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 La récompense de Néera

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Adélina
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MessageSujet: La récompense de Néera   La récompense de Néera I_icon_minitimeVen 9 Sep 2022 - 14:46






Kÿrianos, IXe ennéade de Karfïas, An XIX, Cycle XI





Cela faisait si longtemps. Beaucoup trop longtemps. Près de quinze ennéades les avaient séparé après le peu de temps qu’ils avaient passé ensemble à Alonna-les-trois-murs, et pourtant cela ne changeait rien. Après tout, la distance ne sépare jamais deux cœurs qui se soucient réellement l’un de l’autre. Leurs souvenirs s’étendent sur des kilomètres et en quelques secondes nous pouvons les retrouver. Et au bout de tout ce temps, la baronne retrouverait son mari là où tout avait commencé. Cela faisait maintenant quelques jours qu’elle était arrivée à Diantra, de retour dans le simple manoir que l’un des seigneurs alonnais lui avait prêté. Oh certes, en tant que nouvelle baronne, elle aurait certainement plus résider au palais. Mais la jeune femme n’avait aucune envie de tomber par hasard sur sa belle-soeur, et pour être honnête, elle voulait passer du temps avec son mari après une si longue séparation. Un temps que leur guerre divine leur avait cruellement enlevé. Adélina s’était rappelé sans cesse que si elle se sentait triste parce qu’il lui manquait, c’était qu’elle avait énormément de chance d’avoir quelqu’un d’aussi spécial à manquer. Peu importe où elle était, son cœur appartenait à une seule personne.


Le soleil se couchait tranquillement sur la capitale et la jeune femme observait ce dernier dans les petits  jardins de la résidence. Ce n’était pas les jardins de la reine, ni même ceux de Lodiaker, mais sa grandeur et simplicité avait un certain charme qui ne la laissait guère indifférente. Soudainement un bruit vint briser le silence. Adélina n’eut pas le temps de se relever du siège de pierre qu’un chien noir et blanc bondit sur ses genoux. « Pongo!  » s’exclama-t-elle avant d’éclater de rire. Décidément, ce dernier était toujours aussi adorable. Elle lui caressa doucement la tête avant de l’inviter à retourner au sol. Le chien ne se fit pas prier et descendit avant de mettre à nouveau sa tête sur ses genoux, la queue frétillant d’excitation. La baronne releva rapidement la tête vers l’entrée des jardins, car après tout, si ce charmant compagnon était arrivé, cela ne voulait dire qu’une chose. Adélina se retourna pour voir Théodoric qui se tenait là, devant elle. Elle se releva avant de finalement prendre la parole. « Votre Honneur » commença-t-elle le plus sérieusement du monde, avant qu’un sourire ne vint éclaircir ses lèvres. Ne semblant plus se contenir, la jeune femme se mit rapidement à marcher vers son mari avant de lui sauter dans les bras, joignant ses lèvres aux siennes alors qu’il la fit tournoyer avant de la reposer sur le sol humide du jardin qui ne tarderait pas à fleurir. Ce ne fut qu’après ses embrassades que la jeune femme reprit finalement la parole; « Tu m’as manqué. Comment s’est passé ton voyage?  » dit-elle tout simplement en lui faisant un léger sourire.


« Pas trop mal. » Répondit-il en lui prenant une main avant de la guider vers le banc de pierre blanche que son épouse avait quitté lorsque Pongo s’était empressé de retrouver sa maîtresse. « Et le tiens ? Racontes moi tout. » Adélina suivit son époux avant de s’asseoir à ses côtés. « Disons que ce fut des ennéades particulièrement occupées. » Il hocha la tête, ça il s’en était douté avant d’avoir posé la question. D’innombrables heures de recherches pour quelques informations. « Avec le Duc, nous avons réussi à intercepter un groupe de cultiste près de Soltariel, apparemment une cellule de Merval. » Elle perdit rapidement son sourire l’air inquiète, avant de reprendre la parole; « Ces cultistes sont apparemment liés à une maison noble. »


Théo se contenta de rire, un rire amer, et il secoua doucement la tête. Son sourire disparu alors qu’il repensait à Langehack, il se leva, fit quelques pas entre deux parterres de fleurs sans jamais s’éloigner de son épouse avant de se retourner vers elle.. Adélina ne manqua guère le changement d’expression de son mari. Elle perdit rapidement son sourire avant de le suivre des yeux, silencieuse.


« Il suffisait de demander, je t’aurais épargné ces longues heures de recherches. Les mervalois vouaient un culte aux dragons avant même l’unification du royaume. Avant que mes ancêtres ne perdent le contrôle du duché ils envoyaient des soldats purger la baronnie, en général une fois par génération. Ils réussissaient à se débarrasser des païens un temps, jusqu’à ce que leurs troupes rentrent chez elle et puis les cultistes retournaient aussi chez eux comme si de rien n’était. L’ost de l’imposteur a fait la même chose il y a quelques années de ça. Il n’y a pas si longtemps j’ai essayé de convaincre mon père de… » sa voix faiblit, il s’arrêta avant qu’elle ne se brise complètement. Il prit une inspiration en serrant dans sa poigne le médaillon de sa mère. « En tout cas, je te souhaite bon courage si tu comptes t’engager dans ce marasme. » Sans attendre, la jeune femme se leva pour rejoindre son mari. Elle prit sa main dans les siennes avant de les porter à ses lèvres. « Je suis désolé. Je ne voulais pas éveiller de mauvais souvenirs. Pardonne moi. » Elle releva son regard dans le sien, l’observant pendant quelques secondes silencieusement.

« Il n’y a rien à pardonner, mon amour, tu n’y es pour rien. » Répondit-il doucement, faiblement, à la limite du chuchotement. « C’est ma faute, j’ai repoussé mon deuil depuis trop longtemps. »


« J’ai une autre nouvelle, mais j’ignore comment aborder la chose maintenant… » Elle baissa les yeux pendant une seconde, semblant collecter ses pensées pendant un moment.


