[un pan du passé][Mera] la lame et la plume

Sujet: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Sam 5 Sep 2015 - 12:09

Favrius 934 du 10e Cycle
Palais de Mera

Après quelques passe d'arme avec trois ennemis imaginaires, Halya se laissa tomber sur une pierre en poussant un soupire à fendre l'âme. Cette cité la rendait claustrophobe et les Protecteur avaient passé des heures à bavarder de choses et d'autres avant que celui qu'elle devait escorter ne se retire enfin dans ses appartements, lui laissant quelques heures de liberté avant un sommeil bien mérité... Si elle ne s'éloignait pas, bien entendu.
La politique... Un sacré paquet de nœud qu'il faut savoir équilibré. Franchement, elle les enviaient pas ces politicards. Mais comme d'habitude elle n'avait pas put fermer sa bouche... !

Unmiriel marcha jusqu'à elle de son pas claudiquant pour poser son énorme tête sur les genoux de sa mère. Halya laissa fleurir un sourire attendrit en passant la main dans son épaisse fourrure grise... Et sourit de plus belle lorsque Randil vint asticoter son frère en lui mordant l'oreille pour avoir la place.

« C'est pas bientôt fini vous deux ? »

Au bout de quelques instants, elle se releva d'un bond pour se mettre à leur hauteur et les séparer en riant. Le jeu dégénéra vite, les deux énormes bêtes bousculant l'elfe jusqu'à la faire presque tomber... Mais jamais tout à fait. Après quelques minutes de ce jeux où l'elfe finit par mettre sur le dos un Unmiriel vaincu, elle replongea plus ou moins dans ses pensée, toujours plus ou moins chahutée par ses deux grosses bêtes.

« Allez... avec un peu de chance, je ne serai pas passé pour une parfaite idiote et il ne m'en tiendra pas rigueur. Dans quelques ennéades, on retrouvera Sandriel et Miranh !»

Elle aimait son job... Mais pas les escortes. Être couper de son groupe, c'était déjà comme perdre une partie d'elle-même... Alors quand en plus il n'y avait rien à chasser ni à combattre dans les environs, c'était d'un ennuis.... mortel.

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Sam 5 Sep 2015 - 22:35

La politique, un paquet de nœuds? L’image ne pourrait pas être mieux choisie. S’il ne rejetait pas ses responsabilités, il semblait à Kalendrilh qu’il devait gérer des plaintes et régler des problèmes plus souvent qu’autre chose. Il regrettait parfois sa vie d’avant ou tout lui semblait plus simple, mais des gens comptaient sur lui et il n’avait pas l’intention de les laisser tomber.

En tant que protecteur, Kalen était souvent amené à rencontrer d’autres protecteurs, se succédant les uns après les autres avec une escorte plus ou moins importante pour traiter des problèmes à plus grande échelle. Parfois, il ne s’agissait que d’une visite de courtoisie, mais même dans de pareilles occasions, il y avait toujours des motifs cachés qui faisaient leur apparition aux moments jugés les plus opportuns. Aujourd’hui, il recevait le Seigneur Protecteur Tiril. Comme d’habitude, Kalen n’avait pas ménagé les efforts pour recevoir son hôte et le palais scintillait littéralement sous l’effet des lumières magiques. Toutefois, ce n’était pas lui qui avait retenu l’attention du protecteur, mais la femme qui l’escortait. Non, il n’avait pas ce genre d’intérêt pour elle, c’est plutôt la remarque qu’elle laissa échapper alors qu’il échangeait avec son protecteur qui attira son attention. Normalement, aucun garde ne devait parler à moins d’y avoir été invité et ce n’était pas son cas. Il faut dire que le débat tournait en rond depuis un moment déjà et que même Kalen, d’ordinaire très patient, commençait à s’ennuyer. Sa voix trancha comme la lame d’une épée, coupant court à leur tergiversation. Le protecteur avait haussé un sourcil, mais n’avait rien dit sur le coup. Après tout, elle n’était pas sous sa responsabilité et avait laissé le protecteur d'Ardamir s’occuper de la situation.

Plus tard en soirée, les propos tenus par la femme lui revinrent à l’esprit. Elle avait une opinion tranchée et n’utilisait peut-être pas les bons mots pour s’exprimer, mais elle n’avait pas tort. Sa réponse était intelligente et tout à fait sensée, mais cette solution, aussi brillante soit-elle, pouvait difficilement être appliquée dans leur contexte. Une autre chose que Kalendrilh avait apprise de la politique, c’est que tout était toujours plus compliqué qu’on le pensait et qu’il n’y avait aucune solution parfaite.

Alors qu’il se rendait à ses appartements après avoir consacré quelques heures à ses études, un bruit attira l’attention de Kalen. Il avait l’impression que quelqu’un se chamaillait. Il commençait à se faire tard et il se demandait ce qui pouvait bien se passer. C’est alors qu’il vit l’escorte Ardamirie en train de s’amuser avec deux loups d’une taille tout à fait monstrueuse. Elle s’amusait avec ces bêtes comme s’il s’agissait de chiot et, à la grande surprise de Kalen, ils agissaient effectivement ainsi. Il resta un moment à les observer dans l’ombre lorsqu’une parole de l’elfe lui fit comprendre qu’elle se sentait un peu mal face à ses agissements d’un peu plus tôt en journée. Kalen décida d’intervenir.

— Idiote n’est pas le mot que j’aurais utilisé, si ça peut vous rassurer. Effrontée, peut-être, mais ce n’est pas toujours un défaut, surtout pas devant deux protecteurs dont la discussion ne fait que tourner en rond depuis des heures.

Kalendrilh se tenait en haut des marches. Il avait changé ses vêtements depuis l’après-midi. Il portait maintenant une sorte de long manteau gris qui touchait le sol avec des détails d’argent scintillant et des manches très amples. Dessous, on devinait une tunique qui descendait jusqu’à ses genoux avec un pantalon et des souliers de feutre, le tout dans les mêmes teintes de gris et d’argent que le manteau. Avec ses cheveux blancs et sous la lumière artificielle, ça lui donnait un air éthéré.

— J’espère que votre Protecteur n’a pas été trop dur avec vous…

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Dim 6 Sep 2015 - 10:44

La voix du maître des lieux fit sourire Halya.

« Seigneur Fandoreth... »

Elle n'avait entendu que ses derniers pas et le frottement lourd de son manteau sur le sol, mais s'il y avait eut le moindre problème, ou le moindre doute, Randil et Unmiriel auraient réagi au quart de tour. La peur et l'agressivité avaient pour eux des odeurs bien réelles inaccessibles aux elfes... Sans parler du bruit ou de l'éclat des lames.

Mais malgré les paroles plutôt familières de cet homme, il s'agissait d'un Protecteur. Elle se redressa et fit souplement volte-face pour se mettre presque au garde-à-vous sans se départir de son sourire. Aussitôt, les deux loups laissèrent leurs jeux pour s'asseoir à son côté, attentif. Un être si pâle qu'il aurait pu s'agir d'une apparition se tenait là, en haut des marches.

