de commandes. Le duo se dirigea vers le fond de la taverne, cherchant un endroit ou s'asseoir. Ils trouvèrent finalement, près du comptoir qui marquait le fond, deux places en bout de table. Du coin de l'oeil, Alaïs remarqua un jeune homme en armure, les cheveux châtains ondulant autour de ses oreilles, qui semblait la regarder. Elle baissa les yeux avec pudeur, n'osant défier du regard le jouvenceau, qu'elle dut se l'avouer, avait l'allure et le visage élégant. Raoul remarqua les joues de sa nièce qui rosissaient et chercha d'où venait sa soudaine réaction.

Un problème, ma nièce ?
Point du tout, mon oncle.
Vous rougissez pourtant.
La chaleur, mon oncle. J'avoue qu'il fait chaud sous ce velours.

Raoul leva la tête, cherchant une serveuse qui n'était pas affairait avec des clients. Il hocha la tête et se leva en direction du comptoir, prêt à passer commande. Une nouvelle fois, Alaïs risqua un regard discret vers le jouvenceau qui se tenait à quelques mètres d'elle. Assurément, il était charmant. Elle tourna alors la tête, faisant mine de ne pas l'avoir remarqué, espérant qu'il n'avait pas vu qu'elle lui avait jeté quelques regards. L'espérait-elle vraiment ?


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Sam 9 Nov 2019 - 1:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeSam 9 Nov 2019 - 0:54


Sachant que son protégé se trouverait à un endroit où on pouvait trouver de quoi se désaltérer sans mal, ou du moins non loin d’un tel endroit, Ludolph se dirigea vers les effluves d’alcool les plus proches après avoir donné un souverain à quelques garçons d’écurie pour s’occuper de leurs montures et déposer leurs affaires dans la tente qu’on leur avait alloué. Il passa une main dans ses longs cheveux en lançant sur le monde ce même regard inexpressif, que ce soit sur la bande de comparses qui fêtaient un paris gagnant des plus fructueux ou deux ivrognes en venant aux mains car l’un avait régurgité son petit déjeuner sur les chausses de l’autre. Avec une lenteur posée, il tournait la tête de gauche à droite puis de droite à gauche en cherchant Théodoric, sa main gauche posée sur le pommeau de son épée qui lui pendait au côté, sa main d’arme reposait nonchalamment sur son ceinturon, le pouce coincé entre ledit ceinturon et son plastron. Lorsque quelqu’un marcha sur la traine de son manteau bleu roi déjà tâché de boue il se retourna pour s’assurer que personne n’appliquait son poids sur son manteau avant de poursuivre, bien peu concerné par cette incivilité. Laissant son odorat le mener jusqu’au jeune homme qu’il cherchait, le chevalier entra dans la tente et embrassa la pièce d’un regard mort, de ses yeux plissés qui donnait cette impression qu’il ne faisait confiance à personne et suspectait un peu tout le monde d’être en train de comploter.

La pièce, sans pour autant être vide, était loin d’être pleine. Et pour cause il n’y avait pas grand monde si ce n’était cinq paysans venus vendre leurs premières récoltes automnales, probablement pour avoir une excuse afin d’assister au tournois sans que leurs épouses respectives ne leur souffle dans les bronches ; il y avait le tavernier, évidemment, un grand gaillard qui s’affairait à satisfaire les commandes de ses clients avec un entrain et une bonhommie qui forçait le respect et l’affection et c’était probablement, ça et le fait qu’on arrivait bientôt au milieu de la journée, qui limitait les velléités des clients, même ceux qui avaient déjà trop bus ; il y avait deux servantes qui apportaient les commandes préparées avec amour par le tenancier jusqu’à ses clients, dont une qui décourageait les mains baladeuses d’un claquement de langue.

Il arrêta de regarder les occupants de la tente losqu’il trouva Théodoric, dans cette salle improvisée enfumée qui était plus calme que ce à quoi il s’était attendit, Ludolph ne bougea pas tout de suite. Il observa un temps le fils du marquis qui tenait une chope dans une main en pleine discussion animée avec ce qui semblait être deux hommes d’arme en gambison. L’un affirmait que le coup de lance magistrale de la dernière joute ne pourrait jamais être égalé tandis que l’autre répondait que le premier ferait bien de fermer sa grande bouche trop prompte aux hyperboles car il en avait déjà vu des meilleures. Le langage fleuri des deux guerriers en face du jeune homme semblait l’amuser et il répondait par un rire stupide à chaque injure qui ponctuait toutes les phrases dites par ses interlocuteurs. Toutefois il ne parlait que peu et son regard ne se fixait jamais sur le visage d’un de ses compagnons de boisson et Ludolph ne mit pas longtemps à voir ce qui captivait tant Théodoric. Il s’agissait d’une femme qui venait d’entrer avec un homme qui semblait savoir se servir d’une épée.

Mais ça n’arrêtait pas le fils du marquis qui levait les yeux vers la damoiselle quelques secondes avant de détourner rapidement le regard lorsque celui de cette dernière se posait sur le jeune homme. Puis c’était à son tour de regarder ailleurs et Théodoric recommençait. Les coins des lippes de Ludolph se retroussèrent légèrement avant de retrouver leurs places originales. Toutefois il ne fut pas le seul à remarquer le manège du jeune homme, en effet ses compagnons de beuverie semblait l’avoir deviné également, le premier se retourna pour confirmer ce qu’il pensait puis lorsqu’il compris qu’il avait vu juste il éclata d’un rire gras. Le second imita son collègue avant de donner une bourrade dans l’épaule du jeune homme.

« T’inquiète donc pas, on s’en occupe ! » Dit-il en faisant un clin d’œil à Théodoric avec un sourire qui allait d’une oreille à l’autre, le regard abruti par l’alcool.

Avant que le fils du marquis n’ait rétorquer quoi que ce soit le premier se dirigea vers Raoul avant que ce dernier n’ait atteint une servante qui venait de déposer trois chopes sur une longue table, une devant chaque client.

« Messire ! » L’homme d’arme fit une révérence avec la souplesse et la grâce d’un buffle, une révérence qui tenait plus de la parodie que du geste respectueux. « Z’allez participer aux joutes ou les regarder hein ? Ça vous dit de parier ? »
Son comparse, resté aux côtés de Théodoric poussa ce dernier vers la belle, de façon un peu trop rude au goût de Ludolph qui s’avança vers l’homme d’arme mais voilà, c’était déjà fait. La nièce de Raoul se trouva face à un Théodoric au regard fuyant, se grattant nerveusement la nuque et après quelques secondes d’hésitations il rassembla le courage de lui parler.

«  Mada… mademoiselle, permettez-moi de… de louer votre beauté et euh… me feriez-vous l’honneur de me révéler votre nom ? »
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeSam 9 Nov 2019 - 11:42

Raoul écarta de son passage un petit bonhomme en lui posant la main sur l'épaule et en lui adressant un sourire entendu en hochant légèrement de la tête. Une serveuse était toute proche et serait à même de prendre sa commande. Un homme joufflu vêtu d'un gambison un peu trop juste pour lui le héla alors.

Messire ! Z’allez participer aux joutes ou les regarder hein ? Ça vous dit de parier ?

Le gueux s'était fendu d'une révérence approximative, visiblement dans un état bien alcoolisé et l'haleine de l'homme d'armes fleurait le houblon et la charogne. Le chevalier arqua un sourcil devant l'ivrogne, interloqué d'être ainsi interpelé. Un sourire apparut sur les lèvres charnues de Raoul, qui connaissait ce genre de personnage.

Ni l'un, ni l'autre l'ami ! Je suis venu pour gagner ce tournoi !

Il adressa une tape sur l'épaule du soldat au regard embrumé avant d'émettre un petit rire amusé.

Si vous voulez parier, faites-le sur moi !

Il tourna le regard vers la serveuse qui venait de poser trois godets sur la table à côté de lui.

Du vin ! Deux coupes bien pleines !

Pendant ce temps, assise en bout de banc, Alaïs patientait en observant autour d'elle, à la recherche d'une personne ressemblant peu ou prou à un officiel hautvalois. Elle remarqua du mouvement à l'extrémité de son champ de vision, mais feignit de ne pas y prêter attention. Serait-ce le charmant jouvenceau qu'elle avait aperçu plus tôt ? Si fait. Un gaillard un peu rustre lui administra une bourrade qui amena le jeune homme face à elle, se grattant l'arrière du crâne.

Mada… mademoiselle, permettez-moi de… de louer votre beauté et euh… me feriez-vous l’honneur de me révéler votre nom ?

Une première approche hésitante à coup sûr. Elle tourna la tête vers lui, souriant doucement et plaçant les mains dans son giron, avec la délicatesse dû à une fille de son rang.

Je vous remercie, Monsieur.

De près, il était plus charmant que de loin, et maintenant qu'elle pouvait l'observait franchement, il lui paraissait un peu plus grand qu'elle le pensait. Amusée par la gêne du jeune homme, elle décida de rajouter une gentille pique de sa voix douce.

Pardonnez-moi, Monsieur, mais n'est-ce pas impoli de demander le nom d'une Dame avant de s'être présenté ?

Elle souriait poliment, tentant de croiser le regard fuyant du jouvenceau. Elle vit que son oncle était en train d'échanger avec un soldat quelques mètres plus loin. Il n'était peut-être pas le plus sévère des chaperons, mais savoir qu'il était là, l'amplit de confiance au cas où le jeune homme prenait ombrage de sa remarque. Les hommes pouvaient parfois se révéler des plus suceptibles.

Raoul glissa une pièce dans la main de la serveuse, toujours flanqué de l'ivrogne qui semblait ne pas être décidé à le lâcher pour le moment. C'était comme un don (ou une malédiction), il attirait souvent la sympathie du buveur invétéré qui lui collait aux basques pendant des heures et celui-ci ne semblait pas vouloir faire exception à la règle.

Dites-moi l'ami, tant que je vous tiens, sauriez-vous où je peux trouver le baron ou son Intendant ? Ma nièce ...

