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 Mais comment ca vous l'avez perdue?

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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeMar 23 Juil 2019 - 21:02



Soirée du 9ieme jour de la 3ieme ennéade de Karfias, deuxième mois d'été
C'était une ferme abandonnée dans un vallon rocailleux à quelques heures de cheval de Sol'dorn. Un bâtiment isolé, dont les occupants étaient malencontreusement tombés sur une bande de drow frappés par l'inspiration. Il fallait les excuser. Le siège de Sol'dorn était d'un ennui mortel, et il fallait trouver des manières de s'occuper.

Depuis que les drows s'étaient occupés des éleveurs de chèvre qui avaient jugé intelligent de s'installer ici, la bicoque et la grange attenante tombaient peu à peu en ruine sous les attaques incessantes du soleil et du sable Zurthan. Pour l'heure, la charpente du bâtiment principal tenait encore. La grange, elle, s'était déjà effondrée il y a de cela plusieurs ennéades.

C'était donc une ruine assez peu différentes de celles qui parsemaient le paysage autour de Sol'dorn. Le siège avait fait fuir les habitants, il avait asservi ou tué ceux qui avaient voulu rester. Mais cette ruine là était unique. Déjà les habitants y avaient construit un Puy. Ce n'était pas un chef d'oeuvre d'ingénierie, plus un trou maladroit surmonté d'un assemblage de pierre et de bois. Mais il fournissait de l'eau.

Mais surtout, un observateur attentif caché dans les buissons aurait certainement remarqué les trois chevaux attachés à l'ombre des ruines de la grange. Deux chevaux harnachés d'un équipement de qualité très certainement d'origine Eldéenne.

Les créatures étaient là, à nourrir leurs sombres desseins. Il y avait néanmoins de quoi se poser des questions sur la raison de leur présence ici. Mis à part la source d'eau, que tout voyageur aurait apprécié trouver sur son passage, le lieu était sans intérêt stratégique, caché aux yeux de tous hormis les connaisseurs et les chanceux. Les drows avaient assez mal caché leurs chevaux, il ne s'agissait donc pas non plus d'une ambuscade.

Soudain, la porte de la ferme s'ouvrit pour laisser sortir trois sombres pris dans une conversation animée. Le plus grand, un mâle, semblait détaché de la situation, mais sermonnait une des deux femelles qui l'accompagnait. Ils portaient tous trois des uniformes militaires bien coupés qui semblaient les identifier comme plus que de simples soldats.

- Si tu l'as cassée trop vite, Xy sera furieux."
- Mais c'est le but! " La femelle haussa les épaules. "je sais qu'il y a quelque chose à l'intérieur. Je ne suis pas la premiere à être entrée. De plus ce n'est pas comme si cela changeait grand chose. Il ne s'en apercevra même pas. Si personne ne lui dit." La daedhelle fusilla du regard son camarade.
- Ne t'en fais pas. Mais il y a l'art et la manière…" Le drow, pensif, admirait le coucher de soleil.

La troisième drow s'étira gracieusement. Sa longue chevelure argentée s'illumina brièvement aux derniers rayons du soleil.
- Ca nous fait combien de temps?
- Je ne sais pas, au moins cinq heures. On n'en tirera rien, là.
- Si on allait se distraire un peu?

La demoiselle souriait, et ses deux comparses se tournèrent vers elle.
- On ne va pas poireauter ici alors qu'il y a l'auberge à Frontière.
- Et abandonner la garde?
- Tu veux qu'il arrive quoi, dans ce coin paumé? Il n'y a personne à des lieux à la ronde. Et on sera revenus à temps.

Les drow poursuivirent plus longtemps leur discussion, mais il était clair que l'idée emportait les suffrages. Quelques instants plus tard, les guerriers grimpaient sur leurs montures, qui s'éloignèrent bientôt en direction du Nord.

Seul les insectes osaient braver le silence.
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Veleth Var'rkiré
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeMer 24 Juil 2019 - 20:37




L’imposante épine rocailleuse, qui s’extirpait de vagues sablonneuses avait offert le parfait perchoir pour le prédateur traquant une proie. Entre l’azur qui prenait son bronze crépusculaire et l’océan doré qui se partageait l’immensité, il était très aisé, même pour un presque aveugle, de discerner l’agglomération de rustiques constructions humaines à l’horizon. Sur trois cent soixante degrés et de haut en bas, il n’y avait que ces bien modestes bâtiments qui faisaient affront au vide du désert qui commençait à changer de peau. Un traqueur, un chasseur, un espion ou un informateur aurait pu collecter maints détails à partir de ce point d’observation surélevé, mais Veleth, Roshan et Tah’mireh, eux, n’eurent pas besoin d’y rester plus longtemps. Rudaba, elle, déambulait déjà dans la pente douce, ouvrant le pas aux autres qui la rattrapèrent tranquillement.

À mesure que le quatuor s’approchait de la singularité, la voix du désert se métamorphosait dans le cœur du marcheur. D’abord, elle lui murmurait l’histoire de ceux qui avaient jadis occupé ce coin de sable : la terre avait été touchée, le sable repoussé et il y avait eu de la vie qui s’était enracinée. Ensuite, il y avait comme une vibration distincte, une fréquence haut-perchée dans le sifflement du vent, qui traversait le lot agricole. Veleth perçu du bois, de la pierre et même de l’eau, quelque part dans le ventre du désert à moins d’un kilomètre devant lui. Finalement, ce qui n’avait été qu’une supposition plutôt solide se confirma finalement : le lieu n’était pas totalement abandonné. Quand les lionnes sentirent elles aussi la présence de vie dans les alentours, Veleth ne put contenir la vantardise :

- Je voulais l’avais dit les filles, rien ne m’échappe.

Cela faisait maintenant plus d’une énnéade que Veleth avait entrepris de gagner les limites ouest de la Zurthanie, car pas même le solitaire n’avait pu se tenir complètement à l’écart des conflits à Sol’dorn. D’usuel, le marcheur évitait les problèmes et s’assurait de rester sur les chemins secrets, ceux que le désert enseigne à ses enfants, mais dissimule aux étrangers. Or, l’ermite avait manqué de prudence il y avait de cela une dizaine de jours en décidant de suivre un petit convoi d’esclavagistes qui se dirigeait vers le sud en provenance de la cité assiégée. Une bonne soirée, il tenta de s’infiltrer dans leur campement afin d’observer les esclaves un à un, sa maudite vue l’obligeant à toujours se jeter dans la gueule du loup. Comme il s’en y attendait, un garde pendant sa ronde de nuit le repéra et il dût abandonner l’idée de s’approcher davantage des geôles. Heureusement, il put prendre la poudre d’escampette au milieu de l’obscur néant désertique en usant de quelque sort et, surtout, en utilisant tout l’air de ses poumons vieillissants.

Voulant brouiller sa piste et éviter de retomber nez à nez avec le convoi, il prit la direction opposée et s’en alla vers le nord-ouest pendant des jours pour finalement arriver devant ce hameau abandonné. Près de lui comme à leur habitude, les lionnes étaient perplexes, elles qui ne voyaient jamais rien de vraiment plus grand que les cactus et les monolithes. Comme les fauves qu’elles étaient, elles s’accroupirent un tantinet le temps de bien analyser ce qui se présentait à elles et formèrent une sorte de formation en demi-cercle de part et d’autre de leur maître. Dans l’air, il y avait cette marque dans le désert qui indiquait que quelque chose avait pénétré dans le temple du vent et du sable, quelque chose qui détonnait avec la nature dominante avec laquelle le Massabond et ses compagnes étaient en symbiose. Après avoir contourné un puit d’où émanait une fraîcheur qui avait excité les lionnes de Brââ et une sorte de petite remise effondrée, le petit groupe arriva devant une petite chaumière de bois. Par sa forme et ses matériaux, Veleth comprenait qu’il s’était dangereusement approché des terres des Hommes froids1, qui avait récemment été envahies par les Enfants du feu2. Ça, c’était plus que clair pour un Massabond, qui ne connaissait que les tentes de voyage et l’ombre des rochers comme logis. L’aveugle, comme il le faisait toujours pour se rassurer, s’adressa à Roshan :

- On va devoir faire plus vite que prévu et ne pas tarder ici les filles.

Dans le sable autour, la magie de Veleth lui révéla des empreintes récentes et du mouvement dans toute la zone. Des points orangés, de longues guirlandes couleur topaz en suspension dans l’air et des sifflements anormaux dans le vent furent des manifestations magiques qui indiquaient des êtres vivants de taille considérable. Plus précisément encore, les nuances rougeâtres de ces manifestations constituaient les signes clairs du passage d’étrangers, de créatures dont l’origine profonde n’était pas le sein de la dune. Toutefois, rien de tout ça ne semblait pointer vers quelqu’un qui serait toujours là au moment où Veleth et les lionnes arrivèrent.

Comme pressé, soudainement, Veleth entrepris de ratisser les lieux de fond en comble pour récupérer tout ce qu’il pourrait y avoir d’utile et apaiser la faim d’un carnivore ou, idéalement, de trois d’entre eux. Sans trop prendre de précautions, il fit confiance à la magie du Saahel et prit pour acquis qu’ils étaient seuls pour commencer par la chaumière. En ne tardant pas plus qu’un cambrioleur, il poussa la porte, laissant derrière lui Tah’mireh et Roshan, alors que Rudaba, la plus jeune, le suivit sur ses talons.

