Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

 

 [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Ancien
Le Vaisseau de la Voilée


Nombre de messages : 4141
Âge : 34
Date d'inscription : 09/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 44 ans (né en 972)
Taille
:
Niveau Magique : Avatar
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeJeu 15 Avr 2010 - 10:29

La réclusion volontaire de Katalina était maintenant terminée, après une semaine d’attente, de méditation et de débats intérieurs. Mais la jeune femme avait déjà vécu ce genre de situation, et être enfermée dans une pièce des jours durant lui rappelait trop sa déchéance après son séjour au Puy. Le passé ne la hantait plus, ou du moins s’était-il grandement assagi, mais avoir l’impression de le revivre n’était pas pour la ravir particulièrement, bien au contraire. Aussi avait-elle décidé de réagir, et c’est à l’extérieur qu’elle avait décidé de méditer, alors que le mois de Bàrkios était désormais bien entamé. Parce qu’elle avait encore du mal à ouvrir les yeux sans rien y voir, elle avait noué autour de sa tête un bandeau les lui couvrant. Elle perçut les murmures bien avant d’entendre les bruits de pas… et serra les dents alors qu’elle reconnaissait la voix de sa mère parmi le concert indistinct.

« Ma Dame… ? » tournant à peine la tête, elle hocha légèrement la tête. « Fédéric désire vous voir. Il affirme avoir un paquet vous étant destiné, reçu de longue date dans le comptoir de Serramire. »

La Gardienne - qui avait encore du mal à se considérer comme telle - haussa un sourcil. Depuis qu’elle avait « survécut » contre toute attente, Théodore avait changé. Plus hésitant, plus timide… Il parlait plus fort, aussi, comme si le fait d’avoir perdu la vue avait des conséquences sur l’ouïe. Mais Katalina ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Quittant sa position de méditation, elle se leva lentement, puis tendit le bras.

« Guide-moi, s’il te plaît. » demanda-t-elle doucement.

Et il ne fallait pas connaître beaucoup la jeune héritière pour savoir à quel point cette simple demande la révoltait. Elle était devenue dépendante de son entourage, incapable de se déplacer sans aide. Aerandir avait beau lui assurer que le temps viendrait où elle pourrait se débrouiller par elle-même, elle avait du mal à le croire. Et c’est donc au bras de son fidèle Intendant qu’elle rejoignit Fédéric. L’homme avait derrière lui une bonne quarantaine d’années, et il était plutôt bel homme pour ce que s’en souvenait Katalina. Les cheveux bruns tirant sur le noir, le regard noisette, et un sourire à faire chavirer bien des cœurs.

« Pourquoi… ? Pourquoi m’avoir trahie… ? J’ai mal, Fédéric… »

Malgré elle, et ses efforts pour rester stoïque, Katalina se figea. Elle n’avait jamais entendu un tel désespoir dans les  complaintes qui accompagnaient désormais chaque vivant qu’elle croisait.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Seul le silence lui répondit. Tyra lui parlait de plus en plus souvent, mais répondait rarement à ses questions. La toute nouvelle Gardienne avait ainsi vite compris qu’un Dieu ne parlait pas à tord et à travers, et que son silence ne signifiait qu’une chose : elle pouvait répondre elle-même à sa question.

« Ce qu’on raconte était donc vrai… » Mal à l’aise, Fédéric marqua une pause, avant de reprendre en mimant l’assurance. « Je suis soulagé de vous savoir rétablie, ma Dame. »

La dame en question se contenta dans un premier temps de hocher la tête, encore déstabilisée par la mélopée funèbre et les suppliques étouffées d’une femme bafouée. Qu’avait donc fait le négociant pour que des résidus de l’âme de la défunte l’imprègnent encore avec tant de force ? A moins que sa mort ne soit récente… Il était difficile, voir impossible pour Katalina, de trancher avec certitude. Mais une seule chose était claire : il lui faisait peur. Voyant le silence s’éterniser, Fédéric reprit la parole avec aplomb, bien déterminé à ne pas se laisser toucher par le nouvel handicap de son employeuse. Connaissant un peu la femme qu’elle était, il savait très bien qu’il s’agissait là du meilleur moyen de s’attirer ses foudres.

« Je suis navré de vous déranger en pleine convalescence, mais voilà plusieurs mois que ce paquet nous ait parvenu. Votre… exil à Alëandir et votre retour non prévu à Erac nous a empêché de vous le remettre plus tôt. »

En temps normal, Katalina aurait sourit. L’homme se plaignait-il de sa présence spasmodique de ces derniers mois ? Certes, cela avait du être handicapant sur bien des plans, après tout il y avait certaines choses qu’il ne pouvait entreprendre sans son aval. Mais en règle générale, ses comptoirs ne s’étaient pas plains de sa « disparition du marché », car tous y avaient gagné en autonomie. Ainsi, si tout avait été jusqu’alors centralisé à Serramire, c’était désormais de Diantra que se décidait les grandes politiques économiques de l’empire commercial qui était le sien. Elle n’allait pas s’en plaindre, elle était à des lieues de ressentir la moindre envie de se replonger dans le tortueux univers qui avait été le sien jusqu’à son enlèvement.

Mais Katalina n’avait aucune envie de sourire, pas quand elle entendait une femme gémir.

« Je suis désolée de ne pas avoir été plus disponible après ma visite des profondeurs d’Elda. » lâcha-t-elle sèchement. Le murmure étonné de Théodore lui fit regretter de ne pas pouvoir voir le visage de Fédéric, mais elle décida cependant de mettre de l’eau dans son vin. « Et je vous remercie de votre loyauté, d’autres auraient fini par jeter ce colis. »

On mettrait son irritation sur le nouveau coup du sort qu’elle était censée avoir subis. A bien y regarder, Katalina trouvait que sa vie prenait de plus en plus des allures de tragédie. Et heureusement pour elle, tous les détails n’étaient pas connus. On s’était interrogé sur la présence de Kassandra sans pour autant deviner qu’elle était sa sœur.

« Je n’aurais pas osé, ma Dame. »

L’hésitation était palpable, et pour cause, elle s’était toujours bien entendu avec Fédéric qui ne devait pas comprendre le pourquoi d’un tel revirement. Et l’ancienne négociante ne se voyait pas lui en expliquer la cause, aussi se contenta-t-elle de tendre les bras.

« Donnez le moi, puis suivez Théodore. Vous ne repartirez pas avant de vous être restauré. » conclut-elle, esquissant un sourire pour mieux effacer sa première réplique.

Et c’est ainsi qu’elle se retrouva seule dans le grand salon, un étrange paquet à la main, la tête tournée vers l’endroit où elle pensait trouver la porte. Inspirant une grande goulée d’air, elle se mit en mouvement, tâtonnant avec hésitation pour ne pas rencontrer trop violemment un obstacle imprévu. Elle parvint ainsi d’éviter un fauteuil mesquinement laissé sur son chemin. Sans surprise, ce fut le mur qu’elle rencontra, et non le bois poli d’une porte, et elle tâtonna à nouveau pour finalement trouver la poignée froide qu’elle cherchait. Poussant un soupir, elle l’ouvrit et se retrouva dans le couloir. Prenant son courage à deux mains, elle partit à l’aventure, bien décidée à rejoindre sans aide sa chambre. Objectif atteint avec brio, même si c’est soulagée qu’elle se laissa tomber enfin sur son lit. Néera prenne pitié d’elle, qu’il était oppressant d’avancer sans aucune idée de l’endroit exact où on se trouvait. Après quelques secondes d’immobilisme, elle se redressa et entreprit de dénouer son bandeau, qui commençait à la gêner plus qu’il ne l’aidait.

Elle commença ensuite à déballer le fameux colis qui, si elle avait bien compris, l’attendait depuis un moment déjà. Il lui fallut quelques longues secondes de réflexions pour comprendre de quoi il s’agissait, et elle en aurait surement mis plus si ses doigts n’avaient pas trouvé par hasard les deux trous finement ouvragés réservés aux yeux. On lui avait offert - ? - un masque, rien que cela.

Ce qu’elle trouva quelques secondes à peine après stoppa net son cœur, et pendant quelques secondes, elle espéra presque qu’il ne reparte pas.

Là, sous ses doigts devenus tremblants se dessinait, horrible fantôme du passé, un N gravé au poignard, sans doute au niveau du front. Elle n’eut même pas besoin de porter une main à sa poitrine pour vérifier : il était identique à celui que lui avait fait « Nhil ». Sa marque de la honte, laissée comme souvenir morbide par un fou sanguinaire, gravée dans sa chair et figée dans le temps grâce à l’action mordante du sel. Ses poings se crispèrent sur le « cadeau », si fort qu’elle aurait vu ses phalanges blanchir sous l’effort si elle l’avait pu.

Sous ses yeux agrandis par la surprise, Katalina vit « Nhil » sculpter presque amoureusement sa marque, un sourire malsain aux lèvres. Plus que d’avoir recouvré la vue, se retrouver face à son bourreau lui porta un coup dont elle n’aurait même pas pu envisager la portée. Les couleurs étaient fades, le décor flou, mais de toute façon, elle ne voyait que lui. Lui et son regard, son sourire. Elle retrouvait le monstre qu’elle avait fuit de toutes ses forces, et elle voyait avec quel plaisir il avait façonné le cadeau qu’il lui avait destiné. Il ne l’avait pas vu, ou faisait mine de ne pas l’avoir remarquée, et elle se retrouvait incapable de bouger. Et rien que pour ça, elle ne le haïssait que plus.

