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 [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.

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Rhynilee Melrahel
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MessageSujet: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeSam 4 Avr 2009 - 15:54

L’étrange duo défile devant la population. Les regards respectueux de certains s’étonnent, s’amusent de la condition de la passagère. Que fait donc cette petite imprudente là ? Et quelle est cette énergie du désespoir qui lui donne de la répartie ? Rhynilee jette des regards froids à la moindre personne qui la dévisagerait avec un peu trop d’insistance, bien qu’elle sente malgré tout que si elle peut sauver sa dignité devant elle, derrière, les paires d’yeux se rinçaient peut-être devant la vue de sa chute de reins exposée à qui voulait la voir sans aucune pudeur. Mais ce n’était ni la honte éventuelle, ni le silence irritant de Zelvajra, ni même ces passants tous armés qui affichaient une indifférence profonde à ce cortège inhabituel qui l’inquiétait, au fond, ce qui allait commencer à ronger son moral de résistante, c’était ce qu’il allait advenir d’elle dans cette cité d’Abyssea.

Ses iris grises quittèrent les portes de la forteresse qui se refermait après eux, dérivant sur les maisons et les hautes tours aux ombres menaçantes. Elle tentait de se distraire d’un quelconque détail, et aurait peut-être eu un peu plus de cœur à la répartie si elle n’était pas tant obsédée par son propre devenir. Rhynilee n’avait même plus le goût à rabattre le caquet de cet imbécile qui se montrait de plus en plus dangereux au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient dans Abyssea et que les interrogations se multipliaient dans son esprit mis en déroute. La population se fait de plus en plus dispersée, et finit par se raréfier, bien qu’ils semblent atteindre un point culminant dans leur avancement : au loin, l’enseigne branlante d’une auberge s’agite au grés du vent dans un couinement grincheux témoignant de sa vieillesse. On ne peut pourtant pas parler de taverne miteuse, car les gens qui y sont au vu de ce qu’on aperçoit au dehors sont plus respectables que dans les taudis à poivrots de la Dross.

Rhynilee aimerait bien comprendre pourquoi ces gens observaient le cavalier avec autant de respect et de considération. Par Tari, cet homme devait avoir une importance hiérarchique chez les enfants du Chaos, auquel cas ils ne l’observeraient pas comme s’ils savaient qui il était. Ce qui était d’autant plus rageant car tous ici savaient son nom, sûrement, mais elle-même ignorait le nom de ce qui allait être son bourreau pour un temps. La jeune femme reste cloîtrée dans un silence à demi-pensif, mais aussi perturbé par les multiples possibilités.

La monture s’arrête aux écuries de ce lieu, et c’est là que sa curiosité reprend le dessus, écartant quelques secondes ses craintes éphémères. Ils vont rester dans cet endroit ? Pour faire quoi, boire une choppe et discuter tranquillement des manières de faire payer son insolence à Rhynilee ? Si c’était son plan, aussi inquiétant pouvait-il apparaître, il laissait des occasions à la jeune drow de s’échapper de ses griffes – au sens propre, d’ailleurs, comme elle avait pu le remarquer -. Et au plus les minutes s’égrenaient, au plus Rhynilee doutait de l’idiotie de l’homme à qui elle avait affaire. Alors que penser ? …

Lorsqu’il la saisit comme une simple marchandise, son énervement reprit de plus belle et ses poings martelèrent toute la surface de son dos avec la force de ces créatures qui ont des capacités jusque là insoupçonnées. Rhynilee s’épuisait à la tâche pour arracher à peine quelques gémissements de douleur à Zelvajra, mais peu importait, le principal était qu’à certains moments il pouvait avoir mal. Et c’était la seule chose qui comptait. Leur entrée dans l’auberge fut remarquée par les clients qui haussèrent le sourcil, pouffèrent de rire ou simplement levèrent les yeux au ciel, se disant que décidemment, de nos jours, on faisait n’importe quoi à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit.

La drow tendit l’oreille, et elle eut tôt fait de ne pas regretter ses actes indiscrets : l’homme qui l’avait capturé était de surcroît bourreau au niveau professionnel ! Génial, elle était tombée sur le gros lot en matière de violence et de compréhension, et c’est ce qui donna envie sur l’instant à Rhynilee d’envoyer un énième coup de poing d’enragée dans le dos de l’hybride, mais elle abandonna cette idée, laissant retomber ses mains et sa tête, ses longs cheveux neigeux se balançant négligemment.
Elle releva un peu trop brusquement la tête, étouffant un murmure douloureux – elle venait de réveiller sa douleur au cou – en entendant la requête de Zelvajra. Une chambre ?! Et merde, et merde. Alors que l’hybride grimpait l’escalier menant à l’étage des chambres, la jeune créature à la peau aussi sombre que les augures qui l’attendent s’agite pour la énième fois, sentant ses jambes se dérober un peu aux bras serrés de l’homme. Cela ne change pourtant rien à la situation, car battre des pieds quand on est pendue dans le dos, ca ne fait jamais évoluer la situation.

C’est ainsi qu’à son grand regret, quelques fractions de secondes plus tard, son corps frêle et souple atterrit sur le lit moelleux. Ses mains se referment, les ongles s’enfonçant dans la peau, et ses jointures blanchissent sous sa peau de perle. Elle n’a plus qu’à se dire qu’elle a une dague, un fouet, qu’elle peut encore se battre et que si cet enfoiré ose ne serait-ce que l’effleurer, elle n’attendra pas de signe avant-coureur et le frappera s’il le faut, peu importe que ça se passe à Abyssea ou dans un trou perdu.

Pour un guide, vous faites drôlement mal votre boulot. On ne fait pas visiter une auberge en premier temps.

Et une remarque en plus, qui lui vaudra sûrement une mauvaise action en plus au palmarès. Décidemment, la jeune drow aurait pu garder ses piques pour elle et se contenter d’un silence attentif. La jeune femme amorce un geste pour quitter le lit qui ressemble à une prison molletonnée, ses poings toujours aussi crispés, et sa mine ayant perdu toute vantardise pour à nouveau se plonger dans cette méfiance qui évoque l’attaque au marais. Elle n’a aucun bon pressentiment, et elle n’attend plus qu’une chose : qu’il s’approche pour le frapper.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeDim 5 Avr 2009 - 14:52

[PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. Zelvajra

Tant de fougues et d’assurance est impressionnant. Ne s’accorde-t-elle donc aucun répit ? Ne peut-elle pas, juste une fois, se laisser aller au désespoir, plutôt que d’envoyer pique sur pique. Ne peut-elle pas baisser les bras, se laisser aller au désespoir que je vois parfois poindre à l’orée de son regard ? Non, bien sur que non, les siens sont trop fiers pour laisser paraître leur peur. Sa déclaration m’arrache un soupir, ma première démonstration de lassitude depuis qu’elle est en mon pouvoir. Finalement, je me suis peut-être trop avancé.

Je ne fais rien pour l’empêcher de se lever, je n’en vois pas l’utilité. Notre « chambre commune » ne possède que deux issues. La première est une fenêtre fermée, et je lui déconseille de tenter l’expérience. La chute risquerait bien de lui apporter plus de mal que de bien. La deuxième sortie est dans mon dos, la lourde porte est fermée à double tour et la seule clé présente entre ces quatre murs est emprisonnée dans mon poing ganté. Une autre expérience à ne pas tenter, à mon avis.

- Et si on arrêtait de jouer, tout les deux ?

Ma voix claque comme un avertissement, même à mes oreilles, et ce ton que je ne me connaissais pas me surprend. Menaçant et frisant l’impatience. Sa mort m’aura donc plus changé que je ne le pensais. Je ne cherche pas à réprimer ce nouvel état d’esprit, il concorde parfaitement avec le message que je veux faire passer.

- Depuis le début, tu agis comme si tu étais maîtresse de la situation. Laisse-moi-t’expliquer la terrible vérité. Tu ne quitteras jamais cette ville.

D’un pas mesuré, sans la quitter des yeux, je quitte la porte pour m’approcher de la petite table présente dans chacune des chambres de l’Ecaille. Je tire une des deux chaises et la tourne vers ma nouvelle amie, avant de m’y assoir lourdement, le bois craquant sous cette charge inattendue. D’un seul coup, mon armure devient plus pesante que rassurante, mes muscles sont fatigués par ma longue journée. Un rapide coup d’œil me permet de le vérifier, le crépuscule est là. Encore quelques minutes, et sa clarté faiblarde laissera sa place à l’obscurité de la nuit. Sur la table traîne un chandelier, et j’hésite à l’allumer, afin de pallier à cet éventuel problème, mais je n’en fais rien. Elle et moi avons ce qu’il faut pour continuer à nous distinguer dans une pénombre presque totale, et cela rajoutera une petite touche théâtrale. Je retiens de peu un ricanement sinistre. Chaos, une telle mise en scène ne me ressemble pas.

- Ta vie ne tiens qu’à un fil, et ce fil est ma volonté. Un ordre de ma part, et n’importe qui ici te passera sa lame à travers le corps. Mais je ne t’ai pas amené ici pour le plaisir d’ordonner ta mort. Non, ce que je veux, c’est que tu comprennes ton erreur.

Je souris, presque tristement. Pas à cause de son sort, non, mais plutôt ce qui l’a provoqué. Il faut que je fasse payer à quelqu’un la mort de Sylea, et c’est son peuple qui l’a attiré dans une guerre qui n’était pas la sienne.