À l’intérieur, la lumière s’invitait comme eux deux par des trous dans la structure, tout comme le sable qui aussi commençait à faire intrusion. Dans un environnement nouveau et exotique, Veleth entreprit de se diriger à tâtons, ce qui le mena à mettre la main sur une panoplie d’objets domestiques dont il ne connaissait ni le nom, ni l’origine et encore moins l’utilité. Maladroit dans cette jungle, il jeta au sol quelques items métalliques qui firent un vacarme magnifié en éclatant du verre et en roulant sur le plancher. À quelques reprises, Rudaba sursauta, elle aussi inquiète dans ce monde inexplicable. Ainsi, le Massabond finit par traverser vraisemblablement la pièce en entier et n’attrapa qu’une gourde et un sac de grains après les avoir portés à son visage. À l’aide de son bâton de marche, il cogna sur quelques récipients afin de deviner leur contenu et dans l’espoir de trouver du liquide, ce qui porta fruit quand il tomba sur une petite bassine au sol, encore pleine d'eau.

Au fond de la pièce, l’aveugle passait sa paume sur les étagères d’une grande armoire, puis sur le mur où elle était adossée au moment où ses doigts s’insérèrent dans une cavité dans la pierre du rempart pare-feu. Ils touchèrent ensuite une sorte de croix métallique qui découpait en quatre quadrants le trou d’où émanait une lueur étrange qui les fit stopper toute recherche.

Devant l’homme qui y avait accolé son visage, une fenêtre donnait sur une autre pièce dont la porte d’entrée se trouvait à sa gauche. Barrée par un lourd morceau de bois, Veleth dût user de son bâton comme levier pour soulever la barrure et finalement ouvrir la porte. Croyant avoir obtenu l’accès d’un grenier, Veleth pénétra dans le cubicule, qui, en plus était éclairé et, il pensa, faciliterait son pillage.

Son attention fut d’abord attirée par un sac de denrées qui traînait au fond de la pièce, au niveau du sol. Il sentit Rudaba derrière lui, comme empressée de le rejoindre. Il entendit, soudain, son grognement profond et bas, celui qui chasse les vautours et sentit son haleine chaude.

Il n’y avait aucune céréale devant lui. Il y avait quelqu’un.



1: Humains non-zurthans.
2: Drows.


Dernière édition par Veleth Var'rkiré le Ven 9 Aoû 2019 - 16:15, édité 1 fois
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeMer 24 Juil 2019 - 22:09



Le regard absent de la daedhelle était perdu dans le néant blanc qui était sa demeure depuis… Elle ne savait pas… Des jours? Des mois? cela aurait pu être des années. Elle ne se souvenait pas avoir renoncé à compter. Attachée avec grande attention, elle était immobile sur le tapis blanc. Seul le mouvement lent et régulier de son buste trahissait qu'elle était encore en vie.

Une forme passa devant ses yeux clos. Une forme rouge, déçue. Elle lui disait quelque chose… Une douleur lancinante s'empara de son esprit, elle cessa de penser, la forme devint fumée. Tu n'est rien... C'était une daedhelle au corps fin et gracieux. Ses formes moins généreuses que la grande majorité de ses congénères renforçaient d'autant son aspect félin et élancé. Une longue crinière couleur de neige était étalée, dénouée, autour de son visage pour se mêler à la blancheur parfaite de son écrin.

Le bruit étouffé du métal. Son oreille se dressa, frémit, assoiffée de nouveauté. Un reflexe certainement, car aucune réaction ne suivit. On ne l'avait habillée que de corde. Une corde savamment nouée pour l'entraver autant que pour mettre en valeur la demoiselle. Quel esprit malade aurait eu l'idée d'ainsi attacher une prisonnière? Un artiste certainement, car, ses cheville liées aux poignets, les cordes s'entrecroisaient sur son anatomie pour dessiner ses attributs. Au moins travaillait-elle se souplesse.

Personne n'aurait pu dormir dans une telle posture. Le faisait-elle? Son esprit avait-il quitté sa demeure? De souvenirs tourbillonnaient, des pensées fragmentées sens aucun sens sur lesquels elle aurait été incapable de se concentrer. Elle devait resister… Mais à quoi? La tension de la corde était rassurante. C'était quelque chose à laquelle elle pouvait se raccrocher, perdue dans l'immensité blanche et silencieuse. Elle se tendit à peine... la corde se resserra contre elle. Un frisson la parcouru. Nulle pensée, juste une sensation. C'était bien.

Resister... A quoi devait-elle resister? Elle ne savait pas.Tu ne sais rien… C'était rassurant.. elle n'était pas tout à fait seule.

La porte était ouverte. Depuis combien de temps? Quelqu'un la regardait. L'angoisse monta en elle, irresistible, faisant battre son cœur plus vite. je ne veux pas mourir. La rage suivit. Elle ne savait pas pourquoi, mais ils paierez. Comment? Elle ne savait pas non plus, cela n'arrêterait pas sa colère.

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Veleth Var'rkiré
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeMer 24 Juil 2019 - 22:55


Rudaba ne s’était arrêtée qu’un instant. C’était ce moment entre deux battements qu’elle prenait normalement pour attendre la réaction de son maître avant de se replier, de rester immobile ou de bondir sur sa proie. Cette fois-ci, la personne était immobile, inerte et, semblait-elle, possiblement entre la vie et la mort à en voir l’hésitation du fauve. Veleth, pour sa part, n’arrivait pas à analyser la source de la tension de sa compagne. Dans cette confusion, l’animal avait été entraînée pour prendre les devants et se mettre entre Veleth et l’adversité.

Serpentant vers le corps au sol, la lionne ferma la distance d’un bond court et prudent. Instinctivement, elle alla porter sa mâchoire ouverte dont les babines s’étiraient de nervosité près de la nuque de la créature qui gisait au sol afin d’être le plus près possible du point vulnérable de sa proie. Elle ne la toucha pas, mais quand elle la renifla Veleth avait son bâton de marche bien devant lui, pointé vers la chose inconnue. Le marcheur, qui se trouvait dans une pièce d’un blanc insistant, comme un brouillard encore plus épais que celui dont il était normalement victime, aurait juré faire face à quelques sacs de lins. Absolument désemparé et pris de court, il ne fit que suivre celle qui était ses yeux et mis, une fois de plus, sa vie entre ses pattes.

Elle ne l’avait pas déçu. Elle avait agi rapidement en positionnant dans une position sécurisante et parfaitement adaptée à la situation. Quand Veleth sentit la tension de la lionne diminuer et qu’il n’entendait plus de grognements, il alla rapidement la rejoindre en s’accroupissant près d’elle et de la créature. Il s’approcha du corps à une distance inconfortable, mais surtout inquiétante pour la créature si cette dernière était consciente.

À une distance d’une main, Veleth scruta de plus près la découverte de sa lionne, qui, elle, était posée en sentinelle à ses côtés, en balayant son corps de son regard. Pour la première fois depuis des âges, un parfum étrange vint à lui, ainsi qu’une vision des plus déconcertantes : une femme nue, vivante et ligotée se trouvait devant lui, complètement immobilisée. La créature, une Enfant du feu, gisait dans une position dégradante dans laquelle il n’avait jamais vu une femme auparavant. Comme pris d’un malaise, le Massabond retomba par en arrière, les sourcils froncés et une moue de dédain au visage. Totalement au dépourvu, son premier réflexe fut de regarder ses arrières, comme s’il aurait pu voir quelqu’un, lui qui était aveugle comme une taupe, pénétrer dans la pièce pour le surprendre dans une scène si tordue.

On dit que les Hommes sont tous des enfants des Grands Esprits devant le malheur.

Veleth, qui avait perdu tant de ses proches aux mains de cette créature, qui avait vu cette créature lui prendre sa bien-aimée et sa fille, qui avait vu cette engeance violer et ravager les femmes de son clan, s’avança de nouveau vers elle. Il vit l’ébène de sa peau, ses traits surréels et la cendre de son teint. Elle avait le nacre sur ses cheveux, elle avait donc certainement le sang des Massabonds sur ses mains. Or, dans toute la monstruosité de la bête, Veleth voyait tout de même une femme. Une pauvre femme, une victime des atrocités qui avaient ruiné les plus belles pages de sa vie à lui. Les mêmes atrocités.

Atteint d’une sorte de dégoût noyé dans une décharge de peur, Veleth posa sa main sur le front de la jeune femme, prenant bien soin de ne pas toucher d’autres parties de son corps exhibé. Pudique, superstitieux et honteux de faire preuve d’une telle compassion envers un tueur de sang-froid, il risqua un ferme :

- Hey…Âtash’i…1



1: Drow ou ''enfant du feu'', ''enflammé'', en langue Massabonde.


