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 Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui

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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeDim 14 Juin 2020 - 16:27

Andran ne tenait pas à abreuver Clémence d'arguments ou de sornettes illusoires pour s'assurer qu'elle reparte avec lui. Elle avait le Choix, et il tenait à ce qu'elle choisisse en son souffle et conscience. Il serait bien évidemment le plus heureux des hommes si elle décidait de le suivre... et le plus malheureux si elle souhaiter rester auprès des siens. Dans les deux cas, ce serait difficile pour elle. Cependant, le chevalier devait se préparer au pire, et à laisser derrière lui cette femme qui avait embelli sa vie.
Quand on aime, il faut savoir laisser partir. Parfois, c'est également cela, l'Amour.

Du fait que ce choix était difficile, il ne voulait pas le rendre plus rude encore. Clémence l'aimait, et il n'avait plus à en douter. Elle aimait également sa famille, et ce fait était la plus grande hantise du chevalier. Ce dernier ressentait exactement le même sentiment. Ses frères d'armes étaient tout pour lui, une grande famille, mais Clémence avait gagné une place dans son cœur qui était toujours plus grande. Aujourd'hui, cette dernière était suffisamment importante à ses yeux pour qu'il lui fasse l'honneur de franchir un autre cap.

Le silence suspendue aux premières réponses de la jeune femme était insoutenable pour Andran, qui luttait contre sa peur et ses larmes rien qu'à l'idée qu'elle décide de ne pas repartir avec lui. Lorsqu'elle rompit enfin le silence, il fut soulagé. Elle n'avait rien décidé, ce qui signifiait que son compagnon avait suffisamment d'importance pour qu'elle s'interroge avant de prendre une décision. Il pouvait encore croire en la force de leur amour, et de la puissance de leur lien, au-delà du simple amour. L'un détenait souvent de profonds secrets sur l'autre, et c'est ce qui renforçait leur relation.
A son tour, Andran fit planer un encombrant silence. Sa volonté ne faisait pas de doute. Seulement, il craignait de l'effrayer, et plus encore d'avoir réfléchi à leur avenir pour rien. Les yeux rivés sur le regard de Clémence, il inspira un bon coup avant de lui répondre.

« Votre place serait celle qu'une femme doit avoir auprès de l'homme qu'elle aime et qui l'aime en retour. » expliqua-t-il alors. Son ton était doux et serein lorsqu'il évoquait cela. Ces derniers jours lui avaient prouvé qu'ils étaient prêts à passer cette étape. Andran en avait assez de douter et de traîner des pieds. « Vous n'êtes plus ma protégée, et encore moins mon employée. Vous êtes mon amante, ma princesse, l'élue de mon cœur... Votre place devrait avec moi dans une maison dans laquelle nous vivrions. »

Ce serait mentir que de la persuader qu'il avait tout prévu. Ce n'était pas le cas, bien évidemment, car il n'était même pas certain qu'elle était encore amoureuse de lui. Maintenant que leurs sentiments étaient clairs et affichés, il avait pu repenser à leur vie commune. Néanmoins, s'il n'était pas prêt à abandonner sa vie de chevalier, il était prêt à abandonner sa vie de nomade par amour. Il vivrait alors dans sa maison avec cette femme qu'il aimait tant. Le changement était comparable à un bouleversement de ses habitudes, mais Clémence méritait bien ce petit geste. De plus, Andran serait plus heureux de vivre ainsi.

« Je suis certain qu'une maison à Cantharel ou à Eyroles soit dans mes moyens, même une très belle maison, et que vous y seriez en sécurité. » ajouta-t-il en posant une main sur le genou de la jeune femme. Il avait toujours son regard plongé dans le sien. Il était certain de ce qu'il voulait. « J'ai même pensé que... nous la choisirions ensemble. »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeDim 14 Juin 2020 - 20:10

Ainsi donc, Andran ne la concevait plus comme sa protégée qu'il se devait de traîner tel un boulet à son pied parce qu'il en avait fait le serment. Certes, il avait de l'affection pour elle mais sa promesse le liait à elle aussi longtemps qu'elle aurait besoin de lui... A savoir pour aussi longtemps qu'elle demeurerait en Péninsule car elle ne pouvait se passer de son soutien là-bas. Dans la nouvelle vision des choses de son compagnon, elle ferait partie intégrante de sa vie, de leur couple. Elle ne devrait plus rien à l'Ordre et il n'aurait plus de compte à leur rendre par rapport à elle. Markus ne serait plus là à la surveiller, elle ne vivrait pas non plus entourée d'hommes. Cela faisait beaucoup de changements et surtout beaucoup de progrès dans leur histoire.
Cela apaisait certaines de ses craintes mais en créait aussi de nouvelles. Elle ne pourrait compter sur sa présence en journée et serait donc probablement seule jusqu'à son retour. Seule avec le voisinage qui ne verrait certainement pas sa présence d'un bon œil, quelque soit le quartier dans lequel ils vivraient.

Tandis qu'Andran parlait, une main était venue se poser sur le genou de la jeune femme. Par réflexe, le corps entier de Clémence s'était raidi mais elle se força à ne pas tenter de lui échapper. Ce geste était totalement anodin aux yeux du chevalier qui ignorait la portée qu'il pourrait avoir sur elle tandis qu'elle avait dû le subir de la part d'autres hommes. Il voulait simplement la rassurer ou la soutenir, il n'avait aucune mauvaise pensée, elle en était convaincue. Pour cette raison, elle essaya d'oublier les doigts sur sa jambe et parla de ce qui la tourmentait encore dans le sujet qui les préoccupait présentement.

-Les gens ne m'accepteront pas... Et je ne pourrais pas sortir. Pas sans vous. Et je ne verrais pas grand monde... Je...

