Le deal à ne pas rater :
Display One Piece Card Game Japon OP-08 – Two Legends : où la ...
Voir le deal

 

 Voix Corail & Névrose [Umbrae]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Sao
Drow
Sao


Nombre de messages : 63
Âge : 31
Date d'inscription : 15/01/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié
Voix Corail & Névrose [Umbrae] Empty
MessageSujet: Voix Corail & Névrose [Umbrae]   Voix Corail & Névrose [Umbrae] I_icon_minitimeMer 22 Avr 2009 - 14:13

Ses paumes s’imprimaient lentement dans la rambarde, qui grinça imprudemment. La barre était de métal frotté, reflétant une lumière fade et épaisse, en halo brumeux. Elle était incisée d’une longue strie courbe s’enroulant, insidieuse, le long de la rambarde. Ses doigts, filins, s’enroulaient sur le tube, la peau en fuseau sur ses os saillants. A sa main gauche, une phalange craqua. Ses poignets vibraient insensiblement, tendus. Ses coudes étaient légèrement pliés, et ses bras s’évasaient sur ses épaules, figées, rigides. A la naissance de son cou souriaient deux gourmettes retenant deux petites fioles. Leäl et Lyal luisaient tendrement sur son torse à demi découvert par sa tunique échancrée. Elles enfermaient son cou, roide, qu’un très doux sursaut secoua, un bref instant. Sa gorge n’était soulevée d’aucun signe de déglutition, et ses poumons eux-mêmes ne frémissaient qu’infimement. Son visage, immuable, les traits tirés. Ses lèvres frissonnaient, de temps à autre, entrouvertes sur ses dents d’ivoire pâle. Son nez s’arquait, presque délicat et traçait deux yeux fins, carmins. Deux prunelles, incandescentes, paralysées, fixées sur un théâtre ouvert en contrebas. Il était noyé dans l’homélie grandiloquente d’un corps blanchâtre, cabré au dessous de lui. Son menton eut un tressaillement. Une jubilation intense irriguait ses vaisseaux, le nourrissant davantage que son propre sang, embrasé, qui cascadait dans ses artères ardentes. Dans son ombre, à quelques pas à peine, une forme manquant cruellement de netteté se tenait coite, profitant de la scène en un silence ecclésiastique, sans doute rituel.

Ses avant-bras étaient tracés de larges marques rouges de chair à vif, irritée par les cordelettes qui les enserraient encore. Celle de son bras droit, élimée, avait perdue de sa teinte orangée, et se trouvait légèrement moins large que celle de gauche, jaunâtre, à laquelle on avait pourtant fait faire un tour supplémentaire du maigre poignet. Les deux liens étaient fixés par l’autre extrémité à deux anneaux de fer brute, ancrés dans la pierre. Le garçon, encore jeune, semblait-il, se balançait dans le vide, agitant mollement les pieds, nourri de l’espoir du répit afin de soulager un instant ses poignets meurtris. Il était nu, faible, presque bête, ainsi pendu. A la merci d’une envie inexorable et démente. Il se secoua, contractant ses muscles, désordonnés, l’esprit hagard, désormais seulement animé par le désir que la douleur cesse, ou s’estompe, au mieux. Une Abie commença alors sa chorégraphie subtile et gracieuse, aux gestes vifs et délicats. D’abord, rapide et presque imperceptible, elle enduisit les deux cordons d’un liquide épais et gras, aux vertus lubrifiantes. Il ne faudrait pas que les cordes trop usitées fassent tourner court la scène. Attrapant le corps déjà transi par la taille, amoureusement, elle se mit à tourner, dans une valse tendre mais vivace. Elle pivotait, sans pourtant varier leur sens : Au dessus d’eux, les deux cordes s’entrelaçaient, régulières, pour ne former qu’un seul brin, trapus et lourd, suintant aussi. Puis, lorsqu’il ne restât plus que quelques centimètres de funins séparés, elle stoppa sa guinguette dans une volte déliée. Elle attrapa de la main droite le nœud qui réunissait les trois liens différents quand un autre Abie entra en scène.
Soudain, les metteurs en scène semblaient se faire soucieux du bien-être de leur Artiste. Il poussa sous ses pieds une pierre, aux aspérités tranchantes. Trop heureux de pouvoir soulager ses poings endoloris, le gamin posa brutalement ses plantes sur la pierre, ignorant les lames qui entamèrent ses pieds. Se faisant, les liens se desserrèrent et il eut un bref soupir, soulagé. Il se sentait épris d’un espoir soudain et imbécile, soulevé par l’ivresse d’une courte respiration, d’un apaisement de sa lâche souffrance. L’Abie attendit quelques secondes, puis, dans quelques gestes prestes et vifs, ôta la roche. Dès que l’Artiste retomba, les cordes se serrèrent brutalement et la douleur se fit lancinante, rendue plus intense par le bref sursis. Il sentait son cœur, vaseux, s’enliser dans sa terreur limoneuse et aigüe. Un cri strident s’échappa de sa gorge, propre à la voix en mue d’un jeune garçon, frappant les parois et les miroirs qui l’entouraient. Les tentures arrondirent le son, en firent un phonème plein et entier. Le second Abie s’évanouit dans une étoffe. L’autre souriait, allègre. Dans sa main gauche, l’éclat pétillant d’une courte lame en métal brilla, étoilant l’espace de ses milles reflets dans les glaces polies. Elle lâcha enfin le nœud, arrachant un halètement d’angoisse à son protégé. Elle recula d’un pas, et se figea. Les lacets enserrés entreprirent alors de se libérer. Mollement, le corps malingre se mit en mouvement, tournant autour de lui-même. Les yeux brûlants, embourbés de larmes épaisses, crasseux de frayeur, noyés dans une panique discordante brillaient dans les miroirs. Quand la course du pantin accéléra, l’Abie se mit à son tour en mouvement, brusquement, et entreprit de dessiner. Elle s’agita et il fut certain qu’elle touchait le corps lorsque des cris perçants traversèrent l’enclave. Le blanc pantin se tâcha d’écarlate Toi, tu vas encore te faire allumer par ta mère… . A chaque lancée de l’Abie, à tout instant plus sensuelle, le carmin prenait le pas sur l’albâtre opalescent. Arrivés en fin de course, les deux lusins, entrainés par la vitesse, se relièrent dans le sens inverse jusqu’à épuisement de la force. La course s’inversa à plusieurs reprises, avant qu’enfin le ballet ne cessât et que le corps secoué de gémissements ne s’immobilise.
Il est des mots qui, en dépit de leur grâce et de leur superbe, malgré leur grandeur et leur noblesse, ne sauraient redessiner la sublimité de certains instants.
Sur sa peau diaphane, d’ivres arabesques peignaient de longues ailes d’éther. Le dragon de sang se nichait dans le dos de l’Artiste, et ses ailes se refermaient sur son torse souffreteux où perçaient ses côtes maigres. L’âpre mélodie des ses plaintes se faisait mélopée et se perdait dans les voilages. Le fluide corail suintant des plaies, délicat, glissait en bavures volatiles. Un sang carmin qui se reflétait, bien plus haut, dans deux prunelles en fusion.

Quand ses doigts se décrispèrent enfin, ses os crissèrent les uns contre les autres, transis d’avoir maintenu une position enserrée. Il recula d’un mince pas, le regard toujours douloureusement ancré dans les entailles précises du corps laiteux. L’ombre avança sa main, la déposant gravement sur le bras amorphe du Maître. Celui-ci se détourna enfin de son âcre spectacle et se glissa le long de la passerelle jusqu’à une série de marches proches, qu’il emprunta, pas à pas, solennel et froid. Il suivit ainsi plusieurs volées d’escaliers avant de parvenir sur la scène figée, douceâtre dans sa splendeur silencieuse. Alors que le corps pantelant, parfois brutalement secoué de spasmes, brisait le calme de gémissements pénétrants qui tiraient au Maître un doucereux ravissement, et à l’ombre un mépris fatigué, l’Abie pansa les failles suintantes d’un sable gris en gros grains. Le Sel Airë, ou Sel-Eternité. Invention astucieuse de l’Astrée, le Sel Airë pénétrait les chairs, les consumant légèrement, colmataient les plaies, et, non content d’infliger ces brûlures au patient, traçait des cicatrices perpétuelles et immuables. Un sourire inspiré barrait le visage concentré de l’Abie qui transformait une œuvre éphémère en œuvre éternelle. En tout cas, œuvre qui suivrait la vie d’un homme. Trop fragiles que ces animaux-là. Des cris cinglants surgirent presque passivement de la gorge du pantin avec quelques caillots de sang. Il tenta de cracher, incapable de rejeter les glaires qui l’encombrait, avec des sons éraflés et rauques. Son visage se tordait en convulsions, alors que ses iris éteintes semblaient couvertes d’un drap lactescent. Son menton vibrait alors que ses cheveux trainaient, rendus collants par les larmes, à ses joues ballantes. Il se vidait de ses sens, progressivement, alors que ses doigts, étrangement tordus, s’accrochaient aux cordes avant de retomber mollement, l’un après l’autre. Quand l’Abie recula, dansante, le Maître fit quelques pas, un sourire étirant ses lèvres, les yeux ombré d’une étincelle laconique. Il tendit deux doigts et caressa, à la manière dont on dessine les courbes d’une femme, les traits consumés du dragon de chair. Penchant légèrement la tête, il suivit l’aile droite, délicat, puis ramena à ses lèvres son ongle à la couverture de sang. Le goût était amer et fade, et persistait de longues secondes sans tirer de réel plaisir. Il avait une saveur inégale qui laissait sur sa faim, et un fumet sans consistance ni aucune once agréable. Il recula, soulevé d’un léger remords de ce sang insipide, regarda quelques instants le pendus et se dirigea vers l’Orbe, en pas lents et souples. Dans son dos, l’ombre hocha la tête, libérant l’Abie, avant de faire signe à trois hommes dissimulés dans un recoin entre voile et miroir. Ceux-ci suivirent le Maître qui disparaissait dans le creux de l’Orbe. L’ombre s’éclipsa à son tour, regagnant les appartements de l’Aile.

