Demeure de la Maisonnée des Drukh

[DESCRIPTION DES LIEUX]


Après avoir traversé le dédale de rues sombres et malfamés qui composent le niveau zéro du Puy d'Elda, traversé les immenses arches sombres qui annoncent votre descente aux niveaux inférieurs et continuer votre marche pour aller aux confins sombres et reculés du niveau, ici seulement vous pourrez entrapercevoir au milieu des nuages sombres et de la brume épaisse les formes menaçantes de l'immense donjon de la demeure familial des Drukh.

Faite de pierres sombre, extraite d'une carrière non loin d'ici, et d'acier Drow elle se compose de plusieurs donjons le tout entourés d'un mur d'enceinte hérissé de pointes et de pieux de défenses acérés, aux allures effrayantes. Deux lourds battants d'acier renferme la citadelle derrière cette écran protecteur, gardé en permanence par une cohorte de soldat aux aguets. Après avoir pénétré dans l'enceinte intérieur et mené votre chemin dans le donjon principal vous serez confrontez à plusieurs passages de galeries qui mènent aux différents niveaux du donjon.

Le premier niveau étant consacré aux logements des soldats,à l'armurie et aux salles d'entraînements. Le seconde niveau est à l'entière usage de la famille qui y a installé ses appartements où l'on y jouit d'un confort non négligeable. Le troisième niveau est réservé aux loisirs et peut être aménagé en tant que point culminant pour la défense des lieux, parfois des duels s'y déroulent et nombre des points glorieux de la lignée des Drukh s'y est déroulé. Le rez-de-chaussé est une salle de réception pouvant service de réserve de nourriture en cas de siège. Les cachots et salles de tortures sont aux sous-sols.

Des passerelles d'acier mène à d'autres tours moins importants qui sont utilisé pour l'observation et la surveillance des alentours afin de garantir la sécurité de la demeure. Elles occupent également la fonction de place forte.

[Suite de Ça]

Il était vrai qu'Isilanth s'était quelque peu emportée en offrant cette opportunité exagérée d'acclamer son nom au-delà même de celui de leur Seigneur Tebryn, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Cette petite phrase s'était involontairement glissée hors de ses lèvres, sans doute pour aguicher les oreilles d'Elon, qui, semblait-il, appréciait les compliments. La demoiselle baissa légèrement la tête, reconnaissant son 'erreur', et se jura intérieurement de faire attention à ce que ceci ne se reproduise plus. Il fallait qu'elle contrôle ses pensées, tout comme ses mots, histoire de ne plus manquer de respect à quiconque lui était supérieur, qu'il soit présent ou non.
L'éclat amusé qu'elle vit passer sur le visage du jeune noble, ou plutôt, sur son sourire, la rassura. Sa remarque n'avait pas été aussi critique qu'elle ne l'aurait cru.

La suite se déroula en toute tranquillité. En Drow, 'galant' dirons-nous pour cette fois, Elon se plaça à sa gauche. À quelque part, l'écrivain se sentait en sécurité, puisqu'elle était en compagnie d'un féroce guerrier dont les capacités au combat devaient être impressionantes. Aussi, elle savait qu'il n'aurait aucun problème pendant leur promenade jusqu'au manoir.
Les yeux rougeoyant de l'elfe noire scrutait les alentours, mémorisant le chemin qu'ils prenaient pour se rendre à la demeure de son employeur. De temps à autres, elle aperçut également les silhouettes de gens qui s'éloignant de leur étrange duo, mais désintéressée par ces présences, Isilanth les oublia.

Bientôt, le décor changea. Les habitations commencèrent à apparaître moins fréquemment, la populace semblait quasi inexistante et la brume envahissait la rue, s'élevant en filaments opaques et immatériels. Lugubre, non, sinistre serait le bon mot pour qualifier l'ambiance qui régnait dans cette partie du Puy d'Elda. La demoiselle masquée apprécia le calme soudain de l'endroit. Soudain, une tour apparut. Haute, sombre et étrangement structurée, elle fit frissonner la jeune T'ssar. Quant à la révérance exécutée par Elon avec un brin de comédie, la pensée qu'il ait pu sombrer dans une folie passagère lui picota la tête.

