Magie et Illusion (PV Beratorn)

Nakor avait en charge une guilde qui lui prenait beaucoup de son temps. Il devait vérifier les dépenses, les recettes, l'alimentation en denrées nécessaires au bon fonctionnement de tout son petit monde, ainsi que de son rayonnement : convaincre qu'une drow à sa droite était un atout puissant, que l'union faisait la force, une fois les premières faiblesses dépassées. Il enseignait aussi un peu, en donnant des conseils aux vrais débutants et après tout cela, il continuait à voyager de part le monde. Depuis plus de six cents ans, Nakor arpentait le monde et il n'aimait pas rester enfermer pendant plusieurs ennéades au sommet d'une tour d'ivoire, regardant le monde au travers de sa petite lorgnette de sorcier archimage. Il quittait donc de temps à autre, l'Aurore, le quartier général du Firmament, pour aller prendre des nouvelles de ses alliés, denrée non moins rare s'il en est, en ces périodes de passation post trouble internes dans chaque royaume de Miradelphia. Après le sud, après l'Ouest, après le nord-est, il lui restait le grand nord et ses amis les nains. Le conseil de Lante, le roi de Lante, Thanor et comme à chaque fois qu'il entreprenait un aussi long voyage, il ne pouvait s'empêcher d'aller se recueillir aux alentours des ruines de Kirgan. Un endroit dangereux, mais pas tant que cela quand on connaissait les chemins et les détours. Il y avait tant de monde là dessous, mort lors du grand voile et de la colère des dieux tout puissants. C'est donc dans sa robe habituelle, son vieux bâton à la main, son chapeau sur la tête et sa barbe au menton, qu'il prit les routes de Naelis pour partir en direction de Kirgan et de tout ce qu'il allait trouver sur son chemin. Manants, paysans, nobles, elfes belliqueux, elfes hautains, elfes amicaux, humains passablement normaux, nains, petits nains, grands nains et la nature. Les animaux, les arbres, la faune et la flore. Nakor ne perdait que rarement une occasion de faire un peu de magie. Son lien avec la terre, avec le feu, la génération de l'eau, le vent qu'il affectionnait tant.

La route fut longue, mais plaisante, quel bonheur de prendre l'air vivifiant de la nature et sortir de son bureau de la tour centrale. Le paysage était magnifique ici : calme et puissant, ancien et pourtant vivace. Les montagnes enneigées sur les hauteurs superbes, la roche et ses variations de couleurs, les arbres et le soleil frappant. Pour faciliter son voyage sur cette partie là, il fit appel à ses pouvoirs magiques. Déployant de sa manche, une longue étoffe violette, il mit en branle ses forces de l'air, convoqua le vent et usant de son énergie, compressa le tapis pour le rendre rigide et le souleva. Il sauta dessus et s'envola. Un moyen de transport un peu couteux en énergie, mais tellement pratique. Avec un léger problème ici, il le rapprochait du l'astre sol, et réchauffait le vieux fou plus que de raison. Au bout de quelques temps, il eut envie de se poser, afin de se rafraichir un peu, et prendre du repos. Il tendit l'oreille et le regard, et trouva un point d'atterrissage intéressant : une cascade se jetant dans un petit lac, entre deux à-pics rocheux. Il amplifia son contrôle mental de l'élément air et fit incurver la trajectoire de son tapis volant. Un rond descendant et tournoyant. Voilà ce qu'aurait vu un observateur étranger : une vieille barbe blanche tournoyant dans les airs, sur fond de violet. Nakor, rien qu'en pensant à cette idée, se mit à rire de bon cœurs, mains tendus devant lui, paumes vers l'avant. Il maitrisa les flux aériens et se posa délicatement à quelques centimètres au dessus du sol. Un léger bond pour atterrir sur le plancher ultra stable des vaches. Mais voilà que son pied infernal fourcha sur une plaque de lichens spongieux. Peste et damnation, le pied ne fit qu'un tour et, remontant vers la pointe, parti dans les airs, faisant chuter sur le dos le vieux timbré. Au lieu de se tenir à ce qu'il pouvait ou d'utiliser ses pouvoirs de magicien, Nakor prit stupidement le temps de vociférer des insultes en l'air. Maudissant le diable de rat puant qui avait osé mettre cela sous son pied, il jura au point de faire rougir un vieux marin en goguette puis s'écroula lamentablement sur le sol dur, dos le premier. Il poussa un hoquet de souffle coupé et resta là, le tapis volant se posant définitivement sur le sol.

