[Francesco] Préparations Préalables

En cette veille de concile, l’heure n’était point aux rêvasseries et d’aucuns n’auraient su  se faire prendre en pleine inaction. Adoncques voyait-on ici et là dans chaque recoin du Palais des valets en tout genre s’affairer aux préparatifs des festivités qui  découleraient de l’élection du futur Protecteur du Royaume. Un branle-bas permanent régnait depuis lors sans qu’il ne puisse savoir encore comment il faisait pour ne guère dire merde à tout va afin qu’on le laisse en paix. Aux questions de ripailles, qu’il  fallait en quantité pour les centaines de convives, s’ajoutait également les questions de boisson, et enfin de sécurité. Question la plus épineuse sans nulle doutance ; qui plus  est lorsqu’on savait que tout ce tintouin découlait justement de la mort du deuxième homme le plus important du  Royaume. Pour répondre, un homme lui  fut envoyé et se présenta en son bureau le heaume toujours aussi vissé sur  le chef afin que nul ne puisse l’observer.
   Thomas d’Avron, le Capitaine des Baudriers, n’était  guère homme à lésiner  et à s’étaler sur  des banales futilités. En séance de conseil, icelui ne mouftait d’ailleurs  que pour acquiescer ou exprimer un doute quant aux décisions visant directement ou indirectement son giron. En tout point, tout honneur, ces nombreux silences étaient appréciables pour les simples et uniques raisons qu’ils compensaient avec les énervantes turpitudes du Scylléen ou les pénibles monologues du Grand-Mestre Archiviste.
   – Capitaine, lança-t-il en saluant le colosse en armure et en lui faisant signe de s’approcher. De ça, oui, tout à fait ; également d’autres choses, mais prenons les problèmes les uns après  les autres voulez-vous.
   Un autre sujet le préoccupait depuis quelques ennéades sans qu’il ne se soit décidé à s’y mêler. Ceci arriverait le moment venu.  
   – Demain, si  les dieux  le veulent, un nouveau  régent nous succédera, Dame Constance et moi. Vous lui  soumettrez, comme vous le fîtes au Duc de Brochant, une liste de vos meilleurs hommes afin d’assurer sa sécurité. Si celui-ci  choisit de se munir de sa propre garde, acquiescez et conservez votre attention sur la personne de notre Majesté. Quant aux festivités à venir après le concile, le Palais sera en effervescence. Je ne pense  point avoir  besoin de dire qu’en faisant entrer autant de convives, les risques se décupleront. A ces craintes, l’alcool coulera à flot, ajouta-t-il les lèvres pincées. Nulle violence ne devra survenir au sein du Palais, et j’ose espérer que  votre simple présence réduira à  néant toute volonté belliqueuse.
   L’alcool et l’homme ; voilà qui était l’exemple parfait d’une misérable alliance. Surtout depuis qu’il n’en buvait plus.
   – Pour tous les éventuels indisciplinés, peu importe leur rang, nous sommes ici dans la Maison Royale. Leurs seigneurs s’acquitteront d’une amande pour les sortir des geôles ; qu’en dites-vous ?