La vision se dissipa et les couleurs pastelles s’estompèrent pour rendre aux ténèbres leur souveraineté. Katalina était éprouvée, et il était presqu’étonnant que le maudit masque, symbole de son ultime humiliation, ne se soit pas encore rompu sous la pression. Elle ne pleurait pas, ne gémissait pas. Ses plaies étaient partiellement rouvertes, mais ce constat ne faisait que nourrir ce qui l’avait fait tenir plusieurs fois face à la fatalité d’un joug imposé : sa colère. Elle ne ressentit même pas le contrecoup de sa première utilisation du Pouvoir, ne flancha pas.

« Katalina, non. »
Mais Katalina n’écoutait plus, elle avait atteint le point de non retour, et ce n’était pas une voix, fusse-t-elle divine, qu’elle était la seule à entendre qui l’arrêterait. Elle avait utilisé le Pouvoir sans le savoir, sans en être consciente, guidée par la surprise et la peur. Désormais, c’était mue par l’Ire et en pleine connaissance de cause qu’elle agissait. Sans savoir exactement ce qu’elle faisait, mais en toute connaissance du dessein visé. Elle était la Gardienne de Tyra, Déesse Gardienne du Royaume des Morts ? Ce ne serait pas qu’un poids, finalement, et même cela s’apparentait soudainement à une délivrance. Elle puisa en elle, dans sa haine, dans sa colère. Elle se concentra toute entière sur la vision de « Nhil »… Et elle hurla son envie de le voir mort.

Quelque part au Puy, un sombre s’effondra brusquement, le cœur figé à jamais. Au même moment, la conscience de l’une des femmes les plus riches de la Péninsule se voila et elle se sentit partir. Mais les conséquences importaient peu, pas plus que l’étrange malaise qui lui vrillait le ventre. Car elle savait, sans l’ombre d’un doute, que son tortionnaire était mort.

« Aerandir… Je suis… désolée… » murmura-t-elle avant de s’écrouler sur son lit, inconsciente. Elle eut juste le temps d’entendre un soupir avant de sombrer complètement.

« Je suis Celle qui Attend. J’observe le Monde façonné par mes Frères et mes Sœurs sans jamais l’altérer. Tu n’aurais pas du utiliser le Pouvoir que je t’ai confié pour réaliser ta Vengeance. Je suis désolée, car je connais ta douleur pour l’avoir connue et pour la connaître encore, mais ta faute appelle pénitence. Aussi resteras-tu dans mon Royaume le temps que tu en comprennes la véritable nature. »
Katalina émergea doucement de l’inconscience, guidée par les paroles douces et attristée de la Déesse. Elle cligna des yeux, et eut la surprise de se rendre compte qu’elle voyait. Avec un gémissement étouffé, elle entreprit de se redresser. Elle était déjà venue dans cette caverne une fois, et n’eut aucun mal à la reconnaître. Elle était de retour dans le Royaume des Morts, et l’idée ne l’enchantait pas vraiment. Fermant les yeux, elle prit le temps de remettre de l’ordre dans ses idées. Un sanglot lui échappa quand la mort de « Nhil » s’imposa à elle. C’était fini, plus jamais il ne la hanterait. Elle n’avait aucun regret à l’avoir tué, il était un monstre et le laisser en vie n’aurait été que condamner d’autres qu’elle à subir ses atrocités.

Si elle devait rester coincée ici un temps pour avoir débarrassé Miradelphia d’un tel être, alors qu’il en soit ainsi.

Doucement, elle entreprit de se lever, et c’est ainsi qu’elle aperçut du coin de l’œil « son » corps. Laissant échapper un hoquet de surprise et d’horreur, elle recula vivement jusqu’à rencontrer la roche dure et froide, et ne bougea plus. Sous ses yeux, « Nhil » la narguait dans son inconscience, par sa seule présence.

« Sa place n’est pas ici, mais il n’aurait pas du rejoindre ce Monde de cette façon. Cette erreur sera corrigée, mais en attendant, tu devras le contenir et l’empêcher d’agir à sa guise. N’aies aucune crainte, car il ne peut rien contre toi… Je veille sur toi. »
Qu’il en soit ainsi.

Katalina avait peur, mais elle ne voulait pas fléchir. Etrangement, elle avait confiance en Tyra, et savait que la Déesse n’était pas manipulatrice. Si elle lui affirmait qu’il ne pouvait rien contre elle, alors elle la croyait. Elle ne voyait pas vraiment quel dégât il pouvait faire une fois mort… Mais elle le découvrirait bien assez tôt.

Elle ne bougea pourtant pas. Immobile, elle attendit qu’il bouge, priant pour que cela n’arrive jamais. Avec de la chance, il ne se réveillerait pas avant que « l’erreur soit réparée ».


Dernière édition par Katalina le Dim 9 Mai 2010 - 22:10, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ranaghar Medel'hel
Drow
Ranaghar Medel'hel


Nombre de messages : 672
Âge : 35
Date d'inscription : 26/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  857
Taille
:
Niveau Magique : Maître.
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeJeu 15 Avr 2010 - 15:28

L’Ombre danse avec la Voix des Morts…

Les changements s’amorcent, et ces pas demeurés en suspend reprennent là où ils avaient été laissé autrefois… Par un masque offert il y a déjà si longtemps, attendant l’heure de donner le rythme de la dernière mélodie partagée, prenant la poussière, à l’abri des regards… Il a tant attendu pour que son regard vide, son expression moqueuse, croise celui de la victime avec qui il partageait la marque de la honte, mais finalement… A l’heure où se jouait le sens de son existence, il ne trouva en écho qu’un regard aussi vide que le sien…

Mais il était un mal qui se savait enfouit, au cœur d’un esprit qui pensait pouvoir tourner la page… Un mal profond et endormit, attendant de croiser le présent pour s’éveiller et grandir, reprendre sa place si longtemps occupée par des niaiseries mielleuses et sans intérêt, insupportable voisin envahissant, œuvre d’un Gardien d’Arcam sensible à la détresse et à la fragilité de la demoiselle… Un terrain préparé avec soin par cette graine de mal, usurpé par l’opportuniste sentimental et manipulateur… Usant du bien quand cette graine avait fait le mal.
Un mal qui s’éveilla, libérant les souvenirs, la rancœur et la colère, cette haine de cet être odieux qui l’avait planté là… Qui avait fait naître le masque, qui avait marqué à jamais ce corps, inscrit la honte à même la peau, afin que perdure à jamais la trace de leur rencontre… Ce « Nhil ».

Dans la sombre cité, dans les ténèbres d’une méditation de cette salle à présent achevée, dont les murs, le plafond et le sol étaient couvert de masques, exprimant chacun une émotion différente… Véritable lieu de culte, un autel au Divin Marionnettiste des Sombres… Le visage réel du mal qui l’avait conçu, véritable représentation de la folie qui le rongeait depuis toujours… Il s’éteindrait là où il avait toujours vécu… Au milieu de ce bouillon d’émotion contraire, sur la scène d’un acteur aux visages multiples et infinis. Il s’éteindrait sans avoir été averti, que par la douleur soudaine saisissant sa poitrine, et ce cœur s’arrêtant de battre, s’effondrant sur le sol, sous le regard de ses personnalités, au cœur de l’attention de cette assemblée silencieuse.

Ses yeux s’ouvrent, étrangement… Rencontrant la lumière bleutée diffuse d’un lieu dont il ne comprenait pas le sens… Son esprit se souvenait… Savait qu’il s’était éteint, que la vie l’avait quitté, qu’il était mort, mais jamais il n’avait pu imaginer s’éveiller, au-delà de la mort, et pourtant… Il se redressa en silence, s’appuyant sur ses bras, son regard cherchant à comprendre où il se trouvait. Une caverne…
C’était donc ça, le Domaine des Âmes ? Une simple et vulgaire caverne éclairée ? C’était presque offensant par sa simplicité, par son aspect commun. Teiweon n’avait-elle pas su y mettre plus de cœur et d’attention, offrir aux défunts un spectacle plus extraordinaire ? C’était insultant, vraiment.
Son regard pourtant croisa cette présence qu’il avait ressentit depuis qu’il avait reprit conscience, et cela le plongea dans un doute… Katalina Noblegriffon, ici ? Ca n’avait aucun sens, et quand bien même la Déesse le soumettrait à une épreuve, pourquoi elle et non les autres ? Il lui faudrait résoudre cette énigme au plus vite pour comprendre la réalité de sa situation. Ainsi, il se leva doucement, fermant les yeux, inspirant profondément avant de les reposer sur celle qui se tenait à proximité. Son épreuve ?
Il approcha, il voulait savoir ce qu’elle était… Pure illusion, épreuve quelconque, matérialisation quelconque des dieux seuls savent quoi, ou bien Katalina elle-même… Mais c’était impossible, elle n’était pas une sombre. Il sentit la tension à chacun de ses pas, malgré l’immobilisme, elle craignait qu’il approche ? Curieux, ou non… C’était trop tôt pour le savoir, mais il lui adressa quelques mots néanmoins, avec arrogance et amusement.

« Katalina Noblegriffon… Curieux endroit, curieux moment pour se retrouver, tu ne trouves pas ? Mais dis-moi, ma chérie, qu’est ce que tu fais ici au juste ? Comment es-tu venue là où reposent les sombres ? »
Revenir en haut Aller en bas
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Ancien
Le Vaisseau de la Voilée


Nombre de messages : 4141
Âge : 34
Date d'inscription : 09/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 44 ans (né en 972)
Taille
:
Niveau Magique : Avatar
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeVen 16 Avr 2010 - 9:35

Si le réveil s’était passé « en douceur », les quelques secondes qui le suivirent furent bien plus difficiles. Et pour cause, tuer « Nhil » avait été… facile, mais uniquement parce qu’elle avait été guidée par la colère, la haine, et parce qu’il n’avait pas été en face d’elle. Car ce monstre n’avait rien perdu de son pouvoir sur la jeune femme, du moins parvenait-il toujours à la terroriser d’un simple regard. Elle n’avait jamais oublié ses yeux sanguins, ceux là même qui avaient donné naissance au Cobra, personnage récurent de ses anciens cauchemars. Pourquoi un reptile pour représenter le sombre ? Elle n’avait jamais trouvé la réponse.

