Une tâche rouge dans un océan de bonheur | Andran & Clémence

6ème ennéade
Printemps, Barkios 18:XI

Quatre ennéades s’étaient écoulées depuis le séjour du couple à Erignac et cet incident qui les avait tant mis à mal et rapprochés par la même occasion. Depuis, entre eux, tout ressemblait à une relation des plus normale. Ils se regardaient plus amoureusement que jamais, s’embrassaient comme deux jeunes gens insouciants, laissaient leurs corps s’embraser dans l’intimité de leur chambre et faisaient l’amour avec tendresse et passion. Ils ne prenaient pas la moindre précaution pour éviter une grossesse avant le mariage. Les risques que la belle estrevine ne parvienne pas à conserver l’enfant était bien trop présent dans l’esprit du couple pour qu’ils cherchent à empêcher ce miracle de se produire à quelques ennéades de leur union.
Toutefois, Clémence n’y pensait pas encore. Pour l’heure, elle était tout à son bonheur dans cette relation qui la comblait plus que jamais. Cela ne les avait pour autant pas empêchés de prendre quelques mesures. A commencer par l’embauche d’une servante. Marjolaine était une jeune femme à l’esprit suffisamment ouvert pour ne pas avoir dévisagé sa nouvelle maîtresse une fois sa surprise passée et c’était en partie ce qui avait porté leur choix sur elle. Son rôle était clair : soulager la future épouse du chevalier qui gérait jusque-là la maison toute seule. Ils s’étaient gardés de lui parler de leur projet d’avoir un bébé et des difficultés de la métisse en la matière. Cela ne la regardait pas…

La nouvelle employée travaillait bien pour le moment mais elle n’était là que depuis deux ennéades. Ce jour-là, les deux femmes étaient dehors en train de planter quelques fleurs supplémentaires dans les bordures à l’arrière de la maison. Rien de bien lourd mais la tâche était fatigante malgré tout sur le long terme. Habituée à trimer, Clémence ne le réalisa pas vraiment et ce n’était pas Marjolaine qui allait lui dire d’en faire moins, ignorant ce qui allait se passer… Cependant, le calme de la maisonnée serait bientôt brisé… La servante se mit soudain à crier, se précipitant dans la maison.

-Messire !! Messire ! Sire Andran !!

Dès qu’elle le trouva, elle s’arrêta et lui expliqua rapidement.

-C’est Madame. On jardinait. Elle a commencé à avoir mal au ventre. Elle est pliée en deux dans la cour !

Marjolaine:

Revenu d'Erignac il y a maintenant plusieurs ennéades, Andran et Clémence étaient plus liés que jamais. Leurs fiançailles avaient résisté à cette éventualité que la belle ne puisse jamais porter un enfant dans son ventre et mener une grossesse à terme. Le chevalier se raccrochait aux espoirs véhiculés par sa belle-sœur, ou encore par ses frères d'armes, priant les Cinq pour que Clémence puisse devenir la mère de ses enfants. Andran avait promis à sa belle qu'il ne l'abandonnerait pas, et elle lui avait promis qu'elle ferait tout son possible pour qu'elle parvienne à donner la vie. Bien trop de tempêtes avaient été bravés pour qu'ils ne cèdent à la dernière qui obstruait leur bonheur. Si ces promesses les liaient par leur serment, elles affectaient également leur relation, qui s'en était trouvée renforcée. Leurs regards luisaient d'amour dès qu'ils s'entrecroisaient, cherchant l'apaisement dans la chaleur d'une longue et puissante étreinte, dans la tendresse d'une caresse ou dans le miel d'un doux baiser. Puis, lorsque venait la nuit, les fiancés entretenaient le feu du désir dans leurs corps et unissaient leurs chaires dans l'intimité de leur chambre, sans l'ombre d'une peur. Petit à petit, ils apprenaient à s'en délecter, à le prolonger, et à l'intensifier comme si cela n'avait jamais été une épreuve. Andran et Clémence ne se voulaient pas précautionneux, bien qu'ils savaient qu'il existait plusieurs moyens pour limiter les risques de procréation. Andran souhaitait devenir père, et si jamais les conseils d'Anne-Lise s'avèrent efficaces, ils pourraient alors se réjouir d'accueillir un fils ou une fille après leur union.

Pour rendre plus efficient encore les conseils de sa belle-sœur, Andran avait fait avancé les travaux de leur demeure. Quelques salles étaient encore à aménager, et l'une d'entre elles sera même dédiée à accueillir leurs serviteurs. Pour l'heure, une seule femme avait été embauchée, en la personne de Marjolaine, une jeune rouquine vive d'esprit qui n'avait rien contre les origines de Clémence. Néanmoins, Andran n'excluait pas la possibilité d'engager un autre serviteur, si ce n'est plus au besoin car Marjolaine ne pourrait pas tout faire toute seule. Bientôt viendra également l'heure d'embaucher quelques gardes pour les protéger lorsqu'il s'absentait, bien qu'il savait qu'il pourrait compter sur ses amis pour veiller sur elle lorsqu'ils le pourraient. Mais, ces temps-ci, Andran n'avait pas à s'absenter, et encore moins hors de Cantharel. Il arrivait même que, quelques jours par ennéades, il ne quitte pas leur demeure pour rejoindre le sanctuaire de l'Ordre, notamment lorsqu'il pouvait faire ses exercices physiques dans sa future salle d'armes plutôt que là-bas. Cela lui permettait de rester près de Clémence, notamment lorsqu'elle avait besoin des bras de son fiancé pour soulever des objets lourds si besoin est.

C'est d'ailleurs à l'occasion d'une de ces journées que, pendant que Clémence et Marjolaine plantaient quelques fleurs dans le jardin, Andran s'était éclipsé pour s'entraîner. Une fois sa séance terminée, le chevalier avait rallié la salle de bain pour nettoyer son corps de toute la sueur accumulée et, alors qu'il se rhabilla, il entendit la servante scander son nom pour l'appeler. Il se précipita vers les escaliers, où Marjolaine, le visage livide de peur, le retrouva pour lui expliquer la situation. Dans le jardin, Andran aperçut sa belle se tenir le ventre à deux mains comme si quelqu'un lui avait assené un violent coup de pied. À son tour, le chevalier devint livide et rejoignit Clémence à toute vitesse.

« Marjolaine, allez quérir un prêtre sans tarder ! Je vais rester près d'elle. » ordonna Andran, qui s'enquit aussitôt de l'état de sa fiancée. Il posa sa main contre son front et l'autre contre son ventre sans ressentir un symptôme quelconque d'un mal. « Viens mon amour, il faut que tu t'allonges. »

Sans chercher à savoir si elle pouvait se déplacer, le chevalier prit sa belle dans ses bras et l'emmena dans le salon, non sans voir du sang sur le sol herbeux du jardin. Andran posa doucement sa belle sur l'un des canapés du salon, remarquant que sa robe, elle, ne semblait pas maculée de sang. Son cœur battait la chamade alors qu'il la regardait, impuissant et terrifié pendant que Clémence grimaçait tellement de douleur qu'elle en était au bord des larmes. Il ne savait même pas pourquoi elle avait mal, et encore moins s'il y pourrait quelque chose d'ici l'arrivée d'un guérisseur. Finalement, Andran s'agenouilla devant elle, empoigna l'une de ses mains et posa sa tête contre la sienne.

« Je suis là, Clémence. Je suis là. Tiens bon. » chuchota-t-il pour essayer de l'apaiser, avant de lui embrasser la joue. Malgré la peur de voir sa belle le quitter d'une manière aussi brutale, Andran tenta, par tous les moyens, de rester calme et de soulager sa belle, gémissante de douleur et serrant sa main de toutes ses forces. « Tu as besoin de quelque chose ? Quoi que ce soit ? » finit-il par lui demander, dans l'espoir qu'il y ait un moyen de la soulager. « Je suis avec toi, mon amour. »

Clémence avait mal à en pleurer, c'était vrai, mais ce n'était pas la douleur qui ferait couler ses larmes. Elle avait connu cela trop de fois. Alors qu'Andran la soulevait de terre, elle se laissa emporter en serrant les dents. Sa tête se posa sur son torse tandis qu'elle se recroquevillait un peu plus sur elle-même. Ce ne serait pas ce qui l'apaiserait, elle le savait, mais c'était ainsi... Devant la prévenance de son compagnon, elle se sentit mal à l'aise. Il ne semblait pas avoir encore compris ce qu'elle avait. Il fallait avouer que c'était assez soudain et même elle ne s'était rendu compte de rien. La douleur psychologique qu'ils auraient retiré de cette épreuve aurait été plus grande sans doute s'ils avaient su... Alors... C'était peut-être mieux ainsi.
Le chevalier la laissait lui écraser la main de toutes ses faibles forces, lui demandant de quoi elle avait besoin, et elle sentit une larme perler.

-Je suis... désolée... Parvint-elle à articuler.

Un sanglot la saisit et, au milieu de toute cette douleur, elle réussit malgré tout à laisser son chagrin et sa peur s'échapper par vague. Les minutes s'étirèrent ainsi jusqu'à ce que la porte de la maison s'ouvre subitement et que Marjolaine entre en trombe, suivie d'un homme vêtu de bleu et de blanc. Repérant rapidement où se trouvait sa patiente, le prêtre entra dans le salon et, sans prendre la peine de saluer ses hôtes, il s'avança vers elle. Sa main se glissa sous celle de Clémence qui pressait toujours de bas de son ventre et ses lèvres psalmodièrent quelques mots inaudibles. Il s'écoula quelques secondes avant qu'enfin l'estrevine se montre moins agitée. La douleur disparut, presque aussi vite qu'elle était venue, et la jeune femme laissa échapper un soupir de soulagement alors que sa respiration était encore essoufflée. Le prêtre retira sa main et la posa sur le bras de sa patiente, pour attirer son attention mais aussi en signe de réconfort.

-Ça va mieux ?

Clémence se contenta de hocher la tête. Physiquement, oui, elle allait mieux. Mais elle se sentait toujours aussi mal à rapport à Andran et craignait sa réaction face à cet échec.

-C'est terminé. Vous allez saigner un peu puis ça va s'arrêter tout seul.

Il eut une hésitation. Il ne savait pas vraiment comment leur annoncer la mauvaise nouvelle. Elle-même ne s'était probablement en encore rendue compte de son état.

-Vous... Vous portiez un enfant. Finit-il par dire, Marjolaine ne retenant pas une expression de surprise malheureuse derrière lui. Il s'est décroché. Les douleurs que vous avez ressentie, c'était une réaction de votre corps pour le faire sortir.

Il avait beau parler, il voyait bien que la jeune femme n'avait pas de réaction. Non pas comme quelqu'un qui n'entendait pas ou ne réalisait pas... Mais, au contraire, comme quelqu'un qui savait déjà tout cela et à qui il n'apprenait rien.

-Je suis désolé. Conclut-il.

Il se redressa et recula de quelques pas pour laisser un peu d'intimité au couple, restant néanmoins à leur disposition pour le moment. Clémence se remit à pleurer, peinant à regarder Andran. Elle avait un enfant de lui dans son ventre et il avait été rejeté, comme tous les autres. Le fait de n'avoir jamais pu faire naître un bébé, ce n'était pas une protection de Néera contre son terrible passé, c'était elle... C'était elle qui était en défaut ici. Elle le savait à présent et le chevalier s'était définitivement attaché à une femme qui ne pourrait peut-être jamais lui donner ce qu'il espérait tant en lui demandant de l'épouser...

Au chevet de Clémence comme si elle allait quitter ce monde, Andran l'entendit prononcer ces quelques mots dans la douleur. Pourquoi était-elle désolée ? En quoi pouvait-il lui reprocher ses maux ? Ces mots d'excuse cachaient-ils un mal plus profond que celui qu'elle ressentait actuellement ? Le chevalier était si songeur qu'il en oubliait presque sa fiancée tordue de douleur devant lui. Fort heureusement, Marjolaine revint rapidement en compagnie d'un prêtre, devant qui Andran s'écarta prestement pour qu'il puisse soigner Clémence. Rapidement, le guérisseur réussit à apaiser les maux de Clémence, sous les yeux de son amant et de sa servante, médusés, mais soulagés… bien que cela ne dura que quelques secondes. Si Marjolaine ne retint pas sa stupeur, le chevalier se figea lorsque le prêtre leur annonça l'échec d'une grossesse inopinée. Elle venait de revivre ce qu'elle avait déjà vécu par le passé : le rejet des enfants issus des multiples viols dont elle a été la victime. Sauf qu'Andran ne l'avait pas violé.