« Tu peux tout me dire Adélina. » Souffla-t-il en retirant son gant d’équitation avant de prendre tendrement le menton de son épouse pour le relever et plonger son regard dans le sien. « J’ai juré de partager tes malheurs comme s’ils étaient miens. »


Sa dextre quitta le menton de la nordienne pour son visage, caressant de son pouce la joue de son aimée alors qu’il se perdait dans ses yeux comme il avait l’habitude de le faire lorsqu’ils étaient seuls.Adélina releva finalement son regard pour supporter celui de son mari, avant de reprendre la parole; « La Bienveillante nous a donné une mission. Elle t'a nommé son champion, et m'a guidé dans une autre direction. Nous nous devons de l’écouter. Si je dois m’engager dans cette tâche, ainsi soit-t-elle. Mais je veux faire un monde meilleur. Pour toi. Pour nous. » dit-elle avant de lui embrasser doucement les doigts de nouveau, puis elle guida doucement sa main sur son ventre, levant le regard vers le sien; « et pour notre enfant à naître.»





Dernière édition par Adélina de Lourbier le Mar 6 Déc 2022 - 12:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La récompense de Néera   La récompense de Néera I_icon_minitimeJeu 15 Sep 2022 - 11:07






Pendant un temps, il n’eut aucune réaction, mis à part peut-être un agrandissement de ses yeux, alors que l’information, et ce qu’elle impliquait montaient jusqu’à son esprit préoccupé par tant de choses, mais surtout par le bonheur de son épouse. Et lorsqu’il comprit enfin ce qu’elle lui avait dit, que sa main touchait son ventre, il resta bouche bée avant d’éclater de joie. Théodoric embrassa Adélina avec passion tandis qu’il la prenait dans ses bras et qu’il la serra contre lui bien qu’il se modéra tout de suite après, comme si elle fut enceinte de huit mois, comme si cette étreinte pouvait nuire à son enfant à naître. Adélina, quant à elle, ne put s’empêcher de sourire en voyant la réaction de son mari et lorsqu’il la prit de nouveau dans ses bras, elle ne put s'empêcher d’enfouir sa tête dans le creux de son épaule. S’imprégnant de son odeur, de son contact qui lui avait tant manqué. La nordienne ne put s’empêcher de pousser un léger soupir de soulagement, ce secret lui avait énormément pesé sur les épaules ces derniers temps et finalement le partager avec son mari était libérateur.


« Que la Bienveillante soit louée ! » Et la louer il comptait bien le faire, ça tombait bien ils étaient dans la capitale du royaume, là où se trouvait Son haut temple. « Nous devons aller de ce pas à Sainte Deina ! »


Adélina prit doucement sa main, sourire aux lèvres. D’une certaine façon, elle était bien heureuse de la réaction de son mari. Elle savait à quel point ce dernier avait souffert ces derniers mois, et l’annonce d’un enfant leur permettait de commencer une nouvelle vie. Un nouveau chapitre dont eux seul seraient finalement les protagonistes. Peut-être que cela lui permettrait-il de tourner la page, et même de l’aider dans son deuil. Non seulement de son père, mais aussi du marquisat. « Allons-y. C’est une bénédiction qu’elle nous a accordée. » Dit-elle avant de lui embrasser le bout du nez. Après tout, cela sécurisait leurs deux maisons. Exalté par la nouvelle, il s’empressa de défaire son ceinturon d’arme, il n’en aurait pas besoin là où ils allaient. Théodoric fit quelques pas pour retourner sur le banc afin d’y déposer son épée ; le pommeau, un dragon d’or de profil à la gueule grande ouverte et aux ailes déployées pour prendre la forme d’un calice ailé, attrapa un rayon de soleil et luit intensément comme s’il ne voulait pas s’éloigner de son propriétaire. L’agitation des deux époux, et le fait qu’ils semblaient sur le point de s’en aller, fit lever la tête de Pongo qui était allé fouiner dans un des coins du jardin, sa queue se mettant à battre l’air. Malheureusement, comme la lame du langecin, il devrait rester ici, n’ayant tristement pas sa place dans un temple et encore moins au haut temple.


« Tu as déjà réfléchi à un nom ? » Demanda-t-il en se retournant vers Adélina. La fatigue du voyage et son envie de se décrasser ayant disparu, remplacée par une énergie qu’il n’avait que rarement connu. « A ton avis, c’est une fille ou un garçon ? » Adélina eut un léger sourire avant de prendre le bras de son époux et de commencer à marcher dans le manoir. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu si enthousiaste, si excité. « Une servante de Lodiaker m’a déjà dit en riant que généralement les filles volaient la beauté de leur mère lorsqu’elle était dans leur ventre. Tandis que les garçons, au contraire, rendent leur mère plus belle, plus attirante. Donc je vais supposer que c’est à toi de me le dire.» Dit-elle en riant. En d’autres circonstances, il aurait peut-être dit en plaisantant qu’ils attendaient donc une fille, mais aujourd’hui ça ne lui était même pas venu à l’esprit alors qu’ils s’apprêtaient à laisser le jardin derrière eux, s’engageant dans le péristyle qui l’entourait.


« Nous allons devoir nous accorder sur un nom masculin dans ce cas. » Lança-t-il, songeur, alors qu’il réfléchissait justement à ce qu’il pourrait proposer à son épouse. « Est-ce qu’il y en a un qui a ta préférence ? »


Les serviteurs ouvrirent les portes pour laisser sortir le couple baronniale alors que la jeune femme reprenait la parole ; « Bonne question. Peut-être devrions nous l’appeler Griffon si c’est un garçon.» Adélina lança un regard vers son mari pour voir sa réaction, incertaine si cela réveillait des mauvais souvenirs chez son mari. Mais elle se souvenait de la discussion qu’ils avaient eu à leur première visite à Diantra. Peut-être voudrait-il continuer la tradition et honorer son père ? Il n’eut pas le temps de rester songeur bien longtemps. Théodoric s’y attendait, le nom allait venir sur le tapis à un moment ou un autre. « Et Prudence si c’est une fille ? » Lança-t-il en ponctuant sa question d’un sourire amer avant de secouer la tête en se rendant compte de ce qu’il avait dit. Adélina, quant à elle, perdit rapidement son sourire. S'il y avait bien une personne qu’elle détestait sur ces terres, c’était bien sa belle-sœur. Si au départ, elle n’avait voulu que protéger les intérêts de son époux, c’était rapidement devenu personnel lorsqu’elle avait tenté de la tuer dans les rues de Diantra. La jeune femme pose son regard devant elle, évitant volontairement celui de son époux. Inutile de dire que ces paroles l’avaient dérangée. «Pardonne-moi. » La nordienne ne répondit rien, se contentant de penser que ce dernier avait toujours besoin de temps pour se remettre de tous les événements qui s’étaient passés il y a quelques ennéades. Il soupira avant de reprendre. « Tu as probablement raison, mais d’un côté au vu la dernière conversation que nous avons eue, mon père et moi, j’ai peur que l’appeler Griffon soit de mauvais augure. D’un autre côté, je crains que la DameDieu ne punisse un manque piété filiale. Que dirais-tu de Gabriel ou de Galyn ? Ça ferait un compromis et puis on pourrait garder Griffon pour un deuxième fils. » Pour être honnête, cela ne dérangeait guère Adélina vu l’amour que lui portait son feu-beau-père. La jeune femme avait toujours eu l’impression que ce dernier l’avait détesté, même lorsqu’elle avait tenté de rapprocher le père et le fils.


