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 L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 25 Fév 2020 - 21:39

2ème jour de la 9ème ennéade
Automne, Barkios de l'An 17:XI



Cet automne était particulièrement pluvieux. Les routes étaient difficiles à pratiquer pour les carrosses et les charrettes tant le sol était boueux. Cependant, la saison touchait à sa fin et le froid arrivait. Ce qui tombait la nuit était bien plus silencieux que la pluie sur les tuiles des maisons, même si celle-ci revenait toujours dans la journée, effaçant toute trace de ce doux manteau blanc qui avait maladroitement tenter de s'installer. Pourtant, Aaron aurait largement préféré un bon froid bien sec. La maladie ne rôdait jamais aussi bien que lorsque l'air était encore doux et saturé d'eau. S'il était résistant au mal environnant, il n'en était pas toujours de même pour Efren. Le jeune homme avait perdu l'habitude du climat Péninsulaire et regrettait largement le Sud, là où il faisait chaud toute l'année et où il avait du mal à supporter le capuchon recouvrant sa tête et son visage.

L'adolescent souffrant d'une légère fièvre et d'une toux prononcé, les Kolhe avaient dû s'arrêter pour la nuit à l'auberge étrangement nommée et ils n'en étaient pas repartis au matin, comme ils avaient l'habitude de le faire. Il leur fallait demeurer sur place quelques jours de plus afin que le jeune homme reste au chaud et se repose tant que la maladie le tenait. Et, quitte à devoir rester là, le quarantenaire n'était pas demeuré à rien faire. Certes, il ne manquait pas l'occasion d'aller visiter son fils régulièrement afin de s'assurer qu'il allait bien et ne manquait de rien, mais, s'il ne pouvait gagner sa vie par l'épée, il y avait d'autres moyens d'obtenir chambre et repas sans avoir à débourser un sou.
Aussi, Aaron avait proposé ses services au tenancier. Qu'il s'agisse du service en salle, de la préparation des chambres, de l'entretien du matériel et des lieux ou encore des écuries, le nordien ne rechignait à aucune tâche et son humeur était toujours égale. Il arborait à tout instant ce doux sourire rehaussé d'un regard bienveillant. La fille de l'aubergiste aimait venir discuter avec lui et le détailler des yeux mais elle avait la frustration de n'obtenir en retour qu'une attention toute paternelle. Il fallait dire qu'elle était à peine plus âgée que son fils, né au cours du Voile. Autrement dit, c'était une enfant à ses yeux.

Les jours s'écoulèrent ainsi, paisiblement. Les patrons étaient contents des services du quarantenaire aux cheveux poivre et sel. La tenancière plaisanta même en lui demandant s'il ne serait pas mieux ici plutôt qu'en permanence sur les routes. Mais, par delà l'humour, Aaron savait qu'elle était sérieuse. Néanmoins, leur offre, aussi agréable fut-elle, ne l'intéressait guère. Pas plus que celle qu'on lui avait faite quelques ennéades plus tôt. C'était à croire que l'aventurier était difficile à contenter. A moins qu'il ait ses raisons mais dans ce cas il en gardait alors le secret.
A l'aube de la neuvième ennéade de ce dernier mois d'automne, Efren se portait bien mieux. Il toussait encore par moment mais les quintes étaient bien moins fortes et longues. Il serait bientôt en état de reprendre la route et la jeune Eglantine se désespérait déjà de voir son gentil Aaron s'en aller bientôt. Cependant, cette séparation prochaine ne semblait pas perturber ce dernier dont les réponses ne convenaient gère à sa soupirante.

Les chagrins de l'enfance ne formaient-ils pas la jeunesse ?

La pluie tombait, aujourd'hui encore. Pas forcément très drue mais elle mouillait assez aisément ceux qui ne portaient pas de cape ni de capuchon. Plusieurs clients s'étaient déjà présentés durant les dernières heures et tous les employés de la maison avaient à faire. Tandis que le quarantenaire portait une caisse depuis la réserve jusqu'à l'intérieur, humidifiant au passage cheveux, veste et chemise, une certaine agitation l'arrêta dans son élan. Planté au milieu de la cour, il observa le petit groupe de cavaliers qui quittait la route pour s'approcher de l'écurie. Il posa alors le cageot de bois contre un mur pour le mettre à l'abri et s'avança vers eux. Parmi les quelques hommes présents, il remarqua bien vite la silhouette d'une femme. Dans un esprit de pure galanterie, il s'approcha d'elle et posa les mains sur les rênes de sa monture, lui offrant de s'en occuper pour elle.

-Allez vous mettre à l'abri. Lui dit-il avec douceur et bienveillance, se tenant prêt à récupérer un ou deux autres chevaux afin qu'une partie de l'escorte de la dame puisse l'accompagner à l'intérieur.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 26 Fév 2020 - 22:11

Cela aurait pu être une longue et belle chevauchée. C’était devenu, à cause de cet automne interminable, une longue et terrible chevauchée, même pour moi qui suis pourtant une cavalière chevronnée. La pluie tombait depuis peu après notre départ de Fernel et Lasgalen, mon fidèle hongre, semblait lui aussi trouver le temps long, les routes exécrables et l’herbe bien trop humide. En somme, un voyage désastreux qui s’amorce sous les plus mauvais auspices. J’avais laissé Mère sur une froide méridienne, le visage tourné vers l’horizon afin qu’elle puisse suivre notre progression aussi longtemps que le lui permettraient ses yeux fatigués, presque éteints. J’avais déposé un baiser sur son front, j’avais du prendre sur moi pour ne pas montrer mon émotion au départ de mon escorte. Afin de mieux y parvenir, j’ai éperonné mon cheval, afin qu’il s’élance en toute hâte, devançant les gardes, afin de pouvoir mieux effacer les larmes qui crevaient la surface et roulaient sur mes joues. La reverrai-je en vie ? Rien n’est moins certain. La route vers Serramire est longue, je serai absente du domaine pendant au moins une ennéade, si ce n’est deux, et je redoute plus que tout un trépas qui me laissera orpheline, héritière et dirigeante, dans les conditions actuelles.

J’ai 21 ans, je devrais être mariée. Mes parents en ont décidé autrement, contre toute logique, préférant m’appendre à gérer le domaine seule. Les prétendants sont nombreux pourtant, surtout depuis la mort de Père. Certain ont l’élémentaire élégance de ne pas insister. D’autres, par contre, lorgnent mes biens d’un œil de bête tapis devant une proie de choix. Ils sont deux à se disputer ma main pour obtenir mes terres. Une dispute qui n’a absolument aucun sens puisque j’entends disposer de mon cœur avant toute chose. Quoiqu’il en soit, ils semblent avoir unis leurs forces pour semer la pagaille aux frontières. Il ne se passait pas une semaine sans que de nouveaux incidents ne me soient rapportés. Je ne pouvais décemment disperser mes hommes, notre château se vidait de sa substance, nous aurions été sans défense. Je n’avais donc plus le choix, il me fallait de l’aide et c’est cette aide que j’allais chercher à Serramire, auprès du Duc. Pendant de longues heures, je dus écouter les recommandations sans fin de Mère. Comment me tenir, comment parler, comment m’habiller, comment m’adresser à lui, persuadée que mon naturel enjoué et ma vivacité ne feraient que nous desservir. Peut-être a-t-elle raison. Peut-être pas. Je le saurai quand je serai reçue à son audience. En attendant, je galope sur les routes boueuses, soulevant d’épaisses mottes collantes sous les sabots de Lasgalen qui montre tous les signes d’une fatigue grandissante.

Un regard vers la petite troupe qui me suit et je ralentis la cadence, laissant mon cheval prendre un peu de repos au pas, tandis que le fidèle conseiller de mon père se place à mes côtés, me noyant à son tour sous les recommandations, racontant Serramire comme s’il y était présentement, ses rues, son château, toute sa population, ses souvenirs. J’écoute, bien entendu, avec toute la déférence que je dois à une personne de son âge, pleine de sagesse et d’expérience mais…mon esprit fatigué vagabonde loin, quelque part au-delà des montagnes. Est-ce donc cela, la vie de dirigeant ? Être sur les routes, fatigué, aux aguets, toujours à défendre ses biens ? Une immense lassitude m’envahit soudain et je ne pus la cacher à mon conseiller qui se tut, avant de montrer un établissement plus loin, en contrebas de la route. J’opinais de la tête, indiquant le chemin à mon tour. Il était temps de nous arrêter. Nous sommes tous fatigués, trempés jusqu’aux os, et par-dessus-tout, je meurs de faim. Un bon repas, une nuit de sommeil et nous pourrons reprendre la route demain, si bien sûr cet établissement peut tous nous recevoir.

Arrivés tout près de ce qui semble être une écurie, un homme s’approche de Lasgalen et pose ses mains sur la bride, ce qui ne manque pas de me surprendre. Venu directement vers moi, il a certainement remarqué que je suis une femme, malgré la tenue on ne peut plus masculine que je porte. Des bottes de cuir souple, un pantalon et une chemise dissimulée par un justaucorps de cuir marron soulignant une taille délicate…oui, évidemment. Même la lourde cape pleine d’eau que je porte ne peut entièrement dissimuler ma condition de femme, c’est évident. Avec toute l’agilité due à l’expérience, je saut de la selle et me réceptionne au sol, avec un sourire.

- Il s’appelle Lasgalen. Prenez garde, il est vif et méfiant, quand il ne connait pas la personne qui s’occupe de lui.

Je lui donne la bride, toujours souriante et aimable, avant de me tourner vers mes hommes et de faire un signe de tête. Ils descendirent tous, d’un seul mouvement, et deux d’entre eux se placèrent derrière moi.

- Je vous remercie pour votre accueil. Nous sommes tous fatigués et un bon repas sera plus que bienvenu. Pouvez-vous conduire nos chevaux et leur donner les soins dont ils ont besoin ? Tout ceci vous sera payé, bien entendu.

Je serre ma cape un peu plus près de mon corps avant d’ajouter :

- Espérons aussi que nous pourrons nous reposer. Allons-y.

Je laisse l’homme s’occuper de nos chevaux tandis que j’entre dans l’établissement, soudain rassérénée par la douce chaleur des lieux. Je me dirige vers une table, non loin de l’âtre et ôte enfin ma cape qui laisse ruisseler au sol de longues traînées d’eau. Je prends ensuite place sur une chaise et soupire d’aise, les mains tendues vers les flammes. Que je suis fatiguée, c’est à ne pas croire. Après quelques échanges avec mes hommes, l’un d’entre un se dirige vers la tenancière et demande du vin et de quoi manger en suffisance. Moi, je me laisse engourdir par la douce chaleur, mes pensées toutes entières tournées vers ma mère et vers Fernel.
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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 29 Fév 2020 - 22:36


Un sourire aussi doux qu'amusé étira les lèvres du quarantenaire à la remarque de la jeune femme. Elle avait au moins la délicatesse de l'avertir et le faisait avec bien plus d'amabilité que certains clients rendus bougons par la fatigue et mauvais temps. C'était assez appréciable, il n'allait pas s'en cacher.

-Les animaux apprécient les personnes paisibles. Il ne devrait pas y avoir de problème. Pas vrai, Lasgalen ? Conclut-il en flattant doucement l'encolure de la monture.

Aaron se retourna vers la demoiselle tandis qu'elle lui demandait de prendre soin des chevaux. Pour toute réponse, il se contenta de hocher la tête en signe d'acquiescement. Lorsqu'elle s'éloigna, il tendit la main vers la bride de l'un des équidés que se trouvait non loin et avança vers l'écurie afin de mettre tout ce petit monde à l'abri.

-Si ces messieurs veulent bien me suivre. Dit-il à l'intention des gardes restant avec légèreté. A l'intérieur de la petite bâtisse de bois, il indiqua aux soldats les boxes qui étaient disponibles. Laissez les montures à l'intérieur, je m'en occuperais.

Une fois que tous les chevaux furent enfermés dans un paddock, il invita les trois hommes à aller se réchauffer avant de se mettre à l'ouvrage. Tout d'abord, il retira la selle de chaque monture avant de les sécher avec une serviette et d'harnacher sur leurs dos une couverture chaude pour la nuit. Puis il leur donna à chacune une ration d'avoine, passa un coup sur les selles humides et étendit les tapis afin qu'ils sèchent un minimum. Lorsqu'il eut fini tout ceci, il retourna chercher sa caisse et rentra dans la salle de restauration de l'auberge
Le petit groupe fraîchement arrivé était attablé, dégustant un des bons plats chauds que la tenancière avait préparé. Ce n'était certes pas aussi raffiné que les dîners mondains mais c'était loin d'être mauvais, ça rassasiait son homme et lui réchauffait le corps et le cœur.

A peine entré, le nordien fut hélé par le patron qui se trouvait derrière le comptoir.

-Aaron, tu pourras aller aider Eglantine à préparer les chambres ? Faudrait monter du bois et allumer les feux pour qu'y fasse bon chaud là-haut. Pis y'a les affaires d'ces gens à ram'ner aussi.
-Bien sûr. Quelles chambres ?
-Les 4, 6 et 7.
-J'y vais.

Tandis que le maître des lieux lui passait ses consignes, l'employé temporaire avait déposé sa caisse sur le bar. L'homme au ventre un peu plus large que les épaules s'en saisit aussitôt pour l'amener aux cuisines et ce fut ainsi qu'ils se séparèrent, tous deux pris dans l'activité de l'auberge.
Alors qu'il se dirigeait vers une porte donnant sur la cour arrière, le quarantenaire aperçut une silhouette s'extirpant lentement du couloir menant aux chambres et à l'étage supérieur. La reconnaissant immédiatement, il bifurqua et s'approcha de l'adolescent aux yeux bandés et chaudement vêtu.

-J'arrive, Efren. Signala-t-il sa présence, invitant par la même occasion le garçon à l'attendre. Arrivé à sa hauteur, Aaron le guida avec douceur jusqu'à la chaise la plus proche et le laissa s'attabler seul. Une légère quinte de toux prit le jeune homme, bien moins forte que celles qui l'avaient secoué les jours derniers. Nous pouvons rester un jour ou deux de plus. Rien ne nous oblige à partir demain.
-Ça ne me fera pas de mal de prendre un peu l'air. J'en ai marre de végéter...
-D'accord. La prochaine auberge et à moins d'une demie-journée de marche. Ce sera un bon début pour nous remettre en jambe.
-Me remettre en jambe du veux dire ? Fit-il remarquer sur un air faussement outré.

