| | Jour d'automne [Lohie] | |
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Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Jour d'automne [Lohie] Ven 7 Fév 2020 - 21:04 | |
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6ème ennéade de Bàrkios 4ème jour An 17
En poussant la porte de l’auberge, Tibéria trouva l’endroit très calme. Il y avait quelques clients, sans doute des gens ayant passé la nuit ici, éparpillés ici et là dans la grande salle. Neuf heures venaient de sonner. Il était tôt encore et l’auberge ne prenait vraiment vie qu’au milieu de la journée. On lui jeta à peine un regard alors qu’elle refermait la porte derrière elle. Il faisait chaud à l’intérieur grâce au foyer qui occupait la moitié du mur du fond. Ça sentait bon aussi, un mélange de bière et de fumée avec quelques relents de nourriture. Tibéria enleva l’épaisse cape dans laquelle elle s’était emmitouflée. Ce sera bientôt l’hiver et s’il n’était pas aussi intense à Diantra que plus au nord, elle supportait très mal le froid. Les années à vivre dans la capital n’avaient rien changé. Cassio n’était pas au comptoir, mais une jeune femme y montait la garde. Elle adressa un sourire compatissant à Tibéria alors que celle-ci s’approchait. Ils étaient tous comme ça depuis la mort de Hernando, compatissant. Ils ne pouvaient pas faire comme si de rien n’était. Tibéria faisait tout son possible pour reprendre le cours normal de sa vie, mettre derrière elle ce terrible accident et juste faire en sorte que le monde ne s’écroule pas un peu plus. C’était trop demandé, apparemment.
Tibéria voulait savoir où était l’ancien esclave, mais alors qu’elle ouvrait la bouche, son attention fut aussitôt détournée par une agréable odeur qui montait des cuisines. Sans réfléchir, elle passa l’ouverture et descendit l’escalier qui menait au niveau inférieur. Il y avait déjà beaucoup plus d’activité qu’en haut. La cuisinière, entourée de ses aides, préparait la nourriture qui sera servie dans la journée. Chacune étant absorbée à sa tâche, son arrivée ne se fit pas trop remarquer. Tant mieux, elle pourra plus aisément commettre son larcin. Sur une table, la cuisinière avait laissé à refroidir cinq appétissantes tartes aux pommes. Avec leur croûte dorée et leur délicieux arôme légèrement épicé, impossible d’y résister. Tibéria pourrait bien en manger une au complet malgré leur taille conséquente. Elle s’apprêtait à en prendre une lorsqu’une silhouette apparut à ses côtés, la faisant sursauter.
« Cassio! Tu m’as fait peur! »
Tibéria le foudroya du regard, mais l’ancien esclave ne semblait pas particulièrement impressionné.
« Je ne suis pas désolé. Ces tartes sont pour les clients, en passant. »
Comme s’il avait besoin de le spécifier. Tibéria le savait très bien, mais elle avait faim et, quelque part, ces tartes lui appartenaient. Elle pouvait donc se servir même si ça signifiait aussi moins d’argent au bout de la ligne. Cassio lui jeta un regard de biais et s’éloigna quelques instants pour aller prendre un bol en bois. Sans dire un mot, il tailla une pointe dans l’une des tartes et la servit à Tibéria. Un faible sourire apparu sur ses lèvres.
« Toi, je sais que tu me comprends. »
Elle prit une cuiller et remonta au rez-de-chaussée suivi par Cassio qui venait reprendre sa place derrière le comptoir. Tibéria possédait les lieux, mais l’ancien esclave était véritablement celui qui faisait vivre l’auberge. Elle était désormais assez rentable pour envisager l’ouverture d’un second établissement dans une autre ville. Tibéria savait très bien que l’ancien esclave devait déjà s’imaginer à la tête d’un petit réseau d’auberges éparpillées à travers la Péninsule et même au-delà. Pour l’instant, le projet était sur la glace, mais quand la poussière sera retombée, Tibéria l'épaulera avec plaisir dans ses idées de grandeur.
Tibéria aurait pu s’installer au comptoir et y manger sa pointe de tarte, mais elle voulait un peu plus d’intimité. Elle monta plutôt à l’étage pour aller s’enfermer dans le bureau. Là-bas, personne ne viendrait la déranger, pas même Cassio sachant qu’elle s’y trouvait. La pièce n’était pas très grande et contenait un bureau ainsi qu’une bibliothèque remplie de documents. Ils ne gardaient pas d’argent là, seulement les comptes. Cela dit, ils gardaient quand même la porte verrouillée. Du moins, la plupart du temps, car Tibéria la trouva ouverte. Non seulement ça, mais il y avait aussi quelqu’un dans le bureau.
« Que faites-vous ici? »
L’homme ne s’était pas totalement retourné, que Tibéria le reconnut : Lohie. Elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Elle ne l’avait pas revu depuis qu’elle avait choisi Hernando et elle ne pensait pas que leur route allait se croiser de nouveau. Ce fut, de loin, la décision la plus difficile que Tibéria ait eu à prendre de sa vie. Elle avait fait ça pour le protéger, mais l’avait-il seulement compris?
« Une chance que Cassio ne t’a pas surpris ici, il aurait ameuté la moitié de la ville avec ses hurlements... »
Elle déposa le morceau de tarte sur le bureau. Ce n’est pas tout de suite qu’elle allait la manger, mais ce n’est pas non plus comme si elle avait particulièrement faim maintenant.
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mar 18 Fév 2020 - 23:35 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mer 19 Fév 2020 - 3:38 | |
| La tension était palpable dans la pièce exiguë. Pourquoi venir ici après tout ce temps? Sa simple présence avivait de douloureux souvenirs dont celui des innombrables nuits sans sommeil à se demander si elle avait bien fait. Sa décision était la bonne, Tibéria le savait maintenant. Malgré tout, ce choix pesait lourdement sur sa conscience. Elle avait cruellement blessé un homme qu’elle aimait de tout son cœur et menti à un autre qui avait tout abandonné pour elle. La seule consolation qu’elle trouvait aujourd’hui c’était de savoir que, malgré tout, Hernando avait été heureux. Elle l’avait été aussi, jusqu’à un certain point, mais Lohie était resté dans son esprit, une vague présence qui ne l’avait jamais vraiment quitté malgré tous ses efforts en ce sens. Leur idylle était née sous le signe de la passion, celle qui consume et qui rend fou. Elle savait ce qu’il risquait en restant à ses côtés. La passion survit rarement au passage du temps, mais un regard sur lui suffit pour comprendre que ses sentiments n’avaient rien d’éphémère.