Alors qu’ils avançaient dans le couloir qui menait jusqu’au hall d’entrée, ils passèrent devant un portrait d’un nordien que Théodoric ne pouvait nommer, mais qu’il supposait avoir un vieux lien de parenté avec Adélina même s’’il fut incapable de dire lequel. Il pouvait voir une ressemblance familiale, le nez peut-être, les yeux sûrement. Il se rendit compte qu’il commençait à arriver à différencier les sujets de sa majesté venant du nord de son royaume ; à force de vivre avec eux, il craignait même d’avoir commencé à prendre leur accent. Il pouvait déjà entendre les moqueries des seigneurs langecins dès qu’il ouvrirait la bouche la prochaine fois qu’ils se verraient.


« Mais peut-être préférerais-tu l’appeler Charles ? »


La jeune femme haussa un sourcil, surprise de la proposition de son mari. Elle se serait entendu que ce dernier ne propose le nom de son père, mais celui de son oncle lui semblait particulièrement surprenant. Certes, Charles avait toujours été présent pour la jeune femme, actant souvent de médiateur entre la fille et le père, puis la protégeant lorsque Tyra prit son souffle. Elle eut un sourire avant d’acquiescer ; « Charles ou Gabriel me semble approprié ou pourquoi pas les deux ? »



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MessageSujet: Re: La récompense de Néera   La récompense de Néera I_icon_minitimeSam 8 Oct 2022 - 17:32






Théodoric hocha la tête, l’idée n’était pas mauvaise.


« Charles-Gabriel. » Dit-il, testant la sonorité comme il goûtait un vin. Si l’ordre mettait moins à l’honneur son oncle, il était plus naturel à prononcer que l’inverse selon le futur père.


Alors que le couple arriva à l’extérieur, Adélina s’arrêta net, avant de se tourner vers Théodoric et la satisfaction laisse place à la surprise alors qu’il s’arrêta à son tour ; « Et si c’est une fille ? » Elle avait une idée en tête, mais vu la dernière réaction qu’elle avait eu de la part de son mari, elle hésita un moment pour le proposer. Non, ce n’était pas Prudence, et s’il prononçait encore ce nom, il pouvait être certain de dormir à la belle-étoile ce soir. Théodoric fronça les sourcils. Il fut tenté de proposer le nom de sa mère, mais cette dernière était le portrait craché de sa sœur, et même si le caractère des deux femmes n’avait rien en commun, le langecin ne voulait en aucun cas prendre le risque ; lui qui préférerait perdre les grâces de la DameDieu, d’être rejeté et abandonné par la déesse, plutôt que de voir sa fille devenir comme sa tante. « Céleste, comme ma grand-mère ? » Il était certes plus ordinaire de donner le nom d’un aïeul comme second prénom, mais malheureusement Théodoric était très vite tombé à court de noms féminins. « Ou Arlayna, comme la mère du premier Griffon ? » Adélina reporta son regard devant elle, l’air pensive. Arlayna…Ce n’était pas mal. Pas ce qu’elle avait en tête, mais en soit, ce nom était bien. Très bien même. « J’aime beaucoup Arlayna. Je t’avoue que j’aurais aimée honorer ma mère si c’était une fille.» Dit-elle avec un léger sourire. Il fallait dire qu’elle ne parlait presque jamais d’elle, comme si elle avait tenté d’oublier ce qu’elle avait vu.


« D’accord, comment s’appelait-elle? » Demanda-t-il avec une certaine curiosité. Il n’avait jamais posé la question, ou n’importe quelle autre question sur le sujet d’ailleurs, préférant éviter de toucher à un point sensible. Adélina eut un léger sourire, l’air perdue dans ses souvenirs. « Brigitte » Révéla-t-elle. Se tournant de nouveau vers son mari elle reprit rapidement la parole: « Je suis consciente que c’est un peu vieux-jeu, mais si on pourrait l’utiliser comme second nom, cela me ferait plaisir. Si tu es d’accord bien sûr!»


« Évidemment que je veux! Arlayna Brigitte de Langehack. » Dit-il comme si ça pouvait suffire à invoquer sa fille devant lui. Et pendant un moment c’était tout comme tandis qu’il l’imaginait alors qu’ils arrivaient finalement dans la cour et la jeune femme s’arrêta net en voyant la monture de son mari. « Que dirais-tu de marcher jusqu’à Sainte-Deina? L’après-midi est belle et cela serait dommage de ne pas profiter du printemps.» Surtout après l’hiver qu’ils avaient passé. Adélina replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de s’expliquer : « Le médecin a recommandé de ne pas monter à cheval pour ne pas nuire à l’enfant. »


« Si c’est le médecin qui le dit. » Concéda-t-il bien que sa femme préfère un médecin le gênait un peu. Il retira son dernier gant d’équitation et vint placer les deux à sa ceinture. « Ne devrais-tu pas t’entourer de prêtres de la Bienveillante plutôt que de médicastres et autres barbiers ? Ils doivent en savoir davantage, c’est une de leur spécialité après tout, tu sais, la prêtrise de la Déesse-Mère. » Adélina fit rapidement un signe à quelques soldats de la garde baronniale qui gardaient la cour de les suivre. La dernière fois qu’elle avait été à Sainte-Deina ainsi, elle avait failli mourir et elle ne répéterai définitivement pas cette erreur. « Et cela sera le cas. » Répondit-elle à son mari, alors qu’ils s'engageaient dans les rues de la ville. « Je ne voulais pas alerter mon hôte et surtout je ne voulais pas que la nouvelle s’ébruite. Je voulais te le dire de vive voix.» Elle était bien consciente qu’elle aurait dû demander un suivi avant, mais bien des femmes qui n’avaient pas son statut s’en passaient. Elle ne voyait pas en quoi cela l’aurait affecté.


