Il existe de multiples vérités, choisie celle qui te conviendra [Haldren][Term]

Spoiler:

Fin de la première Ennéade de Barkios, quelque part en Itrhi'Vaan...

Le voyage fut rapide, très rapide. Mais la sensation qu’éprouvait Lùthien était… inexplicable. Elle se sentait toute « chose ». Une tête qui tournait, une vue floutée sans oublié la sensation de froid. Fort heureusement ce fut des effets secondaires différents de ceux d’Haldren, qui lui était toujours… Bref.

Il fallut que quelques instants pour que Lùthien ne reprenne ses esprits. Une fois ceci fait, elle n’hésita pas à scruter les environs. Où étaient-ils ? L’elfe analysait l’endroit. Elle vit au loin, très loin, des arbres, mais pas ceux qui l’on peut apercevoir en Anaeh.

« La forêt d’Aduram, donc » Finit-elle par dire tout haut ce qu’elle pensait tout bas.

Plongeant son regard vers l’opposé de la forêt, elle vit que de la terre asséchée, assoiffée.

« Nous sommes en Ithri’Vaan, c’est cela Haldren ? »

Lùthien n’attendit pas la réponse du Drow, elle replongeât son regard dans les paysages. Ses yeux s’arrêtèrent sur une ruine, qu’on vit au loin, plus proche que la forêt. Elle se doutait que c’était à cet endroit qu’Haldren allait l’emmener. Bon, c’était loin du luxe qu’elle connaissait en Tethien mais elle ferait avec. La chose qui la dérangeait le plus étant l’absence de verdure. Avec un peu de chance, elle trouvera quelques petites pousses par-ci, par-là. Et encore, elle en trouverait… mais avec beaucoup de chances.

C’est donc à pied que l’elfe continua le chemin, préférant éviter tout autre téléportation. Lùthien avança à son aise, il n’y avait personne à l’horizon donc autant prendre son temps même elle se doutait qu’Haldren ne partageait pas son avis. La Dame ne pouvait s’empêcher de penser à sa fille. Et oui, encore… Elle se demandait si Itarillë avait bien reçu son message, même si c’était encore trop tôt. Oiseau d’ombre, cela reste un oiseau qui devait parcourir une distance plutôt élevé.

Après avoir parcouru plusieurs centaines de mètres, ils arrivèrent enfin à ce qui ressemblait de loin, à un tas de ruines. Mais vu de plus près, finalement… ce n’était pas si mal. Il y avait au total quatre bâtiments. L’un d’eux paraissait en bonne état alors que les trois autres n’avaient plus qu’une partie de leurs toitures.

Lùthien décida d’explorer les trois autres bâtiments, scrutant le moindre objet qui leurs sera utile. Heureusement, elle fit de bonne découverte, notamment plusieurs valises contenant des tissus en tout genre.

« Et, bien, tu vas pouvoir te rhabiller » Dit-elle à Haldren.

La Dame passa presque une heure à rassembler divers objets avant de se diriger vers la dernière habitation. L’elfe y entra, bien sûr, c’était poussiéreux mais ça, on s’en foutait. Il y avait plusieurs pièces, une cheminée qui pouvait très certainement encore servir. Quelques meubles en mauvaise état ainsi que d’autres complètements renversé sur le sol.

« Des pillages, bon, au moins, on sera tranquille ici. »

Lùthien parlait plus à elle-même qu’à Haldren. Cela faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient plus vus qu’elle le considérait presque comme un étranger. Du moins, la sensation qu’elle avait envers lui était bizarre. Elle ressentait de la timidité. Ne sachant pas comment lui parler. Elle s’occupa donc autrement. Arrangeant pièce par pièce. Le temps passa lentement, mais il était temps de mettre les choses au clair. Alors que la Dame revenait dans la pièce principale, elle pouvait constater qu’Haldren n’avait pas chômé. Un feu crépitait dans la cheminée et le repas était presque servit. L’elfe s’installa sur le sol et fixa le Drow.

« Qu'as-tu prévu en ce qui concerne la suite des évènements? » Commença-t-elle.

« J’ai… J’ai envie de savoir. Que va-t-il advenir de nous? Vais-je un jour pouvoir retourner auprès de ma famille...?»

Lùthien soupirait, elle se demandait où toute cette histoire allait la mener..

N’était-ce pas étrange ? Grâce aux souvenirs volés à Lùthien, je connaissais désormais mon ancienne identité et mon rang. Tout en préparant le repas pour l’elfe et moi, je murmurais mes titres à voix basse, comme pour m’en persuader moi-même :

Haldren Baenfere, Prima Sanguis, Ditronw Da’re, Obok Senger du Vème ost.

Lâchant un ricanement sardonique, je rejetais cette partie de ma vie. Oh oui, je savais qu’il y a peu encore, des milliers de soldats et de mages obéissaient au moindre de mes ordres, que ma volonté comptait au sein du Puy d’Elda. Il y a peu, j’étais considéré comme le plus puissant archimage drow en vie, un maître des arts ténébreux et un atout de première importance dans la guerre qui s’annonçait. Je possédais des palais somptueux, où des esclaves ne vivaient que par et pour mon plaisir, où je dégustais les mets les plus recherchés et jouissait de voir le commun des mortels trembler lorsque je passais dans les longs tunnels du Puy, entouré de ma garde d’honneur.

Mais maintenant, je m’en fichais…

Qu’importe la notoriété, qu’importe le pouvoir de commander aux autres ? De tels plaisirs sont trop terrestres, trop banals, je cherchais désormais ailleurs ma satisfaction. Que vaut le plaisir de commander une armée en marche ou de coucher avec des dizaines des plus belles esclaves drows comparé à l’extase que procure la magie ? Juste pour m’amuser, j’invoquais des flammes d’ombres qui entourèrent ma main, dansant au rythme de ma volonté. Le pouvoir… le pouvoir… le pouvoir… plus, toujours plus, encore plus ! Chaque sortilège assouvissait ma soif, mais dès que j’arrêtais je me faisais l’effet d’un vagabond errant dans le désert. Les ombres m’enveloppaient, sinon physiquement du moins mentalement, et je me sentais pas la volonté de leur échapper.

Lorsque Lùthien revint, j’avais repris contenance et m’apprêtait à nouveau à jouer mon rôle. Pourquoi agissais-je ainsi ? Que m’importait les destinées d’Alëandir ou du Puy d’Elda ? Pourquoi me mêler de cette guerre, même indirectement ? Peut être par amusement, par ironie à l’idée que cette ennemie me considérait désormais comme son plus ferme rempart. Peut être aussi parce qu’il était plus simple de continuer à jouer que d’arrêter la partie. Aussi, lorsque Lùthien m’interrogea sur la suite des évènements, j’abattis de nouvelles cartes.

J’espère bien que tu vas retourner auprès des tiens ! La fuite n’est pas une solution pérenne, il s’agit juste pour nous de disparaître quelques semaines, pas plus.

Tout en vérifiant la cuisson du repas, qui risquait fort de finir plus ou moins brûlé au vu de mes piètres qualités de cuisinier, je repris :

Malgré tous les crimes des elfes envers mon peuple, je ne cherche pas la vengeance. Un tel sentiment est stérile, et ne servira qu’à amasser de nouveaux monceaux de cadavres tout au long de la frontière de l’Anaëh.

Poussant un soupir de regret assez bien feint, je revins m’installer à table en face de mon « amante » (sic) et lui prit les mains avant de continuer :

Ne soyons pas naïfs, Lùthien. La paix entre elfes et drows n’est pas chose aisée, et je suis persuadé qu’elle ne viendra que d’un équilibre des forces rendant pour chacun une offensive générale irréalisable. La chute de Fort Ellyrion a modifié un équilibre précaire des forces que moi et ton père avions réussit à établir par de discrètes actions. Le traître au sein du conseil elfique a délibérément sacrifié Ellyrion pour modifier cet équilibre, la guerre qui va éclater n’en est que la conséquence.

Plongeant mon regard dans celui de Lùthien, j’ajoutais :

Il faut éliminer ce traître. Tant qu’il sera en vie, l’Anaëh sera rougie par le sang.

Lùthien était attentive aux dires du Drow. Même si elle se doutait déjà de sa réponse, elle souhaitait tout simplement être rassurée. Ce n’était peut-être pas dans les habitudes des Drows mais Lùthien manquait de douceur, de tendresse. Alors qu’Haldren parlait, les deux immortels se dirigèrent vers la table, ils y prirent place, Haldren prit les mains de la Dame et continua de la rassurer. Il avait raison sur un point. La paix entre les deux peuples était une chose extrêmement compliqué à obtenir. Haldren reparla du traître. Ok, s’en était assez, elle voulait des noms, elle voulait savoir qui était derrière tout cela. Pourquoi Haldren était-il si mystérieux ?

« Je suis d’accord avec toi Haldren » Finit-elle par dire.

En réalité, aujourd’hui, Lùthien était déjà assez retournée pour encore avoir plus de révélations. Non, ce qu’elle désirait maintenant c’était du calme, c’était du repos. C’était tout sauf discuter de cette tentative d’assassinat, de ces complots, de ces traîtres, de ces guerres, etc etc…

« Pour aujourd’hui, je pense en avoir assez entendu. Excuse-moi, mais j’ai du mal à tout assimiler, à tout comprendre. »

Lùthien n’eut pas le temps de finir que son odorat l’avertit d’un danger. Eh oui, le souper était en train de brûler ! La Dame se leva alors pour aller chercher les entremets. Elle servit à chacun une part et mangea en silence. Enfin, je ne sais pas si cela s’appelle manger, vu le peu de choses qu’elle avala. En réalité, l’on pourrait qualifier cela de « picorage ». Une fois le repas terminé, ce qui s’est fait relativement vite. Lùthien débarrassa, elle remarqua qu’ils ne possédaient pas d’eau, ni dans la ruine, ni à proximité. Il va donc falloir régler ce problème et au plus vite.