« Peut-être… Cassio est rancunier, mais je pense qu’il serait plus outré de découvrir que quelqu’un s’est glissé jusqu’ici sans qu’il s’en rende compte. »
Un silence s’installa entre eux, lourd de paroles non dites. Ni l’un ni l’autre n’arrivait à trouver les mots justes après une si longue séparation. Quelques regards furtifs, Tibéria posa sa pointe de tarte sur le bureau. Elle n’avait plus faim maintenant et s’approcha plutôt de la fenêtre, une petite ouverture qui donnait sur la rue en contrebas. Elle observa les gens qui circulaient sans se douter des drames qui se passaient derrière les portes closes. Ils avaient déjà assez du poids de leur quotidien sans se préoccuper de celui des autres.
Lohie brisa enfin le silence. Il ne lui offrait pas vraiment ses condoléances. Tibéria savait qu’il détestait Hernando, avec raison, mais il reconnaissait la perte que sa mort représentait. Savait-il qu’elle avait également perdu sa sœur Paula? Probablement pas… Peu de gens étaient au courant et c’était mieux comme ça. Mais il remarquera peut-être la cicatrice sur son visage, à peine visible. Un trait nacré qui courait de sa mâchoire jusqu’à sa gorge, un coup qui aurait pu la tuer.
« Hernando était un homme bon, il ne méritait pas de mourir comme ça. » Souffla-t-elle d’une voix à peine plus haute qu’un murmure. Tibéria sentit sa gorge se nouer sans savoir si c’était à cause de l’ancien garde ou de Lohie. Son affection pour Hernando était réelle, mais ce qu’elle éprouvait pour le chevalier… Elle se rendit compte qu’elle ne lui avait jamais vraiment donné d’explication lorsqu’elle l’avait rejeté. Tibéria l’avait fait dans l’espoir qu’il la déteste. Elle voulait se faire haïr de lui pour qu’il reste loin et ne perde pas ainsi les faveurs de la couronne. Il avait tout à perdre, absolument tout. Elle ne voulait pas être responsable de ça en plus.
« Je suis désolée. » Dit-elle après un moment d’hésitation. « Je ne sais pas si mes mots auront la moindre importance pour toi, mais je ne voulais pas te faire du mal. » Tibéria osa le regarder. Il était si beau, si fier… Elle devinait dans son regard une colère à peine contenue se heurtant à une profonde tristesse. Elle se détourna aussitôt. Tibéria ne voulait pas pleurer. Elle avait déjà suffisamment versé de larmes comme ça.
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Sam 22 Fév 2020 - 11:54 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Sam 22 Fév 2020 - 14:28 | |
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« Les dieux sont parfois cruels. » Oui, ils le sont, particulièrement aujourd’hui. Était-ce une punition de plus qu’on lui imposait? Comme si elle n’avait pas suffisamment souffert! Qu’allaient-ils imaginer pour la prochaine fois ? Évidemment, Tibéria n’était pas la seule à voir ses plaies s’ouvrir de nouveau. Lohie souffrait des blessures de la trahison infligées par nul autre que la femme qui se tenait face à lui. Fidèle à lui-même et à cette nature candide et impulsive, il s’ouvrit en toute franchise, exprimant la rancœur qui le rongeait de l’intérieur. Les paroles étaient dures. Tibéria méritait certainement les reproches qu’on lui faisait, mais si elle voulait se faire détester de Lohie, une part d’elle s’insurgeait de son incompréhension des véritables motifs derrière sa décision.
« C’est vraiment ce que tu crois? » Sa voix était hachurée par l’émotion qui lui serrait la gorge. « Comment oses-tu!? » Tibéria faisait de gros efforts pour parler à voix basse, mais l’émotion rendait la chose difficile. Elle regardait Lohie maintenant. Aucune larme ne coulait sur ses joues, mais ses yeux brillaient, trahissant encore plus clairement son émoi. « Regarde-toi, tu es un héros. Tu es jeune, mais tu as déjà fait tant de choses… Et tu pourrais tout perdre en restant avec moi. Je te l’ai dit tellement souvent. Je ne veux pas… Je ne peux pas être responsable de ça. Si j’ai choisi Hernando, c’est parce que je t’aime toi et que c’est la seule façon que j’ai trouvée pour te protéger. Je voulais que tu me haïsses en pensant que ça serait plus facile ainsi. Tu serais loin de moi… Tu serais sauf. » Tibéria la sentit, cette seule et unique larme couler le long de sa joue. Elle l’essuya aussitôt du revers de la main et détourna les yeux, incapable de regarder Lohie plus longtemps. « C’est la décision la plus pénible que j’ai prise de ma vie, mais je l’ai fait pour toi. Tu peux ne pas me croire. Après tout, ne suis-je pas une traîtresse? Je n’ai rien. Ni nom, ni terre, ni argent… Et selon notre nouveau régent, je ferai mieux d’aller m’enfermer dans un couvent. C’est peut-être ce que je devrais faire, mais Néera elle-même ne voudra sans doute pas de moi. »
Et en cet instant, elle sentit l’envie quasi irrépressible de brûler cet endroit. Elle voulait tout détruire, mettre le feu et se jeter au cœur du brasier. Tibéria voulait disparaître. Elle était épuisée. Elle avait épuisé ses ressources et ne savait plus quoi faire. « J’ai vraiment essayé, tu sais, de vivre. Je voulais leur prouver qu’ils avaient tort et faire renaître le nom Soltari-Beronti de ses cendres, mais ce ne sont que de jolis rêves. Je suis une épave, Lohie… Une épave que le prochain hiver aura tôt fait de couler, je l’espère. »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Lun 24 Fév 2020 - 11:34 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mar 25 Fév 2020 - 1:47 | |
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« Non… Non, ça n’en valait pas la peine. »
Une erreur de plus. Elle pensait faire le bon choix et elle voulait croire que le jeune homme finirait par trouver son bonheur ailleurs, mais l’amour ne se commande pas. Le bonheur n’a pas non plus de définition unique et Tibéria s’était convaincue qu’elle ne pourrait pas le rendre heureux avec rien alors que le chevalier ne demandait rien d’autre que son cœur. Évidemment, elle le comprenait trop tard.