« Merci, mon Père. Je vais prendre la suite. » se contenta-t-il de répondre d'un ton sec, le regard perdu sur le ventre de Clémence qui était restée allongée. Le prêtre acquiesça d'un hochement de la tête, pendant qu'Andran s'approcha de sa fiancée pour la soulever à nouveau telle une princesse. « Marjolaine, prenez une ou deux serviettes et suivez-moi. »

Après une telle épreuve, le couple avait besoin d'intimité, et elle de repos. Il comprenait désormais pourquoi Clémence s'était excusée. Sans pouvoir le lui dire, tiraillée par la douleur ou par la peur de sa réaction, elle savait qu'elle était en train de perdre un enfant. Mais, il était difficile de le confier à un homme qui voulait tant en avoir, et encore plus avec la femme qu'il aimait. Silencieux comme une tombe, l'esprit embué dans le doute, la gorge nouée et les lèvres pincées, Andran porta Clémence jusqu'à leur chambre, talonné par la servante. Il posa délicatement la jeune femme sur le lit, et prit les serviettes amenées par Marjolaine, qui n'attendit pas l'ordre du chevalier pour s'en aller prestement. La belle estreventine était au bord des larmes… des larmes de tristesse et non pas de douleur, cette fois-ci. Celles qui coulaient lorsqu'elle avait peur de lui et de ses réactions. Elle craignait qu'il ne la quitte, abandonnant tout espoir qu'elle porte ses enfants.

« Le prêtre a dit que tu saigneras encore. Alors… »

Andran n'osa pas terminer cette phrase. Sans en rajouter, il souleva le jupon de Clémence d'un geste timide, et glissa une serviette jusqu'à son entrejambe pour absorber le sang qui viendrait à couler. Elle ne devrait pas en perdre beaucoup, mais le chevalier préférait rester prudent. Il avait d'ailleurs hésité à quitter la pièce pour la laisser se reposer, et également pour leur laisser un peu de temps pour recouvrer leurs esprits, mais il craignait que Clémence ne prenne cela pour une forme d'abandon. Alors il resta près d'elle, redevenant le protecteur qui veillait sur son bien-être du mieux qu'il le pouvait. Le chevalier avait toujours excellé dans ce domaine, à défaut de s'être montré adroit et facile à vivre, au début de leur relation. Mais, à cette époque là, il n'était certain de rien. Il n'avait confiance ni en lui, ni en elle. Il la pensait malheureuse, et avait même évoqué l'idée qu'elle reste près de lui par désespoir. Aujourd'hui, les choses étaient si différentes, et pourtant si communes. Si Clémence craignait sa réaction, c'est parce qu'il avait déjà tout balayé d'un revers de main en un rien de temps dans un accès d'orgueil et de colère. À l'heure actuelle, elle avait toutes les raisons de penser qu'il allait partir et l'abandonner. Andran désirait des enfants, et sa future épouse pourrait ne pas réussir à les lui offrir. Elle se souvenait encore de sa réaction lorsqu'elle le lui avait confessé.

« Tu sais… quand tu m'as révélé… que tes grossesses s'étaient toutes terminées ainsi, je…» commença le chevalier, qui, la tête baissée, fixait ses mains jointes sur ses cuisses. Il prit une profonde bouffée d'air et tourna la tête vers Clémence. Lorsqu'il trouva son regard, il lui adressa un minuscule sourire. « Tu pensais que j'allais t'abandonner… et je me suis montré cruel à ton égard pour moins que cela, alors… je comprends que tu aies des doutes. Reynard aussi pensait que c'est ce que j'allais le faire… » La voix d'Andran trahissait la peine qu'il ressentait à l'idée qu'ils puissent, tous les deux, penser cela de lui. Il était certain d'avoir prouvé à Clémence tout l'amour qu'il lui vouait, et surtout qu'il pouvait être l'amant dont elle avait besoin. L'amant qu'elle voulait qu'il soit. « Mais… je n'ai jamais envisagé cela… ni maintenant, n'il y a quatre ennéades… »

Le chevalier détourna le regard, un peu honteux de penser ainsi alors que Clémence traversait une douloureuse épreuve. Mais il ne voulait plus qu'elle doute de lui, de sa loyauté et de sa fidélité, et encore moins dans les moments les plus difficiles. Il lui avait fait beaucoup de promesses, et il n'était plus qu'à rien de les tenir. Après avoir tant bataillé pour regagner son cœur, Andran ne voulait plus perdre Clémence. Plutôt que de partir comme n'importe qui aurait pu le faire, il s'allongea près de sa belle, et l'enlaça doucement pour la réconforter, posant sa tête contre la sienne après un profond soupir. Il posa une main sur son ventre, comme s'il cherchait à apaiser une douleur qui n'avait pas disparu. Ne pas pouvoir devenir mère était certainement plus douloureux pour elle que pour lui, maintenant qu'elle était protégée.

« Je ne veux pas te perdre… pas après toutes ces épreuves que tu as affronté avec moi. Je ne veux pas t'abandonner à affronter la dernière toute seule. »

Le prêtre était un peu surpris par la réaction du chevalier et hésita un instant avant de finalement prendre congé. Il repasserait le lendemain ou guetterait la prochaine visite de la jeune femme au Temple. Car il n'avait pas besoin de connaître le nom de ses hôtes pour savoir qui ils étaient. Les femmes métisses, cela ne couraient pas les rues à Sainte-Berthilde. Clémence redoutait la réaction d'Andran qui s'était fait soudain distant et froid mais elle le laissa approcher et la soulever une nouvelle fois. Elle craignait la conversation qui allait suivre et le silence était des plus pesant. Même le geste qui se voulait attentionné au sujet de ses pertes de sang ne la réconforta pas.
Au lieu de partir, l'Inquisiteur resta là, assis sur le bord du lit sans rien dire. La peur avait remplacé la douleur dans le ventre de la jeune femme qui le regardait avec inquiétude. Mais elle n'osait pas ouvrir la bouche par peur de troubler ses réflexions et de l'entendre dire ce qu'elle craignait... Lorsqu'il ouvrit enfin la bouche, il fallut un petit moment avant qu'elle n'entende des paroles rassurantes.

Andran vint s'allonger près d'elle et elle ne se fit pas prier pour se glisser dans ses bras et se blottir contre lui. Elle pleura de nouveau, à chaudes larmes. Elle évacuait tout... La douleur, le chagrin, la peur, le soulagement... Tout. Ses bras serraient son compagnon comme si cela la rassurait de le sentir contre elle. Il avait bien l'intention de rester et c'était la seule chose dont elle avait besoin. Elle n'avait qu'un seul regret : que cette épreuve vienne entacher le bonheur tout neuf. Mais elle s'en était déjà excusée tout à l'heure, même s'il n'avait pas compris de quoi elle voulait parler à ce moment là. Elle ne voulait pas que cela arrive, Marjolaine était là pour cette raison et elle n'avait pas l'impression d'avoir forcé plus que de raison. Alors pourquoi cela n'avait pas marché ?...

Dans les bras d'Andran et couverte de ses attentions, la belle finit par se calmer. La fatigue de la journée et surtout de ses derniers instants la gagna et elle sentit son esprit vaciller entre conscience et sommeil. D'une petite voix, elle lui lança alors une requête mue par la peur de se réveiller toute seule.

-Reste avec moi... S'il te plaît...

Elle qui jusque là avait affronté ses fausses-couches toute seule, devant se remettre au travail dès que la douleur était passée, elle n'avait pas envie de se relever pour le moment. Pourtant, cela lui convenait autrefois. Perdre les enfants de ces monstres puis s'oublier dans son ouvrage pour ne plus penser à tout cela. Cela lui allait. Mais aujourd'hui, elle avait seulement besoin de savoir qu'Andran était là, avec elle, et qu'il la soutenait après ce qu'elle venait d'endurer. Perdre ce bébé dont elle ignorait l'existence lui avait fait bien plus de mal que toutes les autres fois. Parce que celui-là, elle l'aurait voulu... Elle l'aurait aimé.
Clémence referma ses doigts sur le dos de son compagnon, comme pour se raccrocher à lui une dernière fois avant de sombrer dans le sommeil.

Andran soutint les pleurs de sa belle, l'enlaçant avec douceur pour qu'elle ressente une présence, un apaisement à travers celui qui l'aimait. Tout ceci s'était déroulé d'une manière si brutale qu'il était parfaitement logique que Clémence craque. Elle lui rappelait cette jeune femme qu'il venait de rencontrer, et qui lui avait raconté son passé dans les larmes, ou encore celle qui était dévastée par son accès de colère après un imbroglio. C'est lorsqu'elle se trouvait dans un tel état de détresse que le chevalier comprenait à quel point elle avait besoin de lui, qu'il était si important à ses yeux qu'elle redoutait l'abandon. Il avait été là pour elle, pour l'aider à affronter ses peurs et son passé qu'elle était contrainte d'endurer seule. Il était le seul à qui elle avait confié ses secrets, son cœur et même sa chaire. Clémence avait encore besoin d'Andran dans cette douloureuse épreuve. S'écoulèrent alors quelques minutes avant que Clémence ne se calme et ne sombre dans le sommeil. Accédant à sa demande, le chevalier demeura à ses côtés, caressant sa peau douce du bout des doigts. Elle avait besoin de repos, et surtout, d'alléger ses journées. Habituée à se surmener pour survivre, la jeune femme ne ménageait pas ses efforts depuis qu'elle vivait avec Andran, et même depuis l'arrivée de Marjolaine. Pourtant, c'était quelque chose qu'il aimait chez elle, car elle pouvait ne pas se morfondre lorsqu'il s'absentait. Mais, Clémence ne savait pas trouver le moment pour se reposer ou se détendre pour récupérer, jusqu'à ce qu'elle s'effondre d'épuisement.

Pendant qu'Andran enlaçait Clémence comme s'il cherchait à encaisser un coup à sa place, il entendit doucement taper à la porte. Inquiète, Marjolaine, dont la robe était maculée de terre et le visage rouge écarlate et dégoulinant de sueur, passa la tête derrière la porte pour savoir comment se portait sa maîtresse. S'attendant à ce que le chevalier la congédie aussitôt, elle allait refermer la porte en s'excusant avant qu'il ne l'invite à les rejoindre. La servante s'approcha discrètement du lit pour ne pas réveiller la belle endormie. Elle non plus n'avait pas ménagé ses efforts aujourd'hui, étant donné qu'elle avait terminé le travail commencé par Clémence avant sa fausse couche.

« Tout va bien, Marjolaine. » la rassura Andran en chuchotant. « Redescendez en bas, et préparez une boisson chaude et relaxante. Montez-en deux tasses et préparez-en une pour vous aussi. » ordonna-t-il, toujours en chuchotant doucement. Le chevalier ramassa même l'autre serviette que la servante avait apportée et la lui tendit pour qu'elle se barbouille un peu. « Après ça, reposez-vous un peu. »

Marjolaine lui répondit d'un hochement de la tête et ressortit, pendant que le maître de maison resta avec sa fiancée. La servante reparut plus tard avec les deux tasses qu'elle posa sur la table de chevet, puis repartit aussitôt après qu'Andran l'ait remerciée. Il était hors de question que Clémence ne reprenne le travail, et, pour cela, il valait mieux que la servante ne soit pas épuisée à son tour. Marjolaine avait justement été engagée pour que Clémence puisse s'offrir quelques instants d'oisiveté, certes, mais le chevalier ne voulait pas la surmener, quitte à devoir engager un autre serviteur pour la suppléer.