Il pointa l'index vers Alaïs et remarqua alors la présence d'un gamin d'à peine vingt ans, qui tentait de se tenir droit face à elle. Un nouveau sourire ourla ses lèvres, voyant l'embarras du jouvenceau face à la belle blonde. Ah ça, elle ne tenait pas de sa mère. Un petit frisson remonta l'échine de Raoul tandis que l'image de Berthe repassait devant ses yeux. Il n'avait jamais compris comment son frère avait pu culbuter pareil laideron ... La serveuse déposa les deux coupes demandées dans les mains de Raoul qui la salua d'un clin d'oeil. Il passa outre l'alcoolique qui tentait vainement de lui faire barrage et s'approcha du couple de jouvenceaux.

Et voici ma nièce !

Il posa les verres sur la table et tourna le regard vers le jeune homme qui restait debout, mal à l'aise.

Le bonjour, Monsieur ! Vous aussi serez en lice cet après-midi ?
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeDim 10 Nov 2019 - 2:02

Les remerciments de la belle permit à Théodoric de gagner en confiance, suffisamment pour qu’il lui rende son sourire et finalement croiser son regard, un regard d’émeraude profond aux reflets sombres, comme celui de Griffon. Cependant cela ne dura pas car il se confondit en excuse, c’était vrai qu’il ne s’était même pas présenté.

« Je vous présente mes plus plates excuses, mademoiselle. Je m’appelle… » il hésita un instant, se rappelant l’injonction de son père mais la rejeta bien vite, après tout ce n’était pas bien grave et puis ça ne risquait pas d’influencer sur leur possible relation ou la façon dont la belle le verrait. Du moins c’était ce qu’il se disait avant de se présenter.

« Je m’appelle Théodoric de Langehack. »

Le jeune homme baisa le dos de la main d’Alaïs, cette dernière put sentir le métal froid de l’anneau sigillaire qui ornait le doigt de Théoodirc lorsqu’il prit sa main, avant de se redresser avec lenteur, selon les conventions du sud. Quant à l’homme d’arme qui avait pour mission improvisée de capter l’attention de Raoul, il éclata d’un rire tonitruant, sincère, à la réaction de ce dernier.

« Vous manquez pas de toupet monseigneur, j’aime ça ! Et bien c’est ce que je ferais, je vais parier sur vous, j’espère qu’Othar vous aime bien ! » S’excalama-t-il toujours plus fort, comme si en haussant le ton le Guerrier pouvait l’entendre et accorder sa bénédiction à Raoul. Dans l’espoir que la divinité soit friande de bière, même tiède ou éventée, il leva sa chope. « A votre réussite monseigneur ! » Afin de répondre, si possible correctement, à la question posée par le chevalier, le roturier se grata le menton recouvert d’une barbe de trois jours. Il en avait presque oublié sa mission première lorsque le de Prademont se tourna pour voir ce qui, visiblement, était sa nièce. « Attendez… » dit-il bien trop tard mais il ne tenta pas de le suivre et alla, ensuite, rejoindre son compère qui observait avec délice Théodoric se ridiculiser. Ce dernier se disait justement que maintenant que sa couverture de chevalier errant, couverture qui, au demeurant, n’avait même pas tenu la matinée, était mort, il ferait mieux de se réinscrire. Lorsque Raoul lui apprit que la belle blonde était sa nièce, le jeune homme hésita à reculer d’un pas toutefois il fut surpris de se rendre compte que le chevalier ne tentait pas de le chasser.

« Bonjour monsieur. » Répondit-il avant de bomber le torse. « Bien sûr que je participe au tournois et je compte bien le gagner ! » Après une seconde d’hésitation il se reprit sous les yeux d’un Ludolph désabusé qui était resté au comptoir à côté du second homme d’arme. « Je veux dire que je vais le gagner ! » Si le Ludolph en question se disait que Théodoric en faisait un peu trop pour impressionner une dame il n’était pas au bout de ses peines. « Et je dédierais ma victoire à votre nièce mais ne vous inquiétez pas, il n’est sans doute pas trop tard pour retirer votre inscription. »

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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeDim 10 Nov 2019 - 9:55

Le jeune homme semblait toujours hésitant, et la remarque d'Alaïs ne lui avait pas vraiment donné plus d'allant, au grand amusement de cette dernière. Elle put, malgré tout, croiser son regard, avant qu'il ne s'excuse de sa conduite un peu rustre. De grands et beaux yeux verts qui formaient un contraste élégant avec sa crinière foncé.

Je vous présente mes plus plates excuses, mademoiselle. Je m’appelle… Je m’appelle Théodoric de Langehack.

Joignant le geste à la parole, Théodoric se saisit délicatement de la main d'Alaïs et y déposa un petit baiser avant de se redresser. Elle fut quelque peu surprise par le geste. Au Nord, on se contentait de la salut en s'inclinant, mais on disait que les suderons étaient plus tactiles. La preuve en était faite. Ses yeux s'étaient légèrement ouverts devant la surprise, mais elle garda contenance devant l'acte, inhabituel certes, mais pas désagréable. Un petit accès de chaleur vint colorer ses joues tandis qu'elle regardait aux alentours pour ne pas montrer l'effet que lui avait fait le souffle du jouvenceau sur sa peau.

Enchanté Monsieur. Je suis Alaïs de Prademont, fille de Gaubert de Prademont, comte d'Odélian.

C'est à cet instant, charmant, que Raoul fit irruption en posant deux coupes sur la table, son éternel sourire en coin barrant son visage. Alaïs croisa le regard de son oncle, lequel frisé d'amusement. Il semblait avoir parfaitement saisi la situation. Sentant le malaise que son apparition avait provoqué chez les deux jeunes gens, il interrogea le jeune homme sur sa participation au tournoi.

Bien sûr que je participe au tournoi et je compte bien le gagner ! Je veux dire que je vais le gagner ! Et je dédierais ma victoire à votre nièce mais ne vous inquiétez pas, il n’est sans doute pas trop tard pour retirer votre inscription.

L'arrogance de la jeunesse avait parlé et trouva en réponse un éclat de rire franc de la part de Raoul. Alaïs baissa les yeux vers sa coupe, craignant l'orage. Raoul avala une gorgée de vin avant de se tourner vers Théodoric.

Je vous répondrais deux choses Monsieur le fanfaron. Premièrement, avant de dédier votre victoire à qui que ce soit, soyez assuré que la Dame vous a accordé sa faveur. Et deuxièmement, je vous conseille de réfléchir aux gens que vous provoquez, il serait bien dommage que vous me regardiez depuis le bas de votre monture lors de notre prochaine rencontre. Je vous garantis que mes mots seraient alors bien plus acides qu'en ce moment.

Le regard, d'ordinaire si jovial, de Raoul s'était assombri même s'il gardait ce sourire qui ne le quittait pratiquement jamais. Il ingurgita une nouvelle rasade, imité par sa nièce qui souriait poliment dans une veine tentative de détendre l'atmosphère.

Sur ce, Monsieur, je vous prie de nous laisser en paix, ma nièce et moi, nous avons mieux à faire.

Il finit sa coupe d'une traite et tendit la main vers Alaïs. La jeune femme observa sa coupe encore bien remplie, puis jeta un regard vers Théodoric qu'elle salua d'un hochement de tête. Les deux odélians se levèrent et laissèrent le jeune homme, debout à côté d'une table vide. L'air était plus frais au-dehors et l'agitation plus grande.

Il vous plaît ?
Mon oncle ?
Ma nièce ?

Les joues d'Alaïs se colorèrent une fois de plus au plus grand ravissement de son oncle. Ah ces jeunes gens et leurs émois si évident.

Allons, Alaïs ! Je ne suis pas votre père, nul besoin d'être gênée. En tout cas, vous lui plaisez, haha !

Elle sourit sans rien dire, mais cette idée lui plaisait autant que le jeune chevalier.

Allons trouver les gens du baron avant que j'aille me préparer pour cet après-midi.
Certes, mon oncle !

Il venait de la ramener à la réalité. Elle était ici, avant tout pour honorer la requête de son père.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 16:13

Théodoric prit ombrage des mots de l’oncle de la belle de Prademont, bien qu’ils soient tout à fait légitimes, mais il s’agissait là’ d’une considération bien secondaire pour le jeune homme qui ne s’embarrassait guère de ces pensées-là. Il allait d’ailleurs rétorquer quelque chose lorsqu’une main sèche se posa sur son épaule pour l’en empêcher, pour le tirer en arrière, conformément aux vœux de Raoul

« Veuillez l’excuser, monseigneur, la jeunesse, vous savez ce que c’est. » Expliqua Ludolph avantde gratifier la dame d’un hochement de tête. Ensuite il tira le jeune homme en arrière pour sortir afin que ce dernier ne se ridiculise pas davantage mais le chevalier se retourna pour dire autre chose. « Si rien n’a changé, il y a un bailli à la porte nord, il vous mènera sûrement au baron. Sur ce. » Il hocha à nouveau la tête pour pousser le Théodoric vers la sortie. Une fois dehors ce dernier se dégagea d’un geste brusque pour faire face au hautvalois.

« Pourquoi tu nous a interrompu ? J’allais le défier ! »
« C’est exactement pour cette raison. T’as oublié que je suis ton maître d’arme mon garçon ? »
« Vous devriez savoir que j’aurais gagné. » Ludolph le dévisagea quelques instants, se demandant s’il était sérieux malgré son aplomb.
« T’aurais pas tenu cinq secondes. »
« J’aurais tout arrê…” Théodoric ne termina jamais sa phrase, coupé dans son élan par un soufflet magistral puis il se redressa en tenant sa joue meurtrie.
« Et celle-ci tu l’as arrêtée ? » Devant l’absence de réponse Ludolph soupira. « C’est bien ce que je me disais. Aller viens on doit modifier ton inscription. »

Dans un silence de plomb ils se dirigèrent vers la zone où les gens attendaient pour se faire inscrire afin de participer aux joutes de l’après-midi, du moins dans l’espoir d’y participer. Ainsi Théodoric donna son vrai nom ainsi que son blason et le chevalier qui l’accompagnait poussa un nouveau soupir.