« Tu aurais pu quérir le concours d’une prêtresse et lui demander le silence de la déesse, elle aurait alors été obligée de ne rien dire. » Toutefois, ce qui était fait était fait et ça ne servait pas à grand-chose de ressasser le passé. Adélina se mordilla la lèvre inférieure, en réalité elle ne voulait guère lui avouer qu’elle avait fait cela pour se protéger. Après tout, les cultistes avaient fait d’elle une cible, tentant de l’enlever devant ses gardes. La baronne serra doucement la main de son époux avant de murmurer; « Fais-moi confiance. J’avais un mauvais pressentiment. »


« Nous en parlons plus tard. » Dit-il en chuchotant, préférant éviter ce genre de conversation lorsqu'ils se trouvaient dans un endroit avec tant d’oreilles traînantes. Adélina acquiesça avant de se retourner vers l’avant. Saluant quelques gens au passage qui semblaient les reconnaître. Il fallait dire que les armures ornées d’un dragon et d’un écarlate ne laissaient guère de questionnement sur leurs identités. Ils s’engagèrent dans les rues de la capitale sous bonne garde alors qu’autre chose lui revint en tête. « En parlant de religion. » Commença-t-il comme si ce n’était pas quelque chose qu’il avait souvent à l’esprit. « Il serait temps que je prenne un écuyer et deux de tes fidèles vassaux ont proposé leur fils, mais je ne sais pas lequel choisir, peut-être pourras-tu m’aider. Manfred a l’air d’être quelqu’un de bien, mais il aurait davantage sa place dans les archives d’un temple de Tyra que sur le dos d’un cheval. Quant à Konrad... » Il s’arrêta un temps, réfléchissant à la meilleure façon d’exprimer ce qu’il voulait dire en regardant les pierres qui formaient l’une des voies pavées de la cité. « Je crains qu’il n’ait du mal avec certaines valeurs chevaleresques ; l’appréciation de la valeur d’une vie pour ne citer que ça. » La jeune femme se retourna vers ce dernier avant de le questionner ; « Tu veux dire l’appréciation de la vie en général ou celle d’un chevalier ? » Car soyons honnête, il avait une certaine différence entre les deux. Personne ne voulait d’un chevalier sanguinaire et cruel qui ne respectait pas le souffle des autres.


« Je n’en suis pas certain. » Répondit-il, ce qui était audible dans sa voix. « Lors de notre dernière chasse, lorsque l’on a finalement acculé le cerf, il a demandé l’honneur de mettre la bête à mort ; je lui ai accordé et… j’ai perdu son nom, ton maître de chasse. »


Adélina haussa un sourcil avant de reprendre la parole: «Walden » compléta-t-elle. Pas qu’elle le connaissait personnellement, il fallait dire que Théodoric avait probablement passé plus de temps avec ce dernier qu’elle.


« Walden lui a donné sa lance et Konrad a donné le coup de grâce avec une jouissance bestiale, avec un sourire qui m’a retourné le cœur. Il a donné plusieurs coups après le premier pour s’assurer que l’animal était bien mort et je l’ai arrêté lorsqu’il commençait à s’acharner sur un cadavre. Je soupçonne qu’il aime tant la chasse pas pour le sport mais pour l’opportunité de tuer. »


« La question ne se pose pas alors, Manfred de Tasker semble être le bon choix. Son père est un instruit aussi, mais à participer à de nombreuses batailles dans son temps. Maintenant, il a besoin d’apprendre une autre branche. »


« Certes, mais je n’arrive pas à me débarrasser de l’impression que c’est gâcher son potentiel, il est intelligent. » Il y avait de cela pas si longtemps, le langecin n’aurait même pas imaginé dire ça d’un nordien, mais force était de constater que c’était le cas. Le jeune homme, ou du moins l’adolescent, avait impressionné Théodoric durant leurs échanges sur divers sujets et bien que l’homme du nord n’avait pas eu de chance de gagner un débat théologique contre le baron pour ce qui était du reste, il n’avait même pas eu de mal à l’emporter. « Si les choses s’étaient passées différemment, je l’aurais invité au Collège Langecin, il y aurait sans doute sa place. Mais si je dois choisir un écuyer, je tiens à ce qu’il saches se battre, qu’il soit une fine lame, après tout, il sera aussi souvent à tes côtés, et aux côtés de notre enfant, or si une fois de plus ma protection seule ne suffirait pas à vous garder sauf je ne veux pas que ta vie se retrouve entre les mains de quelqu’un qui ne sait pas par quel bout tenir une épée.»


Elle s’arrêta une seconde l’air pensive, rapidement imitée par son époux et les soldats qui les escortaient, avant de reprendre la parole; « Sinon, il y a toujours Cerdic de Plessis. Son père est l’intendant de Bransat. La seigneurie de mon père et ma mère, et nous a toujours été fidèle. Son plus jeune fils est en âge, et je sais qu’il a demandé à Charles de lui assigner un chevalier. »


« Tu penses qu’il serait à la hauteur ? Il faudrait que je vois ce dont il est capable. »


« Je l’ai déjà vu s’entraîner avec Aubry il y a quelques années. C’est un jeune fougueux plein d’énergie. Un peu bravard comme Aubry, mais il avait l’air correct.» Elle haussa les épaules avant de rajouter; « Enfin, selon mon humble opinion. Je suis loin d’être une experte.» Soudainement, Une certaine lueur vint éclairer le regard de la jeune femme. « Et si Alonna ouvrait son propre collège? » Soudainement enthousiaste, la baronne se tourna vers son mari. « Cela me chicote que l’on perdre des érudits au profit de Diantra par exemple. Ce n’est pas parce que l’on est Nordien que l’on n’a pas droit à une certaine éducation. » Bien entendu, la magie n’était même pas sur le tapis, car pour la nordienne s’était un blasphème de la pratiquer si l’on n’était pas dans la prêtrise. « Mon propre cousin a dû venir à Diantra pour recevoir une éducation, au grand frais de sa famille… Peut-être est-ce le temps pour un changement. »



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MessageSujet: Re: La récompense de Néera   La récompense de Néera I_icon_minitimeDim 9 Oct 2022 - 9:56






Théodoric haussa un sourcil. Si en effet l’idée n’était pas forcément irréalisable, elle lui semblait incongrue ; les nordiens étaient davantage connus pour leurs capacités à détruire que pour leur tendance à inventer, à découvrir la façon dont les dieux avaient pu agencer le monde. Quoi qu’en réalité, il ne savait pas trop si la baronnie seule pouvait réussir.


