[Les destins entremêlés] Chapitre 1 : Le complot... [PV Aurel/Eléonore]

Tout cela était bien fastueux au regard d’Aurel. La fête avait commencé au pied de la grande terrasse qui donnait sur la salle de bal de Cantharel. Perché en haut des quelques marches qui permettaient de descendre dans les jardins, le nouveau Marquis prononça un discours longuement répété et qui fut très apprécié par son public. Ce dernier était composé de tous les nobles de la région ainsi que de quelques uns venus des terres voisines et vassales de Sainte Berthilde. Il comptait également bon nombre de militaires de haut rang qui avaient pour la plupart participé à la guerre qui venait de se terminer. Tous étaient rassemblés sur la grande esplanade entourée de haies fraîchement taillées et au milieu de laquelle trônait une imposante fontaine. Le discours terminé, les festivités commencèrent tandis que les invités, chacun à leur tour, rendaient hommage à leur jeune hôte et Seigneur.
Aurel n’avait pas fait exception et s’était prêté au jeu aussi brièvement que possible sans pour autant manque de respect à Louis. Puis il avait imité les autres convives et était parti explorer le jardin. Vêtu de la tenue de cérémonie militaire dévolue à son grade, le Général avait fier allure mais semblait s’en moquer éperdument. S’il avait pu, il aurait revêtu quelque chose de bien plus simple et moins clinquant. Il se sentait étriqué et avait l’impression que l’on ne voyait que lui...

Les jardins étaient décorés avec soin. Dans chaque recoin, dans chaque alcôve, se trouvait un artiste ou un spectacle différent. Poète, jongleur, dresseur d’ours, comédiens, peintre et dessinateurs… Quant à ceux qui voulaient danser, un petit orchestre jouait dans la salle de bal. Il y en avait vraiment pour tous les goûts. Des torchères avaient été installées et n’attendaient plus que l’on vienne les allumer afin que le spectacle puisse de poursuivre une fois la nuit venue. Les serveurs parcouraient toutes les allées chargés de plateaux sur lesquels trônaient des verres ou des amuse-bouches en tout genre.
En les voyant, Aurel n’avait qu’une pensée : Les pauvres seraient sur les rotules avant la fin de la soirée…

Après avoir rapidement explorer les jardins, Aurel fut appelé par son père afin qu’il le rejoigne. Il avait fait le trajet depuis Lantenes pour représenter sa seigneurie et, soit disant, voir son fils. Le voyage l’avait visiblement affaibli mais le patriarche n’en montrait rien devant toutes ces personnes de bonne famille.
Le bien jeune Général d’Olyssea se mêla donc à plusieurs gentilshommes de sa terre natale pour parler de l’avenir de la baronnie. Nombreux étaient ceux qui s’inquiétaient devant le trône toujours vide. Certes, Olyssea avait un Baron en la personne du roi mais le peuple -et les dirigeants- espéraient qu’il prétexte l’utiliser comme récompense pour s’en défaire. S’il pouvait en plus choisir une personne du cru… Quelqu’un qui, contrairement à lui, avait au moins vécu sur ces terres -à défaut d’y être né- et qui pourrait exercer son pouvoir sur place et non pas à des centaines de lieues de là.
Une fois la conversation bien engagée et le pouls prit parmi les olysséans présents, Richard de Lantenes s’excusa brièvement, prétextant ne pas avoir encore eu l’occasion de saluer le Marquis. Il s’éloigna donc sous le regard suspicieux d’Aurel qui trouvait le comportement de son père adoptif bien étrange. Le vieil homme se dirigea l’air de rien vers Louis et s’inclina respectueusement devant lui.

-Toutes mes félicitations votre Excellence. Lantenes est heureux de savoir que vous avez récupéré ce qui vous appartenait à vous et à votre famille. Pourrais-je vous ôter un court instant à votre charmante compagnie afin de vous entretenir une minute ?

Richard adressa un sourire respectueux et charmeur à la jeune femme qui se tenait auprès du Marquis. Puis les deux hommes d’âges diamétralement opposés s’isolèrent dans un coin de la terrasse. Même s’ils étaient hors de portée d’oreille, le vieillard lui parla à voix feutrée.

-Comme nous l’espérions, Aurel a pu obtenir le soutien de toute l’armée en se distinguant comme un commandant émérite, ce qui n’est pas négligeable dans une contrée militariste comme le nôtre. Avez-vous de bonnes nouvelles concernant les projets que nous avions évoqué l’année passée ?