"Hoooooooooooooooo maudit pied infernal! Peste soit de toi et de ton inconstance."

Puis Nakor roula sur lui et poussa sur ses mains pour se relever, ses genoux œuvrant autant que possible à six cent vingt huit ans. Il s'aida du bâton qu'il n'avait pas lâché même durant la chute et se rétablis enfin. Il s'épousseta tranquillement, pestant encore un peu, puis releva la tête en disant tout haut, dans un petit rire naïf

"Enfin peu importe, heureusement personne ne m'a ... vu ... !"

Il y avait là, devant lui, un elfe. Complètement étonné de trouver là un originaire des forêts, il resta là, interdit. Bon ... tant pis, une fois de plus il passait pour le vieux fou sans cervelle qu'il était. Il se mit à sourire, un sourire un peu navré en réalité et dit un peu hésitant

"Euu .. et bien ... bonjour. Je suis ... enfin je veux dire que ... bon enfin bref. Bonjour!"

Lamentable, et de plus en plus. Se passant alors sa main libre derrière la tête, comme pour se donner un peu de courage il continua et termina là dessus.

"C'est un bien bel endroit que cette cascade. Elle est à vous?"

Non mais sérieusement, venait-il de poser cette question? La chute avait dû lui faire plus mal qu'on ne le pensait. En réalité non, car s'entendant poser la question, il se rendit compte d'à quel point elle était idiote et explosa de rire, comme le pauvre cinglé qu'il était, se tapant le genou droit d'une main vive et sincère. Un rire tonitruant et vivifiant, devant cette cascade qui l'était tout autant. Qui était donc cet elfe présent si proche du royaume nannique? Il allait sans doute bientôt le savoir, d'autant plus que, l'œil espiègle, Nakor avait perçu un peu de magie dans les environs et, il sentait bien, que cela venait de l'étranger.

Par un temps ensoleillé, les gens en ville sortent effectuer diverses activités, se promener dans les marchés fruités, regarder les bambins courir, sauter et jouer, d'autres plus courageux encore se mettent à travailler d'avantage ou à entamer de longues marches matinales de pèlerinage, Beratorn, lui, actuellement bien loin de la population local cherche un type de lieu précis, une cascade, pour étudier la magie et s'y entraîner, lieu qui, pour lui, est signe de sérénité et de sagesse.

La marche prend un certains temps, temps par lequel le sang mêlé profite pour admirer les décors et paysages avoisinants, les prairies vertes et infinis, les forêts étouffées par les arbres laissant s'échapper quelconque mélodie du vent, les sols un peu plus communs et poussiéreux laissant apparaître des dalles de pierres sculptées, les montagnes au loin montrant leur imposante stature en bouchant l'horizon avec une pointe de neige à leurs sommets, les fleuves et ruisseaux laissant l'eau couler à petites et grandes rapidités, jouant les ondulations du courant avec des roches et du bois flotté. Le chemin laisse de temps en temps croiser le destin d'autres voyageurs ou pèlerins aux quêtes inconnues, un brin de discussion se laisse aller pour ensuite finir par un "bonne journée", l'aventurier continue son avancée.

Après deux bonnes dizaines de minutes, Beratorn trouve enfin un lieu adapté, une jolie et imposante cascade se situant sur un plateau déformé, laissant la roche des montagnes et collines jouer à imiter des murailles d'un château. Le semi-elfe pose tranquillement ses affaires et commence à méditer et travailler, il perçoit ce qui l'entoure à la fois de ses yeux et de son flux magique.