Une fois de ceci fait, Lùthien revient auprès du Drow. Le feu crépitait toujours dans la cheminée, il servait plus comme lumière que comme réelle source de chaleur. Avec les tissus trouvés dans une autre batice, Lùthien confectionna, rapidement, sobrement, deux tenues qui servira à Haldren, une tenue de rechange pour elle, utilisant le moins de tissu possible, elle évita donc de lui faire une longue robe. Il restait assez de tissu pour confectionner deux petits draps qui pouvait servir pour se couvrir.
Une fois tout cela fait, la nuit était tombé sur l’Ithri’Vaan. Lùthien s’était calmée l’esprit, Haldren lui s’occupait de son côté.

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….Pendant ce temps-là à Elrioden….

Un drôle d’oiseau d’ombre arriva, aussi discrètement possible et se posa sur le balcon d’une chambre qu’il n’avait pas choisi au hasard. C’était la chambre personnelle d’Itarillë, fille de Lùthien Talindë. L’oiseau entra, et déposa son message là où l’elfe ne pouvait le rater. Alors que la Dame d’Elrioden rentrait, l’oiseau disparaissait dans un nuage d’ombre. Itarillë n’eut pas de mal à trouver le bout de parchemin qui était donc, posé en plein milieu de son lit.

Une fois les quelques lignes lues, elle fit appel aux gardes postés à sa portes et demanda de partir sur le champ pour Tethien

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De retour en Ithri’Vaan, l’elfe s’était installée devant la cheminée. Haldren quant à lui, elle ne s’en occupait pas. Soudain lui vint une idée en tête.

« Pourquoi ne m’entraînerais-tu pas ? Je pourrais devenir plus puissante… Je pourrais mieux m’en sortir si l’on venait à m’attaquer à nouveau. »

Lùthien fit une petite pause. Alors que le drow se rapprocha pour lui répondre, elle lui attrapa le bras, et le fit s’assoir à côté d’elle. Tenant ses mains, leurs visages n’étaient plus si loin, l’un de l’autre. Lùthien hésita, elle se rappela le mal qu’elle avait éprouvé en forêt de Tethien. L’elfe se contenta donc juste de tenir ses mains et de le regarder, attendant sa réponse. Au final, c’est ce qu’elle cherchait, un peu de tendresse, l’un contre l’autre, devant un feu de cheminée. Une tendresse qui lui avait tant manqué, alors qu'elle se souvenait de leurs moments passés ensemble, de leurs moments de bonheur, ensemble, dans les bras l'un de l'autre. C'est ce qu'elle voulait durant cette soirée, retrouver cette complicité, cette douceur qu'il pouvait lui donner. Lui prouver que les drows ne se régalait pas que de luxure mais qu'il pouvait également donner autre chose. Chose que Lùthien désirait tellement.

N’était-ce pas une douce ironie que de finir la journée dans les bras de celui que vous avez tenté de tuer le matin même ? En d’autres circonstances j’aurais éclaté de rire en pensant au jour où Lùthien se souviendrait de notre véritable histoire, mais en attendant je comptais bien profiter de la situation à mon avantage. Tout semblait se dérouler parfaitement, et la dame protectrice faisait déjà preuve d’une soif de pouvoir encore bien maitrisée mais qui peu à peu s’éveillait. Qu’elle croie vouloir le pouvoir pour contrer le traître au sein du conseil elfique, puis elle le voudra pour elle-même. Du pouvoir viendra la jalousie, l’envie et l’égoïsme. Du pouvoir naîtra un esprit retors et paranoïaque, voyant des complots partout et frappant le premier sans même vérifier si le danger existe réellement. Une authentique drow, en résumé, voilà ce que je comptais faire d’elle.

La soirée se passa ainsi, en silence, Lùthien pelotonnée au creux de mes bras alors qu’un bon feu ronronnait dans la cheminée. Nous n’avions nul besoin de paroles, ni l’un ni l’autre. J’aurais parié que l’elfe revivait en souvenir nos nombreuses soirées à Tethien qui avaient ressemblé à celle-ci, tout du moins lui avais-je implanté mentalement de tels souvenirs. En ce qui me concernait, je faisais un point de situation, car si certaines parties de mon histoire se voyaient éclairées, je ne comprenais toujours pas ce qui m’était arrivé récemment. Plus j’y réfléchissais, plus je me disais que ma présence dans la forêt ce matin devait résulter d’une expérience avortée ou d’un duel magique perdu. Aucune autre raison ne me venait à l’esprit pour expliquer ma perte de mémoire et le fait que je me retrouve au beau milieu d’un pays ennemi sans le moindre équipement.

Bah, tout finirait par s’expliquer, inutile de se creuser la tête avec des questions auxquelles je ne pouvais répondre ce soir-là.

Dormons, demain la journée sera longue.

Après un chaste baiser déposé sur le front de l’elfe, les souvenirs d’Elessar ne m’autorisant guère d’autres privautés, je me déshabillais et me glissais sous l’une des couvertures que Lùthien avait confectionnée un peu plus tôt. Le feu tiendrait la majeure partie de la nuit, l’elfe me considérait comme son plus fidèle allié, et aucun prédateur ne rôdait aux environs. J’hésitais un instant à invoquer un gardien d’ombre pour veiller sur mon sommeil, mais la fatigue prit le dessus et j’y renonçais, estimant inutile de telles précautions. Quelques minutes après, je dormais à poings fermés.

Désolée:

Alors qu’ils étaient là, devant le feu, tous les deux, Lùthien se remémora les moments passés à ses côtés à Tethien. Sauf qu’il y avait un hic. Il y avait beaucoup de vide. Des années sans souvenirs dont elle n’arrivait pas à se remémorer. Alors que la Dame forçait sa mémoire, Haldren lui proposa de dormir. Lui offrant un baiser sur le front. Un geste de tendresse que Lùthien appréciait. Il s’enroula dans la couverture qu’elle avait confectionnée durant la journée et s’endormit assez vite. Il était normale qu’il soit fatigué vu le combat qu’il a dût mener dans la forêt de Tethien. La Dame ne lui en voulait donc pas de ne pas s’attarder devant le feu avec elle. D’ailleurs c’était une bonne idée finalement, de dormir.

C’est donc doucement que Lùthien se coucha à côté du Drow, profitant de la deuxième couverture. Le feu allait très certainement durée une bonne partie de la nuit et c’était tant mieux. Un peu de chaleur pouvait réconforter. Plus tôt dans la journée la Dame put scruter les environs. La région était déserte et il n’y avait aucun passage. Ils étaient donc en sécurité et pouvait s’endormir tranquillement. Les yeux de l’elfe se fit lourdes, la Dame s’était assoupit…

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Alors qu’un drôle de rêve commença, l’on voyait une plage où des vagues d’eau glacée se brisaient. Trois bateaux accostaient avec à son bord une trentaine de drows. Principalement des femmes avec des enfants. Deux personnes les attendaient et ces personnes étaient Lùthien et Haldren. Le drow avait fait venir ces familles car ceux-ci fuyaient les conflits. Lùthien accepta donc qu’ils soient hébergés sur les terres de Tethien, mais de manière cachée pour ne pas affecter leurs sécurités.

Hors, il était trop tard, Elessar les attendait, non loin avec une centaine d’hommes armées. Un massacre… un vrai massacre qu’il provoqua, tuant chaque femme, chaque enfant. Alors que Lùthien cria pour que la bataille s’arrête, son mari s’approcha d’elle.
« Il ne sera pas difficile de faire croire au peuple que ce sont les sombres qui t’ont arraché la vie » Cria-t-il alors qu’il s’avança vers elle, épée à la main, souhaitant qu’une chose, la mort d’une traitresse.

Alors que Lùthien recula, elle lui demandait de ne pas faire pareille acte, mais il était impossible de le résonner. Il s’avança vers elle, levant l’épée, Lùthien cria.

« ELESSAR NON ! »

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Lùthien se réveilla, en sueur, en sursautant. Alors qu’elle avait la respiration haletante, son corps se mit à trembler. Mais pas seulement, la terre se mit à trembler également. Les meubles se déplacèrent, la poussière tombait du toit. Lùthien tremblait encore… de plus en plus. Une faille se créa dans le sol, juste devant les ruines. Une faille qui se rapprochait dangereusement.

« Haldren… »

Dit-elle d’abord à voix basse.

« HALDREN »

finit-il par crier. Appelant à l’aide. Il essaya temps bien que mal de la calmer mais seule elle pouvait le faire. Alors que son état semblait s’empirer de seconde en seconde, la terre s’arrêta de trembler. Lùthien reprit ses esprits et récupéra doucement. La pièce était sens dessus dessous. En pleine nuit, voilà un phénomène difficilement inexplicable.

« J’ai… j’ai rêvé, de la nuit sur la plage… d’Elessar.. il voulait.. il voulait me… »

Lùthien n’arrivait pas à finir sa phrase. Elle ne savait même pas comment cela c’était finit.