Tibéria le regarda s’appuyer contre le montant de la cheminée. Les années passées l’avaient fait vieillir et prendre en maturité. Il n’était plus un jeune homme, mais bien un homme complet. Elle aussi avait vieilli. Elle avait même l’impression qu’une vie entière était passée. Tout ce temps à courir après le bonheur, à s’inventer des histoires et construire des rêves pour que ses enfants ne manquent de rien lorsqu’elle ne sera plus là. Du temps à espérer que les choses s’arrangeraient comme si tout n’avait été qu’un cauchemar que le jour aurait tôt fait de chasser. Mais la réalité, c’était qu’elle n’avait rien. C’était aussi qu’elle avait eu tort en choisissant Hernando, car elle l’avait trompé autant qu’elle a trompé Lohie. Un choix fait avec les meilleures intentions du monde, mais qui le faisait souffrir encore aujourd’hui. Tibéria s’était ouverte à lui, car elle lui devait la vérité, mais les excuses ne suffiront certainement pas à panser les plaies.
Le silence tomba une fois de plus, plus pesant encore. Dans le couloir, quelqu’un passa devant la porte. Tibéria retint son souffle par crainte que Cassio s’entre dans la pièce. Elle n’avait pas envie de gérer une crise de sa part. Elle se souvenait trop bien de ce qui arrivait lorsque Lohie et l’ancien esclave se trouvaient dans la même pièce. Les pas s’éloignèrent et Tibéria soupira. Elle ramena alors son attention au chevalier.
« En vérité, Lohie, je ne sais plus quoi dire. » Elle franchit la distance lui les séparait. Il ne fallut que quelques pas pour être près de lui. Elle avait peur de le toucher, mais prit quand même sa main. Elle la retourna pour en exposer la paume. La maniement des armes l’avait rendu rêche, mais elle était forte et chaude alors que les doigts de Tibéria étaient glacés. Elle montra sa propre main comme pour la comparer. Ce n’était pas la main d’une noble qu’elle montrait. Elle était rougie et sèche, abîmée par le travail manuel et les entraînements à l’escrime. « Je t’aime Lohie. Tout ce que j’ai dit est la vérité. J’ai fait tout ça dans le but de te préserver et tout ce que j’ai réussi à faire, c’est de te rendre malheureux. Les excuses ne changeront rien à ce qui est arrivé, mais je t’en pris, accepte-les. »
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Dim 1 Mar 2020 - 17:37 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Jeu 5 Mar 2020 - 2:40 | |
| Tibéria sursauta. Elle ne s’attendait pas au coup, mais il trahissait le déchirement intérieur de Lohie. Elle comprenait son tiraillement et sa douleur. Comment la croire? Voilà une question à laquelle elle n’avait pas de réponse. Tibéria n’avait rien de plus que sa parole. Elle était sincère, mais elle l’avait aussi blessé. Il avait mal et sa fierté était bafouée. Elle pourrait difficilement lui en vouloir s’il décidait de quitter la pièce et de ne plus jamais remettre les pieds à l’intérieur de l’auberge. Elle était plus ou moins résignée à le voir partir lorsqu’il effleura sa joue de sa main. Le contact était léger et hésitant, mais bien existant. C’était peut-être sa façon de lui dire adieu, mais Tibéria voulait y voir autre chose. « Comment me croire? Je ne sais pas. Je peux jurer devant les Dieux, mais à la fin, tu n’as que ma parole. » Elle posa sa main par-dessus celle qui caressait sa joue. Tibéria le regarda dans les yeux avant de déposer un rapide baiser au creux de sa paume.
Au même moment, elle entendit à nouveau des bruits de pas dans le couloir, mais ça ne pouvait pas être la même personne que précédemment. Le nouveau venu était clairement plus petit et il se dirigea directement sur la porte dont il souleva le loquet. Elle s’ouvrit et à la grande surprise de Tibéria, Sofia se tenait dans l’ouverture, le visage soucieux. Elle devait jouer tout près et le bruit l’avait attiré, mais elle n’était pas censée être ici. Elle devait être à la maison de ville avec son frère. Si elle était là, où était-il?
« Sofia? »
Elle vit clairement la surprise et l’inquiétude sur le visage de sa fille, mais son expression se renfrogna rapidement quand son regard se posa sur le chevalier. Sofia ne comprenait pas la situation. Elle avait entendu un bruit dans le bureau où sa mère passait beaucoup de son temps et pensant qu’elle était peut-être tombée. Sofia avait entendu les tonneaux tomber sur Hernando. Depuis, dès qu’elle entendait un bruit fort, elle avait peur que quelque chose soit arrivé. C’est pourquoi elle avait décidé de venir voir. Sa mère n’était pas tombé et la bibliothèque ne lui était pas tombé dessus, mais elle était triste. Sofia le voyait à ses yeux rougis et le monsieur qui se tenait tout près de sa mère était, justement, trop près d’elle. Est-ce qu’il lui avait mal? Est-ce que c’est lui qui avait fait pleurer sa mère. Il n’en fallait pas plus pour la gamine pour réagir. Maintenant que papa n’était plus là, il fallait quelqu’un pour la protéger et elle était capable de le faire. Elle n’était peut-être pas très grande, mais on lui avait souvent reproché de crier trop fort.
« Touchez pas à ma maman! »
Elle se rua sur Lohie pour lui marteler le ventre de ses petits poings. Tibéria connaissait le caractère impétueux de sa progéniture, mais jamais elle n’aurait pensé que Sofia ferait une chose pareille. Elle ne reconnaissait pas Lohie, mais ce n’était pas surprenant. Bien qu’elle l’ait souvent vu, Sofia était à ce moment beaucoup trop jeune pour s’en souvenir.
« Arrête tout de suite, Sofia! » Pour un instant, elle devait oublier son trouble et reprendre son rôle de mère. Elle attrapa fermement sa fille par les poignets et s’agenouilla au sol pour être à sa hauteur. « Qu’est-ce qui te prend? On n’attaque pas les gens comme ça! » La colère de Sofia s’était évaporée aussi vite qu’elle était apparue. La fillette ressemblait tellement à sa mère. Les émotions défilaient les unes après les autres sur son visage. Il suffisait de les lire.
« Il t’a fait mal, maman. Tu es triste et j’ai entendu le bruit... »
Tibéria leva les yeux vers Lohie, visiblement désolée de la tournure des choses avant de regarder à nouveau sa fille.
« Mais non, pas du tout. Je suis un peu triste, c’est vrai, mais il ne m’a pas fait mal. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup et que je n’avais pas vu depuis longtemps. Toi aussi tu l’as déjà vu, mais tu était toute petite à l’époque. »
Du coup, Sofia en fut très étonnée. Elle regarda Lohie avec intérêt, mais non, elle ne se souvenait pas de lui.
