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 Errance. [Ock]

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Umbrae
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MessageSujet: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeJeu 25 Juin 2009 - 18:18

J'avais connu le fer, j'avais vécu le feu, survécu à la haine comme à la solitude. J'avais vu les lumières de villes à l'agonie. J'avais cru y trouver un peu de réconfort.
Aussi mince fût-il.
Aurais-je dû savoir que ceux que je trouverais, seraient non pas des hommes mais des Drows sans pitié ?

Depuis des jours, je fuyais. Par malheur, j'étais passé tout près d'une cité Sombre. J'avais été repéré. Il ne me plaît guère de rappeler ces moments à ma souvenance. J'avais frôlé la mort, mais si ce n'avait été que cela ! Bien au-delà de la peur, j'ai ressenti la haine farouche de ces créatures pleines de vie.
Moi, je ne vivais plus, depuis longtemps. Et je les enviais.

Je progressais à grand-peine dans la vase visqueuse. Parfois, un hurlement déchirait le silence glauque, derrière moi. Je m'embourbais souvent. L'odeur fétide des marécages me semblait toute naturelle, tant elle avait corrompu mes sens.
Au côté droit, j'avais une plaie, une plaie béante de laquelle suintait un mélange de sang et de lymphe. Lorsque je devais dormir, je m'étendais directement dans la vase.
Cependant, je ne pouvais me permettre souvent ce luxe.
J'entendis un nouveau cri, plus strident encore que les précédents. Un aboiement rageur le ponctua.
Un Drow me poursuivait, équipé de bottes, dûment armé. J'avais eu un aperçu de sa force physique et de la puissance de sa magie. Blessé comme je l'étais, je ne faisais pas le poids.
S'il me rattrapait, je ne l'affronterais pas, puisque c'eût été en vain. Je me contenterais de lui offrir ma gorge.
A quoi bon tenter de fuir, puisqu'il allait me rattraper ? Cela n'était pas une décision consciente. Je ne fuyais pas : mon corps fuyait.

Je chutai entre deux gerbes de roseau. Les gargouillis gloutons de l'eau ne suffirent pas à m'inciter à me relever. J'avais trop mal. Je m'aperçus que je ne sentais plus mes mains.
Je ne voyais plus.
Je m'assis, à moitié embourbé, et fermai les yeux. Un aboiement rauque survint, plus proche. Je rouvris mes paupières. Je voyais trouble.
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Farren de Lockrive
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeVen 3 Juil 2009 - 16:55

*Pourquoi toujours MOIIIII *

Pourtant le travail lui avait semblé simple. Il fallait juste attraper un œuf de Worangen et le ramener entier. Farren ignorait tout de la bestiole en question mais bon tant qu’il était payé, il ne posa pas de questions. L’employeur, un vieil alchimiste fumeux, avait insisté sur l’importance de garder l’œuf intact.

L’expédition se déroula sans réel heurt. Lui, et les trois paumés qui l’accompagnaient, avaient édicté une règle silencieuse où moins tu m’parle mieux j’me porte.


Les marais… C’était la première fois qu’il en voyait et aurait, à la réflexion, préféré ne jamais en voir. Un seul mot sautait telle une évidence sur la langue de cet habitué des chemins poussiéreux des plaines, putride, tout simplement putride. Partout où son regard se posait, ce n’était que boue et pourriture. Des relents de bile âpre montaient dans sa gorge à chaque fois que l’odeur vicieuse d’un cadavre d’un animal non identifiable, toutes tripes à l’air, chatouillait ses narines.

Ultuant, un de ses compagnons de fortune, servait de guide. C’était un gars du coin qu’il disait, et il les assurait de trouver un nid rapidement. Ultuant… c’était drôle, il portait le même nom que l’ancien roi, en espérant avoir plus de chance que lui…
Le guide avait tenu sa promesse, deux jours plus tard, ils avaient trouvé un nid. Ils durent patienter une heure que la « Mère » laisse ses petits protégés pour aller chasser. C’était le moment. Tout marchait à merveille, le travail était facile… trop facile… Et Farren, poisseux devant l’éternel, n’aimait pas ça, il allait arriver un truc qui sent pas bon… pas bon du tout...