« Peut-être, mais es-tu certaine que nous avons l’or nécessaire pour ça ? J’ai eu l’occasion de jeter un coup d’œil aux registres de dame Aenys, et je peux te dire sans rentrer dans le détail qu’une part non-négligeable de la fortune du marquisat tombait dans le gouffre qu’était le Collège Langecin. » Il reprit alors leur marche vers le haut temple de Néera. S’il avait d’abord eu ses réserves, au final, y aller à pied n’avait pas été une mauvaise idée, au moins pouvaient-ils en profiter pour discuter de choses importantes. « Lorsqu’on rassemble des érudits quelque part, et en nombre en plus de ça, ils dévorent les souverains plus avidement qu’une armée en campagne. C’est que ces hommes de science n’apprécient pas se passer de leur confort, contrairement à des soldats, par exemple. »


S’il avait pu jeter un coup d’œil aux finances de Langehack, et la partie qui était destinée au Collège Langecin, ce qui lui donnait une bonne idée de ce que ça pouvait coûter. « Surtout qu’il faudra payer d’autant plus cher que les professeurs ne quitteront pas leurs confortables positions à Langehack ou Diantra si nous ne les incitons pas à le faire. » Il se gratta pensivement le menton où commençait à pousser une barbe de trois jours, lui qui n’avait pas vraiment eu l’occasion de se raser aussi fréquemment qu’il l’avait voulu sur la route. « Il faudrait sûrement demander le concours du duc de Serramire. »Adélina perdit rapidement son sourire, et sa mâchoire se serra alors que Théodoric mentionna Serramire. « C’est hors de question. Je n’ai pas encore plié le genou devant le Brochant et je n’ai pas l’intention de le faire. Alonna devrait retrouver son indépendance, comme elle l’était avant les Broissieux.» Il ne fallait pas oublier que le Duc ou du moins son père avait voulu éradiquer les Lourbier à plus d’une occasion. De toute façon, Adelina était fidèle à une personne. Le Roy. « Les mines de Lodiaker rapportent une petite fortune à elles seules. Nous ne sommes pas aussi riches que le langecin, mais nous avons des avantages qu’ils n’ont point.»


Théodoric haussa à nouveau un sourcil. Le seul avantage qu’il pouvait voir à Lodakier comparé à l’éducation Langecine c’était que Prudence n’avait pas ses griffes plantées dans la baronnie. Adélina ne manqua guère l’expression de son mari. Elle eut presque l’impression que ce dernier ne voyait toujours pas le positif de l’Alonnan. Elle s’arrêta une seconde, avant de se tourner vers son mari. « Théo, est-tu heureux en Alonna? »C’était une question risquée, mais elle se devait de savoir. Les derniers mois avaient été particulièrement difficiles pour le couple. La quête de Neera et leur ascension comme Barons avait été une épreuve pour le couple, mais la jeune femme considérait cela beaucoup mieux que d’être seulement Seigneur de Lodiaker.


« Heureux ? » Demanda-t-il surpris. Il prit une seconde avant de répondre. « Honnêtement ? Quand tu es là, oui. Quand tu t’éloignes par contre… » Il ne termina pas sa phrase, laissant planer le silence un moment avant de reprendre. « J’en ai beaucoup parlé avec père Ulrich durant l’hiver et ce n’est pas du malheur à proprement parler. C’est plus de la nostalgie. Le nord est tellement… gris. Et morne. Les couleurs chatoyantes de Langehack, les murs bigarrés, les spectacles de rues et les fêtes régulières me manquent quand tu n’es pas là. Je sais que je ne devrais pas penser ça et je ne te serais jamais assez reconnaissant pour tout ce que tu as fait pour moi, pour tous les efforts que tu as déployés pour que je me sente comme chez moi, mais c’est un changement trop brutal pour que je m’y habitue d’un coup. »


«Je suis désolé de t’avoir laissé seul tout l’hiver. J’ose espérer que le printemps et l’été pourrons te donner un autre avis de l’Alonnan.»
« Je n’en doute pas. Pour retourner au duc, très bien, nous n’irons pas voir du côté de Son Altesse, mais le problème demeure. »


Adélina sembla se détendre pendant une seconde avant de reprendre la parole ; « Il y a moyen de commencer avec quelques érudits pour voir si la demande y est. Inutile de créer quelque chose d’aussi gros s'il n’y a personne qui veut y aller.»
« De toute façon, il est certain que ça ne se fera pas d’un coup. Ça prendra du temps. » Si une université nordienne devait un jour parvenir à rivaliser avec ses consœurs médiannes, ou suderonnes, le langecin se demandait si son épouse avait une idée des efforts qu’ils leur faudraient déployer. « Nous verrons bien une fois rentrés. »


Ils approchaient du haut-temple, la foule se faisait plus dense, le nombre de prêtres parmi cette dernière devenait de plus en plus important, riches et pauvres se mélangeaient également, le nombre de chevaux diminuaient à mesure qu’ils avançaient. Et puis en voyant au loin l’un des vitraux de Sainte Deina Théodoric s’arrêta et vint se frapper le front avec sa paume, se rappelant quelque chose de très important qui s’était évaporé de sa mémoire dès lors qu’il avait commencé à discuter avec Adélina. « J’ai demandé à Aéria de nous rejoindre et elle ne devrait pas tarder à arriver. » Il reprit sa marche, plus lentement cette fois, vers le lieu de culte, à cause des croyants et pèlerins qui se bousculaient. « Elle a réussi à obtenir sa maîtrise des arts, mais… en tant que sage notoire et influente, elle n’a pas vraiment envie de rester dans l’ombre de ma sœur alors je lui ai proposé de venir ici, pour faire ton portrait. Évidemment, c’est moi qui vais régler la facture. » Adélina eut un léger sourire avant d’interroger son mari du regard. « Faire mon portrait? Je t’ai tant manqué ces dernières ennéades? » En réalité, elle ne connaissait que trop bien la réponse. Il n’y avait pas une journée qui était passée sans que Théo ne lui traverse l’esprit. La question le fit rire.