Mais...Était-ce là la demeure de son illustre maître? La réponse à sa question silencieuse apparut à son tour; le reste du manoir se dressa devant eux. Son style particulier plut à la manieuse de plume, mais elle savait pertinement que jamais elle ne pourrait s'offrir pareille merveille. Et justement, c'était là le bon côté de se recevoir l'hospitalité du guerrier. Elle se plaça à l'écart du jeune homme lorsqu'il martela la porte d'entrée, admirant sans empressement les gravures que des artisans avaient créés. Elle ne savait pas exactement qui en étaient les créateurs, mais ils avaient accompli un bon travail.
Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit et ils passèrent devant un groupe de soldats, sans doute bien entraînés, qui lui jetèrent de drôles de regards. Un peu de visite en ces lieux était-elle si étonnante?

Suivant toujours son hôte, Isilanth jetait des coups d'oeil ça et là. C'était tout à fait charmant. Ils finirent par s'arrêter dans une belle et grande pièce et le noble lui posa une question intéressante. Elle avait certes envie de manger quelque chose et de se reposer, mais une envie plus pressante la tiraillait.

" Si possible, j'aimerais pouvoir prendre un bain et changer de vêtements...Vous comprendrez certainement que je ne voudrais pas souiller vos planchers ou encore avoir l'air d'une mendiante dans votre majestueuse demeure. "

Restait à savoir s'il accepterait. Autrement, Isil' se contenterait de sa tenue habituelle et quelque peu vieillie par les excursions et les promenades, bien qu'elle se forcerait à retirer sa cape et son masque.

C’était bien là les désirs d’une femme mais c’était tout naturel, la route avait du être longue et épuisante et il était vrai qu’Elon aimait voir ses proches serviteurs au meilleur de leurs formes. Cependant il était également tiraillé par le désir de voir le visage de l’écrivaine, ce masque excitait sa curiosité, mais il jugea qu’au moment du repas elle serait bien obligé de l’enlever et sur ce il déclara :

-Soit, on vous emmènera dans vos appartements où des vêtements pourront être mit à votre disposition, descendez ici pour le repas.

Il claqua des mains et une foule d’esclave habillé de robes blanches et doté d’un solide collier de pierre qui leurs enserraient le cou, jaillirent silencieusement des ombres. La tête baissée, l’air misérable et faible, ils étaient les fruits des récentes expéditions du seigneur Drukh en territoire humain. Certains avaient péris lors du voyage de retour sur les terres Drows, n’ayant pas supporté le climat ou les mauvais traitements, et ceux-ci ne tarderait pas à décéder dans les mois qui allaient venir. Principalement de sexe féminin, les esclaves se tenait à une distance respectable de leur seigneur et la crainte se lisait dans leurs yeux.

Deux féroces gardes veillaient à ce qu’aucun ne manque de respect où fasse un geste déplacé vers leur seigneur ou son invitée. Sans leur accorder le moindre regard le noble dit à haute voix :

-Accompagnez cette femme à des appartements convenables et gardez-vous de la toucher !

Deux domestiques sortirent des rangs et inclinèrent la tête d’un air de docilité craintive avant de faire un geste timide envers la femelle Drow pour l’accompagner à son logement. Elle disparut bientôt vers une des nombreuses galeries qui menaient aux différents niveaux du donjon principal. Elon ordonna sèchement qu’on lui enlève son armure et qu’on dresse la table. Les serviteurs s’inclinèrent et s’approchèrent de leur maître pour lui retirer ses plaques de protection en veillant à ne pas entrer en contact avec sa peau. Les gardes observaient chacun de leurs gestes, veillant à ce qu’aucun ne se saisisse d’une arme.

