Jys, d'Ys.

(Nom & Prénom) Jys
(Âge & date de naissance) Né en 970 du Dixième Cycle, soit 37 ans.
(Sexe) Emasculé.
(Race) Humain.
(Faction) Ithri’Vaan.
(Particularité) Jys est natif du lointain émirat de Mathaora.

(Alignement) Chaotique neutre.
(Métier) Curateur du domaine des Plaines Multicolores.
(Classe d'arme) Corps à corps.

(Équipement) Des possessions ? Jys n’en a que peu. C’est que, tout Curateur qu’il soit, il demeure un esclave dans le patrimoine de son maître Buhasaiah ; et tout ce que Jys possède, il ne tient que de la main du Démon des Plaines Multicolores, lequel peut à tout moment s’en ressaisir.
      Alors les propriétés de Jys, celles qu’il ne s’attribue qu’à lui, c’est dans le Domaine qu’il faut les rechercher, dissimulées ici ou là par les soins du Curateur. Buhasaiah n’est qu’un homme de piètre goût, indifférent aux étoffes et aux parfums. Sous réserve que les œuvres soient suffisamment éclatantes pour révéler la fortune du Maître, Jys est libre de faire entrer dans le Domaine ce qui lui plaît. C’est là que le Curateur exerce son talent, dans le choix des tentures et la disposition des draperies, dans l’agencement des bois et l’ordonnancement des pierres. Jys a la curiosité intriguée de ceux qui exigent de la beauté qu’elle les surprenne. Pour alimenter le Domaine, la Curateur échange avec les plus lointains des artistes : il fait venir de Langehack la batiste et l’arachnalie, et c’est à Thanor qu’il va puiser ses statues étincelantes. On l’a vu souvent palabrer avec les caravanes multicolores du Peuple des Chemins lorsqu’elles font étape à Ys, car ceux qui marchent amènent depuis l’autre bout des terres l’art et la connaissance. Ainsi le Domaine des Plaines Multicolores est-il devenu aujourd’hui, sous la main sûre de son Curateur, une manne raffinée.

(Description physique) Jys a les épaules étroites, et la silhouette maigre, du garçonnet qu’on a empêché de devenir homme. Ses doigts demeurent fins et élégants, encore que des années de labeur les aient couverts de corne et de nodules ; son pouce semble à jamais entaillé par la marque que la plume d’oie imprime à la main du comptable assidu. Il n’a pour le reste rien de remarquable, car ainsi doivent être les esclaves. Jys s’est dévoué au Domaine, c’est la richesse de celui-là qui habille celui-ci : ce sont les biens qui resplendissent en lieu et place de leur piètre Curateur. Jys ne se distingue que par son œil unique, car une pièce de cuir masque son orbite gauche, qui n’a jamais été pourvue que d’un organe chétif. Certains y verront les traces de l’ascendance confuse et tumultueuse de l’homme, qui sent en ses veines se bousculer des sangs de tous les territoires. Sa peau grisée, sa pupille à l’éclat presque rouge, ses cheveux rares et ses oreilles fines, confirment que la nature a fait sur Jys d’étranges arbitrages, et même pris quelques paris déraisonnés.

(Description mentale) Il faut, pour être Curateur, la rigueur d’un arithméticien, contrebalancée par la bouffonnerie de l’esthète, et nivelée par le dévouement servile de l’esclave. A ces penchants contradictoires, Jys offre le creuset de son esprit doux et paisible. Le Maître Buhasaiah a certes un tempérament débordant ; mais si large qu’il s’efforce de le répandre, il ne remplit pas totalement les limites du Domaine. C’est dans ces interstices de silence que Jys a articulé sa vie. Sans descendance ni liberté, et sans fortune personnelle, cette existence est tout entière vouée à l’art qu’il amasse.
      Quoique, tout entière, c’est là un mensonge. Bien qu’on ait tranché son désir, Jys conserve un cœur battant. Il n’est pas dit qu’une femme ne puisse le ravir, et peut-être même est-ce déjà fait.

(Capacités magiques) Néant.