« Haldren… Elessar voulait me tuer… C’est… impossible… Je…. ne comprend pas… »

Lùthien le regarda, elle s’en fichait du reste. Elle avait besoin de réconfort. Alors qu’elle essayait de se reconstituer la scène, un flash lui apparut. Alors qu’Elessar était sur le point de la tuer, Haldren le transperça de part en part grâce à une boule d’ombre.

« Tu… Tu m’as sauvé. Il voulait me tuer… »

La Dame se leva et sortit prendre l’air. Nécessitant de calme, d’être seule. Alors, Haldren disait donc vrai. Elle a toujours été considérée comme un traitre. S’en était trop, des larmes commencèrent à couler. Il fallait relâcher la pression même si Lùthien n’avait plus qu’une envie, se venger.

Une bonne heure passait avant que l’elfe ne revint à l’intérieur avec du bois pour ranimer le feu.

« Haldren ? »

Dit-elle en se dirigeant vers lui. Celui-ci se retourna et n’eut pas le temps de lui répondre. La Dame attrapa son visage et déposa ses lèvres contre les siennes avant de se retirer.

Rien… Rien ne se passait. La douleur qu’elle avait ressentie lors qu’un premier baiser n’existait plus. L’on pouvait lire de l’étonnement sur le visage de l’elfe. Un étonnement qui ne resta point car celui-ci fut remplacé par un sourire.

« Je ne souffre plus. »

Finit-elle.

Bizarrement, le drow semblait tout aussi étonné qu’elle. Mais qu’importe, Lùthien était contente, voire même heureuse. Et elle le fit savoir, en embrassant son amant.

Lorsque Lùthien sortit de la maison pour reprendre ses esprits, je ne la suivis pas, conscient qu’elle avait avant tout besoin de solitude en ce moment critique du processus. Les nouveaux souvenirs que je lui avais implantés la veille semblaient avoir remporté la partie, et son cauchemar provenait probablement d’une sorte de… duel… entre ses anciens et ses nouveaux souvenirs. Pour autant, je savais que la véritable mémoire de l’elfe demeurait présente sous mon sortilège, et qu’elle ne cesserait pas de tenter de revenir à la surface. Peu m’importait car mon petit jeu ne pourrait durer éternellement, il me suffisait que cela tienne le temps de faire chuter Lùthien dans des abysses dont elle ne sortirait pas indemne.

A son retour, l’elfe semblait avoir retrouvé ses esprits, et notre baiser passionné me confirma que les souvenirs d’Elessar ne nous troubleraient plus… du moins pour le moment. J’envisageais l’espace d’un instant de profiter de la situation pour rendre la nuit plus animée, mais j’y renonçais. Mieux valait que cela vienne d’elle, mon emprise mentale demeurait fragile et lui imposer un rapport charnel sans une totale envie de sa part pouvait tout faire basculer. Je n’avais pas consenti autant d’efforts pour les sacrifier contre une simple partie de jambes en l’air.

Il nous suffit d’une seule couverture pour le reste de la nuit, et c’est une Lùthien apaisée qui s’endormit dans mes bras.

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Au matin, et après une baignade à la rivière tant pour se rafraichir que pour chasser les dernières traces de la fatigue de la veille, j’entamais l’entrainement de Lùthien. Plus d’une heure durant, je l’obligeais à invoquer pic de roche sur pic de roche, puis à les projeter sur une créature d’ombre qui nous servait de cible mobile. Au début, la créature réussit à esquiver aisément chaque tir, mais Lùthien redoubla d’effort et fit de son mieux pour garder en main la trajectoire de ses projectiles aussi longtemps que possible.

Peu à peu, ses tirs se firent plus précis, et la créature en encaissa plusieurs, m’obligeant à invoquer afin de la soigner. Pour autant, ce n’est pas ce que je comptais enseigner ce matin-là à ma nouvelle élève. Glissant mes mains sous la tunique de l’elfe au moment où un nouveau pic s’apprêtait à fondre sur la cible, je me collais à elle et déposais un baiser au creux de son cou. Le résultat ne se fit pas attendre, et le pic de roche partit n’importe comment, la déconcentration de Lùthien brisant le fragile équilibre de son sortilège. D’une voix faussement grondeuse tempérée par un autre baiser, je la morigénais :

Concentres-toi, chérie, concentres-toi. Si tu laisses un baiser te troubler, qu’en serait-il de la douleur lors d’un duel ? Un maître-mage doit pouvoir invoquer en n’importe quelle circonstance, au contraire d’un simple arcaniste que l’on peut aisément troubler.

Quelle sensation agréable de dormir dans les bras de celui qu’on aime tant. Il ne fallut pas longtemps à Lùthien pour s’endormir dans de telles circonstances. La nuit fut courte, ou plutôt, le restant de la nuit. Mais elle fut appréciée par la Dame qui avait bien récupérer. Alors qu’elle ouvrait ses yeux, il n’y avait plus personne à côté d’elle. Menant son enquête, l’elfe découvrit qu’une rivière passait à quelques dizaines de mètres non loin. Rivière qu’elle n’avait pas remarqué à leurs arrivés.

Elle remarqué une silhouette, très vite elle reconnut Haldren qui se faisait un brin de toilette (ou bien trempette ?). C’était une excellente idée. Lùthien arrivait donc à hauteur de la rivière, la longea pendant un moment et trouva un trou plus profond. Son diamètre n’était pas énorme mais sa profondeur correspondait à ce que cherchait l’elfe. L’eau lui arrivait jusqu’au épaules. Elle en profita pour se relaxer, d’oublier un instant tous ces soucis. Mais la réjouissance fut de courte durée. Haldren vint la chercher, il était l’heure de commencer aux choses sérieuses.

Une fois les deux immortels prêts, Haldren invoqua une ombre. Le but était simple ; toucher l’ombre avec des pics de roches. Les débuts furent difficiles, aucun d’entre eux n’atteignait sa cible. L’elfe fut contrarié de ne pas y arriver et se concentra d’avantage. Une heure déjà venait de se passer lorsque la Dame réussit à atteindre la cible plus facilement. Le drow dut invoquer plusieurs ombres pour soigner celle qui servait de cible. C’était une bonne nouvelle non ?

Alors qu’un sourire se dessinait sur son visage, elle perdit très vite la concentration. En effet, Haldren en profita pour jouer aux mains baladeuses et à déposer deux baisers dans le creux de son cou. Lùthien apprécia, pensant d’abord qu’ils s’accorderaient une pause. Mais la remarque qu’il lui offrit juste après n’était pas à son goût. Lùthien n’appréciait pas qu’il jouait à ce jeu-là. Même si elle se doutait que c’était pour améliorer ses compétences. Soit, elle ne devait pas se déconcentrer ? D’accord…

Alors qu’elle invoqua deux pics de pierres, qui touchèrent simultanément la cible, Lùthien ordonna à la terre de former un bouclier autour d’elle tout en ordonnant à la roche de devenir de multiples petites pointes qui épousaient parfaitement son corps. Lùthien était vexée. Fâchée, émotion qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps. Les pics de roches se multipliaient pour finalement anéantir la cible. Une fois que ceci était fait, elle ne laissa pas le temps à Haldren d’en invoquer un autre. Préférant aller se calmer d’abord.

Qu’elle est susceptible cette protectrice quand même… Alors qu’elle s’en allait, l’elfe se rendit compte que ce n’était pas le bon comportement à adopter. Retournant sur ses pas, son bouclier toujours actif. Elle fixa Haldren.

« Continuons. »

Lùthien marqua une pause le temps de se remettre en place.

« Essaie encore de me toucher et tu verras ce qu’une elfe en colère peut faire. » Finit-elle par lui dire alors que les petites pointes de roches se mirent à doubler de taille sur son corps.

Je ne m’attendais absolument pas à une réaction aussi violente de la part de Lùthien, en tout cas pas envers moi. La petite taquinerie à laquelle je m’étais prêtée n’aurait pas du la rendre aussi agressive et désagréable, aussi je restais un long moment à la regarder sans mot-dire, comme si je cherchais à deviner ce qui se passait. Et dans un sens, il s’agissait bien de cela, car je n’avais plus l’impression de me trouver face à une elfe mais bien face à une drow. Jamais une elfe n’aurait ainsi laissé exploser sa colère… Lùthien venait-elle de faire un pas de plus sur la pente de sa déchéance ? En ce cas, il fallait que je continue à la pousser dans cette direction.

Bien, ta colère renforcera ta volonté et te permettra de repousser les limites de tes sortilèges, cependant…

Me téléportant, je réapparus derrière elle. D’une poussée, je la fis tomber avant qu’elle n’ait eu le temps de se retourner. Lùthien rattrapa cependant rapidement sa chute, la transformant en roulé-boulé et se redressa presque aussi vite, me fusillant littéralement du regard. Il me fallait jouer serré pour éveiller en elle des pulsions violentes sans la laisser échapper à mon contrôle. Devais-je arrêter là cet entrainement ? Presque aussitôt je renonçais à une solution aussi couarde, si Lùthien brisait ses chaînes mentales et devenait enragée, j’aurais malgré tout gagné la partie.

…cependant une colère non maitrisée t’aveugle et te rend vulnérable.

Oui, la partie devenait serrée. La dame protectrice qui avait dormi au creux de mes bras semblait de nouveau envisager sérieusement de me tuer, et j’espérais qu’il ne s’agissait de ma part que d’une simple impression et non d’une réalité. J’aurais pourtant juré avoir implanté le souvenir de tels entrainements assez rudes à l’époque de l’académie elfique de magie, mais peut être m’étais-je trompé ? Soit il s’agissait de cela, soit Lùthien commençait réellement à changer de comportement et prenait désormais mal les reproches ou humiliations, même venant d’un professeur, même dans un art aussi exigeant que les arcanes magiques.