Elles transportèrent avec respect les différentes parties de l’armure sur un chevalet d’exposition, avant de l’aider à enfiler une robe de soie rouge et noir ainsi qu’une courte cotte de maille et de protège-bras en cuir souple rehaussés d’or. Elles parfumèrent ses cheveux avec soin et les nouèrent en une natte d’argent qui descendait le long de son dos. Une fois fini il les congédia sans cérémonie et reporta son attention sur l’agitation fébrile qui régnait chez les esclaves qui s’évertuaient à apporter les mets délicieux et à les mettre dans les plats déjà disposés sur la table.

Les viandes les plus exotiques aromatisés aux plus fines épices se trouvaient ici, les vins les plus couteux en provenance de sa cave personnel miroitaient déjà dans les verres en cristal ouvragé. Elon sourit à cette vue, qu’il était bon de se sentir maître chez soit ! Il s’empara discrètement d’un couteau d’argent qu’il glissa dans sa manche, simple précaution. Il prit place sur sa chaise alors que ses deux gardes du corps venaient l’encadrer à sa droite et à sa gauche pour assurer sa protection. Il se saisit avec un geste méticuleux de son verre, ses longs doigts sombres effleuraient le bord du récipient. Il trempa ses lèvres dans le précieux liquide sans pour autant le boire.

Il reposa le verre et pointa son regard sur l’entrée de la galerie nord attendant l’arrivée d’Isilanth. Il lui tardait de pouvoir parler avec la jeune femme et de découvrir ce qui se cachait derrière son masque à l’aspect sinistre. Elon n’aimait guère attendre mais il devinait sans mal que les femmes mettaient un soin et un temps excessif à se préparer.

Satisfaite de la réponse de celui pour qui elle écrirait désormais, Isilanth s'inclina et tourna ensuite son regard sur la bande d'esclaves qui venait d'apparaître au son sec et plaisant qu'avaient produits les mains du noble Drow. Les goûts du propriétaire de ce manoir auraient pu se voir par le fait que les domestiques étaient en grande partie composée de femmes. De plus, en avisant les éclats terrifiés dans les regards des servantes, la jeune T'ssar sut que son hôte savait comment imposer respect et crainte à ses...possessions.
Nouvel ordre, nouvelle vague de mouvements parmis la petite troupe soumise. Deux esclaves se détachèrent du lot et s'approchèrent d'elle. Elle ne dit rien et suivit sans plus tarder les guides improvisées qui venaient d'être mises à sa disposition. Pendant ce long moment où elle fut livrée à des mains étrangères, Isil' oublia son employeur, laissant ses sens apprécier pleinement ce qui se trouvait tout autour d'elle.

Le trio finit par s'immobiliser devant une grande porte, quand même moins stylisée que les battants à l'entrée, mais tout aussi remarquable et solide. L'une des esclaves l'ouvrit et fit signe à l'invitée masquée d'y entrer. Ce que celle-ci fit avec empressement. Ses 'appartements' étaient splendides, sobrement décorés et suffisamment grand pour qu'elle ne manque pas d'espace. Avec un sourire, la Drow se tourna vers ses aides et leur demanda de lui apporter une petite bassine d'eau chaude, des serviettes, une robe - s'il y en avait - ainsi que des huiles parfumées. Il fallait qu'elle fasse bonne impression au maître des lieux quand même...
On lui apporta ce qu'elle avait demandé et elle ordonna aux deux servantes de sortir pendant qu'elle s'arrangeait.

Une dizaine de minutes plus tard, Isilanth ouvrit la lourde porte, prête à aller rejoindre Elon pour le repas. Ses cheveux étaient propres et sentaient bons, et dépemment de la source lumineuse du coin, il paraissait presque être des cascades d'argent pur. Sa peau, maintenant nettoyée et arromatisée aux huiles parfumées, était beaucoup plus pâle, bien qu'elle contenait toujours une certaine pygmentation obscure. Pour le reste, elle avait retiré son masque ornemental, laissant place à toute sa fragile beauté, et avait délaissé ses habits pour revêtir une robe noire à corset, attachée par des filaments argentés. Et au lieu d'être pieds nus, pour faire changement, elle portait des sandales en cuir tressé.