- Avant de te mettre à mort, je veux que tu comprennes le vrai sens de Abyssea, et ainsi pourquoi tu n’y as pas ta place. Tu as voulu rester sur nos terres, sans penser aux conséquences ? Sauf qu’elles existent, et que tu vas les subir de plein fouet. Soit déjà heureuse que je t’accorde un sursis.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeDim 5 Avr 2009 - 15:19

Il n’y a aucun jeu. Il n’y a que vous, pour voir ce que vous voulez voir et moi, pour vous ennuyer – car c’est ainsi que vous pensez, et vous faites bien, au fond-.

Le flatter ? Mauvaise tactique ? Si Zelvajra pensait ainsi naïvement, il n’avait alors toujours pas compris que chacun de ses compliments suivait une pique ou une remarque acerbe. Elle donnait raison, puis enfonçait d’un grand coup de marteau l’interlocuteur. Car hors de question de s’annoncer vaincue. D’une voix parfaitement calme, et sans hurler – il n’y avait encore aucune raison de s’alerter ou de paniquer, surtout que Zelvajra ne faisait rien encore -, la jeune femme entama une tirade qui ne faisait que commencer.

Vous voulez me garder à Abyssea ? Je serai un fardeau. A moins que vous cherchiez à me torturer ou à me tuer – mais là encore, pourquoi ?- … Je ne vous suis pas plus utile que ... ceci.

Du doigt elle racle la poussière de la table de chevet et relève son index à la lueur du crépuscule, les petites étoiles de négligence bientôt soufflées par la respiration de la drow.

J’agis pour me défendre, je ne me sens pas plus maître que vous ne l’avez fait. Simplement, si vous pensiez que vous tomberiez sur une drow silencieuse et soumise pour vous défouler vous et vos petites griffes de chaton, vous vous êtes un peu trompé. Et vous vous trompez toujours quand vous pensez que je tiens à rester sur vos terres. La seule chose que j’ai voulu, c’est… me reposer sur des territoires qui sont communs à deux races, les nôtres. Mh, j’étais aux marais, je suis tombée et vous avez trouvé un bon moyen de vous montrer supérieur, je vous en applaudirais presque. Mais puisque je suis sensée être votre victime, dites-moi, avant que vous me fassiez passer le pire quart d’heure de ma vie, qu’est-ce que moi, pas ma race, non ! ma personne, vous a faite, à vous, l’être que vous êtes ?

Elle s’interrompt un instant, son attention traînant sur la tâche lunaire blanchâtre qui éclaire les lattes de bois fraîchement nettoyées, puis elle reprend son petit discours. Ses mots lasseront-ils l’hybride ? Peut-être. Car son ton a perdu non pas de sa vigueur – sa répartie étant toujours aussi vive et directe -, mais elle ne s’amuse plus, ou mieux, elle cache ses réjouissances intérieures. Elle n’affiche là qu’un sérieux déroutant, digne de ces petits hommes qui jouent au diplomate ou à l’ambassadeur. La tenue frivole en plus et le crâne dégarni en moins.

Car si les drows vous ont abîmé ou ont tué vos proches, c’est votre souci, vous n’aviez qu’à mieux les défendre, moi je n’y peux strictement rien. Je ne suis pas prête, je n’ai aucune envie d’assumer ce que d’autres vous ont fait payé. A la limite, je dirais que c’est bien fait pour vous, vous l’avez peut-être mérité.

Culottée, osée, les mots fonctionnaient bien pour la situation actuelle. Elle soupçonnait qu’elle pouvait rapidement se prendre une gifle ou sentir une lame la transpercer – puisque apparemment ces projets n’étaient qu’en sursis, pas oubliés – pour lui éviter de redire ces ignominies. Comme si une personne pouvait mériter la mort de l’être aimé. Et après tout… Pourquoi pas ? Rhynilee n’en avait que faire, elle était franche – pour ainsi dire, elle ne mentait pas et était même en train d’exposer égoïstement sa vision des choses – tant que Zelvajra l’écoutait. Tant qu’il ne dégainait pas et qu’il ne commençait pas à perdre les pédales, Rhynilee pouvait ainsi continuer son monologue et démonter mot par mot les menaces de l’hybride – car au fond celles-ci marchaient, elles déliaient la langue de la drow qui n’avait que ce moyen de se défendre et de retarder sa « chute » -.

Et ne me faites pas croire que je vous manque de respect, que je me suis sentie supérieure. Parce que moi au moins je ne vous tutoie pas, je ne vous regarde pas comme si vous étiez la merde d’hybride que vous êtes ; je vaux mieux que vous non pas parce que ma race est autre que la votre, ni parce que vous êtes différent, mais parce que c’est ainsi. Vous êtes content ? J’ai dit ce qu’il fallait, je vous ai insulté, et en plus je me dis meilleure.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeDim 5 Avr 2009 - 19:12

Ma patience n’est pas infinie, loin de là, et on atteint facilement ses limites. La drow qui me fait face vient non seulement de les dépasser, mais elle les a laissées derrière elle sans aucun gène. Pour autant, je la laisse terminer, gaspiller sa salive en de vaines provocations. La voir ainsi se désolidariser de son peuple et se cacher derrière sa petite individualité serait presque amusant si ce n’était pas typiquement drow. Or, en agissant comme ceux qui m’ont toujours dénigré, elle ne fait que me conforter dans ma rancœur. Quand je suis sur qu’elle a terminé sa tirade, j’abas mon poing sur la table, histoire de bien lancer le ton. Je me lève lentement, menaçant, mon regard n’étant plus que haine sombre. Une nouvelle fois, je laisse tomber le masque. Je n’en ai plus besoin, et ce que je vais faire demande de la concentration. Je tends mes bras, et je la vois se raidir. Elle sait déjà ce qu’il va se passer. Sait-elle aussi qu’elle ne peut plus m’échapper ?

Deux appendices sombres de mes bras tendus, jaillissant de mes paumes à travers un système justement imaginé dans le but de les libérer. Dans un vain espoir de m’échapper, elle se jette au sol, mais ses poings liés l’empêchent d’avoir un équilibre parfait. Si elle avait pu se saisir d’une lame, elle aurait pu se défendre. Qu’elle tranche une de mes tentacules, et l’autre l’aurait suivit, la douleur que j’aurais du supporter m’aurait interdite de la conserver. Seulement voilà, manier une dague n’est pas aisé dans sa condition, elle ne peut que regarder, méfiante, sa future prison la narguer.

- Stupide créature aveugle.

Je ponctue cette insulte d’une première attaque, qu’elle évite en se jetant sur le côté. D’une roulade, elle parvient à se remettre debout, ce qui la place debout devant la porte. Dans un reflexe de survie pur, elle tente d’ouvrir la poignée, et évite de peu une nouvelle attaque. Mon tentacule entre durement en collision avec le bois et mon bras gauche en est tout engourdi. Tss… Aussi insaisissable qu’une anguille. La scène se répète alors pendant une petite minute, durant lesquelles je joue avec elle. J’y prends un plaisir malsain, et j’imagine bien que ce n’est pas partagé. Sa respiration s’accélère, mais elle tient bien le rythme. Quant à moi, le fait que je n’en utilise que deux joue en ma faveur, je peux ainsi prendre mon temps.

Des bruits derrière la porte m’incitent à mettre un terme au jeu du chat et de la souris, en utilisant de façon synchronisée mes deux armes organiques. Elle évite la première, mais je saisis son poignet de l’autre. Elle se retrouve alors suspendu au sol, a à peine deux centimètres de hauteur, mais c’est bien assez pour l’immobiliser. Quelque chose s’enroule alors lentement autour de son cou, la chatouillant légèrement de ses timides tâtonnements, le tout ne devant pas vraiment être agréable. Ma face horrible se tord d’un sourire mauvais, la menace est présente.

Je me paie le luxe de m’approcher, maintenant qu’elle ne peut plus tenter grand-chose. Les bras maintenu en l’air, menacée de strangulation par un tentacule digne d’une pieuvre, bien que trois fois plus sombre, je la plaindrais presque.

- Tu crois vraiment que tes vaines paroles vont me convaincre de te laisser gentiment partir ?

Je suis à la limite de crier, je n’essaie même plus d’aborder un visage calme - et puis, honnêtement, je ne pense pas que l’on puisse avoir l’air calme avec une brulure telle que j’en aborde.

- Je suis ce que vous avez fait de moi, petite créature insignifiante. Vous m’avez enfanté, dans les sombres geôles du Puy. Ma mère m’a nommé Zelvajra. Etonnamment proche de votre « zelv’jra », non ? Je suis un indésirable, et ton peuple comme les autres n’ont pas arrêté de me le rappeler.

Je me retiens à grand peine de l’étrangler sur le champ. Je sais déjà ce qui va suivre, elle va se moquer de moi, dire que je m’apitoie sur mon sort. Mais il est trop tard, je suis lancé et j’ai besoin de le dire. Elle parlera en connaissance de cause, désormais.

- Si tu as quelque chose à redire, va donc te plaindre à ton peuple, pas à moi. Sauf qu’il est trop tard. Tu ne pourras donc t’en prendre qu’à toi-même, à toi et à ta stupidité qui t’auras empêché de te taire quand tu le devais.

Un élan de douleur me fait fermer l’œil gauche, et je manque l’espace d’un instant de perdre le contrôle. Heureusement pour moi, malheureusement pour elle, la douleur est une vieille compagne, aussi je la repousse sans gêne, bien que légèrement hagard. Je peux alors me concentrer sur ma victime. Il me tarde déjà d’entendre ses provocations, elle trouvera désormais une réponse plus… adaptée à la situation.