Mon bouclier d’ombres saurait encaisser à peu près n’importe quel coup, je ne m’inquiétais donc pas pour moi. Oui, décidément le jeu serait beaucoup plus amusant en poussant Lùthien au-delà de ses limites. Qu’importait au fond de gagner ou de perdre ? Si elle n’arrivait pas à maîtriser et à dompter sa colère en me faisant face, alors qu’elle me considérait comme son amant, elle n’y arriverait jamais face à un réel ennemi, et mon enseignement resterait vain. Un sourire aux lèvres, je fis donc signe à l’elfe d’avancer si elle se sentait d’attaque pour continuer.

Lùthien pensa voir une nouvelle ombre apparaître devant elle. Mais ce ne fut pas le cas. A la place, elle sentit quelqu’un la pousser. Heureusement qu’elle avait gardé ses réflexe, vu son âge, c’était inespérée. Elle se rattrapa donc, amortissant sa chute et se relevant au plus vite comme si de rien n’était. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que c’était Haldren qui était le responsable de cet acte. Alors qu’elle le fusillait du regard, Lùthien était prête à sa venger, à hurler, à lui envoyer la terre entière dessus, mais elle ne fit rien.

L’elfe reste debout, figé, se contentant de le regarder, d’un regard froid. Il avait raison dans ce qu’il disait, elle ne pouvait pas se laisser emporter par ses sentiments. Elle se devait de les contrôler. Alors la Dame prit une bonne bouffée d’air avant de répondre favorablement à l’invitation du drow. Mais pas de la manière auquel il s’attendait.

Lùthien s’avança vers lui, tout en se délivrant de son bouclier de terres ainsi que de ses nombres pointes de roches. Une fois à la hauteur du Drow, elle s’arrêta.

« Je vois bien ce que tu as envie de faire. Tu veux me mettre hors de moi, c’est ça ? Tu veux que j’explose de colère, n’est-ce pas ? Crois-tu que ça m’aidera si je m’énerve aussi facilement face à un ennemi ? Tu… Tu ne m’expliques rien ! » Finit-elle par crier.

« Tu ne fais que me distraire, me pousser et qui sait ce que tu feras ensuite ! Ça ne m’aide pas ça, … Je ne comprends pas où tu veux en venir ! »

Lùthien se tourna et s’éloigna du drow, elle se sentait bizarre. L’elfe était si énervée, jamais elle n’avait ressentie tant de colère auparavant. C’était devenu une sensation incontrôlable, une sensation qui dépassait ses limites mais une sensation qu’elle aimait tant.

Faisant les cents pas, alors que son cœur battait de plus en plus vite, sa respiration se faisait haletante.

« Pourquoi me mets-tu dans cet état-là, dis-moi ? Explique-moi ! »

Alors que le Drow ne faisait que la regarder, Lùthien quant à elle le fixait, tout en continuant de marcher. Il semblait ne pas vouloir répondre.

« Bon… » Dit-elle en se rapprochant d’Haldren. Une fois qu’elle était à nouveau à sa hauteur l’elfe s’agrippa à lui et commença à l’embrasser. D’une façon qu’elle n’avait jamais pratiqué auparavant même si c’est le souvenir qu’elle en avait.

Le baiser dura un certain temps, mais toute bonne chose à une fin. Lorsque celle-ci eut lieu (de fin), Lùthien se recula.

« Je ne me contrôle plus Haldren, je pense qu’une pause est nécessaire. Laisse-moi un peu de temps. »

C’était peut-être pas la bonne solution, c’était peut-être une forme d’abandon mais elle n’était pas prête. La Dame s’éloigna alors, préférant la rivière avec son ruissèlement relaxant plutôt qu’à l’affrontement. Alors qu'elle écouta l'eau ruisseler, couler lentement, la douche se coucha sur le dos, fermant les yeux et rêvant à un autre monde, où chacun serait heureux, où chacun serait libre. C'est là qu'elle se dit, que ce monde, il devait exister, et ce n'était pas en restant là, les bras sous la tête, à se relaxer que les choses vont changer.

La Dame se leva donc, rejoignit Haldren.

« Continuons.» Dit-elle en se concentrant.

Je ne suivis pas Lùthien à son bain, non pas que l’envie m’en manque, mais la leçon n’avait pas porté et je me refusais à trop avancer dans les gaillardises avant que l’elfe ne l’ait assimilée. Je restais donc assis en tailleur non loin de la maison, en apparente méditation. Profitant d’être seul, j’invoquais une souris d’ombre, puis par jeu un chat, les laissant se poursuivre dans ce ballet animal si souvent répété de par le monde. Tous mes souvenirs de magie remontaient à la surface, toutes mes leçons apparaissaient comme si elle sortait des flots, et je me gorgeais à foison de ce savoir, de cette puissance incommensurable que seules les arcanes permettent d’obtenir.

Lorsque mon apprentie revint, je m’étais calmé, et je lui fis signe de s’asseoir face à moi. Elle avait raison, je lui devais une explication, la démonstration par l’exemple n’ayant pas suffit.

Qu’est-ce qui différencie un arcaniste d’un maître-mage ? Fondamentalement ?

Ce rôle de professeur réveillait lui aussi des souvenirs, je me revoyais devant des parterres de jeunes mages drows, leur expliquant les subtilités de notre art et notre supériorité incontestable sur toutes les autres races.

La volonté, Lùthien, ce qui différencie l’arcaniste du maître-mage est la volonté.

Me grattant le cuir chevelu, je cherchais comment faire comprendre à la dame protectrice un concept devenu pour moi si logique qu’il me semblait aberrant de ne pouvoir l’assimiler. Des siècles de morgue et de certitudes devaient reculer pour me permettre de fournir des explications claires.

Prenons ton sort de pics de roche. En tant qu’arcaniste, tu arrive à en invoquer un à la fois, et dans une certaine mesure à diriger sa trajectoire vers ton adversaire. Pourquoi un seul ? Pourquoi pas deux ou trois ? Tes maîtres à l’académie et depuis t’ont toujours dit qu’un mage ne peut fixer correctement ses pensées sur plusieurs pics simultanément ni maintenir correctement plusieurs réseaux de contrôle. Stupidités, cela revient à admettre des limites à la volonté elfe ou drow. Tu es une magicienne, ce n’est que de la roche, la seule chose qui t’empêche d’invoquer plusieurs pics à la fois est la peur de ce qui arrivera si tu échoues.

Lùthien savait tout comme moi le risque que prend un mage à tenter de surpasser son niveau. La magie n’admet pas les erreurs, et un sort mal invoqué ou que l’on ne peut maitriser correctement se dissipe le plus souvent en un surplus d’énergie que l’on renvoie à la source, c’est-à-dire au mage lui-même. Dans le meilleur des cas, il en sera quitte pour quelques poils brulés, dans le pire… mieux vaut ne pas en parler.

La colère permet de surmonter cette peur. Pas en la laissant te consumer, non, nous ne sommes pas des guerriers sans cervelles. Ce que j’essaye de t’apprendre, c’est que le jour où tu réussiras à ressentir de la colère mais à la dompter, la peur et les doutes que tu ressens disparaitront. Sous l’effet d’une colère maitrisée, tu oublieras tes limites et prendra conscience qu’avec une véritable discipline mentale, tu peux repousser les limites de ton art.

Une marche, voilà ce qui séparait l’arcaniste du maître-mage, une prise de conscience que les limites ne sont qu’une frontière qu’il faut oser franchir. Explication quelque peu simplifiée, car dans les faits passer cette marche ne constituait que la première étape, un rigoureux entrainement devant ensuite suivre. Cette fameuse discipline mentale remplaçait alors la colère, scellant définitivement le nouveau statut du magicien.

Je vais préparer le repas. Réfléchis à ce que je t’ai dis, nous continuerons ensuite… si tu es prête à prendre le risque.

Me levant, je repartis en direction de la maison, laissant Lùthien perdue dans ses pensées. La leçon serait compliquée, car il me serait plus difficile d’énerver celle qui se croyait mon amante depuis si longtemps qu’un étudiant au C’nros que la discipline de fer de cette académie rendait déjà hargneux de nature.

Lùthien avait proposé à Haldren de continuer. Mais finalement, il lui demanda de s’assoir près de lui et commença un monologue. Enfin. Voilà les explications que Lùthien attendait. Donc, elle l’écouta, avec toute l’attention possible. Ouvrant son esprit à son « professeur ». Une fois qu’il eut terminé il déclara vouloir aller préparer le repas. Etait-ce une façon de laisser la Dame réfléchir dans son coin ? Peut-être. Si c’était le cas, c’était réussi. Le problème étant maintenant de comprendre, mais surtout d’appliquer.

L’elfe ferma les yeux, vida son esprit en un premier temps. Respirant bruyamment puis silencieusement. Une fois qu’elle était dans un état de relaxation, elle se força à se remémorer tout ce qui avait un lien avec sa magie. De son enfance à son apprentissage en académie ou encore à ses quelques interventions lorsqu’elle était protectrice. A aucun moment elle n’avait lancé plus un seul pic de roche à la fois.

« Il disait donc vrai… » Dit-elle à haute voix, se parlant à elle-même.

Lùthien se concentra alors. Commandant à la roche de se transformer en pics de roche alors qu’elle était calme. Le gardant en lévitation, elle voulut en créer un deuxième. A peine se concentra-t-elle sur une autre manipulation que le premier pic tomba sur le sol et se brisa. Lùthien réessaya, plusieurs fois. Encore et encore… Jusqu’à créer un trou dans lequel se trouva de nombreux pics de roches cassés en morceaux.