Clémence ferma les yeux et une larme perla sur sa joue. Pourquoi fallait-il que tout soit aussi compliqué ? Il lui apportait une réponse mais cela soulevait tant d'autres problèmes... Pour l'instant, il n'était même plus question d'eux ou de sa famille. Elle essayait de se projeter dans cet avenir qu'il lui proposait en Péninsule et elle ne voyait pas d'issue favorable. Mais peut-être devait-elle simplement arrêter d'espérer la solution parfaite. Peut-être n'existait-elle pas. Peut-être que son sacrifice ne serait pas seulement de quitter les siens mais de devoir vivre isolée pour pouvoir demeurer avec Andran.
Lentement, elle se laissa tomber pour que sa tête vienne se plonger dans le creux de l'épaule du chevalier, désespérée.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeDim 14 Juin 2020 - 22:31

Andran aperçut toutes les étapes de la peur et de la tristesse déferler sur le visage de Clémence. Là était la raison pour laquelle il ne voulait pas influencer sa décision. Mais il était naturel qu'elle lui pose des questions, car il ne pouvait lui proposer de le suivre pour vivre et demeurer malheureuse. Et, pour lui, la logique voulait qu'il lui offre une vie digne de son statut. Maintenant, il était prêt à ne plus cacher son amour pour une femme étrangère et il était prêt à vivre heureux à ses côtés.

Cependant, pour lui les choses étaient simples. Il était un noble, un chevalier, et personne n'oserait s'en prendre à lui. Clémence était une étrangère, libre certes, mais seule dans un monde qu'elle ne connaissait pas, et dans lequel elle avait vécu par un biais des plus déplorables. Elle n'a pu reprendre un certain goût à la vie que depuis qu'Andran l'avait sauvé, puis aimé. Et encore, elle fuyait toute présence masculine, et craignait toujours que l'on s'en prenne à elle.
Le chevalier fut surpris de la voir poser sa tête sur son épaule. Il demeura étonné pendant plusieurs secondes avant de lui caresser la chevelure, lui-même au bord des larmes et ne sachant pas quoi lui rétorquer. Quels mots pourraient la consoler, la rassurer, l'apaiser ?

« Je sais que tous ne vous verront pas d'un œil bienveillant mais, à Cantharel, vous pourrez bien évidemment sortir sans crainte et parcourir la ville librement. Vous n'aurez pas à avoir peur. » répondit-il, alors qu'il posa sa tête sur celle de sa compagne. « Tout le monde n'y est pas nécessairement malveillant envers les étrangers, et très rares sont et seront ceux qui auront la volonté ou l'audace de passer à l'acte. J'en suis convaincu. »

Hélas, certains l'étaient. Mais, il le savait autant qu'elle. Simplement, il refusait les généralités, et savait pertinemment que Cantharel était habitée par des gens plus bienveillants qu'ailleurs. De plus, l'effet de foule permettrait de passer inaperçue, sauf si quelqu'un s'amuse à scruter chacune des personnes qui s'offre à son regard. Fort heureusement, Sainte-Berthilde n'était pas aussi radicale qu'Oësgard ou Arétria. Et puis, Clémence restait une humaine. Elle n'avait pas à craindre le châtiment réservé aux Drows, et mieux valait qu'elle n'en sache rien.
Le chevalier releva la tête et porta la main au visage de Clémence pour qu'elle lève son regard sur le sien. De ses pouces, il essuya les larmes qui s'étaient écoulées sur ses joues, ses iris figés sur ceux humides de sa belle.

« Quoi qu'il arrive, si vous décidez de me suivre : je resterai toujours auprès de vous, et je ne vous laisserai pas tomber. A chacune de vos difficultés, je trouverai une solution quoi qu'il en coûte. » Andran marqua une interruption. Il avait comme l'impression de souvent répéter cela, et il ne savait pas si cela la rassurait toujours ou si c'était une formule creuse. « Et je me refuserais à ce que vous vous cloîtriez dans une maison en attendant mon retour. Ce n'est pas ce que je veux, et cela n'est pas ce qui arrivera. »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeMer 17 Juin 2020 - 20:47


Une fois de plus, Andran avait les mots justes. Pas pour le fait qu'on ne s'en prendrait pas forcément à elle, cela n'empêchait pas que quelqu'un, un jour, tente malgré tout de l'agresser... Et c'était cela qu'elle craignait tellement. Il ne pouvait lui assurer qu'elle serait totalement en sécurité et il ne le faisait d'ailleurs pas. En revanche, son souhait de vouloir lui éviter une vie recluse et d'apporter une solution à chaque problème était d'un bien meilleur réconfort.

Les deux amoureux se quittèrent sur ces mots, le péninsulaire laissant sa compagne à ses réflexions. Clémence passa d'ailleurs le reste de sa soirée à peser le pour et le contre, sans parvenir à prendre de décision. Elle se retrouvait déchirée entre le souhait de demeurer en Ithri'Vaan au sein de sa famille et de sa patrie, et celui de suivre son chevalier afin de construire un avenir, ensemble. Ce dilemme était une véritable torture et, tandis que la nuit s'avançait, elle souffla finalement sa bougie et se coucha. Rien ne pressait, elle n'avait pas à choisir le jour-même. Elle peina à trouver le sommeil qui fut peu réparateur.