« Tout ça pour des yeux bleus… » le jeune homme ne répondit pas et une fois que sa nouvelle inscription fut confirmée ils s’en allèrent trouver un endroit où manger quelque chose de plus ou moins comestible. Ce qui se trouva finalement assez facilement, du moins plus facilement que prévu, une vieille femme vendait des brochette de bœuf et ils en prirent trois chacun puis après ce repas très équilibrés ils retournèrent dans leur tente pour vérifier l’équipement de Théodoric avant que ne commencent les joutes. Fanfaronnant beaucoup moins, mais toujours un peu, le jeune homme s’approcha en tirant par la bride son destrier pour participer à la première lice. Lorsque les spectateurs étaient tous dans les gradins, il mit un pied à l’étrier pour monter sur sa monture et rentrer dans ladite lice, un héraut annonça les deux compétiteurs d’une voix claire et forte.

« Gisbert le limier, chevalier de Hautval contre Théodoric de Langehack, fils unique et héritier de Griffon de Langehack, marquis de Langehack. »

Une fois les présentations terminées les deux combattants se mirent en place puis se fut au prêtre d’Othar d’accomplir son rituel et lorsqu’il eut terminé à son tour les deux guerriers baissèrent la visière de leurs casques respectifs avant de lancer leurs montures au galop. Tenant sa lance aussi haut que possible, le jeune homme visait la poitrine de son opposant et il tentait de maintenir son bouclier en place, ce qui n’était pas aisé alors lorsque vint le moment de l’impact il fut projeté en arrière. Il ne resta en selle que par la solidité de ses étriers et grâce à Ludolph qui avait donné un coup à l’arrière de chacune de ses chevilles pour s’assurer qu’elles étaient bien en place. Toutefois il sembla que ce ne fut pas le cas de Gisbert qui tomba à la renverse avant d’être abandonné par son cheval qui continua avec une selle vide. On aida le chevalier à se relever et le fils du marquis à descendre de cheval. Les deux lances étaient fichues et Théodoric retira vivement son casque pour le jeter au sol avant de prendre de grandes goulées d’air, une goute de sueur glissait de sa tempe puis il se massa l’épaule gauche, celle qui fut le plus secouée par le choc avant de se rendre compte que c’était inutile à travers son harnois. Ludolph lui donna une grande tape dans le dos.

« Bravo mon garçon, un de moins. » Son absence de sourire, qu’ils soit sur ses lèvres ou dans son regard, rendait les félicitations creuses, fausses, mais le jeune homme le connaissait suffisamment pour être certain qu’elles étaient sincères. « Aller viens, t’as mérité un coup à boire, c’est moi qui offre. »

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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 19:56

L'après-midi était arrivé sous le soleil tiède qui avait illuminé la matinée. Alaïs avait trouvé le bailli que l'homme qui avait empêché Théodoric de répondre à son oncle leur avait indiqué. Une fois en sa compagnie, Raoul s'était fendue d'une petit révérence en direction de sa nièce et s'était eclipsé à travers la foule de tentes qui s'étendait derrière les gradins.

Le bailli, un homme aux cheveux et à la barbe bouclés, avait conduit la jeune femme dans la loge officielle. Après quelques présentations en bonne et due forme, Alaïs put remettre le pli que lui avait confié son père au baron lui-même. Elle s'assura de bien précisé qu'il s'agissait d'affaires commerciales que son comte de père souhaitait pérenniser avec Hautval, usant de toutes les politesses et bonnes manières qu'elle avait apprise durant son enfance. Le baron parut séduit, et invita la jolie blonde à prendre place dans le haut des tribunes près de son trône et celui de sa femme, qui lançait parfois quelque regard désapprobateur face à la jovialité excessive dont faisait preuve son époux lorsqu'il devisait avec Alaïs.

Elle prit place sur une chaise où un coussin satiné rendait l'assise plus confortable, tandis que les jouteurs de l'après-midi caracolaient au centre de la lice, sous les encouragements de la foule. Elle aperçut son oncle, qui entra en saluant le public d'une main gantée, chevauchant son destrier alezan. Trois cavaliers plus tard, ce fut au tour de Théodoric de passer devant la tribune au son des trompettes. Il avait fier allure dans son harnois étincelant, brandissant son écu frappé du blason des marquis langecin. Elle ne perdit pas un instant de la parade du jeune homme, qui restait digne et fier au côté de sa monture. Un sourire tendre ourla ses lèvres tandis qu'il levait les yeux vers la tribune, ce regard était-il pour elle ?

Le premier assaut de l'après-midi opposait Théodoric à un hautvalois. Le représentant local semblait avoir les faveurs de la foule, mais pour la jeunne odélianne, le favori était tout autre. Le héraut présenta les deux combattants puis vint le prêtre d'Othar qui hulula sa prière traditionnelle. Le tonnerre gronda quand les deux destriers s'élançèrent l'un vers l'autre. Le fracas des lances résonna dans la lice, faisant papilloner les yeux de la jeune femme qui lorsqu'elle les rouvrit, vit le jeune langecin victorieux alors que son adversaire se débattait sur le sol comme une tortue sur le dos. Elle applaudit avec entrain, ravie.

Vint ensuite le tour de Raoul, face à un chevalier eracien. Le même cérémonial eu lieu avant que les chevaliers ne se percutent à plein vitesse au centre du terrain. Son oncle remporta lui aussi son premier combat et célébra en levant le moignon de sa lance au-dessus de la tête sous les cris des preneurs de paris qui rappelaient les côtes de chacun.

Ainsi passa l'après-mid, Raoul et Théodoric envoyant tour à tour leurs adversaires jouer avec le sable de l'arène. Le fracas métallique des armures cabossées faisaient écho à celui des forgerons qui redressaient épaulières et visières à la sortie de la lice.

Le soleil commençait à decliner vers l'ouest, annonçant la fin du premier jour du tournoi. Un dernier combat restait à mener avant de connaître les quatre derniers chevaliers qui s'affronteraient pour le grand prix le lendemain. Le héraut s'avança face à la tribune officielle.

Théodoric de Langehack, héritier de Griffon de Langehack, marquis de Langehack contre Raoul de Prademont, chevalier du comté d'Odélian !

Par les Cinq, Alaïs n'avait pas réalisé que les deux hommes formeraient la dernière paire de la journée. Un place en demi-finale était en jeu, et au vu de leur échange en fin de matinée sous la tente, le combat pouvait s'avérer tendu. Les deux chevaliers entrèrent chacun d'un côté de la lice et vinrent saluer les officiels, tandis que le prêtre d'Othar entamait sa litanie de bénédiction. Raoul arborait son fameux sourire  en prenant sa place aux côtés de son jeune adversaire, face à la tribune.

Il n'est pas trop tard pour retirer votre inscription, Monsieur.

Son sourire disparut alors qu'il refermait la visière de son bassinet et se dirigea au petit trot vers son point de départ. Il ajusta son assise et s'assura d'avoir les pieds bien calés au fond des étriers. Il mit son bras autour de sa lance et la colla contre son plastron afin de contrôler son coup à venir. Il sentait son destrier piaffer entre ses cuisses, impatient de s'élancer vers son adversaire.

Les deux chevaliers s'élancèrent l'un vers l'autre sous le regard d'Alaïs qui se leva de son siège, comme hypnotisé par les deux guerriers. Puis vint l'impact.


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Mer 13 Nov 2019 - 14:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeMar 12 Nov 2019 - 15:28

Après avoir bu, mais très modérément car le hautvalois ne buvait que très rarement plus d’une pinte, et également parce que les joutes du jour auxquelles Théodoric devait participer n’étaient pas terminées, ce dernier retourna dans les gradins avec son protecteur ; et même si le jeune homme se laissait prendre par l’ambiance en admirait les jeux qui se déroulaient devant lui, le protecteur en question avait les yeux rivés sur Raoul pour trouver sa faiblesse ou au moins une habitude qui serait exploitable, il le faisait avec les autres jouteurs mais c’était le chevalier odélian qui avait toute son attention. Ainsi il conseilla Théodoric, lui glissant quelques mots à l’oreille avant qu’il ne grimpe en selle puis quelques autres lorsqu’il lui tendait son bouclier frappé des armes de sa famille, un parti d'argent et d'azur au dragon passant d'or brochant le tout. Il leva bien haut son bouclier, maintenant qu’il avait révélé sa véritable identité à Alaïs à quoi bon la cacher aux spectateurs ? Et comme pour les joutes précédentes il regardait la belle d’Odélian pour se donner du courage alors que ses adversaires devenaient de plus en plus retors, de plus en plus expérimentés, de plus en plus habiles.

Ce fut avec une une bonne dose de chance, parfois insolente, que le langecin se hissa aussi haut dans la compétition mais aussi grâce à Ludolph qui avait servit d’analyste et qui avait fait perdre des sommes que certains pourraient qualifier d’indécentes à des parieurs enfiévrés par ses conseils. Ainsi lorsqu’il fut temps d’affronter Raoul de Prademont pour une place en demi-finale, Théodoric arborait un sourire carnassier, cachant son incrédulité d’être arrivé si loin derrière des bravades. Alors vinrent les présentations et, son casque sous le bras, son destrier attendant à un bout de la lice, Théodoric n’avait d’yeux que pour Alaïs, ne détachant pas son regard de la belle, même sous la provocation de son oncle.

« Vous avez peur monseigneur ? » Répondit-il avec un sourire suffisant puis il partit tout comme son adversaire vers son destrier où Ludolph lui donna des conseils en l’aidant à monter jusqu’à qu’il se plaça à son point de départ sous les hennissements de sa monture et les vivats du public. Les lourds sabots se mirent à marteler le sol, un hymne guerrier qui ferait sans doute plaisir à Othar puis Théodoric n’eut que quelques instants à peine pour réajuster sa position en fonction des conseils prodigués par Ludolph. Ce qui ne fut pas assez, il n’eut pas le temps d’intégrer ce que le vieux chevalier lui avait dit et l’impact le coucha en arrière, le forçant à lâcher sa lance brisée et son bouclier resta pendu à son bras. Des écuyers rattrapèrent le cheval puis, enfin plus ou moins stable, le jeune homme donna signe de vie, difficilement. Il avait l’impression de se trouver sous la grande cloche de Sainte Deina et sans se redresser il tenta de retirer ledit casque pour le jeter au sol. Il ferma intensément les yeux devant la lumière qui lui sembla particulièrement vive puis on l’aida à se relever et il s’accrocha aux rênes de son étalon. Puis enfin il se retourna pour voir si son adversaire avait goûté à l’amertume du sable mais ce dernier était encore en selle. Alors il demanda une autre lance à grand cris et après avoir repris ses esprits il reprit place. Ludolph se trouvait à nouveau à ses côtés et lui glissa encore quelques mots mais Théodoric avait encore du mal à entendre quoi que ce soit.

