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 L'adieu aux armes (rp solo)

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Grayle Gardair
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MessageSujet: L'adieu aux armes (rp solo)   L'adieu aux armes (rp solo) I_icon_minitimeMar 30 Avr 2019 - 21:04

1e énnéade de Karvias, an XV

Quelque part, sur les flancs du Puy D'Elda.

Grayle ne s'était pas préparé à l'ascension. Il n'en avait pas eu le temps. Ayant arraché son urne à L'Renor pendant qu'elle avait le dos tourné, il avait ici une occasion inespérée.

La seule qu'il aurait jamais, peut-être.

En redescendant, il allait peut-être mourir. Peut-être même que la mort le frapperait avant d'arriver au sommet du Puy.

Mais rien, ni personne, ne pouvait désormais empêcher Grayle d'accomplir sa destinée. Pieds et mains nus, il n'était vêtu que de sa chemise et son pantalon d'esclaves, avec son urne attachée en bandoulière. Ni eau, ni nourriture sur lui. Il n'avait pas le temps.

Son esprit était entièrement focalisé sur le sommet du Puy D'Elda. En 4 ans ici, il s'était renseigné. Il y avait plusieurs routes pour y mener, pauvrement défendues, voir sans la moindre surveillance. Il faut dire, qui s'emmerde à aller jusqu'en haut du Puy, si ce n'est les membres du monastère des repentis ?

Hm... c'était plutot approprié. Lui aussi venait chercher la repentance. Plus que la sienne, celle de sa famille.

Même les drows pouvaient comprendre celà.

La pente n'était guère prononcée. Il y avait assez de rochers, et un sol assez inégal pour que quiconque avec une condition physique convenable puisse monter vers le sommet sans équipement. Et c'est ce qu'il faisait. Plutôt que prendre la route menant directement vers le temple, Grayle Gardair était parti à l'ascension en solitaire la plus insensée de tous les temps.

Les cheveux grisonnants et l'âme grisée, ses yeux aciers continuaient de fixer avec obsession ce sommet.

Un autre pas. Plus que quelques centaines d'autres.

A lui la liberté !

Il jeta un coup d'oeil à l'urne familiale, bringuebalante sur son flanc.

Et à eux, la délivrance.
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MessageSujet: Re: L'adieu aux armes (rp solo)   L'adieu aux armes (rp solo) I_icon_minitimeSam 5 Oct 2019 - 7:53

Dans le silence solaire, une pierre se détacha. Rebondissant, craquant contre celles en contrebas, elle s'éparpilla au fur et à mesure de sa chute, avant de disparaître hors de vue de l'esclave, qui s'était retourné. Il fixa la fin de l'existence du caillou, avant de reprendre son ascension. Il n'y avait nul empressement dans ses gestes, quand bien même son temps était compté. Pas une seule fois il n'hésita, ni ne prit la mauvaise route, comme guidé par une quelconque divinité.

Jamais de toute sa vie il n'avait jamais été aussi sûr de quelque chose. Il inspira, humant l'air autour de lui. Il faisait chaud. Il faisait bon. Le grand air ! Il lui avait tant manqué ! Là bas, dans ces grottes, cette humidité étouffante, il n'y avait pas de place pour la vie et l'espoir !

Pendant un long moment, alors qu'il finissait enfin son ascension et arrivait sur la route -vide de toute présence drow-, il hésita sur ce qu'il ferait... après. Retourner en bas, chez L'Renor ? Ou rester ici ? Se levant, droit et fier, il fixa le soleil. Avant de reprendre sa marche. Après quelques centaines de mètres, un vertige le saisit, et il mit un genoux à terre dans le sol rèche et brûlant.

Il se mit à vomir. De la bile.

Et du sang. Un sang rouge foncé, presque noir. Épais. Il était faible. Si faible par rapport à avant. Mal nourri, battu... il détestait sa faiblesse. Il essaya de se relever et chuta à quatre pattes. Son cerveau semblait sur le point d'exploser dans sa boîte crânienne. Son visage contre le sol, il souffla contre ce dernier, faisant voler la poussière autour de lui.