Les jours suivants s'écoulèrent, comme les précédents mais Clémence se montrait bien plus pensive que d'ordinaire. Parfois même triste ou nostalgique. Dans ces moments-là, elle croisait de temps à autre le regard d'Andran et elle s'efforçait de lui sourire afin de le rassurer. Elle lui posa quelques questions supplémentaires sur ce qu'il envisageait pour eux ou ce qui serait possible pour elle. Ainsi, elle comprit qu'outre les lettres, elle pourrait bien évidemment revoir les siens, soit en faisant le voyage, soit en le invitant chez... eux. Oui, chez eux. Elle avait encore du mal à imaginer vivre avec un homme et pourtant cela étirait un sourire tendre sur son visage lorsqu'elle y songeait. Il n'y aurait qu'eux sous ce toit... Ils pourraient avancer à leur rythme, prendre du temps pour apprendre à vivre ensemble, évaluer leur compatibilité au quotidien, s'étreindre à l'abri des regards... S'endormir l'un contre l'autre sans que personne ne le sache et ne les juge... De belles perspectives en somme, qui n'étaient ternies que par ses craintes et la pensée qu'elle devrait quitter son foyer.

Un soir, Aimé et Patience étaient partis se coucher tôt. Les tourtereaux se retrouvèrent donc seuls dans le salon pour la soirée. A la lumière d'un bon feu, ils s'étaient installés sur un canapé. Les jambes repliées sous elle et les épaules entourées d'un châle, Clémence était accoudée au dossier du siège, sa tempe posée contre son poing fermé. Ils jouaient depuis un moment à se poser des devinettes. A présent, ils en étaient à faire du "mon œil voit", tels des enfants, et cela amusait beaucoup le couple qui riait de bon cœur. La belle estrevine avait posé la dernière énigme en déclarant voir quelque chose de bleu et le chevalier avait toutes les peines du monde à trouver. Si bien que la jeune femme finit par avoir pitié de lui et lui donna la réponse.

-C'était vos yeux ! Annonça-t-elle.

Puis elle rit quelques instants avant que le silence ne se pose sur cette belle soirée. La dernière fois qu'ils s'étaient sentis bien ensemble, cela s'était mal terminé... Mais cela semblait remonter à si loin. Elle l'observait de ses yeux pétillants de joie. L'ambiance n'avait jamais été aussi légère entre eux... Tant de choses avaient changé depuis leur rencontre et elle s'en fit le constat, devenant songeuse, une fois de plus.
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeJeu 18 Juin 2020 - 14:40

Comme il le lui avait dit, Clémence avait le temps pour prendre une décision. Ce n'était pas un choix facile, et cela aurait été cruel d'exiger une réponse immédiate. Mais, Andran ne pouvait pas attendre trop longtemps non plus. Non seulement il devait repartir, mais il ne pouvait suspendre sa relation à un 'oui' ou à un 'non' trop longtemps. Elle devait bien choisir à un moment ou à un autre. Quitte à essuyer un échec, il aimerait pouvoir repartir et s'en remettre à son rythme, loin de la jeune femme. Ce n'est pas ce qu'il espérait, bien entendu, mais il n'avait plus le destin de sa relation amoureuse en main.

Ses déclarations clôturèrent leur conversation pour ce soir. Nul doute que d'autres questions viendront tourmenter l'esprit de Clémence dans les prochains jours, et il y répondra du mieux qu'il pourra. Andran n'était pas un menteur, et encore moins avec elle. Si jamais elle soulevait un point qu'il n'avait pas prévu, elle le saurait aussitôt. Ceci dit, il avait en tête l'idée d'en régler certains avec elle. Il n'avait aucune idée de maison dans laquelle il pourrait vivre, mais il en souhaitait une dans laquelle ils seraient heureux, tous les deux. Beaucoup de critères entraient en ligne de compte : la taille, l'architecture, sa localisation, ses équipements... et Andran devrait sans doute gérer l'ameublement au sens large, et certainement la sécurité de Clémence par le recrutement d'un personnel adéquat. L'estreventine n'y connaissait pas grand chose, surtout en ce qui concerne les produits que seuls les nobles peuvent s'offrir, mais son avis intéresserait son compagnon, comme très souvent. Ils n'ont pas forcément les mêmes goûts ou les mêmes attraits, et c'est également pour cela qu'il aimerait connaître le fond de sa pensée.


Les plusieurs jours qui suivirent s'écoulèrent d'une meilleure manière qu'Andran ne l'aurait espéré. Certes Clémence était pensive et plus distraite qu'à l'accoutumée, mais elle n'en était pas devenue froide et inaccessible. Alors c'est vrai, il devait bien l'admettre, ce sujet les rendaient distants l'un envers l'autre, mais ils pouvaient encore s'échanger regard et sourire. Et puis, comme il s'en doutait, elle avait des questions auxquelles des réponses devaient être données. Bien évidemment, elle pourrait revoir et recontacter sa famille, et même les inviter dans leur éventuelle maison. Cette question avait même suscitée la surprise du chevalier, pour qui cela coulait de source. Qu'elle le suive ou non, Clémence était libre et son égale, et non pas sa prisonnière.
Bien au contraire, Andran serait ravi de les accueillir, si sa rencontre avec les autres Hadjaoui se dérouleraient bien. Et puis... sa famille serait l'un des seuls refuges pour la jeune femme. Elle le serait jusqu'à ce qu'elle réussisse à se faire quelques amis, pour peu qu'elle y parvienne malgré sa peur. Il faudrait également qu'elle vainc sa peur des hommes, ce qui n'était pas acquis, même avec son compagnon qui faisait de son mieux. Mais, parmi toutes les personnes qu'elle rencontrerait par le biais d'Andran ou non, il y en aurait forcément qui feraient fi de sa couleur de peau. Le jeune Gaël de Laval n'y avait pas accordé d'importance, par exemple. Certes il n'était pas un nordien, mais c'était toujours cela de pris.

