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 La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]

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Idris Ar-Feiniel
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MessageSujet: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeSam 18 Avr 2009 - 22:23

L’horizon était teint. Le violet, le rose et le jaune se vouaient une lutte d’éclat et d’espace. Les nuages n’osaient s’y soustraire, tant et si bien que d’immenses morceaux cotonneux prenaient des reflets d’oranges et de lilas, la lointaine nuit déjà bleu et grise, brillant de petits points disperses. Il y avait dans l’air, en cette soirée, une magnifique brise fraîche. Le bruissement des feuilles, de la barbe lointaine des nains même, ajoutait aux chants guillerets de la faune volatile une touche d’exotisme… les insectes se disputaient, comme toujours, les bourdonnements les plus violents, les chemins les plus noirâtres. Une douce poussière tombait dans les restants lumineux de la journée, les feuillages entourant le lac scintillant, lourds de chaleur, se tendaient paresseusement vers le sol, en l’attente de la rosée bienfaitrice du matin.

Un chaud rayon, tout d’or drapé, chatouillait les petites bêtes qui nageaient silencieusement dans l’eau encore limpide. Des ondes passaient ça et là à la surface, et quelques libellules volaient en vitesse d’un point à l’autre. La chaleur, mes amis, était d’une délicate étreinte. Elle prenait la peau, la fourrure et la carapace de tous, s’y logeant à perpétuité, tandis qu’on cherchait mollement un point d’eau ou se rafraîchir les idées, le corps et l’esprit. La sueur animale, humanoïde même, n’était plus chose rare en Karfias. On ne savait plus de quelle saison, entre l’hiver et l’été, était la plus clémente. Une humidité toute palpable nous faisait respirer, de lenteur, une gorgée ou deux entre quelques bouffées d’air.
Les bêtes les plus imposantes se réunissaient sous des coins d’ombre, s’imposant une trêve latente, un accord silencieux à l’appel d’un peu d’espace…

La nuit s’élargissait au dessus des têtes, accordant à tous et chacun son voile quotidien, sa clémence amenant à elle les prédateurs nocturnes… et une demi elfe.
La langue tendue vers l’extérieur et la tête légèrement penchée, cette dernière récoltait les goûtes de bière de sa gourde, désespérément, cela dit, car cela faisait déjà quelques minutes qu’il n’y avait plus rien. Tout était à sec.

Une plainte candide traversa ses lèvres, ses yeux se fermant sous l’assaut d’une vague chaude dans tout son corps. La demoiselle rejeta la gourde dans l’herbe foisonnante, avec bon nombre de ses effectifs, alors que sur elle ne résidaient plus qu’une mince tunique. Les jambes étendues, les paumes contre le sol, elle soupira en regardant le lac, rêvant d’un peu de jus d'houblon frais et bien brassé. De grandes pierres froides contre lesquelles presser un dos suant pour un peu de réconfort… de la cité naine, en soit.

Les cheveux collés à sa nuque, elle roula sur elle-même et se mit sur pied. L’eau était chaude, mais ça restait de l’eau, et l’envie incommensurable de s'y baigner n’était pas sans conséquence… ses vêtements étaient déjà bien trempés, de toute façon. Passant le tout par-dessus sa tête, son être se fit englobé par le rayon de soleil qui résidait encore, téméraire, semblant particulièrement attaché à Rioska, dit donc. Avec un semblant de lassitude, la jeune femme, sans gêne particulière, plongea un pied prudent, un frisson de confrontation la parcourant de toute part…

Elle se fit glisser de peine et de misère dans cette étrange lac surchauffée, une lourdeur ennuyant ses paupières, l’idée de piquer un somme, juste après, lui montant à la tête. Et pourquoi pas, nue dans l’herbe, à la fraîcheur d’une brise…
Idris n’avait pas une grande notion de la pudeur, et en fait, elle ne se voyait pas plus gênée qu’il ne le fallait, alors qu’elle nageait doucement entre les petits poissons brillants, que quelqu’un ait l’idée de regarder ses fais et gestes, bien qu’elle ne fut point vêtu… ne l'inquiétait pas.

Ses mouvements firent des ondes blanchâtres autour d’elle, elle s’enfouit sous la surface, se laissant flotter entre deux mondes, les yeux fermés, la respiration en suspense…
L’absence d’apesanteur était si agréable… elle sortie sa tête de l'eau, sa douce peau légèrement rouge, mais agréablement traitée.