- As-tu une requête à formuler, avant que je continue mes explications ?
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeMar 7 Avr 2009 - 13:07

Son excès de violence délivré par son poing la laisse de marbre. Des hommes violents elle en a toujours vu, s’il croit qu’il va l’impressionner comme ca. Des gifles, des cris, des coups de pied dans un meuble pour calmer son insolence, comme si elle n’avait pas connu ca. Elle laisserait bien son esprit se plonger dans les eaux tièdes de la nostalgie enfantine, mais la situation ne s’y prête guère, alors qu’il se redresse de toute sa hauteur. Elle déteste ca, ce pressentiment malsain qu’il va à nouveau user de ce pouvoir tentaculaire pour la piéger. Contre deux bras armés, elle peut lutter, mais quatre, c’est bien difficile pour ce qu’elle est. Se reculant et se figeant à nouveau dans une attitude farouchement défensive, la drow roule au sol au moment même où les deux jets visqueux et noirs jaillissent dans sa direction et frappent le vide. Le sol de bois rude réceptionne son épaule non sans douleur, mais c’est le prix immédiat à payer devant cet homme qui a repris ce visage répugnant de laideur et de souffrances. Si Rhynilee était plus psychologue et plus gentille, elle aurait peut-être cherché à savoir pourquoi. Mais elle n’a strictement rien à faire des états d’esprits de ses adversaires. Une perte de temps considérable à son goût.

La jeune femme se sent pousser des ailes mais on la tire brusquement vers l’horrible fait ; ses mains sont liées. Abandonnant l’idée de tirer dessus, elle n’a d’autre choix à nouveau que de pousser en arrière de tout son corps, sa chevelure si propre frôlant de peu les répugnantes tentacules. Entrainée dans son mouvement souple, elle parvient à se relever plus vite que Zelvajra ne l’aurait pensé, et elle se rue sur la porte, ses mains serrées tentant d’actionner dans un espoir futil et vain la poignée qui ne s’ouvrira pas. Le geste aura au moins le mérite de la sauver d’un énième coup violent qui fait vibrer la porte, tandis que la créature à la peau sombre évite à nouveau quelques assauts par des successions de bonds et de pas sur le côté, qui à force la fatigueront si ce petit jeu ne cesse pas. Evidemment, c’est le plaisir recherché par ce salopard. Lui n’a pas à se fatiguer, il peut jouer aisément avec elle, mais elle ne saurait tenir la cadence, et il l’a bien compris.

C’est lors d’un moment d’inattention et de relâchement – Rhynilee n’avait plus de solution – que les deux langues baveuses enroulent respectivement son poignet et son cou. Laissant entendre un gémissement proche de l’écoeurement, la drow ne s’agite pas, gardant un maximum sa respiration pour elle. Ne pas s’égosiller, ne pas rétorquer. Les répliques fusent, son esprit a des geysers d’inventivité pour lui renvoyer ses misérables réparties à la tête, mais rien, non rien ne doit sortir de ses lèvres qu’elle garde à nouveau closes. Etrange schizophrénie de la parole dont est atteinte la drow. Aussi bavarde qu’une pie, puis muette comme une porte de geôle, ses silences aussi indescriptibles que ses propos par ailleurs.

Elle ignore tout, l’entend, bien sûr, mais ne lui répond rien. Zel’vjra. Indésirable. Qu’il ne lui demande pas de rejouer de son ton théâtral et dramatique pour lui dire « Mais non mon ami, tu n’as pas mérité cela. » Elle s’en fout, elle s’en fout royalement, ses yeux cherchant une manière, un moyen de s’échapper. Sa dague est suspendue à sa taille. Ses mains en hauteur, liées. Si seulement il y avait quelque chose de tranchant derrière elle… N’importe quoi.. Rhynilee reste silencieuse. Ne trouverait-elle finalement rien à dire ? Se soumettrait-elle soudainement ? Zelvajra, ainsi se nomme t-il, pourra au moins en tirer une grande satisfaction. Il lui a fermé son caquet…

Oui… Ferme là… Salaud, j'en ai rien à foutre.. de ta vie.

Pour un temps. Elle n’a aucun moyen d’évasion, ses jambes libres n’atteindront sûrement jamais les tentacules. Alors dans un geste complètement idiot mais qui risque d’en alerter plus d’un, la drow tambourine de ses pieds la porte qui se trouve juste derrière elle. Elle martèle le panneau de bois de coups de pieds, le plus fort possible. A défaut de la briser, au moins on l’entendra, c’est ce qu’elle se dit.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeMar 7 Avr 2009 - 17:47

Tu n’en as rien à foutre, de ma vie ? Quelle créature stupide que voilà. Totalement à ma merci, elle ne cherche même pas à savoir qui je suis. C’est pourtant sa meilleure chance, c’est toujours la meilleure chance d’un adversaire que d’en apprendre plus sur son agresseur. Desceller une faille, et l’exploiter. Enfin, dans son cas, les seules failles qu’elle risque de trouver raccourciraient sa vie de façon drastique. Elle a peut être raison, finalement, de réclamer mon silence. Je suis à bout de patience, à tel point que j’hésite à la tuer sur l’instant, pour en finir. Ouvrir les yeux à un monde aveugle est-il si important ? Non, bien sur que non.

Ses pieds viennent tambouriner la porte, dans un vain espoir d’appeler à l’aide. Pour lui répondre, je resserre lentement mon étreinte sur son petit coup, me laissant déborder par cette envie de la tuer. Je veux le faire lentement, je veux voir ses yeux exorbités tomber sur ma personne et maudire le jour où elle m’aura défié. Je veux…

- Bourreau, vous avez besoin d’aide ?

Cette voix légèrement anxieuse me tire de ma torpeur meurtrière. Celle du tavernier, qui se demande ce qui peut bien motiver un tel vacarme. Il ne comprend sans doute pas pourquoi j’ai choisi son modeste établissement afin d’y exercer ma volonté. Les geôles de la Forteresse lui semblent surement plus adaptées. Il ne peut pas comprendre, le pauvre. Comment le pourrait-il alors que je ne suis pas sur moi-même de décrypter mes motivations. J’aurais peut être du l’abandonner au marais, ou la tuer, ou que sais-je encore. Mais non, je l’ai ramenée à Abyssea.

Je la lâche alors, la laissant retomber lourdement au sol. Ses mains liées viennent par reflexe masser sa gorge endolorie, et je comprends que j’ai été à deux doigts de perdre réellement le contrôle. Elle peut louer son geste désespéré, car il l’aura sauvée, pas comme elle s’y attendait peut être, mais il l’a sauvée.

- Paix, frère. Je vais bien, et ta chambre est encore intacte.

Ma voix est calme et puissante, afin d’être sur qu’il m’entende. Je n’ai pas envie de le voir débarquer au mauvais moment, muni du double de la clé qu’il m’a légué. Ce serait le meilleur moyen de la voir s’enfuir. J’ai autre chose que de courir après une petite souris dont l’unique motivation est de préserver sa vie.

- Retourne t’occuper de tes clients, et ne te mêle plus de cela.

Je n’entends pas sa réponse, mon attention toute tournée vers ma victime, sur mes gardes. Ma dernière action a du l’éprouver, c’est regrettable car ce n’était pas là mon but. Pour autant je ne me fais pas de soucis, je sais qu’il est reparti dans sa salle commune, curieux surement, effrayé peut être. Son imagination lui souffle surement tout ce que j’ai pu infliger à la drow pour faire un tel vacarme. Ou bien le contraire ? Peut être imagine-t-il que ma prisonnière a pris le dessus, et qu’elle m’a forcé à le renvoyer. Voilà qui pourrait être embêtant.

- Tu as raison, jolie sombre. Nous avons assez joué.

J’ai remarqué que ma marque l’aide à garder le silence, aussi j’hésite à la masquer de nouveau. Je finis par m’y résigner, l’exhiber m’a toujours répugner.

- Avant que tu récupères assez de souffle pour me faire regretter le jour de ma naissance, je tiens à préciser une chose. Je ne me suis pas embêter à t’emmener jusqu’ici pour le plaisir de mettre fin à tes jours dans une chambre d’auberge, crois le bien.

Je m’éloigne lentement jusqu’à reprendre ma place sur la chaise, sans la quitter des yeux. La situation m’a légèrement échappé, je ne voulais pas menacer sa vie, pas déjà. Pour tout dire, je ne sais absolument pas quel effet cela aura sur son comportement. Méfiance ? Haine ? Tout du moment qu’elle m’écoute enfin avec attention, mais j’ai peu d’espoir.

