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 Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle

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Louise de Fernel
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MessageSujet: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2021 - 17:47


"Au 31, du mois d'aoû ! Nous vîmes venir, sous l'vent à nous, une frégate d'angleteeeeereuuuuh ! Qui fendait la mer et les eauuuuuuuuuuux, c'était pour aaaaaaaaaaaattaquer Bordeaux !
Buvons un coup la-la, tirons-en deux ! C'EST MIEUX ! A la santééééé des aaaaaaamoureux ! A la santééééééééé du roiiiiii de Fraaaaaaaaanceuuuh, et merde pour le Roi d'Angleteeeeeeeeeeerre, qui nous a dééééééééclaré la gueeeeeeeeeeeeerre !
Buvons un coup lalaaaaa
Buvons en deux lalaaaaaaaaa
A la santé des amoureux
A la santé du roi de Franceuuuuuh
Et merde pour le roi d'Angleterre qui nous a déclaré la gueeerre"


Une chanson étrange en provenance d’une contrée bizarre et lointaine dont il ne peut être question ici mais il semble qu’elle ait fait mouche dans cette bruyante auberge de Versmilia, là où on renseigne à l’instant Marc-Aurèle.

- Si je connais le chemin vers Fernel ?! Mais foutre oui ! Ma cousine tient les offices là-bas ! Une sacrée bonne cuisinière ! La Dame des lieux s’est arrêtée ici le mois dernier ou celui d’avant, avec tous ses hommes, ils faisaient chemin avec le sieur Flourens. Une soirée, Monseigneur ! ça chantait dans tous les coins ! Hein la Marie ?? Tu t’rappelles ?

Il essuie une cruche de grès avant de la ranger sur une étagère pleine de poussière. Logique.

- C’est à une journée de cheval d’ici. Vous suivez la route du Nord jusqu’à Les Guernes puis vous prenez le chemin qui mènent vers le bourg et le château. C’est pas bien compliqué…C’est la route qu’est r’mise en ordre avec de beaux pavés et tout, et qui va vers les montagnes.

Il place une chope sous un fut en perce et la remplit de bière qui offre un joli col de mousse onctueuse.

- Pour la maison. Si vous la voyez, la Maïethé, Vot’ Seigneurie, vous pourrez lui dire qu’elle ferait mieux de lui faire manger du bon fromage et des plats un peu gras, à la dame de Fernel. Elle est pas bien épaisse la châtelaine, c’est pas pour rien qu’elle se trimballe autant d’hommes…sans vouloir manquer de respect hein…

Un gros clin d’œil un peu grivois puis il s’en va, laissant Marc-Aurèle seul avec sa bière…

***

L’aubergiste a dit vrai. Le chemin qui mène à Fernel est bien en ordre, propre et entretenu. Les paysans sont actifs et saluent vaguement. Ils répondront volontiers au voyageur, non sans lui jeter des regards un peu inquiets. C’est qu’en ce moment, il y a du monde et des allers et venues dans le domaine, beaucoup d’agitation qui alerte les gens et qui se font du souci pour leur Dame. On chuchote au passage du noble seigneur, on joue du coude, on se regarde. C’est qu’il a une allure un peu différente de ce qui se voit ici. Du coup il est un objet de curiosité, une curiosité un peu lourde d’ailleurs.

Le long du chemin qui traverse la Seigneurie, Marc-Aurèle aura le loisir de découvrir un paysage tout à fait surprenant. Si l’horizon est limité par les hautes montagnes des Monts d’Or, il pourra observer les champs soigneusement semés, les chênaies, nombreuses, propageant des ombres centenaires, et les chevaux, de magnifiques montures à l’allure élégante et puissante, aux muscles roulant sous des robes claires. Tous les gens qu’il croise parlent aux chevaux en une langue qu’il ne peut comprendre et, chose curieuse, ils se font obéir sans la moindre difficulté. Il règne ici une paix, une harmonie déroutante, éclairée par un beau soleil revigorant. De quoi apaiser tous les cœurs et tous les esprits troublés.

Le bourg est visible de loin, par-delà les chênes, à flanc de montagne. Il n’est pas bien grand, on pourrait presque le confondre avec une paroi de cette même montagne, tant on ne distingue pas les remparts des flancs naturels des Monts d’Or. Et pourtant, en approchant, il verra que le petit bourg est comme une forteresse à lui tout seul, ceinturé par une muraille grise, issue des pierres épaisses et solides extraites des sommets se trouvant juste derrière lui. Derrière ces murailles, d’autres s’élèvent encore, pour protéger un château, visible lui aussi de loin, avec ses quatre grosses tours.

Le voyageur croisera un peu de monde, des charrettes, des gens à cheval, d’autres à pieds, entrant et sortant par la même porte, gardée par deux soldats qui vérifient chaque entrée et permettent de pénétrer dans le bourg ou non. C’est que les ordres sont clairs et la Dame ne plaisante pas avec cela. Jamais.

Il sera donc comme les autres arrêté à l’entrée du bourg, d’un geste de la main, alors qu’un des gardes demande, d’une voix grave :
   
- Bonjour. Qu’est-ce qui vous amène à Fernel ?

Un regard pour l’attirail, le cheval, la tenue et l’homme en entier. Un regard suspicieux.

- La Dame insiste pour que chaque voyageur soit interrogé. Je ne peux vous laisser entrer sans que vous ne répondiez, qui que vous soyez.
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Marc-Aurèle de Terrefière
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2021 - 18:26

Ah, que Terrefière pouvait être magnifique en de telles périodes. Qu'importe le jour, qu'importe l'heure, qu'importent les saisons, les tours et les contours de cette terre dont la fierté est portée en patronyme, ravissent au plus haut point le coeur du seigneur des ces nobles terres. Certes, l'endroit n'est point le plus riche. Les routes ne sont point pavées, et le caractère boueux aux moindres pluies et lors des fontes des neiges, rend les chemins difficilement praticables, peu agréables, parfois même traîtres pour les caravanes et les chevaux malchanceux. Et pourtant... Marc-Aurèle était amoureux de ces lieux.

Et comment ne pas l'être ? Lui qui avait grandit sur ces terres qu'il avait hérité à la mort de son père. Lui qui avait passé sa prime jeunesse, son enfance, et sa vie de jeune adulte, à marcher ça et là sur les chemins de terre, à chasser dans les forêts clairsemées de ces lieux, à oeuvrer aux champs, aux côtés des paysans sans qu'aucun atours de puisse distinguer le seigneur du cerf, lui qui avait tant vu, et tant vécu ici bas.

Et pourtant, l'honneur l'appelait ailleurs. L'honneur d'un banneret ayant prêté serment à un seigneur au caractère irascible. Un seigneur à l'appétit sanglant. Un seigneur à l'ambition ô combien importante. Un seigneur à la puissance grandissante, auquel Marc-Aurèle avait prêté un serment inviolable, un serment sur l'honneur, un serment sur la vie. Un serment qui permettait au seigneur en question, Magnus de Terresang, Comte d'Arétria, de faire appel aux service de ses bannerets, et plus précisément à ceux de Marc-Aurèle, aussi fidèle que le plus fidèle des compagnons. Car après tout, tout était question de fidélité, de serment... Et d'apparence, parfois.

Magnus avait donc eu une autre mission pour le seigneur du petit bourg de Terrefière. Il devait se rendre sur les terres de la dame de Fernel, châtelaine prometteuse à la réputation grandissante. Au caractère que l'on dit aussi doux qu'imprévisible. A la beauté charmante, mais néanmoins piégeuse pour quiconque penserait pouvoir se substituer à son autorité. Une femme qu'il ne fallait point prendre à la légère. Magnus, conscient de ses grandes lacunes en matière de diplomatie, avait eu la sagesse de mobiliser son banneret le plus fidèle, celui qui ne faillirait point. Celui qui ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour que la dame de Fernel, et le Comte d'Arétria, deviennent d'importants alliés et de bons partenaires.

Aussi s'était-il mit en marche. Sur son fidèle destrier, portant sa magnifique armure de plate, et sa fidèle claymore dans son dos, Marc-Aurèle était passé par les chemins et les routes. Cette visite dans la taverne avait été d'une distraction peu conventionnelle. Pour sûr, les us de ce grossier personnage, ne devaient point être connus de la châtelaine. Du moins, du peu que Marc-Aurèle connaissait d'elle, c'était ce qu'il présumait.

Puis il reprit la route, sur son fidèle destrier. Les routes étaient propres, les champs majestueux. Le seigneur paysan qu'il était reconnu tout de suite les larges sillons qui protégeaient les graines et les semailles. Il reconnut aussi l'abondance des pluies, et celle du soleil, qui semblait ne point faire défaut à la région. Il reconnut aussi l'amour du peuple, que d'aucun nommait "petit peuple", pour des raisons que Marc-Aurèle ne comprenait point. Qu'y avait-il de petit, dans le fait de cultiver la terre ? Dans le fait de se salir les mains lors des récoltes et des semailles ? Qu'y avait-il de petit à sentir le purin ? A saigner non point à la bataille, mais lors des récoltes ? A élever la vache, le cheval, le bœuf et l'étalon.

Le jeune seigneur était tout à ses pensées lorsqu'il arriva enfin à hauteur de la ville de Fernel. Les remparts se dressaient devant lui, et plusieurs gardes l'arrêtèrent, et, après l'avoir dévisagé, lui posèrent de simples questions. Qui était-il ? Qui était-il... Sa mission commençait soudainement.
- Bonjour messieurs les gardes. Je me nomme Marc-Aurèle, seigneur de Terrefière et envoyé par sa Grandeur Magnus de Terresang, Comte d'Arétria. Je suis ici pour rencontrer sa Seigneurie Louise de Fernel. Pouvez-vous m'annoncer à elle, je vous prie ? Mon voyage fut long, et point des plus agréables. Un peu de repos ne serait point de refus.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2021 - 19:17


Les deux gardes échangent un regard. Terrefière ? Arétria ? Voilà qui n’est pas courant. Le premier garde ne dit rien, maintenant son vougue avec fermeté, tandis que l’autre tend le cou pour mieux observer le seigneur en armure. Son épée dont il voit le pommeau dépasser par-dessus l’épaule. Toute son allure. Il a l’air fatigué, il est vrai. Puis il dit qu’il est envoyé par un Comte. Ce n’est pas rien.

Ils allaient céder le passage quand un petit remue-ménage se fait entendre derrière eux. Un jeune homme encapuchonné de laine marron, des pantalons de laine soulignés par des bottes souples, chevauche un cheval gris perle, absolument magnifique. Le cavalier monte sans sa selle et avance au pas, poursuivi par une petite troupe d’enfants, des petits enfants du bourg habillés proprement et aux jolies joues rouges. Le jeune homme tient dans sa main un sac de toile beige, presque vide, un sac dans lequel il plonge enfin la main, après moult et moult réclamations des gamins, pour en extraire de larges pains plats qu’il donne en se penchant légèrement. Des cris de joie s’élèvent parmi les mioches qui se dispersent partout autour des murailles, pour manger tranquillement dans les herbes hautes, au milieu des fleurs. Replaçant son sac vide devant lui, le cavalier approche, penchant la tête un bref instant avant de s’arrêter aux côtés de Marc-Aurèle.

Un petit silence.

Les deux gardes s’inclinent avec respect avant de saluer :
   
- Dame Louise…

La silhouette encapuchonnée s’incline aussi, légèrement, avant de rabattre son capuchon et d’ôter le voile qui dissimule le bas de son visage. Quiconque a chevauché à travers champs par temps chaud sait à quel point ce genre d’accessoire est nécessaire afin d’éviter les insectes et la poussière. Quoiqu’il en soit, un joli visage féminin aux yeux noisette est en train d’observer l’homme en armure qui se tient devant l’entrée de son bourg. Il verra un visage jeune, de grands yeux pétillant de gaieté et un cercle de métal posé sur une chevelure soigneusement tressée vers l’arrière. Elle a un regard pour l’épée, l’armure, l’état général du cavalier comme de sa monture.

Un garde tousse.

- Le seigneur de Terrefière, envoyé par le Comte d’Arétria, ma Dame.

Louise esquisse un sourire tout en s’adressant à Marc-Aurèle :
   
- Vous venez de loin, Monseigneur. Je suis Louise de Fernel.

Elle a un regard pour les gardes qui s’écartent aussitôt, libérant le passage qui mène au château, qu’elle montre d’un geste de la main.

- Je vous souhaite la bienvenue. Votre monture et vous pourrez prendre du repos, c’est une tradition à laquelle je ne déroge jamais. Suivez-moi je vous prie.

Un geste à peine perceptible des genoux et le cheval se remet en route, précédant le nouveau venu. Elle ne lui a pas demandé ce qui l’amène ici. Elle ne lui a rien demandé du tout, elle a offert son hospitalité, par contre. La Dame avance, toujours au pas, en silence, dans les petites rues pavées menant au château. Il peut être certain qu’elle a absolument tout jaugé au premier coup d’œil et qu’elle attend une vraie conversation pour se forger une opinion définitive.