Au soir du cinquième jour depuis leur conversation autour de son choix de le suivre en Péninsule ou non, Clémence et Andran s'étaient retrouvés seuls, après le départ plutôt prématurés d'Aimé et de Patience. Les deux amoureux en avaient donc profité pour passer un moment plus léger, plus niais, plus serein. Le chevalier lui avait confié, lors de leur promenade il y a quelques ennéades, qu'il aimerait pouvoir plaisanter et s'amuser avec celle qui ferait sa vie. Visiblement, et au plus grand bonheur de son amoureux, Clémence ne l'avait pas oublié. Devant la cheminée, elle l'avait invité à jouer à un petit jeu, près de la lumière et de la chaleur du feu. Ce jeu consistait simplement à faire deviner quelque chose qui s'offrait à leur regard, et ce par le biais d'un seul indice qui était une caractéristique de l'objet en question. Andran ne connaissait pas du tout ce jeu, mais il s'y prit de bon cœur. Ce petit moment d'amusement lui permit d'oublier son départ proche, même s'il sécha sur la devinette qui donna la victoire à Clémence. Effectivement, ce qu'elle voyait était bleu, et le chevalier n'avait pas pensé à ses propres yeux... de couleur bleu clair.

« Mais... » voulut-il protester, avant de soupirer d'un air faussement abattu pour admettre sa défaite. « Très bien, je vous concède la victoire... pour cette fois seulement. » dit-il en étirant un sourire espiègle.

Andran pouvait se réjouir de l'éclat du rire de sa belle. Il fut éphémère, mais agréable à entendre, malgré l'incertitude de leur avenir. Mais, le silence qui s'ensuivit le ramena rapidement à la réalité, peut-être même trop brutalement. Cet instant était trop attendrissant pour qu'il prenne le risque de lui poser la question à laquelle il s'impatientait d'entendre la réponse. Il ne voulait pas non plus détruire ce moment plutôt joyeux en évoquant ce passage si douloureux qu'était son départ. Mais il le devait. Il devait savoir s'il pouvait dessiner son avenir avec la seule femme dont il était tombé amoureux.

« Si vous avez d'autres questions à me poser, n'hésitez pas, Clémence. » dit le chevalier, qui avait bien remarqué que Clémence se perdait dans ses pensées. Il savait pertinemment que son départ la préoccuperait jusqu'au jour de son départ. « A moins que... que vous n'ayez déjà pris une décision ? » demanda-t-il d'une voix troublée par l'hésitation et le doute.
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeJeu 18 Juin 2020 - 20:59

La voix d'Andran la tira de ses pensées et elle releva vivement la tête dans sa direction. Il n'avait pas eu besoin de la questionner pour savoir ce qui la préoccupait. La réponse était assez évidente... Depuis qu'il lui avait offert de l'accompagner, lui demandant de faire un choix, elle était plutôt distraite. Elle acceptait toujours ses marques d'affection et lui demandait plus d'étreintes qu'auparavant, comme pour la consoler d'une peine qui n'avait pourtant pas lieu d'être pour le moment. Que ce soit pour quitter sa famille ou le chevalier, elle n'avait pas de raison de se sentir triste tant qu'elle n'avait pas pris de décision.

-C'est... très difficile. Avoua-t-elle.

Sa fratrie d'un côté, son compagnon de l'autre. La raison et le cœur. Car, selon toute logique, elle devait rester en Ithri'Vaan pour demeurer en sécurité. C'était aussi là qu'elle pouvait le mieux s'exprimer et se montrer telle qu'elle était. Même si Andran lui avait assuré qu'elle pourrait se vêtir comme elle le voudrait en Péninsule, elle savait que ce ne serait pas lui rendre service que d'arborer en publique des robes qui ne feraient que hurler à tous ceux qui ne l'auraient encore pas remarqué qu'elle n'était pas née dans ce pays. Et pourtant, elle songeait très sérieusement à son offre. Malgré les inconvénients, malgré les risques... Le chevalier pesait suffisamment lourd dans la balance pour qu'elle hésite encore.

-J'ai l'impression que je pourrais poser milles questions mais que les réponses ne m'aideront pas à faire mon choix. Que c'est simplement ma tête qui essaie vainement de gagner du temps...

Du temps... Il leur en restait si peu... C'était la première fois qu'Andran abordait le sujet de lui-même. Il se montrait patient... Pourtant, cela faisait déjà cinq jours qu'elle réfléchissait et elle ne semblait pas pencher en faveur de l'une ou de l'autre des possibilités. Elle demeurait tout simplement figée entre les deux, comme enlisée dans une situation inextricable.

-Quand faut-il que vous soyez reparti, au plus tard ? Demanda-t-elle, redoutant déjà la réponse.

Il était évident que ce n'était pas pour le lendemain mais elle avait ressenti le besoin de savoir. Néanmoins, à peine avait-elle achevé sa question qu'elle réalisa que de toute façon cela ne serait pas suffisant... Ou tout du moins en avait-elle la sensation. D'ailleurs, lorsqu'il lui répondit, elle ferma les yeux. Il ne restait plus que deux ennéades avant son départ... Puis elle regarda ses mains rassemblées sur ses jambes repliées sous elle.

-Si tôt...

En soi, deux ennéades, c'était largement assez pour se préparer à un tel voyage mais, à l'échelle de la décision qu'elle avait à prendre et de ses progrès en la matière, c'était tellement court... Et elle se sentait si seule avec ce dilemme. Personne ne pouvait décider à sa place et tous avaient la délicatesse de ne pas essayer de la convaincre de partir ou de rester. Pas même Patience qui s'était contentée de la prendre dans ses bras en voyant l'état dans laquelle la question d'Andran la mettait et le respect dont celui-ci faisait preuve. Car tout ce dont l'aînée s'était souciée, c'était de savoir s'il lui avait posé un ultimatum, donné un délai (trop court) ou cherché à l'influencer d'une quelconque manière. Mais les réponses de Clémence à ce sujet l'avaient parfaitement rassurée de ce côté. Sa petite sœur était entièrement libre de faire ses propres choix.

