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 I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]

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Aranos
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MessageSujet: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeLun 22 Avr 2013 - 20:45


      Les colonnes de l’Infanterie, les I mectari et les I ehtyari, avaient entamé leur rapide progression vers le Sud : voilà que l’armée royale avait reçu l’ordre de rejoindre Ardamir et la guerre, aussi les Elfes s’étaient-ils élancés depuis Alëandir.
      Aranos avait marché à leur tête plusieurs jours durant, mais maintenant il avait quitté les rangs. Il avait pris les sentiers de l’Ouest et s’était enfoncé plus avant dans la Forêt.

      Wyslena figurait l’un des pans les plus sauvages d’Anaëh, la Forêt la plus impénétrable des contrées du Sud. Depuis plusieurs années, les Elfes des bois avaient établi leur volonté sur Wyslena, et les arbres n’avaient cessé de croître et s’étoffer ; à Aranos, on avait dit que les dernières cités de pierre étaient lentement submergées et englouties, jusqu'au faîte des chênes millénaires.
      Pour pénétrer le cœur de la forêt géante, le Capitaine ne faisait pas confiance à son pied d’Elfe ; les longs siècles de veille sur la muraille d’Ellyrion avaient endurci son pas, et il aurait été bien incapable de risquer la voie des cimes. Alors, comme un marchand d’épices, Aranos dut se résoudre à suivre les maigres sentiers valisés qui filaient çà et là entre les arbres épais. A chaque instant les branches basses lui fouettaient le visage et la gorge, tandis que sa lance se prenait dans les feuillages et heurtait les écorces ; pourtant un Fils de la Mère, Aranos se sentait arrivé dans des contrées féroces, étrangères et invaincues. Son armure sonnait avec fracas lorsqu’il manquait de trébucher contre les racines ceinturant le sol.

      « Nai Amillë utinulya mánata, murmura Aranos entre ses dents serrées. »

      Aranos avait risqué cette aventure pour aller à la rencontre du culte de Kÿria, qu’on disait particulièrement puissant à Wyslena ; et nul doute que dans une forêt aussi colossale, là où les branches s’allongeaient jusqu’à figurer des griffes terribles, devait se dresser l’un des plus formidables Temples à la Mère. On le prétendait guidé par une Grande Prêtresse aux paroles gonflées de sagesse.

      L’odyssée d’Aranos trouva son terme lorsque le Capitaine fut rendu devant une extraordinaire architecture : c’avait été un Sanctuaire de pierre, comme on en trouvait tant près d’Alëandir, avec ses piliers et ses voûtes. Mais la forêt avait tant et tant pressé les colonnes, et pesé sur les murs de pierre, que les doigts d’Anaëh s’étaient frayé un chemin jusqu’au cœur de la bâtisse ; les parois pendaient à présent, écartelées entre des racines féroces, tandis que des branches pleureuses tombaient depuis la voûte lointaine au travers du plafond effondré. Le tout dégageait une impression d’harmonie, de force, et de violence assoupie.

      Le Capitaine gravit à pas de loups les marches éclatées du Temple, comme les racines avaient rampé au travers de la pierre. Comme pour se rassurer, Aranos brandissait haut son large bouclier orné d’argent ; celui-là avait été béni dans les eaux du Sanctuaire de la Mère, à Alëandir, quelques temps plus tôt. Pour le Prêtre de Calimenthar qu’il était, c’était bien la meilleure sauvegarde qu’Aranos pouvait s’offrir à l’heure de pénétrer dans ce temple capturé par la Forêt.

      « Êl síla erin lû e-govaned vîn, arathiril Hyrïel Ean’Sianïh, lança le Capitaine en tentant de percer les reflets qui emplissaient le sanctuaire. »

Spoiler:


Dernière édition par Aranos le Lun 29 Juil 2013 - 12:11, édité 1 fois
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Hyrïel Ean'Sianïh
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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeLun 22 Avr 2013 - 23:16

Le calme régnant dans la forêt ne pouvait se substituer entièrement à l'impression de menace sauvage qui irradiait de l'édifice envahi par la colère des plantes. En ce temple résidait la symbolique du changement prôné par la Mère à l'encontre de la société des pierres ayant trop longtemps emprunté un chemin indigne d'elle.
Pourtant l'endroit n'était guère imperméable et le visiteur pouvait s'approcher du lieu de culte comme si la voie restait ouverte malgré les manifestations de colère de la Prime Forêt. Restait il un espoir de ramener la société du premier peuple à une stabilité ? nombreux étaient ceux qui se posaient la question et venaient au temple en quête de réponse.