Il avait envie de dormir, et savait qu'il ne se réveillerait probablement pas. C'était un bel endroit. S'il devait se laisser mourir ici...

* Ce ne serait pas si mal * pensa t-il

- Mais tu mérite tellement mieux chuchota Graïnne

Il sentit la douce main de sa soeur caresser son dos, avant qu'elle ne passe un bras sous le sien. Doucement, avec précaution, elle le souleva, l'aidant à se remettre sur pied, et il reprit sa route, crachant encore un peu de bile au sol.

Le sommet semblait si loin encore...

Il la regarda. Les deux paires d'yeux gris plongèrent l'une dans l'autre. Il caressa ces cheveux qui n'existaient que dans son esprit ravagé, lui souriant.

* Tu a raison *

- J'ai toujours raison dit-il elle à travers les lèvres du jeune homme. Tu devrais le savoir, à force.

Deux rires s'élevèrent dans le ciel, alors que le frère et la soeur continuaient leur route.

* Je suis content de toujours t'avoir * Elle lui répondit en tapotant son épaule.
- Une soeur, c'est fait pour ça.

Ensemble, ils y arriveraient.

Quand bien même il était le seul à laisser des empreintes de pas sur le sol
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MessageSujet: Re: L'adieu aux armes (rp solo)   L'adieu aux armes (rp solo) I_icon_minitimeLun 27 Jan 2020 - 22:06

Au sommet du Puy, le monastère était vide. Située au bord du cratère, la bâtisse détonnait au milieu du paysage. A perte de vue, le désert rocailleux, et un ciel d'un bleu éclatant.

Seul, exténué, Grayle était tellement rouge de l'effort qu'une fumée flottait autour de lui, sa sueur dégoulinante s'évaporant visiblement dans l'air. Ses mieux nus étaient rougis, presque saignants par le sol inégal.

Une ascension en solitaire de l'Elda, sans équipement autres que son coeur et ses bras, loin des routes habituelles. Un exploit que peu ont réussis, majoritairement faute d'avoir tentés.

Et personne ne le saurait jamais. Il sourit tristement en pensant à ce triste état de fait. il était arrivé ici, et personne ne le saurait jamais. Il haussa les épaules.

- Tu n'a jamais été intéressé par la gloire.
*C'est vrai*

Mais à vaincre sans périls, on triomphe sans gloire. Le monastère était vide. Pas de sentinelle, ni de garde. C'était étrange.

- Suspect même.
*Tu es très bavarde aujourd'hui, soeurette*
- Il n'y a que nous deux. Nous n'avons pas souvent droit à notre intimité, frérot.

Il opina du chef, avant d'entrer.

Le monastère était... chiche. Sobre. Il aimait ça.

*Quand même, ils n'ont pas peur qu'on vienne leur voler quelque chose ?*

Le bruit de ses pas sur le sol dallé et froid résonnait dans les couloirs ouverts du temple. Il laissait quelques morceaux d'empreintes ensanglantées derrière lui.

Il s'en fichait. Ce n'est pas comme si les dieux drows refusaient une petite offrande sanguinaire.

Pendant de longues minutes, Grayle erra dans les couloirs. Il n'était pas pressé. Il reprenait son souffle, son regard curieux s'échouant sur les murs, les colonnes de pierre, les voiles de couleur servant à séparer les pièces les unes des autres, voletant à cause d'un vent.

Il compris pourquoi le monastère était sans surveillance.

Il n'y avait rien à voler. A par quelques rideaux. Mais ni statuette, ni offrande, ni nourriture, vase, rien du tout.

Vidé.

- C'est bien.

Avec précaution, il se saisit de l'urne qui pendait en bandoulière dans son dos. Il la regardait avec un air presque paternel.

- Au moins, on sera tranquilles.