La Dame se leva, elle en avait assez. Contrarié, aussi bien par le fait qu’elle n’y arrivait pas, mais aussi sur le fait qu’Haldren avait raison. Elle le rejoignit, le repas, fort heureusement, était à peine servit. Celui-ci fut plus ou moins bon. Lùthien ne fit pas de remarque. Peu importait, elle était si contrarié. Une fois que les planches de bois étaient vidées de leurs mets. Lùthien se leva, s’approcha d’Haldren avant de s’installer sur ses genoux. Passant un de ses bras autour de son cou.

« Tu as raison. Les rares moments où j’ai pu contrôler deux pics de roches simultanément, c’est quand je suis en colère. » Dit-elle tout en caressant le visage de son amant.

« Les soucis Haldren, c’est que… depuis que je me suis réveillé dans la forêt. Depuis que tu m’as sauvé. Dès que je perds mes moyens. Dès que je n’ai plus le contrôle de mes sentiments. Je n’ai qu’une envie, c’est d’être près de toi. Dans tes bras. C’est une pulsion que je ne m’explique pas. »

Lùthien soupira. Elle semblait perdre de la motivation. C’était elle qui avait demandé à Haldren de l’entraîner. Pouvait-elle le laisser tomber ainsi ? Pouvait-elle le décevoir ?

Non… Hors de question.

« Reprenons l’entraînement, il faut non seulement que je contrôle mes sentiments, mais que j’améliore ma puissance magique » Finit-elle par conclure.

La Dame embrassa le drow avant qu’ils ne se dirigent vers l’extérieure. L’entraînement devait reprendre.

Moi aussi j’ai envie que tu sois dans mes bras, que je sois en colère ou pas.

J’avais dis cela sur ce petit ton mi-sérieux mi-amusé que Lùthien connaissait si bien et qui en était devenu presque un jeu entre nous. Dans ses souvenirs, elle devait me revoir lancer ce genre de petites phrases à double sens tandis qu’elle me flanquait une tape amicale sur le dos de la main et que son père cachait un sourire en coin. Temps heureux au sein du protectorat de Tethien, temps heureux que j’avais créé pour elle, mais le véritable moment intéressant viendrait plus tard quand ses anciens souvenirs reprendraient le dessus sur mon sortilège.

Retournant dans le pré devant la maison où nous nous entrainions, j’invoquais une créature d’ombre et Lùthien reprit ses tirs. Je tenais à lui inculquer la rigueur de ces exercices, la répétition encore et encore jusqu’à ce que chaque geste soit aussi naturel que de manger ou de boire. Ses fonctions politiques empêchaient l’elfe de suivre un tel entrainement en temps ordinaires, mais elle ne manquait ni du talent ni de la volonté pour s’améliorer. Une puissance brute, indomptée, encore sauvage et fougueuse, voilà qui se révélait du plus intéressant et du plus prometteur.

Cependant, chaque tentative d’invoquer et de contrôler plusieurs pics de roche simultanément échouait, Lùthien n’arrivant pas à contrôler correctement sa colère et à oublier ses échecs. « Ne doutez pas de vous… jamais », m’avait dit l’un de mes premiers professeurs au C’nros, et Lùthien doutait d’elle-même. N’ayant pu réussir un double jet avant, comment pouvait-elle le réussir maintenant ? Toute la difficulté de la marche mentale dont j’avais parlé plus tôt dans la journée se dressait devant nous.

Après un énième essai raté, j’intervins.

Tu ne te mets pas réellement en colère, ces pauvres créatures d’ombres n’éveillent pas en toi les pulsions nécessaires pour que tu brises tes chaînes. Mais j’ai une idée… je pense que cette créature là devrait te motiver à te surpasser.

Jusqu’à présent, les différentes créatures ne possédaient pas de formes réellement identifiables, il s’agissait de vagues mélanges entre plusieurs animaux que je créais au gré de ma fantaisie. Cependant, cette fois-ci serait différente, et j’incantais plus lentement, prenant soin de définir chaque détail avec une précision bien plus poussée que d’habitude. Jamais je n’aurais en temps ordinaire consenti de tels efforts pour une vulgaire créature, sauf que cette créature entre toutes devait posséder un aspect qui allait toucher profondément Lùthien.

Lentement, les brumes qui entouraient ma nouvelle invocation se dissipèrent, laissant apparaître un elfe en armure complète. Un elfe d’ombres, mais d’un réalisme saisissant, chaque fragment de sa peau et de sa tenue apparaissant avec un luxe de détails. Un elfe au beau visage, mais au visage tordu par un rictus de haine et de mépris envers la magicienne. Un elfe que Lùthien connaissait et haïssait, un elfe qu’on l’avait forcé à épouser contre son gré, un elfe revenu d’outre-tombe pour la hanter dans ses pires cauchemars. D’une voix rauque, Elessar s’exclama :

Alors, catin, tu me reconnais ? J’aurais du te tuer la dernière fois, mais cette fois je ne vais pas laisser passer l’occasion.

Dégainant une épée de cérémonie, l’ombre-Elessar s’avança sur Lùthien d’un pas décidé.

L’entraînement reprit. Les mêmes exercices furent proposés à Lùthien. Des ombres à viser avec ses pics de roches. Ses tentatives furent toutes des échecs. Cela l’énervait, mais la Dame n’arrivait pas à contrôler cette colère. Et c’était normale… ce n’était pas réellement de la colère mais plus de la contrariété. Alors qu’elle baissait les bras, se disant qu’elle n’y arriverait jamais, Haldren prit son temps cette fois-ci pour invoquer sa créature d’ombre… Lùthien s’impatientait, elle était déjà vexée de ne pas y arriver alors si en plus on la faisait attendre…

Ce fut long… mais une fois que l’ombre arriva, le sang de Lùthien se glaça. Elessar… voilà pourquoi Haldren avait mis tout ce temps ! Cette… « Reproduction » était d’un réalisme telle que Lùthien était bouche bée. Alors qu’elle se remémorait la scène de la plage, celui-ci lui parla. Elle ne comprenait même pas les mots qui sortaient de sa bouche. Par contre, son geste d’avancer vers elle, levant son épée la fit réagir. Mais certainement pas de la façon dont Haldren pensait. Non… En réalité, elle fuyait. Courant dans la direction inverse. Mais que faisait-elle donc ? Ne devrait-elle pas combattre cette ombre ? Combattre ce souvenir ?

C’était difficile, pourtant il le faudra, car l’ombre de son défunt mari la suivait, avec une rapidité telle qu’il l’a fit basculer en avant. Alors qu’elle s’étala par terre, Lùthien hurla. Elle était enfin en colère. Se relevant, ses vêtements et sa figure était remplit de poussière. Là, elle se mit à fermer les yeux et à réfléchir, assez vite.

« Contrôle-toi… » Se dit-elle en boucle.

Trois morceaux de roches, de taille moyenne, se mirent à se former. Lùthien regarda ensuite cette ombre qui s’avança sur elle. Les trois roches foncèrent sur lui, ne le laissant aucune chance d’esquiver. L’ombre s’en prit deux, mais c’est comme si cela le chatouillait. Alors Lùthien tenta autre chose. Invoquant un torrent de boue qui enveloppa l’ombre pour se durcir au fur et à mesure. Une fois que celui-ci fut figé. Lùthien ordonna à la terre de créer une faille, juste en dessous de lui, le faisant tomber dans un trou de facilement cinq mètre de profondeur. Lùthien ne s’arrêta pas là, ordonnant à la roche de devenir pics et de tomber dans la faille pour combler l’espace ainsi crée. La faille se referma ensuite.

Lùthien se croyait débarrassée mais ce ne fut pas le cas. L’ombre d’Elessar revint à la charge, en mauvaise état. S’en suit encore un combat assez ardu. Ils se rapprochèrent à nouveau d’Haldren mais Lùthien ne s’en redit pas compte. Alors qu’elle était envoyée au sol plusieurs fois, l’elfe finit par avoir le dessus. Il fallait dire qu’il était temps, car elle était en mauvaise état.

Elle se dirigea vers Haldren, lentement, fatiguée de ce duel qui avait duré. Du sang coula de son front mais elle ne sentait rien.

« Je pense que ce sera tout pour aujourd’hui. » Lui dit-elle simplement avant de poursuivre son chemin.

Sa destination ? La rivière. Son petit point d’eau assez profond pour correspondre à ses goûts. Elle se déshabillât, lavant d’abord sa robe poussiéreuse à souhait. Ensuite ? La Dame n’hésita pas un seul instant à se faufiler dans l’eau. Débarrassant ainsi son corps de toute saleté et calmant ainsi sa plaie saignante.

Je n’avais rien dit durant le combat, laissant Lùthien affronter la créature d’ombre qui avait pris l’apparence de son mari. Cet Elessar là me fut bien plus utile que le vrai, car il permit à ma nouvelle apprentie de réussir enfin à briser les digues de sa colère et à s’abandonner aux torrents tumultueux qui s’en écoulaient. La peur de mourir, la rage inculquée par les souvenirs que je lui avais implanté, la fatigue des longs entrainements, tous ces facteurs se combinèrent pour la faire chuter dans une furie destructrice qui aurait épouvanté ses professeurs de l’académie d’Alëandir. Déchéance, déchéance… voilà la voie qu’allait emprunter la dame protectrice de cet endroit inutile nommé Tethien.