Les temps étaient délicats, la guerre régnait aux frontières de la forêt, les conflits se ne résolvaient pas au sein des cités et continuaient à produire encore plus d'instabilité. Et aujourd'hui c'était un soldat en arme qui venait quérir conseil auprès de celle dont la voix n'avait pas changée depuis le jour où Kyrïa lui avait confié la charge qui était sienne. La crainte hantait le nouveau venu mais il lui apparu vite que son équipement n'était plus nécessaire alors qu'il pénétrait dans le temple. Bien que jadis dressé en partie dans la pierre et recouvert de végétation, le temple en son intérieur était baigné dans une douce lumière tombant directement des frondaisons. La chaleur et la radiance de l'atmosphère apportait une ambiance de paix et d'harmonie, jamais un édifice religieux n'avait connu une telle luminosité intérieure. Même le vent ne venait pas perturber l'eau des bassins surplombés par l'alliance de la pierre et de la végétation en ce lieu dédié à la déesse de la nature, mélange de minéral, végétal et aquatique.

Au centre se tenait celle que recherchait le capitaine en armes. Baignant dans un rayon de soleil, la Grande-Prêtresse observait d'un regard emprunt de sagesse celui qui venait à elle. On ne pouvait dire que Hyrïel était une servante de Kyrïa ordinaire, c'était une elfe comme on n'en rencontrait que peu au sein du premier peuple. Pas plus une ecclésiastique en soutane qu'une druidesse vivant des fruits de sa vie au sien de la forêt, son visage incarnait la sévérité de celle qui faisait s'abattre une juste punition sur ceux qui s'égaraient tandis que sa longue chevelure d'or descendait en cascade jusqu'au creux de ses reins. Sur sa tête se voyait le casque en forme de démon aux bois de cerf qui reflétait la sauvagerie et l'intimidation envers les ennemis de la Symphonie, dans sa main son sceptre de fonction et à sa ceinture la célèbre flûte si particulière aux origines si discutées.
Point de réglementation religieuse, l'Elfe se tenant devant Aranos était une pure Fille de la Déesse, se tenant droite et fière au sein de la nature. Aucune honte ne se démarquait de la silhouette de la Grande-Prêtresse et ce n'était pas sa tenue si particulière, ne dissimulant rien de son buste à la vue du visiteur, qui allait briser l'harmonie de sa personne. Nombreux avaient ils été à la prendre pour la réincarnation de la Déesse au cours des siècles derniers et aujourd'hui encore on ne pouvait trouver de points de différence entre les représentations religieuses de la divinité et l'être de chair qui en était la servante.

Une voix douce s'éleva à l'approche du soldat, l'invitant à venir à elle.


Nul bouclier n'a besoin d'être levé à ton bras. La nature se plait à rappeler aux vivants ses lois mais en Son temple tu y es son invité. Je vous salue devant le regard de la Déesse-Mêre, Fils de la Prime Forêt. Installes toi en son sein alors que tu empruntes la voie du pélerinage.
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Al' Rhéa Léys
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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeLun 29 Avr 2013 - 12:06

Le monde est aveugle. Rare sont ceux qui voit.

Une mélodie. Un chant. Un murmure. Al’ Rhéa Léys, Prêtresse de Kÿria, chantonnait tout en marchant, aidée de son bâton. Mais… Elle ne donnait pas l’impression d’avoir grand besoin de son bâton. Comme si ce n’était qu’un objet sans grand intérêt… Alors qu’au contraire, il lui est extrêmement utile. C’était comme… Un attachement à la Nature… Il la guidait, en quelque sorte, pour ne pas qu’elle ne tombe ou ne se fasse mal inutilement. Car, du premier coup d’œil, vous constaterez qu’elle est aveugle. La couleur blanche inhabituelle de ses iris est bien assez éloquente. Elle n’aime guère penser à cela. Son infirmité a longtemps été un sujet sensible, et elle a haït ses yeux pendant longtemps. Mais elle s’est tout de même fait à l’idée qu’elle ne récupérera jamais ses yeux. Et elle put vivre et apprendre à vivre avec, bien qu’elle n’ait jamais connu la Lumière. Ce qui n’empêche qu’elle détestait ses yeux.

Al’ chantonnait. Les ondes qu’émettait le son de sa douce voix se répercutaient sur les obstacles pour revenir à son endroit d’origine. Ceci permettait à ses oreilles de la guider, tout comme son sceptre pour les obstacles au sol. Elle traversait la forêt sans une once de peur, et sans rencontrer de problèmes. D’un pas léger, elle était aussi silencieuse que peut l’être un Elfe. Même les boucles d’oreille en or à son oreille gauche ne faisaient aucuns bruits. Il lui semblait connaître cette forêt comme si elle avait exploré jusqu’à ses plus profonds secrets. Mais ce n’était pas le cas, alors elle se surprenait à ne pas rencontrer d’obstacles sur son chemin, comme si la forêt elle-même lui cédait le passage.