« Tu as été très impolie envers le chevalier. Tu dois t’excuser maintenant, mais comme tu l’as attaquer, c’est aussi à lui de décider de ta punition. »
La gamine écarquilla les yeux, en proie à la peur. Hésitante, elle se recula d’un pas, fit face à Lohie et exécuta une révérence comme le lui avait enseigné sa mère.
« Je vous demande pardon, monsieur. »
Elle garda ensuite la tête baissée, les joues en feu et les poings le long du corps.
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Dim 8 Mar 2020 - 18:21 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Jeu 12 Mar 2020 - 1:00 | |
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« Non... » Évidemment, si on lui posait la question, elle n’allait pas répondre oui. Qui aime se faire punir? Pas Sofia en tout cas. De son côté, Tibéria n’était pas particulièrement ravie de la situation. Elle connaissait bien sa fille. Elle a du caractère et celui-ci s’affirmait de plus en plus. Sa fille lui rappelait de plus en plus sa sœur Margot et ce n’était pas forcément une très bonne chose. Si Lohie se montrait trop laxiste, la petite pourrait très bien en profiter. C’était sans doute normal qu’il ne voie pas les choses de la même façon que Tibéria. Pour autant qu’elle le sache, le chevalier n’avait pas d’enfant. Il appréciait simplement la bravoure derrière le geste de Sofia. Elle en était touchée aussi. Voir sa fille essayer de la défendre aussi farouchement contre quelqu’un qui faisait facilement deux fois sa taille. Elle ne manquait certainement pas de courage.
« Vraiment? »
L’attitude de Sofia changea du tout au tout. Lohie n’était plus le méchant de l’histoire et elle l’aimait bien maintenant.
« Sofia, tu dois garder en tête qu’il a été clément avec toi et qu’il avait parfaitement le droit de demander de te punir. Il y a des règles à suivre dans ce monde et on n’attaque pas les gens comme ça même si l’on pense avoir une bonne raison de le faire. D’accord? »
Tibéria était toujours à la hauteur de sa fille et surveillait sa réaction. Elle avait du caractère, mais n’était pas dépourvue de sagesse. Elle comprenait que son geste n’était pas bien et qu’elle avait évité de justesse les ennuis. L’enfant baissa les yeux et acquiesça timidement.
« Oui. »
Une caresse sur sa joue, Tibéria se releva. Sofia n’osait pas trop bouger encore et regarda plutôt en alternance le chevalier et sa mère. La petite se souvenait des mots de celle-ci. Elle avait dit qu’elle aimait beaucoup ce monsieur. Elle ne comprenait pas ce que ça signifiait vraiment. Elle s’imaginait qu’elle l’aimait comme les grandes personnes s’aiment parfois lorsque la porte de la chambre est fermée et qu’il y a de drôles de bruits de l’autre côté. En tout cas, Sofia savait une chose : même si elle voulait protéger sa mère, elle n’était pas assez forte pour le faire. Peut-être que ce monsieur pourrait l’aider.
« Est-ce que vous aimez ma mère? » Demanda soudainement la gamine à la plus grande horreur de sa mère.
« Par les Cinqs, Sofia! »
C’était au tour de Tibéria de rougir.
« Mais maman, tu as dis que tu l’aimais beaucoup. Je veux savoir s’il t’aime aussi. Je ne suis pas assez grande pour te protéger… et je ne veux pas que tu meures. S’il t’aime, il pourra le faire... »
Du coup, Tibéria eut l’impression que son cœur de mère allait se fendre en deux. Elle savait que sa fille était démunie et, pour être honnête, elle l’était tout autant. Comment expliquer les sentiments à une enfant aussi jeune. On ne pouvait pas comprendre ce genre de chose avant de les expérimenter soi-même.
« C’est vrai, je l’aime beaucoup, mais… J’ai fait une erreur. Tu sais, même les grandes personnes peuvent faire des bêtises. Je ne sais pas s’il va me pardonner… ou si je mérite de l’être... »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Lun 16 Mar 2020 - 0:17 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Lun 16 Mar 2020 - 2:29 | |
| Il n’en fallait pas plus pour faire plaisir à Sofia. Sa maman sera en sécurité avec ce monsieur et elle ne sera plus triste. Bien sûr, elle ne se rend pas compte que les choses sont bien plus compliquées que ça en réalité ni que sa mère a la certitude que tous les hommes qui entrent dans sa vie sont destinés à connaître la déchéance ou une mort prématurée. Pour Sofia, les choses s’étaient arrangées comme elles le font toujours et elle pouvait maintenant concentrer son attention sur quelque chose de plus agréable comme cette pointe de tarte aux pommes abandonnée sur le bureau. Tibéria posa les yeux sur Lohie, ébranlée par les révélations du chevalier. Il était venu ici pour s’assurer de son bien-être malgré tout. Rien ne l’obligeait à faire ça. Il avait même toutes les raisons du monde pour la maudire, Tibéria ayant tout fait pour que ce soit le cas. Pourtant, le cœur a ses raisons que la raison n’a pas.
Il prit à sa ceinture une bourse qu’il déposa sur le meuble. Tibéria eut envie de lui dire qu’elle n’en avait pas besoin, mais les temps étaient difficiles. Pour une femme issue de l’une des familles les plus riches du sud, c’était un grand coup contre son amour-propre, mais ignorer les faits ne les fera pas disparaître. Il lui donna ensuite rendez-vous pour le soir même en spécifiant qu’il aura une question à lui sera posée et qu’elle devra faire un choix. Il refusa de lui en dire plus, juste que cela aura un impact sur leur avenir.
« Très bien, j’y serai. »
[À la nuit tombée]
Il faisait noir lorsque Tibéria laissa derrière elle le confort douillet de l’auberge. Malgré son épais manteau, l’air frais et humide la saisit aussitôt, lui faisait regretter le feu du grand foyer. Voilà près d’une demi-heure qu’elle attendait que les cloches sonnent enfin. Le dernier carillon ne s’était pas encore évanoui qu’elle était déjà dehors. Toute la journée durant, Tibéria avait pensé à ses dernières paroles et elle craignait un peu la question qui lui sera posée. Elle avait bien essayé de se changer les idées en travaillant et en s’occupant de ses enfants, mais les minutes et les heures s’étaient égrainées avec une telle lenteur qu’elle crut à un moment devenir folle. Maintenant, elle avait la peur au ventre et n’avait plus autant envie de le retrouver. C’est à n’y rien comprendre, mais Tibéria n’avait pas l’intention de se défiler. Il y avait une lampe accrochée à l’extérieur qui éclairait l’entrée pour les visiteurs. La jeune femme se posta juste en dessous et attendit.
