[Chambre De Dragan et Rév] N'oublions rien...

- "Je crois que je l'avais remarqué... que tout le monde l'avait remarqué..."

Un sourire taquin et aussi teinté d'admiration ourla ses lèvres. Révérie ne faisait rien comme tout le monde et se fichait pas mal du protocole. Le protocole exigeait d'elle qu'elle porte corsets et robes ajustées? Eh bien la jeune femme mettait voilages ou chemises qui dévoilaient un peu trop son anatomie. Et ce n'était qu'un exemple parmi cent autres. Mais il l'aimait aussi pour sa farouche indépendance. Pour cette façon de tenir tête à la bienséance imposée. Et pourtant, elle savait céder et se parer des plus exquises toilettes pour complaire à Dragan lors de visites officielles. Pour lui faire honneur. Elle n'avait pas besoin de cela, son charme et sa simplicité naturels suffisaient à conquérir leurs interlocuteurs.

Il l'avait invité à venir dans ses bras, ce qu'elle ne fit pas. il était allongé sur le dos, la tête surélevée par les oreillers et elle, elle était allongée sur le ventre, son menton sur son torse. De fait, elle lui offrait une vue imprenable sur ses fesses bombées et musclées. Il n'allait surement pas s'en plaindre. Elle replia ses jambes comme une enfant qui serait allongée dans l'herbe et jouerait avec quelque fleur ou quelque insecte innocemment.

Il promena sa main sur son dos, jusqu'à la naissance de ses fesses si pâles et si tentantes et répondit un peu absent à sa question.

- "Tu me connais trop bien."

Il lui avoua ce qu'il avait sur le coeur, en partie parce qu'il n'y avait pas de secrets entre eux. Elle le laissa parler sans l'interrompre. Il la vit secouer doucement la tête quand il eut fini de s'excuser. il sourit quand elle rappela qu'elle était capable de se battre.

- "Je sais, comme je sais que théoriquement tu serais plus apte à me protéger moi, que le contraire..."

Oui, c'était un peu vexant de savoir que sa femme était capable de l'allonger en un tournemain si l'envie l'en prenait. Mais il en avait prit son parti. Il savait se battre, il était excellent en corps à corps et un contre un contre un adversaire se battant à l'arme blanche. Sur un champ de bataille, c'était différent... Mais sur une escarmouche, il saurait se défendre. Elle lui avoua alors ce qu'était exactement son statut. Il eut un petit rire un peu géné avant de plaisanter :

- "Au moins une discipline où tu n'es pas douée..."

Elle lui rappela alors qu'elle était moine guerrière avant tout... et que donner la vie avait été bien plus difficile que de l'ôter. Il pâlit un peu en se souvenant de ce jour là. Il avait bien cru la perdre... Et il n'était pas sûr qu'elle survivrait à une deuxième naissance... Aussi avaient-ils décidé d'un commun accord de prendre les précautions nécessaires pour que cela n'arrive pas. Surtout si tôt après l'accouchement, surtout en sachant qu'ils avaient des siècles devant eux. Les elfes n'étaient pas très féconds, les drows non plus, mais Rév était tombée enceinte presque aussitôt leur premier rapport.

- "Je sais, Voilà pourquoi je dis que je suis stupide de t'embêter avec cela. Il n'y a aucune raison de m'en faire mais..."

Il hésita, et finalement, se décida :

- "Je ne sais pas, j'ai comme la sensation persistante que quelque chose va arriver. Je ne suis pas tranquille. Et je ne sais pas pourquoi. Peut-être à cause du climat de peur qu'ont instillé les drows... mais j'en viens à savourer n'importe quel moment de bonheur avec toi et les enfants de peur que cela me soit arraché par la guerre..."

Allonger ainsi, Dragan lorgnait outrageusement sur ses reins, ses yeux caressant sa peau. Elle était toujours aussi amusée de le voir ainsi poser ses mains sur son corps alors que ses yeux la dévoraient et qu’il répondait d’un air absent. Sa peau sombre contrastait toujours avec insolence à coté de la pâleur de Révérie, tout somme son regard blanc qui trouvait éco dans ceux couleur glace de l’elfe.

