Nombre de messages : 181 Âge : 24 Date d'inscription : 02/09/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 60 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
Sujet: Le héraut de la paix | Cléophas Jeu 24 Aoû 2017 - 18:02
Premier jour de la Sixième ennéade, Karfias de l'an X du Cycle XI.
Les portes de la Cathédrale Sainte-Deina s’étaient ouvertes une fois le conclave définitivement clos. Comme promis lors de celui-ci, Irys dépêcha le Grand-Intendant réunir un héraut et plusieurs prêtres avec la mission de partir sur-le-champ à Merval. Une lettre fut rédigée et frappée du sceau du Culte, puis confiée soigneusement à la compagnie qui s’en alla, malgré la neige, le gel et le froid.
Merval offrit à la délégation un paysage d’une morne uniformité avec tout ce que le Médian leur avait a habitué. Certes, personne ne s’attendait à voir le soleil briller au Nord de Soltariel, mais voir la neige se déchainer sur les toits de la Principauté avait quelque chose de terriblement déprimant. La glace était du même blanc que les murs des maisons, qui donnaient cet air estrévantin à tous ceux qui fantasmaient la beauté de l’architecture suderonne. L’odeur du sel de la mer n’avait jamais paru plus malvenue qu’en ce mois d’hiver.
Le Porphyrion, demeure du Régent et, s’il en est, du Roy, offrait un spectacle en bien des points différents, mais pas plus chaleureux pour ceux ayant affronté la cruelle saison. La grande salle baignait dans une obscurité relative, éclairée et chauffée par les mêmes lampes qui brûlaient dans les alcôves. C’est dans cette atmosphère ô combien pesante que le héraut de la compagnie bleue s’avança et déclama à l’attention du bébé-roy et de sa gouvernance :
Cléophas d'Angleroy
Ancien
Nombre de messages : 314 Âge : 38 Date d'inscription : 22/12/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 42 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Re: Le héraut de la paix | Cléophas Jeu 24 Aoû 2017 - 22:30
Fureur aux Portes ! Un émissaire des prêtres pentiens se présenta à Merval, comme investi d’une mission divine, pour porter au Prince des Gryffons une missive de ses maîtres bienveillants. On ne sut s’il fallait le laisser entrer ou le rediriger vers le nouveau temple qu’on construisait dans les faubourgs en l’honneur de ses dieux. De toute évidence, il portait un message pour le Roy et ce n’est pas sans grincer des dents que le Grand Pappias fit entorse au Cérémonial et le laissa pénétrer l’enceinte de la Colline Sacrée. Un petit homme courut te prévenir en amont, aux jambes courtes mais au souffle long – un jeune éphèbe dont on taisait le nom par manque d’intérêt envers sa personne – te dérangeant en pleine contemplation des jardins languissants sous les neiges éphémères de l’hiver mervalois. L’étranger le suivit de quelques minutes et te délivra la lettre si peu attendue. Tu les congédias le héraut et le page et lut attentivement chaque mot inscrit sur le parchemin qui sentait encore l’encens et la sueur de ces jeunes femmes effarouchées qui devaient être recluses dans la basilique depuis au moins quelques jours.
- Un problème, Serafein ?
