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 Même la mort n'en veut pas [solo]

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Elrendil Silad
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MessageSujet: Même la mort n'en veut pas [solo]   Même la mort n'en veut pas [solo] I_icon_minitimeMar 25 Sep 2018 - 9:56


Trois ans auparavant durant la bataille pour l'Anaeh


Tenez la ligne !

Le rempart de boucliers ne céda pas malgré l'intensité du choc. La terre avait vibré. Autour, les derniers arbres mourraient. Le feu, lui, semblait omniprésent. Devant eux, l'ennemi avait dégueulé ses forces à l'aide d'une véritable marée mortelle. A ses côtés, les premiers étaient tombés sous l'impact des coups où en étant transpercés par des carreaux. D'autres, à l'arrière, venaient les remplacer afin que la ligne tienne bon. Ils n'avaient pas le choix. Coûte que coûte, l'infanterie devait tenir jusqu'à ce que la cavalerie du capitaine Noldorion s'engouffre dans une brèche ennemie et retourne la bataille à leur avantage. Mais les cavaliers avaient tardé et Elrendil avait vu les siens périr les uns après les autres jusqu'à épuiser les remplaçants eux-mêmes.

S'il n'y avait eu que ça...

L'ennemi avait eu de la ressource. Sans compter les innombrables immondices arpentant le champ de bataille, d'autres firent leur apparition et jetèrent à tout va un déferlement de puissance magique dévastant tout sur son passage. Ceux-là se firent bien plus dangereux lorsqu'ils approchèrent de leur position. Comment lutter contre ça ? En ciblant leur position, les sortilèges tuaient les siens par dizaine sans qu'ils ne puissent y faire quoique ce soit.

TENEZ LA ….

Une déflagration carbonisa dix teltaris devant ses yeux. C'était l'oeuvre d'un dément. La mort venait de le frôler une énième fois. Mais sans même avoir la possibilité de reprendre son souffle, il vit la ligne sur le point de céder. C'était là même que les sorciers ennemis avaient concentré leurs efforts pour tenter d'établir une percée... Face au drame annoncé, Elrendil se lança dans la brèche et tenta de repousser la vague avec le plus de hargne possible. D'autres l'avaient rejoint. Les vétérans et les nouvelles recrues s'étaient mélangés pour cette tentative désespérée de reformer la ligne.

La terre se mit à trembler.

Pour la première fois, son attention s'était détournée des combats pour apercevoir la cavalerie arriver. Un sourire s'était dessiné sur son visage. Le premier depuis des décennies.

Dans son dos, pourtant, une force invisible le fit basculer et s'empara totalement de son être. Ce n'est qu'à cet instant qu'il comprit que l'heure était venue. Son peuple vaincrait sans lui. Son épée tomba au sol. Ses paupières se fermèrent et une douleur vive et brutale le frappa de plein fouet.

Quelques instants plus tard, l'armée des elfes remportait la victoire. Et lui...

Hrp:

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Elrendil Silad
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MessageSujet: Re: Même la mort n'en veut pas [solo]   Même la mort n'en veut pas [solo] I_icon_minitimeMar 25 Sep 2018 - 13:05



Le temps. Cette notion était devenue abstraite tout comme la vie, la mort, la peur et la souffrance. Prisonnier de son propre corps, il lui sembla pourtant qu’il avait atteint le royaume de la voilée. Il n’en fut rien. Condamné à l’attente, à l’inconscience et à une longue errance dans des paysages rongés par l’effroi et la peine, il avait tenté plusieurs fois de mettre fin à ses tourments. En vain. Pour continuer à le punir, les épisodes les plus douloureux de sa vie revenaient sans cesse. Changer le cours de l’histoire n’y faisait rien. La fin était toujours la même. Il la voyait mourir devant ses yeux, complètement impuissant et fou de rage. Le sang de son aimée recouvrait la neige. Son corps, lui, devenait de plus en plus froid. La prendre dans ses bras n’y changeait rien non plus. Petit à petit, la vie l’abandonnait jusqu’à ce qu’il entende ses ultimes paroles et ressente son dernier souffle.