« Je vie avec toi depuis bientôt un an, heureusement que je commence à te connaître tout de même… hihi. »

Mais voila qu’il semblait s’assombrir un peu, il avait peur et lui avouait sans honte. Elle tenta de le rassurer comme elle le faisait toujours mais cette fois si quelque chose lui dit qu’elle n’y arrivera pas quand il reprit la parole. Il avait cette boule dans l’estomac, cette impression que quelque chose allait arriver. Alors la métisse l’écouta à nouveau, doucement son visage rieur se fit peiné, puis un peu triste. Comment lui rendre la confiance qui lui faisait défaut en cet instant ?

Elle se redressa, venant d’asseoir sur son ventre. L’hybride avait peint sur son visage une moue boudeuse et légèrement triste, elle murmura à moitié rassurante mais surtout enfantine.

« Si tu ne veux pas de nous dit le tout de suite et vas a Kirgan seul… Je resterai ici si seulement ça pouvait te rassurer. Mais vois tu, je sais que tout ira bien. Si jamais tu doute de cela, je peut faire appel a mes frères. Saint ange nous enverra en quelques jours plusieurs moines et avec un peu de chance il y aura même notre moine préféré. Tu te souviens sans doute du père Phillipus ? Tu sais celui qui a noué si fort le lien a nos poignets que nous n’avons pas pu sortir de la chambre avant plusieurs jours. »

Elle essayait par tous les moyens de lui redonner le moral et elle lui fit un sourire rayonnant pour lui montrer combien elle était confiante.

« Dragan… lis sur mes lèvres… Tout, ira, bien… alors ne t’en fait pas. D’accord ? Et puis si tu vas mal les petits vont le sentir et pleurer dans tes bras, tu le sais bien. »

Leurs enfants, comme tous les enfants étaient sensibles à l’humeur de leurs parents après tout.

La force du couple étant sans conteste la confiance... la complicité, cette merveilleuse impression de pouvoir tout dire, sans peur de la réaction d' l'autre. oui, Dragan avouait sa peur, sa faiblesse, mais il n'en concevait nulle honte devant Révérie. Parce qu'il n'y avait pas de honte à avoir entre deux époux. Il lui exposa alors ses craintes et ses angoisses et si la jeune femme répondit d'abord avec légèreté, elle comprit vite que cette fois, il était vraiment sérieux. Aussi quitta-t-elle sa position allongée pour venir s'asseoir sur lui, une mine d'enfant boudeuse sur le visage.

Elle lui proposa de rester là, guère convaincue, avant de proposer l'aide des moines et en particulier de celui qui l'avait élevée. Elle ne put s'empêcher de glisser une note d'humour dans sa voix en faisant référence à leur mariage et aux journées passées enfermées à cause du lien trop serré. Il ne put retenir un sourire à l'évocation de ce souvenir.

- "Non, te laisser ici n'est pas une solution. je me ferais autant de soucis que si tu viens avec moi, sauf que si tu viens, au moins, tu seras avec moi."

C'était réglé, elle viendrait avec lui à Kirgan, avec les jumeaux. A choisir, il aurait l'esprit plus tranquille en la sachant près de lui, que seule à Ardamir, même si ici, il y avait moins de chance qu'il lui arrive quelque chose. Mais il connaissait le caractère libre de sa femme et s'était juré il y a bien longtemps de cela de ne jamais l'entraver ou lui interdire quoique ce soit.

- "D'accord. Et tu as raison, je ne voudrais pas les inquiéter."

Il retrouva le sourire et se saisit de sa taille, avant de passer ses mains derrière son dos et de l'attirer à lui.

- "Que ferais-je sans toi, hum? Je suis désolé pour ces angoisses irrationnelles. C'est juste que... enfin, si jamais je te perdais, je me perdrais moi-même..."