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Dim 22 Mar 2020 - 19:29 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Lun 23 Mar 2020 - 1:39 | |
| Tibéria entendit d’abord le bruit des sabots sur les pavés. Elle se raidit. À cet heure de la nuit, ça pouvait être n’importe qui et pas forcément de la bonne compagnie. Pendant un instant, elle pensa battre en retraite à l’intérieur de l’auberge d’où des éclats de rire lui parvenaient encore, mais elle avait promis à Lohie de l’attendre dehors et s’il venait et qu’il trouvait l’endroit désert… Non, elle ne voulait prendre aucun risque. Elle n’allait pas le décevoir une nouvelle fois.
Un petit groupe de cavaliers remontait la rue. Tibéria se tenait prête à réagir, au cas où. L’homme à leur tête sauta de son cheval et sa voix retentit. Sans voir son visage, elle le reconnut aussitôt. C’était Lohie. « Évidemment, j’ai dit que je serai-là, mais je ne pensais pas que tu serais accompagné. » Elle regarda par-dessus son épaule les hommes qui étaient toujours à cheval derrière lui. Elle ne pouvait pas voir leur visage ni les armoiries sur leurs vêtements s’il y en avait, mais ils devaient être des hommes du chevalier. Pourquoi en serait-il autrement, sinon?
Depuis qu’elle connaissait le chevalier, Tibéria devrait pourtant être habituée à ses élans passionnés et ses idées folles. Plus d’une fois, il avait souhaité l’emmener, mais les circonstances avaient obligé Lohie à s’éloigner et la jeune femme en avait profité pour s’assurer qu’il ne revienne pas. Un choix bien cruel qu’elle avait fait non pas parce qu’elle le détestait, mais pour le protéger, convaincue qu’elle finirait par causer sa perte. Malgré tout, il était là… Son retour plus tôt dans la journée l’avait bouleversée. Elle pensait avoir fait le deuil du chevalier, mais il avait suffi de le revoir pour comprendre qu’un amour comme celui-là ne disparaît pas simplement avec de la volonté. Lohie aussi l’avait compris. C’est pourquoi il lui demanda une fois de plus de venir avec lui, lui assurant qu’elle serait en sécurité avec lui et ne manquerait jamais de rien. Voilà donc le choix qu’elle devait faire. N’avait-il pas dit qu’il viendrait avec une question et que celle-ci pourrait changer toute leur vie?
Tibéria sentit sa gorge se nouer au point qu’elle ne pouvait plus parler. Les émotions étaient si intenses. Entre le soulagement et la peur, elle ne savait plus sur quel pied danser. Et au milieu de cette tempête, Lohie se tenait là, tel un roc, attendant sa réponse. Elle avait peur pour l’avenir. Elle craignait de souffrir encore, de voir ses espoirs déçus et de souffrir une fois de plus la perte d’un être cher. Mais voilà, le monde s’était déjà écroulé pour Tibéria il y a longtemps. Il n’était que poussière, mais maintenant, elle avait l’occasion de le reconstruire pour de vrai. Cette fois, ça ne sera pas une illusion…
Elle regarda Lohie dans les yeux. Il n’est pas toujours nécessaire de parler pour exprimer ce que l’on ressent. Les gestes sont souvent plus éloquents. Tibéria se hissa sur le bout des pieds et alla chercher les lèvres du chevalier pour un baiser. Derrière, sans doute que les compagnons de Lohie ricanèrent à la vue des amoureux, mais Tibéria n’y prêta pas attention. Elle rompit seulement le baiser pour souffler. « Oui, je t’entends Lohie... » Elle l’embrassa encore, cette fois en pressant un peu plus son corps contre le sien. Lorsque leurs lèvres se séparèrent enfin, Tibéria tremblait de la tête aux pieds, un mélange de froid et d’émotion qui lui donnait aussi le vertige comme si elle se tenait sur le bord d’une falaise, mais elle semblait déterminée. « Que faisons-nous maintenant? » Lohie avait clairement préparé quelque chose. Peu importe ce qu’il avait en tête maintenant, Tibéria allait le suivre jusqu’au bout du monde s’il le fallait.
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mar 24 Mar 2020 - 21:03 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mer 25 Mar 2020 - 0:11 | |
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Courte… Oui, très courte, mais surtout infiniment fragile. Un bête accident pouvait vous emporter à tout moment et c’est pourquoi il fallait profiter de chaque instant et saisir les opportunités d’être heureux lorsqu’elles se présentaient à vous. Est-ce que ce sera facile? Probablement pas. Cette union pouvait très bien causer des problèmes à Lohie et certains iront possiblement jusqu’à lui faire des menaces très sérieuses si ça éclatait au grand jour. Il y aura peut-être même un moment où Tibéria regrettera d’avoir dit oui, mais tout cela restait de l’ordre de la supposition. La vérité, c’est que personne ne sait ce que demain sera fait. Les choses pouvaient aussi très bien se passer pour eux. Il n’était pas impossible d’imaginer un futur où ils vieilliraient ensemble entouré de leurs enfants, avoir une longue vie parsemée de moments tendres et d’aventures. À la fin de cette épopée, quand les Dieux l’auront décidé, l’un et l’autre quitteraient ce monde en laissant derrière une histoire que leur descendance raconterait au coin du feu. Pour cette possibilité, le risque valait la peine d’être pris. Tibéria allait se concentrer sur le moment présent et si les problèmes venaient frapper à sa porte, alors elle les adressera en temps et en heure. Pour l’instant, tout ce qui comptait c’était cette folle nuit, la présence de Lohie et de ces hommes ainsi que ce plan qu’il avait élaboré.
Tibéria résista à l’envie de dire qu’elle pouvait monter sans aide sur le cheval — elle est une excellente cavalière — et laissa Lohie la hisser sur la monture. Il y avait quelque chose de follement romantique à fuir ainsi avec un chevalier. Elle était en train de vivre l’une de ces histoires à l’eau de rose dont raffolent les femmes de la cour. N’avait-elle pas aussi rougi d’excitation en évoquant ces lectures peu recommandables avec ses dames de compagnie? Ces souvenirs lui arrachèrent un sourire, car ils étaient d’une époque plus joyeuse où sa seule préoccupation était de divertir ses invités.