Soudain, elle s’arrêta de marcher, ainsi que de chantonner. Elle sentait, tout près d’elle, la force qui se dégageait du Temple où elle devait se rendre. Fermant les yeux, levant légèrement la tête vers le ciel azur, Al’ sourit en sentant vibrer toutes ses lignes d’énergie qui partaient et entraient dans le Temple. Ces énergies la traversaient, voilà comment elle pouvait ressentir la force et le calme surnaturel de cet endroit. Chaos et sérénité. Peu d’endroit comme celui-ci existait. Un endroit où ces deux énergies contradictoires ne s’affrontent pas dans une lutte de pouvoir, mais s’assemblent dans une harmonie et un pacte tacite. Nulle violence n’est tolérée en ce lieu comme un n’importe quel Temple, au risque de briser cette harmonie. Inspirant un grand coup, Al’ se remémora la raison de sa venue ici.

C’était il n’y a pas si longtemps que cela. Un homme se présenta devant la Prêtresse. Il ne lui inspirait pas confiance, mais son instinct lui avait dicté de l’écouter. Ce qu’elle fit. Car son instinct lui montrait toujours la bonne voix à suivre et lui avait sauvé plusieurs fois la vie. Ce qu’il dit… Elle ne le comprit pas entièrement. Pourquoi venait-il la voir, elle ? Elle n’était sûrement pas la seule Prêtresse… Et, de plus, elle ne voyait en quoi cela l’intéresserait. Elle est disons… Légèrement égoïste et égocentrique. Tout ce qui l’intéressait, c’était elle et Kÿria. Elle avait une mission qu’elle devait remplir, bien difficilement si nous prenons sa mentalité assez spéciale. Elle était prête à refuser, n’aimant pas trop se mêler d’affaire qu’elle jugeait non attrayant pour elle. Mais, là encore, son instinct lui dicta le contraire. D’accepter. De me rendre dans ce Temple pour y délibérer. Elle avait été si longtemps… En dehors de la société… Beaucoup de choses lui ont échappées. Cette expérience sera peut-être un moyen de rattraper le temps perdu.

Rouvrant ses yeux – choses bien inutile, mais bon – Al’ Rhéa Léys reprit sa route, et entra dans le Temple. Là, elle sentit la présence de deux personnes, dont l’une était puissante, et l’autre familière – sûrement l’être qui était venu quémander son avis et son aide. Marchant jusqu’à eux, elle baissa respectueusement la tête devant l’inconnue qui semble être une Grande Prêtresse. Relevant la tête, elle dit alors :

« Je me nomme Al’ Rhéa Léys, Prêtresse de Kÿria. »

Ne sachant trop que dire d’autres, n’ayant jamais été très douée pour parlementer – en bonne solitaire – elle se tut après s’être présenter, attendant patiemment. Attendant quoi ? Elle n’en savait rien, mais garda son silence respectueux, le regard fixe à un endroit – bon, en même temps, ses yeux ne lui sont pas utiles.

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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeLun 29 Avr 2013 - 18:43

Soudain, la Brume envahit le Temple, brouillant les sens, jusqu'à la Symphonie elle-même tandis qu'approchait la Blanche. L'artifice était sien, et la mise en scène et le mystère autant d'atouts qu'elle employait. Bien longtemps s'était écoulé depuis la dernière fois qu'elle avait foulé le sol d'un temple de la Déesse-Mère, dans une autre vie, sous un autre nom, dans une autre enveloppe.
Ce jour, c'était la curiosité qui menait ses pas, non le moindre appel, la moindre nécessité.

C'était le Fils dont le Fer était offert au Guerrier qui l'intéressait. Un être des plus curieux, et le frère de Celle qui croit être une Déesse. Il s'était opposé, elle ignorait le détail mais elle savait son opposition, et cela sonnait curieusement... Mais tout Fils soucieux de l'avenir devait s'opposer à Celle qui n'était que Colère et Guerre dans ces mots, dénuée de la moindre sagesse et probablement agitée par l'ambition et la nostalgie de ce temps où elle était si proche du Trône Blanc...

Ainsi, c'est d'abord un renard blanc qui apparut dans une Brume devenue soudainement moins dense à l'endroit de sa venue, quand tout autour, plus un détail n'était discernable. Elle les fixa un instant, chacun d'entre eux, s'attardant sur le guerrier, de ses yeux de Blanche avant d'être avalée de nouveau par la Brume.
Quand celle-ci se dissipa partout, c'était l'Esprit qui se tenait face à eux.

« La Blanche, en un lieu de pierre, vit un Fils singulier s'opposer à Celle qui est Folie. Une Voix du Guerrier, si rare au sein de la Première Fille. Que voici un être curieux, murmura-t-elle à l'Esprit, je veux le suivre, je veux comprendre. Et nous le suivîmes, et sous nos yeux se dessina un tableau des plus surprenants... Voix des Deux Opposés, réunis et apaisés en un lieu... »

Pareilles rencontres ne devaient généralement n'avoir lieu qu'en situation troublée, à la veille ou au cours d'une bataille ou l'un et l'autre trouvait un sens à être représenté. Mais ces deux cultes n'étaient normalement peu capable de se tolérer.