Trop de monde croit que la colère s’exprime par des hurlements ou des gestes incontrôlés, toutefois il ne s’agirait alors là que d’une colère bien classique. Lùthien venait de toucher à la rage dans toute sa pureté, la rage qui vous ordonne froidement de détruire votre adversaire, d’annihiler chaque parcelle de son être. Cette colère là ne s’exprime pas extérieurement, et si l’elfe paraissait assez calme durant ce combat, je sentais avec plaisir le bouillonnement qui remuait son âme tourmentée. Pour un peu, elle aurait été digne d’être comparée à une drow, malgré les inévitables tares propres à son héritage elfique.

Le combat se finit comme cela devait se finir… l’ombre eut droit à une fin aussi violente que théâtrale. Je ne prononçais toujours pas un mot lorsque Lùthien me demanda d’arrêter l’entrainement pour la laisser prendre un bain et soigner la plaie à son front. Mais je la suivis discrètement, et lorsqu’elle se fut déshabillé et installé dans le recoin de la rivière qui lui servait de baignoire en plein air, je vins m’asseoir au bord de la rive, m’installant en tailleur et la regardant sans vergogne.

Joli spectacle.

Bon, soit dit entre nous, les elfes n’étaient pas franchement mon truc en matière de galipettes. Parlez moi plutôt d’une drow bien plantureuse, là je vous suivrais sans hésiter, mais je suppose qu’il en faut pour tous les goûts en ce monde et que Lùthien devait convenir à certains vicieux. Sinon, comment les nains se reproduiraient-ils ? De toute façon, je devais continuer à jouer mon rôle, celui de l’amant dévoué qui avait déjà admiré et profité du corps dénudé de l’elfe à de multiples reprises. Après tout, selon l’histoire que j’avais concoctée, nous étions censés ne plus avoir eu de relations depuis près de deux siècles. Aussi, si je ne montrais pas un minimum d’intérêt envers elle, Lùthien risquait de finir par s’en étonner et par remettre en cause d’autres faits qu’elle tenait pour acquis.

Tout en mâchonnant un brin d’herbe, je continuais :

Tu as réussis l’épreuve, et avec brio je dois ajouter. Si j’étais intervenu pour t’aider, jamais plus tu n’aurais pu accéder à cette transe qui t’a porté et permis de vaincre ma créature. Mais désormais, il y a une grande force qui s’est éveillée en toi, et il te sera plus facile d’y accéder lorsque tu seras en danger.

Par moments, je me demandais les raisons qui me poussaient à enseigner ainsi les subtilités de l’art des arcanes à une ennemie, puis je repoussais cette pensée absurde. J’aurais sans doute pu affirmer vouloir ainsi défendre la cause drow en lâchant contre ce… traître… au sein du conseil elfique une magicienne bien formée et ivre de rage, mais il ne fallait pas chercher la vérité dans d’aussi lointaines considérations. L’effort de guerre du Puy et la guerre à la frontière de l’Anaëh éveillaient de vagues souvenirs dans mes souvenirs endommagés, toutefois je ne me sentais plus aucune loyauté envers quiconque.

Pourquoi mettre autant d’efforts en œuvre pour Lùthien ? Parce que cela m’amusait, tout simplement.

Alors que la Dame se prélassait dans cette eau d’une pureté exemplaire par rapport à la région où elle coulait, elle ne se rendit pas compte qu’Haldren s’était approché. Trop plongée dans ses pensées, s’imaginant à Tethien, sa région, sa terre, sa maison, sa fille, ses amis, son personnel et bon nombre d’autres personnes. Il fallut que le drow parle pour que l’elfe sorte de son état de rêverie. Saisie par sa venue, alors qu’elle n’avait plus rien sur le dos, Lùthien se tourna, préférant montrer son dos plutôt que le reste au Drow. Certes il était son amant, mais la Dame avait une certaine pudeur. Pudeur qu’on associait aux elfes.

« Haldren ! » Dit-elle sur un ton agacé.

Même si l’elfe ne voulait plus faire de magie pour le restant de la journée, elle fut contrainte de le faire. Dressant un mur de pierre et de terre entre les deux immortelles, laissant ainsi à la Dame plus de liberté, plus d’intimité. Ils peuvent donc ainsi continuer à discuter.

« Dis-moi Haldren… » Dit-elle sans vraiment écouter ce qui lui disait.

« Pourquoi as-tu choisit de matérialiser mon mari ? » Elle employait le terme « mari » car c’est bien ce qu’il était.

« Même s’il voulait me tuer, parfois j’ai des fragments de souvenirs où il était gentil avec moi… » Continua-t-elle.

« Cela me parait bizarre qu’il change tout d’un coup de personnalité… Jouait-il alors la comédie ? Etait-il tendre avec moi juste car il le devait ? Je veux dire… Je me sentais bien auprès de lui… Tu restais celui que j’aimais mais quand j’étais avec lui, c’était une relation différente. » Lùthien marqua une pause.

« Et puis du jour au lendemain, il ne voulait qu’une chose… ma mort. » Finit-elle en soupirant.

Alors que la dame invoquait son armure, le mur de roche s’effrita puis s’effondra. La Dame sortit de l’eau, s’habilla de sa robe qui était encore trempée. Elle n’avait pas vraiment le choix vu qu’Haldren jouait le voyeur.

Alors qu’elle ajusta le tissu, elle fit disparaître son armure. Ses cheveux tirés en arrière, dégoulinant encore de l’eau de la rivière. Alors que le drow était en train de lui répondre elle s’approcha et s’installa près de lui. Elle l’écoutait, même si au fond il n’avait qu’à répéter ce qu’il lui avait déjà dit. Elessar jouait un rôle, jouait un jeu, se devait d’être un mari idéale avant de la poignarder dans le dos pour récupérer le protectorat. Alors que le drow avait terminé. Lùthien se glissait dans ses bras.

« Il n’y a donc que toi qui ait été sincère envers moi…. Heureusement j’ai encore ma fille. » Finit-elle par dire.

La Dame était mouillée mais elle se rendit pas compte qu’elle mouillait également le drow, lorsqu’enfin elle s’en redit compte, la tunique de son amant était bonne à être pendue pour qu’elle sèche.

« Oh, excuse-moi. Viens, rentrons, je vais faire sécher nos habits et préparer le repas. A mon tour de cuisiner ! »

La scène était touchante, l’on aurait dit un vieux couple qui s’embourbait dans une certaine routine mais soit, cela n’allait pas durer longtemps.

Une fois de retour dans leurs ruines, Lùthien s’attela aux tâches, c’est-à-dire, pendre leurs tuniques, préparer le feu dans la cheminée, dépoussiérer un peu l’endroit.

Le repas était enfin prêt et comme d’habitude, il fut pris en silence. Lùthien était fatiguée, elle aurait bien voulu s’installer devant le feu, lire un bon livre et s’endormir alors qu’elle n’avait pas fini sa page, mais ici, ce n’était pas possible. Encore une fois Lùthien pensait à sa fille. Son enfant, son seul enfant… D’ailleurs, elle qui avait entretenu une très longue relation avec Haldren. Comment cela se fait-il qu’elle n’est jamais tombée enceinte de lui ?

« Dis-moi Haldren, on entretient une relation ensemble depuis des siècles maintenant, et on n’a pas réussi à fonder une famille… Nos deux races n’ont pas l’air de s’entendre sur le plan génétique. Je trouve cela dommage. J’aurais bien voulu t’offrir des enfants… »

Lùthien n’attendait pas vraiment de réponse, disons qu’elle avait dit à haute voix ce qu’elle pensait tout bas. L’elfe débarrassa puis s’installa confortablement devant le feu de cheminée après y avoir mis quelques bûches.

« Ça manque de livres… et de musique… »

Lùthien tourna la tête vers Haldren.

« Viens près de moi. » Lui dit-elle en lui tendant le bras.

Lorsqu’il fut près d’elle, même si ce n’était pas spécialement son envie, l’elfe se blottissait contre lui regardant les flammes danser.

« Il fut un temps, lorsque tu étais encore près de moi à Tethien, en te regardant, je me demandais s’il n’était pas mieux pour toi d’être avec une femme Drow. Elles sont quand même beaucoup plus appréciables que nous, femmes elfes. »

Qu’aurait été sa vie si Haldren n’en faisait pas partie ? Sa elle préférait ne même pas y penser. Sans lui, elle serait très certainement déjà partie rejoindre la mère. Alors qu’elle s’imaginait seule, sans personne, la Dame eut une soudaine envie de tendresse. Alors que le feu était encore en grande forme, la Dame embrassa le Drow, entourant son cou de ses bras. Cela faisait si longtemps qu’elle attendait le moment où, enfin, elle le retrouverait.

Enlaçant tendrement Lùthien, je murmurais à son oreille :

Aucune drow n’a jamais été plus désirable à mes yeux que tu ne l’es.

Bouh, le vilain menteur ! J’aurais du avoir honte de sortir une telle énormité mais ce sentiment ne faisait plus guère partie de moi. Faisant lentement glisser une bretelle de la robe de l’elfe, je déposais de doux baisers sur son épaule de nacre. Sans mot dire, je fis glisser la seconde bretelle et allongeais Lùthien sur les couvertures devant le feu. J’allais profiter de cette nuit, au moins autant charnellement qu’à l’idée du jour où la protectrice retrouverait sa mémoire. Rien que pour cela, je comptais bien me montrer un amant tendre et attentionné, tant l’ironie de la situation me faisait hurler de rire intérieurement.