Aaron étira un sourire amusé par la remarque de son fils et posa une main amicale sur son épaule. Puis il releva les yeux vers le comptoir et son regard croisa celui de l'aubergiste. Celui-ci comprit aussitôt la requête du voyageur et hocha la tête avant de disparaître à nouveau vers les cuisines. Le père de famille adressa quelques tapotements d'encouragement à l'adolescent avant de se remettre à l'ouvrage. Il disparut donc par cette porte qu'il aurait dû franchir une minute plus tôt et revint, les bras chargés par deux paniers remplis de bois. Il traversa la salle pour emprunter le couloir menant aux chambres. On entendit ses pas lourds jusque dans l'escalier. Deux allers-retours furent nécessaires afin de remplir les réserves des chambres de manière à ce qu'ils aient assez de combustible pour la nuit. Lorsqu'il en eut terminé avec les feux, il se dirigea vers l'écurie. Accrochés aux selles et aux chevaux, il avait trouvé quelques sacs ainsi que deux caisses qu'il avait mis de côté. Pour les avoir déplacées une première fois, il savait qu'il ne pourrait pas prendre les deux malles d'un coup et s'affranchir d'un voyage supplémentaire. Il en souleva donc une et la ramena à l'auberge. Puisque les clefs avaient été remises aux clients et qu'aucun des patrons ne se trouvait dans la pièce, il choisit d'interroger directement ces derniers.

-Mademoiselle ? Interrompit-il avec politesse. Quelle chambre vous a été attribuée ?

Il n'avait pas besoin de savoir ce que contenait la malle qu'il transportait pour savoir qu'elle était pour elle... Autant la déposer dans la bonne chambre. Et puisqu'elles étaient toutes pourvues de deux à quatre lits, simples ou superposés, il ne pouvait deviner laquelle des trois chambres qui avaient été préparées lui était destinée, il valait mieux poser la question.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 2 Mar 2020 - 11:25

Le tenancier n’avait pas tardé à apporter un grand pichet de grès rempli d’un vin rouge clair ainsi que des assiettes rudimentaires remplies d’un ragout de viande. Ce n’est certainement pas la fine cuisine que j’ai l’habitude de savourer à Fernel mais cela sent délicieusement bon. Je m’empresse donc de plonger ma cuillère dans le récipient pour manger, avec délectation, ce met qu’on nous propose de bonne grâce. Une intense satisfaction s’affiche sur tous les visages de notre tablée. Un bon repas, de la douce chaleur, un petit vin et la perspective de pouvoir dormir dans un lit a ragaillardi tous les cœurs, y compris le mien. Je mange au milieu de mes hommes, ils sont d’une prévenance aimable à mon égard, en toutes circonstances. Au milieu des rires légers et des conversations j’observe l’environnement et surtout ce palefrenier qui a bien voulu s’occuper de tous nos chevaux, sans rechigner. Le tavernier l’avait hélé à peine rentré afin qu’il s’occupe de nos chambres. Je suis l’échange avec une attention modérée, d’autant plus que la chaleur et le vin, sans parler de cette excellente nourriture, commencent à libérer leurs effets bienfaisants. Une douce langueur s’empare de moi, et je sais qu’il en est de même pour mes compagnons de route.

- Ce repas était excellent, il faudra le signaler au tavernier.

Le vieux conseiller de mon père, assis à ma gauche, opina de la tête, en silence. Je me levai alors pour m’approcher du feu, étirant mes bras aussi élégamment que possible avant de m’asseoir, à l’écart de mes hommes. Je sais qu’ils sont remplis de respect à mon égard et c’est un sentiment réciproque, je préfère donc les laisser se détendre entre hommes, de manière à ce qu’ils puissent parler plus librement. Ils ont bien mérité, eux aussi, de se détendre et je sais que la présence d’une demoiselle est parfois un frein aux blagues et autres récits colorés que se racontent les hommes quand ils sont entre eux. Et de fait, j’ai vu juste. Quelques instants plus tard, les rires se firent plus sonores, les éclats de voix joyeux plus intenses, ce qui me fit sourire à mon tour.

J’avais entendu le tavernier énumérer nos chambres. Il était évident que j’occuperais une chambre toute seule, la décence ne me permettait pas de partager une pièce avec mes compagnons de route, tout de même. D’autant plus que j’aurai besoin de l’aide d’une femme afin de m’aider à enlever ma tenue et me préparer au coucher. Il faudra penser à le signaler quand il sera l’heure de monter se reposer. En attendant, j’étends mes jambes devant le feu et regarde les flammes, pensive, jusqu’à ce que la venue d’un petit être n’interrompe le fil de mes pensées. Je vis le palefrenier conduire d’une main un garçon emmitouflé comme s’il allait affronter les rudesses d’un hiver tempêtueux et aux yeux bandés afin de le faire asseoir sur une chaise. Son fils, visiblement, vu la paternelle sollicitude de cette main posée sur son épaule. Je ne pus m’empêcher de les observer, bien que cela ne soit pas très poli. Je l’ai entendu tousser, il doit sortir de maladie, étant donné son accoutrement et son teint pâle. Je me tournai alors vers le vieux conseiller de mon père qui venait d’allumer sa pipe, l’odeur venait tout juste de chatouiller mes narines, je l’interpellai alors, doucement :

- Geoffroy, je pense qu’il serait plus avisé de vous éloigner, ce jeune homme risque de souffrir des volutes que vous expirez. Seriez-vous assez aimable de fumer un peu plus loin, je vous prie ?

Le conseiller haussa un sourcil mais s’éloigna, sans discuter. J’adressai alors au jeune garçon un sourire qu’il ne vit pas, tout autant qu’à son père qui venait de passer devant nous, les bras chargés de paniers remplis de bûches. Le tavernier m’avait remis les clés des chambres, je jouais distraitement avec les petites tiges de métal, pensive une fois de plus, mais le palefrenier m’interrompit à nouveau dans mes pensées. Il me demandait quelle chambre m’était attribuée. J’avoue que la question me laissa un instant coite, je regardai alors les clés et dit, amusée :

- Donnez moi la plus petite de vos chambres, je dors seule. Laissez les grands espaces à mes compagnons de route, s’il vous plaît.

Je lui tendis alors les clés, pour qu’il se saisisse de celle qui correspond le mieux à ma toute petite exigence.

- Y a-t-il une dame en ces lieux qui pourra m’apporter son aide avant mon coucher ? Je n’ai pas de dame de compagnie et il y a des choses que je ne peux décemment demander à mes gardes.

Un fin sourire étira mes lèvres. Nul doute qu’il comprenait ce que je voulais dire. Je pouvais voir toute l’intelligence de ce palefrenier briller dans ses yeux. Quoiqu’il en soit, je pris quelques instants pour l’observer, rapidement. Grand, fort, il dégage quelque chose d’apaisant et de tranquille, comme le conseiller de mon père qui, sans aucun doute, nous observe depuis l’autre côté de la pièce en plissant les yeux. Je tournai la tête vers le garçon là bas, et demandai, poliment :

- De quoi souffre votre garçon ? J’ai entendu que vous n’étiez que de passage ? Je pensais que vous travailliez ici…Si ce n’est pas le cas, je vous prie de m’excuser pour ma méprise. Vous étiez dehors avec une caisse dans les mains, je pensais sincèrement que faisiez partie des gens de cet établissement.

Chose qui m’arrive souvent, je me méprends sur les gens, ne me fiant qu’aux apparences. Il est certain qu’un jour, ces méprises me joueront de fort vilains tours…
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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 3 Mar 2020 - 21:59


A la réponse de la jeune femme, Aaron se remémora brièvement la taille et la disposition des différentes chambres. Il n'était guère là depuis longtemps et puis elles se ressemblaient toutes un peu de part leur agencement. C'était une auberge davantage faite pour être en capacité d'accueillir le plus de monde possible en période de festivités, de foire ou de tournoi. Le luxe était laissé de côté, même pour les logements les plus confortables. Les patrons avaient bien mieux à faire de leur argent pour tenter de rendre leur établissement satisfaisant que d'agrémenter la décoration de bibelots aussi dispendieux qu'inutiles. L'endroit n'était d'ailleurs pas si mal géré. Tout était propre, les draps sentaient bon, les chambres étaient aérées tous les jours et la nourriture était de qualité. Les clients de passage n'avaient pas à se plaindre du rapport qualité-prix.

-Dans ce cas, je dirais la 7. Répondit-il afin de lui indiquer simplement où il allait l'installer.

Il aurait pensé qu'on ne se serait pas contenté de donner les clefs à la demoiselle sans lui conseiller l'une des chambres pour elle. Après tout, cela faisait partie du service clientèle. C'est là que l'on reconnaissait les gens plus habitués à gérer du nombre plutôt que de la qualité. On pouvait difficilement le leur reprocher d'ailleurs. Un établissement de bord de route ne se tenait pas de la même manière qu'une auberge de ville.

La demoiselle n'eut pas besoin d'expliciter son besoin en ce qui concernait sa requête. Aaron savait ce qu'elle voulait dire bien mieux qu'elle ne le pensait. Il savait ce que c'était qu'une noble devant se préparer pour la nuit. Les tenues les plus chères étaient aussi les plus complexes à mettre et à enlever et il comprenait tout l'intérêt de l'aide qu'elle réclamait. Il pouvait faire bien des choses mais pas sur celui-ci. Plus par bienséance que par ignorance d'ailleurs.

-Je vous trouve cela dès que j'aurais remonté toutes vos affaires.

Mais alors qu'il allait prendre congé pour monter à la fameuse chambre 7, la voix de la jeune femme l'arrêta dans son élan. Il suivit son regard jusqu'à Efren qui sembla ne pas bouger à l'évocation de sa santé. Chose curieuse étant donné son ouïe fine. Soit il n'était pas encore complètement remis, soit son esprit vagabondait sur quelques réflexions laissées en suspend durant ces derniers jours. Toujours était-il qu'il ne montra aucune réaction.
Le quarantenaire étira un sourire doux et amusé face aux excuses de la demoiselle.

-Pourquoi être client et employé serait-il incompatible ? Fit-il gentiment remarquer. Puis il reprit avec un peu plus de sérieux. C'est un bon moyen de faire baisser la note. La maladie a pris le nez et la gorge de mon fils, nous forçant à faire halte quelques jours. J'ai cherché comment ne pas entamer nos économies en me rendant utile. Nous reprendrons la route demain.

La père de famille observa l'adolescent une seconde avant de se retourner vers la noble, parlant un peu plus bas, telle une amusante confidence qu'il s'apprêtait à lui faire.

-Et vous avez de la chance qu'il ne vous ait pas entendu parler de lui en ces termes. Les jeunes hommes apprécient peu de se voir comparer à des enfants.
-J'ai entendu. S'éleva une voix enrouée un peu plus loin.

L'aveugle avait légèrement tourné la tête vers ceux qui parlaient de lui et son paternel se retourna, presque surpris. Il n'aurait pourtant pas dû l'être. Il savait que les sens de son fils s'aiguisaient de plus en plus, être privé de la vue le forçant à faire appel à d'autres moyens pour se repérer et comprendre ce qui l'entourait.

-J'ai juste eu la politesse de ne rien dire. Elle a fait s'éloigner un fumeur de moi. Fit-il remarquer sur un ton qui ne contenait aucune agressivité mais quelque peu tinté de bouderie.

Aaron étira un sourire amusé. Un brin de sarcasme, pour quelqu'un dans son état et n'étant pas né avec ce handicap, c'était une touche d'audace que le jeune homme ne se serait guère permis quelques mois plus tôt. Pourtant, rien dans son attitude ne jouait d'impolitesse. Bien au contraire. Le voyageur se tourna à nouveau vers la jeune femme et lui adressa un regard qui se voulait reconnaissant pour la bienveillance dont elle avait fait preuve envers sa convalescente progéniture. Puis il inclina légèrement la tête pour prendre congé et s'éloigna, emmenant enfin cette caisse qui lui pesait sur les bras afin de la monter à l'étage. Il apporta ensuite la seconde puis les sacs des soldats avant de partir en quête de la fille du tenancier. Lorsqu'il la trouva, la salle commune était vide. Efren était parti se coucher depuis longtemps après avoir avalé plus de la moitié de son assiette, ce qui était mieux que les jours précédents. Quant aux nouveaux venus, ils avaient visiblement pris possession de leurs quartiers. Il mena donc la jeune Eglantine jusqu'à l'étage mais, arrivé devant la porte, la pauvre enfant se ravisa.

-Non, je peux pas faire ça Aaron...

Ce dernier se retourna, un peu surpris par l'attitude de celle qui n'hésitait pourtant pas à faire les yeux doux à un homme qui avait plus de deux fois son âge.

-Pourquoi ? Demanda-t-il gentiment.
-Ben... Hésita-t-elle. C'est une noble... Et puis... J'ai jamais fait ça moi !

Le quarantenaire laissa échapper un soupir, laissant ses épaules s'affaisser avant d'achever pivoter sur lui-même pour lui faire face.

-Premièrement, c'est une noble, oui, mais c'est avant tout une femme. Tout comme toi. De plus, vous avez presque le même âge donc elle peut facilement de comprendre. J'ai discuté un peu avec elle, elle a l'air très gentille. Quant à ce qu'elle aura à faire, tu as le droit de dire que tu n'as jamais appris et elle te dira comment t'y prendre.
-Mais si elle a besoin d'aide, c'est que ça doit être compliqué. Je vais pas y arriver...
-Elle va te demander de l'aider à enlever sa robe. Ce n'est pas si difficile.
-Qu'est-ce que tu en sais ?

Aaron étira un sourire amusé et énigmatique. Il ne répondrait pas à cette question mais il semblait bien sûr de lui. La jeune fille prit un regard presque outré en réalisant qu'il avait peut-être côtoyé une noble dans ses jeunes années. Mais elle n'eut pas le temps de prononcer un mot pour dissiper ce doute qu'elle le vit lever une main pour toquer à la porte numéro 7. Elle écarquilla alors des yeux ronds et porta ses deux mains devant sa bouche en entendant sa phalange sur le bois. Lorsque la porte s'ouvrit, le quarantenaire tourna la tête vers la dame et lui adressa un sourire paisible.

-Mademoiselle, je vous présente Eglantine. Elle se fera un plaisir de vous aider.

La jeune fille se sentit alors devenir pivoine sous le regard de la dame. L'aider, oui. Un plaisir ? Elle ne savait pas trop. Aaron faisait exprès de la pousser un peu hors de sa zone de confort et elle croyait distinguer un air moqueur dans son sourire... Pourtant, cela ne lui ressemblait guère. La gêne devait jouer des tours à son esprit car, en y regardant de plus près, il n'y avait rien de tel dans son attitude. Il essayait de l'encourager en silence au contraire. Alors, elle déglutit avec difficulté et bredouilla un pauvre mot.