- Demain, tu joueras ta vie. Aussi, j’espère que tu sauras apprécier ta chambre à sa juste valeur. J’imagine que tu trouveras toujours quelque chose à redire sur tout ce que je pourrais te proposer, aussi je n’essaierai pas de te contenter. Il faudra te contenter de ce que je te donne.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeMer 8 Avr 2009 - 13:30

Ses pieds continuent de frapper leur rythme fou contre la porte, mais elle sent aussi la tentacule resserrer sa constriction autour de son cou. Non, non… Avec l’énergie des désespérés qui n’ont plus que ça en tête, un ultime coup fracassant vient heurter le bois qui semble émettre un drôle de craquement singulier. Inquiet, la succession des coups attira le tenancier de l’établissement. Que devait-il penser ? Soit, qu’elle n’était qu’une esclave, ou une soumise devenue objet en train de se faire battre, ou pire, de subir sans rien pouvoir faire les pires sévices. Elle sentait ses joues cuire à petit feu rien qu’à la honte de penser qu’elle pouvait être imaginée dominée. La chute de sa carcasse contre le sol la fit gémir de douleur et de soulagement, ses mains venant masser son cou qu’elle sentait humide et chaud. Elle était passée près du pire, elle le sentait. Elle tenta d’écouter le dialogue de sourds qui s’effectuait. Le regard métallique de la créature foudroierait aisément Zelvajra si elle le pouvait, le tuant sur place. Belle utopie de vouloir tuer les détritus jonchant sa route d’un regard… Rhynilee ouvre la bouche pour laisser entendre un cri, mais sa voix brisée par l’étreinte garde un souvenir rocailleux et c’est une quinte de toux qui la prend. Cherchant à calmer cette horrible sensation au creux de l’œsophage, elle souffle et se reprend rapidement, puis considère le lien sur ses mains, qu’elle porte à ses dents vivement et sans perdre de temps alors que le bourreau continue de parler à l’aubergiste. Mes canines sentent le lien glisser un peu, et Rhynilee sent qu’avec un peu d’acharnement elle pourrait défaire ce tissu de malheur, mais il n’en est rien, il la regarde trop pour qu’elle puisse se le permettre.

La jeune femme laisse alors retomber ses mains au sol, ses jambes repliées, agenouillée. Ses pieds sont toujours en appui au sol, et elle l’écoute avec attention, mais pas comme il le faudrait, évidemment. Dans ses paroles, dans le flot de ses mots, elle cherche celui qui trahira un instant où elle pourrait s’enfuir, elle tente de dénicher la possibilité éventuelle, la faille qui la ferait s’éloigner d’ici une bonne fois pour toute. Chose positive – qui n’est en rien un humble détail -, Zelvajra ne la tuera pas aujourd’hui. Joie et bonheur dans tous les cœurs, songe t-elle avec ironie, ce n’est pas pour ce soir que sa petite tête d’ange roulera au sol. Ses poignets humides de sueur, coincés et blottis contre ses genoux qui les cachent, tentent de glisser lentement et subrepticement hors du lien, et son cœur rate un battement lorsqu’elle sent que le lien se desserre. Est-ce possible ? Elle ne doit rien laisser paraître, garder les mains immobiles, faire comme si elle était piégée. A ce moment précis où il ne se méfiera plus, elle n’aura pas besoin de grand-chose, mais hors de question de rater sa chance de fuite.

Je vais rester seule ici ?

La question paraît anodine et même très naïve, et la drow devine qu'il va se payer sa tête avec une phrase du genre : "Haha, tu rêves, espèce de créature inférieure et servile". Pauvre péquenot. Rhynilee se dit que non elle ne sera pas seule, mais il semble sous entendre que jusqu’à demain elle demeurera seule dans cette maudite pièce. Et puis elle n’a pas l’esprit à dormir, elle n’a l’esprit à rien si ce n’est à trouver un trou à creuser pour s’échapper, et elle le voit mal la forcer à dormir, sauf avec un coup dans la nuque. Etrangement, son ton est – malheureusement pour Zelvajra qui aurait sûrement préféré un peu plus d’effroi et de respect – bien trop léger et calme pour une prisonnière, quoique l’étranglement a rendu le timbre de ses propos un peu rauques, plus ténus. Au moins une chance pour Zelvajra qui, si il le veut, pourra lui hurler dessus sans aucune difficulté. Pauvre petit Indésirable. Il est tellement pitoyable, il veut tellement assouvir sa soif inextinguible qu’il se débat en tous sens, crie comme un enfant et tape, hurle. Au fond, il pourrait ressembler à ces enfants capricieux qui ne savent plus quel moyen utiliser pour avoir ce qu’ils veulent.

Alors oui, il a eu son silence – court, certes, mais il l’a eu-, oui, il a eu la joie de lui faire mal. Mais rien n’a disparu, ni l’envie de l’un, ni l’arrogance de l’autre. Vicieux cercle qui ne s’arrête pas. La drow reste à genoux, comme si elle était parfaitement à l’aise, comme si même physiquement inférieure à l’hybride, elle se sentait au dessus de lui. Mais elle ne dit strictement rien, elle ne fera pas le plaisir escompté à Zelvajra, qui s’attend à recevoir des répliques cinglantes. Elle reste calme et passive, donnant l’air des gens parfaitement ravis de la situation. Le sourire niais en moins, le regard troublant et fixe en plus fiché avec brusquerie dans les iris dorés du bourreau.

Au couvert de ses cuisses fines et cachées par son jupon, ses petites menottes s’agitent à défaire le lien comme des apprenties qui défont les ourlets cachant les accrocs misérables de la robe.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeMer 8 Avr 2009 - 14:31

Il y a quelque chose qui pourrait presque être amusant, dès qu’il s’agit de cette drow, c’est qu’elle ne réagit jamais comme on s’y attend. Ou plutôt, si, elle fera toujours en sorte de surprendre dans l’unique but d’énerver. Mais, alors que la lune a depuis un moment déjà installé sa domination sur le royaume céleste, la lassitude me prend. Même frôler la mort ne l’aura pas assagi, aussi la dernière solution qu’il me reste pour la faire taire définitivement est de la tuer. Je caresse l’idée sans pour autant m’en saisir et la mettre en application. Ce ne serait qu’un échec de plus, et je commence à m’en lasser. Je pourrais raccourcir mon plan, l’assommer maintenant et l’abandonner dans les marais, en espérant qu’elle s’y perde ou qu’un prédateur la dévore.

Mais non, je ne fais rien, je reste juste là, immobile sur ma chaise, à la contempler. Je suis la Loi, et la première drow venu parvient à me braver. Peut être n’ai-je pas eu de chance, ou peut être est-ce révélateur, je ne saurais le dire.

- Oui, tu vas rester ici, et oui, tu vas rester seule. Tu pourras insister autant que tu le veux pour que je reste te tenir compagnie, ce serait peine perdue.

Je soupire doucement, ne m’intéressant même plus à ce qu’elle pourra tenter de me dire. Qu’elle déchaine donc sa langue de vipère, qu’elle fasse la seule chose pour lequel elle a une once de talent. Je jette un coup d’œil à la porte, jaugeant la fine lézarde qui s’y est installée. Elle a tapé avec l’énergie du désespoir, et le pauvre bois n’a pas supporté le traitement. D’un seul coup, la laisser seule ici prend une autre dimension. La fenêtre est-elle vraiment assez haute ? La porte résistera-t-elle à d’autres assauts ? J’ai beau me dire que, quoi qu’elle tente, il lui faudra faire un vacarme pas possible pour y parvenir, je ne parviens pas à me tranquilliser. Elle ne doit pas sortir de cette pièce. Autant la tuer toute suite si je lui laisse ne serait-ce que l’ombre d’une chance de me fausser compagnie.

- Et non, tu ne me fausseras pas compagnie.

Les idées se bousculent… L’amener dans des geôles plus appropriées, l’attacher au lit, transformer l’auberge en un camp retranché. Aucune ne me semble vraiment adaptée. Il faudra faire avec les moyens du bord. Après tout, sa vie n’est pas si importante. Et ses mains restent attachées… Un petit mot au tavernier afin qu’il reste vigilant, et tout se passera bien. Je me fais vieux pour ainsi m’agiter des épouvantails et m’inventer des scénarii aussi délirants qu’improbables. Elle va gentiment rester dans sa chambre et se morfondre tout en demandant comment s’en sortir, voilà ce qui va se passer.

- Comprends bien une chose. Tant que ta survie reste entre mes mains, tu as une chance de passer la journée de demain. Mais fais parler de toi, en t’enfuyant par exemple, et je ne pourrais rien pour toi. Maintenant, écarte-toi de cette porte.

Je me lève, puis attend qu’elle s’exécute, peu désireux de devoir la forcer. Les utilisations que j’ai pu faire de mes pouvoirs m’ont laissé légèrement hagard, et recommencer me répugne. Si elle va surement avoir du mal à fermer l’œil, je risque de trouver bien rapidement le sommeil, pour ma part.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeMer 8 Avr 2009 - 17:20

Le lien glisse au même moment où il lui demande se décaler. Parfait. Le souffle court, la drow se montre adroite et obéissante, reculant assez pour dégager le passage vers la porte. Elle suit du regard l’hybride qui s’éclipse sans un mot de plus, sans un regard vers elle, et attend le cliquetis annonçant son enfermement pour dégager avec soulagement ses mains libérées du tissu. Dans un soupir de soulagement, Rhynilee agite ses poignets rougis avec un sourire stupide, qu’elle efface bien vite. Se réjouir pour si peu, quelle idiote tu fais. Il y a encore beaucoup à faire, et tu t’es embourbée dans la pire merde qui soit, ma chère.

Il n’est pourtant pas question de s’abattre, de s’avouer vaincue ou même simplement de se laisser aller à la panique. Maintenant, la situation prend un tournant plus reposant. Ce Zelv’jra est parti. Il faut qu’elle réfléchisse, elle n’a pas faim, pas froid, n’est pas fatiguée, ou du moins ne ressent aucune envie de s’allonger, ses jambes lui donnant même des sensations de fourmi le long de ses mollets qu’elle masse un peu avant de se redresser et de faire les cents pas en silence, traversant la pièce de fond en comble en observant distraitement le mobilier propre et simple.