Cela donnera à Marc-Aurèle l’occasion d’observer l’endroit de plus près, un endroit qui ne ressemble à aucun autre, en réalité. Il ne s’agit pas d’une ville, c’est bien trop petit pour être décrit comme tel. Par contre, le bourg rassemble des maisons, des petits quartiers disparates, rassemblés près du château lui aussi ceinturé de remparts. Plus on se rapproche du château plus les maisons semblent anciennes. Comme souvent, les paysans, les artisans ont cherché la protection de leur seigneur en s’approchant le plus possible du château et à Fernel on protège les paysans, quiconque le demande. Au fil des ans, le calme revenu dans la Péninsule, les abris se sont construits, les rues se sont créées, les remparts extérieurs ont été dressés et achevés par Eudes de Fernel, le précédent Seigneur. Fernel est donc un petit bourg abrité par les montagnes, ceinturé par des remparts le protégeant.

Ils traversent le grand corral avant de parvenir à l’entée même du château, passant sous une herse, et pénétrant enfin dans la cour intérieure. Marc-Aurèle verra de grandes écuries disposées tout autour du château, il verra une activité assez soutenue, des palefreniers, des serviteurs dont un grand jeune homme aux cheveux blonds et au regard de ciel qui approche, semblant attendre quelque chose. Louise se tourne vers son invité et lui sourit, d’un air joueur. D’un bond, souple comme un félin, elle descend de son cheval, se réceptionnant sur les gros pavés avec grâce.

- Guillaume ? Emmenez Lasgalen et prenez soin du cheval du Seigneur de Terrefière.

Elle attend que Marc-Aurèle descende de sa monture, enlevant méthodiquement ses mitaines de cuir, tout sourire.

- Avez-vous besoin d’assistance pour descendre de cheval ? Une armure pareille en plus d’une telle épée, ce n’est guère pratique sur de longs trajets.
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Marc-Aurèle de Terrefière
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2021 - 19:49

Etait-il habitué à être observé de la sorte ? Non point comme une bête de foire, ni comme une curiosité malsaine, mais plutôt comme une menace qui, soudainement, pouvait se faire plus lourde, plus présente, plus oppressante. Oui, de cela, il était maintenant habitué. Déjà, parce qu'il était un homme originaire du comté d'Arétria. Un Malelandais. Un homme originaire de terres connues comme ayant été ensanglantées pendant de nombreuses saisons. Une terre qui aura vu se dérouler énormément de batailles. Une terre sur laquelle la guerre est érigée en mode de vie, en art à part entière. Alors, oui, il est habitué. D'autant plus avec son épaisse armure qui, bien que très protectrice, et très agréable lors des combats, se révélait être une véritable étuve lorsqu'il s'agissait de voyager durant des jours et des jours. Et puis, il y avait l'homme à l'intérieur de l'armure. Un homme plutôt grand, éduqué à même les champs, les bois, la chasse et les récoltes, doté d'une large stature et de bras épais. En bref, n'importe qui pourrait le considérer comme une menace... Et il ne blâmerait personne pour cela.

Il allait entrer, satisfait à l'idée que cela ne prenne point de temps supplémentaire. Il avait chaud, et il avait hâte de rencontrer la Dame protectrice des lieux afin de disposer de l'apparent luxe de l'endroit. Des murailles hautes, doublées par une enceinte visiblement plus proche du château seigneurial, des pavés propres, épais, taillés pour qu'un cheval ne s'use ni les sabots ni ses fers. Une pointe de jalousie naquit dans l'oeil acéré de Marc-Aurèle, et en son coeur. Il s'imaginait, en une poignée de secondes, ce qui aurait pu advenir si Terrefière n'était point un simple bourg sans palissade et sans fortifications. Sans doute que les troupes Berthildoises ne seraient point passées aussi facilement. Sans doute aussi que les habitants auraient pu se protéger derrière les remparts, et que Aurora, la douce mère de Marc-Aurèle, ne serait point décédée, exécutée par un officier Berthildois simplement parce qu'elle aura voulu défendre son fils. Oui, Marc-Aurèle ressentait de l'envie, de la jalousie... Et une pointe de tristesse. L'honneur ne semblait point faire tout ici, en ce bas monde. L'or, les souverains et les écus, tenaient une place bien haute dans la société Péninsulaire... L'or pouvait sauver des vies, et en condamner bien plus encore.

Il allait entrer donc, lorsque soudain, il vit une silhouette encapuchonnée arriver au trot, suivie par toute une cohorte d'enfants aux joues roses, à l'entrain vivifiant. Ces enfants semblaient demander quelque chose à l'individu qui s'était approché, doté d'une petite protection de visage ô combien utile lorsque l'on voyage par delà les campagnes. Marc-Aurèle tenta d'y voir plus clair : que pouvaient-ils bien attendre de cet individu ? D'ailleurs, qui était-il ?

Un des enfants s'approcha dangereusement de la croupe du cheval de Marc-Aurèle. Si la monture obéissait au doigt et à l'oeil du seigneur de Terrefière, elle demeurait belliqueuse et pouvait ruer plutôt facilement. D'un léger coup de talon donné vers l'arrière, et d'un mouvement donné sur les rênes, le cheval se plaça de trois quart, la croupe placé dans une zone sécurisée, et l'enfant, se heurtant doucement contre le flanc du cheval poussiéreux. Marc-Aurèle plaça sa main gantée à proximité de l'arrière du crâne de l'enfant, qui n'avait d'yeux que pour l'individu emmitouflé de laine brune et qui commençait à farfouiller dans un sac visiblement presque vide. De sa main gauche, Marc-Aurèle suivait la trajectoire du crâne de ce jeune enfant, afin d'être sûr qu'il ne heurte ni le flanc du cheval, ni les épaisses jambières de métal, ni la patte robuste de la monture de Marc-Aurèle.

De sa main droite, il tentait de fouiller dans son propre escarcelle de cuir. Comprenant que les enfants désiraient de l'or, ou de la nourriture, Marc-Aurèle tenta d'y faire face... Mais il n'eut point le temps d'y faire quoi que ce soit que déjà l'individu avait distribué du pain plat à la ribambelle d'enfants... Qui disparut presque aussi rapidement qu'ils étaient apparus. Marc-Aurèle resta là, la bouche ouverte, pendant une ou deux secondes, ne s'attendant point à voir sortir autant de pain d'un sac aussi vide... Enfin, qui semblait très vide en tout cas. Et puis, le cavalier approche...

Marc-Aurèle avait beau ne point être magicien, ni n'avoir aucune affinité avec les arts de l'esprit, il pu ressentir une certaine tension. Regardant les gardes, il pu voir leurs yeux aller et venir entre le seigneur de Terrefière et le cavalier empoussiéré. Jusqu'à-ce qu'enfin l'information ne tombe : ce n'était point un cavalier... Il s'agissait de Louise de Fernel, la châtelaine des lieux, la Dame protectrice de Fernel.

L'annonce du garde passa inaperçu dans l'esprit de Marc-Aurèle, tant il était occupé à dévisager la jeune femme et sa tenue. Une tenue simple, une expression corporelle visiblement confiante, et une attitude proche du peuple. Et puis... Un visage magnifique. Les rumeurs étaient donc fondées, la châtelaine de Fernel était aussi douce qu'elle était charmante, et sa force devait demeurer impressionnante, non point dans la guerre... Mais dans son attitude. Marc-Aurèle était toutefois très rapidement mit en confiance, car il vit dans les agissements de la Dame, qu'il n'avait point a-faire avec certaines brutes de la Malelande. Ici, tout semblait pacifique. Et il était hors de question que Marc-Aurèle se comporte comme un rustre ici.

Lorsqu'elle se présenta, Marc-Aurèle baissa la tête et les yeux avec un sourire enjoué. Visiblement, l'attitude harassée du seigneur, et son armure empoussiérée, n'avaient pas échappés à l'oeil acéré de la châtelaine. Aussi proposa-t-elle, à Marc et à sa monture, un moment de repos auquel elle ne semblait point déroger, en terme d'us et de coutume.
- Vous avez raison, votre Seigneurie. Je viens de loin, et votre hospitalité est un cadeau fort bien venu. Je vous en remercie grandement.

Et les deux s'avancèrent. Marc-Aurèle pu voir alors de ses propres yeux, et de manière très proche, les fameux pavés, les murs, les pierres, les demeures, les hautes tours du château qui se profilaient, et se rapprochaient. Cette petite pointe de jalousie revint alors, mais en bon seigneur, il tenta de la faire disparaître. Ils arrivèrent alors dans la cour intérieure, et c'est là que les chevaux devaient être soignés par les palefreniers qui semblaient être aussi nombreux qu'une véritable armée. Louise tenta un trait d'humour, humour qui ne passa point inaperçu et qui fit sourire le seigneur de Terrefière.
- Votre sollicitude me touche, ma Dame. Mais ne vous inquiétez point, je suis habitué à cette armure depuis bien des années. Nul doute que ma monture se sentira plus légère.

Et fait est dit, il y arriva. Balançant sa jambe droite, quittant les éperons, Marc-Aurèle fit un léger bond qui lui permit de descendre de sa monture, et d'arriver au sol. Bien-sûr, sa grâce était bien différente de celle démontrée par Louise, lui avait été bien plus bruyant et plus brute. Mais il parvint à rejoindre le plancher des vaches, et confia les rênes de sa monture au jeune palefrenier qui semblait à la fois intimidé, et curieux. D'un sourire, il lui confia la tâche de prendre soin du cheval, tandis qu'il suivit Louise, ses mains jointes au-devant de sa cuirasse.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2021 - 20:13


Guillaume emmène les deux chevaux vers les grandes stalles lumineuses, destinées à recevoir les meilleurs étalons et juments de la seigneurie. Louise a un regard pour la monture de son invité puis pour son invité avant de faire demi-tour et de se diriger vers le château.

Elle n’est pas bien grande, Louise, mais elle marche vite, elle a une façon assez curieuse de se déplacer, comme si elle glissait sur les pavés, en silence. Elle ne fait jamais de bruit en marchant, comme si elle marchait sur des nuages. Sa petite cape de laine, pleine de poussières, fouette quelque peu ses mollets à chaque pas, c’est le seul indice qui annonce sa présence.

Ils grimpent quelques marches de pierre avant d’entrer dans le hall principal, le corps de logis, là où se décident les choses et où réside la châtelaine. Il fait frais, dans ce grand hall. Et comme dehors, dans la cour intérieure, il y règne une activité plutôt soutenue. Des serviteurs, des marchands, des palefreniers, des commis de cuisine, tout ce petit monde se déplace dans le hall jusqu’au soir où les portes sont fermées par les hommes d’armes.

- Par ici.

Elle se dirige vers la gauche et pousse en grand une double porte de chêne sculpté, laissant son invité y entrer, avant de les refermer, sans les verrouiller. Aussitôt le calme revient, le brouhaha du hall n’est presque plus audible. Et Louise se tient debout face à lui, la tête quelque penchée sur le côté, fixant l’inconnu avec un sourire.

- Je vous ai vu tout à l’heure sur la route.

Elle se détourne un peu et va déposer ses mitaines sur une console avant d’enlever sa cape, révélant ce qu’elle dissimule dessous. Une simple chemise de toile beige, un gilet de toile marron ajusté soulignant une taille toute fine et des hanches garnies d’une ceinture de cuir supportant une longue dague. Retroussant ses manches, elle plonge les mains dans une bassine d’eau toujours disposée là et essuie ses doigts fins sur une pièce de toile pliée en deux juste à côté.

- Je vous ai suivi, pardonnez mon attitude, mais j’aime savoir qui se présente chez moi et savoir à qui j’ai affaire. Or, les corps parlent mieux que les langues, les gestes expriment mieux que les mots. A tout le moins…ils ne peuvent mentir facilement. Vous êtes ici, c’est que j’ai estimé que vous pouviez y être.

Elle revient près de lui, toujours en essuyant ses doigts.

- Vous êtes épuisé. Je l’ai vu à votre façon de conduire votre cheval qui est tout aussi fatigué que vous. J’ai entendu que le Comte d’Arétria vous envoie. Et j’imagine que, compte tenu de sa réputation, il ne vous envoie pas pour négocier des parfums ou des tissus.

Louise agite alors une petite clochette disposée là, non loin, avant de reprendre, d’une voix douce :
   
- Or, on négocie mieux quand on est reposé, lavé et rassasié.

Un domestique entre, passant la tête timidement, avant d’ouvrir la porte en grand.

- Ah, Merrik, te voilà. Voici le Seigneur de Terrefière. Il vient de loin. Je veux que tu conduises ses affaires dans une des chambres côté est, et que tu lui ouvres la salle d’eau. Tandis que notre invité sera occupé à se laver, demande à Maïethé de bien vouloir préparer un repas pour une personne de plus. Je serai deux à table, pour changer. Va.

Louise a un regard plutôt direct, sans détour, pour Marc-Aurèle. Il pourra comprendre qu’elle a l’habitude de commander et que généralement on ne lui objecte jamais rien. La châtelaine a un large sourire. Elle aurait pu profiter de l’état de fatigue du seigneur pour négocier à son avantage mais non, elle ne le fait pas. Elle ne voit que l’homme fatigué, qui a besoin de se remettre de son long voyage et qui a besoin de prendre un peu d’aise.