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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 15:46

Sous la visière de son heaume, Raoul avait les yeux rivés sur son adversaire qui galopait à sa rencontre. Le jeune langecin baissait sa lance vers lui alors qu'il faisait de même. Le grondement des sabots dans le sable était la seule musique qui parvenait à ses yeux. Le bruit des trompes, les vivats de la foule, le cliquetis métallique des pièces d'armures qui s'entrechoquaient, tout semblait s'assourdir pendant les quelques secondes de la course folle. Seule sa respiration et le bruit du galop de Saphir, son destrier accompagnait l'image de Théodoric fondant vers lui. Il lança son bras droit en avant pour que son coup porte un peu plus et leva son bouclier au niveau de son épaulière.

BONK L'impact fut violent, les lances furent réduites en charpie et les copeaux de bois colorés volèrent autour des deux chevaliers qui continuaient leur course. Arrivé en bout de piste, il jeta le moignon de lance au sol, le long de la rambarde de bois qui longeait l'arène. Son mouvement de bouclier lui avait permit d'encaisser le choc sans se retrouver déséquilibré, mais par Othar, le jeune homme frappait comme un buffle. Il fit vibrer son bras enarmuré pour faire fuir l'engourdissement qui s'y trouvé et tendit la main vers les écuyers de lice, pour qu'on l'arme d'une nouvelle lance. Aucun vivat n'avait retentit, ce qui signifiait que les deux chevaliers étaient restés en selle. Il fit faire demi-tour à Saphir et vit que son adversaire semblait avoir souffert de l'échange, alors qu'il s'appliquait à retrouver une position solide dans les étriers. Les hommes du jeune seigneur l'entouraient, visiblement inquiet du sort du fanfaron face à l'expérimenté tournoyeur qu'était le frère de Gaubert. Il leva sa lance pour signifier qu'il était prêt au deuxième assaut.

Alaïs avait fermé les yeux au moment du choc. En les rouvrant, elle put constater que les deux chevaliers demeuraient en selle, annonçant un deuxième tour de lice imminent. Théodoric, malgré sa jeunesse avait résisté à son oncle, dont elle entendait autour d'elle qu'il était un jouteur des plus renommés dans la Péninsule. Elle le savait habitué, mais elle découvrit que Raoul avait remporté plusieurs tournois dans le Nord et le Médian, se taillant une solide réputation. Cependant, le beau chevalier semblait accuser le coup, se tenant légèrement voûté sur sa selle, tandis que Raoul parvenait à rester bien droit. Déjà, son oncle levait sa lance en guise de signal au lancement du deuxième assaut. Le langecin fit de même après que ses gens se furent écartés de lui. Les deux destriers se jetèrent à nouveau en avant. La jeune femme suivit la course de son favori, celui à l'écu au dragon.

Cette fois-ci, Raoul frapperait à l'épaulière. Il releva sa lance une seconde avant l'impact, saisissant l'opportunité de voir le bouclier du jeune chevalier un peu plus bas que lors du premier assaut. Il plaqua le bras gauche contre son plastron en avançant légèrement pour mieux encaisser le coup de butoir de son adversaire. Une fois encore, les lances explosèrent dans une pluie colorée. Il avait réussi à le toucher le premier et à le déstabiliser, si bien que le coup qu'il reçut ne fut qu'une pichenette en comparaison de la première manche. Le public hurlait. Il tira sur les rênes et fit faire une volte à Saphir qui se cabra devant la soudaineté de l'ordre de son cavalier. Raoul devait vérifier par lui-même. Au bout de la lice, les écuyers arrêtaient le cheval de Théodoric, qui n'avait plus de cavalier sur le dos. Au milieu de la lice, il vit le reflet du soleil déclinant réfléchir contre un harnois poli. Le Prademont leva son bouclier en signe de victoire.

Etait-il blessé ? Théodoric avait basculé en arrière, roulé sur la croupe de son cheval lancé à pleine vitesse et atterit sur le côté dans un fracas horrible. Alaïs s'était levée, inquiète du sort du jouvenceau aux charmants yeux verts. Il bougeait, loués soit les Cinq, il bougeait. Les hommes du jeune homme accourait vers lui, vraisemblablement inquiets, comme elle, qu'il ne soit blessé. Elle s'étonna alors d'être aussi investie dans le sort d'un étranger avec qui elle avait à peine échangée quelques mots, aussi beau soit-il. Elle tourna son regard azur vers son oncle, et lui adressa un sourire en commençant à applaudir, enfin, sa victoire. Après tout, c'est lui qu'elle était venu soutenir aujourd'hui.

Raoul donna un petit coup de talon dans les flancs de Saphir et s'approcha de son jeune adversaire qui se faisait relever par ses gens. Il releva la visière de son pouce, faisant grincer les charnières.

Êtes-vous blessé Monsieur ?

L'homme aux cheveux longs qu'il avait croisé plus tôt au côté de Théodoric était là, soutenant son seigneur qui se redressait , la tête basse.

C'était une belle passe. J'espère vous voir ce soir au banquet que nous puissions reparler de tout ceci sans céder à la provocation de mise avant nos tours de pistes.

Raoul sourit, comme toujours, la victoire qui avait fait ravalé la provocation du jeune homme au fond de sa gorge étirait ses lèvres un peu plus que d'habitude. Il tourna les yeux vers les gradins, apercevant la silhouette gracile de sa nièce qui tapait des mains en regardant vers lui. Ou bien était-ce vers son adversaire ?

Je suis convaincu que je ne suis pas le seul odélian à souhaiter votre venue ce soir.

Il inclina légèrement la tête et dépassa les langecins pour ramener Saphir vers les lads qui s'occuperaient de lui pour la soirée. Il n'y avait plus que deux chevaliers entre lui et le Grand Prix. Mais ce serait pour le lendemain, ce soir, on festoyait !
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeJeu 14 Nov 2019 - 0:58

Pour cette deuxième course folle, Théodoric s’était replié sur lui-même, formant une masse compacte d’acier, son flanc gauche protégé par un bouclier frappé des armoiries de sa famille. Mais il n’arrivait plus à maintenir son bouclier aussi haut qu’il l’aimerait et cette fois le jeune homme appréhendait l’impact et ce maintenant plus que jamais mais, serrant les mâchoires, il se prépara comme il pouvait au choc prochain. Et sa défaite, le langecin la dûe à son bouclier qu’il n’avait pas réussi à lever suffisamment. La lance de Raoul fut déviée par le bord dudit bouclier mais au lieu d’être envoyé vers l’extérieur comme Ludolph l’avait espéré, elle passa au contraire vers l’intérieur et frappa dans un creux interne de son harnois, au niveau de l’épaule et comme il était ramassé sur lui-même il partit en arrière sans espoir de se retenir à quoi que ce soit, pas même le pommeau de sa selle. Sans les nombreuses couches de protection matelassées sous son armure, il était fort probable qu’il se serait cassé quelque chose ou bien pire.

Au sol il mit quelques temps à bouger, ayant mal de partout il respirait comme un buffle sous son casque, s’arrêtant de temps en temps pour siffler un juron presque blasphématoire entre ses dents. Ludolph releva la visière pour voir si son seigneur était encore vivant et ce fut avec un certain soulagement qu’il constata que oui puis il attrapa un bras pour l’aider à se relever ce qui fit grogner Théodoric de douleur, une fois sur pied il boitillait pour aller à la rencontre de son adversaire victorieux.

« Non mais merci de vous en inquiéter. Et vous avez raison, c’était une belle passe, peut-être aurais-je dû retirer mon inscription finalement. » Dit-il en souriant, un sourire qui ne resta pas longtemps sur son visage, rapidement remplacé par une moue douloureuse. « Je vous rejoindrais avec plaisir au banquet monseigneur. »

Il aurait bien continué à parler mais les derniers mots de Raoul l’arrêtèrent dans sa lancé et il suivit le regard de ce dernier pour croiser celui d’Alaïs et la douleur sembla magiquement n’être qu’un bien mauvais souvenir. Finalement ce furent le son des sabots qui rompirent le charme, qui lui firent tourner la tête.

« Nous nous reverrons donc ce soir monseigneur. »

Enfin, se tenant sur Théodoric, il sortit de la lice pour aller voir un prêtre de Néera afin de s’assurer que tout allait bien. Puis ils allèrent finalement boire à nouveau pour se désaltérer et puis parce que, même s’il n’avait pas gagné la dernière joute, Ludolph était fier de son protégé bien qu’il ne le montrait pas. Mais le banquet approchait bien vite et il fallait bien se préparer car, depuis que Théodoric c’était présenté sous sa véritable identité il avait reçu une invitation officielle au banquet de ce soir en tant qu’hôte de marque du baron et il était hors de question d’arriver en retard. Ainsi ce fut dans des atours digne de son rang que le fils du marquis se présenta et prit place à la table d’honneur.

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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeVen 15 Nov 2019 - 15:53

Le soleil se coucha deux heures après le dernier tour de lice entre Raoul et Théodoric. Le baron de Hautval avait fait préparé des chambres pour les finalistes, plutôt que de les laisser dormir sous les tentes où s'entassaient les serviteurs des jouteurs. Dans les couloirs du château, le pas pressé des servants rythmait l'air automnal. Raoul avait enfilé une tunique rouge et blanche et s'était coiffé d'une toque aux mêmes couleurs et sortit de sa chambre pour gagner la porte voisine. Il frappa après avoir réajusté sa ceinture de soie autour de sa taille.

Ma nièce ? Êtes-vous prête ?

Derrière la porte close, la voix étouffée d'Alaïs retentit.

J'arrive, cher oncle. Encore une minute !

Dans la chambre, la servante d'Alaïs achevait de replier une mèche sur le haut de son crâne, avant de la fixer à l'aide d'une épingle en argent sertie d'une émeuraude ronde. La jeune femme avait opté pour une robe bleue et blanche, aux couleurs des armoiries de la famille, légèrement décolleté dans le dos. Une fois l'élégant chignon achevé, la servante déposa une fine tiare autour de la tête de sa maîtresse et observa son oeuvre dans le miroir qui leur faisait face.

Parfait Margot !