Inutile d’ameuter à nouveau le tavernier. Il a su une fois qu’il ne fallait pas déranger, et avec un peu de malchance, l’indésirable crétin a prévenu ce dernier à grands renforts de menace qu’il valait mieux laisser la drow en paix. Comme si elle avait besoin de ça. Ses yeux s’arrêtèrent sur le crépuscule qui étincelait drôlement ce soir là, les nuages le nimbant d’une lueur faussement mystique. Elle regretta de ne pas pouvoir sentir la brise fraîche sur son visage et de ne pas savourer la liberté tranquille des marais où elle aurait pu un peu chasser, ou simplement paresser dans l’obscurité rassurante de la nuit.

Et là, l’idée la frappa bêtement. La fenêtre, quelle sombre idiote ! Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? C’était là sa sortie toute tracée, elle pouvait facilement l’ouvrir et s’en échapper sans même que l’aubergiste s’en rende réellement compte. De là, il faudrait voler un cheval, s’enfuir d’Abyssea au plus vite et rejoindre les marais en espérant ne pas recroiser ce Zelvajra, ou aucun autre type malsain du même acabit…

Mais elle agite lentement la tête dans un soupir. Sauter de la fenêtre ? Bien qu’on n’était qu’au premier étage et que la chute ne serait pas plus douloureuse que ça, voler un cheval était une bonne manière de signaler sa présence. S’éclipser à pied était trop risqué et inconcevable pour une drow, et en admettant qu’elle dégote un cheval et qu’elle parvienne à s’échapper, elle passerait difficilement les portes. En clair, elle ne pouvait rien faire. Elle allait devoir.. Attendre le lendemain. En plus de manquer de solutions et de sommeil, Rhynilee était tailladée de part en part par la curiosité à un point qu’elle arrivait difficilement à se retenir de partir. Surtout si c’était pour finir hachée menu le lendemain et servie dans une coupelle d’argent aux chiens de l’aubergiste. Zelvajra avait au moins eu le mérite d’être sincère : si elle sortait, elle n’aurait pas plus de chance qu’avec lui.

La jeune femme laissa retomber ses bras croisés contre son corps et se contenta d’entrouvrir la fenêtre, un mince courant d’air venant s’infiltrer paisiblement. Non, elle ne s’échapperait pas. Quitte à affronter ce salopard, autant le faire jusqu’au bout. Il aurait été trop amusé et conforté dans son idée que la petite drow qu’il avait capturée file en lâche. Elle verrait bien ce qu’il ferait d’elle demain, elle avait tout le temps pour ça.

La jeune femme s’assit sur le lit avec prudence, repliant ses jambes contre son ventre et posant ses bras par-dessus. Une chose était sûre, si elle sortait d’ici en un seul morceau, elle allait tout faire pour prendre sa revanche face à ce bourreau la prochaine fois. Elle n’avait plus qu’à passer sa nuit à se distraire, imaginant les pires délits qu’elle infligerait à cet enfoiré, lui tailladant chaque parcelle de peau, le faisant hurler à chacune de ses tortures qu’elle imaginait avec soin. Quand l’ennui nous prend, on n’a plus que cela, l’imagination fertile et débordante de la vengeance…

A force de douces et impures rêvasseries la drow finit par s’endormir bien malgré elle, imposant à son corps un court répit de quelques heures. Le soleil, timide et grisâtre dans ces régions, ne la réveilla pas, et c’est une Rhynilee « paisiblement » endormie qui git sur le lit au matin, sa main posée contre son flanc – endroit stratégique où se logeait toujours sa dague –. On aurait presque pensé qu’elle flemmardait avec insouciance.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeJeu 9 Avr 2009 - 0:27

La première chose à déterminer une fois la porte refermée avait été le lieu où j’allais passer la nuit. J’avais le choix : retourner à la Forteresse Noire, prendre une chambre ici même, voir même dans une auberge aux environs. Une seule chose était obligatoire : dormir. Ma presque nuit blanche et ma rencontre avec cette sombre dont j’ignorais encore le nom m’avait vidé, aussi bien physiquement que mentalement. Je n’aspirai qu’au repos. C’est d’ailleurs ce besoin impérieux qui me convainquit de choisir au plus simple et au plus court, et c’est le lit moelleux d’une des chambres de l’Ecaille du Dragon qui accueillit mon dos endoloris.

Pourtant, contrairement à mes espérances, je ne parvins pas à sombrer dans le doux royaume du sommeil. Il y avait toujours un petit quelque chose, un bruit, une odeur, une sensation, pour me maintenir éveillé. J’imaginais la sombre faire les cent pas, quelques mètres à coté. J’imaginais les cendres de Sylea voler par delà les océans. J’imaginais un nombre incalculable de choses, plus improbables les unes que les autres. Et finalement, ce furent les rayons du soleil levant qui me tirèrent de mon sommeil agité. Légèrement hagard, je me levais, et tout en tentant de remettre de l’ordre dans mes idées, je demandais qu’on m’apporte un miroir. Ce que j’avais prévu de faire, je savais en être capable sans pour autant l’avoir expérimenté depuis longtemps, et un tel objet m’aiderait à faire resurgir les vieux souvenirs.

Quelle triste mine j’avais. Ma main tremblante vint toucher la surface froide du verre, là ou se reflétait mon visage fatigué et déformé. La brûlure, les rides, les cernes… Une vision affreuse à laquelle je ne m’étais toujours pas accoutumé. Régulant ma respiration, je fermai les yeux le temps de me forcer au calme. J’avais des choses à faire, des choses importantes. Je m’étais fixé comme devoir de montrer l’Abyssea que je connaissais à une hérétique. Pourquoi ? Si un Arashkam s’était présenté, furieux, avec cette question aux lèvres, j’aurais bien été en peine de lui répondre. La veille, tout me semblait si claire. Elle devait être mon porte-parole, la marionnette qui annonçait au monde sa fin. Mais au fond… Pourquoi cela était-il si important ?

Me détournant de ce reflet interrogateur, je partais prendre un repas de fortune. Mon ventre criait famine, délaissé depuis déjà trop longtemps. Je n’avais pas pris la peine de me nourrir depuis qu’elle avait interrompu mon déjeuner, dans les marais. Pas le temps, ni l’envie. Seulement voilà qu’il réclamait son dû, avec force de persuasion. Encore une fois, mon entrée dans la salle commune provoqua une baisse notable du volume sonore. Les conversations se turent, et les regards convergèrent vers… ma marque. Je n’avais plus de sombre sur l’épaule, mais elle semblait les déranger encore plus. Avec un soupire, je reprenais mon masque, et me dirigeai vers le comptoir.

- De quoi me restaurer, mon frère…

Alors que l’aubergiste s’exécutait sans surprise, je le retins en lui attrapant le bras. Il se figea et tourna lentement la tête en ma direction, et la peur que je lus dans son regard me fit mal. Mais après tout, je l’avais mérité, à me présenter ainsi devant eux.

- Vois aussi pour me trouver une tunique et un manteau de ma taille. Maintenant, va.

Petit à petit, à mesure que mon silence leur faisait oublier ma présence, les langues se dénouaient. On parlait des travaux entrepris par le Prime Architecte, on évoquait des histoires délirantes et pourtant si proche de la vérité sur ce qui s’était passé à Alonna. On tentait de deviner ce que l’avenir nous réservait. Toutes ces conversations, je les attrapais au vol, aucune ne m’était destinée. En cet instant précis, je me sentis plus seul encore que lors de mon ermitage sur l’île Meca. J’eus envie de me lever, et de leur crier que se soucier de l’avenir était l’occupation des faibles, que ressasser le passé était celle des fous, et que seul comptait le présent. Mais non, je restais immobile. A quoi bon, après tout ? Ils avaient bien le droit d’être faible et fou. Moi non.

Finalement, je me levai alors que mon assiette était encore à moitié pleine, l’estomac noué. J’eus au moins le plaisir de constater que le tavernier m’avait dégotté ce que je lui avais demandé. Des vêtements propres m’attendaient, et je les passai rapidement. Légèrement trop grands, ils iraient parfaitement pour ce que j’avais prévu. Le manteau aussi n’était pas à ma taille, les manches bouffantes me donnaient un drôle d’air, et la capuche me tombait sur les yeux. J’avais l’air d’un mendiant qui avait pleuré pour qu’on lui donne quelque chose, et cela m’ouvrait des perspectives intéressantes.

Ainsi vêtu de frusques propres, je me retrouvai de nouveau devant le miroir. Il n’était plus tout jeune, mais c’était bien compréhensible. C’était un produit de luxe, dans cette cité coupée du monde. Il était même étonnant que l’Ecaille en possède un. Mais je ne m’en plaignais pas, car il me facilitait la tache. Pensif, je laissai mon doigt courir sur la surface lice et froide. De nouveau, je m’interrogeai sur le sens de mes actions. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Dans quel but allais-je travestir ainsi mon visage ? Car c’était bien là le but de mes étranges demandes. Je voulais me faire passer pour quelqu’un d’autre. Je voulais revenir aux sources, être de nouveau un simple citoyen sans histoire. Un faible et un fou.

Une dernière inspiration, puis je me lançai. Ma peau, d’abord, trahissait de façon flagrante mes origines. J’étais l’unique hybride dans la cité, aussi n’était-il même pas utile de connaître mon visage pour savoir qui j’étais. Un simple coup d’œil sur mon épiderme, et on savait que l’on était en face du Bourreau. Alors elle se teinta, obéissant aux injonctions de ma volonté. Agir sur ma marque n’était pas mon unique don. Comme n’importe lequel de mes frères chevaliers, c’était sur mon physique dans son intégralité que je pouvais agir. Je n’étais pas un métamorphe, loin de là, mais je pouvais tromper quiconque ne regardait pas avec attention. Malheureusement c’était une facette du don de l’Oublié que j’utilisais rarement, aussi à mesure que ma peau prenait lentement la teinte des sombres, ma marque réapparaissait. Le tout donnait un résultat à la fois inquiétant et légèrement repoussant. Je ne pris pas la peine de la dissimuler de nouveau.