Une petite dizaine de minutes s'écoula avant que Clémence ne se réveille enfin. Alors qu'elle avait encore les yeux embrumés par le réveil, Andran vint trouver ses lèvres pour l'embrasser, comme pour lui prouver qu'il était resté avec elle tout ce temps. Il la serra un peu plus fort contre lui, parce qu'il savait que ce repos ne suffisait pas à les apaiser de ce tumulte. Le chevalier prit alors l'une des tasses amenées par Marjolaine et la tendit à Clémence pour qu'elle le boive. La boisson avait refroidi depuis, mais cela l'aiderait à se revigorer et à se sentir mieux dans son corps après les douleurs qu'elle a subi.

« J'ai demandé à Marjolaine de préparer ces tisanes lorsqu'elle est venue voir si tu allais bien. » lui dit le chevalier, alors que la jeune femme prit la tasse pour en boire une gorgée. « Ça va mieux ? » demanda-t-il en laissant ses mains cheminer jusqu'à son ventre, comme si les douleurs pourraient rejaillir, même si ce n'étaient pas celles-ci qui le préoccupaient le plus. « Ces prochains jours, il faudra te reposer un peu, et je resterai avec toi. »

Bien entendu, Andran ne pouvait et ne voulait pas laisser Clémence seule après un tel évènement. Il devait veiller à ce qu'elle aille bien, et surtout qu'elle se repose. Il la savait très bien capable de reprendre le travail comme si de rien était. C'est ce qu'elle avait fait, presque un an auparavant, lorsqu'elle s'était gravement blessée aux côtes et qu'elle travaillait encore pour l'Ordre en échange de sa protection. Au final, la belle s'était endormie lors de leur première soirée romantique qui s'était conclue par leur premier baiser. Par dessus tout, Andran voulait également veiller à son bien-être. Elle avait éminemment besoin de son soutien pour se remettre de cette fausse couche.

« Je pense qu'il vaut mieux que tu tiennes le lit au moins jusqu'à demain pour laisser ton corps se reposer après… après les douleurs. » ajouta le chevalier, même si son ton résolu résonnait comme une consigne, et non comme un conseil. Andran n'aimait pas imposer quoi que ce soit à Clémence, et ne se le permettait que lorsqu'il le pensait nécessaire, ou utile. « Ensuite… hé bien… il vaudra mieux que… que nous… nous fassions quelque chose pour… pour nous changer les idées. Quelque chose qui nous détendra… »

Epuisée plus moralement que physiquement, Clémence n'entendit pas les faibles coups sur la porte ni la voix chuchotante d'Andran. Tant qu'il restait près d'elle et qu'il la serrait dans ses bras, rien ne la ferait bouger jusqu'à ce que son corps décide qu'elle s'était suffisamment reposée. Dans une grande inspiration, elle s'éveilla faiblement. Elle huma l'odeur de son compagnon tout contre elle et ressentit sa chaleur alors elle referma un peu plus ses bras sur lui. Il était resté... Et le simple fait de se dire cela lui remit en mémoire tout ce qu'il s'était passé juste avant qu'elle ne s'endorme... Un baiser sur son front chassa son inquiétude naissante et elle releva les yeux pour trouver ceux du chevalier. Elle l'observa un court instant avant qu'il ne se retourne pour attraper quelque chose.
La belle estrevine parut presque surprise mais se redressa un peu. Pas au point de s'asseoir mais suffisamment pour pouvoir prendre la tasse qu'on lui tendait et goûter à ce qu'elle contenait. Andran était très attentionné et elle ne pouvait que lui en être reconnaissante. A sa question, elle se contenta de hocher un peu la tête. Son corps allait bien, il en serait vite remis. Son cœur, lui, était en peine et elle ne savait pas vraiment quelle attitude adopter avec son compagnon. Même s'il lui donnait presque un ordre, elle ne put que lui sourire avec tristesse et tendresse. Elle ne savait pas se ménager, elle n'avait jamais su. C'était l'une des raisons pour laquelle elle avait mis du temps à se remettre de l'incident avec la poutre qui lui était tombée dessus et qu'elle était tombée très malade à Eyroles. Il voulait la forcer à ce qu'elle fasse plus attention à elle et elle lui avait promis de faire tout ce qu'il faudrait pour parvenir à lui donner un enfant... Alors... Elle ne bronchait pas et n'essayait pas de le contredire. Il était sans doute plus dans le vrai qu'elle ne voulait bien l'admettre.

-Tu n'es pas obligé... Marjolaine est là. Dit-elle avec douceur en posant sa main sur la sienne.

Elle apprécierait sa compagnie, c'était certain, mais elle ne voulait pas qu'il se sente contraint de rester à ses côtés. Il avait peut-être des choses à traiter avec l'Ordre, des affaires en souffrance. Elle avait toujours su qu'il avait des obligations que cela l'emmènerait loin ou le ferait rentrer tard parfois. Elle l'avait accepté en pleine conscience et ne voulait pas être celle qui l'empêcherait d'accomplir son devoir.

Andran lui proposa qu'ils se trouvent une activité pour penser à autre chose. Elle lui sourit avec affection. Après ce qu'ils venaient de vivre, c'était sans doute une excellente idée. Cela renforcerait leurs liens plutôt que de les éloigner. C'était le meilleur moyen de surmonter une épreuve. Elle serra ses doigts sur ceux de son compagnon.

-Avec plaisir.

Elle se pencha pour venir l'embrasser puis posa sa tempe contre la sienne dans un soupir. Elle était heureuse qu'il soit là et que, plutôt que d'aller accuser le coup seul dans son coin, il reste et la soutienne pour surmonter tout cela à deux. Elle ne pouvait pas se morfondre sur elle-même en le voyant fournir cet effort-là.

« Oh ! Mais je compte bien tenir Marjolaine au jus de cette nouvelle consigne. » répondit Andran d'un ton mielleux, avec un sourire comme s'il s'agissait d'une plaisanterie, alors qu'il était très sérieux. « Si je dois m'absenter, je lui demanderai de te rappeler que tu dois lever le pied. Après tout, nous l'avons engagé pour cela. » Il laissa les doigts de la belle estreventine s'entremêler aux siens, alors que leur étreinte se renforça légèrement. « Ton plaisir est mon plaisir. »

Le chevalier haïssait contraindre Clémence. Elle avait suffisamment été dominée dans sa vie pour qu'il s'y mette à son tour, mais il ne voulait que son bien. Maintenant qu'une servante était là pour travailler et entretenir la maison, la jeune femme pouvait et, surtout, devait se reposer. Elle n'était plus sa protégée, et encore moins une esclave. Désormais, Clémence était une femme libre, qui plus est sa future épouse. Elle n'avait plus besoin de se tuer à la tâche pour vivre, et c'est ce que son fiancé cherchait à lui faire comprendre. Andran ne désirait pas l'empêcher de faire quoi que ce soit, bien au contraire. Néanmoins, dans l'optique d'une prochaine grossesse, et même de sa santé en général, Clémence devait prendre l'habitude de ne plus se surmener et d'économiser ses forces. Ce n'était pas seulement pour cette raison qu'Andran souhaitait rester près d'elle. Physiquement, elle n'avait pas besoin de lui pour s'en remettre mais, psychologiquement… sa présence serait certainement appréciée. Elle venait de perdre un bébé. Son bébé. Leur bébé. Cette fausse couche affectait également le chevalier, et il préférait demeurer près de Clémence pour qu'ils se relèvent ensemble de ce trouble. Si l'Ordre était exigeant, Andran ferait de son mieux pour ne pas s'absenter trop longtemps si cela devait arriver.

Comme l'avait presque ordonné le chevalier, Clémence avait tenu le lit jusqu'au lendemain. Il s'était séparé d'elle à quelques occasions pour la laisser se reposer, et également se changer. Encore marquée par sa fausse couche, elle avait eu du mal à trouver l'appétit, ne picorant que quelques légumes du plat que Marjolaine avait préparé. Le soir, Andran était resté auprès d'elle, pendant que la servante termina ses tâches avant de se coucher à son tour. Les deux fiancés s'endormirent dans leur étreinte solide et complice, loin de cette nuit à Erignac durant laquelle le chevalier s'était montré distant avec sa belle. Cette fois-ci, ils affrontaient cette épreuve ensemble.

Le lendemain, Clémence fut victime de nouvelles hémorragies bien que plutôt superficielles… et surtout naturelles. Par conséquent, Andran lui avait consigné de limiter ses efforts au maximum pour laisser son corps se remettre définitivement de ces épisodes éprouvants. Il refusait fermement qu'elle ne jardine, ne cuisine ou ne fasse le ménage, même s'il ne pouvait lui refuser quelques déplacements dans la maison. Son corps avait encore besoin de repos. Reprendre trop tôt une activité éprouvante était le meilleur moyen de perdre à nouveau le contrôle. Andran était bien placé par le savoir, car son Ordre fonctionnait de la même manière. “Après l'effort, le réconfort” n'était pas un adage à prendre à la légère. Pour lui, l'entraînement était nécessaire, mais, s'il le poussait trop fort et trop loin, son corps finirait par l'abandonner. La règle s'appliquait parfaitement sur la situation de sa fiancée, et peut-être même que le chevalier s'était montré trop sévère à son égard.
De ce fait, Andran essaya de s'assouplir le jour suivant afin d'éviter que Clémence ne se sente enchaînée. Encore une fois, ce n'est pas ce qu'il souhaitait. Néanmoins, la jeune femme put constater que Marjolaine travaillait très bien toute seule, car la maison était propre et le jardin très bien entretenu. Cela ne l'empêchait pas de s'occuper, loin s'en faut, mais elle pouvait dès lors se ménager. Le chevalier ne se contenta d'interrompre Clémence que lorsque son activité commençait à devenir longue ou physiquement plus difficile. Durant ces deux jours, Andran comprit finalement que sa fiancée manquait cruellement de loisirs. Elle ne pratiquait aucune activité par pur plaisir, et ce labeur n'était rien d'autre qu'un moyen par défaut pour s'occuper, celui auquel elle a été habituée et contrainte toute sa vie, faute de mieux. Une noble dame, même si ce titre échapperait officiellement à l'estreventine, elle, se consacrait à des activités moins épuisantes, et surtout, qui l'intéressaient voire la passionnaient. Et si c'était ce qui manquait à Clémence ?

Andran avait, certes, été présent pour aider sa fiancée à apprendre à se ménager, mais, surtout, il avait été là pour la soutenir. Depuis sa fausse couche, il n'était ni froid, ni distant, et il était le foyer de l'apaisement de la jeune femme pour qu'elle relève la tête. Sans espoir quatre ennéades plus tôt, c'était maintenant lui qui espérait, à tout prix, que Clémence puisse donner la vie. La douleur et la peine, petit à petit, évacuaient pour rétrocéder leur place à l'espoir d'un bonheur complet. Vers la fin de la matinée du troisième jour suivant cet évènement terrible, Andran retrouva sa belle dans leur chambre, en train de ranger quelques robes dans leur armoire. Un sourire timide se fichait sur ses lèvres, comme s'il voulait lui glisser un mot doux mais qu'il s'en sentait ridicule. Le couple allait mieux, et l'occasion était rêvée pour prendre l'air, se détendre, et enfin oublier ces derniers jours douloureux.

« Clémence. Je… j'aimerais t'emmener quelque part mais… il faudrait que tu prennes des sous-vêtements pour… pour être honnête, je n'ai pas envie de te le révéler. » annonça le chevalier, les joues toutes rouges, étouffant un rire niais. Il appréciait bien la surprendre, mais il craignait toujours d'essuyer un échec, qui plus est en précisant la nécessité de sous-vêtements. Il ne voulait pas qu'elle croit que c'était pour une occasion salace, que cela soit trop tôt et qu'elle ne le repousse. « C'est… une surprise. Alors… ne me poses pas de question, je n'y répondrai pas. »

Interrogative, Clémence suivit néanmoins son fiancé après lui avoir obéi. Ils prirent tous les deux leurs montures, et Andran mena sa chérie en dehors de la ville, vers un endroit qu'elle connaissait pourtant très bien. Après quelques minutes de trajet, il ralentit l'allure arrivé devant un étang… mais pas n'importe lequel. La jeune femme pouvait aisément reconnaître cet endroit où ils s'étaient livrés leurs sentiments, et là où ils avaient échangé leur premier baiser. Pour aujourd'hui, le nordien avait une toute autre idée en tête, même si le but était le même : passer un bon moment, s'aérer l'esprit et s'alléger le cœur. Il mit pied à terre en premier et invita sa fiancée à l'imiter. Ils attachèrent leurs chevaux sur le tronc d'un arbre solide avant de s'approcher du bord de l'eau.