De quelques clapotis, elle continua, prenant quelques gorgées aux goûts parfois surprenant de thé, une fesse, une jambe, une poitrine ou quoique ce soit sortant de ci de là de l’eau, au grès de ses fantaisies…
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Umbrae
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeMar 21 Avr 2009 - 21:06

Umbrae avait longuement chevauché. Aux abords de ce lac, il avait rendu la liberté à sa monture. Il aspirait au calme ; son corps tout entier appelait le repos.
Pour cela, s'allonger dans l'herbe ne lui suffirait assurément pas. Tout d'abords, il serait incapable de relâcher tout à fait son attention, et quelque animal se piquerait bientôt de lui donner raison... Son souffle se fit légèrement plus profond. Il déposa sa sacoche, ainsi que son armure, découvrant une fine chemise de lin blanc ainsi qu'un pantalon de toile. La lumière blanche du soleil, à son zénith, éclaboussait tous les êtres, conférant aux feuilles une teinte mordorée.
Umbrae ne fut pas contraint d'observer une longue attente, avant qu'un aigle ne daignât répondre à son appel muet. La majestueuse créature se posa au sol, devant lui, vouant à la disparition les célestes bourrasques qui tourbillonnaient à sa suite. Il lui confia ses effets personnels, à l'exception de ces habits qu'il portait, ainsi que de son seul scalpel, glissé dans sa poche.
Alors, il se coula doucement dans l'eau tiède, se laissa choir. Le courant, subtil, le déportait lentement. Il vida ses poumons, tandis que les étincelles magiques, invisibles pour l'heure, éveillaient son être à la respiration subaquatique. Sa gorge s'emplit d'eau, ses paupières se fermèrent. Il atteignit le fond, recouvert d'algues brunes, moelleuses.
Durant les heures à venir, les jours peut-être, il sommeillerait.

Pourtant, en fin d'après-midi, des remous d'une force inhabituelle vinrent troubler le quiet repos de l'Hybride. L'image floue d'un poisson de taille imposante tenta de s'imposer à lui, mais il lui apparut très vite évidant qu'aucun poisson ne barbotait de la sorte à la surface de l'eau. Un mammifère, alors ?
Ses paupières pâles s'ouvrirent, exposant au monde deux perles d'émeraude. Au-dessus de lui, si près, si loin pourtant, il distinguait une ombre argentée, à contre-jour. Elle ridait la surface, les créatures de l'eau la fuyaient. C'était celle d'une créature humanoïde. Une Elfe, ou une Humaine peut-être...

Et le fond de l'eau, immense masse inerte, tout entier frémit.
Les profondeurs devinrent troubles, leur goût, âpre. En quelques brasses, Umbrae s'éleva, à mi-chemin vers la surface. Lourdement, un corps se détachait des algues squameuses. Il s'agissait d'un reptile, un serpent aquatique, plus précisément. Sûrement mesurait-il la longueur de quatre ou cinq hommes, Umbrae n'aurait su l'affirmer.
Avec grâce, ce dernier ondula jusqu'à la surface.
Sa tête creva la surface ; les rais de lumière rougeoyante enflammèrent sa chevelure pure. Il s'ébroua lentement. Les gouttelettes accrochaient le soleil.

Il l'aperçut, à quelques mètres de lui, cette créature. Ses oreilles, légèrement effilées, lui apprirent qu'il s'agissait d'une Demi-Elfe. Il n'eut pas besoin d'élever la voix ; le vent porterait ses mots.

« Demoiselle, quelque danger vous guette... »

Il avisa un îlot, amoncellement de branchages, non loin d'eux. Sur quoi, il le rejoignit, se hissa. L'ombre du reptile se rapprochait de la surface à une rare vitesse. Il aurait pu saisir le bras de la Demi-Elfe, la tirer hors de portée de la mortelle menace, mais ç'aurait été ignorer sa volonté. Effectivement, peut-être chassait-elle. Peut-être était-elle en mesure de se défendre. Femme, homme... Cela n'avait pas de poids pour l'Hybride, et il ne lui serait même pas venu à l'idée de sous-estimer ses capacités en raison de sa situation physique.
Toutefois, si elle venait à frôler le point de non-retour, il interviendrait, assurément.
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Idris Ar-Feiniel
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeMar 28 Avr 2009 - 4:00

Les cheveux de la demoiselle s'était vêtu d'une couleur réglisse par l'eau qui s'en incrustait, l'or capturé par les gouttes, il ne restait plus que de léger reflets infimes, la peau de la demi elfe aillant prit, une fois la rougeur du chaud bouillon assoupis, la même pâleur qui la caractérisait, si ce n'est la luisance que procuraient les gouttes qui y glissaient aux grès des mouvements de la belle. D'un soupire éphémère, la satisfaction de ses traits se poursuivaient sur la joie que lui procurait se bain impromptue, alors que les petits poissons, quand l'envie lui prenait de faire l'étoile, revenaient sur leurs nageoires pour frôler son corps. Ainsi chatouillée, Idris prenait plaisir à rester immobile dans la chaude eau du lac, bien que parfois, inutile de le préciser, elle ne résistait pas à l'envie de poursuivre les petites bêtes aux jolies couleurs...

Soit, il ne semblait rien au monde qui put mettre une fin à son paisible moment, si ce n'était la nuit qui venait à petit pas, alors que le rayon de soleil fuyait peu à peu le lac sans annoncer sa retraite, laissant une pénombre naissante aux alentours et au fond même du Lac de Rioska. Effectivement, suivant le soleil dans sa retraite, la demoiselle ne voyait plus à une certaine distance dans l'eau de plus en plus sombre, préférant garder, bien qu'écrasante de chaleur, la vision que lui procurait la dernière lueur de la journée. L'idée de ne pas voir le fond la faisait frissonner quelque peu, mais en l'occurrence, rien de fâcheux ne survenu, aussi laissa-t-elle sa surveillance faire défaut plusieurs minutes.