-B-Bonsoir.

Le quarantenaire était à la fois satisfait et fier de cette timide tentative pour briser la glace. C'était un bon début. Il savait qu'elle aurait à faire face à de plus en plus de contact avec la clientèle avec le temps, elle n'était plus une enfant après tout. De ce qu'il avait pu en juger, la noble demoiselle serait sans doute la meilleure fois qu'elle puisse espérer.

-Bien, je vous laisse. Je vous souhaite la bonne nuit, Mesdemoiselles. Déclara-t-il à l'attention des deux jeunes femmes. Mais avant de s'éloigner, il sembla se souvenir d'un détail. Oh, et si vous entendez quelqu'un toucher à votre poignée sans chercher à l'actionner, c'est Efren. Il s'en sert comme point de repère. Nous sommes dans la chambre 9. Dit-il en désigna la porte d'à-côté. Car elle l'avait sans doute remarqué, les chambres paires étaient d'un côté du couloir et les impaires de l'autre. Cela faisait donc d'eux des voisins.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeJeu 5 Mar 2020 - 11:04

Je ne pus que sourire à cet échange entre un père et un fils. Je sens une intense complicité entre les deux hommes. Ma méprise me fait rougir un peu, je n’aime pas mettre les gens dans l’embarras ou froisser leur sensibilité. Prendre un jeune homme pour un enfant n’est effectivement pas très avisé. Cela étant, il ne semble pas m’en tenir rigueur, tout au plus affiche-t-il une petite bouderie qui n’est, elle, pas sans rappeler cette enfance qu’il venait de quitter il y a peu. Son père me remercie d’un regard, je lui rends un petit salut entendu, le laissant vaquer à ses occupations, tandis que je profite agréablement du feu joyeux dansant devant mes pieds. J’espère sincèrement qu’il trouvera une personne pour m’aider à ôter mes habits et à enfiler une tenue correcte pour la nuit. Je pourrais le faire toute seule mais il y a tellement de laçages que je sais que je renoncerais et que je finirais par me jeter sur mon lit toute habillée. Ou que j’aurais fini par tout arracher. Je n’ai pas beaucoup de patience, quand il s’agit de ces choses dont je n’ai pas la maîtrise.

La soirée avait bien avancé. Tous mes compagnons de route avaient pris la direction de leurs chambres, seul restait à mes côtés le vieux conseiller de mon père, qui me regardait en silence du coin de l’œil. Je ne connais que trop bien ce regard, que je perçois fort bien. Dans un sourire moqueur, je dis, fatiguée :

- Qu’avez-vous à me dire ? Vous semblez…désapprouver.
- Vous connaissez mon opinion à ce sujet. Vous devez prendre un époux. Si vous consentiez à vous unir à l’un d’eux, nous ne serions pas ici, à devoir demander de l’aide au Duc. Un Duc qui vous dira probablement la même chose que moi, Mademoiselle. Vous n’avez pas le choix.

Je prends une profonde inspiration et observe les alentours directs, afin de m’assurer que personne n’écoute.

- Si je m’unis à l’un d’eux pour de mauvaises raisons, il n’en ressortira que de mauvaises choses. Céder à la violence et aux trahisons, ce n’est pas dans mon caractère. Je suis une femme, certes, mais je suis aussi la garante de la sécurité de tout un petit peuple qui n’a rien demandé. S’ils agissent de même avant d’éventuelles noces, que sera-ce quand nous serons mariés ? Je ne céderai jamais Fernel à un butor sans cœur ou un vieillard avide. Tout comme je ne céderai jamais ma personne à un affreux personnage. Je préfère encore mourir.

Je regarde Geoffroy qui me dévisage, tout en maîtrise.

- Je suis la vassale du Duc, au même titre que n’importe quel autre de ses barons. Et à ce titre, justement, j’ai le droit de demander son aide pour défendre mes terres si elles sont menacées. Père a soutenu le père de notre nouveau suzerain. Il a perdu tant de choses à cause de cela. Vous le savez. C’est bien le moins qu’il m’apporte son aide. Ou qu’il m’écoute, au moins.

Je m’affaissai sur ma chaise, croisant les mains sur mes jambes, épuisée de devoir constamment expliquer. Geoffroy, lui, esquissa un sourire :

- Obstiné, il l’était, lui aussi. Cela ne lui a pas toujours rendu service. Quoiqu’il en soit, je resterai à vos côtés. Vous me rappelez votre père, que la DameDieu l’ait en sa sainte garde.
- Alors, soyez aimable, Geoffroy, cessez de me rappeler des choses déplaisantes dont je n’ignore rien. Allez vous coucher, je vous suis d’ici quelques minutes.

Le vieil homme se leva, s’inclina, et disparut dans les escaliers, me laissant seule devant les flammes. Un profond soupir s’échappa de ma poitrine. C’est déjà suffisamment pénible de savoir ma mère à l’agonie, mon domaine sur le point d’être envahi, sans avoir en plus un vieux rabat-joie dans les pieds m’énonçant des vérités tristes. J’ai besoin de soutien, pas de leçon de morale.

Après quelques minutes, je pris mes quartiers dans la chambre qui m’a été attribuée et vit que la chambre était vide. Pas de femme de chambre. Flûte. Je me regarde, ouvre une malle, puis la deuxième, fouillant les tissus à la recherche d’une chemise pour la nuit. J’avais commencé à défaire le laçage de mon corsage, emmêlant les fils de cuir, tant et si bien que j’avais réussi à former un nœud.
Quand on frappa à ma porte, je tentais vainement de m’en défaire et c’est les joues rouges de contrariété que j’ouvris, m’apaisant de suite à la vue d’une jeune fille. Je lui tendis la main pour la saluer et l’invitai de suite à entrer, avant de remercier en silence le palefrenier. Je tentais de lui dissimuler le désastre de mon corsage, pas très habilement. Je pris note de ses recommandations avant de lui souhaiter la bonne nuit à mon tour et d’observer Eglantine qui semblait sur des charbons ardents.

- Détendez-vous, Mademoiselle, je ne vais pas vous manger. J’ai juste besoin de petits doigts agiles qui pourraient m’aider à détricoter ce désastre…

Je lui montre, dans un rire, le nœud que je venais de former à cause de mon inexpérience et repris :

- Approchez. Et voyez. Vous pensez parvenir à défaire ceci ?

Eglantine s’approcha donc, mal à l’aise, et se mit à l’ouvrage, les mains tremblant légèrement. Elle tirait, poussait, retirait encore, cela prit un temps considérable avant que le corsage ne finisse par choir sur le sol, me libérant enfin d’une entrave. Soulagée, je m’assis sur le bord du lit, pour qu’elle puisse tirer sur mes bottes. J’étais en train de dénouer un petit nœud à mon poignet et levai les yeux sur la jeune fille teinte en rouge, qui ne comprenait peut-être pas ce qu’il y avait à faire. Je penchai la tête, incrédule, et murmurai :

- Ce sont des bottes d’hommes. Elles sont difficiles à enlever mais agréables à porter. Est-ce que vous pourriez…tirer dessus, afin de m’en libérer ?

Je ne sais pourquoi mais la jeune demoiselle s’empourpra jusqu’à la racine des cheveux. Haussant un sourcil, surprise par son attitude, je suivis son regard et aperçut alors ce qui la mettait si fort dans l’embarras. Ma chemise venait de s’ouvrir, révélant légèrement mon buste et ma poitrine. Je n’y voyais absolument rien d’embarrassant, j’ai l’habitude d’être nue face à mes femmes de chambre après tout. Elle, par contre, semble sur le point de se trouver mal. Je lève la main vers elle, pour la rassurer un peu.

- Je…

Pas le temps de finir ma phrase. Elle sort en trombe de la pièce, claquant la porte sans ménagement avant de s’enfuir dans les escaliers avec fracas. Je prends quelques secondes, clignant des paupières, perdue. Ai-je été maladroite ? Me voila bien maintenant, à moitié déshabillée et sans aucune aide. Je réprime un fort vilain juron avant de me saisir d’une botte, tentant de tirer par moi-même afin de m’en libérer. Tout ce que je réussis à faire, c’est m’écrouler au sol, dans un grand bruit mat. Je viens de me faire mal, en plus. Le juron que je retenais s’échappe, sonore, percutant toutes les parois de ma chambre.

- Est-ce possible d’être aussi sotte, c’est à peine croyable…
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 6 Mar 2020 - 20:48

Aaron avait laissé les deux jeunes femmes entre elles, les lèvres rieuses mais le cœur confiant. Eglantine était bien capable de défaire quelques lacets toute seule, il n'était pas inquiet à ce sujet. Il se rendit donc dans sa chambre et entra sans un bruit. La chose n'aurait pas été possible quelques jours plus tôt. A son arrivée à l'auberge, les gonds de toutes les portes de l'étage grinçaient et les loquets s'actionnaient dans un bruit métallique fort peu discret. Il lui avait fallu un peu de travail mais le confort sonore des résidents s'était grandement amélioré depuis.

Dans l'ombre de la pièce, la quarantenaire distingua la silhouette d'Efren allongée dans son lit. Sur lui, deux couvertures étaient étendues. Cela en faisait une de moins que la veille. Son père aurait pu croire qu'il s'agissait d'une ruse pour lui laisser entendre qu'il allait mieux mais, à l'absence de frissons du corps sec de l'adolescent, il savait qu'il n'en était rien. Sa santé était bien meilleure. Sa mine était encore pâle mais il reprenait doucement le peu de couleurs que son teint était capable d'arborer. Il dormait d'un sommeil paisible et plus reposant que les jours passés.

Le quarantenaire se redressa de ses observations. Il était encore tôt et, malgré les efforts qu'il avait dû fournir en travaillant ce jour-là, il n'était pas fatigué. Il en fallait beaucoup pour l'harasser étant donné le train de vie qu'il menait depuis des décennies. Alors, plutôt que de chercher à se reposer ou de s'installer pour entamer une activité quelconque qui risquerait de réveiller son fils, il prit simplement sa flûte en métal et ressortit. Il retourna dans la salle commune, là où il ne risquerait de déranger personne essayant de trouver le sommeil. Il s'adossa confortablement dans la chaise qui se trouvait près du feu et posa ses pieds sur l'assise en face de lui. Il porta l'instrument à ses lèvres et souffla doucement à l'intérieur. Un son clair s'en échappa, composant la première note d'une mélodie à la fois paisible et entraînante. Le genre de musique qui apaise les Souffles et remet du baume au cœur. Cette fois, il jouait uniquement pour lui, selon son humeur, et non pas pour les oreilles qui l'entouraient. Ici, il n'y avait pas d'âme à apaiser, pas de larmes à sécher, pas de peur à chasser. Il n'y avait que lui et ses pensées.

Aaron joua ainsi un petit moment, des airs du même acabit que le premier, jusqu'à ce qu'il soit interrompu par un grand bruit provenant de l'étage. Le vacarme l'arrêta subitement de sa chanson et il posa les pieds sur le sol pour se redresser lorsqu'une furie blonde sortit de l'escalier et traversa la pièce en trombe. Il la héla mais rien y fit. Elle disparut aussi vite qu'elle était venue. Elle, mais aussi son visage écarlate.
Le voyageur fronça légèrement les sourcils sans chercher à la rattraper. Visiblement, il l'avait poussée un peu trop. Pourtant, il était surpris qu'un simple laçage à défaire provoque chez elle une telle réaction. Peut-être la jeune fille était-elle bien plus émotive qu'il se l'imaginait. Il décida de la laisser se calmer toute seule et d'en discuter avec elle le lendemain, s'il en trouvait le temps avant son départ. L'heure avait un peu avancée tandis qu'il jouait, aussi se leva-t-il pour rejoindre sa chambre. Il monta l'escalier et longea le couloir mais, lorsqu'il passa devant la porte de la noble, il bruit sourd et un juron l'arrêtèrent une nouvelle fois dans son élan. Il observa le pan de bois une seconde puis la direction par laquelle s'était enfuie Eglantine. Finalement, tout ne s'était peut-être pas bien passé... Le quarantenaire franchit alors le pas qui le séparait de la loge de la demoiselle et toqua doucement.

-Mademoiselle ? Est-ce que tout va bien ?
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 7 Mar 2020 - 13:51

Depuis le sol, j’entends qu’on frappe à ma porte. Je pince les lèvres, fermant les yeux de dépit. J’avais presque réussi à enlever une première botte. Que faire ? Je n’allais pas sautiller sur un pied, laissant l’autre à moitié chaussé et avec la chemise ouverte, pour ouvrir la porte, quelle horreur…Je ne pus que songer aux sages recommandations de ma mère. « Prenez le carrosse, Louise ! », avait-elle dit la veille de mon départ. Je lui avais objecté que ce véhicule nous ralentirait, que le temps n’avait rien de certain et qu’il était hors de question de perdre de précieuses heures à cause d’une roue embourbée, par exemple. Puis, je voulais régler cette histoire au plus vite, l’état de santé général de ma mère ne souffrant guère des délicatesses telles qu’un coche ou de jolies robes de soie. Alors, certes, j’ai gagné en rapidité, je n’en disconviens pas, mais qu’est-ce que j’ai perdu en confort…J’aurais pu emmener une dame de compagnie, au moins. Ici, il n’y a que des hommes. Ou une servante visiblement effrayée par la vision tout à fait banale d’une paire de seins. Une chance qu’elle n’ait pas du me déshabiller en entier, j’aurais été fière, complètement nue, sans aide aucune. Là au moins, j’ai gardé mes vêtements.

- J’arrive !

Je suis en train de m’acharner sur ma botte, parvenant à l’extirper au prix de nombreux efforts et onomatopées étranges, plus proches du borborygme d’animal troglodyte que d’une douce et délicate noble demoiselle. Les joues rouges de contrariété, les cheveux défaits par l’effort, j’avance vers la porte, me drapant d’une couverture laissée sur le lit, un pied nu, l’autre encore botté.

- Un instant.

J’ouvre alors, la botte dans l’autre main, pour voir le palefrenier qui m’avait amené Eglantine. Grmpf. Adieu ma dignité. Je soupire et dis alors, quelque peu exaspérée :

- Eglantine a manifestement été effrayée par ce qu’elle a vu. A croire que je suis faite comme une naine, avec de la barbe au menton. Je vais devoir dormir habillée. Est-elle la seule dame disponible dans l’établissement ?

J’ai toujours un faible espoir que cela ne soit pas le cas, sinon, je serai obligée de dormir en l’état, ce qui ne m’enchante guère. Je me calme pourtant, retrouvant une posture un peu plus digne, serrant la couverture autour de moi pour me donner un semblant de contenance.