« J'ai pensé que revenir ici nous ferait du bien… à tous les deux. Que cela nous ravive de lointains souvenirs… » confessa-t-il en trouvant le regard de Clémence après une longue inspiration. Ses joues s'empourprèrent derechef à l'idée d'évoquer la raison pour laquelle il l'avait amené jusqu'ici. « La dernière fois, je t'avais proposé quelque chose pour nous détendre et… La voix du chevalier se fit toute timide alors qu'il détourna le regard vers l'étang, ne parvenant plus à tenir celui de Clémence. « Si je t'ai demandé de prendre des sous-vêtements c'est parce que… je pensais t'apprendre à nager, ou au moins à rester à l'aise dans l'eau, parce que… je sais que tu ne sais pas faire… » Andran se lécha la lèvre inférieure avant de la pincer, inspirant profondément une fois encore. « Et puis… cela nous donnerait l'occasion de… nous baigner… loin de tout… Qu'est-ce que tu en penses ? »

Les derniers jours avaient été plus doux qu'elle ne s'y attendait. Certes, elle avait perdu un enfant qui aurait été digne d'être aimé et elle avait souffert atrocement ce qui rendait cette épreuve nettement plus douloureuse. Mais Andran était resté avec elle. Il avait à peine quitté la maison depuis sa fausse couche et il se montrait particulièrement attentionné à son égard. Il avait peur de la contraindre en lui interdisant de se lever ou de faire quoi que ce soit chez eux mais elle ne voyait pas cela de cet œil. Lorsqu'il lui disait de rester assise pour aller chercher lui-même un verre d'eau à son attention, lorsqu'il lui interdisait de déplacer elle-même sa lourde de chaise et venait derrière elle pour la pousser en même temps qu'elle s'asseyait, lorsqu'il lui intimait l'ordre de retourner se reposer en demandant à Marjolaine de prendre sa place en cuisine... Eh bien elle le regardait avec tendresse. Personne n'avait jamais autant veillé sur elle depuis bien longtemps et, si elle savait que cela ne pouvait et ne devait durer toujours, elle appréciait tous les efforts qu'il déployait pour s'assurer qu'elle prenne soin d'elle. Et bientôt, la peine fut presque oubliée. Remplacée par l'amour grandissant qu'elle ressentait pour son compagnon.

Tandis qu'elle achevait de ranger une de ses tenues, Andran vint la trouver et sa requête la surprit et l'intrigua.

-Que mijotes-tu ? Demanda-t-elle, non sans un sourire dissimulé derrière son questionnement.

Mais il refusa de lui répondre. Elle hésita une seconde puis replongea dans son armoire pour en sortir une sous-robe. Elle la plia avec soin et la dissimula dans un sac avant de suivre son compagnon. Elle n'était pas inquiète, elle avait pleinement confiance en lui. Néanmoins, elle se demandait ce qu'il pouvait bien mijoter exactement pour faire tant de mystère. Elle l'accompagna, jouant le jeu en conservant le silence, jusqu'au lieu dans lequel il tenait à la conduire. Même s'il faisait jour cette fois, la belle estrevine reconnut parfaitement l'endroit de leurs premiers émois.
Clémence descendit de cheval, quelques étoiles dans les yeux. C'était donc cela la surprise ? Mais pourquoi lui demander de prendre des sous-vêtements ? Andran ne tarda pas à répondre à cette question. L'idée était assez étonnante et à la fois... très plaisante. Il n'était pas inutile qu'elle apprenne à nager mais le plus important était qu'il passe du temps tous les deux, qu'ils se vident un peu l'esprit et qu'ils se divertissent : ensemble.

Délicatement, elle posa une main sur le bras de son chevalier pour attirer son attention et, si possible, son regard.

-C'est une excellente idée, mon amour.

Elle lui sourit avec sincérité. Même s'il était plus adorable et très attentionné avec elle qu'à l'accoutumé depuis plusieurs jours, une ambiance étrange flottait dans la maison depuis que ses cris de douleur en avaient transpercé la quiétude. Il leur manquait cette complicité qu'ils n'étaient pas encore parvenus à retrouver et qui représentait la seule chose qui leur manquait pour un retour à la normale complet.

-Je vais me changer... Fit-elle, un peu plus timidement avant de l'éloigner en quête d'un endroit où retirer ses vêtements et passer la sous-robe qu'elle avait apporté. Elle trouva un coin près d'un arbre entouré de hauts buissons. Elle y disparut quelques instants puis revint bien vite. Andran... J'aurais besoin de toi...

Le lacet de sa robe était dans son dos...
Lorsque le chevalier en eut fini avec son lacet, elle retourna dans sa cachette et n'en ressortit qu'une fois prête. Elle s'approcha du bord de l'eau, vêtue d'une longue robe ajustée et sans manche conçue avec un tissu fin et blanc. Si elle avait su, elle aurait pris quelque chose de plus épais. Elle trempa la pointe des pieds dans l'eau.

-C'est un peu frais... Remarqua-t-elle avant d'enfoncer son pied un peu plus profondément jusqu'à remarquer que la surface était plus froide que l'eau qui se trouvait en-dessous. C'était assez étrange. Mais elle pu avancer un peu plus, s'éloignant du bord de manière progressive, s'accoutumant à la température.

Au-delà même de ce moment de complicité qu'espérait Andran en emmenant sa belle jusqu'à cet endroit symboliquement puissant, elle pourrait apprendre à nager pour y revenir s'y détendre au besoin. Le contact de l'eau sur la peau avait tendance à détendre le corps et apaiser l'esprit, même lorsqu'elle était froide telle que celle de cet étang. Après ces quelques jours difficiles, le couple en avait grandement besoin. Le chevalier voulait voir sa belle lui sourire à nouveau et entendre son rire chantant résonner dans les murs de leur maison. Si les fiancés s'offraient leurs corps et leurs chaires, Andran, lui, ne souhaitait pas pour autant en dédaigner ces instants de complicité, durant lesquelles ils s'amusent ensemble.

Pendant que Clémence s'isolait pour pouvoir se changer en toute intimité, Andran se défit de sa tenue au bord de l'étang, jusqu'à ne conserver qu'un pantalon court et fin. Il s'apprêtait à plonger dans l'eau lorsqu'il entendit sa belle l'appeler… pour l'aider à enlever sa robe. Il ne retint pas un rire avant de la rejoindre pour défaire le lacet de sa robe fiché dans son dos. La jeune femme n'avait plus qu'une robe semblable à une tenue de nuit, mais elle suffirait amplement pour aujourd'hui. Andran n'hésita pas l'ombre d'un instant pour s'enfoncer dans l'eau, tandis que Clémence resta sur le bord, trempant d'abord ses pieds.

« Oui, elle est un peu froide mais ton corps s'y accoutumera facilement. » répondit le chevalier qui s'éloigna du bord de l'étang. « Allez, viens ! Je suis là ne t'en fais pas ! » lui intima-t-il alors qu'elle plongeait lentement ses jambes dans l'eau. « Laisses ton corps s'habituer à la température, et ensuite je t'apprendrai à nager. »

Dubitative, Clémence progressait lentement dans l'eau, prudente et craintive de ne plus parvenir à poser le pied au fond de l'étang. Andran était comme dans son élément : il se mouvait avec facilité, sur le dos comme sur les côtés, habitué à ces températures. Il adressa un large sourire à sa fiancée, venant trouver ses lèvres pour l'embrasser lorsqu'elle s'immobilisa dans l'eau alors qu'elle lui arrivait au niveau du buste. Il resta près d'elle pour la rassurer et lui expliquer les bases de la natation.

« La natation est un excellent moyen de garder une silhouette affinée et travailler ses muscles. Elle fait travailler tout ton corps. » souligna Andran, le sourire aux lèvres pour qu'elle comprenne à qui la référence était faite. Lorsqu'il vivait à Eyroles, il s'exerçait très souvent dans l'Éris avec Spahi, ou même lorsqu'il n'était qu'un simple écuyer. Ses muscles avaient alors commencé à se dessiner. « Il faut avant tout que tu restes calme, et que tu ne te précipites pas. Tes mouvements de jambes et de bras doivent être amples, et s'agiter dans tous les sens ne te mèneront nul part. »

Loin de l'enseignant impatient et intransigeant, Andran se révélait être cet amant patient, agréable, à l'instar de celui qu'il était lorsqu'il lui avait appris à lire et à écrire. Après lui avoir expliquer et démontré les mouvements de la nage, il laissa Clémence s'exercer sur le bord, là où elle avait pied pour qu'elle prenne lentement mais sûrement ses aises. Le chevalier la guidait de sorte qu'elle améliore ses mouvements de jambes et de bras, jusqu'à ce qu'elle parvienne à avancer sans trop de difficultés. Là, il avançait même avec elle, le sourire aux lèvres, pour l'encourager et la féliciter.

« Tu vois ? Cela n'a rien de difficile ! Continues comme ça. » s'exclama Andran, toujours souriant. Il nagea vers elle pour la prendre dans ses bras. Rompant leur étreinte, le chevalier s'éloigna pour rejoindre les eaux profondes, encourageant sa belle à le rejoindre, bien qu'il lisait le doute sur son visage. « Allez, je sais que tu peux le faire. Je te rattraperai si tu n'y arrives pas. »

A mesure que la belle estrevine s'avançait dans l'eau, elle sentait son corps s'habituer mais, surtout, sa robe trempée lui coller à la peau. Mais elle continua sa progression malgré tout, jusqu'à ce qu'elle ne se sente plus à son aise pour continuer. L'eau lui allait jusqu'à la taille et le haut de son corps était encore couvert par du tissu sec. Mais cela ne dura pas longtemps. Elle dut s'affaisser dans l'étang afin de se plier aux exercices demandés par Andran. Elle s'exécuta sans broncher, jouant le jeu de cet instant de complicité qu'il cherchait à retrouver. Elle apprit tout d'abord à flotter sur place avant de se mettre à plat ventre dans l'eau, posture nécessaire à l'apprentissage des premiers mouvements de nage.
Mais lorsqu'elle s'essaya à la brasse, elle rencontra quelques difficultés. Elle s'empêtrait dans sa robe et son compagnon dû la rattraper quelques fois. Alors elle finit par se remettre debout sur ses pieds pour trouver la solution. Dans ce but, elle avait dans l'idée de prendre le lacet de son décolleté. Baissant les yeux, elle réalisa que le tissu de son vêtement était devenu totalement transparent et que l'on distinguait très nettement sa poitrine et les pointes de ses seins durcies par la fraîcheur de l'étang. Elle pivota alors pour se dissimuler au regard du chevalier, soudainement gênée par la vision qu'elle offrait qui était... terriblement indécente. Dos à lui, sa silhouette malgré tout visible à cause de la rose collée à sa peau, elle retira entièrement la ficelle qui maintenait unis les deux morceaux de tissu qui masquaient son décolleté. Elle s'en servit alors pour nouer un pan de sa robe et venir le fixer à sa taille, attachant le lacet autour d'elle. Lorsqu'elle eut fini, son indécence était pire encore... Le galbe de ses seins se distinguait dans l'ouverture plutôt large créée par l'absence de la ficelle et l'une de ses jambes était en grande partie découverte. Alors elle choisit de s'asseoir à nouveau dans l'eau avant de se retourner vers Andran.

Après quelques exercices supplémentaires, le chevalier vint la prendre dans ses bras. Durant un bref instant, elle sentit la chaleur de son corps contre le sien avant qu'il ne s'éloigne d'elle et du bord de l'étang, là où Clémence savait qu'elle n'aurait plus pieds. Elle hésita quelques secondes avant de se lancer sous les encouragements de son compagnon. Elle respecta scrupuleusement ses conseils et parvint à le rejoindre sans trop de difficultés pour une première leçon. Arrivée à sa hauteur, elle se redressa pour lui faire face. Elle ne cachait pas son sourire, heureuse et fière d'avoir su accomplir tout cela en si peu de temps. Mais alors qu'elle savourait sa victoire, elle sentit quelque chose lui frôler la jambe. Aussitôt, elle prit peur et, cherchant à apercevoir dans l'eau noire ce qui l'avait touchée, elle vint combler la maigre distance qui la séparait encore d'Andran et se suspendit à son cou.