La négligence de la jeune femme prit fin quand une éclaboussure lui fit retourner la tête. Un gros poisson qui sortait? Et bien... non. Les yeux d'Idris s'agrandirent doucement, la chevelure blanche, immatérielle, qui pointait hors de l'eau n'était pas d'un type très marin. Tout en surprise, d'ailleurs, et immergée jusqu'à la tête, elle ne fit pas de mouvement particulier, bien que son intérieur fut tout en émois de la soudaine apparition. Quelle chance y avait-il qu'en territoire nain, une chevelure blanche n'apparaisse à l'horizon, dans ce lac précisément?
Probablement peu... et pourtant. Nageant sur place, les yeux chocolats fixés sur le nouvel arrivant, car il lui semblait être un homme... heu, enfin, un être de sexe masculin, elle respira profondément pour se donner un semblant de contenance, mine de rien. Qui sait ce qu'un Drow voulait d'une demi elfe, surtout nue, donc les armes étaient bien loin. Certes, les questions affluaient, mais la voix du personnage lui montèrent aux oreilles. De quoi devait=elle se méfier, de lui, d'autre chose?

Sûrement pas, puisqu'il s'installait singulièrement hors de l'eau...

C'est du coin de l'oeil qu'elle vit l'ombre agrandir à sa gauche, et qu'une gueule imposante, muni de deux crocs bien pesant, ne surgisse de l'eau en vitesse, alors qu'elle eut le temps d'ouvrir la bouche de stupeur et que ses mains sortirent elles-mêmes avec juste ce qu'il fallut de rapidité pour attraper, d'une main chacune, la mâchoire basse et haute, toute sa personne, poussée par l'élan de la bête, s'immergeant avec elle vers le fond du lac, sous l'aléa de quelques bulles d'airs.
La gueule, énorme, continua le périple de sa faim, le prolongement de celle-ci, le corps du serpent, poussant de sa puissante présence sa pitance entre les algues d'où il venait, sa queue tentant déjà de la prendre entre ses anneaux, voulant étouffer l'instinct de survit de sa proie sous l'emprise écrasante de son corps.

Idris, la vision brouillée, cherchait maladroitement des yeux, entre la poussière et les bruns rideaux qui valsaient, un endroit où s'esquiver, tout en retenant douloureusement le peu d'air qu'elle avait eut le temps d'inspirer. Penser n'était pas aisé, avec la peur qui nouait sa gorge et se qui entourait sa taille dans une calme certitude, évoquant, avec grande probabilité, sa mort prochaine. Et si ce n'était pour avoir été mangé, la noyade ferait bien le reste...

Elle sentie de ses lèvres sortirent une énorme bulle, un étau engageant sa taille dans la résistance même de ses os, sa vue s'embrouillant tout comme ses sens, alors que la force de ses mains se concentraient sur les crochets de la créature, bien que ceux-ci aient la malheureuse faculté de se replier. La panique l'envahissait , mais la force n'était pas, et de spasme, elle resta férocement accrochée à ce qu'elle tenait, quoique ce fut.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeMar 5 Mai 2009 - 13:35

[ Mes excuses pour le retard ^^ ]




Les prunelles aux reflets auburn s'étaient posées sur moi et je sus alors qu'elle m'avait vu, mais aussi entendu.
Serait-elle prudente ? Je craignais de devoir admettre qu'elle n'en aurait pas le temps... M'inquiétai-je pour elle ? Cela allait de soi. Certes, je ne parais guère altruiste, cependant cela n'est que surface ; en effet, aider les créatures lorsqu'elle sont sujettes à quelque ennui mineur risque de les attacher à ma personne de telle sorte que je m'attacherais aussi à la leur... Mais je suis éternel, mais je suis une flamme, je m'éteins pour renaître en un cycle sans fin, mais, toujours, je vacille. L'on m'a tellement fait souffrir. Parfois, je suis devenu à mon tour subtil bourreau...
Sans vraiment le vouloir ? Bien sûr que si, je ne peux le nier, quoique l'admettre accélère les battements de mon cœur. Il m'arrive d'être cruel, je ne l'ignore pas.
Mais la douleur est si sublime... Certaines douleurs. Comment résister à leur appel, à la quiétude qu'elles peuvent procurer ?

Cependant, en cet instant, je ne désirais nullement que fût soufflée l'âme de cette créature.
Était-ce purement égoïste ? Peut-être ne voulais-je simplement pas qu'elle mourût sous mon regard, savoir que j'aurais pu intervenir mais que je n'en avais rien fait...
Je plongeai et, pour la seconde fois en ce jour, je ressenti l'alourdissement, la compacité de mes poumons emplis de tiède liquide. Pourtant, alors même que j'usais de l'oxygène présente dans l'eau, je conservais des réserves d'air pur.

Aux tréfonds de mes yeux, je revoyais, sans cesse, l'éclat éblouissant du serpent mordoré qui avait jailli avant de pousser la Demi vers les profondeurs.