Dernière édition par Veleth Var'rkiré le Ven 9 Aoû 2019 - 16:14, édité 1 fois
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeMer 24 Juil 2019 - 23:54



Le félin avait hésité, le lieu était étrange, dérangeant. Ses pattes s'étaient enfoncées en silence dans la laine du tapis qui recouvrait l'endroit du sol au plafond. Il n'y avait là qu'un seul point de repère: la créature sombre, isolée et vulnérable qui semblait l'épier en retour. La Lionne s'avança sans un bruit.

Les pupilles dilatées de la drow avaient bien du mal à faire se poser sur les formes qui venaient de pénétrer dans sa prison vide. Quatre pattes… une succession de sensations éparses. Des lèvres, une griffure, des crocs…

Des griffes…Du sang…

La daedhelle se tendit dans ses liens, qui glissèrent, serrant son cou inconfortablement. Angoisse Une sensation venue du plus profond des âges.Peur. Le prédateur s'approchait d'elle. Se défendre. Fuir. Des pensées, des reflexes même qui n'avaient même pas besoin de mots. Elle sentit le souffle du grand félin contre sa nuque. Alors, elle redoubla d'efforts inutiles, bien incapable de lui échapper ainsi entravée. Elle aurait voulu se battre. Tu en es incapable, s'il te voyait. La sombre entendait le mépris… Il n'était pas necessaire de comprendre les mots.

Et pourtant, elle refusait d'accepter l'inévitable, la délivrance. La drow, paniquée, impuissante la corde serrée sur sa gorge, gémit. Une larme glissa sur sa joue.

Une main se posa sur son front.  Elle eut un mouvement de recul, le félin grogna. Ses grands yeux aux iris de rubis se figèrent sur l'humain qui lui faisait face. Une voix lointaine en elle hurlait de garder son calme. Elle ne l'entendait qu'à peine, comme un écho d'un passé oublié.

Il vit ses oreilles se dresser lorsqu'il parla, comme le faisaient ses lionnes. L'avait-elle compris? Elle ne lui répondit pas, son regard craintif posé sur lui évoquait un animal sauvage pris au piège.

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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeJeu 25 Juil 2019 - 3:01


Veleth sursauta quand il sentit la femme se débattre à ses pieds et que sa peau frôla la sienne. Jamais une de ces engeances ne l’avait touché et, sans trop comprendre pourquoi, il se sentit repoussé par ce contact. L’aveugle pressentait une obscurité dans cette rencontre et son intuition lui disait qu’il était débarqué à un endroit où il n’aurait jamais dû se trouver. D’un autre côté, il y avait en lui cette urgence de remédier à la situation dans laquelle se trouvait cette…femme qui n’était, à ses yeux à lui, à ce moment précis, qu’une proie prise au piège. De surcroît, elle n’était pas seulement qu’une victime d’un prédateur qui chassait pour survivre, mais bien la martyre d’un esprit tordu et plus noir qu’elle. Veleth sentit son cœur se serrer.

Elle l’avait entendu. Ses oreilles avaient bougé, son corps s’était détendu quand il l’appela par sa race ou, du moins, par le seul mot qu’il sut lui dire. Maintenant, Veleth savait que la femme était consciente et visiblement réactive à ce qui se passait autour d’elle. Sans tarder et ne supportant pas guère plus la position dégradante de la fille du volcan, le Massabond se saisit de son couteau de chasse et se rapprocha à une distance intimidante de la femme. Forcé d’envahir son espace intime pour bien pouvoir observer ses liens, Veleth dû porter son visage sur la moindre courbe, l’anatomie de la drow en gros plan devant ses iris. Sans tarder, il passa sa main entre sa peau et ses liens afin de pouvoir y glisser la lame incurvée de sa dague. Comme pour éviscérer une petite bestiole, le mouvement fut sec et long et les cordes cédèrent sans trop de difficulté. La créature, la femme était maintenant libre de bouger.

Pressé par la même urgence, qui se traduisait par des mouvements automatiques amplis d’une bonté surréelle, mais aussi maladroite et froide, Veleth retira de son propre corps quelques morceaux de vêtements. Sous le regard de Rudaba, il porta doucement une longue cape et un grand foulard de tissu effrité aux épaules de la martyre. Sans pouvoir trouver son regard, regardant dans la direction qui devait être celle de son visage, Veleth tenta quelques mots en oliyan, ceux que les gens de sa naissance apprenaient grâce aux échanges diplomatiques avec les peuples extérieurs.

- Ami…paix…calme avec ami.

Veleth força un sourire. À l’extérieur, il avait entendu ses lionnes rôder autour de la chaumière, puis, le silence complet. Rudaba avait le regard figé en direction de la porte, alerte et immobile


Dernière édition par Veleth Var'rkiré le Ven 9 Aoû 2019 - 16:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeJeu 25 Juil 2019 - 14:30



Elle le guettait, immobile. Ses prunelles semblaient distraites par le moindre de ses mouvements qu'elles suivaient avec un décalage dérangeant. A force de tirer sur ses liens, une fine pellicule de sueur avait recouvert sa peau d'ébène. La où la corde avait frotté contre la chair, elle avait été meurtrie, mais l'étendue de ses blessures ne s’arrêtait pas là. Son visage, ses membres, son dos portaient les traces d'autres contusions. La peau raclée se soignait déjà peu à peu.

Elle ne voulait pas mourir. Elle était soulagée de voir quelqu'un. Elle avait peur du félin, de l'homme penché sur elle. Elle ne voulait pas être seule de nouveau. Peut-être cette apparition allait-elle disparaître comme les autres qu'elle venait de chasser? Les émotions se succédaient, contradictoires, privées de sens.

L'humain dégaina un couteau. C'était une lame faite pour la chasse. Artisanat de qualité. L'idée avait surgit, avant de s'évanouir à son tour aussitôt. Elle ferma les yeux. Le chasseur et sa lame était toujours là. Le souffle de la lionne dans son cou aussi.

L'homme s'approcha plus prés. Sang. L'acier qui s'enfonce dans la chair avec une facilité euphorisante.. ou effrayante? Le sang sur ses doigts, sur ses mains. Elle ne voulait pas... Elle devait... faire quelque chose.. Un gémissement plaintif s'échappa de sa gorge, La sombre tenta de reculer pour échapper à l'acier vengeur. La lionne grogna. Tu le mérites, pensa-t-elle. Si on en croyait son regard de bête apeurée, elle n'en était pas du tout convaincue.

Le couteau disparut de sa vue, vers son ventre plat et tendu. L'homme était si proche maintenant. Pas le ventre. La gorge plutôt, ce serait plus rapide, moins douloureux. Le froid du métal fit se tendre un peu plus son abdomen. Elle tenta à nouveau de s'échapper, se débattit, la corde se serra autour de son cou, elle miaula en s'étranglant. La corde relâcha soudainement son emprise.

Il avait coupé la corde.

Le couteau se retira.

Haletante, la drow l'observait craintivement sans comprendre. Il venait de poser une cape et un foulard sur ses épaules. Les membres endoloris de la sombre peu à peu reprenaient vie. Elle était vivante. Était-elle libre? L'animal en elle n'y croyait pas. C'était impossible. C'était un piège.

Il prononça quelques mots, lui sourit. Son regard était étrangement décalé, comme s'il observait par deçà son épaule. Un visage surgit dans son esprit. Une humaine, rousse. Un sourire, un nom? Son cœur se serre. De la frustration, de la tristesse. L'apparition se dissipa alors même qu'elle tentait de la retenir de toutes ses forces. Colère.

Elle tira sur les cordes, sans prêter attention à la brûlure féroce que cela provoqua. Sa main droite s’élança vers lui à la recherche de son arme dans un mouvement qui lui évoqua un grand félin.
La lionne, gardienne attentive, la repoussa au sol avant même qu'elle ne devienne un danger. Trop faible, trop lente, la daedhelle fut aussitôt soumise par l'animal, ses crocs contre la nuque.

Chose impossible, il entendit une drow sangloter.

Elle ne savait pas pourquoi.

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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeSam 27 Juil 2019 - 11:58



Il avait eu pour la pauvre martyre un profond et sincère désir de remédier à ses maux. Il avait eu pitié d’elle et s’était mis en danger pour cette Enfant du feu qui aurait dû mourir sans son intervention. Là, alors qu’il lui avait redonné sa liberté et offert des vêtements, la chose avait tenté de la violence contre lui en lui dérobant le couteau qu’il avait utilisé, ce même outil, pour la défaire de ses liens. Veleth chercha à comprendre, mais il convint que la détresse de la jeune femme dépassait son entendement aujourd’hui. Désormais sous Rudaba, qui l’avait remise à sa place, la fille du volcan gisait à nouveau sur le sol. Elle était loin d’être plus libre sous un fauve de Brââ que dans un enchevêtrement de corde. Veleth sentit un point froid et perçant dans sa poitrine; la femme ne savait plus ce qu’était la liberté.

Veleth se leva et alla trouver la tête de la drow qui était allongée sur le côté sous sa lionne. Il posa sa main sur Rudaba, ce qui lui indiqua aussitôt de se retirer, ce qu’elle fit sans jamais toutefois se distancier du corps au sol. Épaule à épaule, Veleth et la lionne regardaient, perplexes, la créature qui leur refusait le secours. Maintenant, l’aveugle ne voyait à peine qu’une forme au sol, mais ses oreilles percevaient bien les sanglots de la femme, qui avaient plus du désespoir que de la douleur. Le Massabond ne fut pas insensible à ce malheur et il tenta une fois de plus désespérément de lui venir en aide. Cherchant sous sa cape, il dégaina lentement sa gourde et son précieux contenu en serrant la gorge, réticent de se dérober de son or bleu.