Son regard avisa alors ce qu'il cherchait. Une large plateforme de pierre partant du balcon du temple s'étendait vers le vide du cratère. Un petit toit dans la continuité de celui du temple permettait de protéger celles et ceux qui empruntaient la plateforme, assez grande pour qu'une demi-douzaine de personnes avancent de front.

Sautant par dessus la rambarde protectrice, Grayle marcha avec prudence sur le sol.

Cinq mètres.

Dix mètres. Quinze mètres.

Il hasarda un regard vers le bas. En dessous de lui, des centaines de mètres -voir plus?- plus bas, il pouvait deviner la ville drow. Le vertige s'empara de lui, et il revint vite à l'abri vers le centre de la plateforme.

- Si tu tombes, tu meurs à coup sûr.
- Oui.

Il resta immobile. Ses jambes tremblaient.

Il avait attendu ce moment pendant si longtemps.

Des années.

Il avait quitté son chez-soi, traversé la mer, le désert, subit et accepté l'esclavage, la douleur, l'humiliation.

Il n'avait vécu que pour ce moment.

*Est-ce que je serais à la hauteur ?*

Il sentit les bras translucides de sa soeur passer autour de ses épaules.

- Tu l'as toujours été.

Il sourit. Ses yeux gris étaient déjà humide.

Lentement, il s'assit en tailleur.

Et inspira.

Sa dernière réunion de famille.
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MessageSujet: Re: L'adieu aux armes (rp solo)   L'adieu aux armes (rp solo) I_icon_minitimeLun 19 Oct 2020 - 20:21

Il resta ainsi pendant un long moment. Ses yeux gris erraient avec lenteur, se perdant dans la contemplation de l'horizon bleuté en face de lui, et du volcan en contrebas.

Un vent chaud caressait sa peau abimée. Il ferma les yeux. Il était bien ici. Il caressa l'idée de s'allonger sur la plateforme et se laisser mourir ici, au calme. Ce serait une mort bien plus paisible et moins douloureuse que ce qui l'attendait, assurément.

- Mais tu a une dernière chose à faire.
*Je sais*

Il se redressa, et ouvrit l'urne familiale.

Une odeur.

La cendre.

Le bois brûlé.

Le sang.

Il fit la grimace, alors que des larmes coulaient aux yeux. Les cris de son père, le bâtiment qui s'effondre, la pluie torentielle, la foudre au loin. Une soirée de cauchemar.

Ses frères et soeurs, sa mère et son père, tous morts.

Il redressa le visage. Des silhouettes indistinctes et informes se tenaient devant lui. Il n'avait aucun mal à les distinguer.

- Bonjour.
Elles ne répondirent pas, mais il sut qu'elles lui rendirent son salut.

Il resta silencieux, avant de se gratter la tête, embêté.

- Vous savez, j'ai réfléchi pendant des années sur ce que j'aurais voulu vous dire. Et dans mon imagination... ca sonnait bien. Je disais des belles choses, vous répondiez aussi. Mais... je ne suis pas aussi bon que j'aimerais l'être. Alors... désolé si vous espériez mieux. Il faudra faire avec.

Pas de réponse. Ils semblaient attendre quelque chose. Même tout de suite, il ne savait pas si ces fantômes existaient vraiment ou étaient le simple fruit de son imagination malade. Ils se regardèrent tous, en chiens de faïence.

Il inspira, avant de s'exprimer d'une voix pitoyable, témoignant tout le mal-être existentiel qui le rongeait de l'intérieur.

- Je suis désolé.

Il le sentit. Un frémissement. Pendant un bref instant, la réalité sembla hésiter.

- Je suis désolé de ne pas être revenu plus tôt. J'aurais pu évité que père ne vous tue tous. Il sentait le fantôme de ce dernier lui rendre un regard sévère. Il le lui rendit.

- Et je suis désolé de ne jamais avoir parlé avec toi, Père.
- Tu pense que tout ceci est de ta faute ?
- Oui et non. C'est ma faute. Mais aussi la tienne. Et celle de ceux qui ont lancé cette guerre qui t'a détruit.