« Merci de ne pas me tenir rigueur de cet écart, mais je n'aurais pas dû faire cette réflexion... En tout cas pas de cette manière... »

On ne s'adressait pas à un protecteur sur un ton passablement... Agacé, même si on faisait partie de l'élite de l'armée et qu'on avait l'habitude de donner des ordres plutôt que de les recevoir depuis plusieurs décennies. Surtout quand on se faisait deux Protecteurs pour le prix d'un...

Mais plus que de ne pas lui en tenir rigueur, le Protecteur allait même jusqu'à s'inquiéter pour elle ?

« Non, ne vous en faites pas. S'il ne me supporte vraiment pas, ce n'est pas grave, plus que 23 jours et je serais enfin de retour à Ellyrion... »

Et voilà... L'insubordination chronique de Sandriel déteignait vraiment sur elle... Ou peut-être qu'elle avait juste pris cette habitude parce que justement, à côté de Sandriel, tous les soldats avaient l'air du plus respectueux des élèves...

« Veuillez m'excuser. Je ne voulais pas paraître irrespectueuse. Prenez tout cela pour le langage un peu trop franc d'un soldat loin de ses troupes. Je n'ai pas l'habitude de ces ronds de jambe, mais croyez bien que j'ai un immense respect pour l'abnégation dont vous faites preuve... »

Elle ne pouvait pas nier que le protecteur de Mera lui avait paru étonnamment distant lors de leur première rencontre... Non... Distant n'était pas le bon terme, mais elle n'arrivait pas à trouver mieux. Pourtant, et même si elle était aussi heureuse de servir de paravent à l'un d'eux que d'être coincé chez elle à faire du crochet, elle avait toujours eut une très haute opinion des Protecteurs et de leur entourage. Son père avait plutôt réussi son coup de ce côté-là.

« On dit souvent que la diplomatie est la guerre des gens d'esprit. » Ajouta-t-elle alors que son sourire s'étirait légèrement.

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Dim 6 Sep 2015 - 14:22

Kalen comprit qu’elle ne s’attendait pas à le trouver là, mais que la surprise n’était pas désagréable à en juger le sourire affiché sur ses lèvres. Lui-même ne souriait pas, mais ce n’était pas nouveau. L’elfe ne souriait presque jamais, mais son attitude détendue et la nature de ses propos semblaient démontrer qu’il était plutôt de bonne humeur. Les gens lui reprochaient énormément ce masque impassible qui lui servait de visage, mais c’était dans sa nature et c’est difficile de changer ce que l’on est. D’un geste de la main, il lui signifia qu’il était inutile de s’excuser, car jamais il n’avait été fâché contre elle, mais quand elle lui dit qu’il ne restait que 23 jours avant de retourner à Ellyrion, Kalen s’exclama et l’ombre d’un sourire apparut sur ses lèvres.

— Un elfe qui compte les jours doit être très impatient. Je ne peux guère vous le reprocher. Moi-même, il m’arrive parfois de compter les heures avant de pouvoir retourner à la quiétude de ma bibliothèque. Sachez cependant que votre petite intervention n’a pas été vaine. Elle m’a donné quelques pistes de solution que je partagerai demain avec mon confrère. À vrai dire, je crois bien que vous avez sauvé la situation.

Il descendit quelques marches sans pour autant aller rejoindre l’elfe et ses loups. Les bêtes semblaient calmes et dociles, mais il s’en méfiait malgré tout. Il n’avait pas envie de subir une fois encore une attaque comme il avait vécu quelques décennies plus tôt.

— J’ai été soldat moi aussi et même si je suis prêt à reprendre les armes à tout moment pour défendre Mera, j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui vouent leur vie entière à la protection de ces terres. Je suis un érudit qui trouve sa force dans les livres… Ou je suis un vieil elfe qui se ramollit avec le temps, selon les points de vue.

À la remarque d’Halya, Kalendrilh leva les yeux vers le ciel avant d’acquiescer doucement.

— La diplomatie est en effet une guerre de mots et il ne faut pas sous-estimer le pouvoir d’une parole prononcé. Les mots peuvent blesser plus efficacement qu’une lame ou apaiser une meurtrissure de l’esprit. Nous avons une vie très longue et une mémoire plus longue encore, alors imaginer l’effet d’une parole prononcé qui soulève un doute dans l’esprit de celui qui la reçoit. Le doute peut anéantir un royaume entier… J’ai parfois l’impression que la politique est comme danse ou le moindre faux pas est sévèrement critiqué.

Le palais était très tranquille. Il devait y avoir une sentinelle postée non loin, mais elle n’était pas visible de là où il était. Il pensa soudainement à son fils qu’il n’avait pas vu de la journée. Le jeune elfe lui avait confié son envie de partir avec un petit groupe d’archer pour surveiller les frontières délimitant le territoire de la citée, mais il ne savait pas s’il avait mi son idée à exécution ou non.

— Je suis désolé si je ne m’approche pas plus de vous, mais vos loups me rendent, bien malgré moi, un peu nerveux. Comme vous êtes peut-être déjà à même de le constater, j’ai survécu à une rencontre mouvementée avec une bête sauvage il y a déjà des années de cela alors que mon fils n’était encore qu’un adolescent. Si ça n’avait pas été de l’intervention obstiné de l’un de mes mages, je ne suis plus de ce monde, mais j’ai gardé de profondes cicatrices autant physiquement que dans mon esprit, je le crains.

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Lun 7 Sep 2015 - 14:40

La franchise du Protecteur au sujet de sa prise de parole surprenait Halyalindë au delà des mots... Mais ce n'était pas désagréable de savoir que son avis avait put être utile... Et que pour une fois il ne servirait pas à détruire des vies.
Mais ce qui la surprit peut-être davantage encore fut le très léger sourire qui illumina le visage d’albâtre du Protecteur. Cela lui donnait un air moins retenu, presque moins doux.

Elle ne le connaissait que depuis quelques jours mais avec les loooooooooooooooooongues discussions aux quelles elle avait eu l'occasion d'assister, malgré une attitude plutôt détendue, elle ne l'avait pas vu esquisser une seule fois une expression franche. Et honnêtement, elle ne l'imaginait pas capable de le faire sans se froisser un muscle...

Mais finalement, le Protecteur semblait même capable de faire de l'humour... de loin cependant, comme si trop s'approcher de la militaire risquait de le blesser.

-Je pense que ni vous ni moi ne faisons grand cas de ceux qui sous-estiment l'érudition et préfère voir en un Portecteur un vieil homme ramolli plutôt qu'un homme sage.

Alors cet homme avait été soldat. Voila qui expliquait sûrement la cicatrice sur son visage... Mais étrangement, son maintient n'avait rien de particulièrement guerrier... Elle n'aurait jamais trouvé par elle-même... Mais lorsqu'il parla du poids que pouvaient avoir de simples mots sur la durée, elle ne put s'empêcher de penser que cela ne suffisait pas.