Alors que Gild ramassait deux œufs, une sorte de ver géant pourvus de grosses pattes griffus survit à quelques mètres de là. Le temps d’avoir peur Gild était mort, une sorte de tronc cuirassé perçant son ventre. Pas le temps de s’alarmer sur son sort, il fallait fuir. Ultuant avait réussit à attraper un œuf et courait comme un dératé, Ancton à sa suite, ce géant de muscle qui avait inspiré suspicion auprès de Farren n’était plus qu’un gros tas de terreur pure.


Farren courait, comme jamais il n’avait courut, ses pieds s’arrachant à la boue, son visages, ses bras, ses jambes, griffés par les branches des arbres morts, comme s’ils essayaient de le retenir, de l’amener les rejoindre. Il courait…


Voila quatre bonnes heures qu’il était seul. Dans sa course pour la survit, il avait perdu ses « camarades » mais il ne se faisait pas d’illusions, pour eux, Farren était déjà mort.

*Pourquoi toujours MOIIIII *

Il marchait dans cette fange verdâtre, encore, toujours, le poids de la fatigue affaissant ses épaules, tremblant presque. Il avait abandonné son lourd sac dans sa course folle, il avait perdu sa nourriture, son linge mais surtout ses SABLIERS ! Le paysage se prêtait à merveille à la dépression qui grandissait en lui. Rien… Que cette maudite boue et ces affreux arbres biscornus.
Il était sur le point de se jeter contre un arbre, ivre de fatigue, lorsqu’un éclat blanc attira le coin de son œil. Farren est curieux… trop peu être…

Il s’approcha lentement, non par prudence, mais parce qu’il voulait garder son énergie. Là… un homme… non… si… une créature était là assise dans la fange. Farren ne put s’empêcher de pousser un cri de soulagement… peu être… peu être…
Il s’approcha de l’être. Sans jeter le moindre regard au alentour, il se pencha vers lui.


« Hey mon gars ! Qu’est ce que tu fais ici, tu pourrais m’indiquer la sortie ?! Oh t’as peut être soif ? »

Il tendit alors à l’étrange être sa gourde à moitié pleine, ou plutôt à moitié vide qui pendait contre sa cuisse.
Au loin on pouvait entendre des clapotis déchirer le silence.
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeLun 6 Juil 2009 - 19:26

J'aperçus une silhouette sombre. Je la pris pour celle du Drow.
Aussitôt, une énergie nouvelle investit mes membres - du moins le crus-je. Je tentai de me relever. J'y parvins. A ma grande honte, à mon grand dégoût, je sentais mon cœur s'emballer dans ma poitrine. Mon corps désirait vivre, semblait-il. Pur réflexe instinctif que de s'accrocher à cet état pathétique - la survie.
Je ne suis pas humain, ne suis pas un homme, seulement un sang-mêlé, bâtard qui ignore lui-même de quoi il est réellement fait. Un être auquel toutes ces années écoulées n'ont pas tant apporté.
Sous la lumière gluante que filtraient les nuages, la silhouette m'apparut être celle d'un homme. De ses vêtements exsudaient diverses matières organiques, la fange crasse et putride des marais, la sueur aussi, supposai-je.
Je retombai.
Un nouvel aboiement ponctua ma chute.
L'homme, déjà, se tenait à côté de moi. Il se pencha. J'eus voulu fuir. Pourtant, c'est avec surprise que je déchiffrai une certaine sollicitude dans ses paroles. Je levai mon regard vers lui.

« Oui, j'ai connaissance de la route » murmurai-je. Soif ? Étrangement décalé, ce jeune homme qui n'envisageât pas que j'eus pu m'abreuver à même le glauque bouillon marécageux. « Qu'importe mes besoins. Je te remercie, et m'excuse de ne pouvoir t'être d'aucune aide. »

Mon regard le quitta, pour rejoindre une forme noire pataugeant lourdement, fébrile, en notre direction. Je continuai.