- Merrik sera à votre service, demandez-lui tout ce dont vous avez besoin pour votre entretien en ces murs, nous nous reverrons quand vous serez frais et remis de votre voyage.

Elle, elle ira s’enquérir du cheval du seigneur. Puis elle ira se changer. Parce que mine de rien, elle aussi, elle sent la sueur, le cheval, le cuir et un peu la poussière aussi.
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Marc-Aurèle de Terrefière
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2021 - 20:19

Suivant Louise jusqu’aux appartements qu’elle jugeait adéquat pour le recevoir, Marc-Aurèle détaillait les lieux. Il regardait la pierre, épaisse et forte, donnant une température agréable aux lieux, un endroit frais et étrangement moins humide que ce qu’il aurait cru. Détaillant ensuite la salle, Marc-Aurèle se retourna, et vit une Dame de Fernel se tenant droite, et arborant un léger sourire, avant de prendre la parole. Les propos de la châtelaine arrachèrent un sourire au seigneur de Terrefière, et un petit hoquet de rire. Le fait qu’elle l’ai suivi, et visiblement plus que bien analysé, fit comprendre à Marc-Aurèle que la jeune femme n’était point seulement très belle, elle était aussi une dotée d’un regard perçant et, à n’en point douter… D’une forte personnalité.
- Ainsi, votre regard semble aussi perçant que les prunelles d’un grand aigle volant dans les cieux. Votre confiance est un honneur. Je tâcherais d’en être digne, et de me montrer à la hauteur.

Lui dit-il, en inclinant légèrement le buste et en baissant la tête, en signe – évident – de soumission. Un geste qu’il n’appréciait point réaliser, mais dont il connaissait évidemment la signification. Il devait souvent ployer le genou devant Magnus de Terresang, et en ces lieux, et en cet instant, Louise était la châtelaine et la protectrice des terres de Fernel. En cette qualité, Marc-Aurèle n’était qu’un simple invité doté seulement d’un rang supérieur par rapport au commun des mortels. Et en cette qualité, de simple invité, Marc-Aurèle, tout imposant et fier guerrier qu’il était, devait se montrer humble, et se placer sous l’égide de son hôte, et ne jamais, ô grand jamais, tenter – volontairement ou non – de la supplanter.
- Vous avez raison, votre Seigneurie. Ma venue n’est point en ce but. Et je vous remercie de votre sollicitude, ce voyage m’a harassé. Dit-il, avant d’écouter les derniers propos de Louise. Une chambre, côté Est. Une salle d’eau, et la préparation d’un repas supplémentaire. Et le fameux Merrik, lequel se présenta bien assez rapidement. Lui témoignant son respect, le seigneur de Terrefière retourna son attention vers Louise. Votre Seigneurie, puis-je vous demander une faveur ? Le soleil est encore haut dans ce joli ciel qui est le vôtre. Et j’ai pu voir toute la beauté de vos champs et la maîtrise de vos paysans. Ai-je votre autorisation de sortir de l’enceinte du fort, afin de pouvoir me promener ?
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeVen 19 Fév 2021 - 10:42


La comparaison l’amuse. Elle lui rétorquerait bien qu’elle préfère les loups aux aigles, mais elle ne dit rien, elle se contente de le regarder, de cet œil curieux qui se pose toujours avec plaisir sur tout ce qui lui semble nouveau. Et Marc-Aurèle de Terrefière est une réelle nouveauté, un singulier mélange de dignité et de simplicité qui l’intrigue beaucoup. D’ordinaire, les rares nobles seigneurs qui lui rendent visite en son domaine ne se gênent pas particulièrement pour lui rappeler qu’elle est une femme et en se comportant parfois comme s’ils étaient déjà les maîtres des lieux, lorgnant les murs, jaugeant les richesses, détaillant son corps sans gêne. Le seul à avoir eu un peu de tenue est Brohan de Hoginheim, il y a de cela si longtemps. Le fait qu’un seigneur se comporte bien ici, dans ses murs, est donc tout à fait rafraîchissant.

Elle fait un signe de tête à Merrik comme pour lui dire en silence d’emmener le nouveau venu mais ce dernier pose une question. Une question lui fait hausser un sourcil.

- Mes invités ne sont jamais emprisonnés…Si vous désirez sortir de l’enceinte, rien ne vous en empêche, bien évidemment. Toutefois..

Un large sourire se dessine sur le visage de la châtelaine.

- …Ne comptez point arpenter mes terres seul. Je vous accompagnerai et vous ferai visiter ce qui me semble opportun.

Elle ne va certainement pas laisser un seigneur étranger se déplacer sans surveillance chez elle. Elle est jolie mais elle n’est pas stupide. La châtelaine les dépasse et sort de la pièce, avant de se raviser :

- Merrik, viens m’avertir quand le seigneur de Terrefière est prêt. J’ai des choses à faire. A tout à l’heure, Monseigneur.

Louise s’éloigne déjà, se dirigeant vers la sortie d’un pas souple et rapide. Lasgalen a besoin de soins. Le cheval de Marc-Aurèle également et elle compte bien veiller à ce que cette monture venue de loin soit bien traitée.


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Merrik conduira donc Marc-Aurèle dans une chambre du côté Est, au premier étage. Tout le côté ouest est occupé par Louise. Le reste de l’étage est occupé par Efren, l’ingénieur en charge des constructions et rénovations des défenses, il y a également l’office de l’Intendant, les appartements du capitaine de la Garde, Aymeric Atréis, quelques chambres pour les invités et la salle d’eau.

La chambre est tout à fait convenable, simple et confortable. Un grand cadre de lit en bois solide accueillant un matelas de paille épais et douillet recouvert de tissu agréable au toucher, il y a également des couvertures de laine douce, un petit tapis au sol et un âtre que s’empresse d’allumer le serviteur tandis que le seigneur observe les lieux. Il y a une grande fenêtre à croisées, dispersant une lumière chaleureuse sur deux chaises de bois et un petit coffre de chêne sur lequel sont disposés une cruche et un petit bassin pour la toilette du matin. L’ensemble est plutôt accueillant tout en étant dépourvu d’or et d’argent, un endroit simple qui invite au repos.

Lorsque Marc-Aurèle le souhaitera, Merrik fera préparer la petite salle d’eau, qui contient une grande cuve de bois, un âtre et, fait surprenant, des linges souples et des petits cubes odorants, dégageant une délicieuse fragrance de fleurs. De l’eau chaude sera déversée dans la cuve, Merrik aidera le seigneur à se défaire de son amure s’il en a besoin, et le laissera prendre tout le temps dont il a besoin, tout en répondant à ses questions s’il en a.

De son côté, Louise s’est occupé de son cheval, a demandé à ce que la monture de Marc-Aurèle soit prise en charge et est rentrée dans ses appartements pour se laver sommairement et se changer. Une visite des lieux nécessite une tenue adaptée, quelque chose d’avenant et de simple. Elle délaisse les velours et les soies, les voiles de Thaar, pour une robe de laine bleue qui couvre ses pieds. Une chemise de toile beige, une robe propre aux jolis galons argentés sur le bas et sur les manches, rien ne peut vraiment la distinguer d’une habitante du bourg si ce n’est qu’elle porte à sa taille la même ceinture pourvue d’une dague et sur son front ce cercle de métal agrémenté de feuilles de chênes stylisées. Un ornement qu’elle apprécie particulièrement. Une paire de bottines souples, une coiffure tressée, et elle est prête, ne s’encombrant pas spécialement de coquetteries.

Elle attend, en lisant des rouleaux, silencieuse dans son bureau, observant avec attention la carte d’Arétria laissée par le précédant intendant, celui qu’elle a fait pendre haut et court dans la cour du château, pendant que le seigneur de Terrefière se prépare.


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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeVen 19 Fév 2021 - 15:28

Ainsi donc, ces épais murs n’étaient point une prison. Ce serviteur n’était point un espion, et la douceur de la jolie châtelaine, point un stratagème fait de mensonge et de manipulation. Les invités, ici, ne sont jamais emprisonnés… Et de plus, Louise souhaitait accompagner Marc-Aurèle afin de lui faire une sorte de visite privée des terres de la jeune femme. Et, avec la légèreté de sa tenue et le mystère de son regard pétillant, la jeune femme quitta la salle, ne laissant à Marc-Aurèle que le temps de baisser le buste pour la remercier de toutes ses charmantes attentions.

Merrik accompagna donc Marc-Aurèle jusqu’aux appartements du côté Est du château. Emboitant le pas de son serviteur du moment, le seigneur de Terrefière pu regarder avec une curiosité tout à fait saine, l’agencement de ces lieux. Un grand lit, quelques fournitures et du mobilier, un âtre très vite allumé par le dénommé Merrik, un espace de confort… Et la fameuse salle d’eau.

Alors qu’il regardait les murs de cette chambre, Marc-Aurèle aperçu quelques reliquats de traces des anciens coups de pioches, ceux-là même qui permirent aux ouvriers de jadis d’extraire la pierre qui, maintenant, était agencée ici. Les pierres furent foncées afin d’éliminer ces anciennes traces, mais quelques coins furent oubliés. Ce qui ne dérangea point Marc-Aurèle, bien au contraire. L’histoire, avec un grand « H », l’intéressait avec la même avidité qu’un nain avec son tas d’or. Se dire que ces pierres furent extraites voilà des années, et qu’il en observait aujourd’hui les vestiges, revêtait une aura… Passionnante.
- Merrik ? Auriez-vous l’amabilité de préparer la salle d’eau ? Puis de m’aider avec mon armure ? Je suis définitivement très curieux de pouvoir arpenter les terres de la Dame de Fernel avec mes propres pieds, et non sur mon puissant étalon.

Et le serviteur, conformément aux ordres dispensés par Louise, s’exécuta. Préparant la salle d’eau, il laissa le temps à Marc-Aurèle d’installer ses affaires. De son épaisse besace, le seigneur de Terrefière sortit son armure de cuir, plus légère, correctement coupée, et la plaça sur un accessoire de bois, la déposant correctement et avec soin, de sorte que les plis puissent disparaître et qu’elle puisse trôner là, correctement. Puis vinrent les affaires plus… Discrètes. Les braies, les bas en laine, l’habit de nuitée, la dague aussi – car il ne fallait point l’oublier – et, évidemment, la grande claymore, la fidèle épée longue de Marc-Aurèle, qu’il ne quittait presque jamais.

Puis, le seigneur ouvrit une des fenêtres, et pu profiter, depuis les hauteurs, du magnifique paysage qui se déroulait jusqu’à l’horizon. Il observa la forêt étendue, clairsemée et aux frondaisons basses, puis les champs, plus grands encore. Là, quelques routes traversant l’endroit, des routes propres, pavées, protégeant les sabots des chevaux qui trottaient ça et là. Et un magnifique vol d’oiseaux dont le paysan de Terrefière ne parvenait point à trouver la race ni l’origine. Seraient-ce des rapaces ? Ou de petits oiseaux forestiers ? En tout cas, l’ambiance de ces lieux ressemblait davantage à ce que certains nomment comme une « bulle ». Vous savez ? Un instant doux, que l’on ne souhaiterait ni oublier, ni voir s’efface, ni quitter d’aucune manière que ce soit. S’il le pouvait, Marc-Aurèle resterait là, sagement… Durant des heures.

Mais voici que Merrik avait terminé sa tâche. S’approchant de Marc-Aurèle, ce dernier quitta malgré lui le spectacle de la fenêtre, et se plaça au centre de la pièce. Habilement, avec maîtrise, le serviteur parvint à soulever les plaques et à délier les cordons de cuir qui reliaient les pièces entre-elles et sur le corps de son porteur. Les unes après les autres, les pièces d’armures tombèrent et délivrèrent le seigneur de Terrefière de leur emprise, lui offrant une certaine bouffée d’oxygène. Correctement, consciencieusement, Merrik déposa l’armure sur un second portoir de bois, et lorsqu’enfin les jambières purent être retirées… Marc-Aurèle se retrouva vêtu seulement de ses braies de jute, et d’une longue chemise tâchée de sueur. Il n’avait point fière allure, sinon grâce à sa grande taille et à ses muscles très développés.

Merrik lui indiqua le chemin à prendre. Une fois dans la salle d’eau, Marc-Aurèle abandonna ses derniers vêtements, et il les plia correctement – et lui-même – sur une petite chaise. Il se plongea dans le bac de bois, dont l’eau chaude détendait le moindre de ses muscles. Était-ce parce qu’il était Arétan ? Ou était-ce dû à ses propres préférences ? Mais la chaleur de l’eau aurait pu être plus grande encore, lui qui appréciait l’eau brûlante sur sa peau.

L’instant était délicieux, et il dura sans doute plus que de raison. Mais une fois Marc-Aurèle propre et séché, ce dernier enfila une tenue propre, et son armure de cuir, plus légère, plus respirante aussi. Serrant la ceinture, plaçant sa claymore dans son dos, chaussant ses chaussures de cuir doublées afin d’être aussi confortables que résistantes, il était tout à fait prêt !