Mais si son entrée avait été fait pour être remarquée, elle se plaça immédiatement, comme à son habitude, comme en retrait. Elle ne désirait pas accaparer l'attention, elle voulait voir et entendre ce qui devait se dire et offrir sa voix si nécessaire, non détourner le propos.
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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeMar 30 Avr 2013 - 0:18

      Le Capitaine pénétra sous les frondaisons du temple délabré, comme il aurait posé le pied dans le chaos d’un champ de bataille. Son bouclier était levé devant lui, ses pas étaient souples et précautionneux ; sous sa crinière d’or s’agitaient deux yeux endurcis à esquiver les traits. Qui savait quelles pointes acérées s’étaient tapies dans le creux des racines géantes ?

      Mais le Temple de Wyslena ouvrait largement ses flancs pour accueillir le Prêtre de Mogar. Trois formes avaient émergé du manteau de pénombre qui recouvrait l’endroit ; et leurs visages figuraient davantage des amis que des juges. Hyrïel étirait une silhouette longue et puissante, ses pieds s’égaraient dans le tapis de lichen et de mousse ; la forêt colossale qui croissait à Wyslena n’était que le cocon que, patiemment, elle avait tissé. A ses côtés était apparue Al’Rhéa, l’aveugle, et ses yeux laiteux parcouraient lentement les parages dans lesquels Aranos se dressait ; la Prêtresse avait le corps farouche et puissant de ceux qui avaient longuement côtoyé les racines mêmes de l’Œuvre. Enfin la troisième était la plus mystérieuse des bêtes, elle n’avait d’abord paru que sous la forme d’un renard blanc comme neige, étincelant dans cette marée de branchages revêches ; puis enfin se condensa une silhouette marquée par l’écho des arbres, et sa voix résonnait comme tinterait une écorce dans le vent.

      Ces trois figures sages mais sauvages, dont deux demeuraient en retrait tandis que la lumière pleuvait sur Hyrïel au buste éclatant, Aranos les salua tous :

      « Elen síla lúmenn' omentielvo »

      Dans ce sanctuaire repris par la vie sauvage, Aranos retrouvait les effluves brusques qu’exhalait Taurë, sa sœur et rivale. La main du Capitaine se crispa sur le fermoir de son bouclier d’argent : la gifle imprimée par la Gardienne de la Mère sur sa joue était encore cuisante, quoique près d’une lune ait passé depuis leur terrible rencontre. Une larme de sueur coulait depuis son crâne vers ses jugulaires ; qui aurait pu dire si le Prêtre de Mogar, l’Elfe des forteresses de pierre dure, était le bienvenu dans Wyslena dévorée par la forêt tentaculaire ?

      Aussi, à Hyrïel le Capitaine lança :

      « Quetuvangwë sí ve nildu ? »

      Alors il parvint à accomplir ce que douze années de rancœur l’avaient contraint à refuser une lune plus tôt, face à la Gardienne : Aranos laissa tomber lance et bouclier sur le sol où rampaient les racines. La hampe de bois claqua d’un choc clair sur les nœuds végétaux, l’écu d’argent rebondit mollement dans le lichen épais. Cette fois Aranos n’était pas venu trouver le culte de Kÿria comme il serait monté à l’assaut d’une citadelle : il ne quémandait aucune vengeance, mais plutôt la pitié des clercs.

      « On murmure contre la lignée d’Hëlmeliòn, déclara le Capitaine, Taurë, anya Nésa, fait gronder les sous-bois d’Anaëh. Le Vaisseau de la Mère est en péril, mais trop fier pour admettre son imprudence. Je viens conjurer les Prêtres de la Mère de la soutenir. Boe de nestad. »

      A l’esprit d’Aranos resurgit l’effroyable rancœur qui consumait les jumeaux terribles, la Gardienne et le Capitaine. Car telle était la lignée morcelée d’Hëlmeliòn : le frère et la sœur devaient se haïr afin de s’estimer, leurs retrouvailles figuraient des combats acharnés. Toutefois, à présent que les tambours de la guerre ébranlaient Anaëh, Aranos avait poussé jusqu’au cœur de la forêt géante, à Wyslena : comme Taurë étendait loin ses bras pour redresser l’Anaëh, lui manœuvrerait le culte pour soutenir le Vaisseau, sa soeur.

      Les mots d’Aranos s’emparèrent des trois femmes avec la même parole, et Hyrïel la première :

      « Gwestog ? »
Note :
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Hyrïel Ean'Sianïh
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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeMer 8 Mai 2013 - 14:10

Diverses rencontres étaient le fruit du hasard mais rien n'était plus solennel que de faire son entrée dans le temple de la Mère pour venir en écouter la voix. L'impression que pouvait ressentir le soldat ne devrait être que colère à l'égard de ceux qui persistaient dans la mauvaise voie, celle des pierres, mais aujourd'hui il pouvait sentir que le culte était à l'écoute de sa visite. Son pèlerinage était entendu, décrypté et jugé dans une ambiance paisible, bien loin des accès de fureur qui accompagnaient la réputation des adeptes du culte.
La Grande Prêtresse attendit que son hôte se relâche, laissant chuter ses attributs guerriers devant le regard d'Anaëh. L'arrivée d'une consoeur aveugle eu droit à la même attitude attentive, comme celle d'un professeur accueillant son élève pour donner la leçon attendue.