Alaïs tourna la tête d'un côté puis de l'autre, s'assurant d'avoir la coiffure parfaite, puis se leva de son tabouret en adressant un petit signe de tête à sa jeune suivante, satisfaite. Elle se dirigea vers la porte et sortit rejoindre son oncle, qui attendait adossé contre le mur d'en face.

Quelle image enchanteresse !

L'odélianne baissa les yeux, un petit sourire ourlant ses lèvres. Le compliment faisait plaisir à entendre, et elle espérait bien qu'un autre noble chevalier présent au banquet aurait la même réaction que son oncle. Raoul présenta son bras à Alaïs et tous deux se dirigèrent vers l'escalier qui les amèneraient vers la salle où se tenait le banquet.

Les premières notes de luth leur parvinrent en bas des escaliers, ainsi que le brouhaha des discussions des invités qui étaient déjà dans la salle. Trois grandes tables avaient été disposées en forme de U et sur la droite, une petite scène légèrement surélevé était occupé par les troubadours engageaient pour la soirée. L'intendant du château accueilli les deux odélians et les invita à prendre place à la table du baron, qui faisait face à l'entrée. La pièce était déjà très populeuse, et divers nobles, la coupe à la main se tournèrent vers Alaïs et raoul lorsqu'ils fendirent la foule pour se diriger vers leur place. Certains se fendirent d'un compliment à l'encontre du fier jouteur, levant leur verre dans sa direction, d'autres échangèrent entre eux en observant Alaïs, cherchant à croiser le regard de la belle.

Elle saluait d'un élégant signe de tête chaque paire d'yeux qui se posait sur elle, souriant doucement. Derrière son attitude pleine de pudeur, elle cherchait du regard si Théodoric était dans cette foule aux habits de soie mais ne l'aperçut pas. Elle sentit poindre la déception au creu de sa poitrine, mais s'efforça de ne pas le montrer à tous. Elle était avant tout la représentante du comté de son père et si Raoul avait montré à tous la valeur des combattants du Nord, elle était déterminée à leur prouver la noblesse de ses femmes.

Prenant la main de sa nièce, Raoul la fit passer devant lui et l'invita à s'asseoir, avant de prendre place à son tour. Alaïs lança un regard autour d'elle, tenta de voir le visage du langecin quelque part dans la pièce. Son oncle remarqua l'attitude d'Alaïs et la taquina, son éternel sourire lui barrant le visage.

Avez-vous perdu quelque chose ?
Euh ... Non, point du tout, mon oncle.
Quelqu'un ?

Les joues d'Alaïs rosirent lorsque que Raoul lui adressa un petit clin d'oeil entendu. Tous deux savaient pertinemment de qui il parlait. Les invités gagnaient tour à tour les places que leur avait indiqué l'intendant lorsqu'ils étaient entrés dans la grande salle et bientôt la foule s'éparpilla autour des tables. Un serviteur s'approcha des odélians, une grande cruche entre les mains et les seervit en vin après s'être incliné avec respect. Les musiciens arrêtèrent leurs instruments alors qu'un valet tapait du bâton à l'entrée de la salle. Le baron de Hautval et son épouse entrèrent, accompagné par le fils du marquis de Langehack, qui avait droit à une entrée officiel en temps qu'invité d'honneur. Le poids qui pesait sur la poitrine d'Alaïs s'évapora en voyant la silhouette du jouvenceau. Il était venu. Son statut d'invité personnel du baron rendrait un quelconque échange difficile pendant le repas, mais il était venu. Un sourire qu'elle ne contrôla pas illumina son doux visage, tandis que les invités se levaient pour saluer leurs hôtes. Le couple baronnal et leur invité gagnèrent le centre de la table où se trouvaient Raoul et sa nièce et le baron leva son verre lorsqu'il gagna son trône.

Chers amis, je rends honneur au fils du marquis Griffon de Langehack, le seigneur Théodoric, et à chaque chevalier qui a combattu avec honneur lors de toute cette belle journée. Je souhaite que les finales de demain, soit à l'image d'aujourd'hui, pleine de courage, de noblesse et de dextérité.

Les invités applaudirent poliment, alors que le baron faisait une petite pause. Lorsque les applaudissements s'estompèrent il reprit.

Buvez, mangez, amusez-vous, et que la nuit soit belle ! Faites amener le festin !


Les troubadours reprirent sur un air un plus entraînant que précédemment et les portes menant aux cuisines s'ouvrirent pour faire entrer un groupe de serviteurs qui portaient de larges plats fumants de divers mets.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeSam 16 Nov 2019 - 19:16

Théodoric arriva auprès du baron de Hautval bien avant que la banquet ne commença et ce parce qu’il avait été invité à le faire car le maître de ses terres voulait rencontrer le fil d’un marquis se trouvant pourtant tant au sud et qui, aux dernière nouvelles, ne s’était pas aventuré dans le médian depuis fort longtemps. Ce qui n’était pas vrai car en l’an quatorze Griffon avait aidé le duc d’Erac à combattre contre les engeances vertes qui s’étaient répandues dans le duché. Toutefois vu qu’il était parti de son château de Sorault avec Ludolph, Kurt et moins d’une dizaine de chevaliers et d’hommes d’arme, étant donné qu’il n’était encore que châtelain, il fut fort facile de le louper mais ça, son fils ne le fit pas remarquer. Alors le jeune homme expliqua au baron qu’il était là pour rencontrer la grande noblesse de leur bon royaume car Langehack se devait de sortir de son isolation. Il n’expliqua pas que son voyage était entièrement motivé par une envie de faire ses preuves ce qu’il avait à moitié raté en ne remportant pas le tournois mais voilà, il n’avait pas prévu de tomber sur Raoul de Prademont, un jouteur de renom ainsi la défaite était moins amer.

Bientôt l’heure de se joindre aux autres convives et alors qu’ils approchaient le jeune homme put entendre les troubadours chanter :

Je m’en vais de par la ville,
Pour y faire mes adieux ;
Mes adieux à toutes les filles
Qui en ont les larmes aux yeux,

Ainsi qu’à ma bonne amie
Qui pleure sur le sort de son preux.

Lorsqu’ils poussèrent les portes les musiciens arrêtèrent en voyant qu’il s’agissait là du maître de ces lieux alors que Théodoric laissa son regard vagabonder dans la pièce, il cherchait Alaïs, beaucoup moins son oncle, en essayant de ne rien laisser paraître et devait lutter pour ne pas tourner la tête comme une girouette. Il marqua une pause lorsqu’il la vit, elle et son sourire, avant de se dépêcher de retrouver le baron et son épouse sur qui il avait pris un peu de retard. Une fois arrivé à la table il gagna sa place désignée et remarqua avec soulagement, avant de prendre place, qu’il se trouvait en face de la belle d’Odélian, à gauche du baron. Au petit discours du baron, Théodoric se contenta d’hocher la tête avant d’applaudir avec les autres convives. Enfin il regarda le vin qu’on versait dans sa coupe, se préparant à une mauvaise surprise car même s’il n’était pas un fin connaisseur, il n’empêchait que ce qu’on servait au médian n’était pas aussi bon que le vin du sud, de loin, et même si sa famille avait pris ses quartiers dans le palais de Langehack depuis très peu de temps, le jeune homme s’était déjà habitué au meilleur vin langecin.

Alors il ne toucha pas à sa coupe, pas encore, de toute façon il laissait la première gorgée à son hôte alors, lorsque les invités avaient repris leurs discussions il leva finalement la tête vers Raoul ; il aurait bien parlé en premier à sa nièce mais ça trahirait sans doute ses sentiments. Ses sentiments n’aient pas besoin de cela mais c’était un moyen comme un autre de les dissimuler bien que ce soit sûrement déjà trop tard.

« Laissez-moi, monseigneur, vous féliciter en bonne et due forme pour cette belle victoire, pouvez-vous me faire part de votre expérience, que je puisse m’améliorer, quel fut la faute qui vous permit de remporter cette joute ? »

Demanda-t-il sans pouvoir s’empêcher de lancer un regard furtif à Alaïs.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeSam 16 Nov 2019 - 22:55

Les serviteurs avaient posés les plats sur les tables avant de s'égailler aux quatre coins de la pièce pour répondre aux différents besoins des invités. Théodoric avait prit place face aux deux odélians, pour le plus grand plaisir de la jeune femme qui le regardait subrepticement dès qu'elle en avait l'occasion. Elle s'étonnait elle-même d'être à ce point perturbé par le charme du langecin. Elle avait beau tenté de s'intéresser à d'autres invités autour d'elle, ses yeux revenaient toujours vers le visage carré du jeune homme.

Tandis que le tambourin accélérait pour lancer un nouvel air, bientôt suivi par un fifre et le son pincé d'une vielle, Alaïs mordit délicatement dans une cuisse de pintade dodue, s'appliquant à ne pas s'étaler de graisse partout sur le visage et apparaître comme une souillon aux yeux du fils du marquis de Langehack. Ce dernier  n'avait pas touché à sa coupe de vin et semblait focalisé son regard sur l'oncle de la belle. Lorsqu'il entama la discussion, ce fut bien auprès de Raoul.

Laissez-moi, monseigneur, vous féliciter en bonne et due forme pour cette belle victoire, pouvez-vous me faire part de votre expérience, que je puisse m’améliorer, quelle fut la faute qui vous permit de remporter cette joute ?

Raoul vidait son verre lorsqu'il tourna les yeux vers Théodoric. Il s'essuya la bouche avec un petit carré de tissu blanc qui était mis à disposition, et se saisit d'un morceau de pain qu'il rompit avant de le plonger dans la sauce poivrée qui luisait dans son assiette.

Je vous remercie, messire Théodoric. Comme je vous l'ai dit sur la lice, vous avez été un valeureux adversaire !

Il engloutit le morceau de pain gorgé de sauce avant de tendre sa coupe vers un serviteur moustachu qui passait tout près, un cruchon à la main. Le vin de Hautval était à la hauteur de sa réputation, fruité et légèrement grave, arrosant de manière parfaite les plats en sauce qui arrivaient en flots quasi-continus depuis les cuisines du baron. Le hautvalois avait mis, à coup sûr, les petits plats dans les grands pour délecter ses invités. Raoul en but une gorgée avant de poursuivre.