Il posa un pied sur la terre aride d'Erëon, soulevant une fumée poussiéreuse qui s’effaça rapidement. Il se mit à marcher, d’abord à pas lents et mesurés avant de gagner un rythme normal. Quelques graviers égarés roulaient sous ses pieds, alors qu’une trainée voletait allègrement derrière lui. Les rayons solaires s’échinaient à crever les épais nuages, répandant une lumière crue et blafarde, presque argentée. Le son des gravillons restait sourd, privé de la résonance omniprésente du Cœur Pâle. Enfin, après avoir dépassé les dernières pointes de l’allée d’Eilian, il fit un brusque arrêt. Devant lui se tortillait un vaisseau coupé transversalement, en demi-tube, plein d’un liquide corail et lumineux. L’Artère l’attendait, flasque et sirupeuse.

De temps à autre, un crissement de la coque contre les graviers du fond proche s’étendait tout le temps du passage de l’embarcation sur la protubérance. Le maître se tenait au devant du Tië, les estals, pour l’un incommodé, le visage blafard mais digne, avachis sur les bancs dans son dos. Ses yeux étaient fixés, hagards, sur le lait rouge tachant le bois noir de la barque, s’écoulant, velouté et sensuel. Il laissa les doigts de sa main gauche choyer la surface, le fluide épais s’infiltrant sous ses ongles, perçant ses cicatrices, lui tirant un léger tremblement.

Puis effluve, extase légère, subtilité facile et désir quasi-fatal. Si ce n’était du sang elfe, quoiqu’étrange, c’était qu’il existait autre substance en ce monde qui menait à l’anagogie exaltée, à l’ivresse, à la transe. Au vertige volage, à l’indolente évasion. Il leva les yeux sur un profil aux crins neiges, efflanqué et immobile. La lumière trop embrumée, presque laiteuse empêchait de cerner les contours flous, d’appréhender le genre de personne qui se trouvait là. Il fit signe, du bout des doigts, à l’homme serrant dans sa poigne la perche asymétrique, qui immobilisa la gondole. L’un des deux hommes assis gagna la berge et se statufia, passif.


__


[ Tout modification possible. Si quelque chose n'est pas clair, n'hésites pas à me le dire. Je me suis un peu laissé emporter, ne te sens pas obligé de continuer dans la longueur. En espérant que cela te convienne ... ]


Dernière édition par Sao le Jeu 11 Fév 2010 - 20:12, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Umbrae
Hybride
Umbrae


Nombre de messages : 65
Âge : 216
Date d'inscription : 08/02/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti
Voix Corail & Névrose [Umbrae] Empty
MessageSujet: Re: Voix Corail & Névrose [Umbrae]   Voix Corail & Névrose [Umbrae] I_icon_minitimeVen 24 Avr 2009 - 21:37

Je souris, à peine.
Et le monde devint noir.

Noir, tandis que le sang rubis fleurissait sur ma chemise... Je fermais doucement les paupières.

*

Ce jeune homme était d'une pâleur mortelle. Dès lors que l'ai entraperçu, à la faveur de la nuit, derrière ces barreaux de bois, j'ai su que je ne pourrais délaisser à jamais ces lieux tout en sachant qu'il vivait là. Pourtant, je décidai d'attendre la nuit suivante. Il ne m'était pas particulièrement malaisé de le rencontrer. Effectivement, il était de ceux qui vendent leur corps.

Un souffle glacial parcourait la ruelle, étalant sur les corps les lumières rougeoyantes des lanternes comme autant de flaques d'huiles.

Je portai le dos de ma main à ma joue soyeuse, qui se trouvait être fraîche. Je ne ressentais cependant pas la moindre sensation de froid. C'est alors que la créature posa son regard sur moi. Si tant soit est que cela pût être un regard ; le fin voile de nuage qui cachait ses prunelles à ma vue ne laissait pas place au doute. Cet être souffrait de cécité... Souffrait-il réellement ?
Debout, immobile, éclaboussé de lumière fluide dans cette noirceur, je profitais de ce que le temps n'ait plus cours pour moi. Parfois, un homme, une femme peut-être, poussait la lourde porte. Des volutes de fumées, autant d'éphémères oiseaux, s'envolaient alors vers l'infini ciel nocturne.
J'entrai.
Jamais je n'ai fréquenté ces lieux dits de plaisir, si ce n'est en tant que simple peintre. Mon regard se faisait témoin des teintes morbides et glauques, si belles, pourtant. La beauté n'est pas le fait des artifices, ni même de la forme originelle du corps ; elle n'est autre que l'aboutissement d'une promesse. Celle à laquelle le Vivant s'engage envers l'Artiste. Sans ce dernier, elle ne peut exister... Sublimation de l'œuvre de la nature par l'esprit, contre-horizon de l'âme...
Le jeune homme attendait, le port droit, pétrifié. Je supposai qu'il écoutait, afin de percevoir le danger, de pouvoir l'anticiper. Partout planait la menace ; lorsqu'une créature s'approchait de lui, il levait avec lenteur ses yeux laiteux vers elle, laquelle, toujours, reculait. Cela semblait être son unique défense... Sûrement n'était-il pas ici de son plein gré. Souvent, ces êtres furent acquis par le moyen de biens matériels.
Je l'effrayai, lorsque je saisis son poignet. Il se cambra, il tenta de fuir. Je le laissai faire. Cependant, en un tel lieux, veillaient des gardiens. J'intervins alors qu'ils menaçaient son intégrité physique – de laquelle, certes, il ne devait déjà plus subsister que des lambeaux. On m'indiqua une chambre.
Je le fis asseoir sur le lit, seul meuble disponible, tandis que je me postais à la fenêtre ouverte. L'air glacial brûla ma peau fragile. Je l'ignorai.
Un souffle franchit mes lèvres.


« Créature.
- Monseigneur ?
- Où vas-tu ?
- Nulle part, ne vous déplaise.
- Pourrais-tu ?
- Je ne peux. Car je ne peux vivre seul, et l'unique compagnie qui soit à ma portée est ici – nulle part ailleurs.
- Et si l'on t'emmenait ?
- Alors, je mourrais. Parce que je ne connais que ces lieux, que mon monde est ici. Ailleurs, je ne possède nul repère, je suis un papillon dans le noir, je me cogne, me heurte et chancèle. Je mourrai.
- Tu vis, pourtant.
- Vous voulez dire que ma vie telle qu'elle est ne vaut pas la peine, n'est-ce pas ? Oui. Mais je n'ai pas le courage, voyez-vous, non, pas le courage... vraiment pas... »

Je le sus lorsque je regardai son visage. Il s'était attendu à perdre son corps, l'espace d'un temps. Mais ce n'était plus le cas. Désormais, il n'ignorait plus que cet abandon serait définitif. Peut-être avait-il perçu les vibrations métalliques de nos voix mêlées, qui avaient heurté mon arme. Dès que j'étais entré, j'avais mis la lame à nu. L'attente de la mort... Si rare, si effrayante...
Je m'approchai, je le soulevai doucement, par les aisselles ; j'aurais agi de même avec un petit enfant. Il était léger, très léger. Alors qu'il était debout, je le serrai contre moi, avec toute la tendresse dont j'étais capable. La lame pénétra son dos au niveau du cœur. Je le visa parce que je ne voulais pas qu'il souffrît trop. Il frissonna, quelques secondes durant.
Je le déposai délicatement sur le flanc, à même la couverture, et, du doigt, je dérobai une pétale de son sang. Sur son front, je peignis une simple orbe. Le cercle, pur, surmontait ses yeux de nacre.
Je perdis connaissance avec délice, douloureusement.
Cette œuvre est achevée.


*
Il descend, éveillé, l'autre côté du rêve ;
Son rire, au fond des bois, en hurlement s'achève.


*

Je portai mon regard sur ma paume ouverte. Ma peau avait été mutilée sans autre recherche que celle de blesser, tout comme ma chair. Cependant, je constatai que la meurtrissure n'était que superficielle. Je pris le temps de fermer mon esprit à la douleur qui déferlait en torrent, au goût métallique et salé du sang dans ma bouche, comme au son râpeux des os de mon épaule.
Où me trouvais-je ? Je l'ignorais. Peu m'importait. Faisant fi des protestions de mon corps, je me relevais. J'attendis, encore. Que l'on m'eût tué ne m'aurait guère surpris - pour peu que j'en eus été conscient. Des flagrances épicées de fleurs m'enveloppèrent subrepticement. Devant moi, jusqu'à l'horizon, au-delà sûrement, s'étendait un désert sauvage et hirsute, hostile à la vie. Dans mon dos, je le devinai, s'élevait la ville que je quittai alors, à jamais.
Je marchais tout le jour durant.
Aurais-je dû m'effondrer ? Je l'ignorais.

