Légion - Esclavagiste

Dans l’ombre du Puy


Le Puy d’Elda. Un lieu aussi magnifique qu,effrayant, un endroit mystérieux d’autant par sa construction et son architecture que par son lieu, le fond d’un volcan. Divisé en plusieurs niveaux, le plus creux étant le plus majestueux, la majorité des gens se trouvaient dans les neufs premiers niveaux. Comparables aux petits quartiers humains, ces niveaux étaient l’ossature de la cité.

Puis, il y a le niveau supérieur. L’enfer d’Elda. Ironiquement, il s’agit du seul étage de la cité se trouvant « hors » de la cité. Cet endroit est réservé pour les laissés pour compte, les miséreux, les malades, bref les échecs de la société.

Ce n’est pas dans ce lieu que Légion a vu le jour, mais il y vécu une grande partie de son enfance. Ignorant sa provenance ou encore qui étaient ses parents, il sait qu’il vécu dans « l’Ombre du Puy » (C’est ainsi que ce niveau est appelé par ses habitants) aussi loin que sa mémoire lui permette de se souvenir. Il y vécu comme les autres, en mendiant pathétique. Si ses « collègues » étaient plus dirigés sur le chemin du vol et du banditisme. Légion, lui trouvait la discussion, la manipulation et le mensonge étaient de bien meilleurs moyens d’obtenir ses fins.

La discussion, la manipulation et le mensonge ne sont toutefois pas de bons moyens d’échapper aux esclavagistes qui parcourent occasionnellement les rues de l’Ombre du Puy afin de s’approvisionner en esclaves.

Il vécu des années en cage, en captivité d’un marchand d’Esclave nommé Tha’reyllin et en compagnie de plusieurs « déchets » Drows comme lui, dans des conditions atroces. Il hésita à mettre fin à ses jours jusqu’au jour où il fut finalement acheté par un dénommé Try ‘sti ‘rin… Try’sti’rin le renommé nécromant vivant au 6e étage du Puy.
Le 6e étage… Il allait quitter l’Ombre du Puy pour vivre à un niveau décent? En tant qu’esclave certes, mais tout de même, ça ne peut pas être pire que le trou à déchets… non?


L’œil de la mort


La maison du nécromant était sobre mais ample et spacieux, avec une teinte de sinistre et d’horreur; transformé en énorme laboratoire morbide, les murs et le plancher étaient jonchés de parchemins décrivant de complexes sortilèges et détaillant l’anatomie de monstres que Légion n’avait jamais vu ni même entendu parler. De nombreux bocaux ornaient les murs et plusieurs caisses en bois contenaient des ossements divers, humains et animaux. Légion eut la présence d’esprit de ne rien dire. D’ailleurs, il ne se rappelle pas avoir eu de grandes discussions avec son maître pendant plusieurs années.

Les tâches étaient relativement simples; suivre le nécromant de près, nettoyant ses dégâts, son bordel, veiller à ce que sa coupe soit toujours pleine et son assiette remplie. En échange… Eh bien, il ne retournerait pas dans l’Ombre du Puy. C’était amplement suffisant.

Plusieurs années – environ 70- passèrent avant que Try’sti’rin ne remarque l’attention que portait Légion pour toute activité nécromantique performée dans la demeure. Il surprit même Légion, en pleine nuit, fouillant dans le grimoire, essayant des incantations à son insu. L’esclave s’éveillait, performant de petits rituels tels animer les os des différents rongeurs qui jonchaient le sol. Pourtant, ces morts ne duraient pas plus de trente secondes. Dans une énième tentative de lever un cadavre à long terme, Try’sti’rin sortit de l’ombre, se dévoilant dans la nuit à Légion. Encore maintenant, il se rappelait des premières paroles qui n’étaient pas des ordres de la bouche du nécromancien :

-Pas assez d’intonation dans le « Ieh » de « Yhrtibieh » et « Ghylgoord » se prononce « Gh-ai-le-gour-deuh ». Manque de poudre sur les os et une vertèbre dans la colonne du rongeur. Recommence!