« Car mon périple s'achève ici. » Sa fatigue était perceptible. Il était jeune, humain ; perdu, certes, mais il n'avait aucune raison de mourir en ces lieux - il ne devait pas. « Il est temps que tu reprennes la route. Ce Sombre ne vient pas pour toi, il ne te causera nul ennui. »

Toutefois, je désirai me relever pour faire face au Drow - une ultime volonté. Je tendis la main, déployant le bras, et attrapai le poignet de celui qui m'avait spontanément tendu une gourde. Je m'appuyai brièvement sur lui, m'arrachai à la vase dans un bruit de succion.
Puis je le lâchai. Désormais, je serai seul - j'en frémis.
Le chien, un grand noir efflanqué, bondissait vers moi en remuant la vase.
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeLun 31 Aoû 2009 - 17:21

Tout avait semblé si flou. Irréel. Le putrescent paysage contrastant étrangement avec cet… être, chevelure neigeuse mais encrassé, on aurait dit un de ces contes enfantins, peuplé d’être extraordinaire et quasi-divin… Tout s’était mélangé dans la tête exténuée du pauvre marchand ambulant, comme si le monde lui même n’était qu’une illusion des plus réalistes… Le temps s’était arrêté, comme suspendus aux gestes lents et gracieux de l’être. Tout s’embrouillait…

L’étrange personnage s’était relevé, avait parlé, s’était redressé, mais comme dans ces livres qu’il adorait tant lire enfant, Farren demeurait spectateur de cette propre réalité, étranger et las de sa condition même.

Mais le monde ne lui laissa pas le temps de comprendre… Déjà un molosse noire comme la Peur, bondissait, grognait, se débattait pour avancer d’une course vive et déterminée vers les deux compagnons de fortune. Sans perdre une seconde, il sauta, bête rageuse, vers l’être aux cheveux blancs.

Deux battements de cœur…

Tout avait semblé si flou. Irréel. Mais il avait agit sans vraiment y réfléchir, il le fallait, il l’avait fait. Le chien avait foncé sur l’étranger, le faisant basculer dans la vase. Alors… alors, comme pris du rage nouvelle, dévorait par son propre désir de survit… il avait agit. Empoignant son arme au sourire édenté, il avait frappé, entaillant, quoique légèrement, le museau de la Mort. Le cerbère, tout d’ombre vêtu, s’éloigna, plus surpris que blessé, dans un couinement presque comique…

Pourquoi avait-il agit ? Il ne connaissait rien de cet … homme, il allait risquer sa vie pour un simple inconnu mystique ? Non, non bien sûr que non, la raison était si simple…


« Bordel tu connais la sortie et t’es pas foutu de me le dire !! J’ai pas envie de crever la gueule ouverte dans cette saleté de boue ! Bouge toi, on plombe ce gars et tu m’amène hors de ce trou, et je te préviens t’as pas le droit de mourir !!! »

Les mots, poussé par la colère qui montait en lui, se déversait dans sa bouche comme un torrent de haine, torrent qui ne semblait pas vouloir s’apaiser… bordel…


Mais déjà, dissimulé entre les arbres, une ombre approchait, ses pas dérangeant le silence de la vase…
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeMer 16 Sep 2009 - 19:43

Lorsque l'esprit est en proie aux émotions d'apparence contradictoire, il quitte ce monde réel pour un monde magique. Là où toutes choses n'ont plus la même valeur. Je ressentis un soubresaut de terreur lorsque l'animal d'un noir d'onyx fondit vers ma gorge.
J'aurais pu le tuer, j'en étais encore capable, cependant tout avait déjà perdu son sens. Je ne voyais plus en lui un chien mais un ennemi pur, l'essence de l'adversité. La distance qui nous séparait n'était plus que le fond de la toile sur lequel se projetait son corps. Les arbres agonisant, les herbes racornies par l'horreur, en étaient à mes yeux le cadre.
Un éclair de lucidité : autant qu'il m'achève avant que ne survienne le Sombre. Ma vie ne s'était-elle pas terminée il y a près de deux siècles, par la faute de ceux de cette race ?
"Race"... Non, je ne préjuge habituellement de personne. Toutefois, la vue de la face camarde engendre quelque délire...

Le jeune, l'humain, mit fin à cette éternelle seconde de torture. Le supplicié que j'étais alors eut voulu le tuer pour cela - et défendre le bourreau. Que sa panse éclate et que son sang gicle en gerbes folles et libres dans la boue alentour pour s'y fondre. Je pensai qu'il se piquait de mettre en pratique on ne savait trop quel valeur altruiste. S'était-il en cet instant identifié à moi ? S'était-il senti... concerné, peut-être ? J'en fus écœuré. Et ma condition d'Hybride toujours honnie, j'eus voulu la mettre en avant. Qu'il me déteste et me laisse crever en paix - ou dans la tourmente, qu'importait.