Que ce soit pour semer le doute ou guérir les meurtrissures, si on ne se contentait pas de simples éraflures, les mots suffisaient rarement. La main de la jeune femme se posa distraitement sur la tête d'Unmiriel. Peut importe la complexité des pas que l'on pouvait tenté, les actes finissaient toujours par être nécessaires, et un grand malheur était parfois indispensable pour pour envisager une meilleur voie.

Mais elle ne dit rien.

Elle allait faire quelques pas vers le protecteur lorsqu'il lui expliqua la raison de sa distance. Sans y penser, elle attrapa le rebord de la cape en fourrure qui lui battait le dos et retombait sur son bras droit. Puis elle tourna la tête vers les deux modèle de loup géant qui l'accompagnaient... alors que Randil mordillait encore l'oreille de son frère impassible, avant de revenir sur le Protecteur.

-Oh... Je suis désolée de l'apprendre. J'espère que votre fils se porte bien également.

Ils ne la suivaient pas comme des chiens. Elle pourrait sans doute s'éloigner un peu avec le Protecteur tant qu'elle restait à portée de regard et d'odorat.

Mais soudain lui apparut l'étrange vérité : elle avait passé deux siècle a essayer de leur apprendre à rester sage en présence d'autres elfes sans pour autant brider leurs instincts de loup ou en faire de parfaites bêtes de salon... Mais leur demandé de rester à distance... Non seulement elle n'en avait pas envie, mais elle n'en avait pas non plus le pouvoir sans les punir assez férocement.
Une meute restait groupée. Ils chassaient ensemble, vivaient ensemble, dormaient ensemble. Un comportement plus que salutaire lorsqu'elle était en mission. A part le fait qu'ils n'aient parfois pas le droit d'entrer dans une ville ou un bâtiment – et encore c'était toujours compliqué – ils étaient libre de leurs mouvements.

Parfois elle se demandait ce qu'il en serait si elle déposait les armes et retournait vivre dans une Cité. Elle avait eu l'habitude des ignorant qui avaient peur de Randil et Unmiriel. Elle avait pris le parti de les ignorer. Mais là, c'était différent... Elle se retrouvait aujourd'hui dans une situation qu'elle n'avait jamais imaginée.

-Je comprend votre réticence... Mais vous n'avez vraiment rien à craindre. Je les considère comme ma famille. Où je vais, ils vont. Et... Je serai bien incapable de renvoyer ce que Kÿria a mis sur ma route. Leur mère à bien failli emporter définitivement mon bras, mais sans eux, je ne serai plus de ce monde.

Tout en gardant un œil sur les deux loups qui recommençaient à jouer, comprenant à l’attitude des deux elfes que le moment de détente n'était pas nécessairement fini, Halya franchit la distance qui la séparait de son interlocuteur.

-Mais j'essaierai de faire en sorte qu'ils ne vous approchent pas.

Elle hésita un instant.

-Je dois avouer que quelque chose m'intrigue... Puis-je vous demander pourquoi vous avez déposé les armes pour faire de la politique ?

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Mer 23 Sep 2015 - 1:18

— Si je devais m’arrêter aux commentaires que j’entends sur moi, il y a longtemps que j’aurai abandonné mon poste. Je retire une grande satisfaction de ce que je fais et je ne dois pas faire un si mauvais travail. D’ailleurs Mera tient toujours, je crois que c’est assez bonne preuve de mes compétences.

Kalendrilh ressentait toujours un certain malaise lorsqu’il parlait de l’incident qui avait failli lui couter la vie. Il faut dire que la discussion était inévitable ses cicatrices étant bien visible. En plus, il devait justifier le fait qu’il se tenait éloigné alors que rien n’aurait pu justifier cela. Il ne passait pas pour un homme particulièrement sociable, mais il y avait quand même des limites à rester dans son coin.

— Il va très bien et s’en est tiré sans la moindre égratignure. Au lieu de fuir tous les deux, je suis resté derrière pour attirer l’attention de la bête, laissant ainsi une chance à mon fils de s’en sortir. Il est allé chercher les secours qui sont arrivés justes à temps pour me tirer de ses griffes. Je ne sais pas exactement quel animal m’a attaqué. J’en garde qu’un très vague souvenir, mais elle avait des dents et de bonnes griffes.

Il se força à sourire question de dossier un peu de vie à son visage et à chasser le malaise qu’il ressentait. Cette femme tenait à ses loups et il pouvait le comprendre. Ils font de redoutables compagnons, même s’ils ne semblaient pas si redoutables à les regarder se chamailler comme des chiots. Kalen décida de prendre un peu sur lui et descendit lentement les marches pour s’approcher de la femme soldate.

— Ça ne sera pas nécessaire. Il est temps que je prenne un peu sur moi, je crois. Il me semble avoir dit que je ne suis pas le genre d’homme à fuir… l’évitement n’est qu’un mot plus long pour fuite.

Il passa ses bras derrière son dos. La question d’Halya était légitime et on lui avait déjà demandé par le passé.

— En fait… Je crois que vous l’avez déjà remarqué, mais je n’ai rien d’un soldat. Je suis un érudit et je tiens cette soif de connaissance de ma mère et de sa famille. Mon père était soldat. Enfin, il n’était pas seulement un soldat, il était un stratège. J’ai voulu suivre son exemple, car je l’admirais. Je me suis battu à ses côtés, jusqu’à ce qu’il tombe à la bataille d’Uraal où j’ai également été blessé. C’était… chaotique. La plupart des commandants de Mera étaient morts ou incapables de donner des ordres, alors j’ai quelque peu pris les commandes. J’ai plus ou moins donné des ordres, rassemblé les hommes en leur donnant quelque chose à faire. Dans ce cas-ci, c’était s’occuper des blessés, mais aussi rassembler les morts. Bref, après cet épisode, j’ai repris une vie normale, mais visiblement, on s’est souvenu de moi. Lorsque le précédent protecteur est mort, mon nom fut mentionné parmi tous les candidats potentiels. Finalement, j’ai été élu. Mon ascension politique n’a rien d’extraordinaire. Je me demande même pourquoi on a pensé à moi. Quoi qu’il en soit, je suis ici et je fais de mon mieux pour faire honneur à cette confiance qu’on m’a accordée.

Kalen marqua une brève pause avant d’ajouter.

— Je dois admettre que je suis moi-même intrigué par votre présence ici alors que vous semblez vraiment vous ennuyer. Ne soyez pas vexé, mais vous êtes clairement une femme d’action et ici… Le palais est un lieu très paisible…

Il ne voulait pas dire ennuyant, car lui-même aimait cette ambiance paisible, mais ce n’était visiblement pas un sentiment partagé avec la guerrière.

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Sam 10 Oct 2015 - 21:19

L'attitude du protecteur était... Brave. Il n'y avait pas d'autre mots. Cet homme qui avait été profondément blessé par une bête féroce et qui avait préféré donner sa vie plutôt que de voir son enfant en danger faisait face à Randil et Unmiriel alors que même les têtes brûlées des amis de l'Aigle avaient mis des mois à s'habituer à leur présence. En descendant quelques marches du perron, Kalendrilh avait gagné le respect de la jeune femme sans difficulté.