Stupéfait mais ne se faisant pas prier une seconde fois, il recommença, remarqua les changements apportés par les modifications du maître. Ils passèrent le reste de la nuit à pratiquer de mineurs sortilèges.

Ainsi commença l’apprentissage de Légion en tant que nécromancien. Ses tâches restaient la même, ajouté le fait que Try’sti’rin enseignait l’art des morts à Légion. Un art qui entraînait tous qui s’y mêle, mais qui offre tant de pouvoir à celui qui l’embrasse…


Concours de circonstances


20 ans passèrent, 20 ans d’apprentissage et de servitude au service d’un maître sévère mais plein de connaissances. Légion ne se plaignait pas; c’était en fait, et il le savait, le plus près qu’il avait d’être un Drow libre.

Depuis peu pourtant, il entendait plusieurs rumeurs lorsqu’il faisait les courses au nom de son maître. Des meurtres perpétrés de façon étrange et suspecte. Certains auraient même insinués qu’ils avaient vu les meurtriers fuir; des meurtriers dénués de chair et de muscles… Étant l’apprenti d’un nécromancien reconnu, il ne fut pas long que les gens commençait à le toiser d’un mauvais œil. Certains refusaient même de vendre des matériaux à Légion. Peu de jours passèrent avant même qu’il ne puisse plus sortir de chez lui. Il ignorait tout de même qui avait fait ces meurtres, ou encore même s’il y avait d’autres nécromanciens dans ce niveau du Puy.
Une nuit, alors qu’il dormait d’un sommeil troublé par les rituels morbides, un fracas se fit entendre. Il se leva pour être entouré par des drows mécontents, voire furieux, scander des propos haineux au sujet du duo nécromant. Plusieurs vandales se présentèrent, Try’sti’rin dans les bras, le lançant au sol avant de le poignarder de façon violente et sanglante. Avant même que Try’sti’rin ne s’affale, il ricana dans son sang avant de prononcer trois mots, trois syllables tout droit sorti d’outretombe.

-« Iiish…Iieh…Trooooo… »

Dans un grondement et un raclement sinistre, plusieurs cris s’élevèrent de la maisonnée. Non pas des cris de douleurs mais des cris de panique.
Les morts se lèvent. Tous les ossements que Légion avait soigneusement rangés trouvèrent un os adjacent auquel se souder, une réaction en chaîne qui termina en une bande de squelettes animés brandissants les morceaux d’os qui n’ont pas trouvé hôte. Rapidement, la situation passa de mal en pis et les citoyens hurlaient en tentant de s’enfuir, voir se défendre face aux abominations squelettiques.

Try’sti’rin, que le sortilège a vidé de son essence vitale, n’était plus qu’un amas de peau, d’os et de vêtements. Le grand nécromant était réduit au même état que ses serviteurs éternels.
Ne perdant pas une seconde de plus et profitant du bordel engendré par les dernières paroles de Try’sti’rin, il s’élança entre les gens, se faufilant à travers la foule prendre le grimoire de son maintenant défunt maître avant de prendre la fuite, quittant subtilement la cité dans le chariot d’un marchand passant.


Exil


100 ans se sont écoulés depuis que Légion a pour la dernière fois posé les pieds dans le Puy. Il errait d’endroits en endroits, visitant chaque parcelle des terres stériles, lisant et relisant maintes fois le grimoire, assimilant chaque mot, chaque lettre, chaque virgule. Son éternelle solitude causa chez lui une schizophrénie. Depuis un certain temps, l’esprit d’un mort le suit. Étant donné qu’il n’a jamais donné de nom propre, Légion le surnomma « Fléau », fardeau que le nécromancien doit maintenant supporter.
C’est durant son exil qu’il rencontra un groupe de bandits esclavagistes. Voyant ce commerce comme un potentiel revenu en cadavres (et donc en rituels et matériaux) il accepta de se joindre à eux en tant qu’associé. Peu de temps fut nécessaire avant que Légion démontra son talent en business d’esclave et se retrouva à la tête de la compagnie.

C’est donc en tant que maître esclavagiste nécromant que Légion montra le bout du nez dans les terres de Miradelphia, avec Dieux seuls savent quels sont ses plans…