Lohie monta à son tour sur le cheval. Tibéria resserra son manteau autour d’elle et surprit le regard du chevalier qui l’admirait malgré la faible luminosité. Son sourire s’élargit un peu et ils en profitèrent pour s’embrasser à nouveau. Cette fois, elle sentit mieux la fougue du chevalier. « Je suis transie. » Avoua-t-elle dans un souffle. « Je suis une femme du sud et je n’arrive pas à m’habituer aux températures plus fraîches d’ici. Je sais pourtant que le climat de Diantra n’est pas si froid que ça. Je n’ose pas imaginer ce que ce serait si nous étions plus au nord. » Elle s’installa confortablement contre l’épaule de Lohie afin de profiter de la chaleur qui émanait de son corps.
Ainsi, il l’amenait à un temple de Néera. Le cœur de Tibéria accéléra dans sa poitrine. Il voulait la marier sur-le-champ avec pour seuls témoins les hommes qui l’accompagnaient. Évidemment, elle s’en doutait depuis son aveu, mais elle ne pouvait faire taire le sentiment d’angoisse qui nouait ses entrailles. « Je ne sais pas si un prêtre de Néera qui a toute sa tête acceptera de bénir cette union. Mes deux précédents mariages se sont terminés de façon dramatique. Arichis et Franco ont perdu la tête et posé des gestes qui ont menacé l’intégrité même du royaume. J’en suis venu à croire que je rends les hommes fous ou que je porte malheur... » Tibéria ferma les yeux. Certes, c’était là des événements malheureux qui ont causé énormément de souffrance, mais tout un contexte expliquait ces malheurs. Arichis a usé de son sang pour tenter de prendre le pouvoir. Quant à Franco, elle était au pouvoir, mais dans une position de faiblesse qu’il a utilisée à son avantage. De base, ces hommes étaient avides et certainement dérangés. Ce n’était pas la faute de Tibéria et Lohie n’était certainement pas comme Arichis ou Franco. Non, Lohie était un brave homme honnête et intègre qui ne voyait pas en elle un gain de pouvoir potentiel, mais la femme qu’il aimait. « Mais cette fois… Cette fois, je n’ai rien à conquérir, rien à prendre… Je n’ai pas de terres ou de pouvoirs, alors les choses seront forcément différentes. Elle sourit, radieuse. Presse le cheval, il n’y a pas de temps à perdre. »
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Sam 28 Mar 2020 - 20:06 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mer 1 Avr 2020 - 4:07 | |
| Lohie avait les mains baladeuses. Tibéria reconnaissait bien là la fougue qui caractérisait si bien le chevalier. Il était tout simplement incapable d’attendre, mais il le faudra bien tout comme il a intérêt à avoir pensé à un endroit confortable pour passer la nuit. L’ancienne duchesse avait revu ses standards à la baisse, mais voulait tout de même un lit confortable pour cette nuit déjà singulière. Malgré sa joie, elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir coupable. Elle pensait à Hernando dont la mort était encore très récente. Tibéria lui devait beaucoup. Il lui avait fait comprendre qu’elle était bien plus forte et résiliente qu’elle le croyait. Les années qu’ils ont passées ensemble ont été heureuses et elle aurait certainement passé le restant de ses jours avec lui si la vie n’en avait pas décidé autrement, mais Hernando n’était plus et la vie continuait.
Tibéria était envoûtée par la beauté du paysage nocturne. La lune répandait sa lumière, donnant aux environs un aspect presque magique. Il n’est pas bon de se promener la nuit, car elle est le domaine des hors-la-loi, mais ici elle était si paisible. Blottie contre la poitrine de Lohie, elle l’écoutait parler, imaginant ce que pouvait être la ville à cette époque. « J’ai vécu à Thaar pendant près d’une année après que ma sœur Margot ait provoqué l’exil de toute la famille. Là-bas, les combats dans les arènes sont monnaie courante. Les gens se délectent de ces spectacles violents. J’y suis allé une seule fois et j’y ai vu des hommes affronter des animaux sauvages. J’ai détesté… surtout après qu’on m’ait expliqué que les animaux sont affamés afin de les rendre plus agressifs. C’est là que j’ai compris pourquoi on dit de Thaar qu’elle est peuplée de barbares. En même temps, je dis ça et je repense à l’exécution de Franco où il y avait beaucoup de spectateurs avides de voir un homme souffrir et mourir. Les mœurs se sont-elles vraiment adoucies? Pas tant que ça. » Elle serra la main du chevalier avant de la porter à ses lèvres pour y déposer un baiser. « Je ne veux plus jamais être chassée de ma maison. Promets-moi que ça n’arrivera plus... »
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mer 1 Avr 2020 - 16:34 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Mer 1 Avr 2020 - 19:28 | |
| « Non. » Dit-elle sans détour. « Antonia a décidé de s’y installer, mais je ne veux pas retourner y vivre. Ma maison est en Péninsule et elle le sera toujours. Cela dit, si tu souhaites t’y rendre, nous pouvons toujours le faire. L’endroit n’est pas sans charme et tu es un homme avide d’aventure, tu y trouveras certainement ton compte. Toutefois, je ne veux pas y aller dans l’optique d’y rester. Tout y est possible, je pourrais sans doute recommencer à zéro là-bas, mais j’aurais aussi l’impression de prendre la fuite... » Tibéria tourna la tête légèrement pour regarder Lohie. Elle souriait doucement. « Je ne sais pas si tu l’as déjà remarqué, mais j’ai des idées bien arrêtées sur certains sujets... » Elle allait le suivre au bout du monde sans hésiter, mais elle voulait être certaine que sa maison sera toujours ici, en Péninsule. « Et Franco méritait certainement son sort. Je remets simplement en question l’utilité ou non d’en faire un spectacle. »
Tibéria serait peinée d’apprendre les doutes qu’entretenait Lohie à son égard bien qu’ils soient compréhensibles dans les circonstances. Elle avait traversé maintes épreuves et la peur de voir tout s’écrouler à nouveau restait constamment à ses côtés. Il lui faudra du temps pour passer par-dessus, mais ce n’est pas du tout impossible. Tibéria aimait Lohie et elle allait le lui prouver à travers maints petits gestes chaque jour de sa vie jusqu’à la fin de ses jours.