-Si je raisonnais en toute logique, alors je devrais rester car c'est ici que je suis le plus en sécurité... Mais... Mais ici, vous n'y serez plus... Je m'étais faite à l'idée de ne plus vous voir parce que nous nous étions quitté sur un non-dit mais cela aurait aussi été un grand regret... Maintenant, ce ne serait même plus un regret...

Ce serait bien pire que cela. Ce serait un trou béant dans sa poitrine et elle avait l'impression qu'elle ne pourrait jamais le combler d'une quelconque manière que ce soit.

-Ma famille, je pourrais toujours la revoir... Rappela-t-elle pour elle-même comme si elle réalisait qu'en partant, elle ne perdait pas non plus les siens pour toujours. Alors qu'en laissant Andran s'en aller...

Elle ferma les yeux bien plus fort cette fois. C'était la première fois qu'elle semblait pencher en faveur d'une option plutôt qu'une autre et cela l'effraya presque. Rentrer chez elle avait été son rêve durant tant d'années... Et elle effleurait l'hypothèse d'y renoncer pour demeurer avec son chevalier dans ce pays où on lui avait fait tant de mal. C'était fou ! Totalement fou. Et pourtant, elle venait d'y songer.
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeVen 19 Juin 2020 - 19:45

« Je sais que c'est difficile... c'est la raison pour laquelle je ne pouvais exiger de réponse immédiate... »

Pourtant, le temps filait vite, et la date fatidique s'approchait toujours plus, toujours plus rapidement. Dans ces moments-là se faisait même sentir l'impression que les jours passaient encore plus vite que d'habitude. Même Andran avait déjà la tête à la reprise de ses rites quotidiens, ses prières, ses aventures... son quotidien de chevalier, en somme. Et, dans ce quotidien auquel il était si attaché, il pourrait y avoir une femme, qu'il verrait le matin et le soir dans le pire des cas, et avec qui il passera une agréable journée dans le meilleur. Seulement quelques fois, il ne la verra pas pour plusieurs jours lorsqu'il sera engagé plus ou moins loin de Cantharel.

« J'aimerais être à Cantharel à la fin du mois, donc repartir autour de la septième ennéade. » avait-il répondu à la jeune femme lorsqu'elle lui avait demandé quand il partira.

Cela pouvait paraître tôt lorsque l'on était pris dans un douloureux dilemme. Cependant, objectivement parlant, ce ne l'était pas. De plus, Andran était ici depuis le début du mois, et ils avaient le luxe de partager d'agréables moments ensemble. Et, malgré sa différence et le manque d'un engagement officiel, le chevalier savait que cela serait également possible en Péninsule. Cela avait déjà été le cas, d'ailleurs. Mais, cette fois, ils disposeraient d'une maison où ils seraient dans l'intimité la plus totale, car il est plus facile de congédier des employés plutôt que ses égaux.

Clémence partagea ses pensées avec son compagnon, comme s'il pouvait y apporter une quelconque réponse constructive. Andran se demanda si elle en avait parlé avec son frère ou avec sa sœur. Ils étaient plus que concernés par sa décision, et ils étaient peut-être assez sages ou réfléchis pour conseiller leur sœur sans l'influencer. Il leur serait sûrement difficile de croire que Clémence pouvait vivre heureuse loin d'eux, mais si elle était amoureuse, ne pouvait-elle pas essayer ? Andran ne savait pas ce qu'avait raconté la jeune estreventine à son sujet, mais lui savait que leur lien était spécial. Il connaissait des secrets que d'autres ne soupçonnaient même pas.
Malgré cela, les derniers mots de Clémence forcèrent le chevalier à la regarder d'un air ébahi, comme s'il venait d'entendre des mots qu'il n'espérait plus entendre depuis longtemps. Venait-elle de donner un argument qui irait dans le sens de leur relation ? Il n'avait pas rêvé, n'est-ce pas ? Était-elle sur le point d'accepter de venir avec lui ? Milles questions traversèrent l'esprit d'Andran, qui avait le cœur serré devant cette incertitude qui demeurait du fait que Clémence n'ait pas été affirmative.

« Dois-je concevoir cela comme... un "oui" ? » demanda-t-il d'un ton similaire à celui d'un enfant à qui l'on convie à passer un moment dont il rêve depuis toujours. Un sourire se dessina sur son visage d'une manière presque incontrôlée. « D'ailleurs, je me permets de vous préciser que vous pourrez voir et revoir qui vous voudrez, et non pas seulement les membres de votre famille. »

Sans donner de nom, Clémence devait sûrement savoir à qui le chevalier faisait référence. Certes, ses relations furent compliquées avec les frères d'armes de l'inquisiteur, même si certains s'étaient montrés plus chaleureux ou agréables à l'instar de Reold ou de Kolgrim. Mais les employés, eux, l'appréciaient sincèrement. Élise était devenu sa confidente, et Hans était probablement l'un des seuls hommes qu'elle arrivait à approcher sans être prise de peur. Andran avait d'ailleurs songé à cela ces derniers jours : s'il engageait des employés, il faudrait qu'ils s'entendent avec Clémence pour qu'elle ne se sente pas trop esseulée. Il savait que sa compagne aurait besoin de compagnie, et également de quoi s'occuper.
Andran s'approcha de la jeune femme pour s'emparer d'une de ses mains et la caresser. Il le fixa d'un regard qui se voulait aussi tendre que son sourire.