- Boire eau pour vous.


Dehors, une de ses lionnes avait grogné dans l’obscurité du soleil qui terminait sa course vers l’abysse. À ses côtés, Rudaba avait redressé son cou et ses oreilles, exhibant son poitrail de blé. Aux aguets, elle semblait visiblement attirée vers le mouvement à l’extérieur et Veleth sentit une nouvelle urgence.
Un grognement plus insistant, plus profond et bestial survint et suffit à appeler Rudaba, qui s’élança vers l’extérieur pour disparaître dans la nuit. Seul avec la femme, Veleth se releva à l’aide de son bâton de marche et se dirigea lentement vers la porte d’où il était arrivé en se dirigeant dans le néant gris-noir de la pièce voisine. Puis, il tourna sa tête en direction de la séquestrée, puis une fois de plus vers l’activité à l’extérieur. Quelque chose clochait et rien qui clochait à cette heure dans le désert, près d’une maison où était enfermée une drow ne pouvait être bon. Inquiet, il porta ses yeux vers la forme floue et lança un ferme :

- Partir. Maintenant.

À quelques mètres de lui, à l’endroit où la voix de ses compagnes avait percé le mur de la nuit, il y avait présent d’autres voix qui chantaient leur chanson de malheur. Celle des prédateurs.


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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeSam 27 Juil 2019 - 19:22



Le grand prédateur avait retiré sa patte griffue de son dos. Elle ne comprenait pas dans quel piège cet humain et sa compagne féline cherchaient à la faire tomber. Ils ne pouvaient pas être là par hasard, pourtant, ils ne l'avaient pas tuée.

Un frisson la parcouru, elle posa ses mains par terre et, les yeux embués par une émotion immense qu'elle ne parvenait pas à comprendre, souleva son torse dénudé pour se décaler hors de portée des griffes de la bête et de l'homme. Ses jambes sveltes alanguies hésitaient, comme si la prisonniere apprenait à se mouvoir après avoir été immobilisées trop longtemps.

Ils la guettaient, elle les guetta en retour. Appuyée sur son bras droit, sa chevelure à la blancheur de la neige coulait sur son visage comme autant de fils de soie pour disparaître mêlée au tapis. D'une main gauche étrangement maladroite, elle agrippa la cape qu'il lui avait donné pour la retenir contre elle. Que devait-elle faire. Etait-elle libre? Si oui, pourquoi lui bloquaient-ils le passage? Elle jetait un oeil curieux à l'ouverture de la porte, un abîme de ténèbres au milieu de l'infinie pureté.

Ce fut l'homme qui ouvrit la bouche le premier, il l'avait vu reculer un peu plus lorsqu'il avait fouillé sous sa cape, méfiante, puis avait suivi des yeux la gourde qu'il lui tendait. La drow hésita, puis finalement déplia un bras gracieux. Elle avait soif. L'homme l'approcha un peu plus d'elle... Elle était sans défense. Brusquement, elle attrapa l'objet pour le porter aussitôt à la bouche, sans le quitter du regard.

L'oreille de la recluse se dressa au grognement de la lionne. Elle sentit le danger, elle aussi. Les mirettes grandes ouvertes étaient figées sur la porte ouverte. S'enfuir... Elle devait s'enfuir, sinon? Elle ne savait pas quoi, mais l'angoisse était revenue, plus forte, un nœud serré dans son ventre à menacer de lui faire vomir le précieux liquide qu'il venait de lui offrir. Plus jamais. Une chose lui suggéra de rester, douleur lancinante, quelque chose de brisé.

Le maître des lionnes s'était levé, elle s'accroupit. Elle aurait du comprendre les mots qu'il prononça, leur sens lui échappait comme une anguille, mais elle en avait saisit le sens. Elle avait saisi l'urgence.

Lorsque, sur le seuil de la porte, il se retourna pour lui faire signe une dernière fois, elle n'hésita plus et le suivit en agrippant la cape qu'il lui avait donné. La daedhelle avait une allure légère et féline. Si ses yeux trahissaient sa méfiance et sa crainte, ses appuis et sa démarche étaient celles d'une panthère farouche. Elle goûtait de sentir son poids sur la plante de ses pieds nus, de sentir son corps balancer sur ses jambes. La douleur de ses muscles endoloris, de ses multiples blessures n'avait aucune importance. Lorsqu'elle franchit le seuil, elle eut un frisson, l'emotion menaça de la submerger à nouveau. Quelque chose en elle, l'espoir, venait de se reveiller.

Mais tout n'était pas fini. Elle entendait le galop d'un cheval.

***

Ke'Ishan était de mauvaise humeur. Elle était certaine d'avoir entraperçu quelque chose dans l'esprit détraqué de leur captive. Détraqué, il l'était peut-être aussi par sa faute certes, mais quelle importance? Ce n'était qu'une question de temps pour qu'il s'effondre de lui-même d'une part, et, d'autre part, le fait qu'elle ait à peine été capable de résister justifiait pleinement qu'elle le piétine comme elle l'entendait: Les forts prenaient ce qu'ils désiraient, les faibles offraient ce qu'ils possédaient. Pourquoi donc lui reprocherait-on d'avoir accéléré l’inéluctable?

Mais ce n'était même pas la première raison pour laquelle elle était de mauvaise humeur. Non, la vraie raison était qu'elle avait oublié sa foutue bourse, et qu'après quelques incidents fâcheux, il avait été interdit aux soldats drows de ne pas payer leurs consommation à Frontière, sous peine de sanctions qu'elle préférait ne pas subir. En effet, Ke'Ishan préfèrait de loin faire souffrir les autres plutôt que de souffrir elle-même.

Elle avait donc du faire demi tour dans la nuit, pendant que ses camarades l'attendaient plus loin. Cela ne lui prendrait que quelques minutes, mais Ke'Ishan n'était pas patiente.

Le cheval de la drow donna soudain des signes d’inquiétude et elle l’arrêta aussitôt. Venait-elle de voir une forme animale devant la ferme? La mage de guerre fronça les sourcil. Soudainement, elle avait sauté de sa monture et se réceptionnait au sol, épée déjà à la main, et s’avançait prudemment vers le bâtiment, ses sens en alerte.

Si quelqu'un était venu ici, il allait le payer cher. Sa main qui ne tenait pas l'épée dansait déjà, ses lèvres murmurant une entêtante mélopée.
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeDim 28 Juil 2019 - 19:12



Rudaba s’était déjà précipitée à travers la porte entrouverte quand les sabots qui battaient le sol se firent entendre jusqu’à l’intérieur. Instinctivement, elle était allée rejoindre ses sœurs et prendre les devants, serpentant à travers le mobilier de la maison qu’elle seule pouvait désormais voir. Quand elle eut disparu et qu’elle s’engouffra dans la nuit zurthane, une clameur de rugissements chassa le silence crépusculaire qui avait précédemment tapissé l’espace d’incertitude et de doute. Alors, les bêtes s’époumonaient maintenant et il n’y avait plus l’ombre d’une incertitude : la violence serait au rendez-vous.

Alarmé, Veleth se dirigea d’abord rapidement vers le halo de lumière, ce portail plus pâle dans les environs qui ne pouvait qu’être la porte à travers laquelle il avait pénétré l’endroit. Presque totalement désemparé au milieu de cet abysse étrange, aux sons et aux objets d’outremonde, Veleth comprit qu’il ne pouvait pas porter secours à qui que ce soit tant qu’il resterait à l’intérieur. Reconnaissant la voix des fauves et la peur dans le bourdonnement que leur rugissement laissait dans l’air, il tenta tant bien que mal de garder son calme et de les rejoindre à l’extérieur. À ce moment précis, il sut qu’il devrait prendre la situation en main s’il voulait tous les sortir du pétrin dans lequel ils se trouvaient.

Près du seuil de la porte, Veleth s’adossa au mur afin de sentir la brise nocturne virevolter contre ses foulards et caresser son coup. Quand elle effleura son visage, elle laissa une trace pour ses oreilles attentives qui repérèrent un le danger qui se dressait contre sa meute. Un individu, au pas décidé et alerte, s’avançait portant sur son corps l’odeur et la vibration de la mort. Dans les étendues vides et paisibles du désert, les gens de son espèce contaminaient l’air ambiant d’un venin amer que, les bestioles fuyaient et que même les prédateurs redoutaient. Le parfum de la créature, qui avait excité les lionnes et qui maintenant arrivait aux narines du Massabond, se retrouvait aussi dans les lames maudites, les raids soudains et les carnages qu’il avait connu par le passé. La pièce d’à-côté et celle-ci aussi d’ailleurs en étaient pleine à en vomir.