Son âme soeur... Elle avait comblé le vide laissé par la mort de sa jumelle, la perdre serait perdre la moitié de son âme... la totalité de son coeur. Il l'embrassa alors pour sceller ses paroles, pour goûter le plaisir du contact réconfortant et sensuel de sa divine et enfantine épouse.

- "Tu crois que nous arriverons à faire nos valises avant de partir?"

La note espiègle dans sa voix était revenue. Les nuages sétaient éloignés, temporairement.

! Enfin, il avait délaissée l’idée stupide de la délaisser seule dans se palais immense. Enfin seule c’était un grand mots, mais pas pour Révérie. Il l’embrassait, scellant ses dires du contacte de ses lèvres comme a son habitude. Doucement elle caressa à nouveau la joue de son époux et fit une moue en murmurant une phrase chantante.

« Un être vous manque et le monde est dépeuplé. »

Elle posa ses mains si blanches au dos rougeâtre et couvert de cicatrice de tout âge, sur le torse a la couleur caramel de son compagnon, plongeant son regard blanc azure, dans celui glacial de Dragan.

« C’est ce que je ressentirai si je te perdais Dragan. Je n’arrive pas a exprimer mes sentiments pour toi… Acamerel a été cruel de nous infliger des sentiments aucun mot ou aucune expression ne peut exprimer. La moindre caresse ne reflète pas cet amour… La seule chose que je sais, c’est que c’est ton amour qui a remplacé le sang qui coulait jadis dans mes veines. Sans toi je ne suis rien… avec toi je suis capable de tout. Tu es ma folie et ma raison, ma sagesse et ma jeunesse. Celui qui guide mes pas dans un monde encore trop grand pour moi… et celui que je n’hésite pas a rattraper quand il chute. Alors crois moi… je comprends tes peurs mieux que quiconque, puisque les mêmes m’étreigne de temps à autre le ventre. »

Puis enfin elle regarda autour d’elle pour répondre à une question délaissée. Elle soupira et se redressa totalement en regardant les mains de son époux sur ses hanches.

« J’en doute Dragan… très sincèrement j’en doute. »

Elle fait une petite moue enfantine.

« que se soit a cause de l’envie de ton corps ou des petits… je ne crois pas pouvoir faire ses maudites valises… je vais devoir me résigner a les laisser être faites par les domestiques. Mais cela m’horripile tout de même ! Elles vont croirent que je leurs laisse du terrain ou tout simplement qu’elle en gagne et que je commence à plier. »

La phrase de Révérie était on ne peut plus vrai. Sauf que ce n'était pas un être, mais Elle... Celle qu'il tenait dans ses bras, celle qui illuminait ses nuits de son amour, et adoucissait ses journées de sa tendresse.

- "Finalement, tu arrives très bien à exprimer ce que nous ressentons Rév, mais de la part d'une barde talentueuse, cela ne m'étonne guère."

Il se mit à rire quand elle lui répondit que non, les valises ne seraient surement pas prêtes avant le départ si elle ne recevait pas d'aide. Puis, elle parla de la considération des domestiques à son égard.

- "Oh non, je ne pense pas. M'est avis qu'elles vont bien se rendre compte que tu es une épouse et une mère très demandée... Qui doit satisfaire trois hommes fous d'elle... On serait débordée à moins."

Esopiègle, il lui embrassa la gorge, quand résonna soudain un petit chuintement, suivi de pleurs... Ah, quand on parle du loup... Avec un soupir amusé, il délaissé le corps de Révérie et se redressa, renfilant rapidement pantalon et chemise 'chemise azuré de leur rencontre, celle par laquelle tout avait commencé).

- "Je te propose un marché pour sauvegarder ta réputation de marquise rebelle : je m'occupe des petits et pendant ce temps, tu fais les valises."

Il se pencha vers elle et l'embrassa, avant d'aller dans la pièce voisine, prendre Lomion dans ses bras, qui cessa de pleurer pour simplement continuer quelques petits bruits plaintifs mais pas très convainquants. Non, décidément, il ne pouvait pas abandonner tout son petit monde ici.

Impossible...

[FIN]