-La cascade derrière moi... Le vent qui frappe les feuilles des arbres en laissant s'échapper une poignet... Un groupe d'oiseaux dans le ciel... Les roches immenses des montagnes... Un vieux qui vole...

Soudain, Beratorn s'arrête net, il écarquille les yeux.

-Un vieux qui vole?! Mais qu'est ce que...?!

Le vieil homme barbu aperçu sur ce qui semblait être une espèce de tapis magique atterrit rapidement non loin de la position où se trouve l'aventurier travaillant la magie. Celui-ci s'empresse de rejoindre la destination perdue de vue de l'étranger volant. Au détour de quelques pics rocheux, il entend diverses injures profaner l'air et le calme des lieux, arrivant face au vieux, Beratorn attend que, celui-ci, tombé à terre, se relève, tout en continuant de jurer, laissant s'échapper un petit rire.

-Enfin peu importe, heureusement personne ne m'a... vu...!

Le semi-elfe regarde l'étrange homme sans dire mot, l'expression de son visage montre l'étonnement de découvrir pareil individu.

-Euu... et bien... bonjour. Je suis... enfin je veux dire que... bon enfin bref. Bonjour!

Le barbu se passe une main derrière la tête, même manie que Beratorn lorsqu'il est embarrassé, celui-ci sourit en voyant qu'autrui pratique le même geste.

-C'est un bien bel endroit que cette cascade. Elle est à vous?

Avant que le sang mêlé ne puisse répondre à cette improbable question, le vieux éclate de rire, se rendant compte seul de l'absurdité de ce qu'il venait de demander. Après quelques secondes, c'est enfin au tour de Beratorn de parler.

-Hum, bonjour également, je supposes?

Il adopte également le geste de se passer une main derrière la tête se grattant, si les origines du sang n'étaient pas différentes, un spectateur extérieur aurait pu prendre les deux hommes pour père et fils de par leur gestuel.

-Je me nomme Beratorn, je venais ici méditer ma magie, j'essaye de la perfectionner... Si je met à part votre entrée non glorieuse, que je regarde un peu plus votre tenue et que je tiens compte de votre moyen de locomotion, vous êtes mage, je me trompe...? Comment vous appelez vous?

Le semi-elfe rentre directement dans le vif du sujet, n'ayant pas peur de l'inconnu, il sourit.

Le visage aux traits fins et ciselés, d'une beauté notable, jeune sans aucun doute, des oreilles pointus, un regard bleu perçant et des cheveux noirs. Un elfe à n'en pas douter, donc sans doute moins jeune qu'il n'y paraissait. Il avait cependant quelque chose d'un peu différent au premier abord, une grande fraicheur, une sympathie certaine et justement un manque d'antipathie, ce qui était peu banal chez le peuple immortel quand ce dernier rencontrait un membre du peuple aux oreilles rondes. Il y eut ce geste, un peu identique à celui du vieillard, qui fit sourire la barbe blanche et une voix plutôt posée. Il prit la parole et fut fort courtois. Nakor apprécia tout de suite le jeune garçon et fit quelques pas dans sa direction, main tendu, pour saluer le jeune mage. Tout en se rapprochant il continua

"Pour le moment vous supposez juste à propos de la bonté de ce jour, si nous le jugeons sous le signe de notre rencontre commune!"

Un petit rire tranquille, de vieux papy gâteau, avant de continuer

"Je me nomme Nakor et ... avant d'être magicien, je suis enchanté de rencontrer ici même un jeune collègue. Vous êtes cependant bien loin de vos terres natales Beratorn. Le terrain montagneux serait-il plus propice à l'utilisation de vos pouvoirs?"