Soit la bienvenue chez toi, voyageuse et Fille de la Forêt, Al' Rhéa. Le Grand Temple de Wyslena dont j'en suis la gardienne t'accueille comme la soeur que tu es. Installes toi et prend du repos tout en écoutant la Première Voix.

Le regard d'émeraude de la prêtresse se posa à nouveau sur celui qui lui rendait visite, faisant un détour en chemin pour observer en silence l'esprit qui venait de se manifester. Nulle colère ni manifestation de joie n'illumina le regard perçant de celle qui recevait la visite, juste un air d'observation neutre qui se perdit dans la profondeur du regard cristallin au reflets de jade. Elle prenait note de sa présence au sein du temple et, si les deux voies de protection que représentaient la prêtresse et l'esprit n'étaient guère purement amicales, elle tolèrera sa présence.
Les paroles d'Aranos déclinèrent les raisons de sa venue, une venue paisible malgré ses atours guerriers. Bien qu'impérieuse baignant dans la lumière du soleil, la voix douce de la prêtresse contribuaient à le rassurer.


Ta venue n'est pas belliqueuse, toi qui suis la mauvaise voie des pierres. Tu n'en reste pas moins un fils de la Prime Forêt. Parles sans craintes, mon devoir est d'écouter la voix de chaque pèlerin.

La question portait sur celle qui était le vaisseau de la mère. Un appel à lui venir en aide du fait des actions qu'elle menait. Hyrïel ne pouvait ignorer les agissements de la gardienne au sien de la forêt mais elle était restée trop longtemps dans son temple pour être au courant des derniers agissements de Taurë, la Symphonie des arbres ne portait aucune nouvelle à ce sujet car elle en représentait la volonté et non les actes.
Néanmoins une menace sur le vaisseau de la mère était un événement que ne pouvait ignorer la Grande Prêtresse. Hyrïel quitta son emplacement pour se rapprocher d'Aranos, son regard cherchant toujours à percer l'inconnu qui se reflétait derrière l'attitude et les paroles du soldat.


Ta lignée ne m'est pas inconnue, Aranos de la famille d'Hëlmeliòn. Tu a embrassé la voix de la guerre et a défendu ce contre quoi je me suis battue depuis que je suis l'une des servantes de notre Mère, qui porte encore en elle les stigmates de la folie d'Alëandir. Mais c'est un autre sujet alors que tu viens implorer l'aide du culte. Le respect que j'ai envers celle qui porte le même sang que le tien fait que je t'apporterais ma sollicitude.
Le vaisseau de la Mère est puissant, bien peu de menaces directes peuvent lui porter atteinte. Quels sont ces murmures dont tu en apporte les échos ? Le culte ne peut tolérer que l'on s'en prenne à la Voix de la Prime Forêt.
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Al' Rhéa Léys
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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeJeu 9 Mai 2013 - 14:33


La Gardienne du Temple accueillit l’Elfe avec respect et courtoisie. Al’ inclina respectueusement la tête aux dires de son aînée, mais ne préféra pas parler. Qu’aurait-elle dit à part la remercier de son accueil ? La grande Prêtresse n’était pas stupide, elle devait certainement déjà savoir qu’Al’ était bien assez honorée de se retrouver ainsi dans le Temple de la Mère. C’est pourquoi, l’Elfe ne préféra pas répondre. Elle n’en voyait pas l’utilité. Au lieu de cela, elle resta attentive à tout ce qu’il entourait. Non pas qu’elle est peur de cet endroit et de ce qu’il garde en son sein. Plutôt qu’elle était curieuse de pouvoir apprendre. De pouvoir… Sentir cette force, cette énergie. Mais aussi, elle n’était pas là que pour admirer l’endroit. Elle était là sur demande d’Aranos, l’Elfe qui a réunit ici des représentantes de la Forêt…

Des bruits légers. Al’ comprit qu’une autre était venue. Qui était-elle ? Les paroles de la femme étaient étranges, mais aussi empli d’une grande sagesse. Al’ comprit qu’elle devait se montrer tout aussi respectueuse envers l’étrange femme qu’elle l’est envers la grande Prêtresse, et Kÿria elle-même. Cependant, elle ne dit rien. Elle préféra écouter. Tournant la tête vers l’endroit où elle entendait les pas lourds d’Aranos, des pas qu’elle reconnaîtrait entre mille, comme s’ils lui étaient d’une familiarité étrange. Il approchait. Et elle allait enfin pouvoir comprendre la raison de sa présence ici. Car, elle devait bien avouer qu’elle avait longuement hésité avant d’entrer dans le Temple. Certes, peut-être que sa voix serait entendue au même titre que les autres, cela n’empêche qu’elle doutait d’être d’un grand secours.