Alors que le soleil entamait sa phase de déclin, sa lente agonie, j'aperçus un reflet écarlate, perdu au cœur du blanc éblouissant. Ce fil tendu scindait mon univers en deux mondes qui m'apparurent diamétralement opposés. Aussi loin qu'il se trouvât désormais, je venais du monde des vivants. Devrais-je franchir cette abîme ?
Je fermais les yeux ; j'avançais pourtant.
J'eus pu éveiller mes sens, afin de percevoir l'écoulement ininterrompu du liquide rubis, de deviner sa nature de par son odeur ; je n'en fis rien. Ce n'est que lorsque mon pied, doucement, creva la surface presque pulpeuse, que je cessais tout mouvement. Translucide statue, créature volatile, ainsi me perçus-je lorsque mes yeux s'ouvrirent au monde, dévoilant à mon esprit quatre créatures. Je ne manquai pas de remarquer leur proximité.
Posément, je glissais une main contre mon front. Les pulsations violentes, brutales, aveugles, sourdaient sans répit aucun.
Malgré cette force qui influait, quoique que je fis, sur ma réflexion, je devinai sans mal lequel de ces êtres dominait ses semblables. Semblables ? Un Drow, un Homme...
Ne serait-ce que tenter de cacher ma nature mêlée aurait été vain.
Sans parler, je m'avançai dans sa direction. Un pas, deux pas, le fluide atteignit mes genoux, je n'en avais cure. J'aurais pu fuir. Je tendis la main, paume ouverte, vers le Drow. Oh, combien de fois l'avait-on frappée... Je risquais tout, je ne risquais rien, je pourrais perdre, mais ce ne serait guère davantage que le néant que je ne possédais pas.
Revenir en haut Aller en bas
Sao
Drow
Sao


Nombre de messages : 63
Âge : 31
Date d'inscription : 15/01/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié
Voix Corail & Névrose [Umbrae] Empty
MessageSujet: Re: Voix Corail & Névrose [Umbrae]   Voix Corail & Névrose [Umbrae] I_icon_minitimeLun 11 Mai 2009 - 19:33

La marre aux reflets ternes battait lentement ses jambes alors qu’il s’avançait, comateux, à leur encontre. L’âme échevelée, visible au travers de son épiderme inégal et lactescent, le corps étiolé semblant s’effriter davantage à chaque pas, les os de son visages sans traces de sentiment aucun, comme s’il fut privé de cœur et d’esprit tout à la fois. Sa peau, irritée en certains endroits, grignée, usée, tracée de marques à demi-cicatrisées, d’un marron sale et brute. Le fluide dense dans lequel il s’échinait à avancer, peinant peut-être, ne semblait nullement le déranger. Les yeux bas, les épaules usées et alourdies d’un poids, sinon incommensurable, au moins improbable. L’homme sur la berge opposée manqua d’engager un geste à la vision du croisé, délabré, alignant ses pas lourds vers son maître, mais ce dernier lui intima l’immuabilité, d’un bref geste du poignet. Ses yeux s’arrachaient à l’examen du tableau lépreux et vivant qui s’avançait encore, d’une lenteur ralentie, inlassable, vers l’embarcation fragile. La lumière trop laiteuse du ciel conquit par des stratus filandreux se répercutait sur les roches grisâtres du sol sec, et se réverbérant jusque sur les faces de la singulière compagnie, obligeait les yeux à se plisser, traçant des rides sur chaque front, dessinant dans chaque prunelle un sillon, une mince abîme. Et cette main aux stries bordeaux, et ces doigts amorphes, raidis, crampés, dressés sans être animés par l’espoir, simplement fatalement, parce qu’aucun autre prémices de mouvement n’aurait de sens. L’elfe noir étendit lentement le bras devant lui, le laissant galber une courbe ésotérique, glissant les premières phalanges sur l’opercule curieusement chaleureuse de la rivière, avant d’avancer vers les paumes abîmées, aux teintes mi-grises, du croisé. Des langueurs évasives alourdissaient ses poignets, s’intensifiant à mesure qu’il s’approchait du sang impur. Il n’était de délice plus puissant, entrainant vers des ardeurs jouissives, vers l’orgasme brut, que la mosaïque de ces deux sangs antagonistes. Il sentait, juste sous ses ongles, fourmiller le fluide, agité, bouillonnant dans ses coudes, brûlant dans ses épaules. Sur sa peau charbonneuse, le sang retiré du ruisseau semblait s’agiter, lentement se consumer par trop de proximité malsaine, son odeur frelaté attaquant brutalement les narines fragiles. Ses artères battaient à l’unisson du cœur embourbé, usé, du Croisé. Serait-ce une âme dévoyée que la sienne, déjà lambeaux, hybride. L’air, alliage précis, vil dans les quelques centimètres séparant les deux peaux.

Les os du sombre craquèrent en un claquement sec lorsque les doigts se refermèrent sur la main allochtone. Le fluide poisseux émit un bruit de succion alors qu’il colmatait, mêlé aux sueurs, le mince espace entre les deux paumes, poisseux. Contact sordide de la peau râpée et entaillée du métis avec la soyeuse délicatesse de celle du maître, indolente et suave. Alors que leurs doigts se repliaient symétriquement pour maintenir l’attache, l’elfe noir eut un haussement de sourcil équivoque, qu’il effaça promptement. Tendant ses maigres muscles, et gratifiant l’autre d’un regard vide, il l’attira à lui. L’absence assourdissante de tout son, en dehors de leurs mains serrées et du clapotis infâme sur la coque de bois, animait son cœur, irrégulièrement. Son coude se plia, l’autre toujours accroché s’avança encore. L’atmosphère alourdie, brouillée d’interférences, grésillait fadement aux oreilles graciles, alors que l’éternité s’échappait vaguement dans l’instant sempiternel. Il attira à lui, dans une langueur sensuelle, le pantin décharné, jusqu’à caresser du nez sa joue. Ses lèvres ternes frôlèrent, silencieuses et ivres, la base de l’oreille du croisé, se fondant en mosaïque mal nuancée. Dans cette position, son bras pourrait soulever le poids de l’inconnu et l’amener à l’intérieur du Tië. La respiration-saccade grignait son arcade, infime et éraflée.

Les yeux du maître étaient abaissés sur les pieds joints dorés de souliers – teintés couleur corail - s’évasant – si peu – sur les genoux secs, eux-mêmes dans la suite d’un corps efflanqué. Jusqu’au dessus des genoux, peinturé de rouge, craquelé, effaçant les plis du tissu. Une tignasse de brins maigres et blancs sans doute un jour, à l’instant davantage boueux et maculé de sang. Des yeux à demi-fermés, bridés et dotés d’une certaine grâce, c’était avouable. Mince visage, comme calqué d’une glacière étendue, flegmatique peut-être, privée de tout éclat pourtant, éteinte et nuiteuse. Ses épaules, son bras, son coude, son poignet tailladé, et puis sa main encore glissée dans celle, pâteuse, du maître. Ses doigts se faisaient encore trop serrés sur les phalanges grêles, et irritées du Croisé. Peut-être le blessait-il et se refusait-il à annoncer sa douleur. Ou pas. L’embarcation sinuait dans l’artère avec flegme, n’étendant qu’un doux feutre alors que le fluide épais se fendait à l’avant et s’écrasait en vaguelettes sur les berges analogues. A chaque appui du bâton donnant à la barque une impulsion lasse, le visage de l’estal-perchiste crissait en une grimace concise, avant de se dissoudre dans une peinture gibbeuse – et faussée – d’une froide maitrise. La course par plusieurs aspects trop lente sinuait faiblement, dans le lit privé de courant, la course cotonneuse poursuit les bords décroissant, s’amenuisant peu à peu, jusqu’à frapper par à-coup les flancs brutes de la coque, en alternant chaque rive. L’Estal immobilisa moelleusement l’embarcation aux côtés d’un ponton grignoté par endroit. Trop suave, en ralenti discontinu, le Maître appuya sur ses deux pieds, nus, enlaçant toujours dans sa main fluette le poing usé de l’étranger, et se dressa.

Devant eux s’élevait l’Empire. Prétentieux sans fierté, coloré d’un orgueil délinquant, barré d’un sourire édenté sur l’hégémonie de son royaume. De roches grises, taillées mais brutes encore, parcourues d’arrêtes vives et de pointes, parfois de protubérances qui auraient pu se trouver utiles à qui auraient eu dans l’idée de grimper là. Fort de sa stature, de son architecture ailée, il s’étend, avachie, sur les terres hostiles et pourtant au moins maigrement hospitalière puisque tolérante à la vie sur ses abords, peut-être par pitié ou simple suffisance. Les doigts encore lacés dans ceux de son hôte, le maître des lieux agença quelques pas, contournant en circonlocution galbée les lames d’Erëon, les dirigeants vers les contours de l’Entrée des Artistes. A l’ombre du manoir, l’âcre lumière se faisait moins vive, vaguement atténuée, sans s’être pourtant éteinte. Ils passèrent l’arche devant eux ouverts. L’autre claudiquait – peut-être – dans son dos. Les pas réguliers – trop – des estals s’alliaient sur les dalles inégales et désaxées des marches quittant la surface pour de relatives profondeurs. L’ombre à l’intérieur lui sembla – un bref instant – saisissante, par des égards invivable, mais ça n’était à dire vrai que les effets du contrastes de brutalité épaisse entre la clarté surréelle du ciel extérieur et l’éclat limpide et froid des bougies. Enfin, son pied glissa sur la dernière marche et trouva la pierre marbrée du sol des Dunes. Et enfin, sous ses plantes nues grisées par les secs paliers des Terres Stériles, parfois creusées de sillon et fâchée jusqu’au rougissement en certains endroits, la douce caresse, délectable et brûlante du sable fin fit frémir le coin de ses lèvres. Il avança, lentement, profitant – gourmet – des câlineries tendre des reliefs sablonneux. Les tentures cachaient jalousement les sources des doux murmures qui s’entendaient ça et là. L’on fredonnait, de temps à autre, une mélopée mineure ou une chanson à boire. Une valse pinçait les cordes d’une cithare mal accordée, plus loin dans l’édifice. Trois gens s’activaient là, assurant une propreté décente aux lieux, nourrissant les résidents, soignant parfois, aidant tantôt. Le maître bifurqua lestement sur sa droite, le long d’une allée inégale de rideaux ondoyants. Avant de cesser, enfin.