De toute façon, il n’était plus qu’un mauvais souvenir, balayé par Aerandir.

Seul point positif de l'affaire, il semblait que dans le Royaume des Morts elle recouvrait la vue. Ce n'était cependant pas un argument suffisant pour l'encourager à y séjourner durablement, elle avait en effet la dérangeante impression de ne pas être à sa place. Et pour cause, elle n'était pas morte, c'était à ses yeux une explication suffisante. Appuyée contre le mur rocheux de la caverne dans laquelle ils étaient enfermés, elle observait le corps immobile de son ancien tortionnaire. En son fort intérieur, elle espérait qu’il ne se réveille jamais, qu’il reste ainsi prostré face contre terre. Tyra lui avait demandé de veiller à ce qu’il ne commette rien d’irréparable. Outre le fait qu’elle ne voyait pas vraiment de quoi il en retournait, elle n’était pas certaine de pouvoir parvenir à un tel résultat.

« Dans quel panade t’es tu encore fourrée, ma vieille ? » marmonna-t-elle, angoissée à l’idée de la suite.

Ce fut justement à cet instant précis que « Nhil » se décida à bouger. Fermant un instant les yeux, Katalina tenta de garder son calme. Elle ne craignait rien, elle était la Gardienne de Tyra et la Déesse veillait sur elle. Et puis, si le sombre se trouvait dans un tel état, c’était de son fait. Elle l’avait tué, après tout. Le rapport des forces s’était totalement inversé, et si elle se savait incapable de le torturer - elle avait encore du mal à réaliser qu’elle l’avait tué - elle ne se laisserait pas intimider, plus maintenant.

Il ne semblait pas l’avoir remarqué, alors qu’il se remettait tranquillement debout. Comprenait-il ce qui lui arrivait ? Savait-il que sa fin était brutalement arrivée ? Avait-il conscience que la seule responsable était son ancienne victime ? Tant de questions dont Katalina aurait aimé avoir les réponses. Ce dont elle était sûre, c’était qu’elle était la seule à avoir toutes les cartes en main. « Nhil » avait pu deviner certaines choses, mais il devait être à des lieues de s’imaginer inférieur à une humaine. Or il l’était. Katalina devait le croire, s’en persuader, il n’était plus rien qu’un fantôme qui s’effacerait bientôt, emporté par elle ne savait quoi et ramené « là où était sa place ».

Son regard la poignarda, et sa voix lacera sa confiance, mais elle tint bon. Même alors qu’il approchait, sombre et sournois, elle s’accrochait à cette unique pensée. Il ne pouvait rien contre elle. Au moins, l’arrogance du drow lui apprenait plusieurs choses. Il se savait mort, mais se pensait… « là où reposent les sombres ». La jeune femme ne comprit pas, elle ne connaissait rien à la culture drowique et ne soupçonnait pas l’existence de leur panthéon hérétique.

« Les fils damnés de ma Sœur Aînée se sont détournés de moi, ils ont oublié à qui ils doivent leur Eternité, et de leurs arrogance est né un Royaume qui protège leur âme de mon courroux. »
Etait-ce possible ? Des mortels pouvaient-ils aller contre l’influence et la toute puissance du Divin ? Katalina brûlait d’envie d’interroger plus Celle qui attend, afin de savoir si elle avait fermé les yeux sur cette réalité ou si elle avait été incapable d’aller contre, mais le moment ne s’y prêtait pas. Après tout, « Nhil » attendait toujours qu’elle réagisse, qu’elle réponde à ses questions… Qu’elle lui apporte des précisions sur sa situation.

« Comment va ta sœur ? » demanda-t-elle finalement, décidant de le prendre à contre pied.

Jamais elle ne l’avait tutoyé, la crainte l’avait retranchée dans un respect qu’elle n’éprouvait nullement mais qu’elle utilisait dans l’espoir de l’apaiser. La donne avait cependant changé, et même si elle devait se faire violence, elle ne ploierait plus.
Revenir en haut Aller en bas
Ranaghar Medel'hel
Drow
Ranaghar Medel'hel


Nombre de messages : 672
Âge : 35
Date d'inscription : 26/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  857
Taille
:
Niveau Magique : Maître.
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeVen 16 Avr 2010 - 11:12

Oh… Le temps avait changé bien des choses semble t-il… Point de peur, juste une incompréhension suivit d’une certaine surprise, mais ce n’était pas lui la source, ou alors, elle en venait à des réactions sans logique aucune. Mais sa réponse l’étonna grandement, non par son contenu, c’était sans importance ça, mais par le ton, et surtout, ce qu’elle représentait… On voulait le déstabiliser ? Elle croyait pouvoir le faire, elle ? Ah lala, quelle arrogance elle dévoilait là, arrogance injustifiée par ailleurs, car si il était surprit d’un tel changement, il saurait sauter la case du trouble pour trouver amusant la situation… Son adversaire avait changé, et ça n’en serait que plus drôle.

« Ma sœur ? Oh, elle allait bien, jusqu’à ma mort tout au moins… Elle risque de souffrir, qui sait, peut-être même finir esclave d’un sombre, vu son caractère.
Et de ton côté ? As-tu finis par te marier à cet imbécile de Duc… Cette fillette là... Mer… Mer… Mermachin… Oh et puis zut… Je m’en souviens plus.»


Mais ses mots étaient posés, détachés même, finalement, il n’en avait rien à foutre, mais il voulait lui offrir réponse, pour démontrer que finalement, le prendre à contre-pied ne le gênait en aucune sorte… Tout ce qu’indiquait cette assurance, c’était qu’elle savait, et qu’elle avait le sentiment d’une maîtrise de la situation, ou du moins, qu’il ne représentait dès lors plus une menace, et c’était là une chose sur lequel il lui faudrait jouer plus tard, quand il trouverait le ton pour cela.
Il s’approcha d’elle, avec un désir, autant de la déranger que de le conforter dans une idée, et quand il se retrouva devant elle, il tenta de porter sa main sur son visage, mais rien… Il la traversa simplement, et sans montrer le moindre trouble, son visage affichait un sourire plus grand encore, ponctué d’un :

« Intéressant… Très intéressant. »

Oui, ça l’était, car Katalina devait savoir que ça arriverait, et c’était là l’origine même de cette arrogance… Il n’était pas une menace physique, ne pourrait pas la battre, ni la violer... Mais il pouvait parler, et c’était là un atout préservé non négligeable.
Il passa outre d’abord toutes les questions dérangeantes que cette démonstration avait fait naître, car elles étaient propices à dévoiler une faiblesse qu’il n’admettait pas… Katalina était là, c’était anormal, et il ne pouvait pas la toucher… Elle était encore vivante ? Mais que faisait-elle ici dans ce cas ? Elle voulait juste passer le voir… Non, elle voulait l’oublier.
Il pivota, se détourna d’elle, s’éloignant même, comme l’ignorant en cet instant, posant son regard sur le long couloir qui s’étendait au-delà de l’endroit où il se trouvait… Elle voulait le surprendre, lui aussi… Aussi décida t’il qu’il lui montrerait une parfaite indifférence.

« Bon, ma chérie… Non que ta compagnie, qui m’a tant manqué je l’admets, me soit déplaisante… Mais j’ai un nouveau chez moi à découvrir. Au plaisir ! »

Et aussi simplement qu’il l’avait dit, il reprit ses pas, agrandissant la distance entre les deux, un simple signe de la main pour appuyer ses mots, il s’engouffra dans la caverne, tranquillement.
Revenir en haut Aller en bas
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Ancien
Le Vaisseau de la Voilée


Nombre de messages : 4141
Âge : 34
Date d'inscription : 09/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 44 ans (né en 972)
Taille
:
Niveau Magique : Avatar
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeSam 17 Avr 2010 - 1:21

Elle aurait du savoir. Elle aurait du prévoir qu’il ne se laisserait pas déstabiliser. Même sa mort n’était pas parvenue à le faire paniquer, il l’avait accepté sans frémir. Peut-être parce qu’elle n’était pas une fin, ou peut-être parce qu’il était assez fou pour ne pas saisir pleinement ce que cela impliquait. Au final, cela ne changeait pas grand-chose, il lui faisait face et rien ne semblait pouvoir l’atteindre. Il l’observait avec ce même regard, peut-être un brin plus inquisiteur. Il n’était pas dérouté, seulement surpris par le ton avec lequel elle lui avait parlé, et ses yeux l’interrogeaient presque. Elle pouvait presque entendre sa voix moqueuse se jouer d’elle, l’insultant rien qu’en usant de surnoms qui, s’ils étaient d’ordinaire affectueux, n’étaient dans sa bouche qu’une expression parmi d’autres de son mépris et de son amusement.

Toujours appuyée contre le mur rocheux, son dos épousait parfaitement les formes de la caverne tant elle avait tenté de s’y fondre. Si seulement elle avait pu disparaître, le surveiller sans se faire voir, tout aurait été plus simple. Pour ce qu’elle en savait, elle en était peut-être capable, d’ailleurs, mais elle n’avait personne pour lui apprendre à se servir des pouvoirs de la Déesse. Savoir qu’elle était désormais l’une des personnes les plus puissantes de Miradelphia ne l’aidait pas à utiliser des dons dont elle n’avait pas idée. C’était l’inconvénient, quand on vous donnait tout en même temps sans daigner vous expliquer le moins de monde le fonctionnement des dons octroyés. Peut-être Tyra avait-elle prévu de la sauver de son ignorance à un moment ou à un autre, mais si c’était le cas, elle avait trop repoussé l’échéance, et son Vaisseau avait fauté par excès de colère.