Des bruits éclatèrent dans tout l’espace, vrillant ses oreilles d’une douleur désagréable. Grimaçant légèrement, la Prêtresse comprit bien assez vite qu’Aranos était venu avec ses armes, et que désormais il les laissait à terre, montrant bien qu’il ne cherchait pas la guerre. Cependant, savoir que des armes étaient dans le Temple ne plut guère à Al’ Rhéa. Aucunes armes n’auraient dut être tolérées en ce lieu sacré. Un lieu où des êtres comme lui se retrouveraient en sécurité, et donc il n’aura pas eut à se servir de ses protections destructrices. On peut dire qu’Al’ est un être pacifiste. Elle n’aimait guère les batailles, la violence. Elle était plutôt dans l’optique de réunir tout le monde sous un seul soleil, sous une seule Lumière : celle de Kÿria. Et il n’y aurait plus jamais de guerre.

L’homme parla alors. Il parla de sa sœur. Taurë. La Gardienne de Kÿria. A ce mot, Al’ fronça les sourcils. Ainsi était-il plus important qu’elle ne le pensait. Le Frère de la Gardienne. Leur destin à tout deux est totalement différent. L’un a choisit la voix de la Guerre, et de la Terre. Tandis que l’une a choisit le chemin de la Nature et de l’Esprit. Deux opposés. Que voulait-il donc dire ? Al’ n’a pas été très présente dans la… Vie des Elfes, et elle se doutait qu’il y avait eut des remouds. Alors, est-ce que la Gardienne… Est-ce qu’un fléau ébranle la Forêt ?

Aranos expliqua alors. Taurë « fait gronder les sous-bois d’Anaëh » ? Taurë aurait-elle trahi la confiance de Kÿria ? Qu’a-t-elle donc fait exactement ? Al’ pinça les lèvres. Elle n’aimait pas cela. Elle se sentait trahi, et en même temps elle espérait que Taurë redresserait les choses. C’est alors qu’Aranos expliqua la raison d’un tel regroupement. Il voulait qu’Al’ et les autres représentantes de la Forêt protège sa sœur des périls dans lesquelles elle plonge. Des périls qui la touchent. Al’ était de plus en plus perplexe. Les éléments s’en prenaient-ils à sa Gardienne ? Elle resserra sa prise sur son sceptre. Al’ était… Très croyante, et fanatique. Que Taurë est commise des erreurs, elle n’en avait cure. C’était sa Gardienne, et elle lui vouait un respect inégalable et un dévouement sans borne. Sauf si elle lui demande des choses contradictoires à la manière de penser de la Prêtresse. Si elle protègerait sa Gardienne ? Elle ne voyait pas comment, étant donné que la Gardienne était bien plus puissante qu’elle… Cependant…

« Je ne laisserais jamais notre Gardienne combattre seule les ombres qui la menacent. Vous avez mon aide et mon soutien, Aranos d’Hëlmeliòn. » dit-elle après que la Grande Prêtresse se soit tut.

Elle n’avait pas entendu les paroles de celle-ci, trop plongée dans ses propres pensées pour faire attention aux paroles de ses aînées. Cependant elle était bien curieuse de savoir les menaces qui guettent tant sa Gardienne. Et elle ne doutait pas qu’après avoir eut la bénédiction de chaque représentante, Aranos évoquera ses ombres…

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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeJeu 9 Mai 2013 - 17:12

« Puissance... »

C'était simplement murmuré, soupiré même.

« Est-ce parmi ceux qui prient que la Fille a apprit à contempler le monde et les êtres, à estimer leurs valeurs par la puissance avant tout ? » dit-elle à Hyrïel.

Le reproche n'était pas même un minimum dissimulé. Les deux Filles pourraient s'offusquer, car voilà qu'on s'adressait étrangement à une haute figure du Culte de la Mère, mais de telles considérations ne concernaient pas l'Esprit.
Mais il y avait certaines choses qui déplaisaient à l'Esprit dans ces mots... Voix de la Prime Forêt... Autrement dit, de la Première Fille. Le Culte assimilait-il Anaëh et Kÿria ? C'était une conception curieuse, un effet de style dérangeant.

« Elle n'est pas la Voix de la Première Fille. »

Et au reproche s'ajoutait une certaine colère qui ne transparut qu'un instant sur son visage. La chose devait être dite. La Gardienne était la Voix de la Mère, quoique pour l'heure, l'Esprit avait la pensée qu'elle était sa propre voix prétendant à l'écho de la Déesse.

