Le Prisonnier Eternel s'enivre de ses jouets | Elyhan K. Lalwende

Le silence sera toujours l’apanage de sa fille, là où^les ténèbres étaient le sien. Cruauté ou tour du destin, ce n’était pas l’important. Douceur mêlée de tendresse animant toujours la marche du Gardien lorsque celui-ci fait découvrir les merveilles d’Alëandir a sa précieuse progéniture. La mère reste une ombre atrocement acide au creux de ses yeux morts, meurtrit d’une séparation qu’il sait indispensable. Ordre divin qu’est celui de la disparition, l’homme s’insurge, le dieu ricane. Le manque est terrible aussi, étiolé comme une peine noire sur son âme. Combien de souffrances encore avant que le Prisonnier ne soit satisfait avant que l’apprentissage ne s’arrête pour ne laisser que la félicité ? Etrange détour des chemins qu’Il fait prendre a son Serviteur le plus fidèle. Néanmoins, le Gardien n’avait su laisser sa fille loin derrière, c’était impossible aussi l’avait il ravi a la garde du Noblegriffon. Rapt sous couvert d’amour filial et de douleur compagne.

Ses pas le portent dans ses rues et il imagine sans peine le regard agrandit de sa fille, douillettement installé entre les bras de son géniteur insoumis. Jamais il n’entendra son chant mais déjà, il lui enseigne le langage du corps, empruntant les yeux de ses prêtres pour qu’ils lui révèle l’harmonie parfaite des gestes esquissés. Il sourit en sentant le vent fouetter son visage, ces elfes qui s’écartent, craintifs, fascinés sur son passage. Il est craint, il provoque la méfiance au cœur d’un peuple qui vénère sa sœur si froide. La passion, la haine, tout ce tourbillon déchainé n’est pas pour eux mais peuvent ils arrêter la marche d’un Serviteur tel que lui ? Tout cela est peu probable. Désir caché de provocation ? Indifférence ? Nul ne peut réellement savoir mais les prêtres dédiés a sa sœur hoquètent en le voyant fouler l’herbe tendre d’un jardin dessiné sous l’œil de Kyrïa. Le jardin du temple magnifique qui lui est offert. Endroit de calme, d’harmonie et de paix. Un endroit qui ravira sa fille a n’en pas douter.

Il marche, aérien, laissant sa chevelure argentée onduler dans son dos, posant un regard mort et pourtant tourmenté de l’absence aimée sur un paysage de toute beauté. Sa fille s’agite, désire-t-elle cueillir cette fleur ? Caresser ce pétale velouté ? Effleurer le gras d’un brin d’herbe ? Il s’arrête, inspire l’air, en découvre le parfum avant de chanter doucement l’ode a la douleur entremêlée a la joie d’aimer. Il s’installe a l’ombre d’un arbre millénaire, Myst, douce Myst, s’approche, ne quittant jamais son maitre et s’allonge, douce servante, gardienne de sa fille. Il ouvre les bras, dépose sa fille sur le sol, prêt de lui, tout prêt de lui. Il aimerait ses gazouillis, ces cris mais même cela lui est ravit. La générosité des nourrices assure a son enfant la santé, elle qui naquit si difficilement.

Intrus fiché dans le sanctuaire de Kyrïa, il rêve parfois, soumis aux Chants immémoriaux de l’Amour enchainé. Connaitre cette douleur, ainsi en a décidé le Prisonnier, marionnettiste divin, entremêleur de destin facétieux. La tranquillité ne sera pas longue hélàs et il le sait, s’en gausse avec un sourire ironique incurvant ses lèvres parfaites. Mais qu’importe, il va où il le désire, s’invite où il le veut, ainsi est le Serviteur attristé.



[ court, pourri mais je suis pas doué pour les ouvertures -_- ]

Elyhan s’était levée aux aurores afin de prendre soin de Keinhem. Elle devait le faire courir dans le parc avant que les enfants viennent y jouer, car malgré son côté gros chat, les gens l’associait à l’agressivité, à la chasse et au danger. Pourtant, il était si domestique qu’elle oubliait parfois qu’il était un tigre. C’était inné d’être doux chez lui, sauf en cas de danger pour sa maîtresse. Elle choisit une tunique grise ornée de pierres blanches qui lui descendait jusqu’à la mis cuisse environ. Elle mit un collant épais, car c’était l’hiver. Chose qui ici, ne semblait pas exister dans ce sanctuaire de paix et d’harmonie. Elle sortit de sa chambre et descendit quelques marches, traversa un couloir et s’arrêta aux cuisines, comme à chaque matin. Les cuisinières lui sourirent et allèrent chercher de la viande et du pain. Elles étaient maintenant habituées à la présence de Keinhem et certaines, la jeune Hinie en particulier, en étaient venue à l’aimer. Ce fût elle qui lui apporta son déjeuner. Elle lui présenta s’inclinant légèrement. Keinhem sentit, puis lécha le cou de la jeune fille, signe qu’elle pouvait se relever. Puis il s’approcha d’elle, ronronnant comme un chat domestique. Elle le caressa un moment, puis sous le regard sévère de Jinie, sa mère et sa supérieure, elle dût retourner à ses fourneaux.