- Il semble que je vais sans doute passer la nuit de même. Ce n’est pas grave, nous reprenons la route demain, j’espère juste pouvoir trouver une dame à notre prochaine étape. En tout cas…Je m’excuse si je vous ai réveillé, ce n’était pas mon intention.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 7 Mar 2020 - 21:37

La porte mit un temps considérable avant de s'ouvrir. Fort heureusement, Aaron était un homme patient, aussi attendit-il sans frapper de nouveau, prêtant simplement attention à ce qu'il se passait de l'autre côté. Cependant, cela ne l'inquiétait pas moins quant à ce qu'il avait bien pu se passer à l'intérieur. La noble semblait en peine mais de quoi ? Cela, il n'aurait pas su le dire jusqu'à ce qu'elle ouvre enfin la porte. Les cheveux en pagaille, on aurait cru qu'elle venait de mener une lutte acharnée contre un ennemi retord. La couverture trahissait sa situation plutôt inconfortable si bien qu'il était même surprenant qu'elle soit venu ouvrir. Quant à ses pieds...

Le voyageur haussa un sourcil avant d'écouter la jeune femme lui compter à demi-mot ce qu'il s'était passé et faire part tant de son agacement que de son désarroi. S'il ne s'attarda pas sur l'humeur de la demoiselle, le contenu de son récit l'intriguant davantage. Il comprenait parfaitement de sens caché de ses paroles. Il était vrai qu'il n'avait pas pensé à préparer la pauvre Eglantine à ce genre d'éventualité. Et quand bien même... C'était des choses qui arrivaient. Ses parents l'avaient-ils à ce point protégée qu'elle se trouvait incapable de conserver son calme dans une situation embarrassante ? Lui-même pouvait comprendre la gêne que pouvait représenter la chose aux yeux d'une jeune vierge mais sa fuite soudaine lui semblait quelque peu exagérée. N'avait-elle jamais regardé de quelle manière elle était faite ?
Alors qu'ils s'apprêtait à répondre au sujet de la présence d'une autre personne susceptible de lui venir en aide, la cliente reprit la parole, faisant preuve d'un peu plus de calme et de mesure dans ses propos. Elle comptait visiblement s'arranger avec son état présent et croiser les doigts jusqu'au lendemain. Devant ses excuses, il hocha la tête de gauche à droite.

-Ne vous excusez pas, je n'étais même pas dans ma chambre. J'ai simplement croisé Eglantine en bas et j'ai entendu du bruit en passant dans le couloir. Puis il désigna son pied toujours chaussé d'un geste de la main. Si c'est votre botte le dernier de vos tracas, pas besoin de réveiller la maîtresse de maison. Tendez-moi votre pied, je vais vous aider.

Sans attendre spécialement de réponse, Aaron glissa sa flûte métallique dans son dos, la coinçant entre son pantalon et sa chemise, puis il s'accroupit avant de poser un genou à terre. Puisqu'il était là, autant qu'il lui prête main forte lui-même. Il n'entrait même pas dans sa chambre, la bienséance n'était donc en aucun cas atteinte.
Lorsque la jambe de la demoiselle s'approcha de lui, il observa sa chausse un instant. Si elle peinait à ce point à la retirer, c'était qu'il devait y avoir un problème quelque part. Après tout, les femmes étaient bien plus fines que les hommes. Il s'agissait ici d'une botte haute pourvue d'une sangle au niveau de la cheville. Il défit d'abord la boucle afin de rendre le passage plus souple puis il posa une main sur le mollet de la dame pour lever un peu sa jambe et l'aider à garder l'équilibre tandis que la seconde se porta au niveau de son talon. Il tira sur la chausse avec douceur et fermeté. Cela demandait un peu de force mais certainement moins que ce qu'elle avait dû fournir pour parvenir à retirer la première.
Lorsqu'il eut fini, Aaron reposa délicatement la jambe de la demoiselle et se releva. Il lui tendit sa botte avec une expression à la fois paisible et rieuse. Ce contact ne l'avait en rien perturbé ou gêné. Pour un homme de son âge, il aurait trouvé cela malheureux de s'effaroucher pour si peu, même si -il fallait bien l'admettre- il se trouvait face à une jolie jeune femme.

-Avez-vous besoin d'autre chose ? Demanda-t-il avec un intérêt sincère concernant sa réponse et toujours ce discret sourire au coin des lèvres et des yeux.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 9 Mar 2020 - 23:14

Je sens le rouge de mes joues s’étendre à tout mon visage. La situation est extrêmement embarrassante. Et inquiétante. Embarrassante car je suis dans un état que la décence et la morale réprouvent. Un mouvement maladroit et la couverture qui cache ma pudeur dévoilera ce qui a mis si fort mal à l’aise la petite Eglantine. Et je ne parle même pas de mes cheveux, en pagaille totale, ou de ce pied nu, visible d’un homme de deux fois mon âge. Inquiétant parce que malgré tout le raffut occasionné, mes compagnons de route semblent s’être endormis sans la moindre difficulté, en me laissant à la merci de plus ou moins tout et n’importe quoi. Ou n’importe qui. Il me faudra penser à le souligner demain matin avant notre départ. Nous ne sommes pas en visite d’agrément, l’heure n’est pas aux blagues grasses entre hommes ou au repos lourd. Non. Ils sont là pour me protéger et pas un n’est éveillé pour monter la garde. Voilà qui est des plus rassurants…

- Vous feriez ça pour moi ? C’est réellement très aimable de votre part.

Bien que totalement inadapté. Très rouge, une fois de plus, je lui tends mon pied afin qu’il puisse lui-même vérifier ce qui cloche. Et l’homme d’expérience ne met évidemment pas trop longtemps avant de découvrir le nœud du problème et de m’en délivrer. Le soulagement est immédiat et la perspective d’une bonne nuit s’affirme enfin. Je récupère la botte qu’il me tend alors, en regardant ailleurs une fraction de seconde, évitant son regard, embarrassée.

- Si vous pouviez garder ce malheureux incident pour vous, ce serait…apprécié. Il n’y a rien que vous puissiez faire de plus, Monsieur. Je vous remercie et vous souhaite une bonne nuit.

Saluant en inclinant légèrement la tête, je ferme alors la porte avant de déposer dans un coin les fameuses bottes qui ont posé tant de problèmes. Seule dans ma chambre, tout le ridicule de cette situation me revint et je ne pus retenir plus longtemps un fou rire. J’ai décidément le chic pour me mettre dans des situations invraisemblables. Je me promets de raconter cet incident à Mère, peut-être que cela lui rendra un peu de force, de me faire un sermon sur la bonne conduite à avoir en toute circonstance. Le moyen, je vous prie, de rester digne quand ce qui ressemble le plus à une femme de chambre…est un homme de deux fois mon âge, charmant au demeurant, mais un homme tout de même ! Les yeux plein de larmes de rire, les épaules secouées par un léger gloussement, je finis par m’effondrer sans la moindre grâce sur mon lit. L’absence de témoin a au moins cela de bon, je peux faire absolument tout ce que je veux. Pour une fois ! La course de la journée, la soirée et le repas copieux, sans parler de cet incident comique ont raison de ma résistance en quelques secondes. Je ne tarde donc pas à rejoindre le pays des songes, en chemise et pantalon, emmitouflée dans une couverture de laine, le sourire aux lèvres.

***
**
*

Au petit matin, le problème se posa de nouveau, évidemment ! Pas de servante, pas d’eau pour une rapide toilette, personne pour lisser mes cheveux et les coiffer convenablement. Personne pour lacer mes habits. En somme, un nouveau désastre en vue. Je ne peux décemment réclamer l’aide d’un de mes compagnons de route. Quant à Eglantine, je doute de parvenir à la convaincre de revenir m’aider. Il faut donc que j’en remette à moi-même et que je fasse de mon mieux. Après près d’une heure d’efforts intenses et après avoir correctement rangé mes habits dans les coffres, je descends donc pour prendre le petit déjeuner. N’ayant personne pour me coiffer, j’ai du me contenter de nouer ma crinière en une tresse à peu près correcte. Mes cheveux sont toujours retenus, en toutes occasions, par pudeur. Je vois, aux regards étonnés des hommes de ma garde déjà en train de se sustenter, que l’image que je renvoie n’est pas celle à laquelle ils sont habitués. Je feins la nonchalance et prends place à table, versant un peu d’eau dans un verre en grès. Je vois une silhouette de jeune femme longer les murs, là bas. Je croise le regard d’Eglantine, elle n’y verra que de la compassion et un peu de regrets. Je me suis mise en colère, hier soir, mais la colère est tombée si vite…

- Avez-vous passé une bonne nuit, Geoffroy ?, dis-je d’un ton neutre
- Oui, les couches étaient merveilleusement chaudes et épaisses. Et vous, Mademoiselle ?
- On va dire que oui.


Je poussai un soupir avant de demander aux hommes de se préparer à partir.

- Le chemin est encore long jusqu’à Serramire. Ne trainons pas, Messieurs.

Tout en grignotant un morceau de pain et une pomme, je cherche du regard le voyageur palefrenier. Est-il parti ? Je ne le vois nulle part. C’est dommage. Peut-être aurions-nous pu faire un peu de route ensemble. Je me lève ensuite, prête à partir, jusqu'à ce que je remarque qu'il me manque deux gardes. Cherchant du regard les deux hommes, j'interpelle Geoffroy qui me répond ne pas les avoir vu depuis la veille. Je charge l'un des gardes de se rendre dans leur chambre afin de vérifier qu'ils y sont et il revient, quelques minutes plus tard, la mine franchement embêtée.

- Que se passe-t-il, Gauthier?
- Ils sont dans leurs lits, ils ont rendu sur le sol ce qu'ils ont mangé, il y a une odeur épouvantable dans toute la pièce.
- ...Comment
?

Je pose les deux mains sur la table, les yeux fermés, en poussant un soupir de contrariété. Mais qu'ai-je donc fait à la DameDieu pour qu'elle s'en prenne à moi de cette façon? Deux gardes en moins, c'est une protection nécessaire qui disparaît. Je ne peux être ralentie, j'ai annoncé ma venue au Duc, je me dois d'être là à l'heure et au jour dits! J'ai un regard pour le tavernier qui a blêmi, dans son coin. J'en ai un autre pour Geoffroy qui passe sa main sur sa barbe, pensif.

- On doit les laisser ici, payer leur pension et les récupérer à notre retour. Ils ne seront pas en état de faire le voyage jusqu'à Serramire, c'est évident, dit-il, placidement.
- Je sais…Je n'ai pas vraiment le choix. Il fallait bien sûr que ça leur arrive pendant ce voyage, évidemment...

Je m'assois sur une chaise, contrite, réfléchissant à toute vitesse. Payer la pension de mes deux hommes n'est pas un souci. Je ne les laisserai pas sans rien. Par contre, cela me prive d'une partie de mon escorte et absolument tout peut arriver jusqu'à Serramire. Je passe une main sur mon visage avant de me servir à nouveau un verre d'eau.

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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 11 Mar 2020 - 20:57

Aaron n'était pas dans la pièce au moment où le petit groupe mangeait, il était vrai. Si la demoiselle avait prêté une quelconque attention à la chambre voisine alors elle savait sans doute qu'une certaine agitation avait régné tôt du côté de ses voisins. Il est bien connu que, plus on passe de temps quelque part, plus on s'installe et plus il faut être vigilant au moment de partir pour ne rien oublier. Et les Kolhe avaient fait en sorte d'être aussi minutieux que possible car, dans leur mode de vie, un oubli équivalait à une perte.
Peu après l'aurore, la poignée de la demoiselle bougea mais sans que personne ne cherche à l'ouvrir vraiment. Puis des pas lents continuèrent jusqu'à l'escalier où ils peinèrent davantage. Prudence était mère de sûreté. Et le jeune Efren n'avait plus guère que son sens du toucher et sa capacité au calcul pour ne pas arriver en bas de façon prématurée. Là, il retrouva son père qui avait lui-même sorti ce qu'il fallait pour leur petit déjeuner. Ils mangèrent, en silence, prêtant l'oreille aux chamailleries qui se tenaient en cuisine. La matrone avait bon fond mais qu'est-ce qu'elle pouvait avoir mauvais caractère lorsqu'il s'agissait de son mari... Les écouter -parce qu'ils étaient difficiles de faire autrement...- étaient devenus leur petit rituel du matin.

-Le petit déjeuner va me paraître insipide, demain.

Aaron souffla, amusé. Oui, il était vrai que tout cela allait leur manquer. Cela faisait longtemps qu'ils s'étaient arrêté plus de trois jours de suite au même endroit. Et plus encore qu'ils s'étaient liés ainsi avec d'autres personnes. La vie de nomades n'offraient guère de luxe de tisser des amitiés prospères. Et ils devaient se résoudre à éviter de se faire trop connaître... Cette fois-ci, ils n'avaient pu faire autrement. A moins de rester cloîtrer dans leur chambre, ils n'auraient pu demeurer sans faire un minimum connaissance.
Alors que le quarantenaire attendait que son fils termine son repas, l'aubergiste sortit de la cuisine, mettant fin aux chamailleries matinales. Apercevant la petite famille, il se dirigea vers eux et ils échangèrent les platitudes que l'on se dit souvent au moment du départ. Qu'ils étaient les clients les plus sympathiques et les plus calmes qui leur ait été donné d'accueillir. Que les repas de Madame étaient forts bons. Que l'on se souhaitait le meilleur pour la suite. Et la santé pour le jeune, surtout !

-Dis voir, Aaron... Est-ce que j'pourrais te d'mander un dernier service ? Y'a tous les ch'vaux d'ces m'sieur dame à préparer. Tu veux bien t'en occuper et le petit déjeuner est pour moi. D'accord ?

Le voyageur aurait pu se passer de cette faveur mais le patron insista. Ainsi, Efren termina-t-il son repas seul tandis que son père se rendait aux écuries. Pendant qu'il s'attelait à sa tâche, il eut la visite d'Eglantine qui l'approcha d'un air timide. Bien vite, le quarantenaire lui demanda ce qu'il s'était passé avec la cliente la veille. La jeune fille feint de ne pas comprendre. C'est que, dans la panique, elle n'avait pas remarqué sa présence dans la salle commune lorsqu'elle l'avait traversé en trombe. Elle lui expliqua donc à demi-mot tandis que le rouge lui remontait aux joues. Elle était aussi honteuse de sa réaction que de raconter cela à un homme que la vision d'une poitrine ne ferait certainement pas fuir. Elle l'imaginait même ne pas broncher et avoir le cran de remettre la chemise de la dame en place. Elle n'en avait pas été capable...
Bien loin de la blâmer ou de lui dire ce qu'elle aurait dû faire, Aaron chercha plutôt à la rassurer. D'accord, cela n'aurait pas dû se produire mais c'était des choses qui arrivaient. Et puis finalement, n'étaient-elles pas faites de la même façon toutes les deux ? Si ? Alors qu'y avait-il à craindre ?