Lévantique te provoqua un sursaut. Perdu sous sa pelisse noire, il déambulait dans les jardins, corbeau solitaire au milieu d’un cimetière. Tu lui remis la lettre. Il la lut. Il sourit. Et il dit :
- Vous comptez leur répondre, Serafein ? - Le contraire serait malvenu. On me prête encore des qualités de diplomate, Lévantique. Je ne voudrais pas contredire les rumeurs. - Voulez-vous mon avis, Serafein ? - C’est bien la première fois que vous me demandez la permission de me le donner. Que se passe-t-il, Lévantique ? Les mots de la Grande Prêtresse auraient-ils déclenché votre métanoia ? - Vous aimeriez cela, n’est-ce pas ? - Diables, non…vous en perdriez vos couleurs…
Ses lèvres violettes se retroussèrent, dévoilant ses dents acérées. L’homme au visage de cire souriait vraiment, pour la première fois depuis des âges. Tu te passerais bien de son avis, en matière de religion Lévantique passait pour le plus grand des impies et ce malgré sa connaissance précise du culte de Tyra et des pratiques draconiques. On ne savait à quels rituels secrets il se livrait dans les profondeurs de son cœur, on ne pouvait deviner ce qu’il murmurait sans cesse lorsqu’il arpentait, seul, les couloirs interminables du Porphyrion. L’homme possédait une aura éminemment spirituelle, désagréable aussi. D’aucuns attribuaient cela à la nigromancie qu’il aurait pratiquée dans ses années thaaries, d’autres à son manque apparent d’empathie, d’autres encore faisaient de lui un être sans âme, une huître sans perle, un dragon silencieux cherchant à amasser toujours plus de richesses pour donner corps à ses vices. Si la vérité se terrait dans certaines de ses rumeurs, tu savais que la pauvreté de son avis tenait plus à son mépris des cultes établis qu’à son manque de spiritualité. Pour avoir les pieds sur terre, il n’en avait pas moins la tête dans les cieux. Tu connaitrais son conseil avant de l’entendre aussi tu déclinas poliment son offre et te contentas de rejoindre le colombier, en lisère des jardins, quasiment suspendu au-dessus du vide. A l’abri de la neige tombant et des vents soufflant, tu y trouvas un calame et un vélin, ce qu’il faut d’ordinaire aux fonctionnaires du Palais pour gribouiller de courtes missives à l’attention des seigneurs des terres intérieures. Appuyé contre une console en pierre, tu rédigeas hâtivement une réponse :
« Au Conclave des Grands-Prêtres du Royaume : salut !
Grande est notre joie de constater qu’en dépit de la guerre, du blizzard, de la famine et du sang coulant, les représentants du Culte ont trouvé le temps de se réunir pour reconnaître notre seigneur et Roy Bohémond qui déjà fut sacré selon les lois qui régissent notre Royaume.
Sa Majesté, escortée de son armée et grâce à la sainte intervention de ses fidèles sujets du Nord, retrouvera sa capitale au printemps prochain. Il ne fait aucun doute que lorsque les traîtres seront jugés et le Palais rebâti, Sa Majesté pourra vous recevoir en audience.
Puisse la DameDieu, dans son infinie et incommensurable amour pour sa création, préserver vos bénévolences du fléau de la guerre, du froid et de l’ennemi.
Par Son Altesse Gloriosisimme et Illustrissime, le très bon, le très juste, le Nobilissime Protobasile Cléophas d’Angleroy, le Serafein, Prince de Merval et Vicomte de Corvall, Petit Maître des Vertus, Seigneur-Eparque des Trois Ports, Protecteur de Diantra et Régent du Royaume par la grâce de Notre Seigneur et Roy Bohémond, premier de son nom de la maison Phyram, Marquis de Sainte-Berthilde, Comte de Scylla, Baron d’Olyssëa, Seigneur-Protecteur de la Roseraie, Seigneur-Protecteur de Nelen, Gardien fidèle de la foi, le Sérénissime Soleil Noir de la Rayonnante Ys, Archonte d’Ydril, Vicomte de Calozi, Seigneur de Velmonè, Seigneur consoeur de Beronia, Seigneur-dragon de Calozi, Sénéchal d’Ydril, Grand Chambellan d’Honneur de la Grande Traverse, Erudit de Prestige de la Destinée de l’Aube, Maître des Enfants de la Nébuleuse Ecarlate, Grand Voyer du Duché et Grand Argentier du Royaume, par la grâce de la Damedieu, toute bonne et toute providentielle. »
Tu fis porter le courrier à Hespérion, qui le scella du sceau du Roy en ton absence. Au sortir du colombier, tu croisas de nouveau le mage, sa pelisse si noire qu’on aurait cru que la neige l’évitait. Sans en avoir l’air, l’homme dissimulait sa curiosité quant au contenu de ta réponse. Tu voulus satisfaire son silence en lui demandant :
- Dites-moi Lévantique, vous qui avez tout vu de Thaar depuis sa fondation…comment s’y sont passés les schismes ?
Contre toute espérance, ta question le fit sourire. Décidément, il te faudrait encore du temps pour réussir à déchiffrer ce visage impassible…