" Amenez-moi auprès du maître. Je ne voudrais pas connaître les limites de sa patience... "

Sa demande fut une fois de plus exaucée et le trio refit le trajet précédent en sens inverse. Bientôt, elles arrivèrent à destination. Son talisman battant contre sa poitrine au gré de ses mouvements agiles, Isilanth fit irruption dans la salle où se trouvait son employeur. Ce ne fut pas une arrivée bruyante, au contraire. Toute discrète, la demoiselle avait voulu faire une apparition surprise. Ce devait être réussi...

" J'espère ne pas vous avoir fait trop attendre, noble maître. "

Elle s'inclina avec respect pour le saluer, puis darda son regard de feu sur lui. Il s'était également changé et la Drow trouva qu'il avait un certain charme. N,étant qu'une simple invitée, elle attendait qu'il lui dise de prendre place à table, où de nombreux et sans doute savoureux plats attendaient d'être consommés.

Les paroles d’Isilanth glissèrent sur le noble Drow qui, tout en continuant à faire tourner paresseusement le liquide carmin dans son verre d’un mouvement leste du poignet, la dévorait de son regard flamboyant. Il la détaillait de haut en bas, ses yeux s’arrêtant par moment à des endroits qui excitait le mâle qui était en lui, il accorda une attention particulière à ce qui avait été son premier objet de curiosité chez la jeune femme : son visage. Il fut captivé par son regard envoutant et ses iris rougeoyant qui se mariaient avec une délicatesse presque royale avec son teint plus pâle que la normale mais qui n’enlevait en rien à sa beauté.

Il suivit les courbes fines de son visage délicat y relevant les formes agréables de ses sourcils fin et une bouche saisissante par son éclat. L’aspect général donnait une impression de fragilité virginale qui n’était pas déplaisant au regard.

Ses cheveux argentés partaient vers l’arrière, derrière ses longues oreilles percées, pour tomber en cascade sur ses épaules où deux attaches en argent figuraient. La robe noire dont elle s’était vêtu était simple mais il allait bien au caractère de la Drow, Elon méprisait les femmes qui se chargeaient de musc et de fard. La beauté naturelle était inestimable. De plus ses vêtements épousaient à la perfection ses formes enviables et le désir monta dans le sang du guerrier Drow qui se fit violence pour garder un calme de façade. D’un geste de la main il montra une chaise en bois noble pour faire signe à la jeune Drow qu’elle pouvait s’asseoir.

Elle n’avait rien de commun avec les femmes qu’il avait déjà fréquenté. Son père lui avait refusé les amours que d’autres enfants de nobles n’hésitaient pas à s’encombrer et il n’avait découvert « l’amour » que très tard. Il se remémora un raid dans un village humain alors qu’il était âgé de vingt ans, la frêle humaine n’avait pas résistée à ses assauts mais curieusement Elon n’en avait retiré aucun plaisirs ni satisfaction, hormis celle de voir le visage en pleurs et de savoir son honneur souillé à jamais. Il avait ensuite fréquenté diverses courtisanes insipides qui tentaient de s’acquérir ses faveurs en le mettant dans leurs lits mais ils les méprisaient. Des rats qui s’accrochaient à ses basques, voilà ce qu’elles étaient.

Il était ridicule chez les Drows de parler d’ « amour », pour lui il n’y avait que le désir. Désir de posséder une femme, désir de la sentir sous sa domination et non pas ce sentiment mielleux et répugnant tel que l’ « affection ». Le guerrier avait de l’ « affection » pour son épée ou son destrier car il savait que jamais ils ne le trahiraient mais il n’avait jamais éprouvé la moindre confiance ni affection envers un être humain. Même son suzerain, il n’éprouvait pour lui que de l’admiration. Il était condamné à rester enfermer dans une solitude qui lui convenait tout à fait.