« Est-ce cela que tu es venu chercher, Fils, du soutien pour la Folie ? Trouver l'appui du Culte pour faire plier ceux qui ne se soumettent pas à ses... intentions ? Celle qui est Gardienne est dangereuse, mais ses véritables adversaires sont en elle, non ailleurs... et tu le sais. 
Pourtant, te voici exigeant une promesse sans évoquer l'adversaire... Étais-tu si désireux de contempler ces Filles offrant soutien et promesse alors qu'encore ignorantes de tous ? »


Et là encore, le reproche adressé aux deux prêtresses étaient très lourds.
C'est peut-être pour cette raison qu'elle évitait autrement avec soin le Culte... Elle était plus tolérante avec les Filles et les Fils du commun, portant moins de poids, ne prétendant pas à une sagesse ou à un enseignement supérieur... Elle devait encore attendre les mots du Fils, mais elle pressentait comme un soupçon de déception... Il n'était peut-être finalement pas à la hauteur de la curiosité de la Blanche.

Et qu'importe si, finalement, en la présence de deux ferventes du Culte, elle venait de définir la Gardienne comme Folie...
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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeLun 29 Juil 2013 - 13:16


      Les yeux d’acier du Capitaine balayèrent les frondaisons du Sanctuaire, sous lesquelles ils tenaient tous quatre leur conciliabule. C’étaient là quatre Elfes bien différents qui tentaient de raisonner ensemble, et Aranos se surprenait lui-même à se retrouver à cette place, entre les racines géantes et avides de la forêt redevenue furieuse, là où le bois avait disloqué les pierres. Aux pieds du Capitaine, ses armes négligemment jetées au sol ajoutaient encore à l’incongruité de la scène. La Prime Forêt vivait des temps étranges, et ses Enfants avec elle.

      A la Grande-Prêtresse, et à Al’Rhéa Léys, Aranos lança d’une voix profonde :

      « Le fael. »

      L’esprit du Capitaine semblait se recouvrir de brume : voilà de bien longues décennies qu’il n’avait pénétré aussi loin dans la Forêt, là où la poussière et les spores recouvraient tout. C’avait longtemps été le destin des soldats de se tenir à la lisière de l’Œuvre, l’œil tourné vers la lande de Yutar, sans jamais plus revoir les entrailles des bois. Mais à présent tout changeait, et voilà qu’Aranos lui-même allait devoir s’adresser à l’étrange esprit protecteur d’Anaëh, apparu à leurs côtés un instant plus tôt.

      « J’ai défendu six siècles durant les abords de la Prime Forêt, déclara le Capitaine, peut-être au mépris des coutumes de la Mère. Mais tant que j’ai veillé depuis les hauteurs du Fort de pierre d’Ellyrion, pas une lance n’a pénétré profondément dans le cœur de l’Œuvre. Aujourd’hui moi et les miens retournons vers le sud, et la Guerre : pourtant notre bastion de roche est tombé, et nous aurons la plus grande peine à tenir seuls face aux Atalantië. »

      Aranos doutait qu’il ait été nécessaire de rappeler tout cela à la cultiste de Wyslena. Depuis de longs jours, les légions de l’Armée royale avaient quitté Alëandir pour s’élancer vers les Portes d’Anaëh : les bottes ferrées de l’infanterie avaient écrasé les broussailles sur tous les chemins du Sud, les lames avaient rouvert une trouée là où la forêt engluait les routes. Les pas martelaient le sol, les cors et les tambours rythmaient la marche, et pas un oiseau dans toute la Prime Forêt ne pouvait ignorer qu’à présent, les Elfes d’Alëandir retournaient au combat. A l’orée de Wyslena, les lanciers d’Aranos devaient bivouaquer tandis que leur Capitaine s’était éclipsé.

      « Anya Nésa commet des fautes, reprit Aranos à l’adresse de l’esprit protecteur, mais nulle bataille ne pourra être remportée sans son soutien. Elle court, passe et repasse, poursuit des fins mystérieuses : pourtant je connais le clan d’Aleyïa Adäm qui l’a vu grandir, et je les sais fidèles à la Prime Forêt, à leur façon. Taurë n’a pas encore trahi l’œuvre, órenyallo iston. »

      Il était étrange qu’une lune plus tôt, Aranos ait failli mettre fin à la vie de sa sœur, dans le secret du Temple de Calimenthar : mais aujourd’hui, sa raison s’était apaisée, et son sang lui murmurait que Taurë agissait, quoique mystérieusement, pour la survie de la Prime Forêt. Mais parmi la multitude des Elfes éparpillée au travers des bois d’Anaëh, et qui sentaient le vent fraîchir et le ciel s’obscurcir, tous n’étaient pas frère du Vaisseau de la Mère, et ne partageaient pas le même sang. Contre l’impulsive Taurë, combien de couteaux étaient déjà tirés dans l’ombre des sous-bois ?