Un tissu léger et soyeux, à la manière de chaque autre parcelle des inhabituels cachots. S’y ajoutant pourtant dix chandelles, à l’encontre des trois de coutume, une table de bois clair aux pieds perdus dans les sables, une chaise aux mêmes teintes. Le palace en matière de cachots, diraient sans doute certains prisonniers de longues dates en des geôles putrides, humaines, drows, elfes peut-être. S’écartant de ce qui aurait pu être qualifié ‘d’entrée’, de perron peut-être, qui n’était qu’une simple fente d’un rideau à peine soulevé. Il invita ainsi son ‘invité’ à intégrer la blafarde suite aux murs gris, avant de se reculer. Il murmura des mots, rythmés comme en triolets, à l’adresse exclusive des estals présents.

« Qu’on le soigne. »

Et il disparut.

Aussi puissante la magie soit-elle, le maître en eut raison puis qu’il réapparut, plus tard. Il demanda, sinon la solitude, au moins un semblant d’intimité avec son interlocuteur, et ses hommes s’échappèrent, laissant l’endroit purifié de présences, et de surcroit, latent. Et le silence fit de l’antre aux murs ondulants un royaume. Et oui, le Roi du Silence. De longues heures durant. Des minutes égrenées, peu à peu, comme le sable glissant, tendresse, entre les doigts lavés du sombre. Des secondes-éternités. Quatre-mille-neuf-cents éternités se succédèrent ainsi danseuses chevronnées, illustrant les pouvoirs par trop puissants du silence et sa suprématie sur l’entité temporelle. En phonème vocal assourdi, légèrement brumeux, dos à l’hybride, il frémit.

« Je suis lassé de ton aphasie. Qui es-tu ? »
Revenir en haut Aller en bas
Umbrae
Hybride
Umbrae


Nombre de messages : 65
Âge : 216
Date d'inscription : 08/02/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti
Voix Corail & Névrose [Umbrae] Empty
MessageSujet: Re: Voix Corail & Névrose [Umbrae]   Voix Corail & Névrose [Umbrae] I_icon_minitimeVen 12 Juin 2009 - 21:19

Désir de possession, de liberté, de souffrance sans cesse appelée de ses vœux, de Vie – de vivre ? Non... Mes pensées allaient et venaient telles des vagues languissantes, surmontant un océan de sang noir. Cette force lovée en mon cœur, tel la tornade naissante aux tréfonds de l'ouragan, je la sentais croître, affluer, pour menacer subitement d'être soufflée, flamme si fragile et vacillante – éphémère. La tempête avait griffé l'écorce d'ardoise râpeuse qui recouvrait mon corps et n'offrait plus à la vue que l'apparence terne de la nacre rejetée aux abords de l'océan turbulent. Tel ces coquillages, offert aux sables et aux vents du zénith, le corps aurait à nouveau – et pour l'éternité – irradié de lumière. Tel ces coquillages, il songeait que désormais, il allait s'éteindre, consumé. A moins que ne vienne l'écume chenue striée de lambeaux d'un noir d'aniline, la bave salvatrice de la bête aqueuse.
C'était cela, songeai-je. Il se heurtait à ce que lui offrait la lumière, tentant pourtant, parvenant même, à percevoir le flux pulsatif de ce fragment de Vie qui m'appartenait. Ce Sombre. Qu'apporte la pureté, si ce n'est une impression purement instinctive, et d'autant plus profonde, absolue, de propreté ? Chaque fragment de temps écoulé, et ce qui s'ensuit, cortège de perceptions, trouve son écho dans l'esprit. Je ne suis pas sans savoir que la seule vérité de mon existence est à certains yeux une abomination. Cela vaut pour tous les autres, tous autant qu'ils soient, Elfes, Humains, Drow ou Nain – tous sont honnis par l'un ou l'autre des peuples –, aussi ne fais-je pas exception à la règle. Certes, ces regards qui se portent sur moi dans le seul but, purement fonctionnel, de me situer dans l'espace à la seule fin de m'acheminer vers ma disparition, ma perte, à l'extrémité du sentier de la Vie - ou bien, incommensurablement plus atroce, dans le but d'engendrer en mon âme la torture des contorsions antithétiques –, ces regards seront plus nombreux. Plus unanimes. Mais qu'importe le nombre, qu'importe qu'il s'agisse du regard d'une âme, de la soif d'une peau, de la nécessité pure et pourtant viscérale de tuer.
Cette main qui tenait la mienne, et ma main qui la serrait, sans esquisser le moindre mouvement de recul malgré la douleur naissante en ses tréfonds, non pas enveloppée mais enserrée, comprimée dans cet étau noir, je les vis. En cet instant je percevais sans me méprendre la décélération de mon propre sang dans mes veines. Plus le sang Drow l'exigeait, plus le mien se figeait. En mon for intérieur, j'eus un sourire amer. Non, ce n'était pas nos natures profondes qui semblaient m'inviter à mourir, mais, simplement, moi-même, du moins une part – mon être inconscient. Suis-je stupide ? Peut-être. Pourtant, en ce jour, je ne puis plus aller à l'encontre de ce qui s'est jadis gravé en moi – que l'on a inscrit, à coups répétés de burin sur l'émail fragile de mon âme enfantine – et qui, pour l'éternité, demeurera indomptable.
La seule proximité... Non pas seule ; cette absence de distance, ce simulacre de fusion, à jamais indicible... Ainsi révulsait-elle le torrent bouillonnant qui irriguait mon être, à tel point que j'eus pu mourir, l'espace d'un souffle, sans que ma propre volonté entrât en ligne de compte.
Pourtant, je ne mourrai pas. Pas déjà.
Mes lèvres frôlèrent son oreille. Un souffle, unique, s'en échappa.
« Insidiae sunt... »
Éraflé. Je ne savais, car je ne pouvais savoir, j'ignorais tout de l'avenir. Le papillon, longuement, vit, alors même que la sueur d'un gosse aux dents pointues a ôté de ses ailes ce fin voile poudreux qui lui accorde le don du vol. De même, le félin roi qui se débat jusqu'à son ultime souffle parmi les filets poisseux de l'araignée géante.

Veux-tu mourir, Drow ?

Que te fait-il vivre ?

Soit...

Je vis. Tout ce qui s'offrit à mes yeux, formes baignées dans l'air gluant sous la menace suave du crépuscule sanglant. La ligne de rubis comme la créature de roche morte, œuvre de sang et de sueur à l'apparence éternelle, pourtant infiniment plus fragile – car, une fois nue, délestée de cette multitude de vies qui évoluaient en ses entrailles, elle ne serait plus nulle chose qui mériterait que l'on pose les yeux à son endroit.
Je vins me mêler pourtant à cet entrelacs d'entités distinctes tandis que je sentais m'entourer peu à peu un peuple muet d'infâmes araignées – tisse, tisse tes filets au fond de mon cerveau.
Je n'ignorais alors pas que je pénétrai alors le domaine de ce Sombre. Que cela seul, quoi qu'il advienne par la suite, était un présent et une promesse tout à la fois – une promesse de
quelque chose, le repoussement de la fin. Si cette main n'avait serré la mienne, j'aurais laissé mon corps sombrer – en un affreux bruit de succion – parmi ces eaux visqueuses et pourtant si fluides, ces flots rougeoyants. Infiniment éloigné de la surface, j'aurais alors dilaté le moindre des pores de ma peau ; j'aurais respiré. Et, dans ce monde de ténèbres, j'aurais attendu que mon être seul travaille à sa renaissance. Avant d'accorder au monde ma présence – si gênante.
Que de songes... Ainsi sûrement compensais-je ce manque de mon corps. Le pouvoir de maîtriser sa propre chair... la volonté d'attenter à celle des autres...
J'entendis un crépitement. Il me fut étrange de constater qu'une autre âme s'était immiscée au cœur de ce maelström que, déjà, je nommais de mon nom et de celui, inconnu, de ce Sombre. Inutile nécessité de voir, je ne détournais pas mon regard vide, je ne le levais pas sur l'oiseau effarouché dans le ciel. J'entendais cependant la voix paniquée de son âme désorientée, perdue dans l'immensité trouble de la mienne – dévorée, déjà.
En cet instant, plus que tout, j'aurais aimé que ma magie me délaisse, qu'elle disparaisse ou se dilate à s'évanouir, vers l'horizon infini, en toutes directions, afin que je sois libre, non, pas libre, libéré du carcan de cette minuscule âme animale, menace oh combien pitoyable, devant la pénombre au flanc rayé que projetait l'âme du Sombre ; aussi portai-je ma main inoccupée à mon front ; je l'y appuyai et tentai, retentai, de rompre ce lien qui me déchirait.
L'oiseau – blanc, je le savais – interrompit la course aérienne de son vol. Il tournoya afin de se rapprocher du sol.
J'entrai alors à l'intérieur.
Pauvre petite chose.