Le temple se dressait maintenant devant eux. Lohie arrêta son cheval et sauta au sol pour ensuite aider Tibéria à descendre. On les attendait déjà. L’homme dont le visage était caché derrière une barbe la regarda curieusement. La jeune femme inclina respectueusement la tête et tout le petit groupe pénétra à l’intérieur du temple. Le prêtre s’intéressa à nouveau à elle, lui demandant si c’est vraiment ce qu’elle voulait. « Oui, sans le moindre doute, mais j’ai quelque chose à dire avant... » Elle se tourna vers Lohie, lui prenant les mains pour les serrer avec force. « Tu as dit regretter de ne pas pouvoir m’offrir la cérémonie qui sied à une jeune femme de bonne famille, mais ça n’a pas d’importance Lohie. Je me suis marié devant une foule de témoins en portant des robes dont le prix pourrait nourrir convenablement une famille nécessiteuse pendant des mois. C’était grandiose, mais ça ne garantit en rien le succès de ces unions. La preuve, chaque fois ça s’est terminé en catastrophe. Ce soir, je me dis que si nous faisons les choses différemment, l’issue sera forcément différente… Et puis… » Tibéria s’arrêta un moment comme si elle cherchait ses mots. « J’ai quelque chose d’infiniment plus précieux que tous les bijoux et les vêtements que j’ai pu porter : c’est l’amour que j’ai pour toi. Je ne vais pas te mentir, j’ai peur. Il y a tant d’incertitudes en ce monde. Il te faudra être patient avec moi, mais ne doute jamais de mon affection. Dis-toi que derrière chacune de mes hésitations, il y a une blessure qui a du mal à guérir, une crainte profondément ancrée dans mes chairs. Tu as parlé de Léandre de Soltariel plus tôt… Plusieurs de mes ancêtres ont contribué à construire ce royaume et on fait de grandes choses… Je suis celle qui a jeté l’opprobre sur le nom des Soltariels. C’est un fardeau immensément lourd à porter. Je n’ai pas grand-chose, mais ce que j’ai, je te le donne sans réserve. J’espère que la DameDieu voit en moi la sincérité qui m’anime, car avec toi je veux construire une maison remplie de petits bonheurs et de rires d’enfants... »
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Jeu 2 Avr 2020 - 0:10 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Ven 3 Avr 2020 - 2:19 | |
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Si jusqu’à présent, le prêtre n’avait aucune idée de son identité, les choses venaient de changer. La peur monta d’un cran lorsqu’elle vit son visage se durcir, mais Tibéria n’allait pas reculer maintenant. Ses intentions étaient pures et n’avaient nullement envie de nuire à qui que ce soit. Elle voulait épouser Lohie et enfin goûter au vrai bonheur.
La cérémonie sur le point de commencer, le chevalier alla prendre une couronne de fleurs sans aucun doute offerte en offrande à la déesse pour la poser sur la tête de Tibéria. Celle-ci était pratiquement certaine qu’il ne fallait pas faire ça, mais le geste était indéniablement adorable même si elle se trouvait un peu vieille pour parer ses cheveux de fleurs. C’était bien le seul détail qui la ferait ressembler à une vraie mariée. Même si toute l’idée du mariage secret était romantique, elle regrettait de ne pas avoir pu se changer pour mettre une robe brodée d’argent et d’or comme il est coutume de le faire. De plus, elle n’avait pas personne avec qui partager ce moment. Elle fut tentée pendant un moment de demander à ce qu’on aille chercher Cassio afin qu’il agisse comme témoin pour elle, mais Tibéria connaissait bien le tempérament de l’ancien esclave. Elle n’avait pas envie de voir Lohie et lui se prendre à la gorge. Un regard à son fiancé, le prêtre prenait la parole.
« En ce moment où Lohie, du sang des Brandevins et Tibéria du sang des Soltarii-Berontii se présentent devant Vous, ô Bienveillante Déesse, nous prenons l’engagement de faire respecter le Choix en Votre nom et selon Votre volonté car c’est dans la joie et sans contrainte que nous sommes rassemblés ici aujourd’hui pour unir deux vies.
Soyez, ô DameDieu, témoins de ce Choix qu’ils font ici, librement, et qu’ils auront à garder tout au long de leur vie. Donnez-leur d’être sincères comme Vous êtes sincère. Donnez-leur d’être bienveillants comme Vous êtes bienveillante. Donnez-leur d’être clairvoyants comme Vous êtes clairvoyante et que par la grâce de vos bénédictions, ils puissent faire le Juste Choix. »
Tibéria était presque certaine d’avoir perçu une légère hésitation dans la voix du célébrant lorsqu’il prononça son nom de famille. Elle préféra agir comme si de rien n’était. Peu importe son opinion sur la question, il avait décidé d’aller jusqu’au bout de cette cérémonie. Il vint placer les amants face à face, tenant leur menton pour qu’ils se regardent droit dans les yeux. C’était à Lohie de prononcer ses vœux.
« Moi, Lohie, choisis librement prendre comme épouse Tibéria. Et devant tous les dieux, je fais le serment de la protéger, de l’honorer, de lui rester fidèle, de faire de son malheur, mon malheur, et ses intérêts, mes intérêts. Deux Souffles, une seule vie. »
Elle pouvait le sentir vibrer d’excitation alors qu’il parlait. Il y avait une telle tendresse dans son regard… Il lui prit la main et ce fut à Tibéria de parler.
« Moi, Tibéria, choisit librement de prendre comme époux Lohie. Et devant tous les dieux, je fais le serment de le soutenir, de l’honorer, de lui rester fidèle, de faire de son malheur, mon malheur, et ses intérêts, mes intérêts. Deux Souffles, une seule vie. »
Tibéria eut peur d’être trahie par ses émotions, mais elle parla avec assurance. C’était la première fois qu’elle disait ces mots avec une tendresse sincère pour l’homme a qui ils étaient destinés. Elle glissa son autre main dans celle de Lohie.
« Réunis devant les hommes et les dieux, cet homme et cette femme ont fait vœu de toujours être là l’un pour l’autre. Sur ce serment, ils bâtiront leur futur. Vous qui êtes ici aujourd’hui, soyez témoins de leur Choix. »
C’était maintenant le moment le plus symbolique du mariage. D’habitude, l’homme et la femme portaient chacun un manteau arborant les armoiries de leur maison. À ce stade de la cérémonie, l’homme venait défaire le manteau de la femme pour lui passer le sien sur ses épaules, signifiant ainsi qu’elle quittait sa maison pour rejoindre celle de son époux. Tibéria n’avait pas de manteau de la sorte et celui de Lohie était très sombre et aussi neutre que le sien, mais la symbolique restait tout de même très importante. Le chevalier s’approcha et, les mains tremblantes, retira le vêtement de la belle qui tenait maintenant le calice cérémonial en argent. Le manteau tomba à ses pieds et Lohie lui passa le sien sur les épaules. Il entrelaça ses doigts avec ceux de Tibéria sur le calice.