-Réveille…toi.

Ravagé par la haine et la tristesse, l’entendre prononcer ces mots était dur. Comprendre lui était impossible. Comment pourrait-il se réveiller sans elle ? Trop aveuglé par cette hargne qui l’habitait continuellement, ses autres souvenirs se retrouvaient balayés d’un revers de main. Pour seul désir, il n’avait plus qu’une envie de vengeance. Et celui-ci grandissait à chaque fois.

-Réveille…toi, Elrendil.

La neige disparue sous ses pieds. La fraîcheur hivernale laissa la place à une douce brise agréable. Et pour la première fois depuis…. Il l’entendit. Au cœur même de la prime forêt, la symphonie le fit chanceler jusqu’à sentir ses émotions néfastes le quitter. Une chaleur l’enveloppa et il sentit la bienveillance de la mère gagner peu à peu son corps. Que voulait-elle lui montrer ? Pour quelle raison l’emmenait-elle ici ? Une fois de plus, il se laissa transporter et crut voyager à travers l’espace et le temps.

-Réveille-toi, mon aimé.

Eraison se tenait en dessous de lui, encore totalement intact. Etait-ce le passé ? le futur ?  Là-bas, la symphonie semblait être décuplée. La cité était en fête et s’apprêtait à vivre un heureux événement. L’union entre deux enfants de la Mère. Sa vue, omnisciente, le plongea au plus près de la scène. Dans le sanctuaire de Kÿria, rempli d’invités, deux elfes qui lui étaient totalement inconnus s’apprêtaient à professer leur ultime vœu.


"Rhoenîn no lîn, gurenîn no lîn ~ Athra'cuilemen ada thar'i fern, Si adh an-uir", prononcèrent-ils en même temps.

Il ne voyait que l’épouse. Elle était étincelante et rayonnait de vie. Il suffisait de voir son visage pour comprendre que son bonheur n’aurait su être quantifiable. C’était là tout ce qu’il aurait pu lui souhaiter en cet instant. Etrangement, les yeux de la mariée se portèrent sur lui. Il était sûr de ne l’avoir jamais vu auparavant et pourtant… il n’eut qu’à croiser son regard pour ressentir une étonnante familiarité. Elle-même lui sembla perturbée par cet échange bien que celui-ci ne dura que quelques secondes seulement. L’avait-elle vraiment vu ?

-Ouvre les yeux…

Ceux-ci s’ouvrirent. Il n’était plus dans le sanctuaire, mais dans une chambre. Un corps était étendu sur le lit. En s’approchant, il comprit que le corps maintenant sans vie de la défunte était celui-là même qu’il avait vu épris de bonheur quelques instants plus tôt. Deux elfes se tenaient à son chevet. Celui qui était à genoux et lui tenait la main semblait être le plus jeune des deux. Car l’autre se tenait debout et feignait de cacher sa peine au reste du monde.

-Il sera bientôt temps Elrendil…

La voix n’était pas humaine. Elle sortait de nulle part. Il eut l’impression qu’on venait de lui murmurer à l’oreille, mais ne trouva personne en se retournant. Etait-ce son imagination qui lui jouait des tours ? La réalité lui échappait. Tout lui échappait.

Et puis… il fut transporté en un nouveau lieu. Il était revenu chez lui, ou du moins… chez eux. Au centre de la pièce, Vodià contemplait la voûte céleste. Elle se tenait à ses côtés. Cette scène, il l’avait déjà vu et déjà vécu, mais l’avait aujourd’hui complètement oublié. Cette soirée était un vestige d’un des moments les plus heureux de sa vie. Celui où son épouse lui avait annoncé une nouvelle qui l’avait bouleversé jusqu’au plus profond de son être. Kÿria allait leur offrir un enfant.