(
« Créature. - Monseigneur ? - Où vas-tu ? - Nulle part, ne vous déplaise. - Pourrais-tu ? » )
Il me suivit.
(
« Non, non, Oiseau, je ne voulais pas que toi aussi tu chutes dans la soie gluante du piège de l'araignée noire. » )
( - Alors, je mourrais. Parce que je ne connais que ces lieux, que mon monde est ici. Ailleurs, je ne possède nul repère, je suis un papillon dans le noir, je me cogne, me heurte et chancèle. Je mourrai. )

Le Sombre m'introduisit, avec à ma suite l'oiseau. Frêle et éphémère, quelques plumes à peine, il s'engouffra, filant tout contre le plafond... invisible aux yeux de ceux qui n'envisageaient ni sa présence, ni même son existence. Je songeai que je voyais en cet animal le miroir de l'âme de ce jeune être que je tuas.
Pourtant, mon regard glissait avec lenteur sur ce paysage que d'aucun auraient qualifié d'incroyable. J'appréciai sa beauté. Éphémère, dépendante, mais cela ne m'importait plus. Je ressentais la force du regard de l'autre, l'autre qui vivait ici. Ce lieu portait son odeur – imprégnée au possible. Image de son être froid, terriblement attirant, projetée à l'extérieur.
Je songeai, un sourire intérieur, qu'il n'avait nul besoin de cet endroit pour cela.
Quel autre utilité à ce lieu ?
Dans cette pièce plus précisément, si tant est que l'on put la nommer ainsi, j'apercevais des créatures souffrantes, parfois soignées, d'autres qui vivaient, simplement. Sûrement cette infinie tristesse émanait-elle de ces murs suintants...
Une plume se déposa dans ma main libre. Un petit corps se glissait dans un silence feutré, tout contre les volutes du plafond.
J'appris que l'on y souffrait.

« Qu’on le soigne. »
Et je sentis le contact se défendre, alors que nos mains se dénouaient. J'eus l'impression que ma peau s'arrachait à ma chair pour suivre cette autre chair, sombre. Je ne m'attarderai pas davantage sur ce que je ressentis alors – je suppose que, si l'on demeure incapable de le pressentir, l'on ne pourra le comprendre l'aide des mots, si puissants fussent-ils.
Vint l'attente. Je ne saurais dire s'il agit alors de quelques secondes, ou si des heures entières s'écoulèrent. Le Temps m'importait peu. Son règne s'achève aux frontières de mon corps et, quoique ces dernières fussent plus meurtries encore que je l'imaginais alors, il ne parvint pas à lacérer mon esprit.
(
« Créature. - Monseigneur ? - Où vas-tu ? - Nulle part, ne vous déplaise. - Pourrais-tu ? » )

« Qui ? »
Cette voix ne me parut pas mienne. Pourtant, tel était le cas. La tête de l'Elfe, gracile, pivota lentement vers moi. Il se mordillait doucement la lèvre inférieur.
« Lilia, souffla la créature.
- Alili. » fut ce que je murmurai, en écho à sa réponse. Le pourquoi m'appartient, seul.
Je posai mon regard sur elle. A son apparence, je sus qu'elle appartenait à la caste des guerriers. Sans hésitation aucune, elle s'approcha de moi. De ses doigts fins, elle entoura mon poignet. Le tissu blanc dont elle se servit pour envelopper ce membre semblait voleter à la suite de sa main. Je songeai à mon oiseau.
« Où ?
- L'Empire Pâle.
- Pourquoi ?
- Seul le maître...
- Non, la coupai-je doucement. Je l'ignorerai. »
Nulle curiosité en mon âme. Une fois descendue la pente infinie, de l'autre côté du rêve, je songeai que j'étais alors incapable de la gravir. Combien de temps mon esprit demeurerait-il plongé dans la tourmente de ces limbes ? D'aucuns nommeraient cet état Folie. Névrose.
*

« Je suis lassé de ton aphasie. Qui es-tu ? »
Je m'aperçus alors que j'ignorai, avec une absolue perfection, ce qu'il s'était déroulé durant ce laps de... temps ? Peut-être mon éternité se disputait-elle ma vie au Temps.
Contre mon dos, je percevais le Sien. Je ne pus demeurer. Je ne voulais plus perdre ne serait-ce qu'un fragment de ce qu'il se produisait. Or, je savais trop bien que prolonger ce seul contact risquait de m'entraîner dans la sombre tourmente des souvenirs maudits.
« Hybride. »
Il le savait.
« Vivant. »
Je mentais.
« Mon propre maître, quoi que tu fasses. Quoi qu'il advienne. »
Il savait que je l'ignorais. N'est-ce pas ?
Durant un fragment de souffle, je laissai le silence reprendre ses droits, conquérant. Puis, d'une syllabe, je le piquais.
« Umb. » Il frémit, luttant toutefois. « R. » Gagnerait-il ?
Mes pas aveugles me conduisirent jusque devant le Sombre. Je levai l'un de mes bras, soustrait à sa vue par un bandage atrocement concret. Avais-je voulu de cela ? Doucement, je portais mon bras à ma bouche. De mes lèvres, j'effleurai le tissu, traçant un sillon enflammé.
Les éphémères lueurs du feu dansaient dans cette étendue de soie de neige.
Je m'agenouillais devant le Sombre – en ce geste, aucune signification. Mon mouvement fut plus brusque que je pensais l'avoir souhaité. Mon avant-bras frôla son visage, s'immobilisant si près qu'il devait percevoir l'odeur de la peau qui brûlait.
(J'appris que l'on y souffrait.)
« Ressens, Inconnu. Cette douleur sera tienne si elle n'est mienne. »

« Si je ne suis voué à mourir en ces lieux. »
Si tu ne me jures pas que tu ne ressens pas ce désir de me voir mourir que j'imagine suinter par tous les pores de ta peau.
« Je dormirai. »
Peut-être parviendrais-je à dompter le torrent de Folie qui déferle en mon esprit.
« Sans quoi, jamais mes yeux ne se fermeront. »

Je lui souris.

Si tu veux me tuer, ne tarde pas.
J'aime à croire que tu n'obtiendras rien de plus de moi.
Alors, quelles sont tes intentions, être de chair ?...


* Insidiae sunt : C'est un piège


Dernière édition par Umbrae le Lun 2 Nov 2009 - 10:28, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Sao
Drow
Sao


Nombre de messages : 63
Âge : 31
Date d'inscription : 15/01/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié
Voix Corail & Névrose [Umbrae] Empty
MessageSujet: Re: Voix Corail & Névrose [Umbrae]   Voix Corail & Névrose [Umbrae] I_icon_minitimeDim 27 Sep 2009 - 7:50

[ A mon avi, du dois rêver; Je ne vois pas d'autres raisons à cette présente réponse. Rolling Eyes ]

Las, que de censure à ces mots voilés, colorés d’un sens faillible et étonnamment imprécis, presque comme s’il lui avait donné choix de la compréhension qu’il en faisait, à la manière des sens un, deux et trois exposés par un dictionnaire. « Fais-en ce que tu veux ». Il s’attacha alors à chaque syllabe qu’on semblait lui offrir comme sur un plateau, alors qu’il ne s’agissait que de lettres et que ces futilités ne répondaient en rien à la question qu’il avait adressée au Croisé, quelques instants plus tôt. Il s’attacha à répondre aux glapissements – ou à ce qui lui semblait être un glapissement – en suivant l’ordre duquel s’était entiché son invité. Sa première affirmation était tant dénuée de sens, insipide lorsque l’on se référait – inlassablement – au malaise qui l’avait saisit, maintenant sans doute une heure plus tôt, alors qu’il serpentait l’Artère, mais aussi face aux stigmates si traitres de sa peau grisée.

_________ « Hybride »
« Peu m’importe »

Et, autant que le laps de temps qu’il avait lui permit d’analyser sa propre voix, cette réponse lui parue vraie. Il ne pouvait tenir compte de cette fugace idée, ancrée pourtant dans son sang et dans son existence, quand tout ce qui revêtait un soupçon d’importance – tout est relatif, c’est évident – était ce que le sombre avait coutume d’appeler « Capacité de Souffrance » - Ou, comme l’ère est aux initiales, « CS ». Il croyait pouvoir penser qu’un Croisé, quel qu’il fut, avait été excessivement vidé de sa Capacité de Souffrance par les affres d’une vie déchirée entre deux pôles. Cependant, pouvait-il être sur qu’au contraire, ceux-ci – et, plus particulièrement, celui qui se tenait devant lui – ne pouvaient présenter un intérêt bien plus important, une Capacité de Souffrance approfondie par un passé embourbé et coincé entre deux parts. Peut-être avaient-ils appris à souffrir – autant que cela fut possible – et que de cet apprentissage, ils n’en seraient que plus aptes à lui offrir – mal gré – cette précieuse douleur ? Peut-être même pourrait-il se contenter d’un ballet au Potentiel de Souffrance – c’était ainsi qu’il classait la souffrance envisageable de réunir pour une torture ou un ensemble de caresses données – relativement faible. En fin de compte, peut-être cette race par laquelle il s’identifiait de premier abord avait une importance. Sao s’autorisa un doute quand à la justesse de sa réponse, après tout.