Puis Nakor se passa la main gauche sur la barbe, doucement, longuement et à plusieurs reprises, l'air suspicieux et espiègle. Il ne laissa donc pas répondre l'elfe

"Non ... non ce n'est pas ça ... pas la terre non. Hum l'eau peut-être? Rhaaaa non plus ... vous n'êtes pas un mage élémentaire n'est-ce pas? Mais alors, que pouvez-vous donc être mon jeune ami?"

Nakor posa son regard sur les environs, puis sur l'elfe sympathique, et de nouveau les environs avant de devenir sérieux l'espace de quelques instants

"Les terres nanniques ne sont absolument pas un refuge pour les gens de votre race, et justement votre peuple est en grand conflit contre ses cousins sombres du sud. Mais aprés tout ... qui suis-je pour en juger? Un humain dont le royaume est en conflit constant contre lui même, ou le jeu des trônes ne cesse jamais un seul instant et où donc nous luttons contre nos propres congénères sans foi ni loi. Par tous les dieux du panthéon, nous vivons dans un monde complètement fou!"

Puis, sans vraiment savoir pourquoi, Nakor se mit à rire de bon cœur, sans doute parce que face à ces inquiétantes vérités, il valait mieux rire que pleurer. En tout cas, ainsi était la nature du vieux bonhomme. Il termina ainsi

"Finalement, je peux mieux comprendre pourquoi un mage aurait envie de chercher un tel lieu."

Un sourire franc mais un ton clair : Nakor avait répondu, puis posé des questions, il était temps que l'elfe y réponde. Mais une chose était certaine : quand deux mages se rencontrent, ils finissent forcément, soit par se battre, soit par parler magie. Nakor était prêt à affronter les deux éventualités.

Beratorn laisse le vieil homme continuer son monologue un certain temps, le barbu se met à rire quelques fois, parle sur un ton plutôt sérieux à d'autres moments, un personnage donc très lunatique, serait-ce un rôle qu'il se donne à lui même? Le semi-elfe écoute ses paroles sans rien dire, il reste sérieux tout en laissant s'échapper un léger sourire amusé. Après quelques instants, le mage âgé termine son dialogue et semble attendre une réponse de Beratorn, attentif.

Le semi elfe fait quelques pas à droite et à gauche, faisant attention où il pose ses pieds, l'herbe et les roches humides ne laissent pas de répits aux aventuriers imprudents, l'homme au chapeau pointu en a déjà fait les frais. Laissant quelques secondes passer, le sang mêlé joue avec un petit flux magique qu'il vient de créer autour de son doigts, il regarde ensuite le vieillard.

-Je ne peux pas savoir pour la totalité des mages, mais pour répondre à votre question, personnellement, j'aime beaucoup les cascades, je trouve que c'est un endroit harmonieux entre terre, eau et vent, les structures rocheuses naturelles empêche généralement toute grande construction civilisé, ayant les oreilles pointus, j'aimes les espaces qui ne sont pas trop encombrés!

Beratorn pose sa main sur un rocher mouillé des petites éclaboussures de la cascade.

-Comme vous le savez très certainement, chaque mage voit la magie d'un œil différent, pour moi, ce genre de lieux est également une harmonie spirituel, on peut se concentrer, s'entraîner, s'exercer ou se détendre, un endroit que je juge donc parfait!

L'aventurier s'étire et pratique quelques échauffements sur l'herbe verte, il regarde ensuite Nakor du coin de l’œil.

-Ah et... Effectivement, je ne suis pas un mage élémentaire, je suis plus un mage des âmes, enfin, c'est ce dont je quoi je me rapproche le plus. Mais n'ayez crainte, je ne pratique aucunement quelconque tourment ou hallucination, je ne suis pas du mauvais côté, bien que les gens voient, en général, la magie des âmes comme une hérésie.

Le vagabond croise les bras, sourit et penche la tête sur le côté droit.

-J'ai plutôt un aspect scientifique de la chose! Ma nature me permet de vivre longtemps et de rester souple et agile jusqu'au dernier moment, j'en profite pour beaucoup étudier et voyager.