Je gardai les paupières ouvertes. L'eau glissait sur mes yeux devenus voilés, brûlante comme l'est la trace de la morsure du soleil.
L'extrémité de la queue du reptile fila de biais, effleurant mon visage. J'y plantai mon scalpel, lequel, aiguisé au possible, n'eut aucun de mal à fendre les écailles pour s'enfoncer dans la chair. Ainsi, j'étais tracté à la suite du reptile, à sa vitesse...

Nous nous enfoncions vers les profondeurs, et je ne parvenais pas à réfléchir efficacement. Mon esprit dérivait.

La créature mordorée ralentit, suffisamment pour que je puisse me permettre de retirer le crochet improvisé de son logement écarlate, ce que je fis. En nageant, j'engageai alors une course ; atteindre cette gueule béante avant qu'elle-même n'atteigne le fond.
Je parvins à côté de la Demi. Sous l'effet de la pression, de l'absence d'air, sa poitrine était compressé au possible. Mon univers était flou ; j'eus alors l'impression que toutes ses côtes s'étaient brisées.

Nous nous enfoncions vers les profondeurs, et j'eus peur qu'il ne fût trop tard.

D'un mouvement vif du bras, je partis en vrille à ma droite, vers cette gueule, ces crocs. Je nageais plus rapidement, mais la fatigue appesantissait mon corps. Pourtant, je me faufilai entre la proie et le prédateur, dans cet interstice écarlate, cette porte vers la mort. Je plaquai ma main sur la langue fourchue.
Le feu qui jaillit de ma paume produisit un éclair de lumière fauve, suivi d'une détonation brumeuse, presque aussitôt, lorsque l'eau l'étouffa. Le serpent émit un gargouillement rauque. Il y eut un mouvement convulsif de tout son corps, puis il ouvrit largement la gueule. Il allait la refermer en un claquement.
Mais, avant cela, j'aurais extrait sa cible. Je posais mes mains sur les siennes, pâles. Les crochets, rétractiles, se mouvaient... Les doigts glissèrent, les miens comme les siens, bloqués contre cette gencive dénuée de crocs.
D'un coup, nous fûmes expulsés à quelques mètres du reptile. Les poissons colorés s'éparpillaient en toutes directions. Je sentis des algues effleurer la plante de mon pied. Le fond, déjà ? Peu importait...
Je ne lâchai pas la Demi, pas encore. Pas tant qu'elle serait susceptible de mourir. Je posai alors une main sur sa nuque, et rapprochai mon visage du sien, avant de lui insuffler de force plusieurs gorgées d'air pur.
Je détestai avoir à faire cela. Je n'aimais pas forcer un être à vivre. J'ignorais tout d'elle ; peut-être avait-elle appelé la mort de tous ses vœux ? Je n'étais pas en droit de prétendre le contraire. Pourtant, ce fut bien ce que je fis : j'obligeai la vie à demeurer en elle.
Et, réunissant toutes mes forces, je fonçai alors vers la surface, la tenant fermement par la main. Je me concentrais à tel point que j'en venais à perdre conscience de toutes les sensations. Si elle avait ouvert mes doigts, de sa main gauche, afin de se libérer, si elle m'avait mordu, je ne pouvais le savoir.
Mon cœur pulsait rythmiquement dans ma propre poitrine et tout ce que j'espérais alors c'est qu'il en fut de même du sien.
J'ignorais que le serpent avait regagné ses esprits. Où était-il ?
Qu'en aurais-je su ?

Ma tête creva la surface, nimbée d'une lumière d'un rouge d'incendie, à l'image du ciel. Il faudrait quelques secondes pour que ma vision retrouve toute sa netteté.
Aussitôt, un mot jaillit de ma poitrine, un appel, d'une rare spontanéité :

« Demoiselle ! »
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeDim 10 Mai 2009 - 18:04

Quelques choses frôlaient le corps pâle de la semi elfe. Les cheveux de cette dernière allaient et venaient au gré du courant étrange, versatile et rapide. Quelque chose autour du corps de la demoiselle devait sans doute expliquer cela, mais dans une torpeur brumeuse, ses sens endormis ne réagissaient plus à quoique ce soit, se laissant porter par quelques humeurs du temps, étrangère à l’étrange paix qui régnait dans le corps nue de la belle, si ce n’était l’impression de flottement infinie, comme dans le ventre d’une mère. Mais… quelque chose troublait cette élan d’insouciance, un quelque chose qui ressemblait à une douleur, une impression lancinantes de tiraillement, une… décharge.
Le corps nu de la rousse fut pris d’un spasme léger, puis d’un second, plus dérangé. Quelque chose de doux, suivit d’un pincement aussi cruel que vivace, n’acquit à la hauteur d’abdomen.

Une brûlure roula dans sa gorge, enflammant ses poumons, ouvrant ses côtes. Le trouble qui suivit dans son esprit nanesque ne manqua pas de faire entendre sa voix d’une respiration difficilement articulé, sa tête hors de l’eau pouvant enfin inspirer. Et bien que de tâtons, elle fut contre quelques chose, ses mains s’exprimèrent enfin un peu et, s’accrochant, elle ouvrit enfin les yeux, un appel ayant toujours besoin d’une réponse.
Ses deux chocolats d’abord baignés par la douloureuse lumière rougeâtre, elle fini par discerner derrière tout ceci deux émeraudes… et ce fut bien la seule chose qu’elle vit, d’ailleurs. Deux pierres si vertes... un tourbillon luminescent, un court instant lui suffit à oublier toute prudence, et la seule envie de s’y plonger, si ce n’est d’un élan d’érotisme, fut d’une fascination anesthésiante.
Quelle créature pouvait posséder pareils émeraudes… si ce n’était quelque chose d’extraordinaire?