(Histoire)
      Si un jour vous quittiez l’Agora d’Ys par l’Ouest, laissant derrière vous les étals aux mille épices, vous ne pourriez manquer ce vaste ensemble coiffé d’une demeure orgueilleuse : voilà le Premier Palais. Ce n’est que la pépite la plus saillante dans le Domaine des Plaines Multicolores, qui englobe toutes les possessions de son fortuné maître Buhasaiah, depuis des flottilles de commerce jusqu’à quelques villages éparpillés dans le delta baignant Ys. Auguste fortune dans ce recoin du monde, mais piètre richesse  l’échelle de l’Ithri’vaan tout entier. Buhasaiah a fait bâtir ce Premier Palais presque accolé à l’Agora, selon la tradition des marchands de la ville, pour faire l’étalage de sa fortune aux yeux de tous. Vous pénétreriez ainsi par des courettes percées de  riches fontaines, ceintes de bosquets aux essences précieuses, ajourées de fleurs bariolées. Ces jardins s’étagent en une harmonieuse progression jusqu’aux marches du Premier Palais, lequel a été conçu pour donner au visiteur une sensation d’irrépressible écrasement. Vous graviriez ces marches, salueriez les soldats aux uniformes bigarrés, et pénétreriez alors dans le patio principal dont le sol est dallé, par endroits, de quelques blocs de marbres repris aux anciennes sépultures nisétiennes. Plutôt que de poursuivre dans les halls frais et parfumés, qui ouvrent sur des jardins plus splendides encore et dont vous apercevriez déjà les éclats, vous piqueriez immédiatement sur votre droite, Il y a là une petite porte masquée. Vous pousseriez cette poterne cachée dans la mosaïque et investiriez le colimaçon tortueux, dont les premières marches viendraient de se révéler devant vous. En prenant garde à ne pas vous cogner le front, car le plafond est bas dans cet escalier sinueux, vous monteriez quatre à quatre. Vos pas soulèveraient une fine poussière, preuve que nul n’emprunte souvent dans ce passage méconnu. Montant encore, vous n’apercevriez que des fenêtres étroites, étriquées, laissant filtrer une maigre lumière, à peine suffisante pour discerner les marches qu’il vous faut monter. Enfin, après une longue course, vous arriveriez devant une autre poterne, celle-là de bois vermoulu, et qui craquerait lorsque vous la pousseriez. Alors, vous seriez dans une pièce basse, rétrécie, écrasée, et pauvrement décorée, car elle n’a été pensée que pour accueillir les esclaves de Buhasaiah. Pourtant vous constateriez bien vite que plus aucun esclave n’y vit, et qu’à présent, on y trouve un seul et unique objet, et bien étrange : c’est une forme oblongue posée à terre, à même le sol de pierre sale. Vous hésiteriez à la saisir, vous souffleriez pour en écarter la poussière, puis enfin vous y glisseriez deux doigts et, faisant jouer les cordons qui retiennent le tout, vous comprendriez que c’est là une longue tapisserie, brodée pauvrement mais habilement. Vous la déplieriez de tout son long, et elle remplirait presque entièrement la pièce exiguë dans laquelle on l’a remisée. Vous verriez alors les dorures et les cuivres, l’encre vermillonne et la graphie habile, et l’entrecroisement délicat des fils couleur topaze. Au sommet, vous liriez un nom : Jys ; au-dessous, écrite au début dans une langue simple d’enfant, puis dans un vocabulaire plus recherché, et parsemé çà et là de quelques mots des patois de Mathaora, vous découvririez une histoire fort singulière.

      Jys naquit en l’an 970 du Dixième Cycle, dans les lointaines terres cramoisies de Mathaora, près d’Hurza. Il vint au monde non pas d’une Fehdji à la peau de cuivre, mais d’une Brisher aux flancs pâles, nommée Itjabyl. Sur la tapisserie qui retrace sa courte vie, Jys n’a inscrit à propos de cette première époque que peu de choses, car il ne s’en souvient qu’à peine. On voit un soleil ardent et des dunes moutonnantes, le tout surmonté de quelques mots étranges, aux lettres incertaines ; il a oublié le sens même de ces mots, pour n’en garder que la musicalité, malhabilement rendue par ces lettres flageolantes. Nul doute que tout cela s’est obscurci dans l’esprit de Jys. Toutefois il se dégage de ces dessins enfantins une impression de douceur, confortée par les couleurs tièdes ou chaudes dont le gamin a habillé son enfance. Les perspectives y sont cependant écrasées : c’est que depuis sa naissance, le garçon n’a qu’un seul œil valide ; il cache l’autre sous un bandeau.