      « Des esprits lâches, ou apeurés, murmurent dans la Forêt, lança encore Aranos. Des frères et des sœurs qui ne comprennent pas anya Nésa, et préféreraient la voir déchue ou morte. J’ai passé trop de siècles loin des arbres, sur les murailles de pierre d’Ellyrion, et j’ai oublié comment murmurait la Forêt. Mais toi, arathiril Hyrïel, et tous ceux de ton culte, savez entendre les rumeurs qui agitent le bois. Vous devez guetter les complots ourdis entre les racines d’Anaëh. »

      Le Capitaine jugea du regard la Grande Prêtresse, et Al’Rhéa Léys à ses côtés, avant de reprendre :

      « Et j’ai encore une autre requête pour le culte de la Mère. L’armée royale court à la guerre, mais ses soldats sont encore jeunes, et leurs nouveaux Capitaines n’ont pas même connu trois siècles de vie. C’est une force brute et mal dressée, assemblée à la hâte, et prompte à l’erreur. Là aussi, pour épier ce que disent ces Elfes armés de fer, le culte doit tendre l’oreille. Qui sait si le traître coup contre anya Nésa ne viendra pas de la pierre plutôt que des bois ? »

      C’étaient de lourdes demandes qu’Aranos présentait dans le sanctuaire de Wyslena, et toutes nécessitaient d’agir en secret, sous couvert du mensonge et de la tromperie. C’était duper leurs propres frères et sœurs, les autres Enfants de la Mère. Mais dans l’esprit stratège d’Aranos, cette trahison n’avait qu’un maigre coût, bien moindre que le prix à payer si jamais Taurë venait à chuter.

      Et à l’esprit protecteur qui se tenait encore là, et dont les souffles semblaient chargés d’amertume, le Capitaine ajouta ces paroles :

      « Le jour où Taurë d’Hëlmeliòn sera prouvée traîtresse à la Forêt, je n’hésiterai pas, et la ferai périr de mes propres mains. Tenna enta lúmë, boe de nestad. »


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Hyrïel Ean'Sianïh
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MessageSujet: Re: I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche]   I indómë en'Amillë ? [Hyrïl | Al'Rhéa | La Blanche] I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2013 - 23:21

Des paroles et des réactions, voici ce qui emplissait l'ambiance du temple. La Grande Prêtresse écoutait les requêtes qui lui étaient adressées par le soldat, le ton adressé trahissant l'aspect martial de l'être et oubliant momentanément de ne pas sonner comme des ordres. Le problème évoqué semblait urgent bien qu'encore mal discerné, tout se rapportant aux agissements lointains d'un Vaisseau dont les actions n'étaient encore connues que de peu.
Un éclat de reproche s'envola néanmoins vers l'esprit qui manifestait ouvertement ce qu'il avait sur le coeur. Les échos acides et mal placés sur les différences qui opposaient deux visions de la Mère et de l'Oeuvre n'avaient pas leur place en ce temple.


Le rôle d'une Fille est-il de s'opposer à la volonté protectrice de sa Mère ? Un messager, une Voix est une chose digne de confiance et seul l'envoyeur peut décider de lui retirer cette confiance.
Et quel qu'en soit le message, qualifier son sens de "folie" dénote un flagrant manque de dévotion. C'est une telle attitude qui a conduit notre peuple à se questionner aujourd'hui sur ses erreurs du passé. La véritable ignorance n'est-elle pas celle de porter des oeillères et de ne pas reconnaître les enseignements de ceux qui sont restés dans le droit chemin ?


La prêtresse reporta son attention sur le capitaine Elfe qui exposait les raisons de sa venue. Sa dévotion envers la Prime Forêt et sa protection ne faisaient pas de doutes même si les moyens employés s'étaient avérés contraires à la Symphonie. En voulant protéger la forêt ils l'avaient installés dans une sorte de bulle protectrice, couveuse la coupant du monde comme si elle été incapable de se défendre. Anaëh n'était pas une simple damoiselle dont il fallait fermer la chambre à double-tour pour éviter les troubles venant de l'extérieur.

Même la plus épineuse des roses se flétrira si elle est mise sous verre ..

La léthargie apportée par la protection illusoire d'un fort de pierre aura produit ses effets : une nature ayant oublié qu'elle possédait des armes et ne sachant réagir face à une agression. Les actions du Vaisseau ne contribuaient-ils pas à faire renaître cette défense immunitaire naturelle ? Et si provoquer une réaction n'était il pas un moyen de ramener tout dans le droit chemin ?


Une agression contre le Vaisseau serait une grave trahison, tout autant envers Anaëh qu'envers le Premier Peuple. Le culte que je représente ne peut accepter une telle couardise d'enfants trop longtemps détournés des premiers enseignements.

Mais que ceci soit clair : nul Elfe, nul Frère ne possède en lui la responsabilité de lever la main sur cette personne. Même si tu en partage le sang, le droit de remédier à de supposées fautes ne te reviens plus, plus depuis l'avènement du Vaisseau.
Pour le moment le culte ressent que la Mère accorde toujours sa confiance à sa Messagère. Lorsque cela ne sera plus le cas, ce droit te reviendra.

J'ai pris connaissance de tes requêtes, Aranos de la famille d'Hëlmeliòn. Je resterais vigilante sur les agissements se mettant en branle dans l'ombre, tout comme je resterais à l'écoute de la Voix.
L'heure est à la guerre et chaque bras, chaque esprit sera dédié en ce protectorat à la défense de la Prime Forêt, sois-en certain.
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