De quelques secondes, pourtant, les gouttes de son visage finirent par s’évaporer, inspirant la jeune femme à un frisson presque glacé, ses esprits retrouvant le chemin de sa personne, lui dévoilant enfin toute la situation d’une seule vision.
Un hoquet et ses yeux s’agrandirent, son visage perdant un aspect qui aurait put être charmant par sa curiosité, alors qu’une peur s’y insinuait des lèvres jusqu’à la chevelure réglisse et malmenée de la demoiselle, sa tête se détournant pour chercher la rive du regard, plus inquiète de se faire manger par un être filiforme. Une inspiration froide lui ouvrit la bouche, et malgré la chaleur constante de l’eau, elle lui parut soudainement bien tiède. Tiède en l’idée que, contre le corps (elle en avait une légère nausée) du drow, ça n’était pas si frisquet.

Malheureusement, elle ne trouvait rien à dire de très précis. Elle n’avait pour l’heure qu’un désir, loin en avant de celui de parler, et c’était de retrouver la terre ferme à l’herbe grasse, bien qu’un serpent fût capable de se mouvoir avec autant d’aisance immergé que sur terre. Au moins, là bas, avait-elle ses armes… et l’image vivifiante d’une marteau de guerre éclatant les crochets de se monstre lui donnait une énergie différente, alors que ce dernier lui avait presque fait la peau.
De vigueur, son côté nain se réveillait, bien que le temps file. Attrapant d’une main soudaine, bien que tout mouvement lui fût douloureux, l’un des bras du Drow, l’idée que la bête fuse morte ne lui passant pas par la tête, ses yeux toujours vers la rive.

« Sortons … ! »

Son cœur battait, rapide, un flot de sang déferlant dans ses veines, de l’énergie battant à ses tempes comme une ombre qui semblait venir chercher ce qui lui était semblait-il du. Dans sa panique avenante, elle n’avait pas perdu l’habituel accent tranché des nains, mais pressée, ses jambes battaient déjà légèrement, son bras libre s’étirant pour couvrir le plus de distance, bien que, comme l’éclat furtif d’un miroir au soleil, traversant son ventre comme une crampe à l’ampleur improbable, et bien que réelle, lui fit perdre quelques secondes la notion de son existence. Sa tête tournait, prit d’un mal étrange, mais ses mouvements ne cessèrent pas, l’idée d’un lopin de terre lui empêchant tout repos.

Ses yeux clignèrent, un soupire traversant son corps alors que ses mains s’enfouissaient dans quelque chose de vert et d’abondant, et la jeune femme, n’aillant déjà pas beaucoup de pudeur, perdit ce qui lui restait de ce sentiment, et grimpa, douloureusement rattrapée par la gravité, mais non pas moins munis d’une peur qui maniait les ficelles de ses membres à un peu plus loin dans la marre herbeuse, que ce fut en rampant ou à quatre patte.

Où était l’elfe noir ? Où était le serpent ? Roulant sur le dos, elle se souleva de ses bras, et chercha des yeux, respirant avec une légère difficulté, tout en repérant non loin de là, ses effectifs.
Couverte d’eau, elle resta immobile, zyeutant le lac…

Hj : C'est tout pardonné x)
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeMer 13 Mai 2009 - 17:13

Crevant la surface, la Demi-Elfe éclot à côté de moi, telle un bouton de rose sombre qui quitte à jamais les limbes de pénombre fluide de son cocon végétal.
Maladroitement, elle chercha à se raccrocher. Ainsi ne m'étais-je pas trompé... Elle désirait vivre. J'ignorai l'importance de son état de fatigue, aussi la soutenais-je prudemment par le coude, négligeant l'irrégularité de mon propre souffle. Je vis ses yeux foncés auxquels la lumière conférait des reflets d'ambre avant que son regard ne se fixe sur moi. Des yeux agrandis, du fait de la surprise, ou le contrecoup de la peur, peut-être... Si mes yeux s'attachaient aux siens, je n'en essayai pas pour autant de percer à jour ses pensées, ce qu'elle ressentait. Par pure délicatesse, je ne tirerais pas parti d'une situation de faiblesse pour comprendre ce que, peut-être, elle désirait cacher. Rares sont ceux qui aiment que l'on sache qu'ils ont peur.