« Je comprends votre peur, car ce sera quelque chose d'inédit pour vous. Je ressens également de l'appréhension mais j'ai sincèrement envie de franchir cette étape avec vous. » dit Andran, qui s'interrompit en baissant la tête. Il la releva lorsqu'une idée traversa son esprit. « Écoutez, je... j'ai peut-être une idée qui pourrait vous satisfaire. Dans l'hypothèse où vous acceptez de vivre à mes côtés en Péninsule, je peux vous proposer de... rester ici pour quelques ennéades. Cela vous donnera le temps d'en parler avec votre famille, et de vous y préparer. Pendant ce temps, je ferai le nécessaire pour que vous arriviez chez... chez nous. J'aurais préféré que nous choisissions une maison ensemble, mais... ce n'est pas très grave, je crois. Je pense être capable d'en choisir une à votre goût. »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeSam 20 Juin 2020 - 20:48

Clémence se sentit totalement incapable de confirmer à Andran que sa décision tendait à pencher en sa faveur. Elle baissa d'ailleurs un peu la tête, se recroquevillant légèrement sur elle-même en entendant ce constat prononcé à voix haute. Elle-même peinait à croire qu'elle allait peut-être finir par partir d'ici pour suivre le chevalier en Péninsule. C'était encore une pensée totalement folle à ses yeux qui provoquait tant d'émotions différentes et opposées. Le bonheur s'emmêlait avec l'appréhension et la peur mais aussi le doute.
Lorsque l'Inquisiteur prit sa main avec douceur, elle releva les yeux pour trouver les siens. Son visage était si rayonnant... Sans s'en rendre compte, elle lui sourit en retour car cela lui plaisait de le voir aussi heureux. Et elle était heureuse elle aussi, tout au fond d'elle. Il semblait comprendre ce qu'elle ressentait et voulait la rassurer et elle s'en montra touchée. Quant à son idée, elle l'écouta puis demeura un moment bouche bée... avant de se redresser pour venir l'enlacer. C'était la meilleure solution qu'il pouvait lui proposer. Il devait repartir, il n'en avait pas vraiment le choix, mais alors qu'elle aurait cru qu'il voudrait absolument la ramener avec lui, il lui offrait de la laisser ici. Ceci afin de lui permettre de se préparer psychologiquement, de profiter encore des siens, de retourner à son arbre pour mémoriser le paysage... Il était prêt à lui laisser du temps et à souffrir une fois de plus son absence pour lui permettre d'envisager ce drastique changement dans sa vie plus sereinement.

-Merci... Souffla-t-elle à son oreille, avant que sa voix ne s'étrangle.

Ses joues s'étaient zébrée de larmes mais elles n'avaient rien à voir avec celles qui avaient surgi quelques jours plus tôt. Elle était soulagée... Si soulagée... Dans les conditions qu'il lui proposait, son départ se faisait bien moins oppressant et elle parvenait plus aisément à se faire à l'éventualité de partir car elle n'aurait plus à le faire dans deux ennéades... Mais quand elle y serait prête.
Alors que ses bras enserraient toujours le cou d'Andran, ses hanches se rapprochèrent à son tour afin de lui permettre de venir s'asseoir tout contre lui sans pour autant lâcher prise. En cet instant, elle ne voulait plus s'éloigner de son chevalier d'un centimètre. Elle ressentait le vif besoin de le savoir près d'elle, comme si sa présence lui était devenu vitale. Finalement, elle desserra légèrement son étreinte pour permettre à leurs regards de se trouver de nouveau.

-Je vous aime. Déclara-t-elle avec intensité, les joues et les yeux humides mais le sourire aux lèvres. Elle avait toujours peur et elle doutait encore mais une part d'elle était rassurée malgré tout.
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeDim 21 Juin 2020 - 15:34

La proposition d'Andran eut un effet auquel il ne s'attendait pas du tout. Il pensait que Clémence aurait souhaité un peu de temps pour y réfléchir, et lui donner une réponse. Pourtant, en lieu et place de cela, elle se rua sur lui pour l'enlacer. Surpris dans un premier temps, il était demeuré immobile. C'est seulement après qu'elle lui adressa un doux remerciement qu'il comprit que cette solution la comblait, et il la serra alors dans ses bras. D'une certaine manière, il en était heureux aussi. A son retour, il pourrait alors se re-concentrer sur ses tâches de chevalier, ce qu'il avait eu tendance à, parfois, trop dédaigner. Il devrait également trouver une maison, mais cela ne pouvait pas être bien difficile.

Un sourire illuminait le visage du chevalier, qui était heureux, tout simplement. Certes, elle n'avait toujours pas affirmé clairement qu'elle repartait avec lui, mais il n'avait plus de doute. Cela aurait été regrettable que leur relation s'arrête après avoir si bien progressé en peu de temps. Ils en avaient été jusqu'à s'endormir dans le même lit. C'était un acte anodin pour n'importe quel couple, mais le leur n'entrait pas dans cette catégorie. Tout acte d'intimité était plus difficile, et c'est ce qui les rendait plus beaux et plus intenses lorsqu'ils pouvaient les partager. Andran était persuadé que ces nuits passées avec Clémence étaient bien plus fortes d'amour et de sentiments que n'importe lesquelles qu'il aurait pu passé avec une autre femme.

La jeune femme se mouva pour se blottir contre lui et donner encore plus de corps à cette étreinte forte en émotion. Andran sentit la chaleur de son corps contre le sien et ferma les yeux pour s'en délecter. Pour la première fois de toute sa vie, il allait vivre avec une femme. Ce qui n'était, jusqu'à maintenant, qu'un rêve lointain ou un moindre espoir devenait une réalité. Et il n'en ressentait que du bonheur, du soulagement. Elle avait beau être différente, craintive et parfois discrète, il l'aimait, et elle l'aimait en retour. Rien d'autre n'avait d'importance.

Leur longue étreinte s'acheva lorsque Clémence chercha le regard de son chevalier. Il constata avec étonnement qu'elle avait pleuré, même s'il ne saurait dire s'il était triste, heureuse, ou un peu des deux, puisqu'elle souriait. Elle accompagna son regard lui-même démonstratif d'une déclaration qui rendit immédiatement, presque par réflexe, un nouveau sourire à son bien-aimé. Ce dernier lui caressa les joues pour sécher le passage des larmes, et lui adressa un doucereux baiser.

« Je vous aime aussi, Clémence... De tout mon cœur...  » répondit-il à sa déclaration, une fois qu'il interrompit ce baiser. Il avait conservé un sourire tendre, et lui caressait toujours les joues humides. « Et je suis heureux de vous aimer, et de savoir que nous vivrons bientôt ensemble. Vous me comblez de bonheur, Clémence... réellement. » acheva-t-il en posant son front contre celui de son amante en fermant les yeux, retenant, à son tour, une larme de bonheur.
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeLun 22 Juin 2020 - 8:28


La jeune femme se pencha et les lèvres des deux amants se retrouvèrent, longuement... Comme elles ne l'avaient plus fait depuis longtemps. Ce soir-là, Clémence n'eut pas le cœur à quitter Andran et, lorsqu'ils allèrent se coucher, elle lui demanda de venir dormir avec elle. Cela se reproduisit bien d'autres soirs. Et de plus en plus à mesure que la date fatidique du départ du chevalier approchait. Libérée de cet ultimatum, l'estrevine était néanmoins bien plus sereine, même si son cœur alternait parfois entre la nostalgie et la tristesse. Nostalgie de devoir une nouvelle fois quitter sa maison... Tristesse d'être encore séparée de son chevalier. Certes, elle savait que c'était temporaire mais cela n'empêchait pas le fait qu'il lui manquerait.

Finalement, le jour de son départ arriva... L'hiver battait désormais son plein. Le paysage s'était recouvert d'un épais manteau de neige. Épais pour la région en tout cas... Le soleil se levant tardivement, il n'était guère tôt mais Andran n'aurait pu partir sans pouvoir discerner la route. Tout était prêt. Ses sacs avaient été faits la veille. Nirazam était sellée et Aimé avait pris les dernières affaires du chevalier pour les accrocher aux sangles, le laissant sur le pas de la porte avec Clémence. Ces derniers jours, la belle métisse avait commencé à se projeter dans cet avenir qui l'attendait en Péninsule. Elle n'était pas encore très assurée et le doute l'assaillait parfois mais sa décision progressait lentement vers ce voyage qu'elle ferait bientôt à la suite du chevalier.
L'estrevine posait sur son compagnon un regard à la fois timide et triste. Dans quelques minutes, il serait parti et elle devrait se passer de ses étreintes si rassurantes. Patience était restée avec Sincère dans la cuisine où elle avait souhaité bonne route à Andran. Aimé arrivait aux côtés de la jument. Ils étaient pour ainsi dire seuls sur le perron de la maison. Clémence prit la main du chevalier et souleva l'avant-bras du Péninsulaire pour qu'il se retrouve entre eux. Là, elle porta ses doigts à l'arrière de son cou pour défaire une fine chaîne qu'elle portait assez souvent. Elle l'enroula autour du poignet de l'Inquisiteur, lui faisant faire deux tours avant de pouvoir le fixer correctement. Si le bijou semblait fin sur elle, c'était encore plus flagrant sur lui. Au milieu de la chaîne, il y avait un rond percé de plusieurs arabesques vaanies.

-Je vous le confie... Vous me le rendrez quand je... Quand je viendrai.

Le geste était purement symbolique. Puisqu'elle n'était pas prête à faire le voyage pour l'instant, elle lui donnait quelque chose qui venait d'elle pour qu'elle soit à ses côtés malgré tout. Et pour témoigner son attachement envers lui. Puis elle releva les yeux et l'observa quelques instants, comme pour graver ce moment dans sa mémoire, avant de s'approcher et de se hisser pour venir l'embrasser, ses bras passant derrière sa nuque. Le baiser dura de longues secondes avant que les deux amants ne le rompent et que Clémence ne vienne plonger sa tête dans son cou.

-Vous me manquez déjà...
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeMar 23 Juin 2020 - 16:37

Cette soirée mit fin aux doutes et aux craintes que ressentaient tant Andran que Clémence sur le départ imminent du premier. Ces quelques jours étaient comme une parenthèse à leur relation amoureuse, qui repartit de plus belle le soir-même de leur discussion. Les deux tourtereaux s'échangeaient à nouveau des baisers, des étreintes, et dormirent à nouveau ensemble dans le même lit. Certes le chevalier devrait repartir seul et être séparé de son amante pour quelques ennéades, mais il ne pouvait que se réjouir de savoir qu'après ce long laps de temps, il vivrait avec elle pour toujours. Du moins, c'est ce qu'il souhaitait, et il comptait bien faire en sorte que ce soit le cas. Désormais, il avait toutes les clés du bonheur.


Les journées qui suivirent furent légères également. La date fatidique approchant rendaient anxieux et nostalgiques les deux amoureux qui auraient certainement voulu rester ensemble plus longtemps. Mais, Andran avait ses obligations, auxquelles il était lié par serment, et auxquelles il était sincèrement attaché. Après tout, il avait rencontré sa Princesse grâce à elles, et sans doute aussi grâce à Néera. Clémence était plus compréhensive qu'il ne l'aurait espéré de n'importe qui d'autre, et pour cela, il était reconnaissant, même s'il ne le montrait pas toujours. Il abhorrait la simple idée de devoir choisir entre l'amour et la chevalerie.