Serrant à peine les dents, elle se répétait sans cesse, telle une litanie salvatrice, les paroles de la Déesse. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait confiance en cette figure presque… Il n’y avait pas réellement de mot, en vérité, et peut-être - surement - Katalina n’était-elle qu’une victime manipulée par la Déesse, mais les faits étaient là. Tyra lui avait assuré qu’elle veillait sur elle, que rien ne lui arriverait, et elle la croyait. Et c’est forte de cette croyance qu’elle put rester stoïque quand il tendit le bras vers elle. Elle voyait les doigts s’approcher au ralenti, comme une Epée de Damoclès s’abattant finalement sur sa tête, mais elle s’efforçait de ne pas les suivre du regard. Elle voyait la peau sombre envahir de plus en plus son champ de vision, mais elle se refusait à fermer les yeux. Car il ne pouvait rien contre elle.

Elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Elle n’aurait pas été surprise de voir la main s’arrêter d’elle-même alors qu’elle rencontrait un obstacle invisible, ou bien se retirer vivement alors qu’une vive brûlure consumait les doigts fautifs. Mais la voir s’enfoncer dans sa tête était surement le pire qui pouvait lui arriver. Elle se raidit légèrement malgré elle, bien qu’elle ne ressentit absolument rien, et eut bien du mal à soutenir le sourire étiré de son bourreau. Il manifesta son intérêt avant de se détourner et de s’éloigner de son ancienne victime, qui ne que laisser le soulagement éclater sur son visage. Même s’il était physiquement impuissant, la présence de « Nhil » n’en restait pas moins oppressante pour celle l’avait subite de bien des manières. Seulement, elle ne pouvait pas simplement le laisser partir. Après tout, elle avait reçu l’ordre de ne pas le quitter des yeux et de veiller à ce qu’il ne fasse rien de mal. Bien sur, l’idée de le suivre à la trace la mettait en horreur, mais elle n’avait pas le choix.

« Tu n’es pas chez toi. » lâcha-t-elle avant de lui emboiter le pas, évitant soigneusement de s’approcher trop près des sphères lumineuses qui l’avaient mise à genoux lors de sa première visite. Katalina n’était pas une experte en religion - le comble, pour une Gardienne, mais elle n’était pas vraiment responsable - mais elle connaissait tout de même ses classiques, et pensait avoir cerné le problème. Elle avait du attirer « Nhil » dans l’Heläe, le Refuge des Âmes, or le drow était de toute évidence destiné au Niflheimorn, l’Enfer Noir des meurtriers, bandits, pirates et autres engeances damnées. « Et tu resteras avec moi tant que cela n'aura pas changé. »

Elle aurait souhaité paraître un peu plus déterminée en ajoutant cela, mais elle était déjà fière de parvenir à faire face au drow sans s’effondrer. Peut-être était-ce du à la Protection de la Déesse. Ou bien aux merveilles d’Aerandir. Ou, plus certainement, un mélange des deux. Au final, elle avait réussi à se relever pleinement après son passage, et elle le prouvait en lui faisant face. Elle ne pressa pas le pas, le lui emboîtant seulement. Après tout, elle devait simplement le garder à l’œil, elle n’était pas obligée de lui tenir la main. De toute façon, ils avaient bien vu que la chose était impossible.

Et heureusement, parce que sinon, elle aurait été capable de le tuer une seconde fois.
Revenir en haut Aller en bas
Ranaghar Medel'hel
Drow
Ranaghar Medel'hel


Nombre de messages : 672
Âge : 35
Date d'inscription : 26/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  857
Taille
:
Niveau Magique : Maître.
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeSam 17 Avr 2010 - 6:36

Quelle volonté avions nous là… La petite fille égarée prenant son courage à deux mains, le tirant comme une forcenée pour l’empêcher de s’enfuir à toutes jambes et s’enfoncer dans ces grottes, c’était beau à voir… Tellement beau à voir…Mais dans son courage, elle laissait filé des mots, des indices à l’adresse du Sombre qui s’empressait de cueillir la nouvelle pièce et de tenter de lui trouver une place dans l’énigme que constituait cette rencontre improbable chez les morts…
C’était le jeu qu’il avait décidé en la voyant décider de le suivre… Mais surtout, avec ce : « tu n’es pas chez toi tant que cela n’aura pas changé » tellement parlant… Bien que nécessitant de faire usage de la mémoire et de la réflexion pour en comprendre le sens possible, il appelait aux connaissances qu’il avait du monde extérieur… Le Culte des Cinq, gouvernant les autres races… Et Tarïa… Leur Déesse des Morts… Oh, il n’en savait guère plus, mais un instant, une chose fit tilt dans sa caboche… Et s’il n’était pas chez Teiweon comme prévu, mais chez cette Tarïa ?
Bien que cela fasse persister le flou autour de la présence de Katalina, moins sur son rôle dans l’histoire présente et à venir, cela expliquait plus simplement pourquoi elle était là… Dans ce qui aurait du être le monde de l’après des sombres… Il y avait encore des tâches d’encre sur le papier, mais il savait pouvoir déstabiliser la jeune femme en semblant savoir, comme sur le Duc autrefois…

« Oh… Alors je suis dans le Royaume de Tarïa… Le votre… Et c’est toi que votre Déesse à envoyer pour me surveiller ? »

Il eut un rire moqueur alors qu’il continuait de progresser, invariablement malgré sa réflexion. Les Dieux des Hommes étaient-ils à ce point stupide qu’ils purent penser qu’elle pourrait le contenir ? L’empêcher de nuire même dans ce monde ? Non, il y avait autre chose derrière ce choix… Katalina savait…

«Pourquoi donc cette Déesse aurait choisi une pleureuse et une faiblarde comme toi ? Car tu peux user d’autant de masques de conviction que tu voudras, je te vois tremblante, vacillante, te raccrocher à quelques idées… N’oublie pas qui je suis, et sache qu’il n’est aucun voile pour tromper ma vue… »

Peut-être se lançait-il dans des approximations hasardeuses, mais il savait comment elle fut lors de son passage, le sentiment qu’il faisait naître à cet instant, et il s’appuyait sur l’idée que l’effet demeurait bien présent, éveiller par cette nouvelle rencontre.

« Alors Katalina… Toi qui sais ce que mijote ta Déesse… Que s’est-il donc passé pour qu’elle m’en veuille, au point de commettre une erreur, semble t-il, à mon propos ? »

Encore des hypothèses inachevées, sortant de sa bouche comme autant d’affirmations assurées, se voulant déstabilisateur, la troublant et la secouant dans l’assurance qu’elle avait obtenu avant leur rencontre… Il ne pouvait la toucher, mais sa voix et ses mots sauraient briser tout ceci, bien mieux que les coups… Comme toujours.

« Je peux bien l’apprendre, après tout, je suis victime dans cette histoire… Pauvre sombre qui aurait voulu sereinement rejoindre Teiweon mais se retrouvant chez la voisine, avec comme compagnie la poupée qui chiale. Qu’est ce qui a merdé du côté des Dieux ?»
Revenir en haut Aller en bas
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Ancien
Le Vaisseau de la Voilée


Nombre de messages : 4141
Âge : 34
Date d'inscription : 09/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 44 ans (né en 972)
Taille
:
Niveau Magique : Avatar
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeSam 17 Avr 2010 - 11:12

La scène qui se jouait était teintée d’irréel, d’improbable et pourtant, Katalina ne rêvait pas, elle en était certaine. Tout était trop net, trop précis, elle recevait un flot trop continu d’information. Non, la Dame Noblegriffon ne rêvait pas, même si l’on pouvait apparenter sa rencontre avec un cauchemar. Elle marchait lentement, gardant toujours une distance raisonnable entre lui et elle. « Nhil » n’avait pas vraiment changé, mais ce n’était pas surprenant. Les Eternels ne changeaient pas. Elle le retrouvait dans ses gestes calculés, dans ses paroles dosées et même dans son attitude invariablement dominatrice. Dire qu’alors qu’elle pouvait enfin voir avec ses yeux, il fallait qu’elle n’ait que lui à regarder. C’était presque comique, après avoir espéré tant de fois recouvrer la vue, voilà qu’elle s’en serait presque passée.

Elle se figea pourtant quand il parla de… Tarïa. Surement l’appellation de Tyra chez les Sombres. Mais comment avait-il fait pour le comprendre si vite ? Comment faisait-il pour toujours tout savoir, tout deviner ? Se pouvait-il que…

« C’est exactement ça. » approuva-t-elle… calmement.

Car la jeune héritière était effectivement calme, et elle en était la première surprise. La donne aurait été différente s’ils s’étaient de nouveau rencontrés sur Miradelphia, où il aurait pu lui imposer son joug sans la moindre difficulté. Mais ils étaient dans le Royaume des Morts, et pas par hasard… Parce qu’elle l’avait tué. Il était impuissant, tout ce qu’il pouvait faire était de tenter de distiller son venin, tel un… cobra, et rien d’autre. La toucher était exclu, et c’était par la violence physique qu’il l’avait fait plier jadis, pas verbale, et là encore ce n’était pas un hasard. Katalina pouvait être manipulatrice, quand elle le voulait. On ne se construisait pas une fortune comme la sienne honnêtement, et il fallait parfois savoir « tricher ». Lire sur les visages, déformer la réalité, mentir même parfois, mimer un état d’esprit, une attitude, présenter les faits d’une certaine façon, intimider, menacer à demi-mots, les méthodes pour parvenir à ses fins avaient été légions. Et elle les connaissait presque tous, à force de les avoir utilisés.