Ils sortirent des cuisines et dévalèrent les couloirs jusqu’à la porte pour se rendre au parc. Là elle fit un geste de la main et Keinhem partit en courant. Ses muscles saillants sous son épais poil d’hiver, il courait, ivre de liberté, parcourant le parc, changeant de direction promptement lorsque l’envie lui prenait et respirant l’air frais. Elyhan, quant à elle, marchait vers le banc de pierre au milieu de la place à prier. Elle s’installa et fit sa prière matinale qui durait très longtemps.

Grande Déesse Kyria,
Créatrice d’un monde merveilleux,
Chaque jour je te remercie
Pour les joies que tu m’apportes,
J’accepte les défis que tu me proposes,
Je te vénère,
Oh Grande Kyria
….

Elle pria longtemps, s’abandonnant à elle, oubliant le monde extérieur. Elle parut même ne pas remarquer Keinhem qui avait repris place à ses côtés, mais elle la sentait, sa présence, dans les tréfonds de son âme. Ils étaient liés après tout. Doucement, elle revint pleinement à elle. Elle se releva et mangea le pain qu’on lui avait donné. Elle le dégusta et but dans son outre d’eau. Elle sentit Keinhem commencer à s’agiter.

* K, qu’est-ce qu’il y a ?*

Elle le pensa, et c’était comme s’il avait entendu ses paroles. Pourtant, il ne lui répondit que par un grognement. Elle suivit le regard du tigre et remarqua qu’un homme foulait le parc avec un enfant dans les bras. Plus il s’approchait de l’arbre, plus elle était surprise. Était-ce vraiment lui ? Pourquoi était-il ici ? Les questions se bousculaient dans sa tête. Elle n’avait pas l’habitude de rencontrer le Gardien. En y repensant bien, elle ne l’avait jamais rencontré, elle l’avait croisé, aperçu au coin d’une rue ou entendu parler, mais jamais rencontré.

Lentement, elle s’approcha de l’homme. Son corps était placé de façon à protéger la petite inconsciemment. Il prit place sous un arbre. Elle ne s’y aventura pas tout de suite, préférant rester au loin pour analyser l’homme parfois, souvent craint.

* Sa fille, les rumeurs des cuisinières sont donc vrais, il a un enfant.*

Elle resta au loin, observant l’homme et sa fille qui semblait si fragile. Pourquoi le Gardien amènerait-il sa fille dans le parc dédié à la sœur de son dieu ?

L’homme ne semblait ni à l’aise ni mal à l’aise. On aurait dit qu’il vivait une autre réalité que la sienne. Quelques uns prétendent que c’est le prix qu’un Gardien doit payer. Tranquillement, elle suivit le félin. Keinhem s’avance vers l’homme, reniflant l’odeur de l’enfant. Elyhan suit le mouvement, s’approchant lentement, les yeux brillant de curiosité. Elle voit les lèvres de l’homme bouger au rythme des sons qu’il chante. Le chant s’harmonise aux bruits du jardin, hypnotisant les oiseaux et pénétrant le cœur des âmes entendant se chant enivrant. La Haute-Prêtresse ressentait cette mélodie, sans toutefois se laisser enivrer par elle. Puis ce dernier entrecoupa son chant par une phrase qui la pris par surprise.

« Il est des questions qui ne trouveront de réponses qu’en étant posées. »

Elle s'arrêta un moment. Il venait de répondre aux questions qu'elles s'étaients posés dans sa tête. Elle eut un mouvement de recul, qu'elle oublia rapidement, plutôt curieuse que soucieuse. Suivant inconsciemment le rythme du chant, elle avança vers l’homme. Elle ne s’aventura pas trop près, ne voulant pas briser la bulle qui s’était formé autour d’eux. Elle se plaça aux côtés de Keinhem et attendit que le chant se termine. Elle avait beau être dans son temple, dans son chez soi, elle trouvait impolie d’interrompre qui que ce soit. Elle posa toutefois un regard insistant sur l’homme, impatient même. Elle se forçait à attendre, elle qui détestait cela. Keinhem fouettait l’air de sa queue, démontrant lui aussi son impatiente. Il dévisageait l’enfant. Il lui semblait sentir une odeur différente. Qui était-elle et qu’elle était son destin ?

Elyhan caressa son compagnon. Elle suivit son regard et remarqua son intérêt pour la jeune fille. Elle se posa elle aussi des questions sur cet enfant sans défense qui lui parut silencieuse et à l’écoute de son père.

[ Éditer suite à un malentedu ou plutôt un mal lu ]