Elle écouta la réponse à sa question indiscrète avec la plus grande attention. Mais une fois terminer, elle ne put s'empêcher de répondre une nouvelle fois de façon assez directe.

-Vous êtes bien sévère envers vous même. La bataille d'Uraal était plus que... chaotique. Si vous avez réussi à rétablir l'ordre, même très légèrement, je comprends qu'on se soit souvenu de vous comme d'un meneur prêt à veiller sur les siens.

— Je dois admettre que je suis moi-même intrigué par votre présence ici alors que vous semblez vraiment vous ennuyer. Ne soyez pas vexé, mais vous êtes clairement une femme d’action et ici… Le palais est un lieu très paisible…

La remarque, on ne peut plus vrai au demeurant, fit largement sourire Halya. Elle avait beau faire des pieds et des mains, elle ne pouvait cacher que trop de tranquillité lui donnait des angoisses. Une vie paisible... Voilà qui n'était plus pour elle depuis bien longtemps !

-C'est si visible que ça ? Si le Seigneur Protecteur à quelques minutes à perdre, je serais ravi de découvrir un ou deux recoin de ce palais, proposa-t-elle avant de continuer au gré du bon vouloir du maître des lieux. Il paraît qu'un jour de paix est le rêve de tout militaire... Le problème, c'est quand ces jours se suivent encore et encore je suppose... Disons que j'en ai trop fait pendant l'une de mes missions. Il ne m'appartient pas d'expliquer en détail notre objectif, mais mon équipe habituelle avait été rejointe par six autres personnes. Deux des mages de notre escorte se sont retrouvés coupés des autres et en mauvaise posture. Tenter de mettre en place une percée sûre aurait eu de grande chance de leur coûter la vie. Alors j'ai été le récupérer avec mon plus proche frère d'arme. Ça a marché, mais mon ami a faillit perdre un œil et une main. J'ai moi même été très lourdement touchée.

Une décision précipitée et inconsidérée d'après des supérieur qui gardaient un œil attentivement braqué sur Halya et Sandriel. Ces deux imbécile étaient l'un et l'autre de fortes tête mais leur présence avait plusieurs fois été salutaire pour des opérations dangereuses. Surtout, l'un comme l'autre était entièrement dévoué aux autres ce qui leur avait plus d'une fois joué des tours. L'un pour insubordination et l'autre pour mise en péril inconsidéré de sa propre vie. Une véritable équipe de choc... Mais cette fois ils n'avaient pas échappé à un léger recadrage. Bien sûr, officiellement, ce n'était que des affectations de routine pour leur laisser le temps de se remettre, mais le simple fait de dissoudre leur petite équipe et de les envoyé à des semaines de route les uns des autres...

-Je suis originaire d'Ardamir et le Seigneur Protecteur avait besoin de quelqu'un pour veiller sur sa famille. Après ma convalescence, on m'a demandé de remplir cette tâche.

Ou plutôt le Capitaine avait presque forcé le Seigneur Protecteur à prendre un Aigle parmis sa garde rapprochée, pour veiller sur lui et sa famille... Ardamir était une cité sans mur ni frontière qui subissaient parfois au cour d'un siècle, une attaque que les Limiers ne pouvaient pas prévoir. Certes, ils vivaient dans une époque troublé et certains événements qui s'étaient produit à bas bruit à la capitale laissaient présager de bien pire encore qui méritaient de prendre certaines précautions. Mais de là a dire que la vie quotidienne d'Ardamir n'était pas paisible, il y avait tout de même un monde.

-Le reste vous apparaîtra sans doute facilement. Je reste en temps normal en Ardamir mais le Protecteur a voulu m'av...

Sans détourner son regard du protecteur, la militaire dégaina sa dague de la main droite. Son regard s'était fait soudain glacial. Un jappement retenti un peu plus loin. Halya n'hésita pas plus et se jeta littéralement au coup du Seigneur pour le plaquer au sol. Un froid polaire passa à l'endroit ou les deux elfes discutaient une fraction de seconde avant. Le bruit d'un objet qui se brise contre une paroi. Elle se remis aussitôt sur pied et lança vers l'angle d'un passage à quelques pas de là.

Avant qu'elle n'y parvienne, un tout jeune homme, à peine un adulte, reculait pas à pas hors de la pénombre, tremblant. Le fait que deux énormes loups l'ait contourné et le menaçait de leur babines retroussées n'était peut-être pas étranger à sa panique.

Halya lança par dessus son épaule.

-Pardonnez-ma brusquerie. Vous ne vous êtes pas fait mal ?

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Jeu 15 Oct 2015 - 0:20

On ne pouvait pas dire qu’il était entièrement confortable de se trouver si près de ces deux gigantesques bêtes, mais il avait confiance en la femme elfe. La seule façon de vaincre ses peurs était de s’y retrouver confronter. Évidemment, ça faisait resurgir de douloureux souvenirs, mais le seigneur protecteur gardait son calme. Ce n’étaient que des souvenirs d’un évènement passé auquel il avait survécu et il savait que ces loups n’allaient pas lui faire du mal à moins qu’Halya n’en donne l’ordre.

Kalendrilh avait toujours été dur avec lui-même au point de se fixer des objectifs difficiles, voire impossibles à atteindre. Il acceptait difficilement ses échecs, mais était étonnamment moins dur avec les gens de son entourage. Évidemment, ses attendes variaient selon la situation, mais il était rarement contrarié devant un échec d’un autre, surtout s’il savait que la personne avait fait tout son possible. Après tout, il y a toujours des éléments hors de notre contrôle.

Ainsi il avait bien cerné cette femme. Elle s’ennuyait et avait désespérément besoin d’un peu d’action. Il pouvait comprendre ce sentiment. Lorsque l’on est habitué à un certain rythme de vie, il est difficile d’en changer sans ressentir certains effets sur notre moral. Il écouta la jeune femme raconter les circonstances de son arrivée ici. Elle dévoila juste assez de détails pour qu’il puisse comprendre ce qui s’était passé. Il est difficile de prendre une décision dans l’urgence, surtout lorsqu’elle risque de mettre la vie de personnes en danger. Parfois, il faut même se résoudre à l’impensable en sacrifiant la vie d’un semblable pour sauver le plus grand nombre.

— Je vois… Je ne crois pas que vous ayez mal fait. Vous avez été obligé de prendre une décision rapidement dans le but de sauver des vies. Peu importe le choix que vous auriez fait, il y aurait eu des conséquences, peut-être même la mort de l’un ou plusieurs de vos confrères. Évidemment, je ne connais pas tous les détails de cette histoire, alors je ne veux pas trop m’avancer. Toutefois, si vous voulez visiter le palais, je peux vous servir d’escorte et vous montrer quelques s’un de ces secrets.