« ô Bienveillante Mère des hommes, devant Vous nous nous agenouillons. Bénissez cette union. Bénissez de votre grâce vos enfants Lohie et Tibéria qui aujourd'hui se consacrent dans le mariage. Que votre bénédiction descende sur eux et leur permettent de rester sur la bonne voie, main dans la main. Qu'ils trouvent le bonheur en se donnant l'un à l'autre, qu'une descendance vienne embellir leur foyer. Dans la joie, qu'ils sachent vous rendre grâce ; dans les épreuves, qu'ils se tournent vers vous ; que votre présence les aide dans leurs tâches quotidiennes. Dans la tristesse enfin, qu'ils vous trouvent à leurs côtés afin que vous allégiez leur fardeau et que marqués de vos signes, ils sachent se garder l'un l'autre des tromperies et de la vilenie. »
Ils burent à tour de rôle quelques gorgées de la boisson. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire. La cérémonie était presque terminée maintenant.
« Embrassez-vous, et par ce baiser vous devenez mari et femme. Le serment prêté devant les dieux est sacré. Nul Homme ne peut le disjoindre et maudit soit celui qui se met entre eux. »
Et ils s’embrassèrent, l’un et l’autre résistant de justesse à l’envie de se sauter dessus. Peut-être que le baiser dura un peu plus longtemps que ce que les prêtres sont habitués de voir, mais peu importe. Le calice fut rendu, ils étaient maintenant mari et femme.
« Je t’aime Lohie. »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Ven 3 Avr 2020 - 12:54 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Jour d'automne [Lohie] Sam 4 Avr 2020 - 23:29 | |
| C’était fait, elle venait d’épouser Lohie. À bien y penser, c’était d’une facilité presque absurde. Il suffisait des bons mots prononcés devant l’autorité compétente et aux yeux des Dieux et des hommes, vous étiez unis pour la vie. Mais la cérémonie n’était que le début de l’histoire. La suite ne sera pas forcément toujours facile. Tibéria avait son caractère et Lohie aussi, mais ils avaient déjà surmonté beaucoup de choses. Il n’y avait rien à leur épreuve, s’ils se donnaient une chance.
La journée fut longue pour Tibéria et la nuit tout autant. À la couleur que prenait le ciel, l’aube n’était pas loin et pourtant, elle ne se sentait pas du tout fatiguée. L’excitation la gardait éveillée et elle ne pensait plus qu’à une seule chose : se retrouver en tête à tête avec son époux. C’est pourquoi le chemin du retour lui sembla plus long encore. La brume rendait leur pas hésitant et étouffait le son des sabots sur le pavé. Elle ne savait plus du tout où ils étaient. Silencieuse, elle observait les bâtiments autour d’eux sans lâcher Lohie.
Éventuellement, ils atteignirent leur destination. Lohie fit passer la monture sous un portail qui débouchait sur une cour. Il faisait encore trop sombre pour se faire une bonne idée de la demeure, mais elle semblait grande. Tibéria aura tout son temps pour l’explorer plus tard. Lohie sauta au sol et avant qu’il ait eu le temps de tendre les bras pour l’aider, elle descendit à son tour, atterrissant sur ses pieds sans problèmes. « Mais en vérité, je suis une excellente cavalière et il me tarde de t’en faire la démonstration. » C’était peut-être le ton de sa voix ou le sourire sur son visage, mais il y avait définitivement un double sens à ses propos. Elle lui emboîta le pas. Derrière eux, les hommes suivaient le couple du regard, faisant des remarques qui feraient certainement rougir de jeunes jouvencelles. Juste avant de franchir la porte, Lohie la prit dans ses bras pour la porter à l’intérieur. Le geste la fit éclater de rire et tout le long du parcours, elle ne put retenir son hilarité. Tibéria ne se moquait pas de lui, elle était tout simplement heureuse. Elle n’avait pas eu le cœur aussi léger depuis longtemps et il lui tardait d’être enfin en tête à tête avec Lohie. Ce dernier finit par s’arrêter devant une porte double qu’il ouvrit d’un coup de pied sans plus de cérémonie.
On avait visiblement préparé les lieux pour leur arriver. Des bougeoirs éclairaient la pièce, créant une atmosphère chaleureuse et romantique. Un feu brûlait également dans la cheminée et à l’odeur de fumée s’ajoutait celle plus entêtante de l’encens. La présence de fourrures et de peaux apportait une touche définitivement masculine à la chambre, mais les magnifiques tapisseries suspendues aux murs adoucissaient l’effet. Le lit attira aussitôt l’attention de Tibéria autant par sa taille que par les étoffes de velours grenat qui l’ornaient. Le rouge a toujours été sa couleur préférée et si celui-ci était plus froid que celui des armoiries de sa famille, il n’en restait pas moins charmant.
« C’est parfait, tout simplement parfait... »
Lohie la posa enfin au sol, lui permettant ainsi d’explorer un peu les lieux. La porte de la chambre fut refermée et plus personne ne viendrait les déranger tant et aussi longtemps qu’ils y resteraient enfermés.
« Évidemment, lorsque la belle saison reviendra, je ferai mettre des bouquets de fleurs partout, changer les rideaux et peut-être faire disparaître aussi toutes ces peaux de bête... » Son sourire s’élargit. « C’est une plaisanterie! En vérité, les fourrures peuvent avoir des utilités très intéressantes. » Elle s’avança vers Lohie d’un pas lent, le regard tentateur, ne s’arrêtant qu’une fois devant lui. « Ne bouge pas et laisse-moi faire... » Dit-elle alors que de ses doigts fins, elle commençait déjà à défaire les différentes attaches des vêtements du chevalier. Évidemment, Tibéria prenait son temps et chaque fois qu’elle effleurait son corps, elle le sentait se tendre un peu plus. Elle connaissait son impulsivité, mais le jeu demandait qu’il reste immobile. Elle voulait voir combien de temps il pourrait résister avant de prendre les choses en main. Vers la fin, il lui restait sa chemise, ses braies ainsi que la ceinture qui les retenait en place et il n’avait toujours pas posé un doigt sur elle, mais les choses risquaient maintenant de changer très vite alors qu’elle tirait sur la boucle de la ceinture. Elle alla rejoindre le reste des vêtements et ce qui empêchait maintenant les braies de tomber était la main de Tibéria refermée sur le tissu.
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