Le pays estreventin avait déjà commencé à être frappé par l'hiver en cette fin de Verimios. Le jour du départ d'Andran finit par arriver. Après tous ces jours passés ici, il ressentait une étrange sensation à l'idée de partir, et c'est avec un pincement au cœur qu'il devait laisser Clémence derrière lui, ainsi qu'Aimé, qu'il appréciait sincèrement. Lui qui craignait leur réaction à son arrivée, le chevalier était plutôt ravi de savoir qu'il était apprécié. Seule Patience émettait quelques doutes, et, s'il avait pu, il aurait sûrement essayé de discuter avec elle.
Sa jument Nirazam était sellée et prête à partir, et toutes ses affaires étaient réunies pour son départ. Une fois qu'il fit ses adieux à Patience, son fils, et à Aimé, Andran se retrouva seul avec Clémence. Il était aisé de lire la tristesse qu'elle ressentait à ce moment même, et son amant avait cette seule capacité à demeurer plus impassible. Là, la jeune femme se défit de son collier et l'attacha au poignet de son amoureux. Il s'agissait d'une chaîne assez simple, et son pendentif n'avait rien de plus extraordinaire. Ce devait être un bijou de famille ou quelque chose suivant un principe similaire. Un sourire illumina le visage du chevalier lorsqu'elle acheva de l'attacher.

« Je prendrai soin de ce collier comme si ma vie en dépendait. J'apprécie sincèrement votre geste. Merci, Clémence. » déclara-t-il d'une voix tendre en admirant le bijou sur son bras.

De là, elle plongea son regard dans le sien, avant de s'approcher pour l'embrasser et l'enlacer. Cette séparation était difficile, mais nul doute qu'ils communiqueront par lettre d'ici leurs retrouvailles. Elle voudra sûrement savoir où il en est et lui cherchera sûrement à connaître son état d'esprit au fur et à mesure des ennéades. Leur baiser finit par s'interrompre mais la belle demeura attachée à lui. Le chevalier en profita alors pour affermir sa prise et donner plus de force et d'émotion à leur étreinte.

« J'ai hâte de vous revoir chez nous. Je ferai de mon mieux pour que notre maison vous plaise. » murmura-t-il, peu avant de mettre fin à leur étreinte. « Laissez-moi vous donner quelque chose en retour. »

Andran se défit de l'une de ses deux bagues, celle qui appartenait, à l'époque, à son ancien mentor. Il s'agissait d'une chevalière en cuivre sertie d'un onyx, qui était, hélas, bien trop épaisse pour tenir sur les doigts fins de la jeune femme. Mais, si lui aurait un souvenir d'elle durant les prochaines ennéades, elle en aurait un de lui également.

« Je vous aurais bien confié mon épée, car elle m'est encore plus chère, mais j'ai bien peur d'en avoir besoin. » plaisanta-t-il en gloussant. Il prit la main de Clémence pour y poser la bague, et referma les doigts de la jeune femme sur l'objet. « Au moins, vous aurez une partie de moi jusqu'à ce que vous veniez à la maison. Je vous attendrai, mon amour. »
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MessageSujet: Re: Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui   Le chevalier en terre étrangère pour trouver sa princesse | au domaine Hadjaoui - Page 3 I_icon_minitimeMer 24 Juin 2020 - 20:26


Clémence quitta les bras d'Andran à regret mais il avait raison : Il fallait bien qu'elle le laisse partir, tôt ou tard. Malheureusement, si partir plus tôt voulait souvent dire se revoir plus vite, ce n'était pas le cas ici. Peu importait quand il partirait, elle ne se sentirait pas prête à le suivre plus rapidement pour autant. Cependant, le chevalier imita son initiative, lui confiant l'une de ses bagues. Jamais encore elle n'avait pris le temps d'en observer une d'aussi près. Mais là, au creux de sa main, elle avait tout le loisir de la détailler à son gré.

La plaisanterie de son compagnon eut le mérite de la faire sourire malgré tout. Oui, il valait mieux qu'il conserve son arme et elle aurait été la première à refuser un tel présent. Parce qu'elle n'en aurait rien fait et parce qu'elle voulait qu'il puisse se défendre en rentrant jusqu'à Sainte-Berthilde.

-De quoi aurait l'air un chevalier sans son épée ? Surenchérit-elle timidement.

Les derniers mots employés par Andran avaient été savamment bien choisis. Elle sentit son cœur se gonfler avec son "à la maison" puis avec sa promesse de l'attendre. Elle aurait voulu en retour lui assurer qu'il n'aurait pas à l'espérer longtemps mais elle savait que cela lui prendrait encore un peu de temps avant de se sentir capable de quitter son pays et sa famille. Même si elle savait qu'elle reviendrait, elle ne serait toujours que de passage. Et une fois que sa décision serait enfin ferme et définitive, elle devrait encore prendre le temps de rendre visite à chacun de ses frères, et même à Modeste, avant de prendre finalement la mer pour la Péninsule. Alors elle lui fit la seule promesse qu'elle pouvait lui faire pour le moment.

-Je viendrai.

Il n'y avait pas de "quand" mais elle savait que le simple fait d'être certaine de le rejoindre un jour suffirait à soulager son compagnon. Car c'était déjà bien plus qu'il n'avait espéré obtenir en venant ici.

Finalement, Nirazam rompit ce moment par un hennissement. Aimé avait achevé de l'harnacher depuis un moment et elle était fin prête à reprendre la route. Cela devait la démanger d'aller s'étirer de nouveau les membres après plusieurs ennéades passées à l'écurie. Clémence adressa à Andran une expression à la fois amusée par l'attitude de la jument et triste de devoir le laisser s'en aller. Il échangèrent un dernier baiser, plus bref que le premier, avant que le chevalier ne la quitte enfin. La belle le regarda descendre les quelques marches séparant la porte d'entrée et la cour puis se mettre en selle. Son frère vint se poster à ses côtés tandis que le péninsulaire s'éloignait. Ils s'adressèrent un dernier signe de la main avant qu'il ne quitte définitivement le pavé pour la route de campagne. L'aîné des Hadjaoui enserra les épaules de sa petite sœur pour la consoler tandis qu'elle demeurait là à regarder sa silhouette de son chevalier s'en aller, jusqu'à disparaître totalement à sa vue.
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