Quand elle avait été sa prisonnière et son esclave, elle avait été incapable de lire en lui, et pour cause… Habile tortionnaire, il avait savamment dosé violence et manipulation, deux choses terribles et complémentaires. Comment raisonner clairement quand les coups pleuvaient ? Comment lire en quelqu’un quand ce dernier vous violait ? Oui, « Nhil » était quelqu’un de dangereux, mais on l’avait amputé de la moitié de ses moyens. Et par la même occasion, on avait donné à Katalina une protection qu’elle jugeait infaillible.

Il tenta de la provoquer, et il faut avouer que cela marcha plutôt bien. Du moins, son discours raviva sa colère et elle ne chercha pas à la dissimuler. C’était pour cela qu’il parlait ainsi, et elle voulait lui donner l’illusion de la réussite. Finalement, quand il fut clair qu’il la laissait enfin parler, elle s’arrêta.

« Je suis morte. » lâcha-t-elle, fixant froidement l’arrière de son crâne, au niveau de ses yeux. « Par ta faute. »

Jusqu’à ce qu’il se détourne et commence à s’éloigner, Katalina avait eu peur. Incroyablement peur. Seule la promesse de Tyra l’avait empêchée de s’effondrer et de se recroqueviller sur elle-même. Mais elle savait désormais qu’elle faisait face à un « Nhil » impuissant et amoindri, et la crainte s’effaçait d’elle-même. Seule restait la haine qui, sans retenue, brillait dans son regard. Une haine non feinte, et que la mort n’avait su apaiser.

« Je ne sais pas pourquoi tu es ici, et non chez cette… Teiweon. » Elle mit dans ce dernier nom tout le dégoût qu’elle pouvait trouver en elle, et là encore il n’était pas feint. « Mais il faut croire que je suis, parmi tes victimes, celle qui te hait le plus. Pourquoi moi ? Peut-être Tyra a-t-Elle eut pitié de mes plaintes et a-t-Elle décidé de m’apaiser en saisissant cette occasion de me faire affronter mon passé. Si nous la croisons, Elle nous le dira peut-être, après tout ce ne sont que des suppositions. »

Et il sonnait vrai, ce mensonge. Katalina avait arrêté de réfléchir, et elle le débitait avec une improvisation née de l’expérience et guidée par une haine et un désir de revanche.
Revenir en haut Aller en bas
Ranaghar Medel'hel
Drow
Ranaghar Medel'hel


Nombre de messages : 672
Âge : 35
Date d'inscription : 26/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  857
Taille
:
Niveau Magique : Maître.
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeDim 18 Avr 2010 - 14:45

Voila qu’on l’accusait d’une mort dont il n’était pas responsable… Il y avait assez de sang sur ses mains sans qu’on en vienne à en mettre d’autres. Non qu’il s’y intéresse ou qu’il culpabilise, mais il comptait bien expliquer quelques petites choses à cette jeune femme qui l’accusait d’être son meurtrier alors qu’il n’était qu’un tortionnaire dans cette histoire, non un bourreau. Il continuait sa marche, écoutant la suite sans répondre de rien, car finalement, Katalina apporta des éléments nouveaux à ce qu’il pourrait dire ensuite, quand enfin, elle cesserait de jacasser et piailler dans son dos.

« Je ne suis pas responsable de ta mort Katalina, quoique tu puisses dire ou penser pour faire de moi le visage de tous les maux, quelque soit les raisons de ta mort… Même le suicide à la suite de cette histoire… Tu en es l’unique responsable, et tu ne peux que te blâmer. »

C’était oser, mais il continua, ne se moquant pas pour une fois, bel et bien sérieux, froid et dur à cette occasion. Cela ne lui ressemblait peut-être pas, d’écarter le mérite, de ne pas rire de cette annonce, car il n’en avait pas rit, mais c’était justement là une façon de la troubler… En changeant ses manières.

« Si j’avais désiré ta mort, tu n’aurais pas même retrouvé les bras de ce Mermachin… Tu n’aurais jamais retrouvé des visages familiers car je t’aurais exécuté… Si tu n’es pas assez forte, ce n’est pas de mon fait, mais le tien, et celui de tes parents, de tes proches, de tes Dieux, de ta vie… Car c’est eux qui t’ont forgé… Je n’ai fais que te tester, et si mes actes ont conduit à la rupture et la mort, c’est parce que tu étais pitoyable et faible… »

La pensée qu’une Déesse puisse répondre à des prières aussi idiote, défiant la logique pour prendre à une autre une simple âme semblait insensé, disproportionné et stupide… Combien avait souhaité des choses sans doute bien moins compliqué, ne relevant pas d’un bordel dont il n’imaginait pas la portée sans être exaucé, quand celle-ci avait trouvé écho à sa demande… Beaucoup trop pour que cela ait un sens, et il ne pensait pas leur relation conflictuelle assez amusante pour le divin pour qu’on en vienne à cela… Quelques choses n’allaient pas dans cette histoire de faveur.

« Le Grand Tesso aurait eu beaucoup à t’apprendre, Katalina… Oui… Mais j’espère que tu n’as pas été la meilleure négociante de la Péninsule, car alors, la crédulité humaine serait plus grande encore que je ne me l’imaginais…
Pourquoi une Déesse s’encombrerait-elle de mon âme, mettant à sac un possible partage, un accord peut-être précaire avec une autre pour ta plainte égoïste ? Nous ne sommes pas des pions assez intéressants, je le crains fort, pour plaire à ces êtres là, pour contenter leurs attentes… Je devrais peut-être y voir un compliment, mais je n’y vois qu’une invention farfelue et grotesque… Trop loufoque et insensée pour être divine.
Désolé ma chérie, mais tu ne me vendras pas ces choses là… »


Mais si ce n’était pas ça… Alors quoi ? Katalina savait, c’était la source de son assurance, de son audace même… Elle savait ce qu’il en était, et plus encore mais fort d’être intouchable, elle trouvait là les ressources pour le défier, tenter de répliquer à son jeu avec le sien… Et puis… Elle restera avec lui tant que sa présence ici ne changera pas, c’était ce qu’elle avait dit… Ce n’était donc clairement pas un affrontement approuvé et offert, non… C’était une erreur, une anomalie dans les habitudes, et Katalina devait veiller au moindre de ses faits et gestes… Rester à ses côtés jusqu’à la correction de ce merdier.

« Tu sais, quand on créait un mensonge, il vaut mieux le penser avant de le proférer… Car il y a des non-sens dans tes paroles… Madame « je dois te surveiller jusqu’à ce que l’erreur qui t’a amené ici ne soit corrigé… Jusqu’à ce que tu ne sois plus là »... Madame « Je dis vouloir t’affronter, que c’est la cause de notre présence et de ce bordel, mais je reste à six bons pieds derrière, et surtout, j’évite de te faire face ».
Alors, dis-moi la vérité… Car tu la connais mais tu la caches… Tu as peur… Tu peux te réfugier derrière l’audace de tenter de me mentir… Derrière la volonté que je ne peux plus rien contre toi… Tu as la trouille, tu trembles de peur à l’idée que j’apprenne la vérité. Tu trembles de devoir me faire face malgré tout.
Que vais-je pouvoir te faire en l’apprenant ? Rire ? Voyons, je ris déjà de toi, de tes pitoyables et minables tentatives de mensonges, digne d’un enfant qui aurait fait une bêtise et qui voudrait le cacher à ses parents… »


Il rit de bon cœur, se retournant soudainement pour lui faire face, posant son regard sanglant sur elle, souriant.

«Petite fille effrayé devant le vilain croque-mitaine… Même une lumière dans la chambre, et son papa lui disant et lui montrant qu’il n’y a rien sous son lit, elle bondit et court pour lui échapper… Voila ce que tu es… Une éternelle peureuse, qui craindra l’ombre de son lit, qui ne grandira jamais et vivra toujours dans la peur… Minable. »

Il était froid, le regard plus mauvais que jamais, et il se retourna à nouveau repartant sur un bon rythme avant de s’exclamer.

« Allons, allons ! Il y a sans doute encore de la route avant de croiser mes nouveaux voisins provisoires. »
Revenir en haut Aller en bas
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Ancien
Le Vaisseau de la Voilée


Nombre de messages : 4141
Âge : 34
Date d'inscription : 09/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 44 ans (né en 972)
Taille
:
Niveau Magique : Avatar
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeMer 21 Avr 2010 - 0:15

C’était tellement facile ! Même si tout cela n’était qu’un mensonge élaboré à la hâte, la réponse de « Nhil » la mit hors d’elle. Pas sa faute ? Après tout ce qu’il lui avait fait subir, il osait affirmer que si elle avait fini par se suicider - elle ne s’en pensait pas capable, même sans l’intervention d’Aerandir, mais tout de même - ce n’aurait pas été de sa faute. Elle se retint de peu de lui siffler sa haine au visage. Le monstre plaçait ses pièges sur la route de ses victimes, et si elle se faisait broyer par ses crocs, il n’en était pas responsable ? Mais ce n’était sans doute pas cela, le pire. Elle s’était attendu à ce qu’il s’en vante, se réjouir, n’importe quoi plutôt que ce dédain hautain qu’il lui réservait. C’est peut-être ce changement inattendu qui la poussa à inventer un tel mensonge. Le fait qu’elle ne voulait pas lui dire qu’elle était la responsable de sa mort y était pour beaucoup aussi. Sans vraiment savoir pourquoi, elle pressentait qu’il parviendrait tout de même à la tourner en ridicule. Il était une vipère qui distillait son poison dès qu’il ouvrait la bouche, et il était tout à fait capable de tourner à son avantage le fait qu’elle soit désormais la Gardienne de Tyra.