Les lionnes battaient de leurs pattes le sable et annonçaient clairement le territoire qu’elles défendaient. Pour leur assaillant, plus rien ne devait être de l’ordre du mystère, alors que trois lionnes de Brââ, tatouées de peintures et en formation de combat, gardaient l’entrée de la cabane désaffectée. Même si Veleth craignait déjà qu’il ne soit trop tard pour qu’ils s’en sortent indemnes, il n’eut d’autre réaction que de se saisir de son talisman et le porter à son cœur, puis à son bâton de marche, en prenant soin de l’attacher solidement.

Havaa, bet’em bar gaashi’ti taa Saahel. Moun peser’at.


Et son incantation était bien une comptine pour enfant que les mages Saaheli utilisaient pour apprendre à se mémoriser le nom du Sable et à respecter le désert qui leur donnait la vie. Rassurantes et simples à retenir, ces paroles constituaient encore les mots que Veleth utilisait lorsque la peur le terrassait. Quand il eut si soif qu’il voulut se noyer dans sa salive et qu’il fut à même de cracher du sable de sa bouche, le mage pivota pour se retrouver sur le petit balcon d’une hauteur de quelques marches. Il faisait dorénavant face à la nuit, à ses lionnes et à l’inconnu dont il n’arrivait pas encore à percevoir la silhouette.

Le vent se levait. Le sable aussi.

Le corps calme et mou, mais fermement agrippé à son bâton, Veleth s’adressa à Rudaba, Tah’mireh et Roshan qui ne faisaient que ce pourquoi elles vivaient : protéger.  D’une voix douce, il ne prononça que quelques mots en Massabond qui suffirent à installer une nouvelle tension silencieuse, alors que les félins se turent. Un coyote hurla au loin.

- Tshhhh… doucement les filles, doucement…

Veleth caressait de ses doigts son amulette, qui se trouvait à la hauteur de ses épaules sur son bâton. À travers elle, il pouvait ressentir la forme des dunes, les amas de poussière et les courbes que le vent épousait dans les collines de sable et de roc. Partout sur la ferme, la matière semblait déjà s’animer d’une force qui était celle de l’air avant l’orage. De nouvelles dunes se dessinaient autour d’eux. Il chantait toujours.

La lay…Havaa, bet’em bar gaashi’ti taa Saahel. Moun peser’at…la la lay la lay lay.

Veleth avait déjà oublié la femme qui était à l’intérieur, quand une décharge d’adrénaline avait soulevé Tah’mireh de ses pattes postérieures. Au milieu de ses congénères, elle voulait être la première à frapper et elle fermerait la distance en un sprint et un seul bond mortel.


Lancés de dés:


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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeLun 29 Juil 2019 - 18:56



Trois lions, un humain. Voilà qui était des plus inhabituel. Rien d'autre à l'horizon. Rien qu'elle ne puisse mater. Ke'Ishan avancait du même pas régulier, droite et fiere. Voyaient-ils le grand sourire carnassier qui ornait son charmant visage? Elle sentait les pulsions primales qui battaient en leur cœur. La colère... oh oui surtout la peur de l'humain, si douce sensations qui pénétrait ses os comme une vibration plaisante. Qu'était-il venu fouiner ici? Peut-être n'avait-il rien découvert? Cela n'avait aucune d'importance.

Le sable roula sous les bottes de l'enfant d'Uriz, elle sentit aussi la magie chanter dans le cœur du Zurthan, comme il chantait dans le sien. Pulsations qui faisaient vibrer le monde d'une onde chaleureuse, là où la sienne était comme un sifflement aigu.

C'était un lanceur de sort. Si rares chez les éphémères. Mieux, il souhaitait se battre, offrir sa vie en l'honneur des dieux sombres. C'était si rare depuis le début de ce siège. Etait-ce un présage que leur petit complot lui apporte cette bénédiction? Le sourire cruel de la daedhelle s'étendit encore, son cœur battant.

Elle ralentit son pas, ses doigts gainés de cuir dansaient souplement, sa lame brandie. Elle allait le faire souffrir. Un pas de plus. Les lionnes rugirent devant leur maître, elles sentaient le danger.

Elle s'immobilisa un instant, fermement campée sur ses deux jambes, son regard de braise figé sur lui, lui l'humain assez courageux pour ne pas s'enfuir de peur. Le sable dansait entre elle et son ennemi. Elementaliste, en déduisit-elle calmement. C'était un fait, une donnée à ajouter aux autres, elle savait ce que combattre des mages signifiait: elle ferait mieux de l'arrêter rapidement. Ses cheveux coupés court  La main de la spiritiste s'étendit, le sort qu'elle avait tissé s'élança vers ses victimes. Désorientation, confusion. Veleth la sentit comme un frisson qui remonta son échine. Était-ce tout?

Les lionnes semblèrent un instant perdue, comme si elles le cherchaient. Puis, l'une après l'autre, elles se tournèrent vers lui en grognant, leurs yeux sauvages fixés sur lui. Elles avaient réalisé que l'ennemi était parvenu derrière elles. Prises dans l'illusion du mage de guerre, les animaux confondaient leur maître avec leur dangereuse ennemie. Et cet ennemie était toute proche, à leur portée.

Une décharge d'adrénaline souleva Tah’mireh. Au milieu de ses congénères, elle voulait être la première à frapper celle qui menaçait son maître. En un seul bond mortel, elle se jeta sur Veleth pour l'immobiliser. Son Maître serait satisfait, pensait-elle.

La main toujours tendue, sans relâcher sa concentration sur le sort qui empêchait les lionnes de se retourner vers elle, la mage de guerre s'avança vers sa proie. Lui en voudrait-on si elle prenait son temps pour jouer un peu avec lui et ses bêtes? Ke'Ishan était de mauvaise humeur, c'était certainement une bonne façon de commencer la soirée.
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeLun 29 Juil 2019 - 20:05



Son monde avait basculé. Pour la première fois de toute sa vie, ses trois compagnes s’étaient retournées contre lui et il sentait la puissance de leur violence à quelques mètres devant lui. Il ne les voyait que très mal, car le lien qui les unissait dans l’arcane semblait s’être évaporé, voir sectionné soudainement. Une chose était certaine, Veleth avait un avant-goût de ce que ses ennemis avaient pu ressentir quand elles s’abattaient sur lui, massives et bestiales. Glacé d’effroi et aussi furieux, voir désespéré de n’être qu’une vulgaire proie pour elles, Veleth relâcha le sort qu’il aurait voulu préparer encore un battement de cœur de plus. Il ferma les yeux et plongea vers l’arrière, se jetant à l’intérieur dans un bond maladroit qui lui coûta presque sa tête qui manqua de percuter le bois.

Dans le rectangle qui ouvrait sur le désert, le néant s’abattit et ce fut à ce moment que Veleth ne put plus réellement  discerner quoi que ce soit dans son environnement. Aveugle, il venait de rendre son monde sans dessus-dessous, alors qu’il était allongé au sol et tentait de se relever. En effet, dehors, le balcon, les marches et une zone d’environ la taille d’un très grand jardin venait de s’enfoncer dans la terre à une profondeur que Veleth n’arrivait pas à évaluer. Exactement à l’endroit où les lionnes et la mage se trouvaient alors, le sol venait de s’effondrer sur lui-même laissant à cet endroit des dunes irrégulières et profondes. Si personne n’avait eu le temps de sauver, Veleth déterrerait quatre cadavres à sa sortie.

Son talisman bien en main, Veleth se remis à chanter en essayant tant bien que mal de se relever. Alors qu’il terminait de se remettre debout, en douleur, son pied se coinça dans une planche : la partie avant de la maison avait perdu quelques morceaux et le balcon avait était englouti par le sable. Comme une lame dans la poitrine, la simple pensée d’avoir enterré vivant Rudaba, Tah’mireh et Roshan lui meurtrissait le cœur, mais Veleth n’osa pas aller vérifier de sitôt.

À sa droite, toujours dans leur cabane démolie, il entendit la prisonnière qui avait bougé, mais il ne parvenait pas à savoir quelle serait le rôle de cette dernière dans l’acte de sa survie. En colère, Veleth regrettait profondément de s’être retrouvé sur le chemin de cette femme, route de malheur et de malveillance.  Il reprit son incantation et cette fois en tendant sa main, crispée et dardant l’entrée, à mesure que le sable s’accumulait en monticule devant la porte. Du trou profond vers lui, le sable glissait magiquement vers le haut et formait désormais un tas doré d’une hauteur d’environ un mètre. Le Saaheli le sentait aussi dans sa bouche, dans ses poumons et sentait son monde se voiler, s’obscurcir.


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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeMar 30 Juil 2019 - 13:25



Une marée de sable. Une foutue marée de sable. Lorsque Ke'Ishan avait lancé les lionnes sur le mage, elle avait pensé que cet imbécile mouillerait son pantalon et perdrait son sort comme un gentil garçon, pas qu'il parvienne à retourner le terrain comme un fermier enthousiaste.

Elle avait reussi à se lancer en arrière et à cacher ses yeux, mais elle n'en avait pas moins du sable dans tous ses orifices. Tout au plus avait elle eu la chance de ne pas être ensablée comme les félins, qui auraient peut-être besoin d'aide. Tant pis, elle les laisserait crever lentement ici. Parce que maintenant, la guerriere n'était plus agacée, elle était énervée par cet enfoiré, qui non seulement semblait s'accrocher à la vie, mais en plus s'enfuyait.