« Bordel...
...
...t’as pas le droit de mourir !!! »


Sûrement cela était-il le strict minimum qui eut pu me faire bouger. Depuis un bref moment, la douleur due à la fatigue extrême s'était plus ou moins faite oublier. Je pouvais me redresser ? Le voulais-je ? Lui le voulait. Et s'il désirait vivre encore, je n'étais nullement en droit de l'en priver.
Ou...
Ou bien peu m'importait-il qu'il crève ? Combien en avais-je tué ? Pour telle ou telle raison, excellente dans l'absolu, donc à vrai dire excellente sur le moment et en réalité si fugace... Je ne croyais pas aux destins, aux grandes œuvres. Mes valeurs n'étaient pas humaines. Je décidai de le sortir de là.

« Une fois ces instants passés... »

Masquant ma peine, je me redressai. Une infinie tristesse menaçait de vaincre cette absurde colère dirigée contre ma propre personne, contre tous en réalité, qui m'avait permis de désirer quitter ce monde et qui pourrait encore me le permettre.

« ...Si aucune idée ne s'est imposée à moi... »

Ma voix s'était faite doucereuse. Elle sifflait lointainement, me donnant la vague impression de ne plus m'appartenir. Pourtant, plus que jamais me semblait-il, j'étais maître de moi.

« Alors il faudra que tu me trouves une bonne raison de vivre. Sans quoi, je te tuerai. »

Il saurait trouver. Il était loin, très loin d'être idiot. N'était-il pas déjà parvenu à me faire changer d'idée ? Je ne comptais plus depuis bien longtemps le nombre de ceux qui s'étaient cassés les dents à s'y essayer.

Rouant de coups lents le morne silence, le Drow s'avançait vers nous. Le chien jappait tel un chiot à ses côtés, perdant du sang par la gueule - je m'aperçus que l'animal avait quitté mes pensées ; sûrement avait-il fui sous l'effet de la douleur.
A perte de vue s'étendaient les marécages, ponctués de bosquets flous. L'horizon était d'un blanc poudreux comme si le soleil était en train de s'y dissoudre.

Le Drow s'élança vers nous, exécutant de larges moulinets au moyen de son épée. Je dûs lui reconnaître une certaine habileté. J'aurais apprécié être en mesure de me battre avec sérieux - inutile de préciser que ce n'était pas le cas.
L'humain allait devoir s'en tirer seul. Ou presque... Levant le bras vers le ciel, j'attirais à moi tous les oiseaux à ma portée.
J'eus la chance, entre quelques nuées inutiles, d'atteindre l'esprit d'un jezzok ; cet oiseau au nom ridicule se présentant sous la forme d'un vautour à quatre ailes d'une longueur de six mètres. Il va sans dire que je ne fus pas capable de le maîtriser. Le rapace chuta en piquée pour s'écraser sans prévenir à mes pieds - et à ceux, par conséquent, de l'humain.

« Ton nom ? »

Le Drow bondit sur le corps imposant mais pitoyablement englué dans la vase. Ses pieds disparaissaient parmi les plumes. En deux enjambées...
Je clos mes paupières pâles.
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeSam 14 Nov 2009 - 21:41

La colère passé, le souffle presque court, Farren se laissa aller à un abattement total, immergé dans une bulle de lassitude, de fatigue et de renoncement. Il ne souvenait même plus la raison de son emportement, seul restait cet état de fait, cette boue… trop de vert…

Devenait-il fou ?

Tout semblait si irréel, si flou, confus… Il était comme hors de lui-même, spectateur de la putréfaction d’un lieu, comme un théâtre humide et abandonné au sort du temps. L’être -était-il seulement vivant ?- réagissait de manière surprenante, accentuant son désarroi. Il rêvait, il n’y avait pas d’autre explication. Vivre, mourir, tout se confondait sur cette scène fangeuse. Non… Non… Il devait vivre, ce n’était pas un rêve cauchemardant, ce n’était pas une illusion, un mirage provoqué par sa fatigue, cette être blanc était là… bel et bien là, imposant de sa présence une lueur de véracité au lieu. Il devait vivre…

Alors son regard croisa la physionomie de l’adversaire. Son cœur manqua deux coups. Une terreur froide s’empara de lui, comme une vieille amie, doucement… Il délirait. N’y avait-il pas, derrière cette allure guerrière, derrière ce visage cendreux, derrière ce regard de haine, l’ombre de la Mort elle-même. Il avait peur, sa Peur, mais alors que tout son espoir chuta comme une pierre dans l’eau, une image vint frapper son esprit exténué. Une blague de Ultuant, qu’il n’avait alors pas compris, à une époque qui lui semblait si lointaine mais pourtant tellement proche…

C’est quoi un groupe de drows sur un bucher éteint ? Un tas de cendre !