-J'ai sentit quelque chose... Quelque chose m'a frôlé !

Elle avait beau regarder, elle ne pouvait rien voir. Ni leurs pieds qui maintenaient leurs têtes hors de l'eau, ni même les mains de son compagnon qui l'avaient saisie dans la panique. Ce n'était sans doute qu'une algue ou un poisson mais elle n'était pas habituée au milieu aquatique et le fait qu'elle ne puisse distinguer quoi que ce soit ne l'aidait pas à s'apaiser.

-Ramène-moi plus au bord. S'il-te-plaît.

Le chevalier ne chercha pas à comprendre et obéit. Dès qu'elle comprit qu'il avait pieds, elle se redressa pour se mettre debout. Ils avancèrent encore un peu puis, rassurée, elle s'arrêta. Elle rit, un peu nerveusement et aussi parce qu'elle avait conscience que sa peur était un peu ridicule. Il n'y avait probablement rien de dangereux dans ce petit étang de Sainte-Berthilde.

-Pardon. J'ai pris peur pour un rien.

Souriante malgré tout, elle vint se réfugier dans ses bras, oubliant la tenue dans laquelle elle était. Elle avait simplement besoin d'un peu de ce réconfort que lui seul pouvait lui offrir. Sa frayeur n'avait été qu'éphémère, elle allait bien. Elle voulait juste le sentir contre elle un instant. Même si l'instant se fit un peu long qu'elle ne le pensait...

Tandis que Clémence commençait ses exercices dans l'eau, Andran la vit s'interrompre en lui tournant le dos, comme si elle lui cachait quelque chose. Il ne comprit que lorsqu'il l'aperçut soulever un pan de sa robe pour l'attacher à sa taille… avec un lacet dont il ne cerna l'origine que lorsqu'elle se retourna. Malheureusement, la belle avait emporté avec elle une robe trop grande, ce qui rendait la nage au moins désagréable, au plus difficile. Bien qu'ils s'étaient déjà vus nus à de nombreuses reprises, le chevalier lisait clairement sur le visage de sa fiancée qu'elle était mal à l'aise. Il comprenait bien que se dénuder était une épreuve auparavant, mais cela n'avait plus lieu d'être désormais. Dans cette tenue comme dans une autre, Andran ne découvrait rien de particulier. Ni ses formes, ni sa beauté… ni même le désir qu'il éprouvait pour elle.

Décidée à reprendre la natation, Clémence rejoignit une nouvelle fois son compagnon qui le guidait avec patience. Alors qu'ils s'éloignaient toujours plus du bord, Andran guettait les mouvements de la jeune femme et surtout, ses réactions. La panique ne se fit, d'ailleurs, pas prier car, à peine s'éloignaient-ils vers les profondeurs que Clémence se rua sur le chevalier pour s'accrocher à lui. Ce dernier lui obéit sans attendre une nouvelle sommation et la ramena vers le bord. Cet étang était évidemment rempli de poissons que personne ne pêchait car trop petits, mais Andran n'avait pas songé à le lui expliquer. Il n'aurait pas pensé que cela puisse susciter une réaction aussi irrationnelle. Pourtant, il préférait qu'elle se détende avant d'éventuellement reprendre les exercices. Lorsqu'il l'entendit rire, Andran pensait alors qu'il s'agissait d'une blague. Au moins, il lui avait arraché un rire, même si elle s'excusa et qu'elle avait vraisemblablement pris peur.

« Cela n'était certainement qu'un poisson. » expliqua-t-il, alors que Clémence était dans ses bras. Ils demeurèrent ainsi quelques instants avant de se relâcher. « Je voulais que l'on aille jusqu'à l'ilot… mais à la nage cette fois. » confessa-t-il en regardant par dessus son épaule l'endroit qui flottait un peu plus loin. « Tu penses pouvoir y arriver ou tu préfères que nous restions ici ? »

Si cet étang était le blason de leur relation, l'ilot qui trônait en son centre en était le motif. C'est là qu'Andran avait avoué ses sentiments, et c'est là qu'ils s'étaient embrassés, après avoir doutés des sentiments de l'autre pendant des ennéades entières. Ensuite, ils s'étaient allongés sur l'herbe pour admirer les étoiles, mais Clémence, épuisée par sa blessure et le labeur, s'était endormie. Le jour même, ce détail leur avait quelque peu échappé, et pourtant, il avait son importance si cela venait à obstruer les grossesses de sa belle. Par cette symbolique, Andran souhaitait qu'elle comprenne d'elle-même les vertus du repos par un souvenir des plus probants.

Clémence accepta de le suivre à la condition qu'il ne s'éloigne pas d'elle, requête qui ne manqua pas de l'amuser. Après cette crise de panique passagère, il n'escomptait pas la laisser seule au beau milieu de l'eau profonde, qui plus est dans un vêtement absolument pas adapté à la natation. Le couple avança au rythme et aux aises de la belle, son chevalier insistant sur son souffle et sa sérénité, répétant qu'elle ne risquait rien et qu'il était là pour la soutenir si elle venait à couler. Andran se montrait encourageant tel un professeur passionné à l'idée devoir son élève réussir. Il savait pertinemment que c'est ce dont Clémence avait besoin en amour comme dans n'importe quel autre domaine. Une présence apaisante, un soutien inébranlable, pour l'aider à vaincre ses peurs. Le temps pour y parvenir variait selon la difficulté de l'épreuve, mais seul le résultat comptait.

Au terme de quelques minutes, le couple atteignit la destination, ignorant le ponton pour atteindre le sol herbeux de l'ilot. Andran guida sa belle jusqu'au bord de l'ilot en la tenant par la main une fois qu'ils eurent tout deux le pied sur le fond de l'eau. Trempés de la tête aux pieds, leurs vêtements se collaient à leur peau tandis que les deux s'essorèrent les cheveux avant de se prendre dans les bras. Le chevalier la souleva et fit un tour sur lui-même en regardant Clémence dans les yeux, un large sourire dessiné sur ses lèvres, puis la posa sur le sol, s'asseyant à côté d'elle. Il passa son bras derrière son dos et posa sa main sur son épaule pour l'attirer à lui dans un soupir soulagé.

« J'aime beaucoup me baigner, que ce soit pour m'entraîner ou simplement pour être seul. Le contact de l'eau me détend, même lorsqu'elle est froide. » raconta Andran, les yeux fermés et la tête posée sur celle de Clémence. « J'espère que cela t'a également fait du bien… au-delà de l'apprentissage et de la peur de l'eau. J'avais vraiment envie de passer ce moment avec toi. J'apprécierai toujours ces moments de complicité que nous partagerons ensemble. Il faudra d'ailleurs songer à perfectionner mon oliyan… »

Andran ne manqua pas de rire à cette remarque pourtant légitime. Clémence ne pouvait pas éternellement jouer les interprètes entre sa famille et son futur époux, et encore moins dans l'optique de mariages. De quoi aura-t-il l'air s'il ne comprend pas un traître mot d'un mariage auquel il est invité ? Et de quoi aura l'air sa famille à un mariage péninsulaire auquel ils sont invités ? Puis, après avoir appris la langue péninsulaire grâce à lui, elle pouvait bien lui apprendre à écrire et parler l'oliyan, non ? L'idée de savoir qu'il serait l'élève et Clémence l'enseignante l'amusait beaucoup. Pendant des mois, Andran lui avait inculqué les coutumes du Royaume et les mondanités de la noblesse. Il n'avait pas encore eu droit aux mêmes leçons sur le pays estreventin.

« Je ne te l'ai pas dit mais… Cela m'a fait plaisir de t'entendre rire et de te voir sourire, tout à l'heure. » avoua le chevalier, qui lui embrassa ses cheveux trempés. Sa main sur son épaule resserra leur étreinte alors qu'il souffla une nouvelle fois d'un air détendu. « C'est lorsque tu es triste que je me rends compte que j'ai besoin de te voir heureuse pour l'être également. »

-Tu restes avec moi ? Répondit Clémence à la proposition d'Andran de nager jusqu'au milieu de l'étang. Et lorsqu'il lui eut répondu par l'affirmative, elle ajouta quelques mots. Alors allons-y.

Elle avait décidé de se plier au jeu jusqu'au bout. Il ne lui demanderait pas de le faire s'il ne l'en pensait pas capable. Et du moment qu'il demeurait à ses côtés, elle savait qu'elle n'avait rien à craindre. Et c'était tout ce qu'il fallait retenir de son accord : sa confiance aveugle en lui. Ce dernier exercice était loin d'être aisé mais elle y parvint néanmoins, au prix de patience, de concentration et d'efforts. Sous les encouragements et les conseils de son compagnon, elle finit par atteindre l'autre rive. Elle se redressa lorsqu'elle eut pieds et marcha vers le sol herbeux de l'îlot qu'elle n'avait plus foulé depuis quelques mois déjà. Essoufflée mais satisfaite, elle en oubliait presque sa tenue indécente de transparence, sa peau mate ressortant nettement à travers le tissu blanc.
Andran la souleva de terre et la fit tournoyer. Elle poussa un petit cri de surprise et s'accrocha à son cou avant de se mettre à rire avec lui. Il était rare qu'il fasse preuve d'une telle insouciance mais c'était particulièrement agréable ce jour-là. La seconde suivante, elle était par terre et il l'enlaçait amoureusement. Clémence replia ses jambes devant elles et les encadra de ses bras, cachant ainsi sa poitrine visible par transparence et ce décolleté d'une profondeur plus que gênante. On distinguait toujours les autres courbes de son corps, dont ses fesses, mais elle ne pouvait pas tout dissimuler...

-Sana öğretmeyi çok isterim. La belle métisse sourit devant la réaction de son compagnon avant de lui traduire. Ça veut dire : Je serai ravie de t'apprendre.

Son expression se fit plus rayonnante et tendre tandis qu'elle continuait de le regarder. Il voulait apprendre sa langue... Ils avaient imprégné la décoration de leur maison de fragments de son pays et maintenant il voulait partager un peu plus de sa culture en parlant comme elle. Elle était touchée par son geste. Elle aimait pouvoir être elle-même avec lui et laisser une partie de son pays la suivre jusqu'en Péninsule lui faisait énormément de bien.

-Je pourrais l'enseigner à nos enfants ?

Elle posait la question mais elle croyait déjà deviner la réponse. Elle était heureuse à l'idée que ces enfants -bien qu'encore très hypothétiques- puissent connaître et partager sa culture. Ils n'auraient pas beaucoup l'occasion d'aller jusqu'en Ithri'Vaan et ne parleraient sans doute sa langue natale qu'en famille mais qu'importait... Cela lui ferait du bien de retrouver un peu de chez elle ici, à Sainte-Berthilde.

Les dernières déclarations d'Andran étaient touchantes mais la faisaient aussi culpabiliser, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

-Je te cause bien du souci... Mais tu savais à quoi t'attendre dès le début je crois. Rétorqua-t-elle avec amusement.

Elle lui donna un minuscule coupe d'épaule complice. Leur rencontre non plus n'avait pas été de tout repos. Il avait été blessé et s'était retrouvé affublé d'une femme à emmener partout avec lui et à protéger. Depuis, elle lui en avait fait voir de toutes les couleurs... Parfois par sa faute à lui d'ailleurs. Mais ils pouvaient bien en rire aujourd'hui, non ? Ils étaient fiancés et projetaient de fonder leur famille. Ce jour était trop beau pour qu'elle songe au fait que cela pourrait ne jamais se produire. Au contraire, elle voulait y croire. Maintenant, plus que jamais.

-Je n'aurais jamais cru pouvoir trouver le bonheur en Péninsule. Ama bu seni bulmadan önceydi. Conclut-elle amoureusement avant de se pencher pour lui offrir un baiser long et tendre.