La nuit fut longue, et le soleil n’allait plus guère tarder à se lever lorsqu’enfin le sommeil nous prit. Nous venions de trouver un rythme de vie, sur la base d’entrainement le jour et de passion la nuit, rythme qui allait nous accompagner quelques temps. Une journée se passa ainsi, puis une deuxième, une ennéade puis une autre… le monde ne semblait plus exister au-delà de notre petite ferme en ruine, des bosquets alentours et du ruisseau. Ce bonheur champêtre me réjouissait presque par moments, mais je sentais mon double maléfique hurler sa rage face à tant de mièvrerie et de temps perdu.

~~~~~ 2 ennéades plus tard ~~~~~

En cette fin de matinée, et alors que Lùthien venait de finir un entrainement face à deux guerriers d’ombres qui l’avaient mise en difficulté, je la rejoignis au bord du ruisseau où elle reprenait son souffle. Ses progrès étaient fort appréciables, bien que j’aurais aimé disposer de plus de temps pour continuer son entrainement. Toutefois, la laisser trop longtemps loin de Tethien risquait de lui faire perdre sa place de Protectrice, rendant l’ensemble du plan caduc. Bien décidé à continuer à marche forcée, je lui demandais :

Dis moi, Lùthien, as-tu déjà réfléchi à l’intérêt qu’il y aurait pour toi de t’initier à une autre branche de la magie élémentaliste ? Mes sorts du feu sont loin d’égaler ma magie de l’ombre, cependant ils m’ont déjà sorti d’une ou deux situations périlleuses.

La Dame embrassa son amant, se blottissant dans ses bras. Son intention n’était nullement d’aller plus loin. C’était sans compter l’envie soudaine qu’éprouvait Haldren. Bon, et puis pourquoi pas, après tout, cela faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas vu. S’ensuit alors de nombreuses caresses, de nombreux baisers. Une nuit totalement réservé à leurs ébats.

Lùthien avait du mal, même si elle avait des souvenirs précis sur d’anciens moments qu’ils ont passés, elle semblait ne pas éprouver la même chose. Le désir d’éprouver ce genre de sensation, l’envie de finir la nuit dans les bras de l’autre. Non, tout cela elle ne le ressentait pas. Elle ne ressentait que le désir de pratiquer, encore et encore, peu importe le partenaire au finale…

C’est donc une nuit des plus sensuelles qui s’acheva, s’ensuit alors une routine des plus banales. Entraînement la journée, ébats amoureux la nuit. Pas toujours de la même manière, fort heureusement, même immortels, même supérieur aux humains, ils avaient besoin de sommeil, surtout Lùthien qui s’épuisait à combattre sans cesse des ombres et encore des ombres.

Alors que deux ennéades étaient passées, Lùthien s’était amélioré et combattait plus facilement ses adversaires. Haldren vint la trouvé au bord de la rivière, alors qu’elle était essoufflée. Il lui proposa d’apprendre à maîtriser la magie de Feu. Enfin « maîtriser » était un bien grand mot, lui-même avait avoué qu’il n’en maîtrisait qu’une petite partie. Mais cela restait intéressant. En Elfie, tout le monde croyait qu’elle ne maîtrisait que l’élément de terre, cela pourrait donc les surprendre si elle arrivait à réussir à contrôler le feu.

« D’accord, apprends-moi. »

C’est donc ainsi qu’Haldren commença par le début. Il était impossible d’apprendre à créer le feu, il aurait fallu maîtriser l’élément. Il fallait donc en créer un. Haldren n’eut pas de mal car il maîtrisait suffisamment l’élément pour en créer de toute pièce. Une fois que les bûches prirent feu, Haldren lui expliqua comment faire. Elle ne devait nullement se précipiter, rester concentrer sur les flammes.

Après plusieurs heures, la Dame n’y arriva toujours pas. Il était temps d’arrêter. Le soir arriva, ils mangeaient et Lùthien alla directement se coucher, repoussant gentiment les avances de son amant. Elle était déçue de ne pas avoir réussi.

Le lendemain, Lùthien reprit l’entraînement face aux ombres mais les extermina bien plus rapidement. La colère ayant pris le dessus. Elle demanda donc au Drow de lui expliquer plus en détails l’élément de feu, et de lui expliquer comment elle devait s’y prendre. Lùthien voulait absolument réussir. Elle basait une bonne partie de sa volonté sur cette idée. Elle qui a jamais maîtrisé aucun autre élément. La voilà face à la possibilité de le faire. L’elfe était donc comme un enfant face à un jouet en bois qui n’était pas encore terminé.

La Dame s’installa près du feu, fixant la danse des flammes, attendant avec tant d’impatience qu’Haldren lui apprenne à maîtriser cet élément qui attirait l’elfe de plus en plus.

Sois patiente, Lùthien, le feu n’est pas un élément aisé à dompter. Il se rebellera en permanence, tentera d’échapper à ton pouvoir… mais tu sentiras bientôt le plaisir de le soumettre à ta volonté.

M’approchant de l’elfe, je l’attirais à moi, son dos reposant contre ma poitrine. Lui faisant tendre le bras, je collais ma main à la sienne et invoquais mon art. Des flammes jaillirent de mes doigts, entourant nos deux mains enlacées de leur farandole joyeuse. Bien qu’en tant que Faern, les Ombres soit ma spécialité, je me souvenais vaguement avoir étudié l’art de la pyromancie dans ma jeunesse et cette seconde corde à mon arc répondait toujours présente si j’en ressentais le besoin. Sans relâcher mon étreinte sur Lùthien, je murmurais à son oreille :

Sens-tu sa chaleur ? Sa puissance ? Oublie la crainte de la brûlure, tu es une magicienne et ce ne sont que de simples forces élémentaires. Ne regarde pas les flammes avec tes yeux mais avec ton esprit, sens les flux de puissance qui les parcourent et les dirigent, prends en le contrôle et le feu sera tien.

Doucement, j’éloignais ma main, laissant Lùthien seule face aux flammes qui rugissaient dans sa paume. La dame protectrice arborait une expression mi-inquiète mi-ravie sur son visage, expression que je connaissais bien pour l’avoir vu de si nombreuses fois chez mes apprentis lorsqu’ils passaient un palier. Avant de tenter d’utiliser le feu en sort offensif, il faudrait plusieurs jours à Lùthien pour l’apprivoiser, mais je ne m’en inquiétais pas. La magie peut par bien des façons être comparée à une sorte d’immense escalier : la difficulté consiste à passer une marche, avancer jusqu’à la marche suivante n’est plus ensuite qu’une question de temps et de concentration.

Alors que je m’apprêtais à poursuivre la leçon, un papillon vint voleter à mon oreille. Un papillon tout ce qu’il y a de plus normal s’il n’avait été constitué d’ombres. Par sécurité, j’avais disposé de telles sentinelles autour de notre refuge afin d’être prévenu en cas d’intrusions. La petite créature ne pouvait bien entendu ni parler ni réellement réfléchir par elle-même, mais elle savait devoir me transmettre les images de tout bipède dans les parages… or elle me transmettait l’image de trois elfes qui approchaient, des elfes portant un type d’uniforme que je reconnu immédiatement. Bien que légèrement différents entre les trois elfes, tous portaient une tête d’aigle gravée sur l’épaulière.

L’espace d’un instant, je maudis la venue de ces gêneurs, trois soldats venus probablement vérifier l’absence d’activité militaire dans la zone. Avec les osts drows qui grondaient à la frontière de l’Anaëh, les troupes d’élites que constituaient les Aigles devaient être fortement sollicités, mais leur présence risquait de mettre en l’air mes plans pour Lùthien.

A moins que…

« Dans tout mal se trouve un bien », dit un vieux proverbe, et une idée assez cruelle venait de germer dans mon esprit. Au fond, ces trois elfes allaient peut être pouvoir me servir dans l’avilissement de ma charmante protégée. Je sentis la joie de mon double démoniaque qui se tapissait dans le recoin de mon âme lorsqu’il comprit le plan que j’avais en tête. Du sang, du sang, oui il y aurait du sang et cela le contentait. M’approchant de Lùthien qui avait fini par étouffer les flammes, je pris un ton grave et préoccupé :

Lùthien, nous avons un problème. Trois soldats des Aigles ont pris position sur une colline à moins d’une lieue d’ici. Ils sont envoyés par ceux qui ont voulu t’assassiner et je parie qu’ils nous recherchent. Nous devons les tuer !

J’appuyais mentalement mes propos, utilisant le lien que j’avais créé entre la dame protectrice et moi pour lui insuffler la haine de ses ennemis et une totale confiance en mon jugement. En temps normal, je savais bien qu’elle aurait senti les failles dans les raisonnements que je lui servais quotidiennement, mais je gardais encore suffisamment d’influence sur son esprit pour l’inciter à écarter le moindre doute.

« Lùthien, nous avons un problème. (…) Nous devons les tuer ! »

Alors que Lùthien se concentra sur les efforts qu’elle venait de faire. Haldren lui annonça une mauvaise nouvelle. Ça y est, elle avait enfin réussit à contrôler ne serait-ce que quelques minutes le feu. On était bien évidement loin d’une attaque offensive.

« Comment nous ont-ils retrouvés ? »

La Dame se leva, se rapprochant d’Haldren, regardant au loin, les trois soldats. Lùthien était pétrifiée. Non pas à l’idée de mourir mais à l’idée de tuer des frères. Elle se sentait bizarre. L’envie de leurs enlever leurs dernier souffle était présente dans son esprit, mais son cœur lui fit mal. Battant à la chamade, il essaya de lui envoyer un signe. Mais il ne fut pas efficace. Haldren répéta sans cesse qu’il fallait les tuer alors c’était donc la seule solution à opter.