Je la vis revenir tout à fait la réalité, reprendre subitement possession de son corps. Je ne songeai alors pas que notre proximité physique eut pu la gêner.
Sa soudaine proposition sonna comme une injonction à mes oreilles, tandis qu'elle saisissait mon bras. Je dois admettre que nous maintenir plus longtemps à la surface m'aurait été difficile. J'aurais pu, bien sûr, me laisser couler, si j'avais été seul. Étant donné ma capacité d'amphibie, j'aurais disposé de tout le temps nécessaire pour récupérer des forces...
C'est alors que j'aperçus l'ombre du serpent, juste sous nous. Certes, il hésitait, la gueule probablement brûlée.
En effet, il n'aurait guère été prudent de demeurer plus longtemps en ces eaux troublées. Si j'avais porté davantage que cette unique épaisseur de tissu détrempé, chemise de lin et pantalon de toile brune, et le scalpel, en somme si j'avais disposé de mon épée ou de ma lance, les choses auraient été toutes autres... Qu'importait.
Je dois reconnaître en faveur de la demoiselle que son aide ne me fut pas négligeable.

Durant ce temps de latence, alors que je l'aidais du mieux que je le pouvais, je me remémorai l'unique mot qu'elle ait prononcé en ma présence. Elle possédait un accent marqué, le seul qui ne me fut pas coutumier. Donc, par élimination, il s'agissait de l'accent Nain. Je n'en fus pas particulièrement étonné. Au vu de sa musculature entretenue, des traces laissées par le soleil sur sa peau, je devinai sans mal qu'elle était accoutumée aux routes et aux voyages.

L'herbe était d'une fraîcheur bienvenue. La jeune femme s'était déjà hissée hors de l'eau. J'en fis de même. Aussitôt, je dûs m'immobiliser, tous les muscles engourdis. Je demeurai accroupi, un genou posé au sol, quelques instants durant. Mes vêtements fins, trempés, étaient plaqués sur moi. J'avais froid.
Sans trop réfléchir, je laissai ma Magie ruisseler sur ma peau. Iridescente, elle me recouvrit entièrement, me conférant un aspect brillant. Je pris une inspiration plus brusque. J'étais parfaitement sec. Un voile de vapeur s'élevait encore, au-dessus de moi.
Je me redressai doucement.
La demoiselle s'était écartée de l'eau, comme j'aurais dû le faire. Sa peau claire était parsemée de terre humide. Elle ruisselait encore et les ultimes lueurs du crépuscule abandonnaient de grands traits de peinture orange feu sur ses épaules et son ventre.
Mon regard glissa sur son corps, jusqu'à son visage, siège de ses émotions. Cette fois-ci, elle était en mesure de se défendre, de me cacher ses pensées, si elle le souhaitait. Je fixais ses yeux alors que je me rapprochais. Parvenu à côté d'elle, quoique je conservai une distance d'un bon mètre, je m'accroupis. J'amorçai alors le mouvement spontané de lui tendre la main, avant de me raviser. Rapide, j'ôtais ma chemise et le jetai adroitement sur son ventre.
J'étais pâle de peau - trop.
Je ne pouvais le nier, peu avant, j'avais perçu sa frayeur. Parfois, les choses gagnent à être prononcées, murmurées.

« Hybride... Oui, c'est ce que je suis... »

Hybride... Ce seul mot aux consonances claires fit trembler ma main. Je repliais mes doigts afin de le cacher.

Hybride ! Un Hybride ! Sus au bâtard !

Doucement, le cœur battant, je fermai les yeux. Aussitôt, je les rouvris. Le soleil avait disparu tout à fait, laissant à la lune et son cortège d'étoiles le soin de délivrer leur lumière argentée.

Il est rare que je songe à l'apparence des êtres. Cependant, il émanait de la pureté de cette créature, de sa négligence sauvage, une aura quelque peu semblable à celle de ces joyaux naturels mille fois plus admirables lorsqu'il ne sont taillés. Pourtant, elle n'était pas une pierre, elle était une créature vivante. Sûrement était-ce cela qui lui conférait une beauté spontanée.

Je souris. J'étais épuisé.
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Idris Ar-Feiniel
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeMer 20 Mai 2009 - 4:23

Le vieux stresse des évènements parcourant encore ses veines de façon toute futile, la jeune femme tremblait légèrement. Il n’y était pas question de froid ou d’émotion plus forte les unes des autres, mais l’adrénaline prenait le temps qu’il lui fallait pour cesser de croître et, il n’était pas toujours aisé d’en vivre une fois qu’on n’avait plus de raison à l’utilisation… la tête hirsute, le visage lisse et calme, une douleur sourde continuait d’affluer aux côtes de la jeune femme. Il ne faisait pas froid, au lac, mais quelques frissons la prirent au dépourvu, près à toute occasion, aussi prit-elle la douce inspiration de croiser les bras et de se replier un peu sur elle, les jambes amenées contre sa poitrine, les pieds joints. Il ne servait à rien de s’exposer, après tout.

La semi rousse, en plus d’être demi elfe, observa de ses yeux noisettes et grand, presqu’innocente, mais non pas moins lucide, le paysage, ses détails… et ceux de la berge, particulièrement. Elle avait conscience de la silhouette non loin… mais douta que cette dernière lui est sauvée la vie pour la prendre de ses propres mains, à moins d’être affreusement vil. Mais encore… son cou se tourna un peu, laissant ses yeux le parcourir.
Les cheveux blancs de ce mâle semblaient réfléchir la lumière du soleil… assez pour qu’on ne puisse jamais vraiment observer son visage sans être distrait par la couleur qui rayonnait autour de sa tête. D’un rapide visu, et surtout car ses vêtements lui collaient au corps, Idris remarqua son développement musculaire, et peut être une stature qui maintenant tout ceci, sans être maladroite, différente.