Contrairement à Clémence qui connaissait le langage péninsulaire avant d'apprendre à l'écrire, Andran, lui, ignorait tout de l'oliyan. Il ne savait ni le parler, ni l'écrire, et devait même apprendre tout un alphabet pour s'en imprégner. Cela faisait partie de ces nombreuses choses qu'il lui restait à apprendre du pays estreventin. Après tout, il avait promis à Clémence de faire en sorte que, même ici, à Cantharel, elle pourrait conserver quelques traces de ce lointain pays. Leur maison comportait déjà quelques objets venus tout droit d'Entrevent, et la jeune femme avait aussi conservé quelques tenues que le chevalier acceptait qu'elle porte dans leur demeure. Cela ne coûtait rien d'apprendre une langue, ni pour Andran, ni pour ses enfants, si tant est que Clémence puisse les lui offrir.

« Bien sûr. » affirma-t-il pour répondre aux interrogations de Clémence. « Il faudra bien qu'ils puissent communiquer avec leur famille également. » nota-t-il dans un rire timide. Comme il l'avait promis pour Clémence, le chevalier ne voudrait pas empêcher ses enfants de voir leurs oncles et leurs tantes maternels, même peu de fois par an. Elle s'en doutait certainement, mais il était toujours utile de le rappeler. « Ils auront déjà tes traits, alors pourquoi pas ton dialecte ? »

L'espièglerie dans le timbre de sa voix ne cachait pourtant pas une réalité à laquelle Andran s'attendait consciemment. Même si Clémence n'était pas bien plus foncée que les gens du Sud, ses enfants hériteront sans doute de son teint hâlé, qui ne manquera pas d'être éclairci par la peau clair de leur père. En plus de le savoir, il le désirait. D'apparence comme de personnalité, Andran souhaitait que ces fils et ces filles à qui Clémence donnerait la vie leur ressemblent, à lui comme à elle. Leurs multiples points communs ne seront sûrement pas de trop pour cela.

Devant la réaction de sa belle à ses déclarations, le chevalier ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Elle lui répondait comme s'il lui avait adressé le moindre reproche, alors que ce n'était qu'un constat plutôt amer de ces jours difficiles, qui pouvaient effectivement décrire leur relation. Cependant, comme Clémence l'a si bien dit, Andran savait qu'elle lui avait causé du tort vis-à-vis de ses frères d'armes ou même de sa réputation. Il l'avait accepté, non pas par amour au départ, mais par simple dévotion à ses principes. Aujourd'hui, elle ne devait plus rien à l'Ordre, et celui-ci ne pouvait plus lui reprocher quoi que ce soit vis-à-vis d'elle.

« Oui… mais je crois que je t'en ai causé aussi, alors… » admit-il en haussant les épaules. Il faillit dire que c'était de bonne guerre, mais il ne s'agissait certainement pas de l'expression la plus adaptée. « Je n'ai pas toujours su m'y prendre avec toi, c'est le moins que l'on puisse dire… et inversement, d'une certaine manière. »

Si c'était lui qui avait dépassé les limites de la bienséance, elle n'avait pas toujours été facile à cerner non plus. Leur relation était menée par la maladresse et le quiproquo, chacune de leur déclaration étant si floue qu'ils n'étaient parvenus à se comprendre que lorsqu'Andran lui avait ouvert son cœur. Mais, il ne s'était pas montré plus facile qu'elle, alors il ne pouvait pas réellement lui jeter la pierre. Tout cela était loin derrière eux désormais. Aujourd'hui, ils se comprenaient, s'aimaient, et ne tarderont pas à s'unir pour la vie. C'est tout ce qui importait.

« Je suis heureux de t'avoir à mes côtés, Clémence. » surenchérit le chevalier, tout sourire, en lui caressant le visage après leur baiser. Andran s'allongea sur le sol, invitant sa fiancée à l'imiter et à se blottir contre lui, la tête sur son épaule, et une main sur son ventre, sur laquelle il posa la sienne. « Le peu de soucis que tu as pu me causer n'est rien comparé au bonheur que je vis avec toi. »

Clémence se laissa entraîner sur le sol sans rien dire, sa tête venant rapidement trouver le creux de son épaule pour y rester jusqu'à ce qu'ils soient allongés. Naturellement, sa main se posa sur son torse et celle d'Andran vint la recouvrir. Ses derniers mots la firent sourire et elle leva les yeux vers lui. Puis elle se redressa sur son coude pour pouvoir plonger son regard. Elle laissa son buste se poser à moitié sur le sien, ses seins froids et pointus recouverts du tissu qui lui collait toujours à la peau. Elle le détailla ses traits avec tendresse, caressant sa joue. Et puis, elle se pencha pour l'embrasser, longuement. Cela faisait un moment qu'ils n'avaient plus partagé d'instants comme celui-là, juste l'un contre l'autre, amoureux et doux, goûtant leurs lèvres sans se lasser. Peu à peu, elle l'enlaça pour mieux le serrer contre elle. A cette heure-ci, elle avait tout oublié. La fausse-couche, la douleur associée, le drame qui les avait frappé en apprenant la nouvelle, les jours de convalescence. Il n'y avait qu'eux, dans le berceau de leur relation, le champ des oiseaux, le soleil sur leur peau...

Soudain, un bruit alerta la jeune femme qui rompit leur baiser et leur étreinte. Elle eut à peine le temps de se retourner pour distinguer un gros poisson sautant en dehors de l'eau et retomber aussitôt dans son habitat naturel. Elle n'avait encore jamais assisté à une telle chose et elle se mit à rire aux éclats. Son corps s'était passable écarté de celui de son amant et on en distinguait tout à travers le tissu humide. Elle s'en rendit rapidement compte et détourna les yeux, gênée. Elle ne porterait rien, il y verrait presque tout aussi bien mais le fait qu'elle soit habillée rendait la vision plus... osée. Finalement, elle releva malgré tout le regard vers Andran, les joues légèrement rosées. Et là, elle avait soudain l'impression d'oublier sa gêne... Elle n'avait pas de raisons de faire montre d'une quelconque timidité avec lui après tout. Alors ses lèvres retrouvèrent les siennes et les embrassèrent avec assurance. Un baiser plus langoureux que le précédent.

Les bras l'un dans l'autre, le couple savourait silencieusement la sérénité de l'endroit, ce soleil radieux caressant leur peau et les chants mélodieux des oiseaux. Andran avait fermé les yeux pour mieux laisser son corps se détendre au contact de la peau mouillée de Clémence, et son esprit s'apaiser sous le merveilleux solfège que lui offrait la nature à ce moment. Il respirait profondément, humant affectueusement l'odeur printanière de l'étang, soupirant tout aussi intensément d'un air détendu. Le chevalier avait la fâcheuse tendance à oublier les merveilles que pouvait offrir Kÿria, et cet endroit en était une parmi tant d'autres. Alors qu'ils étaient allongés sur le sol herbeux de l'ilot depuis quelques minutes, Clémence était venu trouver les lèvres d'Andran pour l'embrasser. Pourtant, la jeune femme l'interrompit brusquement, extirpant le chevalier de la rêverie à laquelle il se laissait voguer pendant ce doux baiser. Il rouvrit les yeux, et tourna la tête vers là où Clémence perdait son regard, apercevant un gros poisson qui sautait hors de l'eau pour y replonger. La jeune femme rit alors aux éclats, comme si elle admirait un spectacle comique, devant le regard interloqué du chevalier, qui finit par en sourire. Clémence était si ravissante lorsqu'elle était heureuse.

Pourtant, le rire de sa belle s'interrompit trop vite à son goût. Ce revirement soudain laissa Andran songeur, qui voyait Clémence détourner le regard quelques instants avant de le relever sur le sien. Il comprit rapidement que sa tenue, et surtout la manière dont elle l'avait aménagé pour être plus à l'aise dans l'eau, la dérangeait. Dans cette position, Andran voyait parfaitement le décolleté assez ostentatoire de la jeune femme, et également l'une de ses jambes que le repli de sa robe avait laissé à nue. Pourtant, elle n'avait plus rien à craindre ou à lui cacher, désormais. De plus, le chevalier n'y avait pas prêté plus d'attention que de raison, tant pour ne pas gêner Clémence que parce qu'il ne souhaitait pas tenter une approche sensuelle à l'occasion d'un instant de complicité. Mais… maintenant que les deux fiancés se sentaient plus apaisés, ainsi que le baiser langoureux que la jeune femme vint lui arracher, Andran sentit la flamme du désir se raviver dans son corps. Lorsque leur baiser se conclut, il demeura près des lèvres de sa belle, son souffle caressant sa peau.

De là, Andran laissa sa main atteindre la cuisse nue de Clémence pour y dessiner de tendres caresses, l'amenant à se plaquer contre lui. Dans un sourire espiègle, il l'embrassa une nouvelle fois langoureusement avant de descendre jusqu'à son cou pour le couvrir également de doucereux baisers. Ce n'est qu'après un court instant que le chevalier attira la jeune femme à lui pour l'inviter à se tenir sur lui à califourchon. La main toujours à caresser sa cuisse, il posa l'autre sur sa nuque pour l'amener à lui afin de l'embrasser.

« J'ai envie de toi, mon amour… ici et maintenant… » susurra-t-il entre deux baisers. Sa main quitta sa nuque afin de dessiner un mouvement lent jusqu'à s'immobiliser au creux de sa poitrine. Andran releva le regard sur celui Clémence. « Unissons-nous ici une nouvelle fois… »

Clémence ne quittait pas le regard d'Andran tandis qu'il caressait sa cuisse après leurs premiers baisers langoureux. Elle sentait dans ce simple geste tout le désir qui naissait en lui. Elle le lisait dans ses yeux qu'elle fixait sans chercher à s'en soustraire. Elle n'avait pas peur et, en cet instant, elle n'avait plus honte. Dans ces moments d'intimité, il n'y avait plus que lui, elle et leur amour. Ils s'embrassèrent de nouveau et la tension qui les habitait à présent était palpable. Lorsque les lèvres du chevalier se perdirent dans son cou, la belle soupira. Les paupières clauses, elle profitait de ce contact désormais aussi connu qu'apprécié.
En un instant, la métisse se retrouva sur son amant. Elle replongea dans ses iris et son ventre s'enflamma un peu plus en l'entendant lui avouer son désir. Elle avait conscience d'être en plein air et que n'importe qui pourrait apercevoir leurs silhouettes enlacées depuis la rive, mais quelles étaient les probabilités pour que cela se produise ?... Elle ne redoutait pas non plus de se laisser aller sans être à l'abri entre quatre murs. Au contraire, cela avait un goût de... liberté. C'était bien la seule chose qu'elle n'ait encore jamais eu à faire dans un tel contexte. Et puis, s'unir à lui à l'endroit même de leurs premiers émois avait quelque chose de terriblement romantique.

Plutôt que de répondre pour s'étendre inutilement en parole, Clémence se pencha et embrassa de nouveau Andran. C'était un baiser enflammé qui ne lui laisserait pas de doute quant à ce qu'elle avait décidé. Ils allaient faire l'amour ici. Et maintenant. Tel qu'il le voulait.
Sans se détacher de lui, elle rassembla ses cheveux humides pour les passer dans son dos et éviter à son amant ce contact qui ne devait rien avoir d'agréable. Puis ses mains se posèrent sur son torse, tantôt caressantes, tantôt en appui. A chacune des attentions de son amant, elle soupirait un peu plus, sa respiration se faisant déjà presque haletante. Finalement, elle passa une main dans sa nuque et l'attira à elle afin qu'il se redresse avec elle pour s'asseoir.

Une fois les deux amants redressés, Clémence se sentit plus à son aise pour parcourir son buste. Assise sur les cuisses du chevalier, il restait suffisamment s'espace entre eux pour permettre à leurs mains d’œuvrer sans se gêner. Elle caressa son torse, ses épaules, ses bras, sa nuque, son dos et perdit même ses doigts dans ses cheveux tandis qu'elle goûtait toujours à ses lèvres. Ce balai de tendresse était comme une valse déjà répétée mais que l'on commençait à peine à vraiment maîtriser. Andran et elle apprenaient encore à se connaître sur ce plan, à connaître ce qui plaisait vraiment à l'autre et ce dont il avait besoin pour atteindre le bout de son plaisir. Mais malgré les quelques tâtonnements qui persistaient parfois, la belle restait en confiance et jamais la peur n'était revenue interrompre ces moments d'amour partagé.