Mes cheveux, ensuite. D’un noir corbeau, il contrastait avec mon nouvel aspect, aussi virèrent-ils lentement au blanc. C’était à la fois plus simple et plus difficile que la peau. Plus facile car il y avait moins a modifié, mais aussi plus dur car trouver la bonne couleur fut un calvaire. Trop blanc, trop gris, trop uniforme, il y avait toujours un léger détail qui clochait. Finalement, je parvins à un assez bon compromis. Mon déguisement était presque achevé, il ne manquait plus désormais qu’une modification. Mes yeux d’or virèrent au pourpre. Pour cette couleur là, ce fut simple. Il me suffit de me concentrer sur le sang… Le sang coulant en abondance d’un cou tranché. Vision ô combien morbide, qui m’arracha un cri, alors que mon poing venait s’écraser sur l’objet le plus précieux de mon hôte, le brisant avec grand bruit. J’esquissai une grimace de douleur et de fatigue mêlées. La journée allait être longue.

L’être qui me narguait derrière la glace brisée aurait très bien pu être mon père. Après tout, j’étais son fils, je pouvais espérer lui ressembler. C’était une sensation étrange, que de contempler ce que l’on sait être son reflet sans se reconnaître vraiment. Mon visage avait toujours la même forme, mon œil gauche était toujours torve, ma coupe de cheveux n’avait pas changé, et pourtant, je ne me reconnaissais pas. Et c’était cet être là qui allait accompagner la sombre dans ses explorations. J’allais me présenter aux yeux d’Abyssea comme un mendiant, tout en devant assurer le rôle de geôlier. Il fallait donc que je garde mon épée, et je devais trouver une explication pour justifier sa présence. Cela ne me prit que quelques minutes, le temps de nettoyer la plaie de mon poing et de le panser. Un don d’un soldat revenu d’Alonna, l’épée d’un brave tombé au combat. Dans la cité dont j’avais la responsabilité, tous avait une arme, aussi mon histoire était crédible. Il aurait juste eu pitié de me voir désarmé.

Une fois mon manteau passé, ma capuche rabattue pour tromper les plus observateurs et le fourreau de mon épée passé à mon côté, je sorti de la chambre, je la fermai à clé et me dirigeai vers celle de ma prisonnière. Le petit exercice auquel je m’étais prêté avait eu le mérite de me réveiller totalement, et si je n’étais pas au meilleur de ma forme, j’avais l’esprit assez en alerte pour veiller sur une drow indisciplinée, l’Oublié m’ayant donné assez de moyens de la contraindre au calme jusqu’à ce que la nuit tombe. Fort de cette certitude, je mis tout de même un certain temps avant d’insérer la clé dans la serrure qui lui était destinée. J’en mis encore plus avant de la tourner et de l’ouvrir, ce qui me permit au moins de ne faire que peu de bruit. Un rapide coup d’œil confirma mes doutes : elle dormait encore, ou tout du moins mimait-elle le sommeil. Sans doute avait-elle eu du mal à fermer l’œil. Un détail amusant, ses mains n’étaient plus liées, le tissu noir qui à la base symbolisait mon deuil avait été abandonné près de la porte.

Je restai quelques secondes à la contempler. Paisible, et surtout silencieuse, elle était presque belle. Sa beauté était entachée par la laideur de sa race, laideur que j’abordais aussi, mais cela ne suffisait pas à l’altérer totalement. Tout comme sa splendeur n’atténuait pas assez ma rancune pour que je lui pardonne simplement les crimes de son peuple. Je me raclais la gorge, assez fort pour réveiller d’un sommeil léger.

- Demoiselle, le soleil est levé. Une journée importante vous attend.

Voilà pour un sommeil un peu plus profond. Il m’arrive parfois de me demander ce qui me prit d’utiliser un tel ton. Peut être l’envie de prolonger un temps l’illusion. Il était peu probable qu’elle se laisse abuser longtemps, et tenter de la tromper ne servirait qu’à la braquer encore une fois. Mais j’avais surement voulu, inconsciemment, recommencer cette relation à zéro. Seulement voilà, il ne fallait pas commencer cette journée sur un malentendu. Aussi me repris-je bien vite.

- Une journée où tu joueras ta vie.
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Rhynilee Melrahel
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeDim 12 Avr 2009 - 16:54

La nuit fut un répit bien trop court avant ce qu’il l’attendait au matin. Si elle avait pu, elle aurait préféré passer sa vie à rester ainsi endormie plutôt que de se savoir réveillée le lendemain.

Ses pensées s’étiolèrent pendant la première partie de son sommeil comateux vers les plaines larges et les vallées encaissées et mortes des ruines de Nisetia, où elle rêvait qu’une tempête de sable sans fin l’emprisonnait dans des monts de pierres d’où elle ne sortirait jamais, l’étreinte de la destruction l’enserrant dans une prison d’éboulements mortelle. Son esprit vagabonda ensuite dans la vase de Faelia où des centaines de batraciens l’assaillaient, leurs langues venimeuses et étrangement proches des tentacules qui l’avaient menacée et presque atteint à sa vie, s’enroulaient autour de son corps qu’elle ne pouvait défendre, comme paralysée malgré elle. La série de cauchemars se perpétua, bien que pourtant Rhynilee n’avait ni peur, ni envie de se réveiller. Elle subissait les assauts de son esprit sans même rechigner ou gémir d’effroi, ses sourcils se fronçant dans son sommeil de temps à autre sans qu’elle ne s’en rende compte. Ses poings serrés et blottis sous sa joue tenaient fermement le drap comme une noyée se raccroche éperdument à sa bouée de sauvetage, la seule bouffée d’oxygène qu’elle avait, le seul espoir.

Cette nuit orageuse peuplée de rêveries dérangeantes aurait pu longtemps continuer si Rhynilee n’avait pas ouvert les yeux en sentant la froideur du vent la faire frissonner et les rêves s’intensifier. Il n’était plus supportable de laisser son imaginaire se montrer aussi puéril et d’imaginer des situations de plus en plus grandiloquentes et stupides… Décidemment le monde du sommeil et des bras de Morphée était une chose bien complexe. Dans un soupir étouffé et fatigué, la jeune femme agita lentement ses jambes, se redressant avec lenteur et paresse pour faire pivoter son corps vers la fenêtre laissant entrevoir la nuit noire et la lune finement dessinée dans le contour nocturne et étoilé, son croissant tranchant les nuages profonds.

Elle avait envie de dormir, son corps alourdi, et à la fois elle voulait courir, s’enfuir, s’isoler loin d’ici, sans savoir pourquoi ni comment. Ses jambes la portèrent toutes seules face au volet qu’elle ferma lentement, empêchant la brise de venir à nouveau jouer dans les boucles blanches qui s’agitaient contre son dos. En détournant le menton distraitement, son reflet lui parvint à travers le verre fraîchement nettoyé par la pluie qui était peut-être tombé il y a quelques jours, ou quelques mois.

On eut dit que toute la fatigue s’était réfugiée dans ces traits expressifs. Ses grands yeux d’habitude éclairés d’une vive lueur étaient éteints, presque trompeurs, plongés dans une torpeur envoûtante où seule Rhynilee pouvait y voir un repos et un calme précaire. D’une main –et si elle savait qu’elle reproduisait le geste qu’avait réalisé peu de temps auparavant son bourreau, elle en aurait soupiré d’indifférence- elle balaya le contour de son menton, de ses joues creusées par la grâce de sa minceur, de son petit nez retroussé, puis de ses pommettes hautes et saillantes. Enfin les paupières clignèrent, les longs cils blancs venant s’abattre contre ses joues fraîches et perlées. Sa chevelure était désordonnée, la cascade ondulée et profonde ayant subi les aléas du chaos de la journée et de ce début de nuit mouvementé. Que diable, Rhynilee se voyait ainsi belle et désirable, mais trop fatiguée, trop lassée, comme si ce visage était incapable de ressentir un réel élan d’intérêt pour ce qu’il lui arrivait. Ce soir, oui, elle avait vraiment envie de dormir, chose qu’elle n’avait pas voulu tantôt et qui maintenant devenait principal pour se préparer à ce qui la guettait d’ici une poignée d’heures.

Rhynilee soupira en laissant retomber ses bras contre elle, pantelante, alors qu’une pollution sonore indescriptible venait perturber l’apaisement ambiant de la chambre où elle se trouvait. Glissant à nouveau sur les draps du lit avec précipitation et délice, la jeune femme ignora qui pouvait bien être l’auteur de ce vacarme. Un client perturbé, un couple un peu trop agité, un mort dont le cadavre venait de glisser avec bruit au sol, son sang s’écoulant lentement alors que sa tête roulait un peu plus loin... Rhynilee agita la tête, soupirant à nouveau.

Ma pauvre, tu te tracasses pour rien.

Sa voix un peu éraillée par le sommeil s’étouffa dans les tréfonds de sa gorge, et le sommeil la reprit, l’emportant avec lourdeur dans des contrées éloignées d’Abyssea et de Zelvajra.