De ce que j'ai pu constater pendant nos tours de pistes et lors de vos précédents affrontements, c'est que vous misez beaucoup sur le premier assaut. Je dirais même trop ! Vous partez à l'assaut fougueusement mais vous ne prenez pas assez soin de votre assise en selle.

Il répéta l'opération qu'il avait effectué auparavant, plongeant la mie brune dans la sauce avant de l'engloutir en mastiquant avec plaisir. Alaïs se montrait bien plus raffiné dans sa façon de manger et écoutait d'une oreille un peu distraite les conseils de son jouteur d'oncle.

Vous frappez fort, monseigneur, Othar m'en est témoin. Mais si vous donnez tout dès la première passe d'arme, vous risquez de perdre en puissance si la joute se prolonge. Lors du second assaut, vous teniez votre bouclier plus bas, exposant votre épaule à une frappe montante. J'ai pensé un instant à une feinte pour attirer mon coup et me toucher en plein plastron, mais vous sembliez plus focaliser sur votre lance que sur votre bouclier, donc j'ai tenté ma chance.

Il but une nouvelle rasade du vin liquoreux, tournant l'espace d'un instant vers sa nièce, visiblement peu encline à écouter sa leçon de joute, lui faisant naître un sourire en coin. Il revint vers son jeune adversaire comme si de rien était.

Les jeunes chevaliers pensent souvent, à tort, que tout se joue avec la lance, mais vous avez deux bras, un corps, des jambes et votre monture qui doivent être manipulés avec la même concentration que ce fichu bout de bois !

Il rit légèrement, puis tourna le regard vers la droite, jetant un oeil vers le chevalier mervalois qui s'était hissé également en demi-finale, Erik de Beyze.

Si vous voulez bien m'excuser, monseigneur, j'ai un adversaire à aller provoquer avant demain. Puis-je compter sur vous pour tenir compagnie à ma nièce pendant quelques instants ?

Pas peu fier de son excuse pour s'eclipser, il attendit de passer dans le dos du jouvenceau pour adresser un clin d'oeil rapide vers sa nièce, qui se retint de sourire à la pirouette de son oncle. Seulement voilà, pendant un temps qui lui parut être une éternité, alors qu'à peine quelques secondes s'étaient écoulés, le silence planant entre les deux jeunes gens. Et si il la prenait pour une sotte, incapable de faire la conversation à un noble chevalier ? Il était fils de marquis et devait être de ceux qui ne s'attardaient pas auprès de filles muettes ou qui paraissaient se désintéresser de tout. Elle se lança alors.

J'ai eu le plaisir d'assister à toutes les joutes de l'après-midi et vous fûtes un jouteur très impressionnant, Sieur Théodoric.

Holala, mais qu'est-ce que cette phrase était niaise. Croiser le regard émeraude du langecin la déstabilisait au point d'en être à sortir une banalité de la sorte. Vite, il fallait trouver quelque chose d'autre à dire.

Êtes-vous un habitué des joutes ? Vous avez mis à bas plus d'un noble adversaire.

Elle porta la coupe de vin à ses lèvres, pas vraiment convaincue d'avoir entamé une conversation passionante. Oh si elle avait pu elle se cacherait dans cette coupe, pour dissimuler son trouble face au charmant visage qui la regardait.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 18 Nov 2019 - 15:59

Une fois qu’il vit le baron commencer à manger, Théodoric le suivit, imitant par ailleurs son interlocuteur, il attrapa une grande tartine sur laquelle il déposa une tranche de viande en sauce. Il accepta le compliment de Raoul d’un hochement de tête poli avant de mordre à pleine dents dans le bœuf à l’intérieur rosé qu’il déposa dans son assiette avant de s’essuyer les doigts dégoulinants de sauce et pleins de graisse pour se saisir de sa coupe. Coupe qu’il porta à ses lèvres après un instant d’appréhension mais le vin servit n’était finalement pas aussi médiocre qu’il se l’était imaginé. Il se rappela ensuite qu’il était dans le médian et pas dans le nord et même s’il n’avait pas goûter le vin d’Oesgard, il avait suffisamment entendu son père en parler pour savoir qu’il méritait à peine une telle appellation. Le jeune homme s’était dit, la première fois qu’il avait entendu les réflexions de Griffon sur le sujet, que le marquis avait la mémoire courte car le vin auquel il avait accès avant de devenir marquis, le vin de Sorault, était des plus mauvais ; pour la défense des paysans, il fallait admettre qu’à moins d’être béni par Kÿria, faire un breuvage digne de ce nom dans un marais relevait de l’exploit.

Finalement il reposa sa coupe après s’être hydraté pour s’en prendre de nouveau à sa tartine avec un appétit carnassier mais il ralentit bien vite la cadence lorsqu’il en arriva au bout de peur de paraître sans éducation, du moins auprès d’Alaïs, et ne se resservit pas tout de suite, lorgnant tout de même sur un porcin qu’on avait déposé non loin. Alors, avec une certaine nonchalance, comme si ni les épreuves ni les émotions de cette après-midi n’avaient creusé son appétit en un gouffre, il attrapa le couteau mis à disposition pour se tailler directement un bon morceau de porc qu’il accompagna de petits pois avec sa cuillère. Un plat qu’il n’attaqua pas tout de suite, écoutant avec une attention toute particulière l’oncle de la belle qui expliquait où il avait fauté. Il accompagna Raoul en mangeant, coupant un bout de viande dans son assiette pour l’attraper via la pince que formait son index et son pouce afin de l’engloutir en mâchant très rapidement, pour la forme plus qu’autre chose.

« Je peux vous assurer que ce n’était pas une feinte et je vous retourne le compliment : vous frapper fort ! Si j’ai tenu mon bouclier plus bas ce fut parce que j’étais sonné. Après l’impact, qu’Arcam m’emporte si je mens, j’avais l’impression d’être sous la grande cloche de Sainte Deina ! »

Théodoric reprit sa dégustation des plats du baron hautvalois en piquant un peu dans chaque plat pour se constituer un assortiment qui, dans certains cas, était composé d’éléments qui n’avaient pas grand-chose à faire ensemble. Bien qu’il ripaillait de bon cœur, il ne quittait jamais des yeux Raoul ou sa nièce, ce qui lui valut des surprises culinaires qu’il aurait préféré éviter mais qu’il fit passer grâce à quelques gorgées de vin. Bien qu’il se concentrait sur la leçon de joute, il lançait des œillades à intervalles réguliers à Alaïs. Ce fut justement pendant une de ces œillades, pas forcément discrètes il fallait bien l’admettre, que Raoul s’excusa, surprenant le jeune homme qui retint de justesse un sursaut.

« Bien sûr ! Enfin, je veux dire avec plaisir… ce serait un honneur… » il se mordit l’intérieur de la joue pour tenter de limiter les dégâts et de ne pas en rajouter mais, à nouveau, ses yeux se rivèrent sur la nièce du chevalier et ses dents relâchèrent leurs pression douloureuse. Il chercha alors un sujet de conversation, quoi que ce soit qui puisse briser ce silence qui commençait à devenir pesant. Mais il n’eut pas le loisir de prendre l’initiative, ce qui le surprit quelque peu car, jusqu’à présent, Alaïs semblait plutôt timide.

« Je… merci, vous aus… » il se retint de se mettre une claque et plongea à la place ses yeux dans son assiette avant de relever la tête alors qu’elle lui offrait une opportunité de se rattraper. « Ce fut un honneur de combattre sous votre regard. Mais non, j’ai un peu honte de l’admettre mais il s’agit de ma première joute, je suis loin d’avoir l’expérience ou le talent de votre oncle même si j’ambitionne de le vaincre un jour. De faire tomber votre oncle de sa selle et de pourfendre le dragon blanc qui terrorise Nelen. Mais qu’en est-il de vous, ma dame, à quoi aspirez-vous ? »

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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 18 Nov 2019 - 22:07

Ce fut un honneur de combattre sous votre regard. Mais non, j’ai un peu honte de l’admettre mais il s’agit de ma première joute, je suis loin d’avoir l’expérience ou le talent de votre oncle même si j’ambitionne de le vaincre un jour. De faire tomber votre oncle de sa selle et de pourfendre le dragon blanc qui terrorise Nelen. Mais qu’en est-il de vous, ma dame, à quoi aspirez-vous ?

Un preux, assurément. Humble autant que charmant et ambitieux autant que séduisant. Un petit sourire étira les lèvres charnues d'Alaïs alors qu'il avait exposé ses objectifs. Comme tout bon chevalier, il parlait de combat et d'honneur. Vaincre son oncle ne serait pas une mince affaire, elle le savait bien, mais si le jeune homme prenait en compte les remarques de Raoul, elle était convaincu qu'il pouvait le faire. Elle haussa les sourcils, lorsqu'il évoqua le dragon de Nelen, quelque peu surprise par ce qui ressemblait presque à de l'arrogance, mais on disait que c'était l'apanage des hommes. Elle baissa les yeux lorsqu'il l'interrogea sur ses aspirations, un peu par timidité, mais aussi troublée par l'intérêt qu'il lui portait.

Je crains que mes envies ne vous paraissent frivoles en comparaison, votre Excellence.

Elle marqua une petite pause, s'interrogeant si l'appelation était adéquate. Théodoric était le fils du marquis, pas le marquis lui-même, peut-être était-ce trop pompeux. Sotte ! Elle ne faisait pas ce genre d'erreur, Line, sa tutrice, lui avait appris tous les rouages de l'étiquette en société, mais ces grands yeux verts lui faisaient oubliés toutes les leçons. Elle poursuivit, les joues roses, espérant que le jouvenceau ne prendrait pas ombrage de sa possible maladresse.

J'aime à m'imaginer avec quelques enfants que je verrais grandir auprès d'un époux honorable. M'occuper de mes gens et de mes terres avec la même sagesse dont fait preuve mon père. Peut-être l'avez-vous déjà rencontrer ?

Ce grand gaillard lui faisait vraiment dire de ces choses. Evidemment que non, il ne l'avait jamais rencontré. Son père n'avait que peu voyager et Théodoric n'avait probablement jamais mis les pieds dans le Nord. Etait-ce une invitation déguisée ? Elle ne se reconnaissait pas et plus elle parlait, plus elle avait du mal à soutenir le regard qui la déstabilisait à ce point. Elle se devait de changer de sujet. Elle avait la sensation de lui faire du gringue ouvertement, une attitude inacceptable pour une fille de son rang. La voix de sa tutrice résonnait dans son crâne.