« D’accord, comment procédons nous ? » Lui demanda-t-elle.

« Ce sont des aigles, il ne sera pas aisé de les vaincre, surtout si l’un d’eux est un mage. »

Il fallait savoir que le corps des aigles regroupait l’élite de l’élite, l’on y retrouvait donc des hommes archers, des hommes cavaliers, ou même des mages puissant et habile au combat que ce soit éloigné ou rapproché. Les deux immortels arrivaient à distinguer les silhouettes des trois hommes mais ne savait pas déterminer leurs atouts au combat.

« Nous devons les faire venir à nous, nous connaissons ces ruines, eux non. Tendons leurs une embuscade. » Finit-elle par conclure.

Alors que Lùthien alluma un feu dans la cheminé de leurs foyer, cela les attirera vers les ruines pensant qu’il y aurait de la vie. Elle se dirigea alors vers le plus grand bâtiment, très certainement une ancienne grange et grimpa aussi haut que possible. Attendant que les trois soldats s’approchent, comme elle s’y attendait, ceux-ci inspectèrent d’abord l’habitation. Maintenant ils avaient confirmation que quelqu’un habitait là.

Lùthien attendit patiemment que les soldats sortent. Elle aurait pu faire effondrer le bâtiment mais si elle l’avait fait, ils auraient plus eu d’abri pour se loger. Comme quoi, Lùthien tenait au confort minimum qu’elle possédait.

La Dame n’attaqua pas, au contraire, elle décida de partir à leurs rencontres. Descendant de son perchoir elle invoqua son armure de terre qui lui monta jusqu’au cou.

« Alors comme ça vous me chercher ? » Leurs dit-elle.

L’on pouvait voir de l’étonnement sur leurs visages. Deux d’entre eux se mirent en position défensive. Le troisième lui répondit.

« Qui êtes-vous ? Que fait un membre du peuple dans cette région ? »

« Il est vrai que vous ne devez pas me connaître, peut-être mon nom vous dira quelque chose. Je suis Lùthien Talindë, Dame protectrice de Tethien. » Lùthien marqua une pause.

« Et vous n’arriverez pas à vos fins. » Continua-t-elle.

Invoquant la roche, elle maçonna une cage, épaisse de plus d’un mètre cinquante. Les armes ne pourront rien contre cette paroi. Il y avait néanmoins plusieurs ouvertures car la Dame voulait avoir des réponses. Mais qui dit ouverture, dit flèches. Elle invoqua donc au-dessus d’eux plusieurs pics de roche, donc la pointe tombait vers le sol.

« Si vous tentez quoi que ce soit, ma concentration faiblira. »

Cela voulait bien tout dire.

« Maintenant vous allez répondre à mes questions. Qui vous envoie ? »

« L’ordre vient du Trône Blanc, nous devons balayer la zone » répondit un des soldats après plusieurs instants de silence.

Lùthien semblait sceptique, était-ce donc le Trône Blanc qui souhaitait sa mort ?

« Pourquoi le Trône Blanc veut-il ma mort ? »

Les trois soldats furent surpris. Ils allaient se mettre à répondre lorsqu’Haldren intervenait.

Oulah, stop, pause, arrêt sur image, lancez la procédure d’interception et tout le bazar ! Vous ne pensiez pas sérieusement que j’allais laisser ces trois Aigles gâcher mes plans en se montrant trop bavards avec Lùthien ? Le contrôle mental que j’imposais à la dame protectrice ne résisterait pas à une discussion approfondie et à une réelle analyse de la présence des trois prisonniers dans la zone. A l’instant où elle leur posa la question sur les raisons poussant le Trône Blanc à vouloir sa mort, ils étaient condamnés. Il s’agissait du type de question dont je ne voulais surtout pas entendre les réponses, préférant les faire moi-même.

Invoquant les ombres, j’enserrais la cage de roche d’un anneau de ténèbres absolues, anneau qui se contracta brusquement en faisant exploser la roche… et les os des trois elfes. Une démonstration d’art qui convenait parfaitement à la part sombre de mon âme : brutale, violente, aussi délicate qu’un pachyderme dans un magasin de porcelaine et aussi subtile que les émissions de téléréalité animées par ce bon vieux Dun Eyr sur BiquetteTV ! De la magie dont on laisse sauter les digues, et l’espace d’un instant je me laissais griser par cette déferlante de pouvoir qui me montait à la tête comme un doux nectar. Reprenant mes esprits, je pris la parole avant que Lùthien ne commence à s’interroger sur les raisons de mes actes.

Le Trône Blanc ne peut être lui-même derrière ta tentative d’assassinat. Bien que Dyarque soit affaibli et vive retranché dans son palais, il n’aurait pas ainsi basculé du côté des traitres. Les ordres de ces elfes ont du être donné par un elfe suffisamment haut placé pour disposer d’une réelle influence sur les troupes d’élites de l’armée… et je ne vois qu’un seul elfe répondant à cette description.

Qui allais-je donner en pâture à la rage de Lùthien ? Peu m’importait au fond, le jeu se révélait plus amusant que le but, et je fouillais les souvenirs volés à la dame pour trouver un coupable crédible.

Timérion Adantar

Je ne connaissais même pas personnellement cet elfe, ne l’avais jamais affronté ni n’avait de querelle particulière avec lui. Le simple amusement du chaos que je créais me motivait, et peu m’importait d’ailleurs qu’il soit tué par Lùthien… où qu’il la tue en se défendant.

Si des Aigles sont venus jusqu’ici, c’est que les conspirateurs ne croient plus à ta mort. Il faut agir vite, faute de quoi d’autres viendront. Tu es en danger et ta fille le sera bientôt si nous ne décapitons pas la conspiration.

Oh oui, jouer sur la peur que Lùthien ressentait pour sa fille. Cela seul la persuaderait de prendre tous les risques, voire de se mettre elle-même en danger. Utiliser son amour de mère pour l’inciter à commettre un crime, voilà bien une ironie qu’un drow pouvait savourer.

Timérion doit mourir ! Je ne pourrai pas m’approcher suffisamment de lui pour cela, mais toi tu le peux. Nous n’avons plus que quelques jours pour achever ton entrainement, suite à cela il faudra agir. Si tu réussis à l’attirer hors de sa cité, dans un endroit où je t’attendrai, nous en viendrons à bout ensemble. Mais sinon… tu devras agir seule. Te sens-tu prête ?

Sur la fin de ma tirade, j’avais posé mon bras autour des épaules de Lùthien, l’entrainant loin des cadavres d’elfes dont je me désintéressais totalement. Cependant, si j’avais été plus attentif, sans doute aurais-je remarqué que seulement deux des Aigles étaient morts. Le troisième, bien que gravement blessé et souffrant de multiples fractures, respirait encore et venait d’entendre toute notre conversation. Qui osera encore nier que les meilleures mécaniques se grippent à cause d’un simple grain de sable ?

Haldren se lança dans des explications que Lùthien avala sans aucun problème. Alors comme ça ce fut Timérion qui était derrière tout cela ? Elle en doutait, au départ, car elle connaissait cet homme de réputation. Malheureusement, elle ne l’avait pas encore rencontré. La Dame ne pouvait donc plus se fier aux dires qui sont arrivés jusqu’à elle. Lùthien devra se faire sa propre oignon. Mais comment faire ? Alors qu’Haldren lui ordonna quasiment de l’assassiner. Elle ne pouvait faire cela… Même en tant que traître, il restait un sylvain qui avait droit à être jugée.

Soit, elle mènerait sa propre enquête. Il valait avant tout rassurer Haldren sur ses intentions. La Femme lui expliqua alors comment elle allait s’y prendre. Elle mit facilement plus d’une demi-journée pour lui poser tout un tas de questions. Ensuite, ils décidèrent de passer une dernière soirée puis une dernière nuit ensemble avant de se quitter aux aurores.

J’espère que l’on se verra très vite. Lui dit-elle, caressant son visage avant de lui donner un dernier baiser.

Elle s’en alla donc, retrouver sa forêt, retrouver son chez-soi. Mais avant cela, elle fera une halte, dont Haldren n’était pas au courant. Depuis qu’elle savait à peu près manipuler le feu, son envie d’en apprendre toujours plus grandissait de jour en jour. Sa destination ? Là où il y avait une grande concentration de population. Donc en l’occurrence, elle se dirigea vers Naelis.

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Après avoir vécu plusieurs semaines aux côtés d'Haldren, sous emprise mentale, pensant qu'elle était son amante, l'amour de sa vie et qu'ensemble ils rétabliraient la paix entre leurs deux races, Lùthien dut faire face à une triste réalité.

Alors qu'elle se réveilla en sursautant dans une auberge quelconque de Naelis. Lùthien avait enfin retrouvé ses vrais souvenirs. Oui, car Haldren avait implanté toute une autre vie dans la tête de l'elfe. Alors qu'elle se souvenait de tout, même des moments passés à ces côtés. Les plans qu'ils avaient échafaudés. L'elfe se mit à hurler de douleur, de chagrin et de honte.

Jamais elle ne pourra affronter le regard de ses confrères et encore moins ceux de sa fille. C'est donc ainsi que Lùthien, la Protectrice de Tethien, envoya une dernière missive à sa fille ainsi qu'au conseil. Missive qui expliqua en détail ce qui lui était arrivé pour conclure par un adieu.

C'est ainsi qu'une nouvelle vie commença. Loin de chez elle.

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