Clémence ne pipant mot, Andran la comprit réceptive une fois qu'elle se pencha pour l'embrasser. Un baiser sans équivoque sur son envie de s'offrir à lui comme il avait exprimé la sienne par les mots. Allongé sur le sol, le chevalier était sous l'emprise de sa belle, emprisonné par ses cuisses, laissant son torse nu à la merci de ses caresses. Inactif au départ, il finit néanmoins par accompagner les gestes de Clémence, avant même de balader ses mains sur sa peau humide laissée libre par sa robe. L'une d'elle s'aventura jusqu'au creux de ses seins, tandis que l'autre ne s'était pas séparée de sa cuisse qu'elle tenait depuis plusieurs minutes maintenant. Puis, lorsque la jeune femme posa sa main sur sa nuque pour l'attirer à elle, Andran exécuta son désir et se redressa. Sans attendre, ses mains reprirent leur valse de caresses sur son corps, pendant que ses lèvres retrouvèrent les siennes pour s'échanger des baisers enflammés. À mesure que les deux partenaires répétaient cette scène qui leur devenait toujours plus familière, Andran sentit son souffle se réchauffer, et même s'accélérer. Toujours trempés depuis leur passage dans l'eau, ce n'est pas cela qui l'empêchait d'amener ses mains dans ses cheveux, ou de s'engouffrer dans la robe qui collait à la peau de Clémence.

Après plusieurs minutes de tendresse, Andran essaya cahin-caha de faire glisser les bretelles alourdies par l'eau le long des bras de la jeune femme. Sans attendre qu'elle s'en débarrasse complètement, il déposa un baiser sur son buste, plongeant doucement ses mains à l'intérieur son décolleté pour y redécouvrir la pointe dure de ses monts. Le chevalier en profita pour desserrer au mieux les pans du vêtement sur sa peau, jusqu'à pouvoir le faire glisser le long de son corps pour qu'il se dévoile à la nature. Entravé par la lourdeur du vêtement trempé, il parvint tout de même à le faire glisser suffisamment bas pour s'en contenter. De là, Andran posa ses mains sur les hanches de sa belle et lui arracha un baiser passionné, ses lèvres parcoururent ensuite son cou et sa poitrine, accompagnées par ses mains qui dessinaient de nouvelles caresses à ces endroits qu'il ne pouvait atteindre avec sa bouche. Par moments, il abandonnait ses baisers, se redressant pour convier Clémence à faire de même pendant qu'il l'accompagnerait. Entre chacune ces permutations, le couple s'échangeait d'ardents et langoureux baisers, entrecoupés d'un soupir chaud et profond qui caressait leur visage. Si Andran appréciait se délecter du splendide corps de sa belle princesse, il appréciait tout autant que Clémence assaille le sien de baisers et de caresses. Cela lui permettait également de lui rappeler qu'il était sien autant qu'elle était sienne, ce dont il ne voulait pas couper le moins du monde.

D'un mouvement d'épaule, Clémence essaya d'aider son compagnon à faire céder les bretelles de sa chemise de nuit. Cela ne fut pas des plus efficace mais cela l'était toujours plus que si elle n'avait rien fait du tout. Mais alors qu'elles avaient tout juste cédé du terrain, les mains de son amant vinrent trouver ses seins. Ce contact brûlant sur sa peau glacée lui arracha un soupir, provoquant une vague de désir qui se diffusa dans son ventre. Tout en la cajolant, Andran dévoila de plus en plus son buste jusqu'à ce que la belle finisse par se débarrasser de ces bretelles devenues plus que gênantes. Seule sa poitrine et la partie haute de son ventre étaient mis à jour mais il leur serait difficile de la déshabiller totalement sans perdre du temps alors que la fièvre les gagnait de plus en plus.

Les lèvres du chevalier vinrent saluer les seins colorés de la belle estrevine. Au premier contact, elle gémit légèrement puis elle reprit ses soupirs, lèvres entrouvertes. Parfois, elle le regardait faire. Parfois, elle fermait les yeux pour se délecter de ses attentions. Elle éprouvait un peu moins le besoin de le voir en permanence durant leurs ébats pour savoir que c'était lui qui se trouvait contre elle. Elle n'avait qu'à constater la tendresse dans ses approches pour être convaincue de l'identité de son partenaire et chasser ses fantômes.
Clémence n'était évidemment pas en reste d'attentions à l'égard de son compagnon. Caresses et baisers s'échangeaient alternativement. Et même lorsque c'était lui qui la cajolait, elle savait lui témoigner tout le bien qu'il lui procurait ainsi que son désir qui grimpait à tout vitesse... Légèrement penchée en arrière pour faciliter la démarche des lèvres du chevalier sur sa peau, ses doigts vinrent se mêler à ses cheveux pour lui faire comprendre qu'elle appréciait son initiative, l'invitant à continuer.

Alors que leurs bouches se retrouvaient pour la énième fois, les mains de la belle reprirent leur exploration. Elle se hasardèrent de plus en plus bas sur le ventre de son amant. Si bas, qu'elles trouvèrent la limite de son pantalon. Il lui était déjà arrivé d'aller aussi loin mais elle n'était pas à l'aise à l'idée de s'aventurer plus bas que la ceinture. Mais, cette fois, ses doigts se portèrent sur le lacet qui maintenait le vêtement en place. Ils le défirent avant d'en écarter légèrement les pans. Puis, avec précaution et une pointe d'appréhension, une main se glissa sous le tissu. Elle n'eut aucun mal à trouver le vît de son compagnon, elle l'effleura et elle commença à le caresser avec une infinie délicatesse. Elle pouvait constater l'effet que cela produisait chez Andran et cela l'incita à continuer mais sans oser se montrer plus entreprenante. Après quatre ennéades, c'était déjà un progrès pour elle dans son approche de l'intimité que de venir toucher l'objet de son désir.

À mesure que les partenaires se cajolaient tour à tour, leurs corps, froid à l'origine, ne cessaient de se réchauffer au contact de l'autre. Andran sentait son cœur battre à en faire trembler tout son être. Ses muscles se contractaient presque automatiquement à chaque passage des doigts de Clémence. Et, venu son tour de palper le corps de sa belle, ses bras frissonnaient à en hérisser son poil lorsque ses doigts dessinaient de tendres caresses. Après chaque baiser marquant les permutations, le chevalier ne retenait pas ses sourires, et ne pouvant se contenter d'un seul, il en arracha aussitôt un autre, parfois même en ajoutant quelques uns sur son cou.

Pourtant, après un énième baiser enflammé, Andran sentait les mains de Clémence s'aventurer toujours plus bas, comme il l'avait fait quelques minutes plus tôt. Or, là, elle desserra le lacet de son pantalon qui lui collait autant à la peau que la robe de Clémence collait à la sienne. C'était un geste que la jeune femme n'avait jamais tenté jusqu'à maintenant. Elle ne s'était jamais approchée, ni avec les mains, et encore moins avec la bouche, de l'intimité de son compagnon, qui, lui, n'avait pas cette crainte à son égard. Au départ, la ferveur de son corps fut teintée d'une pointe d'appréhénsion. Néanmoins, à peine ses doigts effleurèrent entrejambe exalté par le désir qu'Andran relâcha tout ses muscles dans un soupir intense. Il laissa Clémence continuer à promener ses doigts sur cette partie de son corps qu'elle n'avait jamais cajolé, ce qui lui procura d'agréables vagues de chaleur se diffusant dans tout son corps. Le chevalier resta inactif devant les attentions prudentes de sa belle dont il se délectait sans gêne, les yeux fermés, l'encourageant implicitement ainsi à continuer et à peaufiner ce geste. Plus les ennéades filaient, et plus Clémence s'offrait ou se libérait à son compagnon, toujours encline à prendre ses aises avec lui. Ce dernier appréciait éminemment ses efforts. C'était même à cette occasion qu'il lui avait demandé sa main. Mais, si le plus dur avait été accompli depuis plusieurs ennéades, le couple en avait encore beaucoup à découvrir et à perfectionner.

Après quelques instants demeuré passif, Andran finit par passer la main sur la cuisse nue de sa belle, et, par une caresse, se fraya un chemin dans son vêtement pour, à son tour, trouver son intimité. Il caressa doucement, et aussi prudemment que ne l'était Clémence avec lui, du bout de ses doigts sa cavité. Le couple reprit alors leur cajolement mutuel, cette fois-ci sur leurs chaires même, les yeux dans les yeux, comme si leurs iris étaient le réceptacle de leur désir. Leur respiration se faisait ainsi encore plus rapide, et leurs yeux venaient de plus en plus souvent à se fermer pour mieux savourer les attentions de l'autre. De sa main libre, Andran en finit par trouver celle de Clémence enfouie dans son pantalon pour accompagner son geste, l'amenant ensuite à en desserrer un peu plus les pans et afin de dévoiler, petit à petit, son intimité. Dans un sourire illustrant sa fierté, il relâcha la main de la jeune femme et se glissa sous son jupon pour s'agripper à sa jambe, qui se crispait fermement sur sa peau lorsque le plaisir venait l'envahir.

Après quelques minutes à se titiller les sens du bout des doigts, Andran immobilisa sa main, et intima Clémence de faire de même. Il s'approcha pour l'embrasser et profita de cet instant de flottement pour relever un peu plus son jupon pour dévoiler sa cuisse. Le chevalier l'embrassa une nouvelle fois, et un nouveau sourire illumina son visage lorsqu'il la souleva pour amener son corps à se plaquer contre le sien. Plus bas, Andran avait soulevé le jupon pour que leurs intimités exaltés et prêtes à se dévorer se rapprochent dangereusement. Attachés l'un à l'autre, Clémence s'attendait certainement à ce qu'il s'insère en elle lorsque le chevalier bascula subitement sur le côté pour que la jeune femme se retrouve en dessous de lui. Le sourire espiègle fiché à ses lèvres montrait clairement que ce mouvement était prémédité, et non pas improvisé. Il avait d'ailleurs pris soin, encore une fois, de ne pas trop compresser Clémence pour qu'elle se sente libre de ses mouvements. Il trouva une nouvelle fois ses lèvres pour l'embrasser avant de couvrir son corps de baiser, son pouls s'accélérant jusqu'à faire exploser ses muscles à mesure qu'il descendait vers son nombril. D'un mouvement rapide, Andran se redressa pour trouver les prunelles de Clémence pendant que, sous son jupon, leurs chaires s'apprêtaient à s'unir à nouveau. Pourtant, plutôt que de s'insérer directement cette fois-ci, le chevalier exécuta sur son entrejambe les mêmes caresses de tantôt avec ses doigts, comme s'il souhaitait préparer Clémence à une épreuve qui n'en était plus une. Après avoir vérifié que sa compagne appréciait cela, il répéta ce geste tout en prenant soin de ne même pas s'insérer ne serait-ce qu'un tout petit peu, comme s'il craignait de briser une chose fragile. Pendant qu'il approcha ses lèvres pour l'embrasser, elle put sentir que le souffle de son chevalier était de plus en plus incontrôlable. Sans savoir pourquoi, il attendait un signe de Clémence l'invitant à s'enfoncer alors qu'il n'en avait certainement plus besoin, désormais. Cette expectative ne le frustrait pas pour autant, bien au contraire. Comme il y a quelques minutes, Andran ne quittait sa fiancée du regard que lorsqu'il venait l'embrasser pendant qu'il exécutait toujours ses caresses sur sa chaire. Il ne s'immobilisa qu'une seule fois pour convier Clémence à accompagner ses mouvements par des caresses où elle le pouvait sur son corps. Lorsqu'il vint lui embrasser le cou, Andran pouvait entendre sa belle susurrer la douce mélodie du plaisir à son oreille, gainant tous ses muscles et n'osant plus laisser ses lèvres quitter sa peau douce. Sa respiration se coupa de plus en plus alors que tout son être ne réclamait que de faire qu'un avec sa fiancée. Cependant, encore fallait-il que Clémence le veuille également…