Mais dites-moi ... ce dragon. Comment vous y prendriez-vous pour l'abattre ?

Voilà, le dragon. C'était un sujet de discussion parfait, un dragon. Personne n'avait envie de chasser tout le monde qui l'entourait pour profiter un peu mieux de sa présence. Un dragon... On n'avait pas envie de lui caresser les cheveux bouclés à un dragon ... Ohlala mais Alaïs, ressaisis-toi enfin ...


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 21 Nov 2019 - 19:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeJeu 21 Nov 2019 - 15:07


Il ne sut pas d’où vint le trouble qui affecta Alaïs, ne sachant qu’il en était la cause, il regarda autour d’elle en cherchant qui que ce soit qui ait pu lui faire du tort, pour défier en duel l’ignoble qui osait gêner sa belle. Mais malgré ses ardeurs il ne trouva personne qui sembla être responsable alors, ne pouvant imaginer qu’il en était la cause, il allait lui demander ce qui la mettait mal à l’aise avant qu’elle ne réponde elle-même.

« Je suis certain qu’elles ne sont pas frivoles mais simplement différentes. » Dit-il lentement d’une voix douce.

D’un sourire bienveillant il l’invita à les lui révéler en prenant sa réflexion sur l’étiquette comme une gêne de plus, une timidité qu’il trouva louable d’humilité, alors que le jeune homme n’avait même pas remarqué qu’elle l’avait appelé par un titre qui convenait bien mieux à son père qu’à lui. Pendant qu’elle parlait il prit sa coupe pour en avaler quelques gorgées, ayant oublié jusque-là qu’il était à un banquet et qu’il y avait de la nourriture mais à force de parler la soif s’était désagréablement rappelée à lui quant au spectre de la faim, il s’approchait doucement mais sûrement. Théodoric approuva d’un hochement de tête les ambitions d’Alaïs qui n’étaient, comme il l’avait justement deviné, digne d’une femme, d’une épouse.

« Il n’y a rien de frivole à  suivre le second commandement de Néera car si vos ambitions ne sont pas de respecter le bien, je n’ai rien compris aux enseignements que les prêtres m’ont prodigués. »

Lorsqu’elle mentionna son père, Théodoric ne put s’empêcher d’imaginer un second Raoul, du moins physiquement et se dire que les de Prademont étaient tous de farouches guerriers ce qui le poussait à vouloir s’améliorer séance tenante pour être à la hauteur de la famille d’Alaïs.

« Non, je n’ai pas eu le loisir de rencontrer votre père… mais j’espère un jour en avoir l’honneur ! » Se reprit-il avec un entrain singulier.

Puis vint la question du dragon et Théodoric se figea et se maudit. Pourquoi avait-il fallu qu’il parle de pourfendre le grand dragon blanc alors que la couronne l’avait expressément interdit ? Alors qu’elle avait châtié de manière exemplaire les rares chevaliers qui étaient revenus de leur expéditions dans les wandres pour s’attaquer au grand dragon vert.

« Je… avant de partir pour l’île je devrais d’abord obtenir la bénédiction de Néera et d’Othar et… puis je prendrais un navire pour aller sur Nelen… » il ne savait s’il avait le droit de parler des prototypes que mettaient au point les chercheurs de l’égide. Il soupira légèrement, maintenant qu’il avait fait l’erreur autant la faire jusqu’au bout, autant être magistral. « Avant de chercher le repère du monstre, car assurément il n’osera venir m’affronter si je suis béni par les dieux, j’irais prier pour les Souffles de ceux qui n’ont pas fuir l’île à temps dans une des églises abandonnées. Ensuite je me mettrais en chasse et face à la vilaine bête à corne… » il se saisit de son couteau, la tenant comme s’il s’agissait d’une épée, assis il tenta d’imiter plus ou moins une position d’escrime en levant haut son arme. « J’attendrais qu’elle se jette sur moi pour, d’un bond agile, sauter dans sa gueule et avant qu’il ne referme ses innombrables dents sur moi je lui percerais le palais ! » Il mima le geste, transperçant un palais imaginaire de son couteau à viande, éclaboussant d’un peu de sauce le baron à ses côtés, l’arrachant à sa conversation. Théodoric remarqua alors que le maître de lieux s’était arrêté pour l’observer il se tourna vers lui et fit vite le lien entre les nouvelles tâches de sauce et son arme. « Mes plus plates excuses votre Honneur. » S’empressa-t-il d’exprimer avant de chercher au plus vite du regard un serviteur et de lui faire signe d’approcher. « Plus vite par les dieux. » S’impatienta-t-il en voyant que le domestique était d’une lenteur exaspérante. « Nettoies le vêtement du baron ! » Ordonna-t-il comme s’il s’agissait là d’une de ces gens.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeJeu 21 Nov 2019 - 22:16

Non, je n’ai pas eu le loisir de rencontrer votre père… mais j’espère un jour en avoir l’honneur !

Elle rougit. Son imagination allait bon train lorsqu'il évoqua une rencontre auprès de Gaubert. Une rencontre officielle peut-être ? Elle n'osait trop y pensait et pourtant cela serait une magnifique occasion de le revoir ce beau langecin. Elle s'interrogeait d'ailleurs sur l'accueuil que lui réserverait son père, lui qui ne portait pas vraiment les non-Nordiens en haute estime. Elle chassa bien vite ses pensées en revenant sur le grand dragon blanc.

Je… avant de partir pour l’île je devrais d’abord obtenir la bénédiction de Néera et d’Othar et… puis je prendrais un navire pour aller sur Nelen…

Il eut un petit soupir, cherchant visiblement ses mots, tandis que la jeune femme posait une main sous son menton, attentive au récit que s'apprêtait à délivrer Théodoric.

Avant de chercher le repère du monstre, car assurément il n’osera venir m’affronter si je suis béni par les dieux, j’irais prier pour les Souffles de ceux qui n’ont pas fuir l’île à temps dans une des églises abandonnées. Ensuite je me mettrais en chasse et face à la vilaine bête à corne…

Il se saisit d'un couteau, le pointant comme une arme. Le jouvenceau semblait vivre son récit comme un comédien sur scène. Alaïs en était d'autant plus captivée.

J’attendrais qu’elle se jette sur moi pour, d’un bond agile, sauter dans sa gueule et avant qu’il ne referme ses innombrables dents sur moi je lui percerais le palais !

Il transperça son rôti de sa petite épée, envoyant gicler du jus partout autour de lui. Alaïs voulut en rire, surtout lorsque quelques gouttes atteignirent le baron, assis à la gauche du fils du marquis. Cependant, la sauce, visiblement très fluide, avait décidé de partir également à l'assaut du visage de la jeune odélianne et plus particulièrement de son oeil. Tandis que Théodoric se confondait en excuses auprès de leur hôte et faisait appelé un serviteur avec autorité pour nettoyer son suzerain, Alaïs posa la main sur son oeil droit qui ne semblait pas apprécier le côté poivré et chaud du jus de viande.

Aïe !

Elle tenta pendant une seconde de faire bonne figure et de ne rien montrer, mais par la Damedieu cela faisait un mal de chien. Sa main se crispa sur son rond de serviette et elle le fit glisser sous la table, hors de vue des autres convives. Elle serra les dents, puis se leva d'un bond avant de dire à son maladroit voisin.

Je ... Veuillez m'excuser ...

Sans un mot de plus, elle quitta la table et traversa la grande salle, sa petite serviette à la main. Elle sortit dans le couloir et se faufila sur un petit balcon derrière une grande fenêtre ouverte. Face à elle, en contrebas, elle aperçut, d'un oeil, les tentes et les gradins vides qui avaient accueillis les joutes

Foutre saloperie !

Elle tamponna la serviette sous l'oeil pour le faire larmoyer et évacuer l'assaisonnement qui était venu se loger sous sa paupière. D'autres jurons lui venaient, mais elle se retint d'en prononcer plus, imaginant le regard sévère de sa tutrice si elle l'avait entendu dire le premier qui lui avait échappé. Elle se penchait en avant, une main sur la rambarde de pierre, dans une veine tentative d'accélérer l'évacuation du suc poivré qui la faisait pleurer. Elle qui voulait faire bonne impression face au charmant chevalier, la voilà qu'elle l'avait planté sans explication devant sa pièce de viande embrochée. Elle espérait juste qu'il ne s'en était pas vexé, même si il lui avait infligé une douleur qu'elle n'imaginait pas si vive. Une grosse larme coula sur sa joue et ce fut comme une délivrance, elle pouvait de nouveau ouvrir pleinement son oeil sans sentir le désagréable intrus qui lui avait arraché un cri. Elle devait retourner à sa place, comme si de rien était. Elle avait le temps de trouver un prétexte pour sa sortie en catastrophe d'ici à ce qu'elle reprenne son siège. Elle souffla un grand coup en jetant un regard vers le ciel étoilé et se retourna, prête à y retourner.
Il était là, apparaissant derrière les rideaux sombres qui encadraient la haute fenêtre.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 25 Nov 2019 - 15:17

Une fois que Théodoric eut poussé un serviteur à s’occuper de son seigneur, d’autres vinrent à la rescousse du baron qui pesta en regardant son doublet tâché qu’un roturier tentait de récupérer en épongeant la sauce avec un torchon tandis que le jeune homme dirigea les autres servants pour qu’ils continuent à s’occuper des convives au lieu de s’arrêter pour regarder le malheur du maître des lieux. Après tout il n’était pas temps de s’amuser, du moins pas pour eux, le banquet n’était pas terminé et il y avait toujours des invités qui comptaient sur leur service. Une fois la crise gérée, la baronne ayant suggéré à son époux, cachant son sourire avec sa coupe, qu’il aille se changer et revienne ensuite, Théodoric retourna s’asseoir mais son cœur se serra en voyant que le siège en face de lui était vide. Il se leva à nouveau et embrassa la pièce du regard dans l’espoir de la trouer mais il ne vit aucune paire d’yeux bleus qui appartenaient à Alaïs. Il quitta donc son siège et se dirigea vers le chevalier mervalois en se disant qu’il serait le plus susceptible de l’aider, surtout après avoir aspergé le baron.