De la façon dont elle racontait les évènements et vu son attitude, Kalen comprenait que sa présence ici était une punition. Cette femme était franche et impétueuse, caractéristique qu’il n’avait pas vu souvent chez ses confrères, encore moins chez les femmes. Il la trouvait fascinante, mais si elle avait poussé l’audace un peu trop loin à plus d’une reprise, c’était compréhensible qu’on veuille l’envoyer sur un poste un peu plus loin de l’action pour la ramener à l’ordre. D’un autre côté, si ça pouvait éviter qu’elle ne meure après avoir pris une décision inconsidérée, ce n’était pas une mauvaise chose. Certaines personnes avaient parfois besoin d’être protégées d’elle-même.

Ce qui se passa ensuite échappa entièrement à Kalen. Halya commença à lui dire quelque chose avant de s’interrompre brutalement. Il se retrouva plaqué sur le sol par la guerrière. Le souffle coupé, l’elfe se redressa péniblement alors que la belle était sur ses gardes, prête à attaquer. Elle avait visiblement vu et entendu quelque chose qu’il avait raté, mais quoi? Qui voudrait l’attaquer ici? Ça n’avait aucun sens! Ce palais était bien gardé et il n’avait, à sa connaissance, aucun ennemi menaçant de le tuer au sein de sa propre cité.

— Oui, je vais bien… mais que c’est-il passé?

C’est alors qu’un jeune homme émergea de la pénombre, visiblement terrifié. Il avait raison de l’être, deux énormes loups grognaient en sa direction, prêt à l’attaquer au signal de leur maîtresse. Le visage du seigneur protecteur se durcit. Il se leva debout et tonna.

— Qu’est-ce que ça signifie?

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Sam 17 Oct 2015 - 15:06

Le jeune homme jeta un regard apeuré au protecteur. Il n'avait vraiment pas la trempe d'un assassin... Encore moins celle d'un mercenaire ou d'un traître. A le voir tremblé comme une feuille on pouvait même se demander s'il n'allait pas s'évanouir. Sans totalement baisser sa garde, Halya laissa son épée au fourreau. Le rugissement du Protecteur n'arrangea pas les choses. Les yeux exorbités de l'inconnu ne savaient plus ou donner de la tête.

Il balbutia quelques explication incompréhensibles, s'emmêlant si bien dans les formules de politesses que rien d'autre que des titres ne franchissaient ses lèvres. Entre deux logorrhées d'excuses, on parvint tout de même à comprendre quelques morceaux de phrases décousues.

-Je ne voulais pas... c'est parti tout seul ! Je vous ai vue... ma concentration... C'est impardonnable... je sais... c'est... ma magie m'a échappée... et... oh mon Maître...

Et il retomba dans ses éternelles excuses.

Elle jeta un coup d’œil par dessus son épaule. Derrière Kalendrilh, une légère couche de glace dessinait d'étranges arabesques sur un pan de mur. Des éclats brillants gisaient à son pied.

Halya leva un sourcil. La magie n'était vraiment... VRAIMENT pas son domaine de prédilection. Si elle avait déjà chassé une ou deux fois un mage ou savait combattre en leur compagnie grâce à Idreian, elle était incapable de dire ce qui était possible ou non avec la magie... et encore moins si ce jeune homme était crédible. Mais compte tenu du fait que tout son langage corporel hurlait une détresse non feinte, il y avait des chances que tout cela soit véritablement un accident. Il était fin, assez frêle même. Ses jambes tremblaient. On avait presque l'impression qu'il était à deux doigts de tomber à genoux.

L'Aigle rengaina sa dague et s'interposa entre lui et les deux énorme loup pour leur faire comprendre que ce n'était pas la une proie qu'ils pourraient se mettre sous la dent. Unmiriel se calma de suite, Randil en revanche continua à gronder, babines retroussées.

-Je m'en remet à vous, Protecteur. Honnêtement, je suis incapable de dire exactement ce qu'il s'est produit. J'ai juste senti quelque chose d'étrange et un changement de température.

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Dim 25 Oct 2015 - 19:06

La présente situation était des plus délicates, car Kalendrilh n’était pas non plus un grand connaisseur de la magie. Il en étudiait la théorie par simple curiosité intellectuelle, mais il ne la pratiquait pas n’ayant ni le temps ni l’énergie nécessaire à y consacrer. La terreur du jeune elfe était parfaitement visible et Kalen ne doutait pas de la sincérité de ses excuses. Toutefois, il était embêté de savoir que ce jeune homme pratiquait ainsi son art dans les murs du palais sans se soucier qu’il pouvait tomber à tout moment sur quelqu’un et provoquer un incident comme il venait d’arriver. Il le trouvait imprudent, sachant qu’il avait entre les mains un pouvoir potentiellement destructeur. Son maître devait lui avoir enseigné tout ça, mais l’impétuosité de la jeunesse l’avait rendu imprudent. Son fils était ainsi. D’ailleurs ils devaient avoir le même âge, mais Oromë, ne s’intéressaient nullement à la magie, préférant l’art de la guerre. En lui, Kalendrilh reconnaissait son propre père.

— C’est de la magie, ça ne fait aucun doute. Déclara doucement le protecteur en prenant un air un peu plus sérieux et solennel.

Il s’approcha du gamin, ignorant les loups toujours prêts à attaquer. Il s’arrêta devant l’elfe qui semblait vouloir se ratatiner sur place. Il n’avait pas seulement failli atteindre quelqu’un avec sa magie, il avait failli atteindre le seigneur protecteur en personne. Un incident qui aurait pu avoir de très fâcheuses conséquences.

— Ce que je comprends mal, c’est pourquoi t’exercer ainsi en plein milieu du palais alors que tu peux facilement tomber sur quelqu’un, même à cette heure du soir. Tu es visiblement encore en apprentissage de ton art et je trouve ça très imprudent de ta part. Tu pourrais facilement blesser quelqu’un ou même pire. Je n’ai rien contre la magie. J’ai même de puissants mages à mon service et cette cité tout entière ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans la magie, mais je crois qu’il y a un temps et un endroit pour toute chose.

Kalendrilh le considéra pendant un instant avant d’ajouter.

— Demain, je veux que tu te présentes devant moi avec ton maître. Nous déciderons ensemble de la punition qui sera le plus appropriée pour toi. Évidemment, si tu omets de te présenter, des gardes iront te chercher. J’espère que tu comprends le sérieux de la situation. Tu peux te retirer.

Il attendit que le jeune elfe se soit retiré pour se retourner vers Halya, les traits soucieux.

— Je dois admettre que cette situation est exceptionnelle. Normalement, les mages évitent de pratiquer la magie entre les murs du palais de façon aussi désinvolte, surtout les apprentis. C’est trop risqué. Peut-être pratiquait-il simplement un exercice qu’il venait d’apprendre dans une leçon, mais quand même… Ah, il doit avoir l’âge de mon fils Oromë. Il me semble avoir eu avec lui une discussion semblable à propos des arcs. Quand il a reçu son premier arc, il avait l’habitude de se promener avec constamment et de le pointer sur les gens… C’est peut-être l’un des effets de la jeunesse.