« Tu me manques lorsque tu quittes ma vision. C’est pour ça que je te serre contre moi la nuit. »


Le visage de la nordienne s’éclaira d’un sourire avant qu’elle ne reprenne la parole; « Ne t’inquiète pas, je suis sûr que les serviteurs sauront la guider. » Elle lui serra légèrement la main.
« J’espère. » Répondit-il, un peu inquiet. « Je m’en voudrais qu’on la maltraite, surtout si c'est de ma faute. Ça serait un piètre moyen de la remercier pour tout ce qu’elle a fait pour moi. »
« Je ne vois pas pourquoi on la maltraiterait. Le pire qui puisse arriver est qu’elle soit léchée à mort par Pongo. Par contre, je ne crois pas que planifier cette rencontre la journée de nos retrouvailles était la meilleure idée. »
« Certes. » Concéda-t-il alors que les gardes d’Adélina frayaient un chemin dans la foule pour le couple. « Mais c’était censé être ma surprise à moi, avant que j’apprenne que nous allons avoir un enfant. C’était mon cadeau. »


Adélina salua d’un sourire une jeune femme qui l’interpella avant de reprendre la parole en serrant la main de son époux. « Je te remercie. C’est un fantastique cadeau. » Le couple arriva finalement à l’intérieur de la cathédrale, sans attendre la jeune femme s’avança et s’agenouilla devant la statut de la mère. Elle joignit ses mains ensemble, formant un calice avec ses mains, avant de murmurer quelques paroles. Remerciant la mère de sa bénédiction, mais aussi d’avoir protégé son époux sur les routes. Ce dernier s’enfonça dans les profondeurs du haut temple, ayant retiré son manteau aux couleurs de sa maison avant d’entrer, il l’avait enroulé autour de son bras d’épée. Il revint un quart d’heure plus tard dans la pièce centrale et s’agenouilla à son tour devant la grande statue de Néera et entreprit une longue prière. Lorsqu’il eut terminé, il se releva, lançant un coup d’œil au visage de la Bienveillante et ne put s’empêcher de sourire en pensant à leur enfant à naître. Théodoric s’en alla alors vers la sortie pour attendre son épouse. Pendant ce temps, la jeune femme termina sa prière silencieuse et commença une discussion avec une prêtresse. Cette dernière hocha la tête de lui prendre doucement les mains, son regard bienveillant se posa sur la baronne avant qu’elle ne la laisse partir. Au bout de quelques minutes, la jeune femme vint rejoindre son mari à l’entrée. « Terminé ? Ou as-tu d’autres prières à faire? » Elle ne voulait pas l’avouer, mais elle commençait à être légèrement fatiguée.


« Non, j’ai fini, nous pouvons rentrer. » Il lui prit la main et sortit, la traîne de son manteau qu’il avait rattaché à ses épaules effleura les marches qui menaient jusqu’au parvis fréquenté, là où attendait la garde baronniale en arme. « J’ai demandé à la prêtrise ce que nous pourrions faire pour remercier la déesse et ils m’ont conseillé de nous montrer généreux envers notre peuple. Ça m’a donné une idée, durant ma tournée d’Alonna j’ai pu constater que certains villages avaient été rudement touchés par la morsure glaciale de l’hiver. Les serfs de sa seigneurie de Tasker, en particulier. Peut-être que nous pouvons… »


Il n’eut pas l’occasion de terminer sa phrase, il remarqua d’abord une main qui s’éleva de la foule, secouée pour attirer l’attention avant qu’une voix féminine ne crie.


« Théo ! »
Fronçant les sourcils, l’intéressé regarda à travers la foule pour voir une jeune femme sauter sur place pour être plus facilement visible. Un sourire aux lèvres lorsqu’elle vit qu’elle avait été remarquée, elle se fraya un chemin à travers la foule. Elle voulut se jeter au cou du baron, mais fut arrêtée par les nordiens qui escortait le couple. Adélina haussa un sourcil devant la scène, cachant difficilement que cette réaction la dérangeait. Remarquant alors Adélina elle s’inclina à la langecine après s’être raclé la gorge et adopté un sérieux de circonstance. « Votre honneur. »

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Adélina
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MessageSujet: Re: La récompense de Néera   La récompense de Néera I_icon_minitimeLun 10 Oct 2022 - 20:42






La baronne observa de la tête au pied l'étrange personnage qui se trouvait devant elle. La chevelure de la jeune femme tombait en cascade blanche sur ses épaules avant de prendre une tournure d’un rouge sanguin pour terminer leur course sur sa poitrine, ses grands yeux d’un violet pâle scintillaient de bonne humeur ; son visage harmonieux, au teint hâlé, laissait deviner qu’elle avait passé un certain temps à la merci du soleil et sous l’embrun, mais n’avait pas le côté parcheminé des marins qui ont passé leur vie au large. Elle était belle, plus jeune que Théodoric, ou peut-être plus vieille, c’était difficile à dire, mais dans tous les cas, c’était de peu, peut-être une poignée d’années. Elle avait souligné ses yeux pour les rendre plus sombres et avait peint ses lèvres d’un noir profond.


« Adélina, je te présente maîtresse Aéria Talar, qui est là pour faire ton portrait et qui nous revient d’estrévent ; Aéria, je te présente mon épouse, Adélina de Lourbier, baronne d’Alonna et dame de Lodakier et de Bransat, qui est là… parce qu’elle le veut bien. »
« Enchantée, votre honneur. » Elle inclina la tête tandis que les soldats nordiens regardaient leur baronne pour savoir s’ils devaient laisser passer la langecine.


Adélina fit un signe au Sangui Invertebre de laisser passer la langecine, et cela ne prit qu’une seconde avant qu’elle ne puisse rejoindre le couple baronniale. « Un plaisir de faire votre connaissance, Maître Aéria. » Commença-t-elle alors que la langecine se rapprochait d’eux. Elle se demanda si Théodoric la testait où il avait simplement oublié qu’elle était nordienne. « Ma foi, vous revenez de loin. Qu’est-ce qui vous a conduit là-bas ?»