_________ « Vivant »
« Je commençais à en douter »

Il inclina la tête – la sienne, évidemment – sur la gauche, comme s’il avait manqué de force pour la maintenir droite, et câlina des prunelles les lignes brutes du visage de l’hybride, les traces zébrant sa peau, ses yeux lourds sous son front plissé et figé, son menton trop stricte, glacé, ses cheveux, l’architecture de son nez, ses oreilles, son cou, tout ce qui faisait de lui l’hybride à l’état de demi-vie qu’il avait fait entrer ici, un peu plus tôt. Il redressa le menton, les yeux colorés par les flammes qui brillaient sur le linceul blanc du bras blessé. Il leva la main, et plia les doigts, paumes vers l’avant. Une elfe qui boitait légèrement, la partie droite du visage ravagée, sans doute par des flammes, un seul bras disponible, l’autre un peu court, la démarche dénuée d’assurance mais teintée d’une étrange certitude, comme s’il savait qu’il avançait vers son non-accomplissement, le reflet de sa fin, qu’il n’avançait pas, en réalité. Mais en tout bien, c’était le lot de toute conscience infiltrée dans un corps, n’est-il, d’avancer vers un recul certifié et mécanique, avec une précision chirurgicale. L’elfe eut un mouvement de recul trop marqué pour ne pas le trahir lorsque son regard s’abattit – à la manière d’une sentence, parce qu’il ne savait que trop bien ce qui attendait la loque qu’il ne manquerait pas de trouver avachie aux pieds du Maître. Il n’était encore pas parvenu à se détacher de la lourdeur des souvenirs, de leur emprise reptile sur ses volatiles pensées, lorsqu’elles s’enflammaient. Les doigts sombres et lisses du drow s’agitèrent, au niveau de la taille de celui-ci, un ordre que la petite créature entre elfe et cendre ne pouvait ignorer. Aussi fit-il quelques pas vers le corps agenouillé – plus ou moins – à quelques centimètres, maintenant. Ses mains fouillèrent ses poches, d’où il retira un lambeaux d’un tissu aux teintes vaguement vertes, barrées de trainées poussiéreuses, saupoudré en un coin de tâches sanguines, coagulées et brunes, et décoré d’une tâche à l’allure huileuse, sans forme nommée, qui s’étalait nonchalamment sur un tiers de la place disponible. Les doigts fins de l’unique main elfique tremblaient légèrement enserrant l’étoffe – terme bien prétentieux à un barbare chiffon, mais c’est ainsi que tout est élevé en ces lieux. Dans ces yeux-miroirs, l’un engoncé dans un gouffre noir, des fragments d’illusions hallucinées s’amalgamaient sans ordre, se chevauchaient dans des volutes au doux nom de « Souvenirs », des rats infâmes qui grignaient l’âme et l’esprit, des petits rongeurs sans éthiques et sans souverains. Des chandelles se rallumaient dans les balafres profondes de son cœur, et stoppèrent leur avancées mortuaire lorsque la pointe du pied du Sombre, juste à la droite de l’elfe, fouilla le sable fin, rappel à l’ordre conventionnel lorsqu’il s’agissait d’évoluer dans les Dunes. Aussi appliqua t-il sans plus attendre l’étoffe polluée sur le bras incandescent et, gesticulant malhabile, tenta d’étouffer les flammes goguenardes du bandage désormais fumée. Il entoura le membre et la peau consumés de son tissus, le maintint plusieurs secondes, avant de lever les yeux vers le Sombre qui patientait, manière implicite de demander l’autorisation de se retirer – pour revenir, en réalité, que Sao accepta d’un lent signe de tête, encore concentré sur les palabres du gamin. L’elfe disparut dans un frissonnement de la toile épaisse.

_________ « Mon propre maître …»
« Soit »

De nouveau, il modifia l’angle de son cou, baissant légèrement le menton.


« Ressens, Inconnu. Cette douleur sera tienne si elle n'est mienne. »
« Si je ne suis voué à mourir en ces lieux. »
« Je dormirai. »
« Sans quoi, jamais mes yeux ne se fermeront. »



Ses pieds se jouèrent du sable, il s’aventura lentement à ses devants. Il étendit imperceptiblement son bras, levant graduellement le poignet, inclinant posément le buste. A mesure que ses épaules s’approchaient du Croisé, les relents de son bain d’hémoglobine et des heures auparavant écoulée, de son ailleurs, de sa survie d’avant sa pénétration de l’Empire. Il s’abaissa encore, profitant de l’âcreté des effluves qui battaient ses narines, de l’hargneuse échappée de ces sueurs de corps et déclins de l’âme. L’être agenouillé – il avait cru le percevoir, sans respect, certainement qu’il n’en fut pas capable – lui paraissait déchiqueté d’une fracture unique et violente, détruit en une insatiable plaie, voilà, il lui paraissait écorché. L’Ecorché. C’était ainsi qu’il pouvait se définir. Les doigts gris sombre, légèrement oscillants, effleurèrent insensiblement, en une caresse suave mais davantage suggérée que prononcée, la courbe brisée de la face droite de son menton, avant de voler au dessus de la joue pour revenir cajoler la tempe hybride. Dans le même temps, les lèvres gercées, entrouvertes du Maître papillonnaient dans les cheveux encrassés de l’Ecorché, savouraient leur fumet saumâtre, soufflant dans un ton murmuré mais audible.


____ « Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
____ En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser
____ Dans tes cheveux impurs une triste tempête
____ Sous l'incurable ennui que verse mon baiser »


Il frémit, et se réinstalla dans l’espace vide d’air qu’il ne semblait plus avoir quitté, désormais. Aucune trace de la réduction d’écart et de ce rapprochement insalubre, de cet empiètement sur l’espace de vie de l’autre. Le voile se plissa, l’elfe brûlé reparut, tenant enfermé dans sa main un semblant de pot, un linge à l’allure plus propre que celui maladroitement enserré autour du segment entre coude et poignet, chair brûlante. Epiderme rongé et noirci, charbonneux. Des lambeaux du pansement immaculé qu’avait effectué la première elfe s’étaient attachés goulument en certains endroits, et, cendrés, grésillait tout bas sous le linge souillé. Oreilles-Pointues fut immobilisé dans sa progression par la main de Sao qui s’éleva juste au devant de son torse. Aucun jeu de force, la paume noirâtre n’eut pas de contact avec le tissu ample de la tunique pourprée, mais l’être sylvestre – d’origine, au moins – cessa son mouvement avec cette grâce pestilentielle et aqueuse qui leur est attribuée. Les prunelles du Sombre s’usaient encore sur les teintes ternes de l’Ecorché, et l’œil sain d’Oreilles-Pointues fixait la tenture grisée devant, le menton – ce qu’il en subsistait – droit, tenant un angle droit avec son cou crispé. Le ton de voix velouté aux nuances mielleuses et acides glissa à ses lobes.

« Il sera nourri, dans des eaux tièdes lavé, avec des onguents soigné, sur un lit de plume couché. Venez oublier un œil ici à sept heures d’intervalles. »

Il emplit l’espace de vide, la rétine encore calcinée de l’image insalubre, laissant dans son dos les ondulations tranquilles de l’étoffe épaisse. Les dunes glissèrent sous ses talons, et il s’autorisa une incurvation avant de regagner l’escalier et les étages supérieurs. L’esprit alourdi, et, il était paradoxalement lucide, passablement égaré dans un milieu laiteux et rance, il posa un pied lourd sur l’escalier poudré d’un dérivé d’hydroxyde de sodium et sourit aux crépitements de la poudre blanchâtre.






Comment creuser un volatile dess(e)in, vague perception, qui l’avait poussé à cette hâtive décision, gracieusement égoïste et tant embaumée de générosité et de perfidie. Il s’avouait confusément une emprise pernicieuse de la petit bête qu’il avait repêché dans les flots de son estuaire, cette fascination exquise et sans doute nocive, cette inclination funeste qui dégoulinait salement sur les bordures vaseuses de son cœur – Ou ce qu’il en restait. Il survola mollement l’Allée, le regard embarqué dans les dédales de son Théâtre, juste au dessous, et la concentration éraflé, expressément absente. Il ne devait le maintien des derniers jours – Quatre, à priori – qu’à ses deux seconds, et les contours arides de la face ombrée d’Ezdaï adressant ce regard acerbe à ses déficiences récurrentes, se glissait parfois dans les recoins d’un autre visage, sur les pans du nez ou le repli du menton du Croisé, plusieurs étages au dessous. Il n’accorda que quelques secondes au Cœur Pâle avant de fouler la dalle lisse de l’Orbe. Et lorsqu’il écarta le pan fané qui donnait sur l’espace vital de l’Ecorché, il plissa fortement les yeux, s’empêchant furieusement de laisser le visage marquer sa rétine. D’une voix un peu grave, trop, insensiblement vacillante, qui mouilla ses lèvres râpée, il susurra trop bas, confidence.

« Laisse-moi donner à voir à tes yeux. »

Il ordonna qu’on le chausse, la volonté élimée par le fugace contour qui avait embrasé jusqu’à la mer blanche qui baignait ses prunelles, et les milliards de neurones qui se tenaient derrière. Ce subit sevrage à l’ambition salvatrice et libératrice avait en fait avivé le torrent qu’il avait adouci durant quatre jour, lui offrant une nouvelle violence, un regain d’acharnement, et il ne lui en faudrait sans doute guère plus pour faire succomber le Sombre instable.