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Mar 27 Oct 2015 - 23:19

Le garçon bafouillait toujours plus. Lorsque le Protecteur s'était avancé, il semblait tout faire pour disparaître mais le vicieux sol refusait de se dérober sous lui. Mais alors quand on l'avait officiellement convoqué avec son maître le lendemain... Halya avait bien cru qu'il allait tourné de l'oeil. Bon. C'était maintenant certain, ce gamin n'avait pas prémédité son coup. Même pour jouer, viser le Protecteur demandait un courage espiègle dont il était visiblement dépourvu.

Il fila aussi vite que possible et ce fut presque un miracle de ne pas voir ses jambes se dérober. Randil s'était un peu calmer, comprenant que le geste agressif était involontaire non dirigé vers sa meute. Unmiriel s'était assit. Sa patte folle, toujours aussi fine et tordue reposait ostensiblement sur le sol pour que tous le laisser souffler. Halya, elle passait ses doigts dans l'épaisse fourrure blanche du plus jeune. Lorsque le Protecteur tenta à moitié de justifier ce qu'il venait de se produire, elle le détrompa d'un geste et le reste de sa constatation la fit sourire.

- Oui c'est communément ce qu'on dit, répondit-elle dans un éclat de rire. Si vous n'avez jamais fait pareille sottises vous êtes bien chanceux. Pour ma part je crois que même mes parents ont renoncer à compter le nombre de fois on j'ai du être sévèrement rappelée à l'ordre. Si votre fils n'a éborgné personne jusque là, c'est déjà que vous êtes un excellent père. Kÿria a eut raison de vous sourire.

Des enfants turbulent et plein de vie. Que pouvait-on demander de plus à la vie ? Elle même ne connaîtrait jamais ce bonheur, elle ne le méritait plus depuis longtemps, mais elle trouvait toujours extraordinaire de voir ces bambins grandir, évoluer, vivre d'une façon qui leur était propre.
D'un geste, elle invita le Protecteur à s'éloigner de nouveau des deux immenses bêtes pleines de crocs et de griffes sur lesquelles elle veillait.

-...Ou en étions nous ? Je crains d'avoir un peu perdu le fil. Et encore désolée d'avoir réagit si brutalement. J'ai cru comprendre que votre fils se destinait à l'armée? Ou peut-être sa lubie des arcs lui est-elle passée?

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Mar 3 Nov 2015 - 22:47

— Si je n’ai jamais fait de bêtise de ce genre lorsque j’étais plus jeune, c’est que j’étais à la fois trop terrifié et admiratif devant mon père pour oser défier son autorité. Il était le genre d’homme dont la seule présence imposait le respect. De plus, j’étais trop occupé le nez dans mes livres pour en faire. Parfois je me dis que j’ai peut-être raté quelque chose quand je vois Oromë et les idées parfois loufoques qui lui viennent à l’esprit. Vu le tempérament de mon épouse et le mien, je pense qu’il y a hérité en partie du caractère de mon père. Dans son groupe d’amis, Oromë est visiblement le chef de la bande et c’est lui qui prend les décisions. Je ne sais pas si je suis un si bon père, mais je fais mon possible pour le guider au mieux dans ce monde qui est le nôtre. À mon grand désarroi, il vient d’atteindre l’âge où il s’apprête à voler de ses propres ailes et même si ma présence est encore importante, je n’ai plus l’autorité pour lui interdire quoi que ce soit. Son supérieur a plus de pouvoir décisionnel sur sa vie que moi…

En tant que protecteur, Kalendrilh pourrait facilement abuser de son autorité pour influencer le supérieur en question sur les décisions concernant son fils, mais il n’était pas ce genre de père. Il devait accepter le fait que son fils, la fierté de sa vie, était maintenant un jeune homme animé d’une volonté qui lui est propre avec une destinée que seul lui peut suivre. Il sera toujours son père et rien ni personne ne pouvait changer ce fait, mais Kalen devait apprendre à reculer dans l’ombre pour lui laisser toute la lumière dont il a besoin pour s’épanouir plus encore.

— Pardonnez-moi, dès qu’il est question de mon fils, je m’emporte et je deviens particulièrement ennuyant. Où en étions-nous? Ah! Je vous proposais de vous faire visiter les lieux. Si la proposition tient toujours, vous n’avez qu’à me suivre.

Il lui fit signe de le suivre. Le palais de Mera, tout comme le reste de la cité, était un joyeux architectural pour les elfes. Unique en son genre, il avait été construit à même la pierre à l’image du reste de la citée qui se trouvait encastrée dans une immense caverne. Le plafond de la caverne était percé d’ouvertures qui laissaient filtrer la lumière du jour ou l’éclat tremblant des étoiles. Toutefois, la lumière était insuffisante et pour pallier au manque, des mages avaient enchanté des milliers de cristaux pour éclairer les lieux. Kalendrilh amenait la jeune femme vers l’un des balcons du palais ayant la vue la plus spectaculaire sur le reste de la cité.

— Pour répondre à votre question, mon fils se destine effectivement à l’armée. Présentement, il fait partie d’un groupe d’éclaireur qui effectue régulièrement des rondes aux alentours de la cité. Il n’a pas perdu sa manie des arcs, même qu’il s’entraine avec beaucoup de sérieux et évite de le faire à l’intérieur pour mon plus grand plaisir et celui de sa mère.

Ils arrivèrent enfin au balcon où Mera tout entière s’offrait à leur vue. À cette heure, tout était calme, mais on devinait encore quelques silhouettes déambulant dans les sentiers, des ombres mouvantes qui avaient tôt fait de disparaître à l’intérieur d’un bâtiment. On accédait au palais par une large avenue au bout de laquelle il fallait monter une longue volée de marche avant d’atteindre les immenses portes à double battant qui accueillaient les visiteurs de la citée. On disait que les demeures de pierre étaient le fait des nains, mais les elfes de Mera avaient depuis longtemps adopté ce mode de vie tout en l’adaptant à leur goût particulier. Mera n’avait rien à voir avec l’architecture massive des nains. Les elfes avaient réussi à donner à la pierre un aspect quasi organique avec un grand nombre d’entrelacs délicats et des dentelles de pierre qui semblaient être le fait d’une magie extraordinairement complexe.

— J’aime ce point vu. C’est le plus beau à l’exception de celui que l’on voit de mes appartements personnels.

Il désigna un autre balcon au-dessus d’eux, mais sur la droite.

— Je ne pensais jamais pouvoir admirer Mera d’ici. Ça me rappelle également toute la charge de mes responsabilités. Tout est paisible, mais pour combien de temps encore? C’est la question que tout le monde se pose, mais qui n’a pas de réponse…

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Jeu 5 Nov 2015 - 1:19

La franchise du Protecteur détendit une fois pour toute la militaire un peu trop zélée. Elle ne s'attendait jamais à entendre un politicien user de franchise et encore moins à en rencontré un qui ne tentait pas de paraître toujours à son avantage. Même avec la première impression fort positive qu'il avait fait, il était toujours plaisant de voir qu'il ne changeait pas son fusil d'épaule.