Les mots compréhensifs et le ton paisible du voyageur eurent tôt faits de rassurer la jeune Eglantine. La discussion s'acheva donc sur un "Prends soin de toi" avant que le voyageur ne quitte l'écurie, les chevaux prêts au départ, chacun étant harnaché et attaché près de leur boxe. Il arriva donc dans la salle commune et rejoignit Efren. Celui-ci n'avait pas bougé et attendait, les doigts croisés et les bras posés sur la table débarrassée et nettoyée.

-C'est impeccable. Bravo.

Le jeune homme sourit. Son père savait pertinemment qu'il était incapable d'avoir fait cela tout seul mais ils avaient tous les deux pris le parti de s'amuser de sa situation plutôt que d'en pleurer. Lui-même n'était pas du genre à se plaindre de son sort donc cette façon de faire lui convenait très bien. Il se leva, cherchant à tâtons le long bâton de marche posé contre le mur dont il se servait pour se repérer à l'extérieur. Aaron le laissa gérer et se retourna. Apercevant la noble dame attablée un peu plus loin, il lui adressa un signe de tête avant de se diriger vers l'escalier. Il n'avait pas oublié la promesse qu'il lui avait faite la veille. Celle de ne pas parler de l'incident avec Eglantine ni de la botte qu'il lui avait retirée contre toute bienséance. Et cela ne lui coûterait guère d'effort de garder le silence.
Il remonta ainsi jusqu'à sa chambre et en redescendit quelques minutes plus tard avec leurs affaires. A dire vrai, le palefrenier de la veille était presque méconnaissable. Il avait troqué sa veste contre armure de cuir assez chaude pour la saison, assez légère pour la supporter toute une journée et assez flexible pour ne pas entraver ses mouvements. Une épée pendait à son côté tandis qu'un sac de taille moyenne occupait son dos. Son équipement était d'assez bonne facture au vu de ses modestes moyens et il l'entretenait visiblement avec soin. Efren se tenait debout près de la table où ils avaient mangé, son bâton posé contre son épaule. Il sentit son père prendre son bras afin de lui mettre un second sac dans la main. Il comprit aussitôt le message et commença à enfiler un bras sous l'une des bretelles sous le regard de son père qui attendait patiemment qu'il achève de se préparer pour la route qui les attendait.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeJeu 12 Mar 2020 - 11:16

Plus les choses avancent et moins elles me plaisent. J’avais à l’esprit un voyage tout tracé, redoutable d’efficacité et de pragmatisme : quitter Fernel, tracer mon chemin jusqu’à Serramire, rencontrer le Duc, sortir du palais avec un accord ou un refus, rentrer chez moi et, en fonction de la réponse obtenue, organiser les choses à Fernel de manière à ce que Mère ne soit pas inquiétée. Et là…Je dois concilier les éléments naturels, visiblement contre moi, aux impondérables tels que l’indigestion dans une taverne du partie de ma garde personnelle. Comme si je n’avais pas assez de soucis…Dépitée, je regarde le reste de mes hommes s’agiter, discuter entre eux, alors que je réfléchis à toute vitesse. Le chemin est encore long. Il n’est pas question de prendre du retard, et il me manque un tiers de ma protection habituelle. Un tiers. C’est énorme. Je suis à peu prêt aussi habile à l’épée qu’un nourrisson avec une aiguille à coudre. J’ai besoin de m’entourer, c’est une question de survie. Le verre d’eau à la main, je jetai un coup d’œil à Geoffroy qui préparait son paquetage. Quand je dis un tiers…C’est un tiers moins le vieux conseiller de mon père. Vaillant, certes, mais les années ne l’ont pas épargné. En cas d’attaque, il fera ce qu’il pourra mais il est évident qu’il ne pourra résister longtemps au moindre assaut.

Alors que j’étais au plus bas, en train de me morfondre à l’idée de peut-être devoir faire demi-tour, le palefrenier de la veille fait à nouveau irruption dans la salle commune, vêtu cette fois de manière totalement différente. Et…Une épée à son côté ??? Un coup d’oeil à Geoffroy, un bref échange de regard et la décision est prise dans la seconde. Je me lève, bien entendu, pour me diriger vers cet homme qui est déjà venu à mon secours la veille. Peut-être qu’en lui proposant de l’argent, un gite et le couvert à la prochaine étape…

- Excusez-moi. Je suis désolée de vous tomber dessus comme la misère sur le pauvre monde mais…deux de mes hommes sont malades, ils ne peuvent plus se joindre à nous, ils doivent demeurer ici le temps qu’ils se rétablissent et j’aurais bien besoin d’une épée de plus pour garantir ma sécurité.

Je jette un coup d’œil entendu à son épée et lui lance un sourire.

- Sil vous plaît, accepteriez-vous de vous joindre à nous, le temps de rejoindre Serramire ? Je vous payerai, bien entendu, et tous les frais seront à ma charge. Pour vous deux.

Il est bien entendu que tous les frais concernant ce jeune homme seront également pour moi. Il n’était même pas question d’envisager la chose autrement. Je sens le regard de tous mes hommes posés sur nous. Geoffroy s’était avancé et s’était placé juste derrière moi, observant le palefrenier avec un intérêt accru.

- Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés, l’ami. Qu’en dites-vous ?

J’acquiesçai aux paroles de mon conseiller et ne quittai pas le palefrenier des yeux. Il est grand, athlétique, toute son attitude parle pour lui. Posé, discret, aimable, il serait parfait. Réellement parfait. J’admets volontiers que cette proposition soudaine peut désarçonner mais je n’ai pas vraiment d’autres choix. Les heures passent vite et la route qui nous attend est encore longue. Je serais infiniment plus rassurée de savoir un tel homme à mes côtés.

- Venez avec nous, Aaron. S’il vous plaît.

Je ne dispose pas d’épée mais j’ai mes propres armes. Un sourire bienveillant, un regard qui pourrait fendre une pierre en deux et des cils qui papillonnent à toute vitesse, en plus d’utiliser son prénom afin d’insister tout en finesse. C’est vil. Je sais.


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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 14 Mar 2020 - 21:48

En entendant la voix de la demoiselle dans son dos, Aaron se retourna, d'abord à moitié puis totalement à mesure qu'elle exposait son problème et la solution qu'elle entrevoyait. Ainsi donc, ses hommes étaient souffrants. Cela expliquait que leur table soit moins comblée que la veille. Plongé dans ses propres préoccupations, il n'y avait guère prêté plus attention que cela. Son fils et lui avaient de la route à faire et mieux valait en profiter tant qu'il ne pleuvait pas.
L'aventurier écouta la proposition sans un mot. Ils s'y mirent d'ailleurs à deux pour tenter de le convaincre d'accepter. L'une en appelait à son pragmatisme et l'autre à son altruisme. S'il était vrai que les deux voyageurs étaient comme tout un chacun et avaient besoin d'argent pour subsister, c'était l'avoir plutôt bien cerné pour lui demander un élan de bonne volonté. Pourtant, il doutait que le vieil homme soit au courant pour l'affaire de la botte ou même de la demoiselle de chambre qu'il était gentiment allé chercher. Etait-il aussi facile à décrypter ? Si tel était le cas, il faudrait qu'il s'en inquiète.

Alors qu'il s'apprêtait à répondre, ouvrant la bouche pour prendre une inspiration, il fut coupé dans son élan par la dernière réplique de la noble dame. L'attitude et l'utilisation habile de son nom l'amusèrent au point qu'il ne put s'empêcher de libérer un rire. C'était vil. Très vil... Il croisa les bras et prit un air faussement réprobateur.

-Vous trichez. Moi j'ignore votre prénom. Déclara-t-il comme s'il aurait pu s'en servir pour en user de manière aussi sournoise qu'elle venait de le faire.

Cependant, ce n'était pas son genre et cela était probablement inscrit sur son visage. Aaron était quelqu'un d'honnête et de droit. Le Duc de Serramire avait raison de lui trouver toutes les qualités pour en faire un chevalier. En d'autres circonstances, peut-être... Mais pour l'heure, c'était impossible.
Quant à l'affaire qui les concernait présentement, c'était une toute autre histoire. Il ne s'agissait que de l'affaire de quelques jours. Et sa décision était prise bien avant qu'elle ne tente de l'amadouer en le prenant par les sentiments. Il décroisa donc les bras et reprit.

-Il se trouve que nous allions justement à Serramire, nous avons quelqu'un à voir là-bas. Nous serions ravis de nous y rendre en bonne compagnie. Dit-il en inclinant légèrement la tête en avant pour signifier qu'il parlait d'elle -à défaut de pouvoir parler de ses compagnons de route avec qui il avait à peine échangé un mot-. Puis il se tourna brièvement vers Efren pour le désigner du regard avant de revenir sur la dame. Pensez-vous que vos hommes souffrirons que nous leur empruntions leurs chevaux ? Nous voyageons à pieds et j'ai la nette impression que vous êtes pressée.

Ce sourire discret et cette douceur dans la posture et l'intonation. Cela n'était en rien forcé. Elle l'avait sens doute compris, c'était un homme paisible qui ne cherchait guère les ennuis. Quelqu'un qui inspire la confiance. Et c'était sans doute ce qui les avait poussé à s'adresser à lui sans même lui demander son curriculum.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 15 Mar 2020 - 16:02

Il rit. J’ai un bref regard pour Geoffroy qui me le rend, furtivement. Il s’agit d’un rire bon enfant, pas d’une moquerie. Je le regarde croiser les bras et souris à mon tour, amusée, avant de me présenter, dans les formes cette fois.

- Je suis Louise de Fernel. Et voici mon plus sage conseiller, Geoffroy, dis-je en désignant le vieil homme à mes côtés.

J’attends la réponse avec un peu d’angoisse. Et s’il refusait, qu’allions-nous faire ? Tenter la chance jusqu’à Serramire ? Faire demi-tour ? Toutes les issues possibles tournaient en boucle en mon esprit mais il mit un terme à mon attente en acceptant sans réellement chercher à esquiver. Le soulagement s’affiche sur mon visage, tout autant que sur celui de Geoffroy qui approche d’Aaron et pose sa main sur son épaule, tapotant avec un sourire, en silence. Aaron vient de gagner le respect de mon conseiller, ce qui n’est pas chose aisée. Quant à moi, je me retiens, évidemment, de manifester trop fort ma joie. Je me borne donc à un beau sourire et un petit salut de la tête avant de répondre :

- Vous pouvez prendre les chevaux, évidemment ! Ils n’en auront pas usage ici, je pense, et vous n’allez pas marcher jusqu’à Serramire, bien sûr.

J’eus un coup d’œil pour le fils d’Aaron. Il me vint une idée, que je lui partage.

- Voulez-vous que je fasse disposer ma selle sur un de ces chevaux, pour votre fils ? Elle est plus petite, et s’il n’a pas l’habitude de monter, il s’y sentira plus à l’aise que sur une selle prévue pour un homme armé.

Je n’attendis pas sa réponse, je donnai un ordre en ce sens, refusant désormais qu’Aaron s’occupe de nos chevaux. Il n’est plus un palefrenier, il est un membre de mon escorte et à ce titre à droit à quelques égards, d’autant plus qu’il nous accompagne parce qu’il le veut bien. Tout autour de nous, les hommes s’activent. Je glisse un mot, en toute discrétion, à l’oreille de mon conseiller et vois Geoffroy se diriger vers le tavernier pour payer nos dépenses et celles de nos hommes qui doivent rester sur place. Voyant tout ce petit monde se mettre en branle, je prends alors la direction de l’étage, pour aller en personne prévenir les deux malades qui sont dans l’obligation de rester sur place. La déception s’affiche sur leurs visages, évidemment, tout autant que la douleur. Ils semblent réellement mal en point. Je les quitte en les assurant de venir les récupérer à mon retour et en leur disant que tous les soins sont payés d’avance pour plusieurs jours, de manière à leur apporter quelque apaisement. Il n’est jamais simple d’être abandonné, après tout.

Rejoignant les autres, je salue le tavernier en lui rappelant de prendre soin de mes hommes avant de sortir, et de me diriger vers Lasgalen, qui piaffait d’impatience. La selle est différente, ainsi que je l’avais demandé et cherche du regard quel cheval a été orné de ma selle. Je l’indiquai à Aaron, avant de monter en selle, avec toute l’habileté due à mon expérience et toute la joie de retrouver un ami. Passant une main sur l’encolure, attendant que tout le monde soit installé, je donnai une légère impulsion des jambes, prenant la tête de la petite troupe, à une allure modérée, toujours pour ménager le fils d’Aaron. J’approchai d’Aaron et dit alors :

- Chevauchez à mes côtés, je voudrais en savoir plus sur vous.

Avec un sourire entendu, j’attendis qu’il me rejoigne et ajoutai alors :

- Je vous remercie d’avoir bien voulu vous joindre à nous. A moi. Si je puis me permettre…quelles affaires vous amènent à Serramire ? Si je ne suis pas trop indiscrète ?

Une fois encore, j’ai un regard pour l’épée qui pend à son côté. Je suis très intriguée, évidemment.

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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 17 Mar 2020 - 23:02

Efren avait bien tenté de protester pour la selle mais la main de son père sur son épaule lui indiqua que cela ne servait à rien. La dame donnait déjà ses ordres en ce sens. L'adolescent tira alors sur sa capuche pour masquer son visage et se renfrogna en silence. On allait lui mettre une selle de femme... Il n'avait certes pas la carrure d'un soldat mais cela n'en restait pas moins vexant. Et pourtant, il était difficilement susceptible. Il y avait cependant des sujets auxquels il ne fallait pas toucher. Aaron avait bien prévenu la demoiselle la veille. Dans son élan de gentillesse, elle semblait l'avoir oublié.