____ Et l'image cogne à ma rétine
_______Mais déjà mon regard est loin
________ Je n' sais plus voir le quotidien

Les escaliers se profilaient, peut-être. Le sable était remplacé par la poudre d’hydroxyde, sans doute. La trappe levée sur l’Orbe le gratifiait d’une grimace hasardeuse, pourquoi pas. Les mots du poème flagellaient les semblants d’images hachées à sa vue, croyait-il. Son épaule embrassa le mur, craquant allègrement – tel son méritait vie, il n’aurait su s’en défaire – avant qu’il ne sentit le souffle au dessus de son coude, âcre, dur, poli, souple, par tant de tares cajolé. Le battant triangulaire s’effaça, sans qu’il ne sut pourquoi – sans doute de par lui, mais en être certain révélait un retour à la raison qu’il se refusait encore. Là, L’univers s’ouvrait. Et la réalité frigide et frissonnante, refroidit ses veines incendiaires et la raison – ou presque – réélut domicile.
Revenir en haut Aller en bas
Umbrae
Hybride
Umbrae


Nombre de messages : 65
Âge : 216
Date d'inscription : 08/02/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti
Voix Corail & Névrose [Umbrae] Empty
MessageSujet: Re: Voix Corail & Névrose [Umbrae]   Voix Corail & Névrose [Umbrae] I_icon_minitimeLun 2 Nov 2009 - 13:08

Il fit préserver mon corps. Devais-je comprendre ? Renoncerai-je ? Ce torrent de lave glacée dont les éclats lancinants se fichaient à l'intérieur de mon âme me suppliciait afin que j'arrache aux griffes du Sombre mon corps. Cependant, quoique le Drow dévorât l'espace pour se fondre parmi les barreaux de brise qui nous séparaient, je ne pouvais ressentir de douleur à la perte temporelle de mon unicité. Pour la simple raison que, tandis qu'il se déployait face à moi, ses bras pour ailes et ses yeux devenus d'abrasifs foyers, je ne m'appartenais plus.
Mon regard, dense tel l'émeraude, se posa sur sa main conquérante. Mais, lorsque l'extrémité de ses doigts assurés effleura ma peau si pâle, je me fis violence en détournant mes prunelles de ce spectacle d'une beauté à susciter la nausée. Heurtant un rai de ténébreuse obscurité se coulant jusques moi, je le déchiffrais.... Le sombre visage du Drow, peinture de son être en mon âme.
Partout où passa cette peau sombre, une ligne tremblante dessinée sur la moitié gauche de mon visage, je ressentis une douce brûlure, qui alla en s'intensifiant de telle sorte que je sus dès lors que jamais plus elle ne me quitterait. Devenant mienne, elle acquit l'Éternité.
Ses syllabes me heurtèrent, tachant de s'infiltrer en mon être, leur force n'ayant d'égale que la volonté de se lover en mon esprit pour devenir mots. Et je sentis son souffle tiédi contre moi. Alors, j'acceptai d'entrouvrir pour elles les portes de mon esprit.


____ « Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
____ En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser
____ Dans tes cheveux impurs une triste tempête
____ Sous l'incurable ennui que verse mon baiser »


Mon regard se fit vague, mes pupilles engloutissant mes prunelles. Prémices de la folie. Le Sombre se retira et il sembla à l'absolu que rien ne se fut écoulé, que ce instant déjà passé n'existât plus, pour n'avoir jamais existé.

Puis le Maître d'autres vies fit montre de son emprise sur une frêle créature elfique. Je pressentis, une fraction de seconde durant, la démesure des sentiments que la chose lui vouait... J'en ressentis un écœurement brutal. Sûrement parce que, par là même, je savais que j'étais en mesure de le comprendre.


« Il sera nourri, dans des eaux tièdes lavé, avec des onguents soigné, sur un lit de plume couché. Venez oublier un œil ici à sept heures d’intervalles. »

Oh, Sombre... Que cherches-tu à m'offrir ?
Mon sang pulsa douloureusement tandis que je percevais l'évanouissement, le déclin de son aura au loin. Ses pieds frappaient le sol dont la plainte mourut tout à fait. Je clos douloureusement mes yeux. Seul, je demeurais en compagnie de la créature.
Mes pupilles fluctuantes happaient la lumière farouche plus qu'elles n'en étaient les maîtres. Je me redressai, oscillai. L'Elfe, qui ne m'avait pourtant pas quitté des yeux depuis la disparition de son Maître, me vit alors pour la toute première fois. Il vit l'écarlate ardent de mon âme au travers de fenêtres ouvertes, je vis qu'il me voyait, je broyais la distance, telle une serre ma main se tendit vers sa gorge. Il fuyait déjà, se retourna hoquetant, fou de terreur peut-être, ou fut-ce le parfum rance de sa sueur fraîche qui trompa mes sens soudain émoussés, diminués après avoir été mille fois amplifiés sous l'emprise du Sombre. L'Elfe tenta de me fuir, mais mes ongles s'enfoncèrent dans la chair de son bras. Mes ongles étaient noirs, charbonneux, ma main le devenait de même. Et, au fin fond de mes entrailles, la honte s'appliquait à broyer mon cœur. Déjà, tout était trop puissant, j'allais imploser.
Il naquit un bruit squameux d'explosion humide. Mes doigts purent s'enfoncer, s'enfoncer encore, aller gratter l'os. Ce hurlement de terreur plus encore que de douleur, je ne l'entendis pas. Je perdis la conscience de mon être et la créature s'enfuit. Une dernière image me demeure, saisie avant que mon esprit ne s'englue dans les Limbes folles de l'oubli. Le regard incrédule de cet être mutilé qui, au travers de cette lueur dont jamais je ne saurais saisir dans son entier l'infinie profondeur, me promit le silence.
Je l'avais laissé vivre.
Une goutte de sang noir glissa sur la courbe de ma joue, chuta rejoindre les tièdes éclaboussures maculant le sol.

*

Le Temps, mécanique implacable inspirant le respect au-delà de toute imagination, suivait son invisible cours comme s'il fut tracé au-devant de lui en pointillés, jusqu'à l'infini, parmi des terres de cendres. Quatre jours s'étaient écoulés, pour les mortels. Pour moi, ce ne furent que quatre levers de soleil dénués de tout sens. Ils ne menaient à rien, nul lendemain, ils ne se détachaient d'aucune veille. J'avais depuis longtemps renié ma naissance et la Mort ne serait pas pour moi l'envoyée du Temps – sinon de celle des Hommes.
Mon enveloppe charnelle exempte de toute particule conquérante, j'étais propre et nu. D'une blancheur immaculée, sembla affirmer l'objet d'eau, mon œuvre, qui étirait avec langueur sa longue silhouette à même le corps glacial de la paroi de pierre. Je m'approchai, frôlait la surface dépolie du bout des doigts. Une fissure sournoise naquit sur leur passage pour s'étendre à la manière d'une toile d'araignée affamée. Mes paupières s'abattirent sur mes yeux, tandis que je délaissais le miroir fêlé qui bientôt s'émietta... Je n'avais pu que constater l'absence de toute surface réfléchissante en ces lieux, envisageant que ces dernières dussent être craintes, haïes, peut-être, ou jugées ici inutiles.
Au cœur des miettes de son cadavre, le feu à l'agonie crépitait faiblement. Ne songeant seulement pas à ajouter quelque fragment de bois, je m'aperçus que la neige du ciel et celle de mon cœur n'avaient rien à envier à ma chair laiteuse. Aussitôt, je m'emparai d'un voile blanc dont je me vêtai, sans grand espoir de me réchauffer. J'ajoutai une tunique du même ton.
Je survivais sans mal, lové au cœur de cet environnement comme l'enfant dans les bras d'une mère. Cependant, bien que la folie un instant brûlante se soit tapie, discrète, dans les ténèbres de mon être, me laissant en proie à une temporelle et toute relative quiétude de l'esprit, l'on ne pouvait me qualifier d'innocent.
Jusqu'où cela mènerait-il ?... Mais pour quelle raison une fin viendrait-elle y mettre un terme ? L'on retient bien les oiseaux en cage jusqu'à leur mort. Et s'ils se trouvaient être immortels, l'on se préserverait de les libérer un jour, magnifiques objets... Assurément, un gardien immortel jamais ne commettrait l'erreur de leur rendre leur liberté.
Mon doigt suivait distraitement la courbe sublime du petit corps délicieusement tiède. Une lueur s'alluma au fond de ses yeux. Je crus qu'il allait parler. Folle idée que celle-là... pourquoi émettrait-il des sons, alors que, déjà, sa pensée me parvenait, d'une clarté impensable ?... Peut-être pour le seul plaisir.
Il pépiait doucereusement, tâchant de me charmer de sa fluette voix de jaseur boréal, lorsque je perçus des pas feutrés. Aussi mis-je fin à cet attrayante séduction, refermant mes mains sur la gracieuse créature pour la glisser dans les pans de tissu d'un blanc de céruse. Ma magie s'élevait par fines vagues, porteuse d'un parfum de fleur sauvage. Mais elle n'émanait pas du sortilège de Maîtrise appliqué au passereau, trop fin... Ayant éprouvé l'envie de me divertir – envie, car cela n'était jamais un besoin – j'avais effectué à quelque reprise la métamorphose animale. Ou peut-être m'entraînais-je, mais je ne l'aurais pas admis.