Malheureusement, « Nhil » sembla déceler son mensonge et le fait que son ancienne victime tente de le tromper ne lui plut pas. Jamais il ne lui avait jamais parlé ainsi. Oh, il avait toujours été moqueur, méprisant, mais jamais cru ou insultant. Ses actes l’avaient été, c’était un fait établi, mais ses paroles étaient étrangement restées posées. Or là, elle avait presque l’impression de le voir s’énerver. Si bien que, rendue méfiante par tous ces changements, elle ne fut même pas surprise de le voir se retourner brusquement dans l’espoir de la faire reculer. Tout ce qu’il lui disait se gravait au fer blanc dans sa mémoire, chaque parole, aussi suintante d’ironie qu’elle était, était soigneusement mémorisée, inconsciemment. Bon sang, ne pouvait-il pas seulement s’arrêter ? Même si elle ne semblait ressentir aucune fatigue dans ce monde qui n’était pas le sien, elle aurait bien voulu le voir arrêter sa marche infernale. Etrangement, elle avait l’impression que c’était elle, et non lui, qui n’avait aucune substance et, après tout, c’était logique. Il était mort, et non elle.

« Je n’ai jamais dit qu’Elle t’avait fait venir pour mon bon plaisir. Je ne sais pas pourquoi tu es ici, pour ce que j’en sais ton peuple peut très bien avoir fabulé sur l’existence de ta Teiweon. Tout ce que je sais, c’est que je me suis réveillée à tes côtés, et que j’y ai vu un geste de Tyra. » se justifia-t-elle, hargneuse, préférant ignorer la partie de l’argumentation du sombre où il la comparait à une gamine effrayée par une légende pour enfant.

Et il marchait toujours. Elle le voyait bien, il se jouait d’elle. Il aurait pu au moins faire mine d’être déboussolé - par sa propre mort, par la présence de Katalina, par le fait qu’il n’était pas dans le « bon » Royaume - mais non, il ne se détachait pas de son assurance.

« Et arrête de marcher comme ça ! » grinça-t-elle, imaginant de concert le sol s’enrouler autour de ses pieds…

… ce qu’il fit, à la grande surprise de Katalina qui lâcha un hoquet de surprise et faillit tomber à la renverse tant elle s’arrêta brutalement. Sous ses yeux agrandis de surprise, le sol s’était soudainement mis en mouvement et avait fait prisonniers les pieds de « Nhil » qui se retrouvait coincé, les jambes écartés, dans une position presque grotesque. Sauf que la jeune Gardienne n’avait aucune envie de rire. Ce n’était tout de même pas elle qui avait fait ça, si ? On lui avait toujours enseigné que Tyra contrôlait l’eau, que les océans étaient une porte vers son Monde - légende qui s’était retrouvée confirmée dans le rêve qu’elle avait fait quand la Déesse l’avait appelée à son service - et voilà qu’elle maniait la terre, l’élément de Kiria !

« Tu es dans mon Monde. Ici, les lois de mes Frères et de ma Sœur n’ont pas cours, et mes Pouvoirs n’ont aucune limite. »
Si « Nhil » l’observait alors, il put voir la surprise s’accentuer sur son visage, alors qu’elle ne s’attendait plus à une intervention de Celle qui attend. Surprise qu’elle gomma rapidement de ses traits pour mieux observer son prisonnier, impassible.

« Tu n’iras voir personne. »
Revenir en haut Aller en bas
Ranaghar Medel'hel
Drow
Ranaghar Medel'hel


Nombre de messages : 672
Âge : 35
Date d'inscription : 26/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  857
Taille
:
Niveau Magique : Maître.
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeMer 21 Avr 2010 - 1:44

Piètre tentative de tromper le menteur avec des mensonges…
Il n’est pas crédule celui qui savait lire aux delà des mots et de leur sens premier. Et la voila à se défendre en blasphémant, en remettant en cause l’existence même de sa Déesse des Âmes… C’était ridicule, mauvais, quelle faiblesse pour celle qui se targuait de son vivant d’être l’une des plus grandes négociantes de la Péninsule… C’était offensant même pour lui, qu’elle puisse croire intimement le tromper en se montrant aussi naïve dans ses tentatives.

Mais alors qu’il s’attendait à une réponse plate et sans consistance, sans intérêt à ses mots, à ses paroles franches, sincères mais empli d’un désir de la provoquer, d’obtenir plus d’éléments de ses réactions, non des mots qu’elle lui offrait… Elle lui donna là plus qu’il n’aurait pu désirer, en réponse à de plus simple mots, qui avait sans doute du achevé la patience de la jeune femme… Et si elle pensait dans son acte prendre l’avantage… Pouvait se réjouir de son pouvoir… Comprenait-elle qu’elle venait d’offrir à son bourreau les armes qui la tortureraient désormais ?

Ainsi, quand elle lui ordonna d’arrêter de marcher, les éléments de ce monde allèrent pour l’exaucer, bloquant ses pieds là, dans le sol, l’arrêtant immédiatement, non sans manquer de tomber par la soudaineté de la chose… Elle était vraiment capable de ça ? Ici ? Ou bien était-ce une manifestation divine ? Non… Deux cadeaux, deux interventions aussi proche pour la petite gueule de Katalina, c’était trop… Beaucoup trop pour lui… Et au-delà de ça… Au-delà de cette idée de hasard bien trop parfait, il voyait là une opportunité qui n’avait pas de prix de marquer encore plus l’esprit de la jeune femme.
Une pensée alla à cette Déesse que les humains associaient à la mort… Une pensée au ton presque hilare, riant de bon cœur intérieurement… Il la remerciait. Quand ce fut fait, il se mit en tête de s’occuper maintenant de l’humaine, et ce très sérieusement… Désormais il pouvait l’attaquer plus durement qu’il ne l’avait fait jusqu’alors, vivant comme mort… Et tout commença par des rires.

« Alors c’était ça ! »

Dit-il entre deux, comme soulagé d’obtenir enfin réponse à des questions qui le torturait, exprimant ce soulagement par des rires qui devaient plus encore déstabiliser Katalina, qui pouvait souhaite le voir troubler, déranger, et lui riant à gorge déployée, comme si s’eut été finalement le meilleur qu’il pouvait voir venir.
Quand tout ceci cessa, un sourire que Katalina ne pouvait voir s’afficha sur son visage, s’effaçant bien vite, par une tête baissée, une voix basse, pensive et distante, s’égarant dans les limbes et la pensée rapide et fluide, découvrant le tableau dans son entier, ou presque.

« C’est donc ça… Le fin mot de l’histoire… Hein ? »

Une question qui n’appelait à aucune réponse, mais la suite arriva bien vite pour éclaircir ses idées, et les mensonges de Katalina, le brouillard de l’ignorance qu’il l’empêchait de voir s’était dissipé, et ses yeux virent clairs à nouveau, là où il n’y avait eu que ténèbres.

« C’était toi… Depuis le début, c’était toi… Juste toi, simplement et évidemment toi… Et tu oses accuser ta Déesse pour ne pas endosser la responsabilité ! »

La dernière partie était dites avec agressivité, une violence et une colère certaine, franche et pouvant être sincère, mais pour lui, ce n’était qu’un masque de plus avec lequel il jonglait. Et se calmant pour le peu qu’il pouvait en l’instant, il continua, détaillant sa pensée… A lui, mais à voix haute, afin qu’elle puisse l’entendre.

« Ce n’était pas une mort naturelle… Je l’ai bien senti, je l’ai tout de suite comprit… Mais ça n’avait aucun sens… Vraiment aucun… Autant que ta présence jusqu’à maintenant… Autant que ces retrouvailles en ce lieu insolite… Maintenant, je comprends tout, je vois clair… »

Oui… Il avait comprit… Il saisissait chaque détail, chaque élément, sans pouvoir y mettre des mots aussi clair, il savait.

« Tu m’as tué… Tu es responsable de ma mort… C’est toi, uniquement toi… Pas la nature, non… Toi. J’ignore comment tu t’y es prit… J’ignore même si la Déesse est vraiment impliquée, mais c’est toi… Toi et uniquement toi qui m’a tué, qui m’a ôté la vie. Tu as un pouvoir… Ou les faveurs de la Déesse des Morts, qu’importe… Et tu as désiré me tuer, me voir mort, comme tu as voulu me voir m’arrêter à l’instant… Et c’est ça qui m’a tué… Oui, c’est ça… C’est la seule explication. »

Il pouvait paraître perdu, perturbé par la découverte… C’était un peu le cas, car Katalina pouvant faire un tel prodige avait de quoi perdre plus d’une personne… Mais que la Déesse ait agit, ou que ce soit Katalina elle-même… Elle était celle qui avait tout fait, avec une divinité à sa botte, ou un pouvoir quasi divin à disposition.
Puis sa perdition se transforma à nouveau en rire, les choses prenaient une tournure tellement plaisante, finalement. L’assuré et l’arrogante, la franche et dure voix de

« Katalina… Qu’est ce que ça fait d’être une meurtrière ? Car tu en es une à présent… Mais tu peux accuser tant que tu veux la Déesse qui est tienne de cet acte… Tu as désiré cela si ardemment que tu as obtenu ma mort en récompense… Que tu en sois l’auteur direct, par un prodigieux moyen, ou l’origine. »

Elle refusait peut-être ce constat, le niait, mais la chose était désormais clairement dites, mais il ne s’arrêta pas là.