« D’Uldal’Rhiz pour être précise. » Ajouta-t-elle avant de répondre à la question qu’on lui avait posée. « Je m’y suis rendu, car il s’y trouve une fleur magnifique et rare, très rare, qui donne un rouge profond, aussi beau qu’il est sombre. » Ses lèvres se parèrent d’un sourire en coin qui avait des reflets sibyllins. « J’espère peindre mon chef-d’œuvre avec ce rouge-là et vous l’offrir, à vous deux. » Adélina eut un léger sourire ; « Je ne peux qu’être touché par ce dévouement et vous remercier de vous joindre à nous. » Si la nordienne paraissait calme, accueillante et détendue, il en était tout autre en son for intérieur. Elle ne comprenait vraiment pas quel était l’intérêt de se rendre en Estrevent pour cela. Peut-être n'était-elle pas assez passionnée par les couleurs, mais elle avait entendu parler d’Uldal’Rhiz. Apparemment, c’était la cité du défendue. Des esclaves, des filles de joie et des substances à gogo, tout ce qu’on lui avait enseigné comme étant le mal. Néanmoins, elle cacha tant bien que mal son agacement. « Y allez-vous souvent ? À Uldal’Rhiz, j’entends. »


« Non, en réalité, c’était même la première fois. D’ordinaire, c’est Lars qui y va. » Lança-t-elle davantage pour Théodoric que pour son épouse, Aéria supposait que la nordienne n’avait jamais rencontré l’homme de confiance du dernier marquis. « On m’a dit qu’il connaît très bien la ville. »


Elle gloussa, mais se racla rapidement la gorge pour reprendre une contenance qui correspondait à son entourage en voyant que personne ne riait à une blague qu’elle fut visiblement la seule à comprendre. Elle avançait aux côtés du couple en se tenant les mains sur le devant de sa riche robe qui sortait des ateliers du grand-maître Racco. Avec des couleurs sublimes et aux brocarts d’or qui formaient des motifs floraux de Kyria soutenant en beauté un calice ailé d’argent stylisé.


« C’est le moins qu’on puisse dire. » Répondit Théodoric, l’air songeur. « J’en serais presque venu à croire qu’il avait une seconde demeure là-bas tant il y allait souvent. »


Le jeune homme en était venu à se demander ce qui inquiétait son père à ce point de l’autre côté de la mer, les noirelfes et leurs osts sans doute. Soudainement, la baronne s’arrêta net. « Attendez » Elle se tourna vers son mari; « La princesse d’Uldal’Rhiz… elle s’appelle comment déjà ? »


« Euh… je ne sais pas. Pourquoi ? » Demanda le baron, surpris par une question qui l’avait pris de cours.


« Dame Irohvirah. » Ajouta Aéria calmement avant de s’empresser d’ajouter : « Enfin, il me semble. »


Irohivrah! Voilà ! « Et bien, elle est à Diantra. Apparemment arrivé ce matin en créant tout un chaos…» C’était curieux quand même. La baronne se demanda ce que l’estreventine pouvait bien faire dans la capitale… Lançant un coup d’œil en direction du palais royal, Aéria souris un moment.


« J’ai entendu dire que… mais nous avons assez parlé d’autrui, avez-vous apprécié votre virée dans le sud, votre honneur ? » La jeune femme eut un sourire avant de reporter son regard devant elle. « Oh. Disons que cela fut différent de ce quoi je m’attendais. Le palais Soltaar a de quoi rendre le plus riche individu jaloux. Mais mon hôte a été des plus accueillants. » Enfin, autant qu’il le pouvait, il fallait croire.


« La beauté du palais est légendaire. » Accorda Aéria en hochant la tête. « Je suis ravi que l’hospitalité du sud ait été à votre goût. Je dirais que vous en êtes d’ailleurs partis à temps, l’air s’est assombri. » Théodoric tourna la tête vers la langecine et la questionna du regard, cette dernière poursuivit en haussant les épaules. « Mais je ne suis pas venu pour ça. Est-ce que son honneur a une idée d’une composition qui lui plairait ? Si vous n’en avez pas, je devrai réussir à trouver quelque chose à votre goût ; Théo, vous a-t-il dit que c’était moi qui avais proposé à l’armurier les décorations de son épée et de son fourreau ? » Il y avait quelque chose de dérangeant de la proximité qu’avait cette dernière avec son mari et elle dut rapidement avouer que cela lui faisait un pincement au cœur à chaque fois qu’elle utilisait cette familiarité avec son mari. Décidément, il y aura une discussion chez De Lourbier ce soir… « Non, il ne me l'a pas dit. » Dit-elle en lançant un regard étrange à son mari et ce dernier lui rendit son regard sans comprendre ce qui clochait. Il pouvait dire que quelque chose n’allait pas, certes, mais quoi ? Il fallait dire qu’elle ne savait même pas qui la langecine était il y avait une heure de cela. « Il faudra ajouter un écarlate la prochaine fois. Mais sinon, non, je n’ai pas d’idée. Qui plus, est, Théo m’as vanter vos talents d’artiste donc je vous fais confiance. » Dit-elle avec un sourire franc à la langecine.


« Vraiment ? » Demanda Aéria avec un sourire amusé, lançant un regard pétillant de malice à Théodoric qui sentit le rouge lui monter aux joues et qui se trouva soudainement absorbé par la beauté quelconque du ciel grisâtre au-dessus de la capitale.


« Surprenez-moi !»
« Je ferais de mon mieux pour correspondre à vos attentes. Mes sujets sont d’ordinaire plus... Liturgiques, mais je devrais réussir à faire quelque chose de satisfaisant. »
« Nous devrions nous dépêcher avant qu’il ne se mette à pleuvoir. »


L’air soucieux du jeune homme sembla être contagieux, au moins pour la poignée d’hommes d'armes qui servaient de protecteurs pour le couple baronnial. Une garde qui eut droit à une estimation rapide de la part de la langecine.


« Cette fois, il semblerait que tu n’aies pas à craindre la boue. »
« Tu ne vas quand même pas recommencer avec cette histoire ? » Il feignit l’indignation avec la justesse d’un cabotin avec un fantôme de sourire amusé sur les lèvres, comme s’il se souvenait d’une vieille blague à ses dépens.