***

Le réveil à l’aube fut soudain. Les quelques faibles rayons lumineux suffirent à tâcher sa peau, et elle ouvrit les yeux bien malgré elle, se redressant aussi trop brusquement, sa tête prise d’un léger vertige. Elle demeura assise un instant, se frottant les yeux, pour finalement s’effondrer mollement contre sa couche éphémère. Se lever ? Pour faire les cents pas, attendre quelque chose, quelqu’un dont elle ne savait pas grand-chose et qu’elle n’avait pas envie d’affronter… Mh, autant rester confortablement installée. S’étendant de tout son long, la drow observa distraitement la table de chevet où un peu plus tôt dans la soirée d’hier, le poing de l’hybride avait martelé le pauvre mobilier innocent. Peut-être ne repasserait-il jamais et la laisserait-il crever de faim ici ? Il avait sous-entendu ouvertement qu’il repasserait. Mais il pouvait tout aussi bien s’être moqué d’elle et décidait de jouer avec ses nerfs – première perversion -, pour ensuite la laisser s’affamer, s’assoiffer et devenir folle – triple perversion -. Ou tout simplement, la paranoïa de Rhynilee commençait à atteindre des sommets. En même temps… Entre ses dents serrées, la drow murmura, fermant ses paupières paresseusement.

Face à un poulpe pareil, je devrais m’attendre à tout…

Elle se retourna, se laissant tomber sur le dos en fixant le plafond, toujours perturbée par son programme de la journée. Elle avait beau penser à Malithra, au Puy, à une possible embauche pour ses services… Rien ne la détachait de Zelvajra. Merde, il devait vraiment lui faire de l’effet, pensa t-elle avec ironie. Et trêve de plaisanterie, sa vie dépendait peut-être de ce type. Comment se comporter ? Etre douce et conciliante ? Mordante et emmerdante ? Ou juste… S’en foutre ? Non, il allait lui être difficile de faire comme si mourir ne lui importait guère, qu’après tout il puisse la faire tuer sur place, elle n’en avait strictement rien à faire. Insolente mais pas suicidaire et débile, tout de même.

Le déclic faible qui résonna dans la serrure de sa porte la fit sursauter, cependant elle referma comme dans un automatisme de méfiance ses yeux, et s’allongea comme la belle au bois dormant aurait pu le faire dans un conte quelconque. Avec l’air de princesse angélique en moins et le cœur qui se remit imperceptiblement à tambouriner dans sa poitrine en plus. Soit c’était l’aubergiste qui venait – et elle n’avait plus qu’à remercier son ange gardien- soit c’était ce… Bref, et là elle n’avait plus qu’à improviser.

La voix qu’elle reconnut était malheureusement celle de Zelvajra. Mimant avec brio l’endormie qui émerge avec la douceur d’une fleur éclosant et déployant ses fraîches pétales, la drow releva son buste et s’étira, parvenant même à bailler de manière naturelle. Etirant ses bras, elle se frotta les yeux, cherchant presque d’ailleurs son petit déjeuner du regard. Car c’est à ce moment qu’elle sentit aussi un léger gargouillis parcourir son ventre dans un spasme. Zut, elle allait peut-être bien finir sa vie le ventre vide, voilà qui était un peu dommage. Se levant sans adresser un regard à la silhouette qu’elle devinait dont ele commençait à connaître le faciès, la drow se tourna pour ouvrir le volet tranquillement, comme dans sa propre chambre, et profita du faible courant d’air subrepticement. Ce ne fut que lorsqu’elle pivota pour enfin poser ses yeux sur Zelvajra qu’elle sursauta malgré elle.

C’était lui, ce drow ? La peau sombre était la même que la sienne à elle- même un peu plus - alors qu'hier elle était si diaphane, mais les cheveux étaient bien trop clairs, blancs, alors qu’hier ils étaient sombres… Son esprit lui joua un méchant tour, la laissant penser à un sauveur quelconque qui venait la délivrer en ayant appris son sort. Sauf que ce visage ne lui disait rien, lui rappelant simplement les traits de cet infâme bourreau. Ses yeux se détournèrent comme si de rien n’était, et son bras esquissa un geste inutile pour meubler son silence, lissant le pli invisible froissant le drap du lit.

Ca, j’avais commencé à le comprendre, merci.

Sa voix notait une trace d’irritation, plus parce qu’elle commençait à trouver le temps long que parce qu’elle pensait qu’il voulait se rendre intéressant en jouant au drow. Bon sang, qu’attendait-il pour en finir avec elle ? C’était bien trop traînant, bien trop anormal et angoissant. Croisant les bras, Rhynilee ne chercha pas à cacher qu’elle avait aussi défait ses poignets et donc ses pieds depuis son départ. D’une voix calme qui notait cependant toujours de la lassitude qui aujourd’hui était dominante, elle continua.

J’imagine qu’on n’accèdera pas à ma requête mais j’ai faim et un peu soif, alors si je pouvais avoir un peu d’eau, merci d’avance.

Rien de plus. Pas de « où on va ?! » terrifié, pas de larmes, pas de supplications. Pas même de hurlement d’extase dans le genre : « Waaaw, mais dis-moi, en mode drow tu serais plutôt mignon.. ». Non, si elle devait dire quelque chose, ça sonnerait plutôt ainsi : « Allez, arrête de faire ta petite mise en scène de marionnettiste et fais ce que t’as prévu, tourne pas autour du pot, abruti. »
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeLun 13 Avr 2009 - 20:17

C’était une situation étrange. Si elle n’avait pas sursauté quand elle avait posé les yeux sur mon « déguisement », rien n’aurait laissé présager sa surprise. La première frayeur oubliée, elle s’était conduite de façon tout à fait normale, reprenant après une bonne nuit de sommeil - apparemment - ses habitudes provocantes. Enfin, d’un autre côté, elle appartenait à un peuple qui avait fait de la manipulation une religion, aussi plus rien ne devait la surprendre, pas même le fait qu’un bâtard hybride puisse se faire passer pour l’un des siens. C’était une facette de ce pouvoir que je n’avais jamais envisagé avant, mais grâce à lui, je devenais le bienvenu partout. Il m’ouvrait toutes les portes, et cela me donnait des idées plus qu’intéressantes.

Mais je me forçai rapidement à revenir à l’instant présent. La drow était toujours là, face à moi, me jaugeant comme pour déterminer jusqu’à quel point mon illusion poussait au réalisme. Le seul défaut que je lui trouvais, personnellement, et il résidait dans la couleur des cheveux. On aurait dit un paquet blanchâtre, beaucoup trop homogène pour paraître crédible. Heureusement, la capuche masquait le gros du désastre, et l’horrible marque calcinée attirait le regard, le détournant ainsi de ce talon d’Achille. Au final, le tout donnait un aspect dont je n’étais pas peu fier, surtout vu le peu de cas que j’avais accordé à cette facette du don de l’Oublié. Sa première remarque m’arracha un léger sourire, comme si le fait de radoter ne me dérangeait pas, au fond. Je me faisais vieux, après tout.

La pauvre commençait à perdre patience. C’était visible, être enfermée ne lui était ni familier, ni agréable, et elle ne devait penser qu’à une unique chose : s’échapper de ce piège que je lui avais fabriqué. Le fait est qu’elle était désormais libre de ses mouvements, et donc dangereuse. Mon état de fatigue était toujours là, et je n’avais envie de prendre aucun risque.

- Nous nous restaurerons ensemble quand tu m’auras donné - lentement et sans geste brusque - tes armes. Elles ne te seront d’aucune utilité aujourd’hui.

Je tentai alors une sorte de sourire, mais qui devait me donner une apparence lugubre à cause de mon visage défiguré. M’en rendant compte, j’abandonnai et pris un visage plus neutre.

- Pour que tout se passe bien, je ne te demanderai pas d’obéir à chacun de mes ordres comme si ta vie en dépendait.

Amusant comme je pouvais me trouver drôle sans même le faire exprès. En un sens, sa vie dépendait des ordres qui allaient suivre. Peu de chance qu’elle goûte à l’aspect cocasse de la situation, mais ne l’ayant pas décelé moi-même, ce n’était pas dérangeant.

- Tu peux m’insulter, te moquer de moi, me mépriser, en bref, tu peux utiliser ton aisance dans le langage autant que tu le souhaites. Par contre, tente seulement une action pour t’échapper, une seule, et le fil de ta vie sera tranché net.

C’était la seule idée qui m’était venu à l’esprit pour tenter de la canaliser. Lui redonner une petite liberté, afin de la maintenir en cage. Je doutai que cela puisse fonctionner, mais comme rien d’autre n’était venu éclairer mes réflexions, il fallait s’en contenter. Mes mains se rejoignirent dans mes manches, alors que j’ajoutais une dernière chose.

- Joue le jeu, et tu survivras. Contourne les règles et tu mourras.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeLun 20 Avr 2009 - 23:47

Tout de même, quelle idée lui était passée par la tête ? Alors que la jeune drow vérifia dans un geste stupide dans l’unique but d’occuper ses mains et ses yeux que les lacets de ses bottes hautes étaient bien noués – et elle ne semblait par ailleurs guère gênée de dévoiler ses jambes devant un ennemi qui n’en aurait rien à faire mais qui aurait pu être perturbé par cette vision tout de même agréable -, Rhynilee se demandait tout de même dans quel but cet abruti s’était métamorphosé en drow. A quel jeu jouait-il ? Allait-il essayer de se faire passer pour quelqu’un de sa race ? Mais qu’est-ce que ça allait lui apporter, bon sang… Autant de questions qui à nouveau explosaient dans les méandres de son esprit fraîchement réveillé. La drow rabattit les pans de son jupon et releva un nez hautain et attentif sur Zelvajra, qui continuait la tirade des règles à respecter pour la journée.