« Qu’as-tu ressenti en me découvrant ici ? Au-delà de la peur j’entends… Au-delà du dégoût, du mépris de me retrouver, qu’as-tu ressenti ? Du soulagement je suis sûr… De la joie immense, car désormais, je n’appartenais plus qu’au passé… J’étais mort, et bientôt, ta Déesse m’éloignerait à nouveau, à jamais cette fois, de toi. C’est ça hein ?
Toi qui me traite de monstre… Toi qui semblait te penser bien meilleure que moi, tu n’en es finalement réduit à être comme moi… Une meurtrière… Tu peux désirer la mort… Et tu as désormais le pouvoir de faire de ton désir une réalité… Et tu t’en réjouis, tu es heureuse d’avoir pris une vie… »


Oui, elle était devenue un monstre, une meurtrière, et toutes les justifications fournies ne changeraient ce constat… Elle pouvait, sous le coup de la colère et de la haine, tuer de sang froid, elle pouvait le vouloir et l’appliquer… Elle n’était donc plus différente de tout les meurtriers qui vivaient chez les vivants.

« Ainsi, voila la véritable nature dévoilée… Reniée, refusée même j’imagine… Là, tu dois te dire « non, non, il ment… Et puis, c’était un monstre, il le méritait ! ». N’est ce pas ? Mais c’est faux… Tu as autant le respect de la vie que moi… A savoir finalement aucun… Moi je l’assume, je le dis, je ne m’en cache pas… Moi le menteur je suis franc là-dessus… Toi, tu vas le cacher, tu vas le nier et te cacher derrière une pseudo-justice, mais il n’est là rien de juste, c’est un meurtre… Rien qu’un meurtre…
Je ne t’ai pris que quelques jours, à peine quelques semaines de ton existence… Toi, en retour, tu m’as ôté la vie… Les décennies, que dis-je, les siècles qu’il me restait à vivre, à voir…
Alors ma chérie, qu’est ce que ça fait de découvrir que tu es finalement toi aussi un croque mitaine… N’éprouvant pas même de regret dans l’acte meurtrier, n’éprouvant rien que de la joie et du réconfort, du plaisir même dans le fait de tuer ? »
Revenir en haut Aller en bas
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Ancien
Le Vaisseau de la Voilée


Nombre de messages : 4141
Âge : 34
Date d'inscription : 09/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 44 ans (né en 972)
Taille
:
Niveau Magique : Avatar
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeJeu 22 Avr 2010 - 0:02

Katalina écoutait le drow s’ébattre dans une argumentation mêlant génie, tromperie, moquerie et mépris. Piégé, « Nhil » perdait sa mobilité et devait se contenter de cracher son venin. La première forme qu’il lui donna fut un rire, moqueur mais peut-être… soulagé. Parce qu’il croyait enfin comprendre ce qui lui arrivait ? La jeune humaine ne pouvait - et ne voulait - s'enorgueillir de connaître son ancien bourreau, mais elle avait tout de même remarqué cette tendance qu’il avait à tout prévoir jusqu’au moindre détail, jusqu’à la plus petite finition. Cela expliquait peut-être en partie l’étrange décalage qu’elle avait décelé entre ce qu’elle se souvenait de son attitude et la façon dont il s’était comporté depuis leurs retrouvailles. L’absence de contrôle l’avait hanté, et il voyait dans sa découverte un moyen de le récupérer.

Elle ne grimaça pas quand il l’accusa d’être sa meurtrière. Elle ne se défendit pas non plus, se contentant de le regarder. Elle observait son dos, restant silencieuse, impassible même. Au final, c’était peut-être mieux ainsi. Elle avait préféré éviter de lui dire la vérité en pensant qu’il était bien mieux qu’il ignore les détails de sa mort. Elle avait peur de ce qu’il aurait pu dire pour se venger, du moins était-ce ce qu’elle avait cru. Mais alors qu’il l’accusait de décharger sa faute sur la Déesse - ce qu’elle n’avait pas fait, mais il avait décidé de comprendre de travers, où alors elle s’était mal exprimée - elle comprenait qu’elle avait agit pour une autre raison, plus subtile… et beaucoup moins consciente. Il avait pris un malin plaisir, quand les rôles étaient inversés, à la garder dans le flou et l’incertitude, et elle avait voulu le reproduire, en sa défaveur. Etait-il utile de remarquer qu’elle avait lamentablement échoué ? Parce qu’une partie d’elle-même craignait toujours le drow et que cela l’empêchait de réfléchir clairement, d’une part, et parce qu’elle était détentrice de pouvoirs dont elle n’avait pas idée. Si elle avait eu conscience que souhaiter altérer ce monde le modifierait réellement, elle se serait abstenue, et plutôt deux fois qu’une.

Mais désormais, les masques tombaient, et elle apparaissait telle qu’elle était réellement. Une meurtrière, comme se plaisait à le lui démontrer « Nhil »… Sa victime. C’était étrange, de raisonner ainsi, mais contrairement à ce qu’il espérait, le sombre ne fit naître aucun malaise, aucun remord. Ce n’était guère étonnant, d’ailleurs, il n’était pas humain - et pour ce qu’elle en savait, son génie cachait une folie avancée - et ne pouvait donc ne serait-ce qu’imaginer ce qu’elle avait pu ressentir quand elle avait compris que c’était une vie qu’elle soufflait grâce à sa rage. Le processus avait été involontaire, il s’était nourri de sa souffrance et de sa surprise. Ce masque qu’il avait sculpté pour se rappeler à son bon souvenir avait été sa perte, et au final, il était le réel responsable de sa mort. Car il avait nourri la magie de Katalina de quelque chose de bien plus dangereux que l’expérience et la maîtrise : la haine. Pourtant, contrairement à ce qu’il affirmait avec arrogance, elle n’y avait pris aucun plaisir. Quand elle avait compris ce qu’elle faisait, elle n’avait certes pas fait demi-tour - elle n’en aurait d’ailleurs peut-être pas été capable - mais elle n’avait pas senti la perverse exultation que « Nhil » décrivait avec un peu trop de précision. Elle avait juste cru que c’était la chose à faire et n’avait pas voulu faiblir.

« Tu as raison. » lâcha-t-elle avec une certaine douceur.

Son discours, qu’il avait voulu cruel et destructeur, avait eut l’effet opposé. Peut-être parce qu’il ne comprenait et n’aurait jamais l’occasion de comprendre Katalina. Il mêlait le vrai et le faux sans s’en rendre compte, et c’était le contraste entre les deux qui douchait sa colère et lui calmait l’esprit.

« Rien n’excuse ce que j’ai pu faire, c’est d’ailleurs pour cela que je suis ici. » ajouta-t-elle, sans changer de ton.

Quand elle l’avait senti mourir, au travers du lien qu’elle avait crée pour le tuer, elle s’était en effet sentie soulagée, mais cette émotion primaire avait très rapidement été balayée par un vide qu’elle n’avait su s’expliquer alors que sa conscience s’effaçait lentement pour rejoindre le Royaume des Morts. Elle avait mis cela sur le dos d’une extrême fatigue, logique quand on savait qu’elle n’avait fait rien de moins que de tuer un sombre terrée à plusieurs milliers de lieues d’elle, mais elle avait eu tord. Elle ne s’était sentie vide que pour une seule raison : le tuer ne l’avait soulagée en rien. Elle n’avait rien gagné à mettre fin à ses jours, seulement une nouvelle rencontre dont elle se serait bien passé. Seulement, cela, il ne pouvait le comprendre. Personne ne le pouvait, sinon ceux qui accomplissaient leur terrible vengeance et qui découvraient que la récompense n’était pas l’apaisement mais une nouvelle forme de torture.

« Et je n’éprouve en effet aucun regret à avoir si drastiquement écourté ta misérable existence. »

Avec lenteur, elle commença à marcher, parcourant la distance qui les séparait. Fermant les yeux, elle se força à le traverser sans que son pas n’en subisse une quelconque modulation. Il ne s’en rendait peut-être pas compte, mais il venait de la libérer définitivement en cherchant à lui porter un coup qu’il aurait sans doute souhaité fatal. Etrangement, elle n’arrivait pas à s’en réjouir, car elle ne pouvait que se souvenir du prix qu’elle devait et devrait payer. Se retournant, elle ouvrit les yeux et le bleu-gris affronta le carmin. Elle aurait presque du le remercier, car il venait de lui faire comprendre ce que Tyra n’aurait jamais pu lui enseigner. Par ses mots qui ne manquaient pas de réalisme, il lui avait ouvert les yeux sur ce qu’elle avait réellement fait en le tuant. Le danger, il le lui exposait sans fioriture : souffler une vie lui était désormais bien trop aisé. Elle n’était pas encore un croque mitaine, mais elle finirait par le devenir si elle s’élevait, comme il le disait, en justicière. Malgré elle, elle esquissa un sourire presque… détendu. En le tuant, elle s’était débarrassée de la seule personne qui pouvait la tenter d’agir de la sorte. Grâce au masque, elle l’avait fait de manière involontaire, et avait donc eu le droit à la clémence de Tyra. Et grâce à son discours, elle comprenait toute l’étendue de son erreur. Elle ne lui ressemblerait pas.

« Tu ne comprendras sans doute jamais le cadeau inestimable que tu viens de me faire… Nhilantar. »
Revenir en haut Aller en bas
Ranaghar Medel'hel
Drow
Ranaghar Medel'hel


Nombre de messages : 672
Âge : 35
Date d'inscription : 26/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  857
Taille
:
Niveau Magique : Maître.
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeJeu 22 Avr 2010 - 22:32

Quoi ?