Sur quoi les gaillards étaient partis dans un rire gras et guttural. Un tas de cendre… L’humour n’était certes pas leur fort mais cette pensée eu pour effet de briser la montée de terreur qui glaçait le sang du mercenaire. Un oiseau chuta alors au pied de l’être aux cheveux de neige, tirant définitivement Farren de sa torpeur songeuse. Son nom ?

« Appelle-moi Farren… » Articula-t-il, la gorge sèche.

Le drow esquissa un sourire, bondissant sur le ridicule animal. Farren voyait pour la première fois de sa vie une créature pareil, tout son corps semblait être conçu pour la bataille, sa lame semblait vouloir se nourrir de sang, de son sang. Il déglutit péniblement, regarda son étrange arme au filet édenté le temps d’un soupir, puis se rua sur l’ennemi, un cri accrochait à ses lèvres.

Maladroit…

Son pied s’agrippa à une racine noueuse et, emporté par son élan, il chuta tête la première dans la boue. Sa lame effleura le torse du sombre. Alors que ce dernier, dans un mouvement désinvolte, voulait achever le malheureux, Farren roula sur lui-même, se redressa et entailla le tibia du guerrier dans un même mouvement. Maculé de boue, ses yeux rayonnaient d’une rage nouvelle.

Blessé dans son honneur par ce ridicule assaillant, le drow chargea.
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeMar 24 Nov 2009 - 18:01

« Appelle-moi Farren… »

Une nuée de pensées virevolta en mon crâne, doucereuses, attirantes. Ainsi se nommait-il Farren, celui qui désirait que je le sauvasse, qui, de tout son être, aspirait à vivre.
Malgré la douleur, ignorant de cet univers m'entourant, de la lumière cireuse qui dégoulinait sur ma peau blanche et grise, je tendis mon corps. Doucement, je me redressai tout à fait.
Mes paupières m'accordèrent gracieusement la vue et, sous ce lever de rideau, je découvris l'évolution des protagonistes de ce ridicule jeu de survie et de haine, si absurdes mais pourtant, l'un comme l'autre, si normaux. Les êtres ne peuvent dépasser leur nature, dès lors que cette dernière est un tant soit peu fixe. Drow, Humain... J'aimerais à les résumer en quelques qualificatifs. Mais ce serait me faire violence, je ne suis tout de même aussi simpliste.
Je vis leurs membres bouger et de larges traînées de lumière scintillante les suivre.
La fange et le sang giclèrent pour se mélanger un instant plus tard. La lame assoiffée de... Farren, donc... dessina une splendide traînée sur la peau noire. Sans nulle profondeur, elle ne serait que la source d'une lancinante douleur.
A pas lents, je reculais. Le bruit de la douce mouvance de l'eau sous mes pieds me semblait une mélodie ancienne.
Je sentis un ilot ferme et, à reculons, je m'y installais.
C'est alors que je vis que le désir, la volonté du jeune homme avaient galamment cédé la place à une rage nouvelle.

Violemment, je redressais mes deux bras, les plaçant l'un contre l'autre, parallèlement au sol. J'ouvris mes paumes face à la noire créature, le Drow qui chargeait. Son épée tournoyait pour former de larges moulinets dont la cible évidente n'était autre que Farren.
Je sentis ma gorge s'assécher, et la lumière que je projetais effaçait mon ombre. Mes cheveux surtout, devaient évoquer quelque fragment solaire.
Dès lors que je les libérai, les étincelles de magie se ruèrent vers mes mains et, se fondant les unes dans les autres, devinrent un rai de foudre. Le Drow n'eut le temps de bouger, ni même celui d'inspirer une ultime fois. L'éclair le heurta en plein cœur.
Tout aurait pu s'arrêter là. J'aurais oublié sa vie comme sa mort, ou, du moins, l'aurais-je relégué dans les tréfonds de ma mémoire, les ruines secrètes de mon être. Mais il releva ses yeux rubis, et mon regard croisa le flot de peur qui en jaillissait.
L'être noir chuta en avant, glissant juste à côté de l'humain. Son loup glapit de peur, s'affaissant à son tour aux côtés du mort. Il ne vivrait plus guère longtemps.