« Seulement si tu ne l’as pas raconté à dame ton épouse. » Aéria se retourna alors vers Adélina pour savoir si c’était le cas ou non. Adélina observa de nouveau son mari avant de lâcher doucement sa main. « Non, je crois qu’il a omis de me raconter cette histoire. » La jeune femme poussa presque un soupir de soulagement lorsqu’elle aperçut les grandes portes de la clôture du manoir, se disant qu’elle n’aurait pas à endurer ses familiarités plus longtemps. Elle n’avait jamais été réellement jalouse, ayant toujours fait confiance à son mari, mais cette rencontre était un coup dur pour la baronne. Si son éducation l’empêchait de faire une scène en public ou en privé, elle aurait bien du mal à oublier cette journée.


« C’est une histoire charmante. »
« Ça dépend pour qui. » Précisa Théodoric en faisant un pas devant les deux femmes pour ouvrir lui-même les portes du muret qui ceignait le manoir et de se retourner vers elles. « Est-ce que l’une de vous deux a soif ? »


« Pas vraiment, mais une bonne histoire se doit d’être accompagnée par une coupe de vin tout aussi bon. » Elle tourna la tête vers la baronne, laissant à cette dernière le plaisir d’entrer la première chez elle. Adélina lui fit un rapide signe de tête avant d’entrer dans la cour de son manoir, des soldats en poste saluèrent le couple baronniale alors que des serviteurs se dépêchèrent d’ouvrir la porte de leur demeure. « Son honneur, sait-elle déguster ? »


Adélina détacha doucement sa cape avant de la tendre à un serviteur. « Bien entendu, mais j’ai peur de ne point pouvoir vous accompagner dans cette dégustation. » Adélina fit signe à un serviteur qui s’approcha. « Accompagner Dame Aéria dans le salon et préparer des rafraîchissements. » Se retournant vers la jeune femme. « Je dois parler à mon époux d’un sujet important. J’espère que vous comprenez, nous vous rejoindrons dans quelques minutes.»


« Je suis à vos ordres, votre honneur. » Elle s’inclina avant de suivre le nordien jusqu’au salon tandis qu’un autre serviteur vint rapporter à son propriétaire l’épée que Théodoric avait laissée dans le jardin.


« De quoi s’agit-il, mon amour ? » Demanda le baron après s’être assuré qu’Aéria ait disparu dans les entrailles du manoir tandis qu’il remettait son ceinturon d’arme à sa taille. Adélina se retourna vers son mari, l’air soudainement plus sérieuse ; « Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé de Dame Aéria si vous êtes si proche? » Demanda-t-elle. Levant son doigt ganté vers les airs, comme si elle avait oublié quelque chose. « Mais surtout, quelle est la nature de votre relation ?»


Théodoric eut un mouvement de recul et son ceinturon d’arme tomba au sol, car il n'avait pas eu le temps de le fermer autour de ses hanches. Il ne répondit pas tout de suite, surpris par les questions que son épouse venait de lui poser. Une surprise qu'il était facile de lire sur son visage alors qu'au loin, il était possible d'entendre le claquement d'un orage pourvu qu'on tendait l'oreille. Et puis il se détendit un peu.


« Lina, ne me dis pas que tu es jalouse. »


Adélina avança d’un pas, avant de se pencher pour ramasser l’épée de son époux. Elle la tendit à son époux avant de reprendre la parole ; « Quand nous nous sommes rencontrés, tu peinais à me regarder dans les yeux. Mais pendant ce temps, Dame Aéria se jette dans tes bras pour te saluer ? Pardonne-moi, mais oui. Je suis quelque peu troublée, surtout que tu ne m’as jamais parlé d’elle avant aujourd’hui. » En soit, elle était persuadée que ce dernier aurait eu la même réaction qu’elle si les rôles avaient été inversés.


« Aéria a toujours été très… Tactile, sans doute à cause des origines estréventines de sa famille. » Cette fois, il s’assura que son ceinturon d’arme était solidement attaché avant de poursuivre la conversation avec son épouse. « Je lui ai déjà dit plusieurs fois de ne pas faire ça parce que ça me met mal à l’aise, mais ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu et j’imagine qu’elle a oublié. »


C’était la solution la plus probable selon lui et en général, c’était la solution la plus simple qui était la bonne, mais ça, il se doutait qu’Adélina ne veuille pas l’entendre tout de suite. Il lança un coup d’œil aux personnes présentes dans la cour qui trouvèrent bien vite quelque chose d’autre à faire plutôt que de continuer à écouter la conversation de leur maîtresse. Il se mit alors de profil et tendit le bras pour inviter son épouse à le suivre à l’intérieur du manoir, où ils trouveraient plus d’intimité.


« Je ne t’ai jamais parlé d’elle parce que, comme tu as pu t’en rendre compte, notre rencontre et les mois qui ont suivi n’ont pas vraiment été propices à la présentation des grands noms des sages ; entre nos aventures dans la capitale, le tournoi, la mission qui m’a été confiée par le Bienveillante pendant que tu enquêtais de ton côté, je n’en ai pas eu l’occasion de te la présenter. » Il commença à monter la volée de marches qui menaient à l’intérieur. « Mais c’est une très bonne amie, une amie fidèle à qui je dois beaucoup. Sans Aéria, ma sœur aurait gagné depuis bien longtemps. C’est elle qui a tenu tête à Prudence et maintenu l’unité des sages pendant que je plongeais ma tête dans le sable à Sorault et que je refusais d’accomplir mon devoir. »


Adélina écouta son mari sans l’interrompre, avant de se rendre compte… Qu’elle avait été trop loin. Une fois à l’intérieur, la jeune femme soupira avant de baisser les yeux au sol, clairement honteuse. « Je suis désolé pour ma réaction. C’était illogique et je me suis laissé contrôler par mes sentiments. J’ai eu peur de te perdre pendant un moment. Pardonne-moi.»


« C’est déjà fait. » Il vint poser une main réconfortante dans le dos de la nordienne. « Mais dis-moi, t’ai-je à un moment fait douter de ma loyauté ? »


Ce n’était pas une récrimination, il demanda avec une sincérité soucieuse d’avoir fait ou dit quelque chose qu’il n’avait pas vu ou pensé comme une infidélité, mais que son épouse avait perçu comme tel.
« Non, non pas du tout. Quoique je ne suis pas fan de voir mon mari se faire étreindre par une autre femme.» Dit-elle en rougissant légèrement. « Je crois que ma condition n’aide vraiment pas à voir les choses logiquement. Cela sera un long printemps…»




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