-Si c’est une fille, j’aimerais qu’elle porte le prénom de ta mère.

-Caliawen ?

-Oui.

Il avait oublié à quel point son sourire était radieux.

-Je ne sais pas si c’est une bonne idée… vraiment.

-Il ne lui arrivera rien, rassure-toi, reprit-elle en replongeant son regard vers les cieux. Et un jour, nous lui dirons qui était sa grand-mère et d’où elle venait. Nous lui dirons tout ce qu’elle a fait pour le bien de son peuple et pour protéger sa cité. Elle sera fière comme tu l’es.

L’évocation de sa mère était taboue, elle le savait. Mais elle venait de toucher une corde sensible. Sa mère, Caliawen, était morte en lui donnant naissance. Il ne l’avait jamais connu et ne savait que ce qu’on lui avait raconté. Si son père n’avait jamais parlé d’elle devant, le reste de sa famille n’avait jamais cessé de raconter ses histoires. Il y avait eu celle de leur rencontre, puis celle de leur union. Il y avait eu les récits concernant des combats dans des régions inconnues et puis ceux sur la défense de sa cité natale : Eraïson. Pour cause, Caliawen avait été la première fille du protecteur Anàrion. Et il y avait eu la dernière histoire. Bien plus sombre celle-ci. Le jour de sa naissance. Ce même jour où sa mère mourut. Une dispute avait éclaté entre son père et son grand père Anàrion. Ce dernier avait reproché à son père d’avoir provoqué la mort de sa fille. Pour cette raison, il n’était pas digne d’élever son fils et devait le laisser à Eraïson. Une fois adulte, Anàrion lui aurait transmis à son tour le protectorat de la cité et Elrendil se serait sûrement vu accomplir de grandes choses. Mais son père désobéit et s’enfuit avec le nouveau-né dans ses bras. Dès lors, affligé par la perte de sa fille et de son petit-fils, le vénérable Anàrion avait préféré mettre un terme à sa vie. Cela avait engendré un long et pénible deuil pour les habitants d’Eraïson.

-J’ai le sentiment que notre petite Caliawen sera vouée à accomplir de grandes choses.

-Comme ?

-Ton aïeul était protecteur d’Eraïson, dit Vodià. Elle aussi protégera son peuple. Comme lui, comme nous… comme toi, Elrendil.

Il sentit un léger picotement dans la nuque lorsqu’elle eut finie de prononcer son nom. Tout s’embrouilla. Sa vue, son ouïe, son odorat… Il eut le sentiment d’être projeté dans un brouillard si opaque qu’il ne voyait même plus ses mains où ses pieds. Il sentit l’air se faire de plus en plus rare jusqu’à ce qu’il peine à recouvrer son souffle. Là, le sol se déroba sous ses pieds et il se vit chuter dans le vide. Un sol végétal l’attendait tout en bas. Il n’eut même plus la force de crier où de se débattre. Tari venait enfin le cherchait et c’est en étant apaisé qu’il rentrerait au sein de son royaume. Voir Vodià en pleine vie avait été le dernier de ses vœux. Il était désormais prêt à la rejoindre.

Quand il toucha terre, ses yeux s’ouvrirent sur un tout nouveau décor.

Il était étendu sur un lit. Incapable de bouger la moindre partie de son corps. Complètement perdu et désorienté, il ne put qu’attendre que sa vue s’adapte à la pénombre pour comprendre qu’il se trouvait seul dans une petite cellule avec pour seule ouverture, une étroite fenêtre donnant sur l’extérieur et faisant rentrer l’air. De même, son ouïe ne tarda pas à déceler la symphonie. En guise de premiers mots, il se mit à pousser quelques rugissements comme ceux d’un animal. Sa langue était encore engourdie et il peinait encore à bouger sa mâchoire pour articuler. Ce n’est qu’après la dixième tentative que les premiers mots audibles se firent entendre.