Les caresses de Clémence se firent un peu plus appuyées à mesure qu'Andran les lui retournait. Elle n'avait plus froid du tout et l'eau sur sa peau séchait au contact du soleil, tranchant avec le contact humide et glacé de ses jupons que le chevalier soulevait pour mieux accéder à son intimité. Le corps de la belle se mit finalement à onduler involontairement sur les doigts de son amant alors qu'elle ressentait de plus en plus de désir pour lui. Elle crut d'ailleurs qu'il s'apprêtait à lui permettre de le combler lorsqu'il la bascula brusquement afin de venir se placer au-dessus d'elle. Elle ne s'offusqua guère de ce retournement de situation et en parut même amusée, affichant un large sourire.
Il repartit à la conquête de son corps et elle apprécia ses attentions malgré une très légère frustration qu'elle se garda bien d'afficher. Et lorsque son membre vint prendre place entre ses jambes, elle le vécut comme un espoir. Celui que la libération de son plaisir cloîtré entre les murs du désir était proche. C'était doux et excitant. Bien plus que les caresses qu'il lui avait prodiguée avec les doigts. Elle sentait son cœur s'emballer et sa respiration s'affoler. Quelques gémissements lui échappèrent : c'était bon... mais pas encore assez. Et tandis que le moment se prolongeait et s'éternisait, elle sentait la frustration grandir en elle. N'était-il pas assez évident qu'elle voulait plus ? Ses doigts se refermant sur lui alors qu'il se trouvait presque en position pour entrer en elle, son regard plein de désir, son expression qui le suppliait pratiquement de cesser ce jeu afin de lui donner du plaisir, ses jambes enroulées autour de lui la rendant tout à fait prête à l'accueillir... Qu'attendait-il ? Sa permission sans doute...

-Andran. Appela-t-elle alors qu'il venait encore de rater une occasion. Je te veux. Maintenant...

Le chevalier ne se le fit pas dire deux fois. Reculant de nouveau, il laissa son vît se présenter sous le bon angle et commença à entrer délicatement en elle. Et ce fut le soulagement pour Clémence qui ne lui opposa aucune résistance, bien au contraire. Elle accompagna son insertion d'une légère poussée de son propre bassin, facilitant ainsi sa mise en place. Ainsi, ils entamèrent leurs ébats et la belle gémit aussitôt de plaisir. Son corps ondulait avec le sien. Ses mains tantôt le caressaient, tantôt s'accrochaient à lui. Ses jambes autour de ses hanches le guidaient presque et l'aidaient à se rendre toujours plus loin dans son ventre qui lui réservait un accueil des plus chaleureux. Parfois, ses lèvres trouvaient celles d'Andran pour échanger avec lui un baiser sulfureux. Parfois, elles embrassaient sa peau. Parfois, elles restaient simplement près de son oreille pour lui faire entendre tout le bien qu'il lui procurait. On pouvait bien les apercevoir depuis l'autre bout de la rive, à quelques centaines de mètres de là, elle ne s'en préoccupait plus le moins du monde. La seule chose qui comptait maintenant, c'était l'homme qu'elle aimait penché au-dessus d'elle, allant et venant dans un mouvement ample et à un rythme qui leur convenait à tous les deux. C'était le plaisir qu'ils partageaient dans cet instant qui n'appartenait qu'à eux. C'était l'amour qui les unissait et qui leur permettait aujourd'hui d'achever de surmonter une nouvelle épreuve pour leur couple et de l'exprimer à nouveau sous sa forme la plus pure.

À mesure qu'Andran se jouait lascivement des nerfs de Clémence, un énième sourire illuminait son visage entre deux séries de baisers. Un sourire plein de malice qui, là encore, prouvait qu'il avait imaginé un tel geste, même si c'était pour la première fois qu'il le mettait en application. Rapidement, la jeune femme, prête à l'accueillir, s'impatientait, agrippée à lui et les jambes croisées derrière son dos, jusqu'à même se frustrer. Le chevalier avait-il trop éternisé son geste ? Peut-être était-ce Clémence qui n'avait pas l'habitude d'être ainsi manipulée ? Si cela pouvait également s'avérer être un mélange des deux, Andran voyait bien là les limites de son inexpérience. Il n'aurait certainement pas dû attendre son signal pour s'insérer, mais bel et bien le sentir, par ses expressions ou par ses gestes.

Lorsque la jeune femme chuchota son nom à son oreille, l'amant comprit qu'elle était prête. Au ton de sa voix, elle l'était même depuis longtemps maintenant, bien qu'elle ne lui adressa aucun reproche. Ce n'était certainement pas le moment. Andran obéit à son désir et, après un langoureux baiser, interrompit ses attentions sur les parois de son intimité pour enfin s'infiltrer à l'intérieur. Comme toujours, il fit preuve d'une infinie délicatesse et s'avança tout doucement, non sans ressentir le corps de Clémence se relâcher sous sa percée, comme s'il assouvissait un insatiable besoin de le sentir en elle. Progressivement, le couple entama ses ébats, le chevalier enfouissant sa tête dans le cou de sa belle pour accompagner ses mouvements de baisers. Ses muscles se révélaient être assez solides pour que son corps se tienne suffisamment éloigné afin de laisser à Clémence le loisir de le couvrir d'attentions. Sous la ceinture, Andran n'accéléra que doucement la cadence, jusqu'à trouver un rythme convenable pour elle comme pour lui. Pour l'instant, cela suffisait pour sentir la belle onduler sous chacun de ses assauts, et entendre, à son oreille, ses gémissements qui avaient d'ores et déjà remplacé les chants des oiseaux. De temps à autre, il ne parvenait pas à se retenir de l'accompagner de sa voix plus grave, maintenant que sa respiration était tout bonnement incontrôlable. Après avoir uni leurs sentiments ici même, sur cet îlot si cher à leurs cœurs, Andran et Clémence y unissaient leurs chaires. C'est ici qu'il avait revu son sourire après quelques jours difficiles. C'est ici qu'il l'avait entendu rire à nouveau, et c'est ici qu'elle lui avait rouvert les portes de son corps. Cela rendait la chose encore plus douce, plus agréable… et même plus romantique aux yeux du chevalier, qui retrouvait une fiancée heureuse malgré les épreuves.

À l'issue de plusieurs minutes d'une intense fusion passionnelle, Andran s'interrompit après une énième insertion. Clémence pouvait pourtant facilement constater qu'il n'avait pas conclu prématurément leur affaire, mais il s'approcha néanmoins pour l'embrasser, lui mordillant la lèvre inférieure une fois le baiser conclu. Le noble passa les bras derrière son dos et s'agrippa à elle. Puis, alors qu'il se redressa doucement en l'attirant à lui, il émit un mouvement sec du bassin, comme s'il cherchait à s'infiltrer plus loin qu'il ne le pouvait déjà. Mais ce mouvement permit aux jambes de Clémence de se plaquer un peu plus contre contre lui et c'est alors qu'Andran put se redresser en arrière pour s'asseoir sur l'herbe. La jeune femme, se retrouva assise sur lui, ses deux jambes encore accrochées à lui, abritant toujours en elle l'intimité de son amant. Après un nouveau baiser, ce dernier reprit ses allées et venues. Il amena ses deux mains sur ses cuisses pour ajuster sa position, avant de les glisser jusqu'à son fessier pour suivre les mouvements de sa belle qui accompagnait ses insertions. Ses lèvres abreuvaient de baisers le buste de Clémence qui flottait, bien malgré elle, au gré de ses mouvements. Andran penchait légèrement la tête de biais pour offrir son cou à sa fiancée, lorsque leurs bouches ne nécessitaient plus de se retrouver pour s'échanger d'ardents baisers. Puis, petit à petit, le chevalier accentua la cadence de ses va-et-vient jusqu'à sentir sur son corps les premières gouttes de sueur chaude remplacer l'eau froide de l'étang. L'une de ses mains quitta les fesses de sa belle pour se ficher au creux son dos, là où il sentait tout son corps se cambrer et se relâcher à chacune de ses percées, et le plaqua un peu plus contre lui. Sans cesser ses assauts, Andran bascula en arrière pour s'allonger sur l'herbe en attirant Clémence avec lui, qui fut contrainte de décrocher ses jambes pour se replacer en cavalière sur son amant, sur qui elle se pencha pour retrouver son regard. Depuis quelques minutes déjà, abandonnés à leur brûlante passion, les deux amants entonnaient ensemble le chant du plaisir charnel. Leurs souffles étaient aussi chauds qu'une fournaise, et aussi tumultueux qu'une tornade. Andran venait très souvent arracher à Clémence de fougueux baisers. Tout son être hurlait son besoin de sentir Clémence, ses lèvres jalousant son intimité qui, elle, ne connaissait aucune interruption. Si l'une de ses mains demeura toujours sur ses fesses, Andran ramena l'autre jusqu'à sa poitrine, glissant ses doigts dans le creux de ses seins sur lesquels ils se crispèrent fermement comme s'il cherchait à trouver un appui. De là… Andran intensifia derechef les mouvements de son bassin… jusqu'à accompagner leurs voix en symbiose de la douce mélopée percussive de leurs chaires…

Le mouvement brusque du bassin réalisé par Andran arracha un cri de surprise et de plaisir mêlés à son amante. Elle ne s'attendait pas à un tel geste de sa part... et encore moins à ce que cela lui fasse cet effet. Lorsqu'elle reprit ses esprits après cette vague qui venait de traverser son ventre, elle était de nouveau assise sur les jambes de son compagnon et il reprenait là où il s'était arrêté une minute plus tôt. Elle gémit entre ses lèvres et celles de son fiancé qui allait et venait en elle, lui procurant toujours plus de plaisir. Clémence accompagnait les mouvements que son chevalier lui faisait désormais réaliser, son corps ondulant lascivement contre le sien. Lorsqu'il plongeait dans son cou, elle fermait les yeux et glissait une main dans ses cheveux. Lorsqu'il embrassait ses seins, elle se penchait légèrement en arrière pour faciliter son geste et basculait la tête en arrière avant de se redresser pour le regarder faire.
Par vague, Andran accélérait le rythme, intensifiant leur plaisir, les amenant à gémir plus fort. Clémence peinait à savoir quoi faire de ses mains. Elle caressait et s'agrippait aléatoirement au corps de son compagnon. Plus il lui procurait de bien et plus elle avait envie de lui, encore... C'était une sensation assez frustrante alors qu'il était pourtant là à lui donner tout ce dont on elle avait besoin. Et alors qu'il basculait en arrière et qu'elle retirait ses jambes, elle l'accompagna. C'était toujours lui qui menait la danse mais elle pouvait désormais jouir de plus de liberté de mouvements et, lorsqu'il accéléra encore une fois le rythme, son bassin joua lui aussi pour augmenter l'amplitude de ses vas et viens. Amplitude qui se raccourcit malgré elle alors que leur plaisir augmentait finalement de manière exponentielle. En appui sur l'un de ses bras, elle s'accrocha à son épaule pendant que sa voix gagnait en volume jusqu'à crier au moment où son corps tout entier se raidit dans un orgasme puissant qui dura longtemps.

Quelques minutes plus tard, les chants des oiseaux avaient repris leur place dans la nature. La belle estrevine avait laissé son corps s'échouer sur celui de son amant après qu'ils aient tous deux exultés leur amour. Ils achevaient de reprendre leur souffle dans une étreinte rendue faible par l'épuisement qu'ils ressentaient après ce qu'ils venaient d'éprouver. Mais Clémence ne pouvait s'empêcher de sourire malgré tout, la joue posée sur le torse de son compagnon. Elle ne pensait pas retrouver l'envie aussi vite mais Andran avait été véritablement parfait. Il lui avait laissé le temps de se remettre et avait trouvé une activité qui leur avait permis de retrouver leur complicité. Et, de fil en aiguille, tout était revenu. Maintenant, ils pouvaient reprendre le cours de leurs vies là où elles s'étaient arrêtées et recommencer à parler de l'avenir.