Toujours dans ses explications, Beratorn se gratte de nouveau l'arrière de la tête.

-J'aimerais voir la magie sous un maximum de forme différente, j'ai donc créer une magie permettant d'échanger d'enveloppe corporel avec autrui, pour je ne sais quelle raison, ça marche mieux avec les femmes. Lorsque je le pourrais, j'essayerais très certainement d'échanger de corps avec une magicienne ayant sa magie bien à elle et l'essayerais! Oh, avec son accord bien entendu!

Le semi-elfe commence à tourner en rond, réfléchissant.

-Si je suis venu ici, c'est pour travaillé cette capacité, du côté théorique, je comptais méditer. Si j'en crois votre aspect, vous devez avoir une certaine expérience dans le domaine magique, pensez vous pouvoir m'aider ou m'apprendre quelque chose d'utile?

Le sang mêlé regarde Nakor comme un enfant attendant une friandise, espérant une réponse positive du mage barbu.

[HRP: Mes excuses du retard]

Le jeune elfe se mouvait avec un pied averti mais de fait un peu moins léger que celui d'un elfe habituel. Nakor continua de passer la main sur sa longue barbe tout en réfléchissant à tout ce que ses vieux yeux observateurs pouvaient appréhender. Hochant doucement la tête comme pour confirmer qu'il avait bien entendu chaque mot de son intéressant et sympathique interlocuteur, Nakor regardait avec ses yeux mais aussi avec sa magie. Oui les énergies étaient en train de bouger, délicatement, mais elles bougeaient. Ainsi donc il s'était intéressé à la magie de l'âme, la manipulation mentale et ce genre de folies dangereuses. Nakor s'était toujours entrainé à résister à toute attaque mentale, trop envieux de conserver ses capacités et ses connaissances longuement et lourdement acquises et donc ne pas se les faire voler pour ne plus jamais les avoir en sa possession. Mais il y avait trop de bonté et de bienveillance dans les yeux de Beratorn pour s'offusquer trop rapidement. Nakor suivit le jeune sylvain dans les rocailles, le pied soudainement bien plus solide qu'il ne l'avait été lors de sa petite chute idiote. Lorsque le silence se fit, Nakor était de nouveau en train de passer sa main sur sa longue et magnifique barbe blanche, soyeuse, douce et chaleureuse. Il avait des yeux d'une espièglerie sans borne, surtout pour un homme de son âge. Avant de prendre la parole, il en vint à se dire qu'il était sans doute venu le temps de faire un peu d'esbroufe. Il se mit à manipuler son énergie interne en se concentrant d'un seul coup de toutes ses forces. Habitué en tant qu'archimage humain quasi millénaire à entrer rapidement en état de concentration profonde, Nakor leva les mains lentement devant lui en direction de la cascade, les yeux rivés sur l'écoulement vertical de l'eau. Puis soudainement, on put observer avec force de bruit, l'eau se mettre à vibrer étrangement avant que le flux se coupe et que l'eau, au lieu de continuer à tomber dans le lac qui se trouvait aux pieds des magiciens, se mit à couler horizontalement, à deux mètre du niveau zéro du lac. Le vieux barbu se mit alors à effectuer des mouvements amples des mains, des vagues, des montées et des descentes, des allers et des retours. L'eau fit de même et forma une incroyable arabesque dans les airs. Forçant encore un peu plus sur ses pouvoirs, Nakor combina l'eau au vent et en retira toute forme de chaleur. Il laissa le torrent couler normalement de nouveau, mais tout le volume de liquide qu'il avait déplacé dans les airs se cristallisa en devenant de la glace. Glace qu'il maintint dans les airs en usant des forces de l'air. Il termina en tapant violement dans ses mains, pour que la glace explose dans un petit feu d'artifice, y ayant mêlé du feu et du vent. Il souffla alors longuement et prit place, assis sur un roche en hauteur. Il dit alors, après avoir poussé un petit râle d'effort

"Oui, comme vous vous en doutiez, j'ai une petite expérience dans le domaine magique."