-A... L’AIDE...
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MessageSujet: Re: Même la mort n'en veut pas [solo]   Même la mort n'en veut pas [solo] I_icon_minitimeVen 5 Oct 2018 - 12:32


Même éveillé, la notion du temps semblait être une lointaine étrangère. Il avait d’abord fallu s’assurer qu’il ne rêvait plus. Pour ça, il n’eut qu’à attendre les premières douleurs physiques revenir. Même immobile depuis des lustres, ses muscles avaient fondu au point que tenter de remuer un doigt s’apparentait à la plus douloureuse épreuve jamais subie. Sans avoir eu besoin de voir son reflet, il devinait sans peine son corps squelettique qui lui donnait l’air d’un mort en sursis. Tous ces fâcheux problèmes devinrent néanmoins superficiels lorsqu’on vint lui rapporter que son sommeil avait presque duré trois années. Ça ne représentait rien à l’échelle d’une vie d’eldar. Mais pour lui… le coup avait été beaucoup plus dur à encaisser.

On lui avait appris que son corps avait été déposé dans un temple de Tari, une fois ses blessures guéries. Malgré son sommeil interminable, tout avait été fait pour le maintenir en vie. Dès lors, des prêtres s’étaient relayés chaque jour pour le nourrir en attendant un éventuel retour. Il s’était dit que les jours ayant précédés son réveil, son corps avait montré des signes d’agitation et que son front s’était mis à suer. Cela avait duré presque une saison entière. Puis en pleine nuit, ses cris avaient finis par interrompre la quiétude du temple.

Sans dire comment, ni pourquoi, il était revenu à la vie. Le sortilège s’était interrompu. Et lui… ne se souvenait de choses que lorsqu’il se mettait à rêver de nouveau. Des images lui apparaissaient. Des paroles lui revenaient. La confusion continuait pourtant de régner. Très souvent, ses rêves se mêlaient à la réalité et toutes les choses perdaient en sens. Mais il luttait chaque jour pour recouvrir non seulement la mémoire, mais aussi toutes ces facultés. C’est sans doute grâce à cet acharnement et cette opiniâtreté qu’il parvint à regagner des forces de jour en jour jusqu’à pouvoir réutiliser ses pieds. Autant l’avouer de suite, sa première tentative pour marcher se solda par une chute bien risible. Fort heureusement, les prêtres de Tari n’étaient point réputés pour leur intérêt concernant ce genre de choses. Il n’avait d’ailleurs jamais réussi à savoir quoique ce soit concernant l’extérieur et les derniers événements. Il savait seulement que la bataille avait été gagnée au prix d’un grand nombre de leurs semblables. Pour le reste, cela ne les préoccupaient aucunement.

Après plusieurs ennéades à tenter de recouvrir ses forces, Elrendil fut enfin en état de marcher normalement. On lui fit alors comprendre que le temps était venu pour lui de faire un choix. On lui proposa de rejoindre le temple où de le quitter pour tenter de refaire sa vie. Être resté à l’écart du monde pendant tant de temps lui faisait redouter de le retrouver. L’éloignement et l’isolement semblaient être les meilleures alternatives. S’il avait récupéré assez de force pour tenir sur ses pieds, il savait que son retour à la vie réelle ne serait pas aussi simple que ça. Récupérer sa place dans l’armée royale semblait être une possibilité fortement improbable. A ce moment du choix, il comprit que les chances pour lui de ne pas retrouver sa place étaient grandes. En son absence, le monde ne s’était pas arrêté. Loin de là… Alors qu’au temple, on avait presque fini par lui donner une place…

Il ignora pourquoi il fit ce choix, mais il se souvint d’une chose avant de donner sa réponse. C’était la voix de Vodià qui lui murmurait à l’oreille

« réveille-toi ».

Était-ce une façon pour elle de le faire revenir, non seulement à la réalité, mais aussi dans la vraie vie ?

Le soir même, Elrendil partait pour la cité royale d’Alëandir.
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