« Sir Erik, avez-vous vu partir la jeune femme qui était assise en face de moi ? » Demanda-t-il avec un certain empressement qui fit lever un sourcil au chevalier.
« Oui monseigneur, elle est partie par là-bas. » Tenant dans sa main d’épée une tartine couverte d’une tranche de viande sur laquelle trônait quelques légumes, il s’en servit pour indiquer une porte.
« Merci beaucoup. » Lâcha-t-il avait d’aller d’un pas aussi rapide que la convenance lui autorisait vers la porte en question qui avait été laissé entrouverte.

Il se faufila donc dans les couloirs en cherchant l’odélianne du regard sans la trouver, il demanda à un serviteur s’il ne l’avait pas croisé mais ce dernier haussa les épaules avant de retourner au pas de course vers la salle du banquet. Tournant la tête en tous sens dans l’espoir de la retrouver, il détecta du mouvement dans sa vision périphérique, sur un des balcons et il s’approcha lentement pour découvrir enfin la belle qui se retourna à ce moment-là. Sous la lumière lunaire il put voir son visage, ses yeux et les larmes qui avaient creusées deux sillons sur ses joues ce qui le désarçonna bien plus efficacement que le coup de Raoul de cette après-midi. Il commença à lever un bras vers elle mais ne termina jamais son geste, son bras retourna contre son flanc et à la place il mit un genou en terre, du moins en pierre, devant elle en prenant sa main dans les siennes en levant les yeux pour chercher son regard.

« Ma dame, si j’ai pu, d’une quelconque manière, vous blesser ou vous faire offense, je vous présente mes plus plates excuses, quelles réparations vous semblent appropriées ? Si ce n’est point de mon fait, je mettrais un point d’honneur à châtier le manant qui a provoqué vos larmes. »

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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 25 Nov 2019 - 21:23

Il était là, sa silhouette se découpait dans l'encadrement de la fenêtre qui donnait sur le balcon. Sous les lumières vacillantes des lustres qui éclairaient le couloir, il paraissait encore plus grand et large. Il leva une main vers elle, puis plia le genou. Quoi ? Déjà ? Mais c'était beaucoup trop tôt pour tout cela. Il fallait l'accord de son père, elle ne saurait quoi répondre sans paraître inconvenante. Sa main se crispa un peu plus sur la serviette humide qui lui avait servi quelques instants plus tôt. Son coeur battit un peu plus rapidement.

Ma dame, si j’ai pu, d’une quelconque manière, vous blesser ou vous faire offense, je vous présente mes plus plates excuses, quelles réparations vous semblent appropriées ? Si ce n’est point de mon fait, je mettrais un point d’honneur à châtier le manant qui a provoqué vos larmes.

Voilà qui coupait court aux chansons romantiques qui se bousculaient dans la tête de la jeune femme. Elle aurait pu en rire tellement elle se trouvait bête de s'être emballer pour un simple geste d'excuses. Elle réalisa alors la scène à laquelle il croyait assister. Une damoiselle en pleurs, seule sur un balcon sous les étoiles et les lunes. Et dans un élan des plus chevaleresque et vertueux, il lui offrait son aide et son réconfort. Elle lui sourit.

C'est à moi de m'excuser, Monseigneur. J'ai dû quitter la table précipitament.

Elle hésita à poursuivre pendant une seconde, ne voulant pas lui adresser un reproche trop évident et formel, même si il était effectivement la cause de son trouble. Et pas seulement celui de son esprit.

Je ... J'ai reçu ... Lors de votre mime de votre combat avec le dragon blanc ... J'ai reçu ... Une goutte du sang de la Bête dans l'oeil et ...

Elle avait réussi à faire un petit trait d'esprit en espérant que ça n'accablerait pas le jouvenceau qui avait l'air déjà contri de la voir avec des larmes plein les joues.

Je ne vous blâme en rien, sachez-le ... Peut-être un peu votre maladresse.

Elle émit un petit rire taquin avant d'essuyer la larme qui roulait au bas de sa joue, la chatouillant légèrement. Elle indiqua son oeil droit de l'index en avançant d'un pas vers lui, sentant un peu plus la chaleur qui venait de l'intérieur.

C'est ici que votre glorieux adversaire m'a touché. Vous voyez ?

Elle fit encore un pas, s'approchant un peu plus du torse de Théodoric. Elle espérait que les larmes n'avaient pas fait gonfler ses yeux et qu'ils ne ressemblaient pas à deux tomates blettes. Elle ne souhaitait pas effrayer le jeune homme. Elle se pencha légèrement en avant, pour que le langecin puisse voir les dégâts qu'il avait lui-même causé, à grands renforts de jus de viande.
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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 2 Déc 2019 - 0:11

Il voulu se relever, se révolter devant cette déclaration qui n’était en rien véritable, pourquoi donc devrait-elle demander à être excusé ? C’était hors de question ! Elle n’avait tout simplement pas le droit de présenter ses excuses parce que quelqu’un l’avait fait pleurer et encore moins s’il en était le responsable. Toutefois le sourire de la belle l’en empêcha, qui plus était, elle hésitait à ajouter quelque chose alors malgré son envie impérieuse d’agir il continua à se taire pour la laisser parler. Gardant toujours une de ses mains dans les siennes, Théodoric la regarda avec une nouvelle flamme dans les yeux, la laissant essuyer une nouvelle larme qui le fit grincer des dents. Peut-être qu’Alaïs ne le blâmait pas pour ce qu’il avait fait mais ce n’était pas nécessaire : le jeune homme se blâmait pour deux alors lorsqu’il put jeter un œil sur ce qu’il avait causé il déglutit et serra d’autant plus la mâchoire.

« Je suis terriblement confus, ma dame, alors, par la DameDieu et l’Aveug… » se rendant bien compte de sa bourde, il ne prit pas le temps de finir sa phrase pour se reprendre, au départ avec un peu moins d’emportement toutefois il retrouva très vite son entrain. « Et le Guerrier, je jure solennellement sur mon honneur de partir en quête et de ne revenir qu’une fois que j’aurais trouvé et occis un des grands monstres qui s’en prennent aux petites gens sans que ces derniers puissent se défendre ; je libérerai la terre de ce fléau et vengerais les preux qui sont bravement tombés en tentant de protéger les leurs, apportant paix et tranquillité à la veuve et à l’orphelin. Puisse ma quête me racheter à vos yeux et si ça ne suffit pas j’en entreprendrais une autre plus glorieuse encore ! »

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MessageSujet: Re: La belle d'Odélian   La belle d'Odélian I_icon_minitimeLun 2 Déc 2019 - 23:09

Je suis terriblement confus, ma dame, alors, par la DameDieu et l’Aveug… Et le Guerrier, je jure solennellement sur mon honneur de partir en quête et de ne revenir qu’une fois que j’aurais trouvé et occis un des grands monstres qui s’en prennent aux petites gens sans que ces derniers puissent se défendre ; je libérerai la terre de ce fléau et vengerais les preux qui sont bravement tombés en tentant de protéger les leurs, apportant paix et tranquillité à la veuve et à l’orphelin. Puisse ma quête me racheter à vos yeux et si ça ne suffit pas j’en entreprendrais une autre plus glorieuse encore !

Quel courage ! Quel visage ! Quels yeux ! Il tenait la main dans la sienne et elle serra légèrement les doigts dans une étreinte chaste. Si elle s'écoutait, c'est son torse qu'elle étreindrait. Une jeune femme de son rang ne pouvait se permettre ce genre d'initiative sans passer pour une traînée, selon les codes de bonne conduite, c'était à lui de faire le premier pas. Elle redressa la tête, ses lèvres gonflés de sang et de désir pour le beau chevalier. Son regard se perdit dans le sien.

Vous êtes déjà pardonné, Théodoric

Elle avait osé l'appeler par son prénom, faisant fi des convenances, cherchant inconsciemment à être encore un peu plus proche de lui. Le temps parut se suspendre pendant une seconde. Elle était là, la poitrine collait contre son torse, sa main dans la sienne, leurs regards fusionnant sous le regard tendre des deux lunes. À la lumière vacillante des étoiles, les cheveux caressés par la bise nocturne, elle crut remarquait que le visage du langecin s'inclinait vers elle, alors sans trop réfléchir, elle tendit le cou vers lui, fermant ses yeux. Ils y étaient, le grand moment, ce qu'elle n'osait espérée et pourtant désirée depuis leur première rencontre. Plus qu'un souffle et leurs lèvres se rejoigneraient dans un baiser sublime, dans ce secret qui prend la bouche pour oreille, dans cette communion avec un goût de fleur, dans cette façon d'un peu se respirer le coeur, et d'un peu se goûter au bords des lèvres, l'âme ...

Ma nièce ?

La voix de Raoul fit sursauter Alaïs qui recula d'un pas. Elle mit la main devant sa bouche, comme prise en faute alors qu'aucune n'avait été commise. Son oncle avait posé le bras sur l'embrasure de porte, adoptant une pose nonchalante qui correspondait bien au personnage. Son éternel sourire étirait ses lèvres et les Cinq savaient depuis quand il les observait de son petit air narquois.

Je vous ai cherché partout, Alaïs. Je vois que le seigneur Théodoric a résolu le mystère de votre disparition bien avant moi.

Il s'avança entre les deux jeunes gens, feignant de ne pas voir qu'il était placé au pire endroit. Il posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

Merci, Monsieur. Mais il est temps pour nous de retourner à nos appartements. Je dois être en forme pour demain et il est de ma responsabilité de veiller à ce que ma nière retrouve sa chambre à une heure raisonnable.

Il tendit son bras à Alaïs qui enroula le sien autour. Il la ramena dans le couloir, sous le regard quelque peu incrédule du fils de Griffon. Raoul s'inclina et Alaïs effectua une révérence pour prendre congès. Tandis qu'ils repartaient, il lança par-dessus son épaule.

Je suggèrerai à mon frère de prendre contact avec votre père. Je sens qu'il pourrait y avoir un rapprochement intéressant entre nos terres. Hahaha !

Alaïs adressa une petite bourrade dans l'épaule de son oncle avant de piquer un fard. Même si elle se languissait déjà de revoir le beau théodoric, jamais elle n'aurait oser l'évoquer de cette façon.
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