Il hasarda.

- Rien n'est jamais la faute que d'une personne. C'est toujours une... suite d'erreurs, d'actions, de pensées qui créent un événement. Parfois, les bonnes intentions créent des malheurs, et des mauvaises font des bonheurs. Il reprit.
- Quand tu es revenu de la guerre... et que tu t'es mis à battre maman. J'aurais du essayer de parler avec toi. De trouver un terrain d'entente. Mais je t'ai simplement détesté, et tu t'es retrouvé seul.
- Comme toi.
- Oui... ca fait... combien de temps que je suis ici, au Puy ? 4 ans ? 5 ans ? J'ai pensé pendant des années à me suicider. Mais je ne voulais pas partir tout seul.
Son visage se couvrit de ses mains.
- Qu'est ce qui t'en a empêché ? demanda sa petite sœur.

Il sourit, d'un sourire franc et joyeux. Sa voix triste devint voilée de douceur.

- J'ai rencontré une femme...

Il reprit son sérieux.

- Je ne dit pas que j'approuve ce que tu a fait papa, mais... je comprend. J'aurais aimé pouvoir être là.
Il baissa la tête.
- Je suis désolé.

- Ce n'est pas ta faute.


Il reconnaissait cette voix. Celle de sa mère.

- Tu n'a pas à porter sur toi toute la responsabilité d'un drame collectif.
- Je sais, répondit Grayle. J'ai longtemps pensé que c'était uniquement ma faute. Je m'accusais de tout, mais je ne voyais pas de quoi j'étais réellement fautif.
- Et maintenant ?

Silence.

Il caressa l'urne d'un air mélancolique.

- Je vais devoir vous dire adieu
dit-il en se mordant la lèvre inférieure. J'aurais pu être un meilleur fils, un meilleur grand frère. J'aurais pu vous sauver. Mais ce qui est fait, est fait. J'assume ma part de responsabilités. Et je ferais en sorte de ne pas répéter ces erreurs.

Les larmes lui montèrent aux yeux, alors que la voix de son père remontaient à ses oreilles.

- J'espère que tu saura me pardonner, mon fils.
- Je l'ai déjà fait. Comme je me suis pardonné aussi. Les larmes commençaient à couler, doucement, de ses yeux humides.
- On peut faire de son mieux, et quand même échouer. C'est la vie. Maintenant, je dois aller de l'avant.

Il s'était levé, tenant l'urne ouverte entre ses bras.

- Que vas-tu faire ?
Il les regarda d'un air déterminé.
- Je vais sortir d'ici. Demain, dans un an, dans dix ans. Je sortirais d'ici. Et je ferais en sorte que tout aille bien. Pour moi et les autres. J'ai vu comment les drows vivent. Le mensonge, la haine, la cupidité, le pouvoir, la... fierté de garder pour soi ses problèmes, ca rend les gens tarés. Je ne ferais pas cette erreur.
- C'est étrange, fiston...
- Quoi ?
- Je m'attendais à te voir pleurer toutes les larmes de ton corps et à te lamenter...

Grayle renifla, avant de froncer les sourcils.

- J'ai grandi. Je ne suis plus un enfant.

Il commença à faire pencher l'urne.

- Au revoir papa. Au revoir maman. Au revoir Callagh. Au revoir Andréa. Merci pour tout. Embrassez les autres de ma part.

Les cendres tombèrent de l'urne, tombant dans le creux du volcan, avant que le vent ne les ramène en hauteur, autour de Grayle, pour finalement disparaître.

- Je vous aime.


- Je suis fier de toi...

Il souffla. Inspira. Il essuya les larmes sur ses yeux.

Ca avait été... plus facile qu'il ne l'aurait cru.

Les bras de sa soeur, qui était restée muette jusqu'ici, se posèrent doucement sur ses épaules.

- Tu n'en a pas terminé, mon frère.
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