La drow se releva souplement, épousseta son armure de cuir et jeta un oeil à la maison. Il ne manquait plus grand chose pour qu'elle s'effondrent. Aussi solide qu'un éphémère. Elle avait de moins en moins envie de tuer celui là tout de suite. Qu'il fasse honneur à Kiel, ce serait parfait.

L'humain se cachait, qu'à cela ne tienne, elle allait le débusquer comme il se devait. C'était un qu'elle aimait beaucoup.

***

Feulements, grognements. Il faut partir! la petite voix presqu'indistincte que la recluse entendait à peine au fond d'elle répéta. Elle était devant le seuil de son monde de blanc et de douceur. Au delà, un festival de couleurs, de formes, d'odeurs, de sons. Des sons dangereux. Était-ce un piège? Elle hésitait à faire le premier pas. Il faut partir! La voix avait reprit, plus fort, avec un ton qui était celui du désespoir. La prisonnière, par réflexe, mis un pied devant elle. Un frisson la parcouru lorsqu'elle sentit les sinuosités du planché poli contre la plante de son pied. Elle sera plus fort la cape et la gourde mouillée contre elle, et franchit le seuil.

Avalanches de sensations. Le plafond fait de lourdes poutres de bois l'écrasait, la multitude de formes, de couleurs s'imposa à elle. Elle lâcha ce qu'elle portait et mis les genoux à terre, prise de nausée. Elle aurait voulu retourner là bas. Non! Il faut partir! Laisser cet humain crever et s'enfuir loin! Non, il fallait se battre? Mais seuls les vaillants se battent. Elle ne valait rien.

C'est l'instant que choisit l'enfer pour se déchaîner. La captive vit l'humain se jeter au sol, et derrière lui un nuage de sable emplir la pièce.

Elle se relevait en hurlant pour frapper tel un serpent. Le guerrier abattit son épée, une lueur de surprise dans son regard. L'épée tailla profondément dans les chairs, son épaule traversé d'une douleur si intense qu'elle manqua de prendre pied, le sang, son sang quittait son corps à flot. Le guerrier releva la lame ensanglantée pour un deuxième coup. Il ne vint pas. A la place, le sable l'emporta aussi facilement que si elle était une poupée de chiffon. La rage se mêlait à la douleur dans son cœur.

Qu'était-ce, un souvenir? Son épaule gauche la faisait souffrir si fort. Il persista dans son esprit. Sans réfléchir, la prisonnière s'était jetée sous une table et se prostra contre le mur de pierre. Colère et douleur. Elle se tenait l'épaule, tremblante.

Le silence s'empara de la pièce, seulement coupé par les incantations du mage, prêt à déverser sa magie au travers de la porte ensablée, les grattements et gémissements des lionnes, dehors, et la respiration saccadée de la prisonnière qui parvenait peu à peu à surmonter sa panique.

Juste au dessus de la table sous laquelle la recluse s'était réfugiée, se trouvait une fenêtre que les bâtisseurs avaient placée là pour surveiller l'entrée de la vallée. Elle ne leur avait malheureusement été guère utile lorsque les drows étaient arrivés. Veleth l'avait-il vue dans la nuit?

Le craquement du bois qui se brise retentit, puissant. Ke'Ishan, le regard dément, franchit la fenêtre en projetant les minces tiges de bois et le papier qui l'obstruaient. Sa botte frappa la table de la prisonnière, faisant tomber outils et couteaux qui y étaient posés.
elle s'élança, roula au sol et se rétablit aussi bien qu'un grand carnassier. Elle n'avait d'yeux que pour sa proie, l'humain chétif qui avait osé se dresser devant sa puissance.

Les muscles puissants de la guerrière se tendirent, elle bondit. Son poing frappa le Zurthan en plein dans le plexus solaire, lui coupant la respiration et le projetant en arrière. Il fracassa une chaise sur son passage pour tomber au sol. C'était parfait. Son regard carnassier était sur lui, le sourire halluciné des sombre sur son visage. C'était parfait, il allait chanter pour Kiel.

Ke'Ishan poussa un cri de douleur.

La martyre avait vu le couteau tomber devant elle. Elle avait vu la mage de guerre se rétablir, et se jeter sur son sauveur.

Elle n'avait pas réfléchi. La rage qu'elle avait ressenti était si forte, irrésistible. Elle ne se souvenait pas avoir pris le couteau, elle ne se souvenait pas s'être élancée comme une bête sauvage. Le couteau que la jeune captive tenait avait glissé contre les omoplates de la prédatrice, s'était glissé au travers du cuir et avait creusé muscle et chairs.

La mage de guerre se retourna souplement, comme si elle ignorait la douleur, et riposta d'un coup de taille que la jeune drow esquiva d'un bond en arrière, le couteau ensanglanté à la main. Elle l'avait senti venir. Les daedhelles se faisaient face, et, en un cri sauvage, la jeune alliée de Veleth bondit repartit à l'assaut, enragée, aussi rapide que si elle arrivait à anticiper les coups de son aînée. Le métal chantait contre le métal.

De fines marques rougies apparurent bientôt sur le corps de la jeune daedhelle, mais elle n'en avait cure. Elle pressait son adversaire, elle brûlait d'une haine si intense contre Ke'Ishan que rien d'autre ne comptait.
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeMar 30 Juil 2019 - 15:13



Un poing venait de le percuter à la poitrine et le pauvre homme s’était écrasé à nouveau au sol après avoir démoli du mobilier de bois dans sa chute. Complètement déboussolé, le chaos était tel que Veleth voulut presque se laisser mourir un instant, ne sachant plus comment se défendre contre la menace qui l’assaillait. En un éclair, son ennemi était parvenu à lui à travers le néant qui l’emprisonnait, comme un fauve qui bondit hors de l’ombre. Le corps ensanglanté de blessures multiples, Veleth tenta de se relever établissant un piètre rempart avec son bras devant de lui. Comme le seul bouclier qu’il lui restait, il tenterait d’éviter une prochaine souffrance avant que son assassin ne lui tranche la gorge.

À tâtons, Veleth se mit à chercher son bâton quand il entendit le métal pénétrer la chair et le cri de l’envahisseur retentir. Quelqu’un venait d’être gravement blessé et Veleth n’eut pas besoin de yeux pour le savoir. Aussitôt, l’aveugle comprit qu’il se retrouva au milieu d’un nouveau combat, mais… qui ? Comment ? Quand la voix d’une jeune femme se fit entendre, puis une autre, il sut que la captive n’en était plus une le temps d’un violent duel. Aidé seulement de son ouïe et de son désespoir courageux, Veleth rampa en direction opposé du combat pour survivre et voir un autre jour. À mesure qu’il grouillait au sol vers le coin opposé de la cabane, il entendait les hurlements et le son des Enfants du feu qui tentaient de se mettre à mort.

Comme le sable avait commencé à pénétrer la maison à cause de son dernier sort, la vision de Veleth sembla s’éclaircir à la manière d’une lentille que l’on essuie. Dans les agglomérations au sol, il pouvait désormais voir les pas des deux femmes, ainsi que la marque de son corps qui se traînait par terre. La lutte était frénétique et les femmes émettaient une énergie carnassière qui apposait une empreinte rougeâtre et vive sur le sable. Le temps sembla s’arrêter un instant, au moment où Veleth cherchait toujours son talisman. Il le trouva au sol, mais trop près de son ennemi et du combat sanglant. Le mage sut qu’il ne pourrait plus compter sur la Saahel pour le protéger et qu’il devrait recourir à plus simple, mais plus dangereux.

Il voulut se relever, mais la douleur lancinante à la poitrine l’obligeant à faire plus d’une tentative. Après s’être aidé des murs qui s’écroulaient, un Veleth debout, mais très instable, lutta pour retrouver son équilibre et mettre de l’ordre autour de lui. Les marques dans le sable ne cessaient de se déplacer, lui indiquant qu’il était encore temps de faire quelque chose. Étourdi et confus, il chercha autour de lui un objet dont il se servirait comme arme: des morceaux de bois gisaient ici et là, du sable et encore du sable. Soundain, son pied effleura ce qui semblait être une bassine ou un sceau. Sans hésiter, il saisit l'artefact et le lança en direction des pas que sa vision éthérée lui permettait de percevoir. Il redouta de blesser la captive, mais il n'eut d'autre choix que de risquer un lancer qui pourrait déstabiliser l'ennemi.

À l'extérieur, les lamentations d'un fauve s'étaient faites entendre. Une lionne était blessée et peut-être gravement. Sur le sol, près du combat, l'amulette s'était déplacée un tantinet et brillait toujours d'un éclat blanc.

Veleth devrait bientôt prendre une décision, car son heure approchait.


Dernière édition par Veleth Var'rkiré le Ven 9 Aoû 2019 - 16:11, édité 2 fois
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 19:22



La femme était passée au travers de  la fenêtre, avait roulé au sol, et en se rétablissant, avait d'un coup net coupé le mage dans son effort. Le frêle humain avait volé au travers de la pièce comme une poupée de chiffon. Le médaillon qu'il tenait reposait maintenant au sol. La noirelfe aurait été satisfaite si elle n'avait pas remarqué que la porte de la cellule était grande ouverte. Ce petit enfoiré avait du l'ouvrir. Heureusement, la gamine devait à l'heure qu'il était toujours baver dans un coin.