      La deuxième époque, au contraire, est tissée dans des teintes noirâtres, à l’opposée dans broderies solaires. 984, l’année a été ombrée d’une main encore tremblante. On voit des sables soudain rouges, et sur les dunes lointaines des hommes saillissent des femmes. Après cela, plus aucune mention du désert, ni des collines au nord d’Hurza, car Jys et sa mère ont été arrachés à leur patrie. Ce que l’on voit, dans ces tours de glaise, dans ces bicoques branlantes, et dans ces palais impérieux, c’est la ville où domine Buhasaiah, l’injuste Ys. C’est ici un passage fort sombre, vide de lumière, comme une tache d’encre au milieu de la tapisserie. Cette masse de noir n’est percée que d’un unique éclair, rouge, mais d’un rouge froid. La foudre s’abat sur un arbre sans fruit, à côté de quelque pince fort acérée. C’est que Buhasaiah, lorsqu’il fit enlever Itjabyl et qu’il la prit pour épouse, apura la vie antérieure de sa nouvelle conquête. De son nom aux sonorités du Sud, il ne laissa qu’une forme aseptisée, car il la renomma Isabelle ; et résolu de lui donner un nouveau fils, Buhasaiah s’assura que le premier enfant, Jys, demeurerait un bourgeon stérile. On a brodé là une longue bande triste, comme le seuil d’une vie d’ingrate servitude.

      Sous le chiffre 985 sommeille un nourrisson, sur le crâne duquel germent déjà quelques cheveux de feu. La naissance de Sheera ouvre sur la tapisserie une période inattendue, turbulente mais joyeuse, traversée de couleurs bondissantes. On y voit l’enfant grandir et devenir femme, on voit sa poitrine s’alourdir et ses hanches s’évaser, on voit les prétendants prétendre et les soupirants soupirer. De ce jeu de la séduction, que la flamboyante Sheera a très jeune imposé à tout Ys, lui, Jys, a vu l’envers : ce sont les courtisans qui, sous les fenêtres de la belle, se répandent d’impatience dans les buissons fleuris, ou bien se consolent entre les reins tarifés des mesdemoiselles du port. Ces scènes grivoises, dépeintes avec un humour amer par celui qui ne connaîtra plus guère les tourments des mâles, s’achèvent au jour où Sheera, laissant tout à la fois un œil et son nom, devint Zarina. C’est, brodée dans les fils les plus précieux, une silhouette altière et généreuse, celle d’une femme pleinement formée, quoique de dix-sept ans à peine. Cette robe outrageusement courte, et ostensiblement échancrée, il est ardu de l’attribuer à la licence du castrat, ou à l’indécence du modèle.

      Entre-temps, le Onzième Cycle s’était ouvert, paisible et algébrique. Jys y a esquissé, en quelques traits hâtifs, les grands livres de comptes sur lesquels il a épuisé ses yeux, et noirci la paume de ses mains. C’est que, devenu Curateur du domaine des Plaines Multicolores, il s’est dévoué à l’exactitude des chiffres dans cet empire d’argent, roulant sur les tractations, croulant sous la corruption, et sur lequel règne un Buhasaiah vieillissant.

      La tapisserie est déjà fort longue, et chargée de couleurs multiples. Il ne reste plus, en bas de tout cela, qu’un espace maigrelet, sur lequel Jys a dessiné au fusain, sans application. On y aperçoit des tavernes miteuses, des ombres dans la nuit, et des ordres qu’on s’échange sous cape. Le Curateur, lui qui est un peu moins qu’un homme, lui à qui on a arraché un œil, a résolu de nuire à Buhasaiah. Plus que de chiffres et de sommes, l’esprit de Jys bruisse de machinations et d’accords dérobés, par lesquels il ouvre à abattre le tyran ; mais avec délicatesse. Et, quoique veillant à la prospérité du Domaine, il travaille doucereusement à l’anéantissement de l’homme.

      Enfin, sur le bord droit de la tapisserie, un liséré vierge demeure encore à tisser.

HRP

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(Comment as-tu connu le forum ?) Un Topsite il y a cinq ans.
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Citation :

on y trouve bien sûr quelques terres (que j'ai situées dans les petits villages environnant Ys)

BG d'Ys a écrit:

Ceux qui ne peuvent se le permttre vivent dans des taudis le long de la côté, loin de l’Agora, où dans les quelques villages qui gravitent autour d’Ys.
Il y a deux fautes dans cette phrase pourtant tirée du BG, saurez-vous les trouver ?

Dun Eyr a écrit:

Owi :D

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