Puis Nakor se mit à rire, espérant bien que Beratorn avait autant suivis le spectacle avec ses yeux qu'avec son esprit.

"Je suis un archimage élémentaire Beratorn, je manipule avec plus ou moins de dextérité les quatre éléments et je parviens à les combiner pour donner naissance à de nouveaux effets : glace, lave, boue, tempête, foudre. Il m'a fallu beaucoup de temps pour arriver à une telle maitrise. Cela fait plus de six cent ans que j'arpente ce monde, six cent vingt huit années pour être précis. J'ai donc eu le temps de développer ma propre vision des choses comme vous le disiez si bien, ainsi qu'il est propre à chacun de la développer dans la pluralité de notre monde."

Nakor tourna la tête en direction de Beratorn cette fois, puisque jusque là il avait parlé dans le vide.

"J'ai consacré toutes mes forces à l'étude des quatre éléments, aussi je n'ai que bien trop peu développé le reste. Je ne pourrai donc pas vous permettre une immense progression dans votre domaine, mais je peux vous donner un conseil. J'ai rencontré plus souvent qu'à mon tour des mages de l'esprit. Des manipulateurs de vie, des sorciers de tout bord. Chacun a bien conscience des effets de sa magie et des conséquences de ses actes. Vous semblez en être profondément conscient, ce qui est une excellente chose. Mais voilà l'erreur commise par nombre d'entre nous : on pense que pour contrer une telle magie, il faut une force d'opposition. Et bien ce n'est pas le cas. Il ne faut jamais chercher à résister à la magie des âmes, il faut chercher à passer au dessus. Si vous vous retrouvez en mauvaise posture, il vous faudra non pas faire preuve de force, mais d'une immense concentration. Plus votre état mental sera serein et fortement ancré sur des bases solides, plus votre pouvoir sera actif et maitrisé. Ne voyez donc pas votre art comme une force brut, bien au contraire, une force subtil, puissamment calme. Les quelques expériences où j'ai dû m'opposer à ce genre de force, je n'ai pu le faire qu'en ayant une maitrise totale de moi même et de mes émotions."

Nakor cessa là son petit discours, comme s'il venait de se perdre dans de vieux souvenirs autant vivaces que douloureux. Il termina là dessus

"Oui ... ho oui! Et la magie n'ayant pas une seule direction, si cela marche dans ce sens, cela marchera dans le sens opposé. Vous voulez progresser? Entrainez votre esprit, entrainez-vous à entrer en méditation le plus rapidement possible et ce, de la manière la plus profonde possible. Faite le dans des conditions difficiles, n'importe où, n'importe quand, soumis à des émotions fortes ou non, en forme et réveillé ou fatigué et sur le point de sombrer dans le sommeil. Oui Beratorn, il faut entrainer votre esprit à entrer en un clin d'œil dans un état méditatif stable, à le conserver malgré quelques perturbations extérieures que ce soit. Et là, à ce moment là, votre magie gagnera en puissance et en stabilité. L'échange de corps est dangereux pour qui n'a pas conscience qu'un corps n'est pas juste une marionnette que l'on peut tirer avec quelques fils. Il faut tant d'années pour maitriser son propre corps, alors entrer dans un nouveau, en laissant dans le sien, créateur du sortilège liant, sa propre force, c'est l'assurance quasi certaine de ne plus pouvoir revenir en arrière n'est-ce pas Beratorn?"

Nakor venait de réfléchir à voix haute et demandait finalement confirmation ou infirmation de sa théorie au jeune elfe. Car oui, s'il cumulait ses connaissances de la magie et sa réflexion, il arrivait à la conclusion que cette magie était dangereuse sans doute, sur le long terme et avec un mage plus fort que soit. Quand à l'échange simplifié avec les femmes, il gardait en réserves quelques commentaires pour plus tard.

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