Première étape: rapidement achever l'humain, puis elle pourrait rapidement s'enquérir de la bonne santé de la captive. La mage était d'avis qu'il faudrait ensuite vite en finir avec elle avant que les choses ne tournent mal. Prendre des risques était un plaisir, mais elle sentait qu'ils avaient atteint la limite de leur chance.

Elle n'avait pas remarqué la prisonnière cachée sous la table.

La prisonnière, elle, avait tout vu. Elle avait vu l'arrivée fracassante. Elle avait sentit ses mouvements souples, le martellement ouaté de ses bottes sur la pierre. Elle avait senti plus qu'elle n'avait vu la force du poing enfoncer à pein l'os, le souffle de son libérateur en être coupé, elle avait vu l'ennemie si satisfaite. Son attention toute entière sur l'humain.

Mais tout cela n'avait aucune importance. La seule chose qui comptait était la rage qui bouillait en elle, la rage folle, tournée contre cette drow qu'elle devait connaître. Comme un souvenir à la limite de sa conscience fragmentée qui refusait de faire surface, mais dont la seule présence était générateur d'une colère folle.

Tuer.

Le couteau était tombé sur le sol devant elle. Elle avait mal, mais elle ne le sentait pas. Ses doigts s'enroulèrent autour de la poignée, son cœur battant.

L'instant d'après, ses pieds nus trouvaient appuis sans un bruit sur la pierre froide, et la propulsait vers l'avant. Une douleur, qu'elle n'écouta pas, s'étendit, lancinante, dans le membre.

Elle s'élançait comme une furie sur la sombre qui l'entendit approcher. La combattante leva le bras pour dévier l'arme et le couteau aiguisé fut arrêté par l'armure, tira malgré tout le premier sang en un éclair vermeil, leurs regards se croisèrent, la surprise de la mage croisa la sauvagerie d'une bête. L'épée formidable fendit l'air, la captive la sentit, la pointe l'effleura à peine, puis elle contrattaqua aussitôt. Le métal claqua contre le métal. La vibration remonta dans le bras blessé de la prisonnière pour y faire naitre une souffrance éclatante. Elle fit un bond en arrière l'autre pressa ses assauts, et zébra vite le corps nu et fatigué de coupures vermeilles.

Des brides de souvenirs, d'entrainements, de mouvements refaisaient surface, désordonnés, perturbants. Des souvenirs de douleurs, d'espoirs confus. Tu perds… tu es faibles… ton corps va céder avant ton souffle finalement. Cette voix cynique avait raison, elle l'entendait clairement maintenant. Mais elle ne pouvait pas abandonner. Elle ne voulait pas mourir, pas maintenant.

Elle sentit le mouvement de la bassine que lançait Veleth.  Elle s'élança avec l'énergie du désespoir. Ke'Ishan fit un pas en arrière, et trébucha contre la bassine.

Elle se vit bondir contre un humain dans une arène, contre un drow dans les flammes, contre.. Ce colosse, son père, sut-elle aussitôt. Elle passa sous l'épée, et planta son couteau au travers du cuir. La douleur s'empara de la poitrine de Ke'Ishan, qui bascula et chuta au sol, le souffle court.
Elle était sur le dos, la sauvage sur son torse armée couteau ensanglanté. Elle aurait vraiment tuer cette débile avant.

La mage du C'nros lâcha son épée et attrapa le poignet de la drow au regard fou avant que le couteau ne la frappe à nouveau. Sa main gauche trouva la bassine.

Shyn'tae sentit l'objet se diriger vers elle, tenta de se protéger du bras gauche, qui ne se leva qu'à moitié, le lourd objet de bois la frappa au visage, lui ouvrant l'arcade au premier coup et la faisant lâcher, étourdie, au deuxième.

Elle était sur le ventre. Au travers du sang qui gênait sa vision, elle vit le médaillon du Zurthan. C'est un truc important.

Instinctivement, elle l'attrapa et lui lança, juste avant que la bassine ne frappe violemment son dos.
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeVen 9 Aoû 2019 - 16:07



Comme un perséide qui d’un trait unit deux coins du ciel, le talisman des sables traversa la pièce en s’écrasant à moins d’une enjambée de Veleth. Scintillant dans le néant et le captivant malgré les cris et les gémissements de douleur qui se faisaient plus forts, la rose des sables, artefact des Saaheli appelait maintenant Veleth, telle une lumière au bout du tunnel. Lui avait-on lancé ? L’avait-on jeté là malencontreusement alors qu’on luttait pour sa vie ? Les pas en surbrillance bougeaient effrénément et les deux guerrières semblaient être au sol, l’une sur l’autre, luttant pour leur survie. Agir, oui. Agir vite. Veleth saisit son talisman et risqua le tout pour le tout.

Son focaliseur en main, il pouvait désormais discerner les deux silhouettes comme des formes dont les contours rougeâtres s’entremêlaient au sol, s’enchevêtrant l’une dans l’autre. Le Zurthan tentant de se concentrer pour un sort, même si la douleur dans son estomac et ses yeux qui suintaient un mélange de sable, de pue et de sang lui criaient d’abandonner toute intervention arcanique. La première tentative s’avéra presque un succès, mais Veleth fut tiré de sa concentration par le bruit de bois qui éclatait contre une jeune femme. Résolu de mettre un terme au carnage, il essaya une seconde fois, mais quand il vit une des deux silhouettes se relever lentement, son sang se glaça et il craint à nouveau pour sa vie. La Saaheli ne lui viendrait plus en aide aujourd’hui et le prix de sa magie était déjà bien trop grand pour un simple Massabond.

Terrorisé mais tout autant désespéré, Veleth accepta son destin et choisit d’accomplir un sacrifice pour les siens : un Enfant du feu ou deux trouveraient la mort ici aujourd’hui et il donnerait sa vie pour que cette maison soit leur tombeau. Si cela était l’ultime geste qu’un Massabond devait poser pour les siens, pour le désert, il le ferait. Furieux, il se jeta en direction des silhouettes, tel un barbare enivré d’une rage sanguinaire. En un bond, il trouva presque le corps de son ennemi, mais, au lieu de s’écraser sur la guerrière, il frappa de plein fouet le bois, à nouveau. Il avait heurté une table ou un grand meuble, puis, plus rien. Un interminable bourdonnement sourd le contraignit dans un espace inconnu, immobile. Il perdit connaissance.

Se tirant de sa prison de sable, elle dont seules les pattes postérieures avaient été submergées, Rudaba accourut vers le bruit, les cris de son maître et l’odeur du sang. Sans se soucier de ses sœurs, qui étaient toujours non loin de là, enfouies et possiblement mortes, elle trouva un chemin à travers les débris de bois et grimpa sur les ruines de la maisonnette. Là où l’assassin avait pénétré avant elle, elle trouva le trou qui donnait sur la lutte à l’intérieur et bondit dans la pièce sans calculer son mouvement. De nulle part, elle s’écrasa au milieu du combat, tassant du revers de la patte une table en bois, qui alla se fracasser contre Veleth, puis une femme qu’elle lança d’un coup de griffes sur le mur le plus près. À terre devant elle, une créature maligne, noire comme la cendre, grouillait ensanglantée de plusieurs blessures. Rudaba l’avait reconnue, mais la guerrière aussi.

Avec la force d’une tempête, elle enfonça ses crocs dans la nuque de la guerrière et la retourna sur le ventre, l’écrasant de tout son poids. La clouant au sol par ses griffes, elle procéda à étirer le corps en appuyant sur ses omoplates, tout en relevant son cou et sa tête par les crocs de sa puissante mâchoire. Quand l’Enfant du feu se mit à hurler de douleur, la lionne fut prise d’une colère et se retira des lambeaux de corps de sa victime pour secouer cette dernière dans tous les sens. À mesure que des rugissements se faisaient entendre, des jets pourpres peignaient sur la pièce de longues guirlandes. Presque en deux morceaux, le corps qui n’avait plus rien d’intact trouva alors sa destination finale dans un coin de la pièce, inerte et dégoulinant sur le sable.

Furieuse, la lionne fit volteface et darda de ses iris dorés l’autre femme qui se trouvait près du mur opposé. L’épaule tailladée par une lame, le fauve avançait vers une nouvelle victime.  La gueule ouverte et sanglante, elle cherchait encore à apaiser sa rage et elle venait de trouver un autre souffre-douleur.
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeSam 10 Aoû 2019 - 13:28



Ke'Ishan frappait. Son souffle rauque, elle savait qu'elle aurait besoin de soins. C'était déjà une chance que son armure ait ralenti la lame et que la gamine ait été aussi faible, sinon elle l'aurait certainement tuée sur le coup. Elle aurait besoin de soins, mais il y avait une seule chose urgente à finir d'abord.

Ke'Ishan frappait encore, la bassine dans sa main s'abattit sur la drow qui tentait de se protéger. Elle allait la tuer. Finalement. Enfin. Cette emmerdeuse qui ne voulait pas céder. Un mouvement soudain l'arrêta, vers la droite. La drow ramassa vivement son épée pour se retourner.