Je m'approchai. Ce au rythme de ma respiration, infiniment lente. Avais-je peur ? Qu'aurais-je pu craindre ? Ou bien savourais-je ces instants ? Non, j'achevais simplement ma tâche. Doucement, je m'accroupis à côté du corps. Le loup gémissait levait vers moi sa gueule entrouverte.
Mes doigts frôlèrent l'être à la si belle fourrure, puis le dos du défunt, sur lequel ils s'attardèrent. Le loup, paisiblement, rejoignit la terre humide. Quant aux quelques mots que j'avais inscrit dans la peau, nul ne saura ce qu'ils signifiaient.

Me redressai, je fis face à l'humain. Je l'observai, je le scrutai. Vivement, je franchis la distance qui nous séparait. Mes doigts pâles vinrent enserrer le col de sa chemise. Sûrement étais-je éreinté, mais je me sentais extraordinairement vivant.

« Farren. »

Ma voix, si elle n'était qu'un murmure entaché de fatigue, demeurait parfaitement claire, pure.

« Désormais, pourquoi vis-je ? »

Mes doigts se déserrent, glissant lentement. Mes regard fiché à ces yeux gris, je pris alors la décision de lui offrir un présent.

« Umbrae. »

Puis j'esquissai un mouvement pour faire volte-face. Je me dirigerai au travers de ce monde jusqu'à ce qu'il ne s'avérât plus tant hostile à la vie. La sortie du labyrinthe.
Qu'il me répondît ou non, qu'il me suivît, cela, semblait-il, ne m'importait plus. Mais peut-être ne s'agissait-il que d'une apparence.
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitimeSam 2 Jan 2010 - 22:01

Il eu un éclair.

Le monde s’emplit de blanc, comme saturé de lumière, il n’y avait plus rien de visible, de palpable… Perdant tout ses repères, Farren en oublia d’exister. Et, alors que même le temps semblait s’être figé, terrassé par la lueur du monde désincarné, la nature reprit ses droits. Tout redevint clarté maussade, boue, eau, et putréfaction… Aussi vrai qu’en ce monde Kiria est l’unique autorité de la nature, aussi vrai que la magie n’est qu’une éphémère illusion, un vernis plaisant mais faux, il ne restait plus un souffle de l’action de son "compagnon", juste le silence d’une âme rejoignant l’autre royaume.

De la poussière d’étincelles brillaient encore devant les yeux du mercenaire, comme autant d’éclat de miroir scintillant doucement avant de périr sous le propre poids de leurs existences.

Cela avait duré le temps d’un frisson.

Sous la surprise, Farren n’osait esquisser le moindre mouvement, la moindre intention. Il demeurait là, hébété et confus, entre rêve et cauchemar. Sa mâchoire inférieure pendait mollement, faisant décrocher de sa lèvre un morceau de boue presque sèche. La scène était presque pittoresque. Alors que des morceaux de vase épars s’arrachaient paresseusement de sa peau attaquée par le soleil, comme appelés par le sol, Farren ne bougeait absolument pas.

Il s’approcha, vague silhouette blanche, esprit de foudre et de neige, dans un sursaut de rapidité. Il parla –quels furent donc ses dires ?- mais Farren était absent. Il empoigna son col avec violence, ce à quoi Farren aurait vivement réagit en temps normal, mais le mot "normal" semblait s’être enfuit de son vocabulaire comme l’esprit d’un chien d’onyx et de rage.

Alors, un son, plus qu’un mot, vint se percuter à son esprit hagard, comme une baguette vint frapper la peau d’un tambour. Plongé dans la réalité. Atterrissage douloureux.


« Umbrae. »



Umbrae…



Farren sentit le bout de ses doigts frémirent doucement. La caresse putride du vent, le poids la fange sur son corps, l’éclat corrompu de sa lame. Oh réalité, théâtre grotesque mais si riche ! Ouvre dont une nouvelle fois ton rideau pourpre.

Umbrae avançait déjà, le pas sûr et déterminé. Et Farren, qui voyait enfin un peu de raison lasse s’accrocher à sa carcasse, s’empressa de la suivre, le clapotement régulier de ses bottes entachant le silence.
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MessageSujet: Re: Errance. [Ock]   Errance. [Ock] I_icon_minitime

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