[La Cahute]Faire peau nette (solo)

3e jour de la 1ere ennéade de Favrius ~ Automne
17e année du XIe Cycle
Principauté des Sept-Monts
il fait nuit, juste  après Joie et bonne humeur

Il n'avait pas faim et pourtant il a mangé ce qu'il fallait.
Il n'avait pas soif mais il a bu sa flotte.
Il ne ressent rien mais bouge, pour un but connu de lui seul.

Dans un bruit léger, ses affaires se retrouvent au sol. Dans le cliquetis des sangles prestement défaites, , son plastron suit impitoyablement le même chemin, ainsi que sa chemise. Alors marque t'il un moment de pause. Sa peau pâle réagissant à l'air frais de la nuit, Dante renverse la tête vers l'arrière, pour regarder la Silène. Détachés, ses longs cheveux lui atteignent maintenant le bas des omoplates, lui caressant douloureusement les lombaires quand il penche la tête vers l'arrière comme ça. Ou, du moins, lui feraient mal… Mais il ne sent rien, ne ressent rien d'autre que les trois atroces brûlures de teinture noire sur sa joue déjà abîmée.

S'accordant un temps de pause, souhaitant la brûlure de ses cicatrices, la torture de ses cheveux sur sa peau, Dante ne bouge pas, vêtu seulement de ses pantalons et de son ceinturon d'armes, torse nu dans la nuit, sa peau pâle faisant une très belle cible.

Mais il s'en fout tellement… Pendant un moment, pour vouloir avoir n'importe quelle douleur autre qui lui ferait se sentir vivant, l'assassin jongle à rafraîchir ses scarifications… Mais ca ne lui tente pas. Ca fait un bail qu'il ne l'a pas fait en plus… Il se demande si Cécilie s'en est apercue, bien sûr qu'elle doit s'en être apercue… Parce que lui n'y avait pas porté attention avant ce moment précis.

L'idée de se retrouer la peau dans ce mécanisme destructeur lui passe par l'esprit et Dante y réfléchit soigneusement, immobile, attentif au moindre bruit nocturne, pendant de longues minutes. Jusqu'à ce que la brûlure de la teinture sur sa joue lui devienne intolérable.

Dante n'appelle aucun dieu, ne répond pas au sien. Il finit par se remettre en mouvement par contre, les muscles fins roulant sous sa peau abîmée. Non, il n'est pas particulièrement impressionnant, n'est pas né pour l'être…

Le seau est attaché, puis descend dans les abysses du puit. Remonte, apportant avec lui sa richesse liquide. Dante se savonne et se mousse le visage, avant de se raser exactement comme à l'habitude. Il n'a pas besoin de miroir pour se faire, il se connait parfaitement.

Il doit parler à Cécilie… Pour être certain qu'il a bien compris ce qu'il a compris. Ne pas partir sur les chapeaux de roues….

Sccriiiiitch…..

Sans rien abîmer, Vicieuse caresse voluptueusement l'angle de la mâchoire, frôle la jugulaire. Ce qui amène usuellement son frisson de plaisir. Aujourd'hui, non. Et pourtant, il se rase avec encore plus de soin qu'à l'habitude. Il ne faudrait pas s'égorger au passage.

Les prunelles dépareillées toisent les sombres sous bois... La Bête plante ses griffes dans le coeur de Dante, mais il la repousse... Sans lui répondre.

Après la barbe, vient le cas de ces saloperies de marques. Mais Dante a beau frotter et récurer cette partie du visage, il en sent encore l'amère morsure, la brûlure. Il s'acharnerait encore un peu, mais c'est alors que les premiers bruits de la cahute se font entendre. Il s'arrête alors, écoutant attentivement.

Et ne reprend sa toilette que quand les derniers bruits se sont enfin tus. Froidement, il se tâte la joue, y trouvant du relief, celui de la teinture pâlie… Mais il devra faire avec. Tranquillement, l'humain démêle et se lave les cheveux, avant de les retresser proprement. Il se lave avec l'obsession et la minutie d'un chat, par sections, ne passant à la suivante que lorsque la première est parfaitement propre.   Il le fait par instinct, sans réfléchir… Sans répondre à celui qui lui parle… Il prend une lenteur outrageuse pour remettre ses vêtements propres, pour nettoyer et remettre son plastron, dépoussiérer ses bottes et rouler sa vieille cape pour la placer sur son paquetage.

Ce qui pourrait sembler inutile et complètement hors de propos comme précisions quand on ne le connait pas. Mais laissez moi vous dire, cher lecteur, qu'avec lui, chaque détail a son importance.

Alors, parfaitement propre ou presque, excepté ces odieuses traces grises sur sa joue, Dante reprend t'il le chemin de la cahute. Il n'a pas eu à mariner longtemps l'Urgoll