Le Zurthan s'élança. La drow ne bougea pas, car sa trajectoire n'avait aucun sens. D'ailleurs il percuta la table à la plus grande surprise de la mage de guerre qui s'était préparée à la recevoir. Seuls les gémissements de Shyn'tae percèrent le silence pendant un instant alors que la petite tentait de se mettre à quatre pattes.

Ke'ishan soupira. Celle là ne voulait décidemment jamais laisser tomber. Un sourire soulagé naquit sur ses lèvres sombres. Peut-être que si elle la délestait de sa tête, elle se tiendrait enfin à carreau.

Shyn'tae souffrait le martyr, une cote fêlée peut-être. Son dos n'était pas brisé, par encore. Elle devait se relever. Elle ne voulait pas mourir. Elle voulait tuer. La tuer elle.

Ke'Ishan leva sa lame.

La lionne bondit. Une montagne de muscles, de crocs et de griffes acérées. Puissante, implacable. La lame chuta sur le dallage lorsque la sombre fut projetée au sol par la masse de l'animal en furie. Un cri, Ke'Ishan tenta de se protéger avec l'énergie du désespoir, puis seul le bruit de l'animal qui déchire sa proie.

La captive avait les yeux fixés sur la scène. Elle était finalement parvenue à se mettre à genoux. Le sang l'éclaboussa, se mêla au sien qui coulait de sa tempe, de la profonde coupure à son coté. Elle ne bougea pas. Elle aurait aimé être à la place de la lionne… C'était parfait. Trop rapide peut-être… Ses griffes déchiraient la chair, sa mâchoire brisait les os. Un bref instant, elle fut la lionne. Et c'était bien. La mage est morte.

Combien de temps s'était-il écoulé? L'animal se retourna vers elle, grognant, ses yeux brillants de rage, le sang dans et autour de la gueule. La mage est morte, mais il y en avait d'autres.

La prédatrice fit un pas dans la direction de la drow, qui ne bougea pas, elle n'avait étrangement pas peur, ce qui était idiot, pensa-t-elle avec cynisme. Des brides revenaient, puis fuyaient comme des nuages poussés par le vent dans son esprit. Elle s'accrocha à ces yeux félins, redoutable, face à elle.

La lionne fit un pas de plus, les griffes cliquetèrent sur le dallage. Elle s'arrêta devant la noiraude qui l'observait sans faillir, sans fuir. Elle hésita.

La sombre leva une main, lentement, félinement, le cœur battant d'excitation. Ses doigts noirs s'enfoncèrent légèrement dans la toison douce et blanche. Une caresse en suivit une autre, douce. Un grognement retentit. La drow s'immobilisa un instant que l'animal se calme. Elle n'était pas une menace.

Dans le silence de la pièce devenue si sombre, à deux pas des restes de celle qui avait violé le cœur de leur conscience de l'une comme de l'autre, la lionne et la sombre faisaient connaissance.

***

De l'eau glissa entre les lèvres entrouvertes de l'homme. La caresse d'une main douce, puis un mince filet de liquide. Une petite tape légère sur sa joue. Allait-il se réveiller? Il fallait partir loin d'ici. La lionne avait finalement accepté que la petite drow s'approche de son Maitre, et 2 paires d'yeux l'observaient dorénavant. Malheureusement, il n'avait pas l'air de vouloir se réveiller.

Doucement, la drow attrapa son bras, considéra les outils à sa disposition, jeta un oeil à la lionne qui l'observait, interrogative, puis finalement mordilla la paume de sa main. Juste assez pour faire mal mais sans le blesser.
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MessageSujet: Re: Mais comment ca vous l'avez perdue?   Mais comment ca vous l'avez perdue? I_icon_minitimeDim 11 Aoû 2019 - 14:01




Comme un torrent qui creuse son chemin et qui, hors de la roche, surgit vers l’immensité en rafraîchissant l’air ambiant, l’eau qui avait rencontré les lèvres de Veleth semblait être celle des grandes montagnes du nord. Dans les brumes, le liquide était un nectar glacé, qui dissipait les maux et dont le remède venait au prix d’un brutal choc corporel. Comme les flots d’un lac qui coupent le souffle, les quelques goûtes qui coulèrent sur le visage du Zurthan et trouvèrent sa gorge avaient suffit à lui dérober violemment son air. S’étouffant, mais terriblement soulagé de reprendre contact avec la vie, il vécut un instant la rédemption du presque-mort, celui qui traverse le voile à nouveau en se rappelant qu’il a toujours bel et bien un corps. Il toussa, sentit sa nuque étranglée par le combat de l’eau et de l’air contre le sable et fut saisit d’une douleur dans…sa main.

Veleth avait souvent vu des bêtes survivre aux assauts de leurs prédateurs, rampant, boiteuses et malheureuses. Ces dernières n’avaient normalement que quelques jours, quelques semaines tout au plus, à vivre et erraient dans les landes désertiques seulement portées par le désir de vivre inhérent à ce qui marche. Le marcheur les voyait, la mort sur le visage, craignant ses lionnes, mais incapables de les fuir ou de leur résister. Le Zurthan commandaient à ses anges de la mort de donner une dernière étreinte mortelle aux enfants du désert, qui nourriraient et accomplissaient leur ultime devoir dans le cycle de la vie. Aujourd’hui, Veleth ne devait pas être vraiment différent de ces créatures aux yeux de sa lionne, qui, par le passé avaient dévoré des cadavres similaires à celui qu’elle observait.

Soudain, le corps s’anima et l’homme tenta de sentir son environnement, apeuré tel un fennec atterré au fond de la nuit. Ses paumes cherchèrent un appui, ses doigts un perchoir qui mettrait un terme aux étourdissements. Le pauvre Massabond voulut ouvrir les yeux et trouver la lumière, mais ce luxe ne lui fut pas accordé par sa carcasse, qui avait payé le plein prix de son dernier combat. Le spectacle de sa défaite s’illustrait sur tout on visage : les paupières de ses yeux étaient collées, rabattues sous le poids du pue et du sang. La magie du Saahel, hélas, avait pris son dû et laissé sa marque sablonneuse dans la bouche et la gorge du mage, qui était allé au-delà des limites de son pacte. Veleth voulut pleurer, mais là où jadis il y avait eu des larmes, des dunes s’étaient imposées sur ses joues et dans sa peau.

Si dans la mort, Veleth n’avait vu que la solitude et le vide, il savait qu’il n’était pas seul, ce jour-là, car dans la vie il avait senti la présence de deux êtres près de lui. L’un d’eux, inconnu, touchait son corps et tentait de le ramener parmi les vivants. Une femme, jeune, sauvage, mais aussi douce et rare comme la pluie de la Zurthanie, et un animal, fort et dont les odeurs lui rappelaient ceux de la tente où il avait vu le jour. Rudaba. Oui. Ça lui revenait. La maisonnette, le combat et les deux Enfants du feu. Quand la réalité le submergea à nouveau, il tenta de se relever rapidement et de combattre le poids dans sa poitrine qui, lui, cherchait à le garder au sol.

- Rudaba … Tah’mireh, Roshan ?? Rudaba…

Comme les rejetons aveugles d’un coyote, Veleth se retrouvait à présent sur le ventre, rampant et se tortillant dans le but de retrouver ses compagnes, qu’il savait en détresse. À tâtons, il trouva une cuisse, douce et suintante. Puis, une main trouva la sienne et il put ainsi se relever.


___


Dehors, dans une vieille ferme abandonnée, où des champs avaient été étouffés par le désert, une dépression dans le sol avait englouti du bois, des pierres et de malchanceux esprits. Sous une masse colossale de poudre dorée, deux lionnes avaient abandonné la course vers le ciel et n’avaient pas su se libérer de l’étreinte du désert. La première, Tah’mireh, avait le visage à découvert et avait ralenti sa respiration. Avait-elle renoncé à tout espoir de survivre ? Rudaba la déterra de ses puissantes pattes, la tirant hors du sable dans des lamentations que tous avaient compris, hommes et bêtes. Roshan, la plus vieille, se trouvait à quelques mètres de sa sœur spirituelle et se battait pour sa vie. Dans le pire des états, elle s’accrochait à son devoir de protectrice d’une patte cassée par des débris. Quand le groupe voulut la sortir de ce qui aurait pu être son tombeau, cette dernière lâcha des gémissements de douleur, qui avait indiqué à tous que sa peine ne faisait que commencer. Le constat : patte antérieure fracturée au niveau du coude, hanche endommagée par la position dans laquelle est fut enterrée et visage défigurée par quelques morceau pointu. Veleth la serra dans ses bras tant qu’il le put, se réjouissant qu’elle n’eût perdu qu’un œil dans cet accident.

Finalement, la singulière compagnie s’en alla vers des contrées qui ne lui rappelleraient pas la tragédie du lieu où ses membres perdirent presque la vie et y laissèrent une partie de leur corps et même, pour certains, de leurs esprits. Ainsi, un Massabond, une Enfant du feu et trois lionnes s’enfoncèrent dans ces espaces où le silence remportait encore la victoire sur la violence de la guerre et les bruits de la mort.

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