- Vous n'êtes pas ennuyant, je vous rassure. L'amour que vous portez à votre fils fait chaud au cœur.

Les loups sur ses talons, elle suivit le maître des lieux avec une petite pensé pour son propre Protecteur. Elle le voyait déjà faire des remarques sarcastique sur la façon qu'avait sa garde de passer ses rares moments de temps libre en embêtant ceux qu'il était sensé voir, lui. Et la pensé repartie. Il avait son boulot, elle avait le sien, et trouvé une compagnie agréable ne regardait qu'elle.
On ne lui avait pas menti sur Mera. C'était bien un joyau unique au cœur d'Anaëh... Unique et étrange. Il était drôle de penser que deux Cités aussi proche que Mera et Ardamir puissent avoir une histoire, une philosophie et même une architecture si différentes. Ici, la pierre était partout et travaillée avec tant de finesse qu'elle semblait presque vivante. Lorsqu'ils arrivèrent sur le balcon, Halya ouvrait tout grand les yeux, profitant au maximum de la vue. On voyait si loin qu'on en oubliait presque que tout cela était enfermé dans une bulle de pierre...

-C'est magnifique...

Contrairement à Ardamir, perdue entre les branches, quasi-invisible même pour ceux la parcourant, d'ici, on pouvait presque embrasser du regard une ville entière. Sans la forêt en font et le ciel au dessus de leur tête, c'était un petit monde clos qui s'offrait. Les rues, les demeures, les lumières de cristal, tout était paisible. L'Aigle et le Protecteur restèrent quelques instant face au vide avant que le silence soit de nouveau rompu.

— Je ne pensais jamais pouvoir admirer Mera d’ici. Ça me rappelle également toute la charge de mes responsabilités. Tout est paisible, mais pour combien de temps encore? C’est la question que tout le monde se pose, mais qui n’a pas de réponse…

Ah, la fameuse paix. Ce mot si précieux au quel s'accrochaient tous ceux qui vivaient dans les Cités. Avoir une vie paisible. Que demandé de plus. Bien des choses, mais Halya n'aurait pas pris le risque de les dévoilés sous le couvert d'Anaëh.
Depuis l'attaque d'Alëandir cependant, tous s'accordaient pour vivre dans la crainte tout en se voilant la face. Une position étrange entre refus de l'évidence et prise de conscience fataliste. Tous murmuraient tout bas que les drows risquaient de revenir à n'importe quel moment. Mais les fières elfes ne semblaient pas prendre ce « risque » plus au sérieux que toutes les autres menaces qui avaient toujours pesées sur la Prime Forêt. Enfin c'était le cas de la majorité puisque visiblement, elle avait un cas à part sous les yeux.

-Mera est sûrement la Cité qui restera le plus à l'abri quoi qu'il se passe. Je crains plus pour l'avenir de Linaëh, Eraison ou Wyslena. Répondit-elle de façon très pragmatique avant de se rendre compte que ses paroles n'étaient pas forcément des plus appropriées. Je veux dire... C'est vrai, nous pouvons craindre une attaque extérieure, mais Anaëh a toujours vécu dans une paix relative, il y a toujours eut une menace. Nous n'aurions pas eut besoin de murs pour nous protéger si la Nature n'était qu'amour et entraide. Ceux qui en ont besoin doivent savoir profiter des moments de calmes tant qu'ils durent. Sinon à quoi servirait que des gens comme moi se décarcassent pour éviter que les citoyens n'entendent parler de chaque remous qui agite notre forêt ?

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Mer 11 Nov 2015 - 13:03

Kalendrilh pouvait se perdre des heures durant dans la contemplation de ce spectacle s’il ne prenait pas garde. Dans ces moments perdus, il réfléchissait à l’ampleur de sa tâche et tentait de trouver des solutions aux problèmes qui lui avaient échappé durant la journée. Il laissait simplement ses idées vagabonder jusqu’à ce que tout lui paraisse un peu plus clair. Ce n’était pas toujours facile, mais ces moments de solitude étaient nécessaires à son équilibre. Certains voyaient cela d’un mauvais œil, mais Kalen avait compris depuis longtemps que peu importe ce qu’il ferait, il aurait des détracteurs pour s’opposer à lui.

La jeune femme à ses côtés s’exprimait de façon tout à fait pragmatique comme on peut s’y attendre d’un soldat de métier. Elle avait raison, Linaëh, Eraison et Wyslena étaient plus à risque de tomber que Mera. Malheureusement, ce n’était pas tout le monde qui comprenait le risque. En réalité, la majorité des elfes ne se souciaient guère de tout cela, trop fière pour même imaginer une chute possible. Pour Kalen, c’était un non-sens, et il comprenait mal l’attitude de ses confrères. Il en était venu à la conclusion qu’il fallait avoir connu les horreurs de la guerre pour prendre les menaces au sérieux.

— D’un point de vue stratégique, Mera est très difficile, voir impossible à prendre, mais je ne veux pas que cette cité devienne un ilot de sureté dans une guerre qui nous aura fait perdre le contrôle de la forêt. Malheureusement, la majorité de nos confrères ne semblent pas réaliser à quel point les choses peuvent devenir sérieuses. Les menaces leur semblent lointaines et hypothétiques sans parler du fait qu’ils comptent sur la forêt pour le protéger. Je me demande si, justement, nous ne devrions pas parler ouvertement de ces problèmes qui troublent la quiétude de la forêt. Peut-être pas maintenant, mais il faudra éventuellement l’envisager.

Kalen parlait sérieusement, mais il n’avait pas non plus envie de se laisser aller à l’inquiétude et à la peur. Pour l’instant, les choses étaient relativement calmes et il pouvait vaquer à ses occupations normalement.

— Père?

Plongée dans ses pensées, la voix le fit sursauter. Aucun autre elfe ne l’aurait appelé ainsi hormis son fils. Kalen se pencha légèrement sur la rampe pour observer ce qui se passait plus bas lorsqu’il croisa le regard de son fils.

— Oromë, je croyais que tu n’allais revenir que demain. Tout va bien?

— Oui, tout va bien. Attends, je monte.

Oromë s’empressa de rentrer à l’intérieur. Kalen se tourna vers la femme soldate, un vague sourire aux lèvres.

— Je crois que vous allez finalement rencontrer Oromë. Je ne pensais pas le revoir avant demain. J’espère que rien n’est arrivé.

Dès qu’il était question de son fils, Kalen semblait changer du tout au tout. Il passait de l’elfe calme et réservé à un elfe soucieux et protecteur. Il ne fallut qu’une minute ou deux à Oromë pour rejoindre son père sur la terrasse. Le jeune elfe était la copie conforme de son père ou de ce qu’il avait dû être avant l’attaque qui l’avait laissé avec de vilaines cicatrices et des cheveux couleur de lune. Son visage était anguleux à l’image de celui de son père avec des yeux vifs et enjoués surmontés de sourcil droit. Ses cheveux étaient blonds comme le blé au temps de la moisson et longs, coiffés de petites tresses qui dégageait son visage. Détails inhabituels cependant, son visage était couvert de petites éraflures et ses mains semblaient avoir aussi soufferts. Ses habits étaient poussiéreux et déchirés par endroits, comme s’il s’était roulé sur le sol.