Le quarantenaire remarqua bien vite que la noble ne s'était pas adressée à lui pour faire l'échange de selles. C'était un égard qui ne passait pas inaperçu à ses yeux. Elle les considérait déjà comme des membres de son équipée et plus comme des assistants du tavernier. Elle savait faire la part des choses et c'était appréciable.
Quelques minutes plus tard, tandis que tous attendaient dehors, Louise -puisqu'il connaissait désormais son prénom- les rejoignit. Aaron aida son fils à monter, ce qui n'était pas une mince affaire. Le problème ne résidait pas tant en la difficulté de se hisser sur le cheval que dans le fait de savoir dans quel sens et comment se placer. Il ne pouvait voir la tête de sa monture ni évaluer à quelle hauteur porter sa jambe pour la passer sur l'autre flanc. Son père le laissa donc étudier l'animal un petit moment avant de lui faire la courte échelle. A eux deux, il parvinrent à le mettre en selle sans trop de heurt, ce qui était assez surprenant. Puis le mercenaire régla les étriers et donna les rênes à son fils.

-Tu es sûr de vouloir me laisser conduire ?
-Un cheval suit toujours celui qui se trouve devant lui.
-Tu es sûr de ne pas confondre avec les moutons ? Demanda-t-il avec sarcasme, faisant mine de remettre en question les connaissances de son père à ce sujet.

Aaron s'éloigna dans un rire léger. Il était vrai que cela pouvait être incongru mais c'était la réalité. Tout du moins si on avait eu la présence d'esprit de confier à Efren un animal docile. Auquel cas, sa monture ne chercherait pas à s'écarter du chemin suivi par ses congénères.
Le voyageur rejoignit le dernier cheval disponible et grimpa sans trop de difficultés. Cela faisait bien longtemps qu'il n'était pas monté mais il avait toujours les réflexes. "Baissez vos talons !" Combien de fois lui avait-on répété cette phrase ? Il ajusta rapidement ses rênes et s'approcha de son fils pour en faire autant pour lui. Puis ils emboîtèrent le pas à la demoiselle qui s'élançait déjà sur la route. Sur les premiers mètres, Aaron donna quelques consignes et conseils à l'adolescent afin de garder l'équilibre et de commander a minima son cheval. Il ne s'en sortit pas si mal étant donné les circonstances.

Il ne fallut que peu de temps à Louise pour appeler son mercenaire fraîchement engagé à ses côtés. Resserrant ses jambes sur sa monture, il la rejoignit en quelques pas de trot. Les vieilles habitudes revenaient vite. Il écouta les remerciements de la dame mais n'y répondit pas. A vrai dire, c'était un arrangement mutuel : Ils allaient au même endroit, il serait payé, nourris, logé et en prime ils iraient plus vite grâce aux chevaux empruntés. Cependant, la façon dont elle le lui avait demandé et à présent de lui dire merci lui mirent la puce à l'oreille.

-Je vais rendre visite à une amie. Elle a récemment dû changer de vie, je veux simplement m'assurer qu'elle va bien et ne manque de rien.

Aaron se montrait des plus sincères en disant cela. S'il ne pouvait révéler l'entièreté de la situation de la jeune femme sans trahir une promesse faite à un Duc, son intérêt pour cette "amie" -à défaut de pouvoir l'appeler autrement- était réel et des plus bienveillants. Il voulait vérifier que certaines paroles avaient été tenues et qu'il n'avait pas à regretter de s'être finalement éclipsé de la discussion qui devait se tenir après son départ.
Le quarantenaire se tourna vers Louise et lui rendit sa question.

-Quant à vous, j'ai l'impression qu'il ne s'agit pas d'un voyage de courtoisie. Je me trompe ? Demanda-t-il paisiblement, manifestant dans son attitude qu'il supporterait parfaitement un silence en guise de réponse. S'il s'agissait d'une affaire personnelle, il n'avait pas à savoir de quoi il retournait.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 20 Mar 2020 - 22:02

J’ai tout le loisir d’observer le comportement d’Aaron avec son enfant. S’il y a une chose que j’ai apprise au fil des ans et ce malgré ma jeunesse, c’est qu’il suffit d’observer le comportement d’un homme envers une créature plus faible pour juger de son sens de l’honneur et de sa bonté. La façon délicate et si prévenante qu’il a de s’occuper de son fils aveugle, la manière douce  qu’il a de le guider, de l’installer, de lui expliquer, sa patience, tous ses gestes tendrement mesurés, tout cela m’indique qu’Aaron est un homme bon et digne de confiance. Mon instinct ne m’a donc pas trompée.
Prenant la tête de la troupe à une allure modérée, j’avais donc enjoint le nouveau membre de notre petite troupe à me rejoindre afin que nous puissions discuter et faire davantage connaissance. Il est toujours bon de savoir qui se joint à nous, après tout, même si après ce que je viens de voir et l’incident de la veille me laissent à penser que notre nouvel ami n’est pas un homme mauvais, très loin de là. Rien ne lui aurait été plus facile d’abuser de la situation ou de répandre des rumeurs à mon sujet, à cause de cette fichue botte et de cette sotte Eglantine effrayée par la vision de ce qu’elle est aussi : une femme.

- C’est tout à votre honneur de vous assurer que votre amie soit au mieux, dis-je d’une voix douce tout en l’observant à la dérobée.

Les hommes derrière nous chevauchaient en silence et je sentis le regard de Geoffroy peser soudain lourdement sur ma nuque. Un mouvement de la bride et je rapprochai Lasgalen de la monture d’Aaron, afin de parler plus bas tout en me penchant vers lui, amusée comme un enfant pris en faute :

- Nous sommes écoutés, n’en doutez pas une seule seconde. Je vous assure que rien de ce qui se dit ne tombe dans l’oreille d’un sourd…

Me redressant alors qu’il posait à son tour sa question, je pris un instant avant de lui répondre. Dois-je lui dire ? Peut-être qu’un avis extérieur serait après tout pertinent. Bien droite sur ma monture, je lui rendis un sourire aimable teinté de tristesse.

- J’aurais aimé qu’il s’agisse d’un voyage de courtoisie, d’autant que j’aime beaucoup découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes, de nouvelles contrées. Cela étant, non, il ne s’agit pas ici d’un voyage de courtoisie, en effet. Je suis en route vers Serramire afin de rencontrer le Duc.

Cette rencontre approche d’ailleurs. Et je me sens inquiète, fébrile, presque désemparée. Tous les intérêts de Fernel se jouent sur cette rencontre qui est pour moi le premier vrai exercice diplomatique en solitaire. Ce qui n’est pas simple à gérer, compte tenu des circonstances.

- Mon père est mort. Et ma mère, à l’heure où je vous parle, ne devrait plus tarder à le rejoindre. Elle ne pouvait prendre la route pour plaider notre cause donc je suis là à sa place. Notre territoire est menacé. Je suis en route afin de requérir l’aide de sa Grâce afin qu’il nous aide.

Expliquer tout l’historique de Fernel serait long et je ne voulais pas ennuyer mon interlocuteur. Quoiqu’il en soit, je sens que toute la joie que je ressentais encore ce matin, tout mon enthousiasme, tout cela vient de s’envoler. L’idée de laisser ma mère seule au château m’avait brisé le cœur en deux mais je n’avais pas le choix, la situation devenait urgente et je devais agir au plus pressé. Relevant un regard doux vers Aaron, j’avouai alors :

- Je ne l’ai jamais rencontré. Et j’ai peur de ce qu’il pourrait penser en me voyant. Père disait toujours de moi que je suis trop vive et trop impétueuse pour faire une bonne diplomate. Et il a raison. Et si, à cause de mon étourderie, de mon attitude, je venais à réduire toutes nos chances à néant ?

J’eus un regard vers le reste de la troupe qui soudain regarda dans toutes les directions sauf la nôtre, ce qui ne manque pas de me faire sourire.

- Mon conseiller me répète depuis des ennéades que si j’avais pris un époux parmi mes ennemis, nous n’en serions pas là. Je lui ai répondu qu’un mariage pour de mauvaises raisons ne pouvait avoir que de mauvais résultats…Qu’en pensez-vous, vous, Aaron ? Soyez honnête, je ne vous en voudrai jamais de dire le fond de votre pensée.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 21 Mar 2020 - 21:50

Loin de s'outrager ou de se trouver troubler par la proximité de Louise, Aaron tendit l'oreille et écouta sa messe basse avant de diriger un regard discret derrière eux. Ses yeux croisèrent ceux du conseiller qui semblait voir d'un mauvais œil ce qu'il se jouait devant lui. Dire qu'il avait appuyé la requête de sa jeune maîtresse moins d'une heure auparavant. Le vieil homme serait-il versatile ? Ou bien compartimentait-il les gens en fonction de leur classe sociale ? A moins que ce soit la demoiselle qu'il épie mais se serait faire preuve d'une absence flagrante de confiance en son jugement et ses compétences.
Le quarantenaire chassa toutes ces interrogations dont il saurait obtenir les réponses ultérieurement et reporta son attention sur le récit de son interlocutrice. Il entendit son discours, perçut son désarroi et comprit ses craintes. C'était sa première mission diplomatique -tout du moins sans l'appui de ses parents- et l'enjeu était de taille. Elle se rendait au-devant d'un Duc pour défendre une cause importante. Et elle devait le faire alors que le deuil de son père la marquait encore et que ses pensées étaient toutes tournées vers sa mère à l'agonie... Une peine et une compassion sincère traversèrent son regard lorsqu'elle évoqua sa famille. Puis elle réclama son avis sur la question des épousailles et sur la décision qu'elle avait prise. Elle l'interrogeait lui dont elle ne connaissait presque rien. Cela aurait pu le surprendre mais il savait quelle aura émanait de lui et il commençait à avoir l'habitude qu'on lui octroie aussi aisément sa confiance.

-Pour être tout à fait honnête, je suis contre les mariages arrangés. Je n'ai aimé et épousé qu'une seule femme dans ma vie et elle m'habite encore alors qu'elle a disparu depuis bien des années. Cependant, je conçois qu'ils puissent s'avérer nécessaires pour quelqu'un dans votre position. Dit-il avec douceur. Je pense que vous savez ce qui est bon pour vos terres, et donc pour vous. Si ces hommes n'étaient pas le bon choix, alors vous avez pris la bonne décision. D'autant que j'imagine que choisir votre époux parmi vos opposants n'aurait fait qu'énerver davantage les autres. Je me trompe ?

Louise ne lui semblait pas femme à penser en égoïste et qui savait donc faire les choix pour le bien de plus grand nombre. Il n'y avait qu'à voir tous les égards qu'elle avait eu pour son fils alors même qu'elle n'avait rien à en retirer puisqu'elle aurait été servie par les aubergistes quoi qu'il arrive. Son seul sang bleu obligeait le bas peuple à lui obéir a minima. Mais elle ne s'en servait nullement pour ses intérêts personnels. Il sentait que c'était une personne avec qui il saurait s'entendre sur plus d'un sujet.

-Quant à Arnaud, il est jeune et parfois impétueux. Mais il sait entendre une cause si elle est juste. J'espère qu'il saura prêter toute l'attention qu'il se doit à votre récit et décidera de vous venir en aide. Et, dans le cas contraire, dites-vous que les choses peuvent difficilement empirer. Il marqua une pause avant de conclure son idée. Vos terres sont déjà menacées. Fit-il tout en lui adressant un doux sourire qui se voulait rassurant.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 29 Mar 2020 - 22:55

Les mariages arrangés sont une sorte de loterie. Soit on a de la chance et on peut apprendre à s’aimer, ou à au moins se respecter le temps d’une vie. Soit on n’en a pas et là…Et là c’est une vie de malheurs qui s’annonce. J’ai vécu avec l’exemple de mes parents sous les yeux. Un mariage arrangé, comme tant d’autres parmi la petite noblesse. Ils se sont rencontrés une semaine avant leur mariage. Et ils ont appris à s’aimer, à se respecter, jusqu’au bout. J’en ai un bref sourire en y songeant. J’aimerais avoir autant de chance, en réalité. Epouser un homme bon et juste, vaillant et intelligent, un homme qui sera un soutien, et non un boulet à traîner, attaché à ma jambe. Et les prétendants à ma main ne se rangent malheureusement pas dans la catégorie des gagnants. Je les déteste cordialement et n’ai jamais vraiment réussi à le dissimuler.

- Quoique je fasse, que j’en choisisse un ou l’autre ou que je n’en choisisse pas du tout, la situation sera la même, ils seront de toute façon énervés. Et ces hommes sont tellement bas de plafond qu’ils seraient bien capables de me créer plus d’ennuis encore, par pure déception. Sans parler des pauvres gens qui vivent près des frontières…

Je me rappelai les quelques familles venues au château, à pieds pour les plus pauvres, dans des charriots pour les plus heureux, afin de se plaindre de la perte de leur maison, de leurs champs saccagés, de leurs biens malmenés. Toutes les exactions avaient la même origine. Et j’avais du longuement discuter avec Mère, qui était déjà fort malade, et avec mon conseiller. La seule solution se présentant à nous était une rencontre avec le Duc. Un Duc que mon interlocuteur semble connaître bien mieux que prévu puisqu’il l’appelle par son prénom, ce qui ne manque pas de m’étonner. Un étonnement qui prend la forme d’un sourcil arqué et d’un sourire content.

- Vous connaissez personnellement le Duc ? Comment est-il ?

Voilà qui est des plus intéressant. Peut-être aurai-je enfin l’occasion d’en savoir un peu plus à son sujet avant cette rencontre importante. Après tout, il n’y a pas de mal à se préparer en sachant qui on va rencontrer.

- Vous semblez le connaître assez pour l’appeler par son prénom, en tout cas. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Une petite toux condescendante me rappela à l’ordre soudain. Mon conseiller. Je lui jetai un regard incrédule, il me répondit en hochant la tête, de droite à gauche, dans un signe d’évidente désapprobation. Oui. Il a raison.

- Excusez-moi, je pose beaucoup trop de questions. C’est juste que je n’ai pas de réelle information à son sujet. Je sais juste qu’il est jeune. Personne ne m’en a donné une description convaincante. En tous cas, toutes celles que j’ai entendues divergent, j’en arrive à croire que plusieurs personnes portent son titre et son nom.

Lasgalen renâcle un bref instant, avant de continuer sa route. Moi, je me tais, plongée dans mes pensées. Je parle trop, je le sais, mais…Je n’ai pas vraiment d’ami, je n’ai qu’un conseiller et une garde qui assure ma protection, c’est tout. Rien qui ne s’apparente à un ami dans touts ces hommes qui me sont dévoués. Est-ce donc si mal de vouloir chercher un peu de compagnie ? Je pris une profonde inspiration et caressai alors mon hongre, pensive. Si j’agis de la même façon lors de ma rencontre avec le Duc, nul doute que je reviendrai bredouille. Sa Grâce doit être habituée à des personnes d’un tout autre pedigree et d’un autre prestige que celui de la Dame de Fernel.

- Je dois vous ennuyer avec toutes mes questions, excusez-moi Aaron.