Non… Il avait du mal entendre, mal comprendre… C’était évident, ça ne pouvait être que ça… Mais ces mots, ils étaient, semblaient si clairs, si sincères malgré leur invraisemblance, tellement qu’il avait du mal à douter de leur réalité, malgré qu’il ne comprenne pas le sens de tout ceci…
Et puis, cette douceur… Qu’est ce que ça voulait dire, cette douceur ? Il l’avait enlevé, torturé, violé… Aujourd’hui encore, alors qu’il était mort, il continuait de la provoquer, de tenter de la torture psychologiquement… Et devant des accusations, devant cette tentative de l’amener à penser qu’elle était monstrueuse, une meurtrière, elle ne trouvait rien de mieux que d’être douce… Qu’est ce que ça signifiait ? Elle se foutait encore de lui ?

Qu’importe finalement, le sens des mots… Qu’importe qu’elle lui donne raison, qu’elle admette qu’elle fut la meurtrière, qu’elle soit même là, dans ce monde devant lui pour cette raison… Qu’importe qu’elle admette également n’avoir aucun regret dans le fait d’avoir écourté son existence… Tout cela ne trouvait plus de sens dans un esprit ailleurs…
Il avait voulu la briser, et finalement, elle le lui disait elle-même… Il venait de lui faire un cadeau inestimable… Un cadeau dont il ne saisirait pas la nature, mais bel et bien présent… Qu’avait il fait de mal, et surtout pourquoi ? Depuis toujours, depuis le début de sa vie, il n’ait jamais manqué ses objectifs… N’avait jamais perdu le contrôle d’une situation, même mal engagée… Et là…

Et là, elle venait de le prendre de court, et il n’y comprenait plus rien… S’il ne voulait pas admettre ce qu’il se passait, son instinct, sa conscience lui disait qu’il n’en était pourtant pas autrement… Il lui avait bel et bien fait un cadeau sans le vouloir… Elle avait bel et bien été douce, ne le craignait plus, le remerciait presque pour ces derniers agissements, ses derniers mots.
Ses talents de manipulateur l’avait-il quitté ? Trompé ? Que d’un objectif, un désir, ceux-là conduisent aux résultats inverses ? Si c’était le cas, s’ils lui faisaient encore défaut à l’avenir, pour ce qu’il en reste, alors il était désormais démuni, nu dans les ténèbres, pour la première fois depuis qu’il avait commencé à se retourner contre son père… Depuis le jour où il avait conçu son premier masque.

Aujourd’hui, et en cet instant, il les sentit absent… Ils étaient restés derrière lui, dans cette pièce où son cœur avait cessé de battre, et aujourd’hui, il n’avait plus ces boucliers… Car oui, aussi surprenant que cela puisse paraître… Il était vulnérable et bien faible… Tesso lui-même, son Père spirituel… Son Mentor, son Dieu, l’Unique qui avait ses faveurs et son allégeance… Lui aussi ne le soutenait plus, ne l’aidait plus dans ce monde… Oui, vraiment, il était seul et nu en ce monde qui n’était pas même le sien, auquel il n’appartenait finalement pas.

Il tomba à genoux devant Katalina, se courbant même, ses mains passant sur son visage à présent hors de portée du regard de cette dernière alors que ses liens se dissipaient aussi rapidement qu’ils étaient apparus… Si en cet instant, il ne pleurait pas, Katalina pouvait entendre ses mots, ceux du désarroi et de la perdition de cet être qui, quelques instants auparavant semblaient si fort, assuré, puissant, redoutable et sans faille.

« Ils m’ont abandonné… Tous… Que vais-je devenir sans Eux ? Que suis-je, Père, sans Eux… ? »

Katalina ne pouvait saisir l’entier sens, elles ne pouvaient comprendre ceux qui étaient désignés par Eux, par Père… Puis il leva les yeux vers elle, toujours à genoux, ne cherchant plus à se relever, les mots empli d’une volonté certaine.

« Si vraiment je t’ai fais un tel cadeau, Katalina… Fais-moi une faveur… Demande à ta Déesse de détruire mon âme… Ou tout au moins, de me renvoyer chez moi… Parmi les miens… Je ne veux pas errer ici… Je t'en supplie.»

Bien sûr, chez lui ne faisait pas mention du monde des vivants, mais de celui de Teiweon… Il refusait d’errer dans ces limbes qui n’étaient pas les siennes… Côtoyer des humains, des nains et des elfes, quand bien même ils seraient mauvais au final… Non, il le refusait.

Au terme de son existence… Il perdit tout ce qui le représentait, tout ce qui fut sa vie, son être… Il n’était plus rien qu’une identité imparfaite, incomplète… Une part depuis des siècles évanouis, car dissimulé sous tout le reste…

Au terme de sa vie… Sa seule volonté n’était plus de vivre, mais de disparaître pleinement, de ne plus exister, dans aucun des mondes… Préférant cela à cette existence partielle…

Au terme de sa vie… Ce n’était plus lui qui disposait du contrôle et du droit de décider de la suite… Il lui fallait le confier à celle qu’il avait fait tant souffrir.
Revenir en haut Aller en bas
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Ancien
Le Vaisseau de la Voilée


Nombre de messages : 4141
Âge : 34
Date d'inscription : 09/03/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 44 ans (né en 972)
Taille
:
Niveau Magique : Avatar
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitimeDim 9 Mai 2010 - 11:22

Katalina ne s’était pas attendu à un tel résultat, et ce n’était d’ailleurs pas dans un tel dessein qu’elle avait agit d’une manière aussi détachée. Il n’y avait rien de feint, rien d’inventé dans son attitude, bien au contraire, elle n’avait été que rarement aussi honnête avec quelqu’un. Aussi sa surprise fut totale quand il s’effondra, à tel point qu’elle laissa sa prison s’étioler sans rien tenter pour la retenir. Le Royaume des Morts n’était pas comme le Monde des Vivants, il était figé, difficile à altérer, et si la Gardienne y parvenait, il n’en restait pas moins qu’il arriverait toujours un moment où il retournerait à sa forme initiale. Avait-il réellement changé depuis sa création par Kÿria ? Peu probable, mais la certitude n’existait pas quand il s’agissait des vérités des Dieux. Nhilantar lui faisait face, à genoux, implorant sa pitié, et si elle était incrédule, elle ne se permit pas de le lui montrer. Son visage restera imperturbable, lisse de toute émotion sinon cette douceur latente qui avait imprégné ses mots. Pourtant, aurait-il voulu lui faire peur qu’il aurait pu agir de la sorte.

Car dans son monde, celui dans lequel elle s’était réfugiée après avoir recouvré sa liberté, Nhilantar était « Nhil », ce monstre sans faille qui avait fait de sa vie un calvaire. Il était celui qui lui avait ravi ce qui restait de son innocence sans le moindre regret, celui qui l’avait confronté à la réalité d’un monde en guerre. Savoir qu’elle existait, pouvoir la chiffrer grâce aux pertes qu’elle engendrait été une chose, mais se retrouver face à l’ennemi tant craint, subit sa folie et ses envies perverses en était une autre. Elle avait oublié le drow pour l’associer à une sorte d’Entité malsaine et immortelle. Mais la réalité venait de la rattraper : « Nhil » n’était que Nhilantar, et sa folie le consumait désormais. Elle l’avait vaincu, sans le vouloir, sans comprendre exactement comment elle avait fait, mais la vérité était pourtant là.

Il l’implorait de demander à Tyra de détruire son âme ou de renvoyer son âme dans « son » monde ? Voulait-il retrouver la vie. Voulait-il « les » retrouver, « le » retrouver ? Elle n’avait rien compris de ses paroles, n’ayant pas la moindre idée de ce qui se cachaient derrière les personnes qu’il évoquait - si encore il s’agissait bien de personnes, ce qui n’était même pas sûr - mais cela importait peu, car Katalina savait au fond d’elle-même que si son souhait était de retrouver l’Elda, alors il devrait voir son ultime demande refusée, et pas par la Déesse. Aussi préféra-t-elle garder le silence.

« Je m’en occupe. »

La voix, désormais familière, lui fit lever la tête, et elle put de nouveau admirer son reflet. Elle n’avait pas compris, la première fois, pourquoi Tyra lui était apparue sous sa propre apparence et ne comprit pas plus cette fois-ci. Se voir « en chair et en os » était déroutant, mais de nouveau elle ne laissa rien paraître de son trouble, se contentant de planter son regard bleu-gris dans celui, émeraude éclatant, de la Déesse, oubliant totalement son ancien bourreau devenu sa victime et son adversaire vaincu. Après quelques secondes, elle finit par hocher la tête, à l’amusement apparent de la nouvelle venue qui esquissa un léger sourire.

« Il est temps de rentrer chez toi, il y a quelqu'un qui s'inquiète pour toi.
- Je ne recommencerai plus.
Je sais. »

Ce fut au tour de Katalina d’esquisser un léger sourire, redevenant le sosie parfait de son interlocutrice… à moins que ce ne soit le contraire, comment savoir ? Elle jeta un dernier regard vers Nhilantar, et ses lèvres formèrent la dernière parole qu’elle lui adressait. Elle ferma ensuite les yeux et se laissa partir. Vers les ténèbres, vers les doutes, vers Aerandir et ses bras qui, soudainement, lui manquaient affreusement.

Adieu.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné Empty
MessageSujet: Re: [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné   [A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
[A la lisière du Royaume des Morts]Dernier Acte - La Gardienne et le Damné
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: TERRES DE L'EST :: Cité d'Elda-
Sauter vers: