Anselme d'Orphus [TRYSTAN]

Toujours vêtu de rouge, ne cherchant guère à être vêtu de mode, il n'aspire qu'à acheter les vêtements les moins chers, pourvus qu'ils soient teintés de rouge. Il se déplace toujours les bras derrière le dos, faisant de grands pas avec ses bottes de cavalerie noires.
Ne portant jamais de chapeau, il vagabonde souvent avec, bien dissimulé dans son manteau, une modeste bourse de monnaie qu’il garde avidemment.

Anselme d’Oprhus a comme arme, logée dessous les pans de ses habits, une vieille miséricorde n'ayant servi que pour le curage de dents ou le décrottage de chausses.
Sinon, il s'amuse avec prétention à sortir par jours de bonne humeur un vieux sabre droit, servant quant à lui à menacer les bons gens, faire peur aux enfants et dans de meilleurs cas, sabrer le champagne dans la taverne du coin de la rue.

Anselme est un homme vieillissant, hélas pour lui, l'âge commence à la rattraper, néanmoins, il lui reste encore moult années avant le trépas, il a les cheveux bruns, le haut du crâne dégarni, un peu de barbe et de moustache, grand d'un mètre soixante-dix, son corps n'est pas très musclé, cherchant plus à accomplir de cruelles malices qu'à faire du sport.
Aussi, on ne sait réellement guère pour quelle raison, il grimace toujours, exagérant parfois son expression naturelle pour faire fuir les jeunes enfants ou faire peur la nuit aux jeunes filles seules, dans la rue.

Un rien misogyne, déçu par l’inexistence de conquêtes féminines dans sa vie, il pense que les femmes ne méritent qu'à servir leurs époux jusqu'à la mort, sans jamais n'avoir à dire quoique ce soit.

N'ayant jamais eu non plus de réels amis, il regarde la vie d'un air cynique, se mettant en courroux pour quoique ce soit, il lui arriva maints fois de frapper celui ou celle qui le mettait en contrariété, parfois injuste et cruel, il garde néanmoins bien profond un cœur, de la compassion à revendre, de l'amour à donner et à recevoir.

Ambitieux et avare, il n'aspire qu'à juger les autres des pêchés et délits commis, restant néanmoins clément et sévère, compassionnel et impassible, selon son humeur évidemment ! Il présente également une profonde attirance pour les boissons, grand œnologue amateur, il passe la plus grande partie de son temps libre à goûter le vin, parcourant la campagne à l'air frais, traversant les champs sous le soleil pesant, les forêts à l'ombre de celui-ci, pour aller rejoindre les vignobles les plus éloignés, ce qui s’avère être pour lui l’occupation la plus plaisante et attirante.

Il est totalement pour la peine de mort, aspire aussi à la durcir, toutefois, il ne supporte pas la torture, des femmes, enfants et vieillards, il ne cautionne pas le pillage de guerre, voudrait décréter une loi contre.

Il s'éprend de pitié pour les criminels, ayant meurtris par passion, Anselme, possédant instruction et savoir, sachant ses langues antiques, reste, malgré ses tares et ses vices, un homme plein d'intelligence, réfléchi et prônant la paix et l'entente cordiale malgré sa profonde aversion pour certaines créatures qu'il dit de démoniaques, les drows par exemple.

De plus, voyant ce que sont les Drows, il reste assez froid en ce qui concerne les Elfes, qui sont d'une race proche de ces derniers, néanmoins, il reste très respectueux en ce qui concerne les Nains, car il a vécut quelques temps parmi eux et sait apprécier les bonnes choses de la vie.

Anselme Séraphin Anatole d'Orphus, né il y a fort longtemps à Diantra, avait pour parents, feu Monsieur Louis d'Orphus et feu madame Isédrée d'Orphus, de son nom de jeune fille Isédrée Gourdingnard.

Il grandit dans une chaumière confortable, ses parents possédant la particule laissaient entendre à une ascendance aristocratique, néanmoins, la petite famille, Anselme n'ayant pas de frères ni de soeurs, s'avérait n'être pas bien riche, le père de famille, ayant mené de grandes études, privé de son héritage pour on ne sait quelles raisons, fut forcé de travailler par temps mauvais dans d’exécrables conditions comme ramoneur ou maçon pour un salaire néanmoins encourageant.

Après un an de services, à l'âge de 35 ans, son fils ayant alors 4 ans, il fut prit d'une mauvaise tuberculose, il lutta et celle-ci finit par mystérieusement disparaître, toutefois, il n'avait guère alors la force de travailler, sa femme se fit à honte fille de rue et permit à la famille de survivre confortablement, à 37 ans, Louis d'Orphus décéda de cette même tuberculose qui s'était étrangement fait oublier ces deux années.

Isédrée, ayant elle aussi eut une bonne éducation forma longtemps son fils à la place de son père, il sut lire et écrire les anciennes langues de Miradelphia, sa mère à 39 ans, alors que Anselme en avait 14, fut atteinte de la vérole, mourut 1 ans après on ne sait de quoi, les scientifiques de l'époque affirmèrent qu'il s'agissait alors d'une simple insuffisance alimentaire. Anselme, à 15 ans, craignant qu'il fut mit en quelque orphelinat ou à la rue, décida de fuir, après quatre jours d'exil volontaire, au milieu d'un pâturage en montagne, dans lesdites montagnes des Hautes Terres, ou une grande population de nains habite.

"Mortecouille, encore de ces elfes en quête de me voler une chèvre !"


Il leva son grand bâton, prêt à l'abattre, puis, entendant des râles, s'aperçut qu'il ne s'agissait là que d'un simple petit homme perdu, il le porta jusqu'à sa vieille bicoque, lui donna lait de chèvre et bon fromage, une rasade de vin, le lendemain, Anselme était sur pieds. Il vécut comme berger durant 4 années, enseignant au vieux berger à lire et à écrire, le vieil homme s'approchait lentement de la mort, si bien qu'un jour, sur son lit, il appela à lui le jeune homme et lui dit en ces doux mots :

"Mon grand, la mort vient lentement me délivrer de ce monde, je pourrais enfin me retrouver en face de ce bon vieux Tyra qui viendra aux portes des cieux m’accueillir, toi, dès ma mort, vends mes chèvres, tue mon chien, car celui-ci sera mieux à côté de moi au ciel que chez un bourreau d'avide vendeur, après avoir gagné de quoi gambader, va au château et trouves toi un bon poste ou tu pourras vivre avec femme et enfants bien paisiblement."

Le vieil homme eut à peine le temps de finir ces mots qu'il s'endormit et ronfla bien fort, ce qui rassura bien le jeune homme. Celui-ci ne croyait néanmoins pas de tout au culte des Dieux. Le vieil homme, Jacques de son prénom, avait enseigné à son disciple la haine de la magie et de son employeur, l'optimisme et beaucoup de sociologie, car le vieux berger était en effet un grand et honorable homme de sciences humaines.

Un jour, promenant son troupeau, le vieux berger fut tué par Drow de malheur tuant et massacrant depuis quelques temps dans la région.
Pourrissant au milieu d'un pré, la carcasse du vieil homme mit longtemps à être retrouvée par le jeune homme. Le malheureux s’effondra en sanglots, se releva et se mit en courroux, alors, il jura de se venger, chercha l’elfe noir mais ne put jamais le retrouver, car celui-ci usait fort bien de ses pouvoirs.

Allant en ville avec le troupeau de chèvres, le jeune homme s’adressa à un vieux marchand l’air sympathique :

« Toi, brave marchand de la ville, combien me donnerais tu pour ce beau troupeau de vingt chèvres que voila ? »

Le vieux marchand regarda le jeune homme en haillons, méfiant, et crut que celui-ci avait tout bonnement volé à quelque malheureux ces beaux animaux :

« Morbleu, je t’en donne 50 écus, nous savons tous deux que cela n’est pas une affaire honnête alors je te donne ton argent, tu déguerpis vite et tout ira bien ! »
Anselme, qui ne connaissait guère la valeur de l’argent mais bien la maîtrise de la ruse lui répondit :

« Crévindieu, donnes moi en là cent et cinquante ou je te brise les côtes pour mieux t’occire ensuite »

Il fit semblant de prendre quelques armes sous son manteau que le marchand lui donna les sous, le troupeau en valait bien plus, et en voulant le contraire, le jeune homme s’était bien fait avoir.
Quant au chien, il n'avait eu guère le courage de le tuer, celui-ci avait persisté à rester auprès du cadavre de son maître, il avait alors décidé amer de le laisser là.

Reparcourant en sens inverse le voyage qu'il avait effectué 4 années plus tôt, il arriva à la ville.
Puis, cherchant un emploi, il trouva un avocat qui voulut bien l’employer grâce à ses compétences d’écriture comme clerc de notaire.
Le jeune homme, bien malin et bien intelligent gravit les échelons jusqu’à devenir à 45 ans Maître Clerc, il vécut alors dans la paix et la tranquilité.

Collectionnant les échecs amoureux et amicaux, il finit par tomber du manque à l'omission puis de l'omission à l'oubli des plaisirs charnels et socials.


Alors, il décida d’emprunter la voie juridique où il finit par obtenir près de la Reine à qui il n'avait jamais eut l'occasion de parler un poste nouveau et responsable, celui d'accusateur public, c'est lui même qui proposa ce nom.

L’accusateur est en fait un magistrat qui à la fois jugeait et à la fois trainait en justice les accusés, il avait tout pouvoir juridique et était nommé par le gouvernement.
Il perdit pendant les quelques années de vie en ville la gentillesse qui fulminait autrefois en lui et adopta inconsciemment les tares et les vices des hommes vivant dans l'angoisse des responsabilités écrasantes qu'imposent leurs fonctions.

Et c'est ainsi que s'achève le récit de la vie d'Anselme d'Orphus.

~~~~~