Il se rendit alors directement dans la cour, derrière les remparts du château, ceux-là même qu’il franchit en compagnie de Louise, à côté de l’écurie où devait se trouver sa propre monture. N’ayant point oublié la volonté de la châtelaine, Marc-Aurèle attendait là, que Merrik puisse prévenir Louise et que cette dernière puisse le rejoindre. En attendant, il regardait un forgeron travailler une pièce de fer qui, sans doute, devait être le début d’une nouvelle lame.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeDim 21 Fév 2021 - 14:13


Arétria est un fief qu’elle connait peu. Lors de son périple qui l’a menée à Papincourt, elle a entendu parler de la réputation de son Comte, le bouillonnant Magnus de Terresang. Elle a entendu des choses étonnantes, d’autres qui le sont moins, à propos de lui. Un homme âgé, aigri, violent, bref…l’exemple même d’homme avec lequel Louise ne pourra jamais s’entendre. Elle imagine que c’est le genre d’homme à prendre les femmes pour des idiotes et à les traiter comme telles, à partir le matin sur son cheval, puant de manque d’hygiène, l’épée au clair, à massacrer à tour de bras quiconque se dresse sur sa route pour revenir à la nuit tombée, prendre sa femme sur un coin de meuble afin d’évacuer la pression d’une longue journée et à en plus lui demander de lui masser les pieds en le remerciant pour l’honneur qui lui a été fait. C’est du moins ce qu’elle a pu entendre dans les auberges, lors des conversations du soir, lorsqu’elle tendait l’oreille pour tout entendre…Comme toutes les rumeurs d’auberge, elle les prend bien entendu avec la plus grande réserve, préférant se faire sa propre opinion, ainsi qu’elle agit avec tout le monde. Peut-être était-ce des racontars d’hommes ivres, d’hommes rancuniers, bref, de personnes qui ont des griefs. Peut-être pas. Elle ne le saura que lorsqu’elle rencontrera le Comte en personne.

Louise suit du bout du doigt les contours du Comté d’Arétria et repère Terrefière. Assise sur son petit fauteuil de bois, elle réfléchit quelques instants. Que vient donc faire ici le seigneur d’une terre si éloignée de la sienne, envoyé par ce Comte dont elle ne sait presque rien ? La châtelaine regarde par la fenêtre, pensive. Elle n’a presqu’aucun contact avec la noblesse de Péninsule, à part un ou deux auxquels elle pense avec un sourire. Fernel est un petit domaine qu’elle protège avec la plus grande vigilance des belliqueuses velléités de ces seigneurs péninsulaires pour qui la guerre est un loisir. Elle veille sur son peuple comme une louve sur ses petits, et la comparaison n’est pas du tout exagérée. Alors, quoi ?

Elle repose la carte sur la petite table et se remémore le seigneur de Terrefière. Grand, plutôt digne avec des manières simples, on sent le seigneur de campagne tout de suite. L’œil exercé de Louise n’a pas manqué de le souligner. Il est plutôt humble, respectueux, pour le peu qu’elle a pu en voir, et aussi protecteur envers les plus faibles. Son attitude vis-à-vis de cet enfant à l’entée principale du bourg ne lui a pas échappé non plus. Rien qui n’indique un être vil. Pourtant, elle n’a pas confiance. Les hommes de Péninsule sont tous, peu ou prou, semblables. Habituée à ce qu’on la prenne pour une faible femme sans défense, elle a un sourire. Bien malin est celui qui songe venir ici en terrain conquis. C’est mal connaître la châtelaine qui est alertée par un bruit de pas dans les corridors puis dans le grand escalier. Un coup à sa porte. C’est Merrik.

- Dame Louise, le seigneur de Terrefière est dans la Cour.
- Merci Merrik.

Elle replie la carte et drape ses épaules de sa petite cape de tous les jours, vérifie que sa dague est bien accrochée à sa ceinture et elle sort, glissant le long du corridor avec un sourire espiègle. Elle le trouve dans la cour intérieure, non loin de la forge, à observer Gontrand manipuler le métal avec précision. La châtelaine envisage l’épée qu’il porte avant toute autre chose et vient ensuite se placer à côté de lui.

- A la bonne heure ! Vous avez meilleure mine. Tout était-il à votre convenance ?

Elle est charmante. Ce n’est pas calculé. Louise est ainsi envers toute personne franchissant la porte de son château pour autant qu’on se tienne bien. Elle regarde Marc-Aurèle.

- Je me suis occupée de votre monture. Vous êtes au Havre des chevaux ici, il sera traité, soigné et nourri comme un prince, ne vous inquiétez pas pour lui. Je l’ai installé en compagnie de Lasgalen, ma monture, et d’Ombre, un destrier d’Estrevent. Vous pouvez aller le visiter quand vous le souhaitez, bien évidemment. Mes palefreniers sont déjà occupés à prendre soin de votre selle afin d’y apporter l’une ou l’autre réparation.

Là aussi, rien que de l’habituel pour Louise. Un cheval mal sellé est un cheval mal conduit. Nul doute que ses gens parviendront à améliorer les choses concernant le confort de cet animal qui est arrivé épuisé dans sa stalle.

- Que voulez-vous visiter en premier, Monseigneur ? Les chênaies ? Les champs ? Le bourg peut-être ?

Une promenade informelle pour discuter de choses plus formelles, comme – entre autres – l’objet de sa présence ici.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeLun 22 Fév 2021 - 18:28

Si Marc-Aurèle n’avait point été paysan, ni éduqué afin d’être un puissant bretteur et un seigneur combattant, il aurait sans aucun doute souhaité se diriger vers les arts de la forge. Le bruit du marteau frappant le métal était une musique qui, bien qu’assourdissante parfois, demeurait apaisante, véritable hypnose aussi bien visuelle qu’auditive et sensitive. La sensation vibrante du marteau frappant l’enclume se propageant dans la main, le bruit du métal, véritable son pur et cristallin, le mouvement mesuré, précis, de la tête s’abattant encore et encore… Et les étincelles.

Marc-Aurèle savait toutefois qu’un bon métal ne devait produire aucune étincelle lorsqu’il était martelé. Les étincelles produites étaient les résultats de l’élimination par la frappe de toutes les impuretés incrustées dans le métal porté à blanc. Des impuretés présentes à cause du métal, déjà impure à l’état de minerai ou de filon. Mais le plus souvent, ces impuretés étaient dues à une température insuffisamment chaude, ou un creuset point assez hermétique. Débarrasser le métal de ses impuretés était une étape essentielle, vitale même, afin que l’objet forgé puisse-t-être aussi solide que fiable.

La douce voix de la dirigeante des lieux arracha Marc-Aurèle à sa rêverie. Se retournant, il offrit à son interlocutrice un sourire sincère, avant de se retourner vers l’artisan, et de le remercier silencieusement, d’une inclinaison du buste et une plus accentuée du visage. Et puis, il se retourna vers Louise, lui répondant avec un sourire :
- La chambrée, et votre serviteur, ont été à l’image de vos terres : charmants, attentionnés et magnifiques. Je vous en suis grandement reconnaissant ma Dame. Dit-il. Puis, il écoute les propos de Louise de Fernel. Savoir son destrier ainsi entre de bonnes mains est un soulagement, et une joie pour son cœur. Heureux, il se laisse aller à un sourire plus large encore. Encore une fois, merci, ma Dame. Vos charmantes attentions à l’égard de mon destrier est une félicité. Je vous en suis très chaleureusement reconnaissant.

Ainsi, son cheval était comme un coq-en-pâte. Bichonné, pomponné, soigné, choyé… Nul doute qu’il s’en souviendrait longtemps, et que Marc-Aurèle allait devoir, dans le futur, améliorer l’état de ses écuries afin de tenter – si possible – d’égaler la maîtrise de la vie équine de ces lieux. La question de Louise ne demanda à Marc-Aurèle qu’une demi seconde, pour être répondue :
- Vos champs ont captivés toute mon attention. J’aimerais les voir, et ressentir votre terre qui semble si nourricière. M’y autorisez-vous ? Je vous suivrais comme votre ombre.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeMar 23 Fév 2021 - 11:08


Le visiteur est totalement dithyrambique à propos de l’accueil qui lui a été réservé, au point que la châtelaine en esquisse un sourire amusé. Visiblement, il ne connait pas Fernel comme l’écrasante majorité des nobles de Péninsule. Le bon accueil, le respect de l’invité sont des choses qui sont prises tout à fait au sérieux ici. Si sous le règne d’Eudes de Fernel les choses avaient eu tendance à se laisser aller à ce sujet ce n’est plus du tout d’actualité depuis que Louise dirige les lieux.

- Quiconque entre ici avec respect et sans intention malveillante a droit à tous mes égards. C’est ainsi que je dirige et que je dirigerai toujours. J’ai vu la façon dont vous avez protégé cet enfant à l’entrée principale…Beaucoup de nos pairs n’auraient pas eu cette attention, de veiller sur les faibles. Les cœurs sombres et vils ne s’inquiètent jamais des plus petits ou des plus fragiles.

Elle parle d’une voix tranquille, tout en observant le travail de Gontrand, d’un air pensif.

- Quant à votre cheval, il n’est pas impossible qu’il rechigne à partir…Le destrier estreventin que j’héberge en ce moment s’est par exemple totalement acclimaté et je ne suis pas certaine qu’il repartira un jour vers les terres du soleil.

Elle retient un petit sourire. Ombre vit bien, entouré d’attentions, comme un coq en pâte, il a les meilleurs soins, il est tel un prince, en compagnie de Lasgalen et d’une chèvre, placée dans sa stalle. Louise lui rend visite aussi souvent que possible, lui parlant en Olyian, comme le faisait Dante.

- Suivez-moi, Monseigneur.

Elle replace sa petite cape et s’éloigne déjà, de ce même pas souple et léger, en direction de l’extérieur et des champs. Là encore, au milieu des gens de Fernel, Louise prend le temps. Le fait qu’elle soit accompagnée ne change strictement rien à son attitude, elle s’arrête, elle écoute, elle reçoit un hommage ou l’autre, un morceau de pain à gouter qu’elle partage avec son invité, sans jouer la carte du protocole et de l’étiquette. Elle n’a pas le temps pour cela et de toute façon elle a bien senti que cela ne ferait qu’embarrasser le seigneur étranger. Elle écoute, beaucoup. Elle parle, peu. Et surtout, elle note tout dans sa tête, les soucis, les ennuis, les bonheurs et les demandes, renvoyant souvent vers l’Intendant, souriant parfois à un bon mot mais restant toujours digne et réservée, sans en faire trop.

Parvenus à l’enceinte extérieurs, les gardes s’inclinent et les laissent passer, les observant tandis qu’ils s’éloignent à pied, en direction des champs les plus proches. Louise tend alors son bras vers les montagnes :

- Les Monts D’or sont ma meilleure protection. Tout autant que mes remparts. Derrière les montagnes, il y a Oesgard.

Elle continue et approche d’un premier champ labouré avec soin et ensemencé récemment, assez en tout cas pour que de minuscules plantes s’extirpent du sol.

- Comment est-ce, Terrefière ? Racontez moi…

Louise le laisse tout observer et ne manque de l’observer en retour, avec la plus grande attention. Elle ne connait pas grand-chose au comté d’Arétria et elle est désireuse d’en savoir davantage.

- Est-il vrai, par exemple, que le Comte d’Arétria chevauche toute la journée pour décapiter des bandits à coup d’épées, Monseigneur ? C'est ce que j'ai entendu dans les auberges, alors que je me rendais avec mes hommes vers le Sud...
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeMar 23 Fév 2021 - 17:05

Louise était une finaude observatrice, c’était maintenant tout à fait acquis dans la conscience de Marc-Aurèle. Assaillie de toute part comme elle le fut tout à l’heure par une petite armée d’enfants, elle aura tout de même eu la présence d’esprit et la capacité de regarder ailleurs, notamment les faits et gestes d’un individu nouveau, inconnu, potentiellement dangereux – à en juger à ce moment là par la grande claymore et l’épaisse armure. Observatrice, mais aussi prompt à deviner rapidement les intentions de la personne qui lui fait face. Soudainement, Marc-Aurèle devina que les négociations seraient plus ardues qu’il l’aurait pensé. Nul doute que Louise a dû profiter de ces heures de repos pour préparer son sujet, et peut-être même aura-t-elle lancé des précepteurs pour lui enseigner la géographie des lieux d’Arétria, ou les rumeurs, ou leurs ragots… L’histoire du Comté sans doute… Si Marc-Aurèle était à la place de la châtelaine, c’est ce qu’il aurait fait. Prendre le plus d’avance possible sur son interlocutrice, afin d’avoir plusieurs coups d’avance… Ou au moins une clairvoyance plus complète.
- Si les forts ne prennent point soin des faibles, alors nous ils ne valent guère moins qu’un vulgaire gibier. Fort heureusement, tous les seigneurs et toutes les dames ne sont point aussi vilement constitués. Je suis fort aise que vous me jugiez comme différent de ces sauvages. Et j’espère tout de même retrouver mon destrier ! Il m’accompagne depuis si longtemps, que je ne pourrais point monter d’équidé autre que lui.

Un petit rire secoua sa voix, alors qu’il imaginait facilement le cheval ruer et refuser d’avancer pour sortir de l’écurie et du corral. Visiblement, c’était une possibilité plus qu’envisageable.

Le seigneur de Terrefière suivit alors la châtelaine avec une curiosité non feinte. Bien vite, les deux seigneurs quittèrent la sécurité des enceintes extérieures, et se trouvèrent au beau milieu de cette immense campagne. Les Monts d’Or, décrits par Louise, offraient une sécurité ô combien intéressante d’un point de vue stratégique, et la demoiselle de Fernel l’avait évidemment compris. Et sans doute en usait-elle avec une intelligence qu’aucun homme n’aurait soupçonné. Son attitude transpirait effectivement la hardiesse et la vigueur, couvertes toutes deux sous les soieries d’une demoiselle protocolaire.

La question de la châtelaine le sortit de sa contemplation. Une contemplation des Monts, des champs et de la châtelaine, qui se déplaçait avec grâce et volupté. Il s’empressa de répondre, un large sourire illuminant son visage alors qu’il pensait avec nostalgie à son hameau, ses gens… Et sa vie.
- Terrefière… Et bien, c’est un petit bourg de 150 âmes, vivant paisiblement de la terre, des forêts et de la faune et de la flore. Nous n’avons point de forteresse digne de ce nom, point même de palissade. La vocation de mes terres n’est point martiale, mais purement agricole. Seule ma demeure est faite de brique, mais le reste n’est que chaumières. Les champs s’étendent à perte de vue, dorés, couleur bronze ou d’un vert profond. Nous sommes le grenier de Terresang. Mais mon bourg dispose d’une auberge, d’un forgeron et de tout l’artisanat nécessaire. Nos routes sont boueuses, point aussi belles que les vôtres… Mais nous vivons heureux. Et l’étranger est toujours bien accueillis, du moment que ce n’est ni la mot ni le feu qui l’anime.

A mesure qu’il parlait, lui et la châtelaine passèrent au milieu des routes, et arrivèrent bien vite véritablement au milieu des champs et des potagers, les murailles s’éloignant derrière eux. Mais voici que Louise revenait à la charge, en parlant… De celui qui avait commandité la venue de Marc-Aurèle sur les terres de Fernel. Marc-Aurèle eut un petit rire hoqueté face aux ragots évoqués par Louise. Riant doucement, il ne tarda point à répondre.
- Le Comte Magnus de Terresang est un homme d’arme, cela est la vérité, mais il n’est point coureur de contrées en recherche de mort. La Malelande est une terre de guerre, et de violence, cela est vrai, mais elle a été secouée par plusieurs révoltes, et dirigée par des souverains malveillants. Sa Grandeur fait tous les efforts du monde pour pacifier la Malelande, et en faire une terre accueillante, sécurisée et propice à la vie. Et pour cela, la justice doit être expéditive.

Une justice menée par le fer, dirigé d’une main forte et ferme. Nul doute que cette justice ne soi point appréciée par tout le monde… Sans doute n’est-elle point un exemple d’humanité. Mais après toutes ces guerres, toutes ces révoltes, toutes ces famines, et avec tous les bandits qui rôdent… Comment faire autrement ?
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeJeu 25 Fév 2021 - 13:56


Elle l’écoute, évidemment. Elle le fait parler à dessein, pour bien le comprendre et essayer de percevoir les contours de cette personnalité nouvelle qui vient d’entrer en son domaine au nom d’un autre. Louise est excessivement prudente et sur ses gardes, même si cela ne se ressent pas. Au contraire, elle demeure parfaitement affable et courtoise, aux côtés de ce seigneur qui observe la terre avec une tendre curiosité, ce qui l’amène à sourire.

Il parle de sa terre avec amour et fierté, il raconte les champs, elle peut presque les voir, ces étendues de verts, de bronze et d’or sous un soleil d’été. Elle observe ses propres terres, différentes, aux pieds de hautes montagnes aux sommets enneigés, les chênaies, les chevaux, la terre cultivée…

- Le drainage…

Elle a dit cela dans un souffle, tout en serrant sa petite cape contre elle, pour se prémunir du vent léger qui se lève.

- Le drainage et le pavage permettront à vos routes de devenir praticables…Cela étant, je comprends un peu mieux pourquoi votre cheval avait de la boue si profondément enfoncée sous son pied et pourquoi le sabot était aussi souple…

Louise esquisse un petit sourire avant de le laisser reprendre la parole, des paroles à présent bien flatteuses concernant le Comte d’Arétria. Là encore, elle ne se permet pas vraiment de l’interrompre, elle l’écoute volontiers car c’est précisément ce qu’elle voulait entendre : la façon dont il parle de son suzerain. Les ragots et les rumeurs sont une chose, les paroles d’un seigneur en sont une toute autre, bien plus fiables même si elles sont orientées. Ayant elle-même une pitoyable opinion de son suzerain, elle sait à quel point les paroles peuvent être soumises à interprétation aussi reste-t-elle également prudente en recevant un portrait aussi différent de tout ce qu’elle a pu entendre.

Selon Marc-Aurèle de Terrefière, Magnus de Terresang est donc un noble seigneur qui prend à cœur les intérêts de son comté et de son peuple, ce qui est un bon point pour lui. Elle-même est de cette trempe-là, prête à tout pour défendre les personnes dont elle est responsable. Louise note au passage que le comté semble en un état pitoyable, une terre de violence et de combat, une terre qui semble ravagée par les conflits, ce qui corrobore dans une petite mesure les rumeurs qu’elle a entendues sur son chemin vers Papincourt. La châtelaine a un regard pour son invité.

Un territoire en guerre a besoin de ravitaillements, de toutes sortes. La boue semble être un obstacle aux déplacements, il y a probablement des pillages, des vols, des incendies, tout ce qui accompagne les rebellions et les soulèvements. Le Comte a probablement besoin de choses spécifiques mais lesquelles ? Et surtout, que pourrait apporter Fernel à Arétria ? Voilà qui pique justement sa curiosité, qu’elle contient pourtant en disant, d’une voix claire :

- Je ne voulais pas manquer de respect au Comte. Je ne le connais pas personnellement, je devais donc me fier à ce qu’on voulait bien m’en dire. Je suis ravie d’avoir eu l’opinion de quelqu’un qui le côtoie et qui le connait bien.

Parce que Louise est ainsi. Elle se fait sa propre opinion seule, en rencontrant les gens, pour éviter les partis pris. Avoir plusieurs sons de cloche lui permet, en l'absence de rencontre, de se faire une idée plus ou moins correcte de la personne dont il est question.

- Arétria est loin d’ici, une terre dont on parle peu, à Fernel, parce que nous avons peu de contacts avec le reste de la noblesse de Péninsule. Alors dites-moi, Monseigneur…

Elle l’observe directement à présent, sans détour.

- …que possède donc Fernel qui pourrait être utile à Sa Grâce ? Quel est le but de votre visite ?

La voix est douce et posée mais qu’il ne s’y trompe pas. Louise est tout ouïe et dans son esprit un nombre conséquent de rouages est déjà en train de se mettre en branle.


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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeVen 26 Fév 2021 - 19:40

Que serait devenu Marc-Aurèle, s’il n’avait point été élevé par sa douce et tendre mère ? Que serait-il devenu, si cela avait été son paternel, violent, rustre et fort, qui s’était occupé de cette éducation ? Serait-il devenu un guerrier sanguinaire ? Un bandit de grand chemin ? Un noble aux aspirations et commandements sombres, obscurs, tourné vers la guerre ? Serait-il devenu le petit seigneur au physique d’Ours mais au cœur tendre ? Serait-il devenu ce dirigeant nobliau proche de son peuple, proche de leur réalité ? Et que serait-il devenu s’il avait grandi entourer de murailles hautes et épaisses ? Entouré de domestiques ? Bercé dans la soie, noyé sous les dorures ?

Nul doute, pour Marc-Aurèle lui-même, qu’il n’aurait jamais pu être aussi heureux. Nul doute qu’il n’aurait jamais appris à apprécier les petits instants de la vie. Aucun doute qu’il ne se serait jamais extasié sur la beauté de voir un champ de blé s’animer sous les doux assauts du vent, les épis se mouvant ensemble, dans une vague ondulante, véritable hypnose pour l’esprit. Il n’y avait pas d’autres richesses que celle de la terre. La terre, c’est ce qui fait tout pousser ici-bas. L’on se nourri de la terre, et l’on nourri le peuple. Ont nourri les esprits, ont nourri les corps. De la terre pousse le blé, les fruits et les légumes. Les arbres, les plantes, l’herbe, les fleurs, y naissent et y meurent, offrant de grands spectacles, façonnant les paysages, les eaux et les reliefs. Aucune forteresse ne tiendrait debout, sans que ni le seigneur y résidant, ni les ouvriers y travaillant, ni les serviteurs qui y résident, ne puise de la terre ce qu’il fallait pour vivre et être nourri. Marc-Aurèle aimait sa vie… Même si celle-ci s’apprêtait à changer.

L’information donnée par Louise attire l’attention du petit seigneur de Terrefière, vavassal du Comte d’Arétria. Le drainage. Evidemment, cette technologie était connue de Marc-Aurèle, et des ingénieurs d’Arétria… Le problème, c’est le financement. Terrefière est pauvre, si pauvre que la seule demeure qui puisse réellement résister à une tempête de petite envergure, c’est celle de Marc-Aurèle. Elle est l’unique demeure qui soit construite en brique, lorsque tout le reste n’est que chaumière.
- Oui, le drainage… Mais le chantier est immense, bien trop coûteux. Si je contractais une dette si colossale, mes enfants, mes petits-enfants et mes arrières petits-enfants, et ceux encore après eux, s’échineraient à la rembourser, quitte à étouffer sous le prix de cette dette. Mais votre conseil me conforte dans ce projet, merci beaucoup ma Dame.

Et voici que la Dame de Fernel embraye sur le sujet qui est le cœur du pourquoi de la venue de Marc-Aurèle si loin de chez lui. Qu’est-ce qu’Arétria pouvait bien chercher ? Qu’est-ce le Comte Magnus désirait ? Il ne l’avouerait pas – ou pas tout de suite – mais Marc-Aurèle se sentit… Déstabilisé. Par cette sortie, sur les terres de Fernel, Marc-Aurèle désirait seulement s’en mettre plein les yeux. Il voulait toucher du doigt les épis de blé, prendre une motte de terre dans sa main et la sentir s’effriter sous ses doigts, profiter de la moindre odeur de ce terreau fertile…
- Désirez-vous réellement en parler maintenant ? Cela ne pourrait-il point attendre quelques heures, le temps pour moi de découvrir vos terres ? Je ne souhaite pas vous commencer ma Dame, à aucun moment. Si discuter ici et maintenant est votre décision, je m’y plierais sans plus de questions.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeLun 1 Mar 2021 - 12:39


Quel homme étrange…Il arrive à Fernel en armure, l’épée dans le dos, sur un cheval qui aurait bien besoin d’un repos de plusieurs ennéades, puis il se métamorphose en gentilhomme fermier, propre et attentif, limite à caresser la terre de ses yeux. Un savoureux mélange de noblesse et de paysannerie qui ne manque pas de l’intéresser. Car voyez-vous, les personnes telles Marc-Aurèle sont plutôt rares dans la vie de Louise. Il faut dire que ces derniers mois, elle a plutôt cotoyé la haute noblesse, et même des rois étrangers. Quand elle y songe, il est un des rares seigneurs du même rang qu’elle à venir ici, chez elle, et à se comporter comme elle, loin du protocole empesé qui freine si souvent la spontanéité.

Or, de spontanéité il est ici question puisqu’il n’est pas tellement dans la nature de Louise de tourner autour du pot et de pratiquer la langue de bois. Autant elle peut être d’une exquise délicatesse, autant elle peut avoir parfois la finesse d’un char lancé à vive allure et que rien ne peut arrêter.

- Ce que vous avez à dire est donc si solennel que cela nécessite un décorum de pierre et un verre de vin aux épices près d’une bonne flambée ?

La chatelaine lui sourit gentiment avant de regarder ailleurs, pensive.

- Vous n’êtes pas un homme de cour. Cela se voit tout de suite. Je ne connais aucun de nos pairs qui serait prêt à caresser la terre des yeux comme vous le faites, tout en la regardant comme si c’était votre fiancée. Vous n’avez pas les manières parfois pompeuses de ces grands seigneurs que l’on retrouve si souvent dans les grands événements officiels. Et cela me surprend parce que je n’ai guère l’habitude de rencontrer des personnes telles que vous, je dois dire que c’est plutôt…nouveau, pour moi.

Elle replace habilement la cape et tend la main vers l’avant, pour lui indiquer de reprendre la marche, ce qu’elle fait, de son pas lent et souple.

- J’ai pensé que peut-être vous seriez plus à l’aise de la sorte, d’autant que nous sommes seuls, personne ne peut nous entendre…

Alors qu’au château, les oreilles qui trainent ne manquent pas.

- Mais soit, je m’en voudrais de vous causer le moindre inconfort. Suivez-moi, Monseigneur.