Il s’adossa au dosseret de son fauteuil et se calla confortablement avant de claquer des doigts dans un geste désintéressé pour ordonner la venue des plats et le commencement du repas. Il leva son verre pour souhaiter un bon appétit à son invitée et nouveau serviteur, celle-ci en sa qualité d’érudite et d’écrivaine n’avait pas le même statut que les autres et l’impression qu’elle avait fait sur le noble lui avait réservé une place à part. Néanmoins Elon savait qu’il ne devrait jamais s’y attacher de trop près. Le désir de possession, aveugle et mène à la perte. Il trempa ses lèvres délicatement dans son breuvage et en bu une gorgée, savourant le goût sucré du nectar qui descendit avec douceur dans son estomac, réchauffant son œsophage.

Alors que d’autres plats ne cessait d’arriver, Elon se saisit d’un couteau et préleva une part de faisan qu’il mit dans son assiette sans pour autant y toucher. Il regarda Isilanth et déclara sans ambages :

-J’ai l’intention de vous emmenez dans une de mes prochaines expéditions, je n’aime pas m’attardez sur mes gloires passées et préfère immortaliser mon présent. J’ai déjà prévu de faire une reconnaissance de certains lieux et de rendre visite à certaines personnes, par delà les territoires Drows. Hélas cela ne sera pas sans risque…La guerre nous refuse l’accès à certaines citées et il serait peu attentionné de s’y rendre.

Il fixa son regard sur la gemme bleu qu’elle portait autour du cou et qui reposait sur sa poitrine avantageuse avant de relever les yeux pour la fixer du regard. Il voulait la juger, serait-elle prête à l’accompagner où qu’il aille ? Ou bien l’abandonnerait-il alors qu’il serait dans une passe difficile ? Il avait déjà fait passer test similaire à ses soldats et avait eu l’occasion de voir les résultats de cette épreuve sur le champ de bataille

Suite au geste invitant de son hôte, la fine silhouette de l'écrivaine se déplaça, vers la chaise indiquée, avec une grâce toute féline bien plus accrue sans sa tenue habituelle. Elle prit place sur le siège confortable en faisant attention à la robe sombre qu'elle portait; autant la conserer en bon état puisqu'elle ne lui appartenait pas. Puis, son regard ardent se posa sur Elon, qu'elle étudia avec intérêt. Si elle avait constaté dès son arrivée dans la salle qu'il s'était changé, Isilanth n'avait pas prit le temps de le détailler. Ce fut avec une moue avide et intéressée qu'elle contempla le noble guerrier.

Ses cheveux étaient nattés en une longue tresse d'argent, dégageant ainsi son visage aux traits fins et qui semblait réfléter un désir soudain. Ce fut, sembla-t-il, une expression passagère, puisqu'il retrouva bien vite un visage calme et serein. Quant à son regard...Eh bien, la demoiselle avait l'impression de fixer deux rubis, aussi flamboyant que les flammes d'une chandelle. Un sourire amusé étira les lèvres de l'invitée alors qu'elle avisait la posture devenue plus décontractée du jeune Drow. Il n'y avait pas à dire, il était bel et bien maître de chez lui.
Tout en attrapant sa coupe de vin d'une poigne délicate, les iris rubiconds se dardèrent plus bas, observant l'habillement de son nouveau maître. Une tunique soyeuse de couleur rouge et noir - deux couleurs qui lui allaient à merveille, il faut bien l'avouer - une légère cotte de mailles ainsi que deux protège-bras finement ciselés de dorures. Ainsi paré, il ressemblait à un véritable seigneur, inspirant fierté et brutalité, tout en sommant le respect qui lui était du. Et encore, ce n'était que son apparence physique. Sa voix aussi avait quelque chose de spécial, d'accrochant, qui forçait les gens à porter attention.

Imitant le geste de l'héritier des Drukh, Isilanth leva son verre en l'honneur de son employeur, pour ensuite le porter à ses lèvres. Elle faisait fi du fait que son corps supportait mal l'alcool; que se soit un nectar doux ou une boisson forte, il ne lui fallait qu'une petite dose pour perdre la tête et ce serait bien le truc à éviter pour le repas. Alors, pour cette fois, elle prendrait ses précautions et ne boirait qu'une infime goutte du liquide carmin. Une tâche bien difficile puisque le goût de celui-ci était exquis, à la fois sucré et corsé. Un savoureux mélange...

Après avoir prit une gorgée minime du meilleur vin d'Elon, elle déposa sa coupe en cristal sur la table et déplaça l'une de ses mèches argentées derrière son oreille pointue. Par habitude, mais surtout parce que c'était un tic nerveux datant de plusieurs années, elle fit tinter les multiples anneaux qui décoraient son lobe ainsi que la partie haute de son oreille gauche. Eh oui, Isil' était un tantinet nerveuse par ce drôle de tête-à-tête, bien qu'elle n'en laissait rien paraître à son employeur de bonne famille. Intérieurement, elle espérait ne pas gâcher le repas en commettant une faute quelconque. Tout devait se dérouler sans incident, surtout parce qu'elle ne voulait pas décevoir l'être ô combien désirable qui se tenait à proximité.

D'ailleurs, celui-ci finit par prendre la parole et ce fut avec une attention mêlée de curisosité de la Drow l'écouta. Elle comprenait parfaitement qu'il préféra faire valoir de nouveaux exploits plutôt que de revenirs sur des faits passés; aussi, elle fut bien heureuse de cette proposition de l'accompagner sur les lieux même de ses futurs succès. En somme, c'était très intéressant. Une opportunité qui ne risquait pas souvent de revenir cogner à sa porte si jamais elle refusait ce voyage-ci.
La demoiselle se redressa quelque peu sur sa chaise et observa Elon. Les joues déjà légèrement rosies par les effets de l'alcool, bien qu'elle n'en ai pas consommé une tonne, Isilanth sentit un brin d'excitation la gagner au mot 'risque'. Qui avait-il de plus amusant que quelques dangers par-ci par-là, histoire de mettre un peu d'action dans l'aventure?

Son sourire, qui jusque-là était léger, s'agrandit davantage, laissant entrevoir sa dentition blanche et parfaite. Dans ses yeux, le noble combattant pouvait y lire de la détermination, mais aussi un envie profonde de voir le monde et les terres étrangères.

" Vous pouvez compter sur moi, honorable maître. S'aventurer au-delà de notre territoire respectif est quelque chose qui me plait bien. Le danger et les risques ne m'effraie pas; je serais même ravie de pouvoir vous montrer ma valeur au combat, puisque je manie l'arc avec une certaine adresse. Il pourrait vous être d'autant plus utile d'avoir une arme supplémentaire dans votre escorte, bien que votre force de frappe et votre maîtrise de l'épée doivent être exceptionnelles. "

Elle lui coula un regard admiratif, geste qui allait parfaitement avec ses paroles. Et comme la voix de l'écrivaine était sincère et totalement dépourvue de railleries...
Cet élément viendrait sans doute effleurer la vanité et l'égo surdimensionnée du jeune homme comme une agréable caresse emplie de promesses.

" Votre proposition m'enchante et m'honore réellement. Aussi, si jamais je peux faire quoi que se soit pour vous, ordonnez et j'obéirai. "

La jeune Drow devenait un brin trop entreprenant mais cela n’était pas pour lui déplaire. Il l’observa avec une attention toute particulière alors qu’il attendait la réponse à sa question. Son doigt mince et effilé tournait sur le bord de son verre à présent, dans un tic de réflexion qui lui était propre. Quand elle afficha son enthousiasme à voyager à ses côtés et explorer de nouvelles contrées un sourire se dessina sur son visage et lorsqu’elle annonce qu’elle serait heureuse de lui mettre son arc à son service il se retint de rire tout à fait. Elle ne s’imaginait pas les véritables conditions de voyage qu’il s’imposait à lui et à ses hommes, de plus il n’avait aucunement l’intention de partir accompagné, que penseraient les autres familles nobles s’il abandonnait sa demeure ?

Non cela devrait se faire discrètement, il en avait conscience. Elle lui offrait également ses talents guerriers, et il savait que mêmes les femelles Drow étaient de féroces combattantes, mais il ne lui demandait pas cela. Le tout avait été dit avec des flatteries enjôleuses qui étaient bien trop facile pour le noble, il voulait de la franchise de la part de ses serviteurs. Même si ces mots ne recelaient aucune trace d’ironie. Il coupa un morceau de sa nourriture et il porta la tendre chaire à sa bouche pour la mâcher avec délicatesse. Il aimait prendre son temps durant les dîners et il mangeait généralement peu.

Ainsi elle était prête à faire tout ce qu’il désirait ? Son regard s’attarda sur le contour de ses hanches et sa poitrine, un sourire amusé apparu sur son visage et il déclama d’un ton neutre :
-Je prends note de vos paroles…

Il se demandait si elle était prête à mourir pour lui et l’envie lui brûla de lui demander, cela faisait partie du test après tout, ce n’était pas une satisfaction purement sadique de voir son interlocuteur confronté à un choix difficile. Il décida de n’en rien faire, il ne voulait pas encore se séparer d’un individu aussi rare. Il lui demandait plus de manier la plume que l’épée. Il avala sa nourriture et laissa ses pensées vaquer au loin. Il était dans ses projets de se rendre au Cimétière de Obscurs, des rumeurs de richesses oubliées circulaient dans la cité et il voulait aller voir ça de ses propres yeux.

Il devait également faire une reconnaissance dans les forêts qui bordaient les routes menant aux royaumes elfiques et humains, pour la guerre qui se préparait. Il avait également quelques affaires qui l’attendaient dans la Dross, mais il n’y emmènerait point l’écrivaine. Certaines choses ne se devaient de ne pas être retranscrites. Il essayerai de s’y allouer les services d’un assassin et même s’il lui répugnait de frayer avec les insectes rampants qu’étaient le ramassis de bandits et de voleurs qui habitaient la Dross, il ne voulait pas courir le risque de s’encombre d’un assassin Drow qui risquait de lui prendre plus que la simple somme qu’il exigerait pour on travail.

Il se devait à présent de s’informer sur le passé de son nouveau serviteur. Plus en savait et plus il lui était aisé de les manipuler et de les tenir en son pouvoir. Il explorerait les recoins les plus secrets de son âme et finirait par trouver son point faible ou, à défaut, un moyen de pression. Nul ne quittait sa compagnie sans qu’il l’eut décidé ou désiré auparavant. Il reposa ses couverts, son plat terminé, il laissa le temps à sa convive de terminer son repas et déclara :

-Je me dois de vous demander qu’elle est votre expérience ? Avez-vous déjà auparavant écrit pour un autre noble Drow ? Jusqu’où avez-vous voyagé ? Avez-vous toujours des contacts avec votre famille ?

Cela ressemblait à un interrogatoire et il pouvait paraître grossier de sa part de la questionner ainsi mais il ne voulait prendre aucun risque, rien encore ne lui garantissait qu’il ne s’agissait pas d’un assassin qu’il venait d’accueillir en son sein ou d’une sorcière quelconque qui avait usé d’un habile maquillage. S’il avait le moindre doute à son sujet il n’hésiterait pas à empoisonner sa nourriture et à jeter son cadavre aux ordures. Il admettait mal qu’on le trompe ainsi.