Il avait la peau, à n’en pas douté, noirâtre, pâlotte… indéfinissable. Peut être l’eau y était-elle pour quelque chose, mais il ne semblait pas noir charbon comme plusieurs autres. Ses oreilles étaient, remarqua-t-elle avec spontanéité, un peu translucide, de sorte que la lumière qui s’y déposait laissait deviner un quelque chose de beige, voir, de doré.
La curiosité toute naturelle de la nanesque elfe, se tortilla en son fort intérieur, mais la situation n’était pas vraiment de rigueur.

Troublée cela dit, elle manqua de reculer la tête d’instinct, si ce n’était par impassibilité que son visage s’exprima, ses yeux plongés dans les siens. Il approchait, surmontant le chocolat de son regard, les noisettes de son âme comme si le reste de son corps n’avait cure ou guère d’intérêt, chose qui lui était à la fois rassurant et … défavorable. On ne sortait pas, après tout, la femme de ses formes, quoiqu’on en dise.

Des mèches barbouillaient la vision de son propre visage, et c’est toute surprise qu’elle le vit se dévêtir de son haut de corps, bien que le tissu mouillé ne fut jamais agréable à porter… la vie chez les nains n’aidant pas, le soleil se couchant pour de bon, elle remarqua quand même la pâleur excessive de… du… sauveur de la situation. À n’en pas douter, elle sentie ses yeux s’agrandirent. Était-ce de la peur?... Non… une petite fascination, peut être, encore une fois.

D’une main, elle attira la chemise contre elle-même, s’en couvrant sommairement, ses yeux ne le quittant pas.
Sa voix fit frémirent ses oreilles.
La couleur de la peau de l’homme lui évoquait celle d’un fin gravier, après une pluie abondante. Grise et sablonneuse, rare. Elle se demanda, les souvenirs affluents, si elle était aussi douce qu’une pierre polie, ou encore, rude comme la roche des montagnes.

Elle ne tendit aucune main indiscrète, et se demanda vaguement, futilement, si un faible merci serait de mise… mais la situation était vraiment différente. Il lui fallut quelques instants, voir, une minute ou deux, pour se secouer légèrement les puces et reprendre… contenance, dans la mesure de celle qu’elle possédait.
Une grande inspiration qui lui agita les tripes douloureusement, ses lèvres ses mirent à se manger l’une l’autre, aider de ses petites dents blanches, hésitantes à parler, mais impossible à réprimander.

Ses yeux le fixaient, encore, non plus d’une frayeur quelconque, mais surtout de questions. Elle faillit dire quelque chose, la bouche s’entrouvrant sous de neutres aspects, mais un mouvement anodin, de sa mémoire retenue, lui revint.
Du temps qu’il prit pour fermer les yeux, elle se leva dans l’herbe fraiche de la nuit jeune nuit. De quelques pas qu’elle ne voulait pas trop bruyant, elle enfila la chemise et prit son sac de voyage, le tirant partiellement.
Occupée à sortir quelques petites choses, de nouveau à terre, elle se pinça les lèvres et soupira doucement, aillant chaud de douleur.

Des victuailles… ou du moins ce qui représentaient ce terme. Viande séchée, petits fruits cueillis, gourdes, un morceau ou deux de fromage. Rien de bien princier, mais bon, on n’aillait certainement pas amener la cuisine royale pour une aventure solo !
Et puis zut…
La jeune femme n’en pouvait plus.

« Vous… avec faim peut être ? »

Après tout, hybride, semi elfe, semi drow, nain elfique, et quoi d’autre encore d’étrange dans ce bas monde. Si ça existaient, c’est bien parce que les espèces n’étaient pas si incompatible… certes. Son sauveur était peut être le premier qu’elle voyait de visu, et sa peau était si bizarre, et ses yeux si verts, et ses cheveux si blancs… il ne semblait pas… être du type à discuter de ses particularités toute la nuit. Elle n’avait cas survoler son beau visage pour voir que le sommeil ne serait pas une option, s’il en avait l’occasion… du moins de son point de vue, évidemment.
Une main serrant son ventre, elle plantait, pour sa part, déjà les dents dans un morceau, quel qu’il fut.

Elle n’allait sûrement pas passer le reste de sa semaine à frissonner devant un être aussi particulier… du moins, elle espérait.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]   La nuit, tous les chats sont gris [Réservé] I_icon_minitimeMar 26 Mai 2009 - 17:31

Elle avait hésité, aussi, lorsque j'ouvris les yeux, ne m'attendais-je pas à ce qu'elle soit partie. Pourtant, quoi de plus naturel ? De par ma nature même, comme n'importe quel autre être, mâle ou femelle, j'étais effrayant. Car j'étais une entité distincte. Or, l'on ne peut prévoir les réactions d'autrui, à plus forte raison si on ne le connait pas... Quoi de plus inquiétant que l'inconnu ?
Je penchai la tête et l'aperçus, quelques pas à ma droite. Elle avait enfilé la chemise. Si je pouvais me permettre une pensée aussi hâtive, je songeai qu'elle avait l'air d'aller bien.
Je remarquai que l'air nocturne se rafraîchissait d'instant en instant. Je me levai alors, et posai la paume de ma main contre mon cœur. Mon rythme cardiaque était désormais normal. Mais ce n'était pas ce que j'espérais. En effet, j'aurais préféré qu'il soit ralenti... J'avais eu l'intention de sommeiller en ce lac, ce après avoir parcouru les routes des semaines durant. Mais, désormais, tel un être nocturne, j'étais bien éveillé. Sûrement ne pourrais-je dormir, cette nuit.
Devais-je, dès lors, reprendre possession de mes affaires afin de quitter ces lieux ? Nul ne m'attendait, où que ce fut. Mes yeux se posèrent alors sur la demoiselle. Il allait de soi que je ne pouvais la quitter déjà, alors qu'elle-même se retrouverait immédiatement seule. Certes, cette considération pouvait être vue comme futile, étant donné que la solitude devait être son quotidien - du moins le supposais-je.
Cependant, j'estime que quelques phrases seules permettent de combler ce vide que chacun porte. La solitude n'est-elle pas la première des souffrances de l'âme ?

« Vous… avez faim peut être ? »

En vérité, probablement m'égarais-je trop dans mes pensées. J'émergeai à nouveau dans cette réalité qui se dit concrète.
Mais quoi de plus concret, en effet, que cette voix quelque peu hésitante, aux lointains accents ? Intérieurement, je la remerciai. Sans elle, en cet instant, je sommeillerais. Me serais-je jamais éveillé ?
Alors que mes lèvres s'entrouvraient, un rayon de lune m'éblouit. Les nuages se livraient à des courses-poursuites endiablées, haut dans les cieux.

« Effectivement... Je suppose que vous ne me tiendrez pas rigueur de ne pas m'embarrasser de politesses excessives.»

Le souvenir me revint, avec grande précision, de ces rencontres et entretiens interminables avec la Noblesse. Certes, je ne m'étais jamais contraint à faire bonne figure. Mais j'appréciais de ne pas ressentir la stupéfaction outrée de quelque autre personne que ce soit.
Je m'approchai d'elle, et pris, au fond du sac, un morceau de nourriture à tout hasard. Avais-je réellement faim ? J'en doutai. Je retirai de la viande sèche, enveloppée. Sans hésiter aucunement, je la mis dans ma poche.
Il était probable que la demoiselle ne comprît pas.

« Pour l'heure, ce n'est mon corps, sinon mon esprit qu'il me faut rassasier. »

J'avais fait appel à un aigle afin de préserver mes effets personnels. Or, il ne servait à rien d'attendre avant de les récupérer.
Je reculai lentement d'un pas afin de ne pas bousculer la demoiselle. Avant que je ne l'interrompe, déjà, elle dévorait. Je n'avais nulle envie de l'en empêcher.
Je levai le bras, poing vers le ciel. Mes pensées s'envolaient en toutes directions. Mais l'aigle ne donna pas signe de vie. Un instant, je pensai utiliser un autre sortilège. Non. J'aurais troublé la paix des cieux. Sûrement l'aigle dormait-il. Quoi de plus normal ?
Pourtant...
Je penchai mon visage inexpressif vers la demoiselle. J'avais compris.

« Il semblerait que vous n'hésitiez pas à considérer les Aigles en tant que proies comme toutes autres. »

En ce murmure n'affleurait aucun reproche.

Subitement, j'entendis un bref cri en provenance du ciel étoilé. Je levai la tête. J'identifiai aussitôt l'aigle à tête blanche auquel j'avais confié mon équipement. Cependant, la vision de son agresseur fit naître en moi une pointe de douleur.
Il s'agissait de cet insecte difforme, communément nommé Worangen. Celui-ci mesurait la moitié de l'envergure de l'aigle. Cramponné à son dos, il déchiquetait sa peau, arrachait ses plumes au moyen de ses pattes en poignard. C'était le fait de la nature. Mais j'avais connu cette espèce d'insecte dans des circonstances quelque peu particulière...
A grand-peine, je détournai mon regard et penchai mon visage vers la demoiselle tandis que je tendais ma main déployée vers elle.

« Si je puis vous demander une faveur... »

Une plume de duvet ensanglantée, originellement blanche, chutait entre nous en une mortelle danse.

« Seriez-vous en mesure d'atteindre l'insecte sans blesser l'oiseau ? »

Peu en auraient été capables, et j'étais conscient de placer la jeune femme dans une situation délicate. Mais peut-être savait-elle déjà qu'en cas de refus ou d'échec de sa part, je ne lui en tiendrais absolument pas rigueur.
Si j'intervenais, dans l'état actuel de mes moyens, alors les deux créatures mourraient.

Un souffle de vent précipita la course silencieuse de la plume. Les deux corps mortellement entrelacés passèrent fugitivement devant la lune. Pour ma part, je frissonnai.
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