Ils traversent le petit champ pour atteindre alors une des nombreuses chênaies de la seigneurie. Louise lui indique le chemin, prévenante, lui expliquant les chênes, les plantations raisonnées, les coupes et les abattages qui le sont tout autant, avant de parvenir au centre de celle-ci, là où se trouve le plus vieil arbre de la seigneurie, non loin du château. Un tronc à l’imposante circonférence, de hautes branches noueuses, certaines portant un lichen moussu et étrange se balançant au gré du vent, l’arbre est vieux, très vieux, mais toujours vert. Splendide. D’une valeur sentimentale inestimable. Elle pose sa main sur l’écorce et sourit avant de dire :

- Voici l’arbre que l’on retrouve sur mes armes. Le chêne de Fernel. Toujours vert. Toujours vaillant. Imperturbable. Tous les chênes plantés ici proviennent de cet arbre.

Elle a un sourire pour cet arbre respecté avant d’aviser un des nombreux glands qui sont au sol. La châtelaine a un sourire espiègle, en ramasse un et le lance à son invité, amusée :

- Un cadeau de roi, croyez-moi…Le roi des Nains en possède un lui aussi. Je lui en ai offert un pour son mariage.

Elle lui permet de tout regarder, l’ordre, l’entretien, les paysans qui passent et repassent, les bras chargés de petits bois, les enfants là-bas qui les espionnent, en se cachant derrière les troncs. Louise secoue la tête en ajoutant :

- Oubliez-ce que j’ai dit tout à l’heure, nous sommes suivis et épiés, Monseigneur. Une redoutable escouade d’enfants. Les meilleurs éclaireurs du monde.

Elle tousse un peu pour s’éclaircir la voix et dit, d’une voix théâtrale :

- Quel dommage…Et dire que j’ai dit au boulanger tout à l’heure de ne plus faire des oublies pour les enfants, quel gâchis…Que va-t-il donc faire de tout cela maintenant, je vous le demande…

Une nuée de galopins en tunique se disperse alors, courant vers le château avec des cris de joie. Le bois est traversé d’une dizaine de paires de petites jambes qui courent vers les remparts en criant, ce qui fait rire la chatelaine.

- C’est un de mes rares plaisirs…Donner à ceux qui en ont besoin, surtout à ces petits qui n’ont pas de parents. Et vous, Monseigneur, à quoi occupez-vous vos journées, à Terrefière ?


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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeMar 2 Mar 2021 - 20:10

Le paysan qu’il était reconnaissait les céréales qui dansaient sous les calmes assauts du vent, au premier coup d’œil. Leurs mouvements, ondulés, pliant sans jamais rompre, rendaient l’impression de faire face à un océan couleur d’or. Marc-Aurèle reconnaissait aussi les sillons réalisés par les paysans à grands renforts de charrues et de bestiaux de traits, ces cicatrices terrestres étaient le ventre qui accueillaient les graines qui poussaient bien vite. Au loin, délimitant les parcelles, des buissons, des vergers et des arbres plus ou moins touffus, permettaient aux paysans de connaître les limites de leurs champs.

Le vent fouettait son visage, faisant danser ses cheveux et quelques poils de sa barbe épaisse. Respirant à plein poumon, le petit seigneur pouvait ressentir cette saveur printanière dans les airs. Vous savez ? Cette saveur si particulière, que l’on ressent les jours de Printemps et d’Eté, lorsque l’on profite de la chaleur et des rayons du soleil, après un hiver rude. Ces instants où vous êtes à l’extérieur, où tout vous semble savoureux, ou tout vous semble… Magique. Eh bien Marc-Aurèle ressentait tout cela. En cet instant, il ne désirait être nulle part ailleurs qu’ici, face à ces champs, à ces paysages.

Alors qu’il marchait avec Louise, Marc-Aurèle ne pu se retenir de faire une chose : toucher et sentir la terre. Quittant la route, il fit quelques pas vers un de ces champs, et dès les premières pousses à porter, il s’agenouilla. Son épaisse pogne droite vint caresser la terre, et s’y enfoncer doucement, arrachant une poignée de terreau – sans qu’il n’y ait ni de pousses ni de graines – et il la passa d’une main à l’autre. Il effrita la terre, la fit tomber d’une main placée en hauteur jusqu’à une main plus bas, regardant les grains de terreau se comporter face aux assauts du vent. Il passa sa main pleine de terreau sous non nez. Nul doute, cette terre était de qualité. Il rendit le terreau à la terre, et fit quelques pas en retrait, rejoignant Louise qui lui offrit quelques douces paroles.
- Certes, ma mère m’a éduqué de sorte de savoir bien parler, bien comprendre et bien paraître. Mais je ne suis point forgé dans le même métal que ces grands seigneurs. Et je ne le désire point. Nul autre pouvoir ne m’intéresse que celui de prendre soin de mes petites gens, et celui de faire fleurir la terre. Dit-il, un sourire aux lèvres. Devant l’arrivée des enfants, et la stratégie de Louise pour les éloigner d’une manière fort délicate et très douce, Marc-Aurèle ne peut que sourire sincèrement et regarder le spectacle. Après quoi, il reprend, stupéfait. Vous… Vous avez rencontré le Roi des Nains ? Et vous avez offert un gland de ce chêne ? Était-elle sérieuse ? Un gland, offert au souverain de ce territoire du lointain Nord aux légendes aussi nombreuses que leurs défauts ? Vous êtes surprenante, ma Dame !

Surprenant, en effet. Qui aurait donc deviné que cette châtelaine était si proche de son peuple, au caractère si impressionnant bien que très calme… Et aux relations visiblement très étendues. Toujours est-il qu’il lui répondit avec envie :
- Mes journées à Terrefière sont très routinières : je suis souvent aux champs, aux récoltes et aux potagers. Je m’occupe aussi des chevaux, et j’apprécie œuvrer avec mes gens pour améliorer le quotidien. Les étrangers qui passent par mon bourg me prennent souvent pour un paysan, et peu me croient lorsque je me présente à eux. Cela a quelque chose… De plaisant, je dois le dire.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeVen 5 Mar 2021 - 8:02


Il y a de nombreuses façons qui permettent de connaître un peu mieux la personne à qui on fait face. Les gestes, par exemple, sont infiniment plus éloquents que les mots et elle ne manque pas de l’observer, même si cela ne se remarque pas. Fine et attentive, habituée à devoir taire des quantités de choses, forte d’une expérience longue de plusieurs mois sur ce point, Louise a remarqué son attitude face à la terre. Et un homme qui agit de même ne peut être qu’un homme qui s’inquiète pour son peuple. Un homme digne d’être respecté. Elle range l’information dans un coin de sa mémoire et sourit lorsqu’il s’ébahit en apprenant qu’elle a rencontré le roi des Nains. Elle n’en tire aucun orgueil personnel, même si elle a été honorée d’avoir été conviée à cet événement unique qu’était le mariage organisé à Kirgan.

- Je l’ai rencontré, oui. J’étais présente à son mariage, il y a de cela quelques ennéades. J’y ai également rencontré le régent de Naélis et le grand Roi des Elfes.

Le tout est dit en toute décontraction. Un sourire pensif.

- Même vous, vous auriez l’air d’un petit être insignifiant à côté d’Artiön Laergul. J’ai été terrifiée. Je n’avais jamais rencontré d’Elfe avant ce jour-là.

Louise a un petit rire étouffé. Elle se revoit tendre la petite boite contenant un seul et unique gland au roi Harald, quand tous les autres lui ont offert maints présents fastueux et inestimables.

- Je lui ai offert un gland de cet arbre, oui. J’y ai vu un rappel symbolique, quelque chose d’unique qui scelle dans la terre un lien que j’ai appelé de mes vœux depuis longtemps. Un peu de ma terre en son pays, pour lui rappeler qu’il a ici des amis.

Elle pose une main sur le chêne et fait glisser ses petits doigts sur l’écorce rugueuse, toujours en souriant, avant de reporter son attention sur Marc-Aurèle.

- Les Nains sont des êtres fiers, ils un sens très aigu de leur valeur mais, pour autant que vous les traitiez avec respect et dignité, ils sont accessibles et, pour la plupart, de très joyeux compagnons. J’ai beaucoup apprécié mon séjour à Kirgan, je vous en raconterai quelque chose ce soir si vous le souhaitez.

Elle s’éloigne du grand chêne et l’invite d’un geste à s’enfoncer plus profondément dans la chênaie. Il y règne une atmosphère plutôt douce, on peut entendre quelques chants d’oiseaux, les feuilles se balancent doucement sous la brise légère. C’est un endroit propice à la méditation et au calme, un endroit de paix.

- J’ai cru comprendre que vous aviez un goût prononcé pour toutes ces choses de la terre, en effet. Je dois bien vous avouer que c’est également une de mes principales préoccupations, nourrir les gens et leur fournir les outils qui le permet. J’ai d’autres objets de préoccupation bien sûr, mais celle-là est celle qui me fait me lever chaque matin. Ces gens comptent sur moi. Je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’ils vivent bien. Parce que c’est mon devoir. J’imagine que vous me comprenez très bien puisque vous partagez leur quotidien.

Et c’est d’ailleurs pour cela, entre autres choses, qu’elle tient à garder d’excellentes relations avec le Zagazorn. Depuis les premiers échanges, il y a eu quelques améliorations dans la vie à Fernel pour tous, légères mais bien présentes et pratiquement tous les bénéfices ont été investi dans du matériel de qualité pour les métiers d’artisanat, comme les ébénistes, les charpentiers, les tailleurs de pierre et le nouveau ferronnier. Il s’agit donc d’une relation mutuellement profitable, qu’elle espère voir perdurer.

Plus ils avancent dans la chênaie, plus ils s’éloignent du bourg, le contournant tranquillement jusqu’à se trouver à l’arrière de Fernel, là où plus aucun obstacle n’obstrue la vue impressionnante qui se déploie devant eux. Les Monts d’Or. D’impressionnantes montagnes aux sommets toujours blancs qui se dressent fièrement, magnifique frontière, devant le regard de tous.

- C’est beau n’est-ce pas ? J’ai toujours aimé les montagnes pour le calme et la majesté qu’elles imposent à ceux qui les contemplent. En hiver, quand on suit le petit chemin que vous voyez là-bas, on arrive à un endroit magnifique qu’on appelle les chutes de glace. Il y fait tellement froid que l’eau se cristallise en sculptures naturelles qui scintillent au soleil…J’adore cet endroit…

Louise se tait, pour laisser Marc-Aurèle prendre la mesure du paysage tout en songeant à la dernière fois où elle s’est rendue là-bas. Un voile de tristesse drape son regard un bref instant avant qu’elle ne détourne la tête et murmure :

- Voulez-vous voir d’autres choses, Monseigneur ? Avez-vous vu en chemin quelque chose qui vous a intrigué et dont vous souhaiteriez discuter ?
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeVen 5 Mar 2021 - 12:32

Elle avait rencontré le Grand-Roi des Nains sous la montagne lors du mariage de celui-ci. Là, elle rencontra le grand souverain des Elfes des forêts et des cités d’Anaëh, et elle y rencontra également le Roi Régent de Naélis, terre humaine à la réputation plus que… Douteuse. Comment… Comment une petite châtelaine telle que Louise, as-t-elle pu participer à un tel évènement si loin au Nord, avec une telle compagnie ?
- Comment avez-vous pu obtenir tel assentiment de la part d’un souverain étranger ? Nain qu’il plus est. J’entends certes que les nains sont des êtres fiers, rustres et très portés sur des valeurs qui leurs sont propres… Mais il est connu, pour ne pas dire légendaire, qu’ils n’apprécient point les étrangers, y compris nous autres les humains. Comment vous êtes-vous retrouvée invitée en un tel lieu ? Sa question était sincère, son interrogation vivace. Des Nains, des Elfes, et des autres Humains de ce monde, Marc-Aurèle n’en connaissait que des rumeurs, et les légendes maintes fois déformées dans les auberges et par les voyageurs de passage. On dit que les nains sont les meilleurs artisans du continent entier. Qu’avez-vous vu d’exceptionnel là-haut ?

Puis la discussion repart sur la terre, Fernel, les Monts d’Or et Terrefière. L’image est belle, effectivement. Marc-Aurèle ne peut détacher ses yeux de ces montagnes aux sommets éternellement enneigés. Il pourrait presque sentir le courant d’air froid provenant de ces lointaines cimes montagneuses. Quelles forces la nature aura-t-elle déployé pour pouvoir construire pareils amoncellements de roches ? Quelle muse, quelle inspiration, est à l’origine de ces création rocailleuses d’une simplicité enfantine, et pourtant, d’une beauté enchanteresse ?
- C’est magnifique, oui, ma Dame. Ce paysage est bien loin de celui qui berce mes terres, mais il n’en n’est que plus beau, de par son unicité. Chez moi, lorsque le pouvoir se faire trop oppressant, que l’hiver a été rude, que les bandits se font violents et que les malheurs de mes gens entament mon cœur, je m’assis dans le champ de ma mère. Que la terre soit froide, pleine de boue, détrempée ou bercée par l’or qui pousse sur les céréales, je m’y assois et je médite. Nul besoin, pour moi, d’être le Roy de ces contrées… Je suis heureux comme cela. Dit-il enfin, soupirant longuement, comme allégé d’un fardeau et comme s’il était en phase avec ce lieu. Finalement, il reprend une respiration posée, et, ses mains sur ses hanches, s’en retourne en direction de Fernel. Nous pouvons rentrer, je pense. Vos charmantes attention ont apaisées mon corps, et ce petit voyage, mon esprit. Nous pouvons retourner en votre demeure, si vous le souhaitez.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeVen 5 Mar 2021 - 14:00


Louise esquisse un tout petit sourire en répondant à Marc-Aurèle, sans détour :

- Je les ai traités avec respect et ce depuis la première lettre que j’ai envoyé là-bas. Après, je ne vous cache pas qu’ils sont méfiants. Ce que vous dites est juste, ils ne sont pas tous ouverts d’esprit et en cela ils nous ressemblent beaucoup, après tout, ne trouvez-vous pas ?