— Tu es blessé! Que t’est-il arrivé?

— Rien de grave! Mon pied a glissé et je suis tombé. Père, tu en oublies les bonnes manières…

Kalendrilh fronça les sourcils puis sembla se souvenir de la présence d’Halya.

— Pardonnez-moi. Halyalindë, je vous présente mon fils Oromë. Oromë, voici Halyalindë qui est venu en tant qu’escorte pour mon confrère d'Ardamir. Je lui faisais visiter les lieux, tout simplement.

— Enchanté. Répondit le jeune elfe en courbant légèrement la tête.

Sujet: Re: [un pan du passé][Mera] la lame et la plume Jeu 26 Nov 2015 - 13:56

L'arrivée du jeune elfe sembla transformé le Protecteur. L'amour profond qu'il portait à son fils était indéniable. Elle lui répondit avec un sourire à demi

- Rassurez vous, il ne serait pas aussi jovial si quelque chose de grave s'était produit.

Il était drôle de voir comme la présence d'une seule personne pouvait faire rayonner un visage. Alors que le Protecteur accueillait son fils avec empressement, elle avait presque honte de risquer de les interrompre, aussi posa-t-elle simplement la main sur l'encolure d'Unmiriel en regardant la cité, à moitié de profil.
Mais un véritable diplomate n'oubliait pas longtemps ses habitude visiblement. Lorsque l'attention du jeune homme se posa sur elle, elle eu la curieuse impression de regarder une version plus jeune du Protecteur et le salua d'une inclinaison de la tête.

- Enchantée de faire votre connaissance, Oromë. Votre père ne tarit pas d'éloge a votre sujet, souligna-t-elle avec un sourire légèrement taquin.

Elle avait parfaitement conscience qu'une telle déclaration pourrait les incommoder l'un comme l'autre mais leur attachements était si visible qu'elle ne pouvait s'empêcher de prendre la place de toutes ces personne qui lui avait tenu le même discours au côté de son père.

-On m'a dit que vous étiez archer, c'est tout à votre honneur. Pour ma part je n'ai jamais eu la patience d'apprendre à tirer. Je serais honorer de vous voir à l’œuvre.

Elle se tourna vers le Protecteur pour ajouter quelque chose... Mais se ravisa. Elle avait été sur le point de lui demander si cela lui plairait qu'elle assiste à l'une des patrouille de son fils pour qu'il puisse, s'il le souhaitait, participer plus facilement aux sélections de l'armée royale. Mais après ce qu'elle venait de voir, ce n'était certainement pas la bonne façon de le remercier. Elle ne voulait pas le mettre dans une situation difficile. Peut-être lui poserait-elle la question plus tard, avant son départ. Mais pour l'heure elle se reprit.

- Mais l'heure tourne et je ne voudrais pas vous déranger, Protecteur.

Une version plus jeune, mais également plus enjouée que son ainé. Oromë souriait de toutes ses dents alors que Kalendrilh faisait preuve d’une plus grande contenance. Il était même un peu embarrassé, sachant que son comportement n’était peut-être digne d’un homme de son rang. En même temps, pouvait-on lui reprocher d’être heureux de voir son fils après qu’il se soit absenté quelques jours. Elle avait raison. Si un incident malheureux était arrivé, il ne serait pas d’humeur aussi joviale. Ce n’était que des égratignures. D’ici quelques jours, on n’y verrait plus rien, mais quand même… Un père n’aime pas voir sa progéniture blessée, même de façon superficielle.

— Des éloges? Je me doute qu’il ne vous épargne pas non plus les détails de mes bêtises. Répondit le principal intéressé, toujours souriant.

Kalen fronça les sourcils, désapprouvant le ton badin de son garçon qui n’avait visiblement qu’une notion très limité de la diplomatie. De fait, tout le temps passé en forêt l’avait rendu beaucoup moins sensible à cette notion.

— J’aurais bien voulu vous faire une démonstration, mais père m’a plusieurs fois répétées qu’on ne devait pas tirer de l’arc à l’intérieur et puis mon arc est malheureusement hors d’usage. La corde s’est rompue durant ma chute. Je dois le faire réparer avant de repartir en mission.

— Je me doute que c’était un accident, mais fais un peu plus attention à l’avenir.

Le fils inclina respectueusement la tête, prenant la remarque avec grâce.

— Je vais vous laisse. Mère voudra certainement me voir avant d’aller au lit. Nous aurons l’occasion de rediscuter, père.

Il se tourna vers la jeune femme.

— Je suis ravi d’avoir fait votre connaissance et c’est une magnifique bête que vous avez là. Dit-il en faisant référence au loup qui l’accompagnait.

Il s’inclina une fois de plus, puis fila d’un pas rapide dans le dédale de couloirs et d’escaliers du palais. Kalen le regarda s’éloigner en retenant à peine un long soupire. Il croyait pourtant avoir enseigné les bonnes manières à ce garçon… Et il ose en plus le reprendre!? C’était l’énergie de la jeunesse. Même chez les elfes, elle pouvait être difficile à canaliser correctement.

— Vous avez raison, l’heure avance. Vous ne me dérangez pas, mais je ne voudrai pas non plus vous distraire de vos tâches même si je doute fortement qu’une quelconque menace plane à l’intérieur de ces murs. Nous aurons certainement l’occasion de nous revoir bientôt. Si quelque chose devait trouver votre séjour, n’hésitez pas à m’en faire part.

Halya salua son hôte et s'éloigna à grands pas, Randil et Unmiriel sur ses talons. Les eux bêtes frôlèrent sans gêne de Protecteur en quittant les lieux.

En quelques enjambées, l'Aigle rattrapa le jeune archer.

« Oromë ! Navré, je n'aurais pas du crier. Tenez, j'ai pensé que ça pourrait vous être utile au lieu de courir après une nouvelle corde ou de vous faire enguirlander par vos supérieurs. »

Fouillant dans l'intérieur de la sacoche de sa ceinture, elle en tira une longue corde terminé par une boucle de chaque côté.

« Pour votre arc. Une vieille habitude. D'en avoir toujours une ou deux sur moi. C'est souvent utile. »

Une fois son colis délivré, elle le salua à son tour

« Je vous souhaite une bonne journée. »

Enfin dehors... Pour autant qu'on pouvait l'être dans une ville pareille. Randil et Unmiriel étaient de plus en plus nerveux. Il était tant de quitter les lieux pour quelques heures. Le Protecteur comprendrait

» Puthril Al'mera [Baronne de Mera]
» Tour de passe-passe | Mara
» Kalendrilh - Protecteur de Mera [validé]
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