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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 30 Mar 2020 - 22:28

Aaron haussa un sourcil. Avait-il bien entendu ? "Bas de plafond" ? C'était une expression bien curieuse à entendre dans la bouche d'une noble demoiselle. Finalement, la surprise passée, il étira un sourire amusé. Il appréciait cette franchise, même si elle n'était probablement pas au goût du conseiller de la de Fernel. Qu'à cela ne tenait, il l'écouta sans se soucier du vieil homme grincheux qui se tenait derrière eux. Louise laissa libre cours à son enthousiasme en apprenant qu'il avait rencontré un homme aussi puissant que le Duc. Son attitude l'amusa d'autant plus et il fut presque attristé de la voir se plier au rappel à l'ordre qui lui était fait. Il la regarda un moment, conservant son sourire, avant de finalement lui répondre.

-Vous ne m'ennuyez pas du tout. Dit-il paisible tandis qu'il posait sur elle un regard doux et sincère. Je préfère votre spontanéité aux règles que l'on vous a dicté. On n'étouffe jamais mieux la personnalité de quelqu'un que derrière des faux semblants.

Le message était assez explicite. Il l'invitait à conserver son naturel avec lui. Et peu lui importait les oreilles flétries qui les épiaient dans leurs dos. Il n'était pas homme à s'offusquer pour un écart de conduite ou à profiter de la faiblesse d'une jeune femme, il l'avait déjà prouvé. Mais ça, c'était un détail que le Conseiller ignorait... Néanmoins, Louise savait qu'elle n'avait pas besoin de se protéger avec lui. Tout du moins, l'espérait-il.
Et puisqu'il n'avait pas l'intention de prêter quelque égard que ce soit aux remontrances du vieil homme...

-Je ne peux pas vous dire comment je l'ai rencontré. Sachez seulement que je l'ai tiré d'un mauvais pas. Je peux bien me permettre de l'appeler par son prénom, non ? Fit-il d'un air espiègle.

Raconter l'anecdote qui leur avait valu de se croiser serait contre l'engagement qu'il avait pris envers le Duc, lui assurant de ne pas révéler le secret qui entourait leur premier échange. Il pourrait évoquer le fait qu'Arnaud, à la suite de cet évènement, lui avait proposé de le faire chevalier mais il était évident qu'il avait refusé et il avait parfaitement conscience que la jeune femme lui demanderait alors pour quelles raisons. Et, là encore, il ne pouvait lui répondre. Il préféra donc passer à autre chose.

-Je me suis contenté de l'appeler Monseigneur, c'est la première fois que j'utilise son prénom. Finit-il par corriger au risque de décevoir la demoiselle. User du patronyme de quelqu'un pour l'interpeller était autre chose que pour le désigner auprès d'un tiers. Notre entretien a été plutôt bref mais il m'a semblé être quelqu'un de bien. C'est un homme de parole, chose si rare dans ce monde lorsqu'on y réfléchit. Et si plusieurs personnes vous ont donné des versions différentes, c'est peut-être parce qu'il a su jouer son rôle. Quitte à en blesser quelques uns lorsque la situation l'exigeait. C'est le fardeau des puissants il me semble.

Contrairement à bon nombre de nobles et pauvres gens, Aaron n'enviait pas les gens de pouvoirs. Il faisait partie de ceux qui avaient conscience que d'avoir l'ascendant sur les autres apportaient aussi son lot de responsabilités. Il fallait savoir dire non lorsque la communauté l'exigeait, au risque d'offenser quelques âmes au passage. Et plus on montait les échelons, plus cette vérité se vérifiait... Lui préférait largement sa vie si simple, même s'il passait tout son temps sur les routes ou à travailler pour gagner son pain. Au moins, la seule personne qu'il avait sous sa responsabilité, c'était son fils et agir dans son intérêt lui était le plus naturel du monde.
S'il ne pouvait qu'espérer sincèrement qu'Arnaud viendrait en aide à Louise, le quarantenaire ne voulait pas le lui assurer et risquer de lui donner de faux espoirs. Car après tout, il n'avait aucun moyen de savoir quelle serait la réponse du Duc. Il ne le connaissait pas assez bien et le noble pouvait avoir mille raisons de lui dire non. Cependant, le problème qu'elle rencontrait l'intriguait et il souhaitait en apprendre un peu plus sur sa situation.

-Pourquoi attaque-t-on vos terres ?
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 8 Avr 2020 - 20:47

Le message est entendu et parfaitement compris. Je ne sais pas si elle se voit mais une immense lueur de joie, de gaieté et de connivence doit certainement éclairer mon visage en cet instant. Je peux lui parler sans devoir me modérer et je n’ose pas imaginer la figure de mon conseiller juste derrière nous. La vieille école, très vieille école même, doit sans doute se renfrogner et regarder ailleurs le menton haut. Je m’en veux un peu de le froisser si indirectement mais…enfin, je suis à cheval avec un gentilhomme tout à fait charmant et qui pourrait presque être mon père. Il est évident que je ne vais pas discourir de tout avec lui, et que je garde à l’esprit que je ne le connais que depuis quelques heures. Je ne saurais dire pourquoi mais Aaron m’inspire pourtant une confiance paisible. Il émane de lui quelque chose de rassurant et de bon, une espèce de force tranquille. Quoiqu’il en soit, je lui réponds, aimablement :

- Les faux-semblants sont parfois une nécessité, les règles également. Mais…Les règles sont là pour être enfreintes, sinon, la vie ne serait qu’une longue suite de moments insipides.

J’en reste là pour les inconvenances modérées. Inutile de froisser davantage mon conseiller. Il me sermonnera sans doute tout son content lorsque nous serons seuls, autant ne pas trop donner de grain à moudre à mon fidèle ami. Je reporte mon attention sur Lasgalen alors qu’Aaron parle du Duc. Être quelqu’un de bien aux yeux d’Aaron ne peut que me soulager un bref moment. Je ne saurais dire pourquoi mais je me fie à son jugement. S’il avait été un homme parfaitement détestable, nul doute que l’homme qui chevauche à mes côtés n’aurait pas manqué de me le dire ou, à tout le moins, de le laisser entendre. Si le Duc est un homme bien, il y a alors une petite chance pour que je reparte avec d’autres choses que de bonnes paroles et des souvenirs.

- Le fardeau des puissants…Dès que vous avez la responsabilité d’une vie, vous devenez puissant, Aaron. Ne feriez-vous pas tout pour votre fils ?

Je me tourne un bref instant vers le jeune homme et reporte son attention sur son père, avant de rougir un peu.

- Je suis jeune, c’est vrai. Je ne sais pas ce que c’est, être un parent, et j’espère le savoir un jour. Cela étant, je sais ce qu’on ressent quand les gens qu’on aime sont maltraités ou blessés. Fernel n’est pas un immense domaine, ce n’est qu’une petite seigneurie parmi d’autres, nous élevons des chevaux, nous en prenons soin et nous en faisons ensuite commerce contre ce qu’il nous manque, comme partout ailleurs.

Lasgalen renâcla alors, ce qui me fit rire. Ce cheval est ce qui ressemble le plus à un ami pour moi. On dirait qu’il comprend tout ce que je dis. Et tout ce que je ressens aussi.

- Ce n’est donc pas immense, pas bien grand mais cela a au moins un avantage…Nous nous connaissons tous ou presque. Les gens qui vivent sur mon domaine sont sous ma responsabilité. Je me déjugerais si je devais abandonner ces pauvres gens à leur sort sans tout tenter pour leur venir en aide. Cela n’a rien d’un fardeau C’est comme ça que je vois les choses. Qu’on dirige un royaume, un duché ou une seigneurie ne change rien à cela.

Je passe ma main sur l’encolure de Lasgalen qui secoua la tête. Je reporte alors mon attention sur mon voisin et continue, avec un sourire :

- Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai la responsabilité de dizaines de vies. Jamais je ne verrai cela comme un fardeau, ils font partie de Fernel au même titre que moi. Après…J’imagine que le Duc doit avoir des considérations bien plus importantes que les miennes. Je sais que la corruption règne un peu partout. Je ne l’envie absolument pas.

Un silence s’était installé derrière nous. On n’entendait plus que les claquements des sabots sur le chemin. Je n’osais pas me retourner, de crainte de croiser les regards de la troupe qui m’escorte. Je ne parle jamais aussi librement de ce que je ressens et de ma façon de voir les choses. Seule Mère avait pu entendre une partie de ce que je viens de dire à Aaron. Signe que cela n’avait outré personne, je n’entendis même pas mon conseiller toussoter pour me rappeler à l’ordre. Un peu gênée d’avoir parlé à cœur ouvert de cette façon, je regarde ailleurs le temps de trouver une réponse à sa dernière question.

- La raison est bien simple, Aaron, ils veulent tout simplement me mettre la pression. Ces hommes savent à quel point les gens de Fernel comptent pour nous, pour moi. Ils savent aussi que je ferais n’importe quoi pour les mettre à l’abri du danger alors…ils testent ma volonté, ils testent ma résistance. Ils s’en prennent aux granges, ils s’en prennent aux fermes et aux troupeaux. J’ai accueilli au château des malheureux qui ont tout perdu en leur apportant ce que je pouvais leur offrir de mieux. Alors…Avant que la situation ne dégénère davantage et que je ne sois plus capable de réagir, je viens donc chercher de l’aide auprès de la seule personne que ces fats personnages écouteront peut-être.

La tête basse, j’ajoute :

- Tout ce que j’espère c’est que Sa Grâce ne me conseillera pas de prendre l’un d’entre eux pour époux…J’espère qu’il se montrera ouvert à la discussion et à l’appel de ces gens qui ont perdu leur maison. Il n’y a pas beaucoup de soldats ni de guerriers, à Fernel. Je crains un envahissement, chaque jour qui passe. J’ai caché mon départ autant que possible pour qu’ils ne profitent pas de mon absence et de la faiblesse de Mère. Voilà pourquoi je force l’allure et que je ne m’attarde pas, vous comprenez ?
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 11 Avr 2020 - 20:58


Puisque Louise ne semblait pas vouloir poursuivre le débat, Aaron garda le silence. Il hocha simplement la tête en signe de connivence. Il était parfois bon de commettre une petite tromperie dans l'intérêt du plus grand nombre. Lui-même l'avait déjà fait, et pas seulement pour protéger son fils. Mais cela non plus, il ne pouvait pas lui en parler. A défaut de mensonge, il usait souvent d'omission volontaire afin de protéger ses secrets.

Le père de famille l'écouta ensuite parler de ses terres et de la façon dont elle percevait son devoir envers elles. Ou plutôt, envers les gens dont elle avait la responsabilité. Elle lui exposa sa façon de voir les choses et la trouva bien similaire à la sienne. Aussi, son discours était des plus normal à son oreille et il n'affichait aucune réaction particulière qui aurait pu laisser entendre le contraire. Cependant, il nota l'insistance sur le terme de "fardeau" et il comprit que son usage avait peut-être induit en erreur la demoiselle sur ce qu'il pensait de la noblesse et des devoirs qui allaient avec. Il entreprit donc de se corriger simplement.

-J'aurais peut-être dû parler de charge plutôt que de fardeau. Mais si j'ai utilisé ce mot, c'est parce que ces responsabilités peuvent parfois être lourdes à porter. Cela ne veut pas dire que l'on n'est pas prêt à les assumer pour autant. Conclut-il d'une voix paisible, lançant un regard à la jeune femme sans équivoque sur le fait qu'il était persuadé que cette dernière phrase lui correspondait. Elle vivait en effet des moments difficiles avec la menace qui pesait sur ses terres mais elle ne lâcherait pas prise sans se battre, portant pleinement sur ses épaules le poids de son titre, allant même jusqu'à rencontrer un Duc pour mener à bien la mission qui lui incombait.

Justement, Louise en vint à la description de la situation dans laquelle elle se trouvait. Harcelée par d'autres nobles qui voulaient ses terres par le mariage. Enfin, un air de désapprobation fronça les sourcils d'Aaron. Une désapprobation qui n'était en rien tournée vers la demoiselle mais bel et bien contre ceux qui voulaient la contraindre.

-Ils affaiblissent eux-mêmes les terres qu'ils convoitent. C'est tout bonnement idiot. Lâcha-t-il avec franchise sur un ton à peine plus sec qu'à l'ordinaire. Si l'un d'eux parvient à ses fins, la première chose qu'il devra faire, ce sera de réparer ses bêtises. Si une heure suffit pour faire partir une grande en fumée, il faut deux ans pour la remplir. S'il reste du grain à planter. Mais j'imagine qu'ils se moquent d'avoir ou non l'approbation de la populace du moment qu'ils obtiennent ce qu'ils convoitent.

S'il demeurait toujours très calme, c'était la première fois que le quarantenaire se montrait un temps soit peu agacé. Apprendre que l'on faisait souffrir des dizaines de personnes seulement pour avoir un petit lopin de terre le révoltait intérieurement. Un tel égoïsme ne pouvait provoquer une autre réaction de sa part. Il reporta finalement son regard sur Louise, son irritation lui ayant passé pour laisser place à de la compassion.

-Je comprends mieux encore que tout à l'heure votre décision de ne pas épouser l'un d'eux. Ils vous donnent plus de raisons de penser qu'ils sont de mauvais choix qu'autre chose. J'espère sincèrement qu'Arnaud vous prêtera son concours.

Ce serait la meilleure des solutions. Seule une autorité supérieure pourrait calmer le jeu de ses prétendants. Il souhaitait à la jeune femme que toute cette situation se règle dans les plus brefs délais et que la solution que le Duc lui apporterait lui convienne à elle autant qu'à ses gens. Un Souffle aussi pur et bienveillant que le sien méritait un dénouement heureux, et non pas de se retrouver enchaîner à vie avec l'un de ces importuns qui voulaient la contraindre au mariage.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 12 Avr 2020 - 16:06


- Aucun d’eux ne parviendra à ses fins, je préfère encore mourir que de devoir épouser un de ces hommes sans honneur.

Je suis parfaitement honnête et sincère en disant cela. Je préfère encore me jeter du haut d’une falaise plutôt que de céder mes terres à un homme qui les maltraite, qui les affaiblit et qui cause du tort aux personnes qui y vivent. Je ne suis pas comme ces grands seigneurs aux territoires immenses, de ceux qui peinent à calculer leurs richesses. La richesse de Fernel, c’est son peuple. Sans lui, cette terre ne serait rien et nous avons toujours agi de manière à protéger ce peuple qui nous le rend au centuple. Ils savent très bien qu’ils seront toujours reçus avec égard au château et qu’en cas de coup du destin, le seigneur de Fernel saura trouver une juste solution. L’échange est parfaitement équilibré : ils fournissent la nourriture, nous les défendons. J’entends continuer dans cette voie qui est profitable à tous.