Une petite lueur espiègle s’allume dans le regard noisette de la châtelaine. Dans le Nord, les Humains sont tout aussi méfiants et rustres que certains Nains envers tout ce qui leur est étranger.

- Je ne vous cache pas non plus que j’ai été honorée de me rendre là-bas. J’y ai vu des choses extraordinaires, vous ne pouvez vous imaginer la splendeur de tout ce que j’ai pu voir…

…Et qu’elle a soigneusement dessiné à son retour à Fernel. Son petit espace personnel, dans les combles, est tapissé de toutes ces choses qui l’ont impressionnée et il y en avait beaucoup. Elle explique en marchant, faisant demi-tour vers le château, devenant soudain plus expansive, charmante et moins lointaine, au fur et à mesure qu’elle raconte.

- Il y a là-bas une atmosphère étrange. J’ai bien senti que cette ouverture vers l’extérieur est récente parce que même si nous avons été bien traités, ils n’en demeurent pas moins extrêmement méfiants. Nous avions toujours un garde pour nous escorter où que nous allions, et leurs armures, Monseigneur ! de véritables merveilles ! J’ai pu voir les réparations qu’ils ont apportées à l’épée du capitaine de ma garde…C’est tout simplement magnifique. Et Kirgan !

Elle fait de grands gestes avec ses mains, un large sourire fendant son visage, racontant toujours avec vivacité et plaisir quelque chose qui l’a marquée avec bonheur

- La salle du trône ! La couronne du Roi ! Jamais je n’ai vu un tel métal, c’était fabuleux ! et leurs banquets…Halala leurs banquets ! Hahaha c’était…épique ! Ils n’ont fait aucune distinction de rang par exemple, j’ai mangé à la même table que les Rois étrangers, avec des Elfes, à côté de la baronne d’Oesgard et du Duc d’Erac. Je vous avoue que c’est tellement rafraichissant, de pouvoir rencontrer les autres nobles de Péninsule dans une telle atmosphère…

Rien à voir avec les banquets ou les repas servis à Fernel, qui sont bien plus modestes. On y vit et on y reçoit très bien mais pas au point de faire bombance tous les soirs. En tout cas, les voilà non loin de l’entrée principale. Les enfants sont toujours là, dans les petits talus, à finir leurs oublies et à lécher leurs doigts pour ne pas en perdre une miette. Ils avisent la châtelaine et une nuée d’enfants se rue vers eux, comme des petits moineaux. Ils sont tous les deux heurtés de plein fouet par les gamins qui les serrent dans leurs bras. Des petits gars qui rigolent en touchant Mac-Aurèle, ses habits, ses bottes, curieux comme le sont tous les enfants. Louise rit aux éclats et ébouriffe les tignasses, avant de dire, d’une voix douce :

- Allez aider aux écuries, avant qu’Henry ne gronde trop fort.

Il y a un autre mouvement qui les pousse en sens inverse, pour se rendre dans la cour intérieure du château et apporter un peu d’aide aux palefreniers. Louise a un sourire songeur.

- Je vous comprends…Quand je ressens la même chose, Lasgalen et moi nous partons loin, quelques heures. Parfois je me réfugie dans les montagnes…Parfois je me mêle à mes gens et je m’occupe des chevaux. Je m’occupe des plus pauvres. L’hiver a été difficile…Et ces enfants là…Ils n’ont plus de parents…Alors ils viennent ici, et ils sont pris en charge sur mes fonds propres…Il n’y a rien de pire au monde que de maltraiter un enfant et les méchantes gens ne manquent point, sur les routes. Ici ils sont en sécurité. Dehors, non.

Là encore son regard se voile légèrement mais pas assez pour que le seigneur de Terrefière puisse le remarquer.

- J’espère que cette petite visite vous en aura appris davantage sur Fernel, Monseigneur.

Elle le guide à nouveau vers l’intérieur du bourg, expliquant à nouveau à gauche, puis à droite, parlant de son désir d’ouvrir un établissement pour les voyageurs désargentés, quelque chose qui permettrait à tout un chacun d’avoir le nécessaire avant de poursuivre sa route mais un tel projet est couteux. Plus tard peut-être…

Arrivés devant le château, Louise avise Marc-Aurèle et demande :

- Voulez-vous prendre un peu de repos avant le repas du soir? Merrik viendra vous chercher, il est à votre service pendant toute la durée de votre séjour…
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 7:45

Nul doute que les dires de la châtelaine étaient véridiques. Lorsqu’elle parlait de la fameuse capitale des nains, de l’évènement, du banquet, des dires, de ce qu’elle avait vue, Marc-Aurèle pouvait deviner les fameuses étincelles qui pétillaient dans mes prunelles de la demoiselle de Fernel. Sa voix renfermait l’excitation d’un spectacle unique au monde. Ses mots décrivaient la stupeur, l’envie, la peur aussi, mais surtout, le grandiose de tout cela. Nul doute qu’elle y était. Nul doute qu’elle avait vu tout cela. Nul doute qu’elle était ce qu’elle disait être.

D’un coup d’un seul, Louise prit une toute autre aura dans l’esprit de Marc-Aurèle. D’une simple châtelaine, elle devenait une femme d’une importance semblable à celle d’une Duchesse de premier plan. Que dis-je, d’une Reine ! Après tout, ne connaissait-elle point, dorénavant, le souverain de ces nabots du Nord ? Celui de ces élancés aux oreilles pointues ? Et quelques-uns des hauts nobles de la contrée Péninsulaire ? Et lui, Marc-Aurèle, qui connaissait-il, au-dehors de Magnus de Terresang ?

Et puis, l’attitude de Louise. A la fois noble, légèrement hautaine, mais toujours digne. Elle semblait recéler un million de secrets de milliers de personnalités différentes. Elle semblait avoir vécue l’équivalent de dix vies en une seule, et possédait la sagesse d’une reine, l’humilité d’une femme, la bienveillance d’une mère. Elle était impressionnante, malgré son apparente simplicité.
- Cette visite a été parfaite, et m’aura appris beaucoup sur vos terres. Je vous en remercie. Répondit-il, un sourire sincère sur le visage, alors qu’il continuait à regarder ça et là, en haut et en bas, comme pour pouvoir capter les dernières images d’un spectacle éphémère. Un peu de repos ne serait pas de refus ma Dame. J’ai grandement besoin de m’allonger et de me départir de ma fidèle armure. Si vous me l’autorisez ma Dame.

Un peu de repos, oui. Du repos, et du confort. Après tout, il venait de s’en mettre plein les yeux, mais il avait passé 4 jours sur la route, après avoir appris son mariage, son poste de Premier Conseiller… et avoir combattu des brigands.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 14:51


- Bien sûr que je vous l’autorise. Nous nous reverrons ce soir, allez donc prendre ce repos dont vous avez grand besoin. Nous discuterons alors de ce qui vous amène si loin de chez vous.

Louise incline légèrement la tête avant de s’éloigner, le laissant réintégrer le château. Dans le grand hall, il retrouvera Merrik qui veillera à lui apporter toute l’assistance dont il pourrait avoir besoin. La châtelaine, elle, est déjà partie dans le bourg, vaquer à ses affaires.


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Le soir venu, Merrik conduira Marc-Aurèle dans la grande salle de réception mais ne s’y arrêtera pas. Il poursuivra son chemin jusqu’à cette petite pièce qu’affectionne la châtelaine, plus discrète et plus intime, moins pompeuse et moins austère aussi. C’est ici qu’elle prend l’essentiel de ses repas, le plus souvent toute seule. Personne ne vient jamais la déranger et elle apprécie beaucoup cet endroit qui est chauffé par un petit âtre modeste, bien plus que ne l’est celui de la salle principale avec ses deux hauts linteaux de pierre taillées et les armoiries sculptées. Ici, c’est plus chaleureux, moins empesé, plus convivial. L’âtre dispense chaleur et lumière, la table est prévue pour quelques convives uniquement, les chaises sont garnies de coussins confortables, et il y a de hauts candélabres aux quatre coins de la pièce, sans oublier la table. L’endroit est donc brillamment éclairé, tout en restant d’une simplicité remarquable. La seule fantaisie visible sur les murs de pierre taillées est cette immense tapisserie qui fait écho à celle qui se trouve dans la salle de réception principale.

Un dessin immense représentant une scène de chasse mais pas n’importe laquelle. Des cavaliers en armure juchés sur de hautes et fières montures carapaçonnées, certains portant une épée, d’autres portant des lances, lancés à pleine vitesse sur une Noire Nuée, des Sombres aux yeux rouges et aux crocs menaçants. Les Drows tombant par dizaines, foulés, écrasés par une charge de cavaliers sont représentés agonisants et déchiquetés par des chiens.

Pour le surplus, deux pliants de bois foncés devant l’âtre complètent la décoration, tout autant que la châtelaine qui attend tranquillement, regardant par la fenêtre. A l’entrée du seigneur de Terrefière, elle se compose un sourire avant de congédier Merrik d’un petit geste aimable de la main.

- J’espère que tout a été à votre convenance. La chambre vous plaît-elle ? Vous a-t-on fourni ce dont vous auriez pu avoir besoin ?

Attentive, oui. Toujours. L’hospitalité n’est pas un vain mot, à Fernel, et il ne le sera jamais. Elle lui indique d’un geste de la main les deux pliants pour qu’il puisse s’y installer. Il notera qu’elle a également changé de tenue. Si elle a laissé la nécessité d’être la plus souple et la plus à l’aise possible pour remplir ses tâches dicter sa façon de s’habiller – simple et efficace-, il en va autrement quand elle reçoit à sa table. Elle est noble, elle ne l’oublie pas et elle a pris soin de paraître à son avantage dans une tenue digne et élégante, au chatoyant tissu rouge, cette couleur qu’elle affectionne entre toutes. Un corsage souple, une jupe dont l’ourlet est orné d’un galon de feuilles de chêne dorées tombe à ses pieds, des manches collantes pourvues du même gallon, un décolleté modeste et sage, tout cela apparaît sous une longue cape d'intérieur sans manches et de couleur sombre, indéfinissable sous cette lueur dorée diffusée par les flammes. Ses cheveux sont noués avec soin, dispensant cette odeur d’huiles précieuses préparées par Elazar, et ceinturés par ce cercle de métal simple qu’elle aime tant.

Elle est tout à fait charmante sans en faire trop et se dirige vers un siège sur lequel elle prend place.

- Vous serez heureux d’apprendre que votre monture semble trouver notre fourrage à son goût. Mes palefreniers s’extasient sur son appétit et sur sa docilité. Ils ont pris grand soin de ses sabots et ont remplacés les fers, ils ont également soigné une petite plaie, qui aurait pu devenir critique après quelques jours de voyage sans soins. Il va très bien.

Louise est bien droite sur son siège, le visage souriant, les deux mains posées sur ses genoux.

- Y a-t-il beaucoup de chevaux en Arétria ?

L’on frappe à la porte, c’est Maximilien qui déposer un plateau sur la grande table à manger, déjà dressée pour deux. Il ouvre un flacon et remplit deux petits verres.

- La liqueur de feu, une spécialité de Fernel. Prenez garde, c’est fort.

Le jeune serviteur tend un verre à Marc-Aurèle, un autre à Louise, puisqu’elle exige que les invités soient toujours servis en premier.

- Le repas sera prêt dans une quinzaine de minutes, ma Dame.
- Merci Maximilien.

Le domestique disparaît, laissant Marc-Aurèle observer la liqueur orangée et grasse qui tâche le verre quand on le remue un peu. Louise lève son verre et esquisse un sourire espiègle et murmure :

- A votre venue.

Elle en boit une petite gorgée, le palais et la gorge avertis et habitués à l’effet détonant de cette liqueur, puis observe son invité, ou, tout du moins, sa réaction. C’est une liqueur parfumée, douce au nez, vraiment plaisante, mais c’est également une liqueur qui sert à réchauffer les personnes prises par la neige, elle est donc puissante. Et brûlante. D’où son nom.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 9:35

D’une certaine manière, d’une certaine façon, Marc-Aurèle connaissait déjà la réponse de la dame de Fernel. Car depuis son arrivée, cette dernière n’avait jamais refusé aucune de ses requêtes, ni aucune de ses demandes. Alors, reconnaissant, et plutôt soulagé de pouvoir abandonner cette épaisse armure de diplomate envoyé par un Comte, Marc-Aurèle offrit une révérence respectueuse, plus basse que celle de Louise. Et puis, il prit congé.