De maigres doigts, d'une noirceur sans pareille, écartèrent avec avidité la tenture déclinante. Elle s'effaça devant mon regard et m'apparut alors la silhouette trop nettement découpée du Sombre. Je me refusai à le nommer, comme tous ceux qu'ici j'avais ne serait-ce que croisé, le Maître.
Cela viendrait-il à changer ?
Sur la paroi de ses prunelles sanglantes, je me vis, trop lumineux, et tentai de m'enfoncer plus avant, mon regard rivé au sien. Il m'en empêcha. Fut-ce volontaire ? Il n'était plus que seul, face à moi. Une palpitation mourut dans mes doigts tandis que je réalisais que je n'eus pas pu partir. Non pas qu'il m'eut été impossible de quitter ces lieux, mais je n'aurais jamais pu me détacher de l'image de cet être, de cet être lui-même, comme de tout ce dont je le présumais être l'auteur – à savoir, Tout. J'étais dépendant de ce malsain désir de savoir qu'il était parvenu à faire germer en moi. Et, au prix d'un écœurement aussi abyssal que sublime, je m'aperçus que sa mainmise au cœur de mes entrailles s'affermissait.
En réponse à son épanchement de mots, je me levai avec douceur. Je n'étais plus Sylvain ni Sombre, ni même peut-être bâtard. Sa simple vue, noir au cœur du noir, me détachait par à-coups de mon corps. C'est alors que je frôlai l'apocalypse... Mes lèvres s'entrouvrirent, un souffle vaporeux s'en échappa. Ma main accourut vers mon cœur, mes doigts se crispèrent sèchement contre l'étoffe, qu'ils froissèrent. Un temps, deux temps, je haletai. Puis mon bras glissa, frémissant encore, pour s'étendre à nouveau suivant la courbe de ma taille.
J'ignore si, l'espace d'un instant, est apparue dans le blanc de mon œil cette marque, ce dard d'un écarlate sanguin. Je l'ignorerai toujours.
Qu'importe, je n'avais pas fait naufrage. Non pas comme ce fut le cas face à la chose-Elfe. Ni mille fois davantage.
Je m'avançais vers le Sombre comme sur des éclats de verre. Mais l'on m'avait chaussé sans que je m'en aperçus. Ainsi ne pouvait-on plus apercevoir ma peau sableuse qu'au travers de rares fentes. Une interrogation me vint, poignante, mais qui pourtant me laissa de marbre. Découvrirai-je de mes semblables au-delà ?
Je marchais dans les pas du Sombre, si près. Je percevais son odeur, celle du sang au-delà de tout.
Cependant, au contraire d'une ombre, je n'étais pas fait de nuit, mais de lumière.
Les escaliers, qu'achevait une trappe, débouchèrent sur une pièce d'une rondeur frisant la perfection, une forme pré-natale d'œuf. Mes yeux glissèrent sur des lettres de noir tracées..
... sur mon corps déchiré... révulsées... sur le reste et sur le sang, et miettes d'âme de rancœur, ma grandeur, tu as volé mon esprit... charpie en ta démence...
Tant d'insidieux souvenirs me revinrent alors que j'en implosai silencieusement. J'eus pu être tout à la fois ce bourreau et sa victime, cet artiste et sa toile vivante encore, cette œuvre et son maître. J'avais vécu ces mots et, avec délice, je songeai à ma différence pourtant haïe : il n'était pas donné à tous de comprendre la signification profonde de ces mots, du moins avant de quitter ce lieu pour éclore.

Craquements, crépitements, autant de plaintes qui naquirent sur le passage du Sombre. Sous la poussée de son épaule, les parois s'effacèrent. J'ignorais encore que l'on avait baptisé cet endroit Cœur Pâle. J'ignorais encore qui était ce Sombre, quoi que je m'en doutasse déjà.
Je ne pouvais voir, alors même pourtant que je devinais que ce monde était d'une violence crue. Je dépassai le Sombre désormais immobile, une seconde contemplatif, comme heurté ou pénétré à la vue de ce qu'il me masquait de sa présence. Je le frôlai et sentis ce froid glacial, qui tranchait avec la moite agitation maniant les fils de son être un instant encore auparavant.
Si, désormais, j'étais sa chose, il n'en demeurait pas moins sous son propre joug.
Mais cela se devait de ne pas être le cas.
Mes doigts osseux s'enroulèrent sur une balustrade qui m'offrit la caresse soyeuse d'une crevasse.
Mon regard plongea dans la béance. Aussitôt, je l'en sauvai. Je contournai l'obstacle matériel avec une lenteur aérienne, assuré que j'étais de pouvoir avancer sans entrave. Mes pieds heurtèrent en une brève mélodie poussiéreuse l'ultime volée de marche qui me séparait encore du cœur du manoir.
Je pénétrai dans la place – ici, partout, se dressaient de majestueux miroirs. Quoique je ne pus faire abstraction de la présence du Sombre, quelque part alentour, celle des autres êtres vivants la diluaient en mon âme. J'autorisai enfin, cette fois-ci, mon regard à découvrir.
Des êtres, il en existait de deux sortes. Ceux qui, avec délectation, jouissaient de la souffrance, et ceux dont les gorges déployées ne semblaient plus être qu'un hurlement guttural, sans fin, qui n'avait plus à mon goût quoi que ce soit de vivant.
Ici, l'on torturait des presque-morts.
Je me retournai d'un coup, afin de le voir, lui, de m'assurer qu'il se trouvait bien là où je l'attendais.
Je le vis pour mieux l'oublier. Mais avant de faire volte-face pour le délaisser, je murmurai lascivement, à sa seule adresse.

« La beauté de ce lieu n'a d'égale que la tienne, Sombre. »

Puis, tout à mon plaisir, je réduisis la distance entre le premier de ces êtres torturés et mon corps. Il venait d'être abandonné à la solitude de sa douleur. Je vis ces coupures dessinées dans la chair de ses jambes, de ses cuisses, les plis anormaux de son ventre que créaient de minces filins métalliques, ses épaules brisées aussi et les lambeaux de ses muscles saillant hors de sa chair. Plus encore, je vis deux immenses trous noirs qui se trouvaient être ses yeux, enfoncés qu'ils étaient dans ce crâne petit. La cervelle, fuyant l'horreur de l'extérieur, semblait s'être rétractée sur elle-même, absorbant tout, au moyen de la pression ainsi créée par sa densification. Les cils clignèrent, sanguinolents. A l'intérieur, tout était éteint, et je n'étais pas sans savoir qu'une langue aussi sèche que la sienne ne serait capable d'émettre quelque son intelligible que ce soit.
Je souris à la chose.
Mes lèvres s'appuyèrent sur les siennes, le diaphane sur la noirceur du sang coagulé. Mes paupières s'abaissèrent tandis que j'accentuais la pression. Je perçus un gémissement. Oh, si faible, si faible !... Déjà, je me détachais avec une apparente tendresse amoureuse de ma si belle proie. Mais, reliant mes lèvres aux siennes, demeurait un filet de brume. La chose semblait s'étouffer, suffoquer plus avant. De ma langue, je parcourus une ultime fois sa joue. Puis je m'écartai tout à fait, reculant de deux pas aveugles pour admirer mon œuvre.
Depuis une éternité, il ne m'avait pas été donné d'exercer mon art.
Ici, tout était à l'état brut. A tous ces Abies, il manquait une somme de raffinements. La pire des souffrances n'est pas celle de la lame. J'avais pu jadis expérimenter bien pire, quoi que ce ne fut encore rien... Le supplicié, laissé libre quoique sur son séant, recevait à intervalle variable un brève tape à l'arrière de la tête. Parfois plus rapidement, parfois moins, le tout étant de laisser le temps aux réactions chimiques à l'origine de l'espoir de se produire... Deux heures passées, généralement, le supplicié perdait connaissance sous l'effet du mal-être. Mais le Temps n'est-il pas infini ? Trois jours plus tard, la douleur s'était faite si ignoble qu'il en perdait la vue, la sensation du toucher, que son esprit le quittait... Un mois, deux mois... Sans mourir, préservé...
Quant aux douleurs psychologiques... celles de l'âme pure, je pouvais affirmer en connaître plus que les rudiments. La Magie n'en est que la clef, indispensable cependant...
Sur la langue, mêlé à la rouille du sang, je tenais encore le parfum pâteux de cette âme un instant subtilisée en échange d'un leurre sadique.
Le Cœur Pâle me semblait n'être qu'à ses balbutiements. Combien eut-il pu être poussé plus avant, jusqu'au sublime ! Pour naître, enfin !
Et malgré cette excitation malsaine qui me gagnait, ce tourment Dow, je ne pouvais ignorer que je régressais peu à peu jusqu'à ces temps auxquels je m'inspirais le plus profond dégoût... Ma vie n'était-elle qu'un cycle infini, enraciné dans l'enfance, s'étirant jusqu'à un ciel d'une noirceur trop aveuglante ?
Ou bien, cette fois-ci, avançais-je, pour aller bien au-delà. Plus loin que jamais.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Voix Corail & Névrose [Umbrae] Empty
MessageSujet: Re: Voix Corail & Névrose [Umbrae]   Voix Corail & Névrose [Umbrae] I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Voix Corail & Névrose [Umbrae]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Jeu de voix et voix d'Oracle | La Voix
» Umbrae - Artiste
» On efface, et on réécrit sur un passé maudit [Umbrae]
» Fin | La Voix
» Par la Voix de Néera

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: TERRES DE L'EST :: Terres Stériles-
Sauter vers: