Où l'on rallie les indécis

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Ril-Vywen
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MessageSujet: Où l'on rallie les indécis   Où l'on rallie les indécis I_icon_minitimeJeu 20 Sep 2012 - 7:52

4.

Où l'on rallie les indécis

    « Nous en avons déjà parlé, Hinudèl. » Las, Galadrel n'ajouta rien. Les sombres profanaient la lisière d'Anaëh depuis plusieurs jours déjà et c'était chaque fois la même rengaine. Si les troupes sylvaines étaient sur le pied de guerre, et ceux depuis que les premiers rapports avaient fait état d'un mouvement de troupe depuis Yutar vers la Porte, le Conseil d'Ardamir avait préféré privilégier la protection des communautés elfiques les plus importantes, au détriment des autres, plus isolées. « Pourquoi toujours revenir sur ce que nous avons décidé ? Tant que les troupes royales ne nous auront pas rejoint, la priorité reste la protection de notre peuple.
    — Et à quel prix, Galadrel. À quel prix ? » Hors de lui, N'hyael foudroyait le vieux conseiller du regard. Autour de cette table se jouait, en miniature, le destin tragique des elfes car, de fait, Galadrel avait vécu toute sa longue vie entre les murs de sa cité alors qu'Hinudèl, lui, était le doyen des Sarïn, que l'on disait être le clan le plus important de l'Ardamir. Les deux hommes enchaînaient les joutes verbales depuis le début les premiers rapports des éclaireurs, jusqu'à faire oublier qu'ils n'étaient pas seuls à siéger au Conseil. Malheureusement, l'absence d'un Seigneyr Protecteur pour arbitrer les débats les avait peu à peu vider de leurs substances si bien qu'on murmurait que N'hyael évoquait la possibilité de ne plus venir, tant la situation le dégoûtait. Déjà, les siens avaient commencé à agir sans l'aval de l'assemblée, du jamais vu depuis près de trois cycles. Ce jour là encore, il n'y eut que deux elfes pour parler et ce jour là encore, le statu quo fut préservé. Galadrel n'allait pas s'en plaindre. Tant qu'il tenait N'hyael en respect, il contrôlait de fait le Conseil et donc la destinée du Protectorat entre ses mains. Tout respecté qu'il fut, le Sarïn n'en demeurait pas moins un elfe bien différent des soldats qu'il réclamait tant. Ces derniers suivraient les ordres venant de la cité.

    Quand Ril-Vywen se présenta aux portes du Conseil, ce dernier n'était réuni que depuis une heure à peine et, déjà, la voix pleine de colère et de rage de N'hyael emplissait l'espace. Galadrel ne prenait même plus la peine de répondre si bien que le Sarïn en venait à parler seul, invectivant tour à tour Junil, que tous considéraient comme une guérisseuse respectée et reconnue pour ses talents, Faërinil, vénérable mage de l'Académie d'Aerandir et Lamel, le maître des armées. Chaque fois, ils observaient un moment Galadrel et soupiraient. La rage poussa l'elfe à frapper du poing sur la table, faisant sursauter l'assistance qui ne s'attendait pas à pareille violence. « Vous vous oubliez, mon ami, tenta de tempérer Junil. Elle ne baissa pas les yeux face au regard noir du Sarïn, qui finit par capituler. Se laissant retomber sur son siège, il croisa les bras. Il allait ajouter quelque chose quand l'unique porte de la pièce s'ouvrit.
    « Vous ne pouvez pas entrer, pas alors que le Conseil est réuni ! » dit quelqu'un, un garde peut-être, avant que l'Anaarooma et deux Mathars n'investissent la salle et démontrassent son échec à les raisonner. Ril-Vywen fut la dernière à se présenter et tandis que ses guerriers se plaçaient de part et d'autre de l'assemblée, elle posa ses Manaahen sur chacun des elfes en présence. Ce fut Galadrel qui, le premier, brisa le silence qui s'était emparé de la salle. « Je ne crois pas que les Almugkarkas fussent jamais invité à participer à ce Conseil. Que nous vaut l'honneur de ta présence, Ril-Vywen ? Les temps sont sombres et nous n'avons que peu de temps. » Il regarda les Mathars. « Était-il nécessaire d'amener tes guerriers ? » Sa voix était teintée de suspicion et il était clair qu'il n'aimait pas cela. La druide et lui s'étaient entretenus plusieurs fois, la première était venue plusieurs fois le voir alors que les siens commençaient à s'installer, pendant le Voile. « L'heure n'est plus aux honneurs, conseiller Galadrel. L'heure appartient aux sombres. » À l'exception de N'hyael, qui n'avait pas esquissé le moindre mouvement depuis l'arrivée de la druide, tous réagirent à cette provocation. Pour ramener le calme, Galadrel reprit la parole — et fit montre, par la même occasion, de son influence — : « Crois-tu vraiment que nous ignorons ce qui se passe ? Je sais le mépris que tu nous portes, Ril-Vywen, il n'a d'égal que celui de notre ami N'hyael. » Pour cette remarque, le regard du concerné devint plus sombre encore, si c'était possible, mais encore une fois il ne répondit rien. « Lui, au moins, respecte les traditions de son peuple.
    — N'hyael Sarïn possède tout mon respect, de même que tous les gens présents ici, tempéra la Anaarooma alors que Junil tentait d'intervenir, choquée par la véhémence des propos du vieux conseiller. « Hier, Dyarque de Lanthaloran vint à Anaëh, il hurla sa détresse à nos frères et sœurs les arbres et ils lui répondirent en lui envoyant la Blanche. Par sa voix, Anaëh promit son aide au Seigneur Protecteur d'Anaëh et nous descendîmes tous au devant des sombres, jusqu'à la Porte, jusqu'à Ellyrion, et nous sauvâmes nombre de fils de la Mère. Aujourd'hui, nous venons à vous et hurlons, comme Dyarque avant nous. Aujourd'hui, Almugkarka observe les attaques sombres et pleure votre absence à ses côtés. Lorsque nous sommes venus ici, lorsque nous avons tourné la Taurenorn, lorsque nous avons effectué notre migration, ainsi que nous l'avons toujours fait et le ferons toujours, nous sommes venus ici et avons prévenu Galadrel. Almugkarka protège et préserve. Aujourd'hui, nous revenons et avouons notre détresse, car Almugkarka ne peut plus protéger et préserver. Il est seul et impuissant. Comme Dyarque hier. Mais nous savons qu'ensemble, nous pouvons bouter les sombres hors de nos terres, et ainsi sauver nos frères et sœurs les arbres et l'œuvre de la Mère. »
    Surpris par ce long discours, la plupart des conseillers se turent et tous les regards convergèrent vers Galadrel qui, d'un coup, semblait plus las qu'énervé. « Nous en avons déjà longuement parlé avant ton arrivée. Nous ne pouvons pas prendre le risque d'aller à la rencontre des sombres. Qu'arriverait-il, si nous étions vaincus ? Notre peuple serait à la merci des attaques de Yutar. Nous devons attendre, Ril-Vywen. Parfois, la décision la plus sage est aussi la plus difficile.
    — Nous ne doutons pas que ce Conseil a longuement réfléchi à la question. Mais nous pensons que vous avez tort. Car ce que ce conseil oublie, c'est que notre peuple est déjà livré à lui-même et qu'il souffre déjà du joug de Yutar.
    — Tous sont libres de venir se réfugier derrière nos murs, dit doucement Junil.
    — Tous devraient être libres de vivre là où ils le souhaitent et c'est là la mission de ce Conseil, » rappela Ril-Vywen sans trembler.
    Galadrel leva les yeux au ciel. Que pouvait-il dire qu'il n'avait déjà rabâché ? Ril-Vywen, en plus de bafouer bien des traditions, n'apportait rien que des suppliques sans fondement. Devait-il donc s'excuser de prendre la bonne décision, alors que la guerre les frappait tous ? Qu'y pouvait-il, si certains elfes refusaient la main tendue et mouraient ? Il était fatigué, épuisé même et n'avait qu'une envie, que cette mascarade cessât pour qu'enfin, il pût se concentrer sur ce qui en valait vraiment la peine.
    « Les Sarïn répondent à ton appel, Almugkarka. » La voix d'Hinudèl trancha le silence et tous les yeux convergèrent vers lui, Manaahen compris. Ril-Vywen s'inclina légèrement alors qu'un concert de protestations naissait autour d'eux. Junil et Faërinil tentaient tous deux de les convaincre d'abandonner leur folie. Galadrel n'avait pas réagi et Lamel avait gardé le silence, mais quelque chose avait changé dans son regard. « Et quand nous reviendrons, victorieux, nous offrirons au conseil la tête du sombre qui mena cette armée contre nous. » Avec un sourire sincère, Ril-Vywen acquiesça : « Ainsi soit-il.
    — Ainsi soit-il. »
    Ainsi parla Lamel, maître des armées, à la surprise générale et au grand damne de Galadrel. Ainsi elfes de pierre et elfes de bois décidèrent-ils de marcher, d'un même pas, contre leur ennemi commun. Parce que le courage de deux lames suffit à enflammer la troisième.
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