- J’espère de tout cœur que Sa Grâce se rangera à mon avis et qu’il ordonnera la cessation immédiate des hostilités envers mon domaine. Je l’espère de toutes mes forces, Aaron…

Parce que dans le cas contraire, j’ignore comment je vais bien pouvoir me sortir de cette situation épineuse…

Le chemin jusqu’à la prochaine étape, une auberge un peu en dehors de la ville de Serramire, se fit sans encombre ni incident. Aaron et moi avons discuté tout le long du chemin, ne nous arrêtant que le temps de vérifier que tout allait bien pour Efren.  Il était toutefois temps que nous arrivions à destination. Le temps avait changé en un clin d’œil et la pluie avait commencé à tomber de manière assez intensive. Je fus bien heureuse de pouvoir entrer et me sécher. Geoffroy réserva toutes les chambres disponibles et, comme à l’étape précédente, nous avons pris un repas, discuté avant que tout le monde aille se coucher. Je restai cependant seule face aux flammes et tandis que tout le monde dormait, je fis une singulière rencontre qui eut le mérite de distraire mon anxiété avant l’entrevue qui devait survenir le lendemain et décider du destin de tellement de personnes, à commencer par le mien.

La pluie avait détrempé les chemins. La boue s’invita sur mes vêtements, sur ma cape, maculant le joli tissu qui nous avait couté si cher de tâches que je savais indélébiles. J’étais partie sur une jument prêtée par l’aubergiste, car je trouvais Lasgalen bien trop fougueux pour pénétrer dans la cour du palais. C’est donc crottée comme la dernière des paysannes que je fis mon entrée au palais de Serramire afin de rencontrer le Duc. La pluie tombant avec force, je me heurtai alors à un palefrenier qui me fit la conversation, de façon bien charmante…jusqu’à ce qu’il révèle son identité. J’avais devisé sans le savoir avec Sa Grâce qui savait déjà donc tout du but de ma présence en ces lieux et qui n’a rien dit, laissant le quiproquo s’installer. Très rouge, honteuse d’avoir été si sottement bernée, j’avais plongé dans une profonde révérence, avant de formuler officiellement ma requête, entre deux tas de pailles fraîche et les hennissements des chevaux. Le Duc connaissait le motif de ma venue, il refusa pourtant d’accéder à ma demande pour des motifs assez abstraits de gestion de territoire auxquels je ne compris rien. Tout ce que je compris par contre, c’est qu’il ne comptait pas intervenir dans un différent que je pouvais parfaitement régler moi-même.

Quand il dit cela, je jetai un coup d’œil sur la cour remplie de caisses et de victuailles en pagaille. Il se préparait là un festin immense. Et je compris que j’avais sans doute dérangé Sa Grâce, qu’il avait tout simplement voulu quelque peu s’amuser à mes dépens, au milieu d’ennuyeux préparatifs. Honteuse au-delà de toute expression, j’encaissai le refus, rappelant à Sa Grâce la loyauté du peuple de Fernel envers elle, avant de poliment m’en aller, après m’être une nouvelle fois abîmée dans une révérence pleine de respect. Inutile de chercher à débattre plus avant au milieu d’un tel capharnaüm. Juchée sur le dos de la jument prêtée par l’aubergiste sans avoir eu l’aide de personne pour pouvoir y prendre place, je sortis alors du palais. Enfin de sa cour. Parce que je n’ai pas pu poser un seul pied à l’intérieur du château. Le chemin jusqu’à l’auberge fut rapide. Je ne dis pas un mot, à personne, tout le temps que dura ce petit trajet.

Je fis mon entrée dans l’auberge, trempée jusqu’aux os, ruisselante d’eau, alors que dehors l’orage recommençait à gronder au loin. Je laissai ma cape à un crochet près de la porte d’entrée et me dirigeai sans un mot à l’étage afin d’enlever cette robe perdue, alourdie par la pluie. Une demoiselle de l’auberge se trouvait justement dans le couloir, je lui demandai de m’aider à ôter cette robe gorgée d’eau. Une fois débarrassée de ce carcan si lourd, j’enfilai une chemise sèche et une robe bien plus simple, discrète et élégante, avant de congédier la demoiselle. Je voulais rester seule, même si je me doutais que je ne pourrais rester bien longtemps isolée. Il me faudra expliquer les choses à mon conseiller, à Geoffroy, et pire que tout…à Mère. Comment faire…Que dire ? Je ne savais pas par où commencer et une angoisse noua ma gorge. Comment dire qu’en plus d’avoir échoué, Louise de Fernel est passée pour la dernière des paysannes idiotes, dans sa robe crottée, à confondre un Duc avec un palefrenier…Je n’ai pas le courage de descendre. J’ai furtivement croisé le regard de Geoffroy, en arrivant. Tout autant que celui d’Aaron. Mon conseiller est déjà au courant de mon échec, il l’aura certainement vu à mon attitude et compris à mon silence. Assise sur mon lit, je n’ai pas le courage de passer la porte et d’affronter le reste du monde.

J’ai fait tout ce voyage pour rien.

Je risque de ne jamais revoir ma mère vivante.

Je me suis ridiculisée.

J’ai l’esprit bien trop encombré par des sentiments composés de frustration, de honte et d’humiliation pour paraître maintenant.

Je sens alors une humidité perler sur mes mains jointes. Des larmes. Je peux bien pleurer un peu, ne serait-ce que pour évacuer tous ces sentiments négatifs qui me poursuivent dès l’instant où j’ai quitté l’enceinte du palais, après tout. Non ?
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 21:08

Aaron avait regardé la demoiselle rentrer et filer aussitôt vers les chambres. Il la regarda passer, l’œil intrigué et même inquiet. Nul besoin de la connaître sur le bout des doigts pour comprendre que les choses s'étaient mal passées. Sa mine basse et son regard fuyant parlait pour elle... Et puis, si elle avait obtenu ce qu'elle était parti chercher, elle leur en aurait fait part dès son arrivée. Elle n'aurait pas couru se réfugier dans ses quartiers.

-Laisse-moi deviner. Fit Efren, attirant de nouveau l'attention de son père qui n'était plus vraiment avec lui. On finit la partie plus tard ?

Les épaules du quarantenaire s'affaissèrent. Le garçon n'avait pas besoin de ses yeux pour comprendre ce qu'il se passait. Le silence de mort qui régnait désormais entre les compagnons de route de Louise était des plus évocateur étant donné le contexte. Et il avait entendu le mercenaire pivoter sur sa chaise. Il le connaissait suffisamment pour prédire ses prochaines actions. Il allait la retrouver pour savoir ce qu'il s'était passé et la consoler. Et peut-être même essayer de lui proposer une solution intermédiaire.

-Peut-être que quelqu'un peut me remplacer. Geoffroy ? Le Conseiller refusa poliment et Aaron se tourna vers les soldats. Si vous aimez les défis, c'est l'occasion. Je n'ai plus réussi à le battre depuis quatre ans.

Il omettait les quelques ennéades durant lesquelles Efren avait dû s'adapter à son handicap mais cela ne méritait pas d'être évoquer. Ce n'était qu'un détail sans valeur. Son fils était bien meilleur que lui à ce jeu de société, et de loin. Finalement, l'un des hommes se leva et avança dans leur direction, acceptant bien volontiers le défi. L'aventurier lui céda sa place et, tandis qu'il s'enfonçait dans le couloir, il entendait déjà son fils s'assurer que son adversaire connaissait les règles et commencer un brin de rappel.

Arrivé devant la porte de la chambre de la demoiselle de Fernel, le quarantenaire toqua trois coups avant de décliner son identité.

-C'est Aaron. Est-ce qu'on peut parler ? Demanda-t-il d'une fois douce à travers le pan de bois.
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 23:00


Les coups portés à ma porte me tirent de ma rêverie triste. La voix qui s’élève me fait pâlir un peu. Aaron ? Que vient-il faire ici ? J’aurais pensé voir surgir mon conseiller, mais au lieu de cela, notre nouveau compagnon de route se manifeste, ce qui ne manque pas de m’intriguer, quelques secondes, avant de m’inquiéter un peu. Est-il bien convenable de lui ouvrir ma porte ? La bienséance et les règles dans lesquelles j’ai grandi sont claires : un homme n’a rien à faire dans la chambre d’une femme qui n’est pas la sienne. Si Mère voyait ceci, elle en ferait certainement une jaunisse. Sauf que…Mère n’est pas là. Et je suis loin de chez moi, un peu perdue et désorientée, affligée par l’humiliation terrible que je viens de subir. Mère m’aurait fait la leçon, durement, je ne le sais que trop bien, mais elle aurait fini par tenter de m’apaiser par une accolade rapide avant de disparaître en me rappelant ses conseils avisés.

Mon regard oscille fébrilement entre la porte close, mes mains, la porte et encore mes mains. Quel mal y aurait-il à le recevoir ? Serait-ce donc si inapproprié ? Il ne me fera aucun mal, je le sais. Il a eu mille occasions de le faire depuis notre rencontre et il a toujours été le plus parfait des gentilhommes. Peut-être que cela me fera du bien, une voix amie qui ne me jugera pas, en cet instant. Je me lève alors et dit :

- Un instant.

Je passe mes doigts sous mes yeux pour en chasser toute trace d’humidité puis ramasse la robe gorgée d’eau abandonnée dans un coin pour la déposer sur une chaise. Debout près de la fenêtre, bien droite, je prends une profonde inspiration avant de dire, d’une voix douce :

- Vous pouvez entrer, Aaron.

Je suis partagée entre deux sentiments terribles : la tristesse immense résultant de mon échec et l’inquiétude de voir un quasi inconnu ici. Cela étant, j’ai confiance en lui, même si je ne me l’explique pas vraiment. A l’entrée de notre compagnon de route, je tente de garder une attitude digne et passe mes mains dans mon dos, pour dissimuler le fait que je suis en train de violemment les triturer afin de me contraindre au calme.

- Le temps est affreux dehors, j’ai préféré monter pour changer de tenue, je devais charrier des litres et des litres d’eau…Regardez le sol…C’est un désastre.

Oui, tout est absolument désastreux. Le sol est humide tout comme l’est mon visage, je le sens, je le sais, je suis d’un œil soudain trouble la chute d’une larme au sol. Agacée, mortifiée de ne pouvoir contenir mes émotions ainsi que me l’a si souvent appris ma Mère, je me détourne de lui à demi, préférant regarder par la fenêtre, sans dire un mot. Ce n’est pas très poli, ce n’est pas très courtois, mais j’ai la gorge nouée, je suis totalement incapable de dire quoi que ce soit de plus sans pleurer franchement. Et quelle image donnerais-je alors, en plus de l’humiliante vision de ma personne salie comme une paysanne, devenue un objet de moquerie condescendante de la part du Duc ? Je donnerais l’image d’une femme faible, isolée et totalement désespérée. A contre-cœur, je dois bien m’avouer que je suis les trois à la fois et que me cacher ne servira à rien. Et pourtant, une pudeur m’empêche de lui montrer ceci, comme si j’avais peur de ce qu’il pourrait penser de ma personne. Quel enfer, d’être si sensible, par la DameDieu…

Dans un effort, je dis alors, timidement :

- Pardonnez-moi, Aaron. Je fais de mon mieux pour n’inquiéter personne mais…J’ai du mal à cacher mon chagrin. Cela ne durera pas…Il faut juste que…

Que quoi ? Rien, en fait. Il n’y a plus rien à faire. Il ne me reste plus qu’à rentrer et à choisir un époux au milieu de ces affreux nobles voisins pour qu’enfin cesse les malheurs du peuple de Fernel. Et cette option est absolument insupportable. Totalement et irrémédiablement insupportable.

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron   L'auberge "d'à-côté" | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 21 Avr 2020 - 21:43


Aaron entra et ferma la porte derrière lui. Non, ce n'était pas conventionnel et on leur ferait sans doute les gros yeux ensuite mais peu lui importait. Si les gens de Louise tenait réellement à elle, ils n'iraient pas colporter des ragots dans son dos, surtout s'ils pouvaient la desservir dans une situation aussi délicate qu'était la sienne. Il observa le petit jeu de la jeune femme mais il ne fut pas dupe. Même de là où il était, il pouvait voir ses yeux rougis par les larmes et sentir la moiteur de ses joues séchées en hâte. Et rien à voir avec la pluie... Il se contenta donc de croiser les bras et d'attendre. Il le lui avait déjà dit : nul besoin de faire des manières avec lui. Elle ne tarda d'ailleurs pas à redevenir aussi sincère qu'elle l'avait été sur la route.

Finalement, le quarantenaire décroisa les bras et s'avança de quelques pas. Il n'avait pas l'intention d'empiéter sur sa zone de confort mais l'espace qui les séparait n'était pas propice à la discussion qui allait suivre, ni à l'objectif de sa visite. Il s'arrêta à une distance respectable d'elle mais suffisante pour lui faire savoir qu'il était à ses côtés. Quand bien même l'assistance d'un presque inconnu puisse lui être utile en quoi que ce soit...

-Que vous encaissiez la nouvelle. Acheva-t-il pour elle d'une voix paisible et d'un regard plein d'empathie. Il ne la jugeait aucunement, chacun réagissait de son mieux face aux évènements. Certains s'isolaient, d'autres frappaient dans quelque chose, d'autres pleuraient... Il n'y avait pas de bonne ou mauvaise façon de faire, chacun était différent. Apprendre une mauvaise nouvelle soumettait toujours les gens à un choc que l'on encaissait tous plus ou moins bien et plus ou moins vite. Une fois le choc passé, venait le temps de la réflexion. Je crois que vos hommes ne s'inquiètent plus : ils ont compris. Ce dont ils se soucient à présent, c'est plutôt de savoir ce que vous allez faire.

Il était sans doute trop tôt. Elle ne savait certainement pas comment gérer la situation sans l'appui du Duc. Elle lui avait bien présenté ce voyage comme sa dernière option. Mais peut-être n'avait-elle besoin que d'un œil extérieur, un regard neuf sur les choses. Il n'était peut-être pas de haut lignage mais il savait dispenser des conseils à ceux qui en avaient besoin et qui étaient prêt à l'écouter. Louise n'était pas une mauvaise personne, elle ne méritait pas ce qu'il lui arrivait, aussi ne la laisserait-il pas seule avec son embarras.

-J'avais espéré qu'Arnaud se montre bienveillant à votre égard. Qu'a-t-il dit ?
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