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Le seigneur de Terrefière était retourné dans la chambre que la châtelaine lui avait offerte. Enlevant son armure de cuir, retirant la tenue de lin qu’il portait en-dessous, le Premier Conseiller du conseil Comtal prit du temps pour lui. Nul besoin de faire préparer la salle d’eau, le seigneur de Terrefièr n’avait besoin que d’une chose : dormir. Alors, c’est ce qu’il fit. Se glissant dans les draps de satin et de soie, Marc-Aurèle s’endormit du sommeil du juste.

Les heures passèrent rapidement, et il était enfin temps de se réveiller et de retourner auprès de la châtelaine. Il abandonna sa tenue de lin pour aborder veste de velours très confortable et très douce, aux couleurs d’un bleu profond. Un vêtement qui pouvait ressembler à une soierie de haute couture, mais qui n’en n’était point un.

Arrivant dans la petite salle de réception, discrète et ô combien agréable, Marc-Aurèle en détailla les moindres aspects. Les tapisseries, le mobilier, la salle en elle-même… Tout lui plaisait. Car tout était un confort à la fois sommaire et à la fois luxueux, un confort et une protection que Marc-Aurèle ne possédait pas, et ne posséderait jamais. Car jamais ni lui, ni sa seigneurie, ne posséderaient les richesses nécessaires à la fondation d’une telle fortification. Jamais. Et d’ailleurs, c’était là un des rares regrets de Marc-Aurèle, qui se demandait si sa mère aurait pu survivre aux soldats Serraminois, si Terrefière avait jamais eu de palissades, et de fortifications. Serait-elle morte dans ce champ pour protéger son jeune fils ainé ? Ou aurait-elle survécu ? Il n’en saurait jamais rien.
- Votre château, et vos gens, sont parfaits. Si je n’étais point homme à tenir mes serments, je resterais ici bien plus longtemps que nécessaire, assurément. Merci pour tout cela. Et je suis fort aise d’apprendre pour mon destrier. Encore une fois, je vous suis redevable ma Dame.

Et le seigneur prit place. Sa barbe bien peignée fut légèrement ébouriffée sous le passage de ses doigts cornés, mais ses cheveux, eux, étaient attachés en un chignon parfait. La porte frappée par Maximilien attira toute l’attention du petit seigneur, qui suivi, puis écouta avec attention les indications de la maîtresse des lieux, et la fameuse bouteille.

Le verre servi, Marc-Aurèle le détailla avec une grande curiosité. Il n’était point expert en liqueurs et élixirs. Il n’était point adepte de ces boissons, qui émoussent les sens et qui avilissent les hommes les plus honorables. Mais il appréciait tout de même un verre, une coupe de vin rouge, de temps à autres. Ou un fond de liqueur. Surtout pendant les hivers, car les hivers en Arétria étaient rudes, et souvent mortels. Comme en témoigne le dernier en date, qui décima une partie de la population Malelandoise.
- Et à vos terres !

Levant son verre, il offrit un léger sourire à son vis-à-vis, avant de boire cul sec ce verre liquoreux. Le liquide n’avait point mauvaise réputation : glissant le long de sa gorge, c’est un feu ardent qui ravagea son œsophage. Un feu ardent, un arrière-goût intéressant et unique… Et une chaleur agréable. Une grimace vint parachever cet instant de dégustation, mais point une grimace de dégoût, non. Une grimace de stupeur, et une grimace de satisfaction.
- Assurément, ce genre de liqueur remplacerait n’importe quel cheminée ! Je m’en ferais importer, les hivers seront moins rudes.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeMar 9 Mar 2021 - 10:03


Louise dissimule un sourire derrière une seconde gorgée de liqueur de feu. C’est qu’il est costaud, ce seigneur de Terrefière, à boire tout son verre d’un coup et à seulement grimacer. La châtelaine retient un rire en l’écoutant, préférant prendre tout son temps. Elle connait les effets de cette liqueur sur un estomac vide et elle ne tient pas particulièrement à sortir du cadre très strict qu’elle s’est fixée depuis ses malheureux déboires avec le vin. Alors, elle garde son petit verre en main, en disant :

- Vous êtes solide. C’est la boisson que l’on donne à ceux qui se perdent en montagne et qui sont pris par le froid ou la glace. C’est très fort mais ça diffuse une agréable chaleur au creux des reins, ça invite à la détente. Vous et moi savons que nos journées ne sont pas oisives, comme pourrait le songer le peuple. Nous pouvons donc bien nous permettre une petite fantaisie, quand les portes se ferment et que tout est tranquille.

La châtelaine a un autre sourire avant de poursuivre, d’un ton tranquille :

- Je vous en ferai parvenir avec plaisir, bien sûr, si cela vous plaît. Je vous avoue que je connais fort mal le comté d’Arétria, tout comme j’ignore à peu près tout de celui qui le dirige. Vous en avez fait un portrait flatteur tout à l’heure. Bien plus honnête que ne le serait sans doute celui établi par un quelconque ivrogne de fond d’auberge.

Une nouvelle gorgée, le temps de laisser ses paroles faire leur petit effet.

- J’ai chevauché à travers la Péninsule dernièrement, pour me rendre à Thaar. Sur la route, j’ai entendu parler de Magnus de Terresang. Toujours en des termes fort peu élogieux, des termes de crainte, de peur et parfois de colère, comme peuvent en avoir des personnes blessées ou incomprises. Je vous avoue qu’avoir l’avis d’une personne qui le côtoie de près est assez intéressant quoique, avec tout mon respect pour lui et pour vous, je pourrais également le remettre en question puisque vous pourriez manquer d’objectivité. Voilà pourquoi j’aime rencontrer les gens, les écouter, les regarder, les observer en silence, cela permet d'en savoir bien plus qu’avec mille mots.

La châtelaine se lève et va déposer son verre sur la table, avant de revenir s’asseoir, toujours impeccable de politesse et de dignité.

- Pour me faire mon opinion, je rencontrerai Magnus de Terresang un jour prochain. Ainsi que je le fais toujours. Cela étant vous êtes ici pour une bonne raison, Monseigneur. Alors dites-moi, qu’est-ce qui peut pousser un Comte résidant de l’autre côté de la Péninsule à vouloir entrer en contact avec une chatelaine serramiroise ? Je suis curieuse de vous entendre à ce propos.

Bien droite sur son pliant, elle croise les mains sur ses genoux, le fixant sans ciller. Il est observé, lui aussi, et sous tous les angles, car ce qu’on ne dit pas en dit plus sur soi qu’on ne le pense.
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeVen 12 Mar 2021 - 22:06

Marc-Aurèle aurait bien répondu une chose ou deux à Louise, pour corroborer le fait qu’il était effectivement un homme costaud, mais surtout, qu’il reconnaissait bien les mérites de cette fameuse boisson chaude faite pour ceux qui se trouvent au bord de la mort par le froids. Mais il était occupé à encaisser l’arrière-goût, le contrecoup de ce genre de boissons. Le garder en bouche, l’avaler, n’était point les choses les plus difficiles avec ces boissons… Encaisser l’arrière-goût, et le contrecoup de la boisson au fond de la gorge, ça, c’était une toute autre paire de manches. Alors, il se contenta d’acquiescer, et de battre légèrement des cils, posant son verre le plus calmement possible. Il répondu toutefois à la proposition de Louise concernant l’offre.
- Assurément, je vous en serez grés ! Nous n’avons point de glaces, mais nos hivers sont rudes. Merci, ma Dame.

Puis, il écoute les récits de la dame de Fernel. Et l’intuition qu’il s’était faite d’elle, semblait se confirmer à chaque instant. Tout, dans son attitude, dans ses moments, ses mimiques, ses rictus même, et son récit, transpiraient la force et ce que d’aucun dirait la féminité. Mais point la féminité comme certains peuvent l’entendre. Point la féminité soumise, asservie selon des dogmes sociétaux et maritaux. Nul doute que l’homme qui partagera la vie de Louise ne fera pas d’elle la « femme de », mais bel bien de lui « l’époux de ». Elle avait la prestance d’une Reine, le charisme et la fierté d’une puissante souveraine, et cette espèce de présence, et d’aura, que certaines hautes-prêtresses de Néera ont pu avoir jadis. Une présence à la fois rassurante, et en même temps, qui force au respect et à la sagesse.

Il entend les propos sur Magnus, bien évidemment. Et alors qu’elle lui pose directement la question du pourquoi de sa présence, Marc-Aurèle décide – habilement ou non, l’avenir seul le dira – d’éluder les qualificatifs et la description de Magnus, afin de se concentrer sur la question.
- Et cette volonté qui est la vôtre de vous faire votre propre avis sur la question, est toute à votre honneur. Dit-il, tendant une main vers Louise, dans un geste de respect. Eh bien, ma Dame, le Comte d’Arétria souhaite s’ouvrir à ses voisins proches et lointains, et à nouer des alliances, et des accords commerciaux. Arétria est une terre en pleine reconstruction, qui nécessite, comme vous le savez, des denrées alimentaires, et de la main d’œuvre qualifiée. Nul doute que les qualités de vos constructions et de vos routes sont parvenues jusqu’aux oreilles de mon suzerain, et qu’il loue vos capacités. Aussi, Magnus m’a-t-il envoyé afin de négocier des accords commerciaux veillant à l’importation de denrées alimentaires, dont à cruellement besoin la population Malelandoise après un terrible hiver meurtrier, et de longues années de guerres. Si vous y consentiez, le Comte se propose de vous fournir en fer de qualité, et en reitres, pour vos campagnes, et votre protection personnelle, ou celle de votre bourg.

Que les négociations commencent !
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MessageSujet: Re: Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle   Entre petits seigneurs, on se comprend | Marc-Aurèle I_icon_minitimeSam 13 Mar 2021 - 16:53


Louise écoute, bien entendu, sans perdre un seul des mots prononcés par Marc-Aurèle. Ainsi donc, le Comte d’Arétria désire s’ouvrir aux autres afin d’établir des relations commerciales. Assurer un avenir à des gens qui ont faim et faire en sorte que ses routes soient praticables. De nobles intentions, assurément. Cela étant, des questions demeurent sans réponses, des choses échappent à Louise, elle qui vit de l’autre côté de la Péninsule, là où en théorie, personne à part les seigneurs voisins et le Duc de Serramire ne la connait.

- Je suis heureuse de savoir que le savoir-faire de ma seigneurie a franchi le Duché pour atteindre Arétria. Cependant, vous avez pu remarquer par vous-même que nous ne sommes pas facilement accessibles et que mes terres sont gardées. Je suis très étonnée d’apprendre que le nom de Fernel est connu du Comte, pour ne rien vous cacher. Comment sa Grandeur a-t-elle pu entendre parler de Fernel, voilà qui m’intrigue au plus haut point.

Son déplacement au mariage royal serait donc connu de toute la péninsule ? Serait-ce le Duc d’Erac, qui en aurait dit quelque chose au détour d’une conversation ? Ou peut-être Magnus de Terresang a-t-il entendu, lui aussi, quelques rumeurs colportées par les voyageurs, les passants ?

En tout cas, quelqu’un heurte la porte. Des serviteurs approchent la table, les mains chargées de victuailles et de plats parfumés. Louise a un large sourire de satisfaction et se lève, congédiant tout le monde d’un geste de la tête. La porte fermée, elle montre la table d’un geste de la main et invite Marc-Aurèle à s’asseoir, prenant elle-même place sur la chaise qu’elle occupe toujours, en bout de table. Il n’y a personne pour faire le service, tout est disposé de manière à pouvoir se servir soi-même, chose que Louise apprécie particulièrement.

- Du pain, des légumes cuits, de la viande rôtie, des compotes et…ceci !

Elle lui montre un étrange pain, plat, un peu jaune, dégageant une odeur épicée incroyable.

- Une recette rapportée de mon voyage à Thaar. C’est le pain qu’ils mangent là-bas, avec des épices particulières. C’est délicieux ! Prenez, prenez donc, servez-vous, mangez !

Elle-même montrera l’exemple en se servant d’une tranche de viande, de quelques légumes et d’un morceau de pain thaari, tout en reprenant la conversation.

- En ce qui concerne les denrées, vous pouvez constater que nous vivons plutôt bien même si nous ne faisons aucun excès. J’ai toujours prôné le bon accueil sans pour autant tomber dans l’outrageante opulence, ne serait-ce que par respect pour tous les gens qui sont à mon service. Cela étant, si je puis me permettre, peut-être que le transport des denrées serait plus avisé s’il provenait de moins loin, ne croyez-vous pas ? Sainte-Berthilde ne peut-il vous venir en aide sur ce point ? Cela éviterait peut-être que les potentielles denrées soient pillées en chemin…La route est longue jusqu’à Arétria, depuis Fernel, vous pouvez en attester et les dangers ne manquent pas.

Elle déchire le pain et attend la réponse, un sourire aux lèvres. C’est un moyen comme un autre de s’informer sur les relations qu’entretiennent ces péninsulaires qu’elle ne connait pas.
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