En fait, à bien y réfléchir, il aurait été un parfait père et elle une vraie gosse, actuellement. Il se contentait de donner des ordres, de hausser la voix avec justesse à la moindre menace pou donner un semblant de terreur et de crédit à ses propos, et d’y ajouter le poids du respect qu’il se devait d’imposer à Rhynilee. Elle-même n’avait plus qu’à hocher comme une petite enfant soumise de la tête et dire oui à tout, bien qu’il fallait tout de même pendant cet exercice périlleux caser quelques non quand l’occasion se présentait. Un bon spectateur cynique aurait bien ri devant cette idée de drow soumise face à un crétin d’humain-hybrido-bizarrement-dévoreur-de-laitue. Enfin, en admettant qu’il aurait eu le temps de rire entre un homme doté de bras tentaculairement monstrueux et d’une femme aussi doucereuse que vicieux et qui aurait pu vous loger un poignard dans le dos alors qu’elle serrait son amant dans ses bras.

A nouveau, la surprise fut au rendez-vous quand il lui demanda ses armes. La jeune femme fronça les sourcils et le nez dans une mimique à la fois comique et sérieuse, exprimant parfaitement son interrogation et son incrédulité. Comment pouvait-il lui demander de se démunir de l’unique chose qui lui donnait une contenance et une protection ? C’était comme si un violeur récidiviste déguisé en grand-père débonnaire vous demandait de vous mettre nue alors qu’il jurerait ne rien tenter. Certes, la comparaison était vraiment lamentable, mais au moins elle avait le mérite d’être claire. Se remettant à parler à nouveau de manière utile et très agréable –façon de parler bien sûr, Zelvajra n’y verrait rien de plaisant-, la drow ôta cependant d’un mouvement leste du poignet le fouet qui était suspendu à sa taille dans son dos – chose étrange et inquiétante, on n’avait à peine pu deviner la forme sous ce jupon – mais le garda dans sa main droite fermement serrée. S’il comptait l’avoir à sa merci aussi facilement, il se trompait. Rhynilee ignora donc sa tentative ratée de sourire se voulant simple et dénuée de méchanceté avec la froideur d’un glacier et le sérieux d’un homme venant chercher les impôts du village.

Si je comprends bien… Je dois me délester des seules choses qui m’éviteront de finir réellement dépendante à votre bon vouloir, après ce que vous avez fait hier et ce dont vous êtes peut-être capable aujourd’hui ?

Elle laissa un petit temps de réflexion. Elle n’aimait pas ça, oh non. Mais là encore, avait-elle seulement le choix, pour son petit confort, de rester armée ? Non. Elle crevait de faim. Choisir entre sa survie et sa survie… Haha. Se baissant sans quitter de ses iris argentés la silhouette de sylphide elfique raté, la jeune femme fit glisser le long fouet dans sa direction, et se redressa. Elle ne souriait pas, mais au fond, sentir le contact de la petite lame cachée la rassurait et lui confirmait une chose : Zelvajra restait bien naïf s’il croyait que la drow lui donnerait vraiment l’entièreté de son armement. Et puis, elle avait l’air convaincante dans sa contrariété, alors il ne douterait que trop peu. Il se sentait supérieur dans cette situation, elle le devinait à sa stature confiante.

Voilà. On mange bientôt ?

Rhynilee croisa les bras en entendant la suite des évènements. Ne pas obéir obligatoirement, voilà qui la confortait dans son idée. L’hybride était un peu trop aveugle, non ? S’il voulait la museler, pourquoi lui demander ses armes, lui dire qu’il n’allait pas l’attaquer mais qu’elle n’avait pas à le suivre dans tout ce qu’il disait ? Voilà qui était contradictoire. D’autant plus qu’elle dépendrait tout de même lui, et que c’était peut-être bien une invitation à commettre une erreur pour qu’il ait un semblant de motif pour l’achever. Oh oui, mais quel imbécile, décidemment…

Ses phrases grandiloquentes et bien construites sur le fil de sa vie la firent à peine sourciller. Elle avait souvent entendu ça, aussi. Des proies plus difficiles que les autres qui avaient réussi un temps à la maintenir prisonnière ou en position temporaire de faiblesse, et qui lui disaient avec ce sadisme grossier de malotru : « Sois sage ou tu crèves ! ». Quand vous êtes adolescente et que vous avez encore ce cruel manque d’expérience, vous pouvez éventuellement ressentir une once de crainte, mais l’adrénaline, cette vague de plaisir frissonnant et fugace, prédomine tellement que vous vous sentez pousser des ailes.

Non mais ça va je suis pas une meurtrière non plus.

Douce, adorable et charmante ironie qui résonne aux oreilles de Zelvajra face à ses termes pourtant sérieux. Une chose était sûre, la journée promettait d’être longue pour lui.
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MessageSujet: Re: [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille.   [PV]Le Bourreau, la Sombre et l'Ecaille. I_icon_minitimeMar 21 Avr 2009 - 21:53

La pauvre hésitait quant à la conduite à venir. Je sentais que je l’avais perdu, j’avais le pressentiment qu’elle n’arrivait pas à suivre mes déclarations et que mes motivations lui semblaient de plus en plus floues. Mon changement d’apparence, par exemple, devait surement la laisser dubitative. Moi-même, je n’avais pas compris toute suite ce qui m’avait poussé à ainsi travestir mon image, à m’enlaidir au point de finir par ressembler à un des siens. Et ce n’était pas vraiment de sa faute, elle ne pouvait tout simplement pas comprendre. Peu le pouvait. Je le voyais bien, ma dernière demande ne lui avait pas plu. Se séparer de ses armes, c’était me sacrifier encore un peu de sa liberté, c’était prendre le risque de se retrouver sans défense au moment ou je déciderai d’en finir. Je la sentais tendue et fortement contrariée, et si ses yeux d’argent avaient pu lancer des lames, ma vie se serait surement terminée à ce moment là. Mais elle et moi savions qu’elle n’avait, au final, pas le choix.

Quand elle sortit des profondeurs de sa blanche chevelure son long fouet, j’eu du mal à cacher ma surprise. Si on me l’avait demandé, j’aurais parié que son arsenal n’était constitué que de dagues habilement dissimulées, et j’étais à des lieues d’envisager qu’elle cachait une telle arme. Le plus troublant était qu’un fouet était surement plus rapide que mes tentacules, et que si elle l’avait voulu, elle aurait pu me mettre aisément très mal en point. Après tout, je lui avais dévoilé, et lui dévoilais toujours, ma plus grande faiblesse. La peau sensible de la partie gauche de mon visage n’aurait pas supporté sa vicieuse morsure, et cette diablesse aurait très bien pu s’échapper avant que je n’arrive à me concentrer sur autre chose que la cuisante douleur qui serait venu châtier mon idiotie. Sa petite main restait fermement crispée sur le manche, et nous nous fixions en silence.

Je restai alors totalement immobile, le regard aussi neutre possible. Ce n’était pas la première fois que je me retrouvai en position délicate, et le monde m’avait appris que montrer sa peur était la plus fatale des erreurs. Aussi, quand elle m’abandonna finalement l’arme, ne témoignai-je d’aucun soulagement. Je me baissai lentement pour m’en saisir, me redressai et la fixai une petite seconde, avant d’en revenir à mon « invitée », imaginant ce qui aurait pu découler d’une attaque de sa part. Les possibilités étaient nombreuses, et j’abandonnai rapidement l’exercice inutile. Le fouet était dans ma main, et elle n’avait vraisemblablement plus aucune arme. Je savais les drows habiles acteurs, mais je doutais qu’elle jouait son extrême contrariété.

Ce fut sa dernière boutade - permettez moi de juger ainsi son affirmation - m'arracha un sourire amusé. Elle restait une sombre, et elle avait le meurtre dans le sang, comme tout ceux de sa race. Je savais sa route teintée du sang des malheureux qu’elle avait pris plaisir à torturer. C’était tout simplement dans sa nature. Me décalant d’un pas, je laissai alors l’entrebâillement de la porte libre, prêt ai cas où elle décidait de tenter quelque chose de stupide.

- Tu avais faim, je crois.

D’où elle était, elle pouvait surement apercevoir l’escalier, qui se terminait sur la salle commune qu’elle avait pu entrevoir la veille. D’agréables odeurs commençaient à remonter jusqu’aux chambres, le tavernier venait surement de mettre à cuir sa viande du déjeuner. La pauvre sombre en avait probablement l’eau à la bouche, et je ne me faisais pas de soucis quant à la suite des opérations. J’aurais mis ma main au feu qu’elle ne tenterait rien tant qu’elle n’aurait pas pu manger autant qu’elle pouvait, en prévision des temps difficiles qui l’attendaient. Son imagination avait du faire son travail, et lui montrer des supplices que je serais bien en peine d’imaginer.

- Allons-y, j’ai demandé au cuisinier de te préparer de quoi te…

Je ne pus pas terminer ma phrase, un violent éclat de douleur me clouant le bec mieux qu’elle n’aurait jamais pu le faire. Le baume d’Arashkam commençait à peine à faire effet, mais il était loin d’être une solution miracle. Prenant brusquement appui sur le montant de la porte, j’esquissai une grimace qui devait, avec l’immonde marque, déformer mon visage jusqu’à le rendre méconnaissable et dégoutant. Je me forçai alors à parler, affrontant le regard de la sombre.

- Tu attends quoi ? Ton repas est en bas, non ?

Ma voix était cassante, presque sifflante. La douleur commençait déjà à refluer, mais elle me laissait encore un peu plus hagard. De quoi bien commencer la journée.
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