S'armer pour combattre (Ciri)

Déjà trois jours que la Compagnie de l'Ours avait atteint Thaar. Petit à petit, les plus faibles du groupe retrouvaient de l'énergie grâce aux vivres qu'avait pu ramener Uthred et Moamar de leur petite expédition. Manger était une chose, mais si Uthred voulait honorer son serment, il fallait maintenant trouver de quoi armer ses camarades afin de pouvoir libérer de leurs chaînes ceux qu'on avaient privés de liberté. Pour l'heure, seuls les anciens gladiateurs avaient de quoi se battre, mais ils représentaient moins de la moitié de la troupe. Nombre de ses suivants avaient été convaincus par son discours enflammé sur les rives de l'Oliya, mais ne possédait que des vêtements crasseux et troués.

Après avoir échangé brièvement avec ses plus proches camarades, Eiki se porta volontaire pour l'accompagner cette fois-ci. C'est Uthred qu'on surnommait l'Ours et pourtant Eiki était bien plus proche en taille et en envergure de cet animal. Deux mètres de muscles et des bras larges comme des troncs d'arbres. Lors d'un combat dans l'arène, il avait fait s'évanouir deux de ses adversaires en leur comprimant la tête entre ses mains en riant aux éclats. Lorsqu'on lui avait demandé pour quelles raisons il n'avait pas utilisé le marteau massif qu'il aimait tant, il avait répondu qu'il avait trouvé ça amusant. Eiki n'était pas le plus intelligent des compagnons d'Uthred, mais il était sans conteste le plus fort et le plus violent. Il s'était résigné à sa condition d'esclave car on lui permettait de se battre régulièrement et d'étancher sa soif de violence. Malgré tout, ce grand bourrin avait une qualité inestimable aux yeux d'Uthred, sa loyauté. Depuis leur arrivée dans ces lointaines contrées étouffantes, Eiki avait toujours était à ses côtés, le prenant en affection et lui accordant une confiance inébranlable.

Les deux wandrais se mirent en quête de l'odeur caractéristique du métal en fusion et du tintement de celui qu'on martelait. En trouvant des forges, ils trouveraient des casernes ou des marchands d'armes et par extension, de quoi fournir de quoi se défendre à ses camarades. Dans une ville moins populeuse que Thaar, le duo ne serait sûrement pas passé inaperçu, mais ici, toutes les races et les origines se côtoyaient dans l'indifférence générale. Ils marchèrent pendant un long moment, remontant une artère bondée qui menait vers un marché coloré qu'ils traversèrent péniblement malgré leurs larges statures.

Eiki repéra le premier le panache de fumée noire qui s'échappait des toits plus à l'est et ils débouchèrent sur une rue où les enclumes résonnaient sous les coups des forgerons. Cette ville était bien organisée, avec des quartiers dédiés aux différents commerces, une façon de faire qui interloqua Uthred. Dans le Sigolsheim, les forgerons étaient rares et le village qui en possédait un était considéré comme privilégié. Ici, une rue complète s'étendait devant ses yeux, un spectacle étourdissant et jamais vu. Il avança au milieu de la rue, tentant de cacher son étonnement malgré ses yeux grand'ouverts. Passant devant une échoppe, Eiki lui tapa sur l'épaule, la bouche légèrement ouverte.

As-tu vu la taille de cette rouquine ? Imagine si nous avions des enfants, ce seraient des géants !

Uthred sourit, amusé de voir ce grand gaillard que tous pensait marié à la guerre et à la mort, regarder une femme avec convoitise. Uthred observa la créature. Il eut comme une impression de déjà-vu. Ne l'avait-il pas déjà vu dans les coursives qui menaient au centre de l'arène du Bae'd ?

La grande rousse se retourna vers les wandrais, dévoilant les oreilles en pointe des habitants de l'Anaëh. Eiki l'observait avec un regard niais, le genre de regard qu'avait un adolescent découvrant une magnifique créature pour la première fois. Elle portait les mains à sa lame tandis qu'Uthred réfléchissait au surnom dont avait été affublé la gladiatrice. Un nom d'oiseau, agile et rapide.

L'Hirondelle.

Son accent trahissait ses origines lointaines mais qui n'avait pas d'accent dans cette contrée étrange. Toutes les races, toutes les origines se confondaient et cohabitaient en Ithri Vaan, peu d'habitants pouvaient se targuer d'être de vrais vaanies. Il leva les mains en signe de paix, tandis que de son côté, Eiki imitait la rouquine en posant la main sur le lien de cuir qui maintenait son marteau solidement amarré à son dos.

Tu as combattu au Bae'd, n'est-ce pas ?

Uthred s'efforçait de ne pas parler trop fort pour signifier à toutes les oreilles qui les entouraient leur passé d'esclave. Si comme lui, elle faisait partie de ceux qui avaient repris leur liberté sans attendre que les maîtres en aient décidés ainsi, elle devait avoir des chasseurs d'esclaves à ses trousses. Le wandrais savait que lui et sa Compagnie étaient également dans le collimateur de ces sinistres personnages. Le combat qu'il avait du livrer dans les rues de Thaar quelques jours plus tôt lui avaient confirmés. Si la grande rousse était bien celle qu'il pensait, il avait peut-être trouvé une nouvelle alliée, êut-être même qu'elle rejoindrait sa cause. Il s'approcha doucement, plongeant son regard dans celui de l'elfe.

Que fais-tu ici ?

L'elfe se tourna vers les deux wandrais lentement. uthred avait beau être grand, elle culimnait encore plus haut, presque aussi haut qu'Eiki qui l'observait avec des yeux plein d'admiration.

Je as combattu... nombreux ennemis... dans nombreux arènes.

Il ne faisait donc pas erreur, sa mémoire ne lui jouait pas de tours. Elle était cette terrible gladiatrice elfe qui était venu du Puy pour combattre au Bae'd. La Mechrola d'Elda. Elle n'avait laissé que du sang derrière elle, s'attirant les faveurs de la foule de Doeben rendus hystériques par la vue des entrailles sur le sable de l'arène. Elle détailla Uthred et son compagnon avec attention avant de souffler.

Loups de glace...

L'évocation de son ancienne écurie, bien qu'en partie inexacte, rappela le douloureux souvenir des années passés au service de Zerk et de ses regards méprisants à l'encontre de tant de gladiateurs morts pour son bon plaisir. Ne pas avoir réussi à le trouver et l'avoir égorger de ses propres mains restait le plus grand regret d'Uthred sur ces terres. Ses mâchoires se crispèrent sous sa barbe, avant d'interroger l'elfe sur sa présence dans les rues de Thaar.

Des courses.

Elle hocha la tête et haussa l'évidence en énonçant l'évidence. Eux aussi, s'ils avaient le moindre argent, seraient ici pour faire des emplettes. Privé d'or, ils avaient du se résoudre à voler. L'elfe avait quelques difficultés à s'exprimer en vaanie, mais demeurait compréhensible. Elle hésitait sur les mots à employer, faisant remonter de nouveaux souvenirs de son arrivée à l'Ours. Elle recula de quelques pas pour s'adosser au mur de l'échoppe, les bras croisés.

Est-ce que... les loups chassent le oiseau qui vole ? Le oiseau aime beaucoup voler... libre.

Elle aussi, était libre. Avait-elle, elle aussi, repris sa liberté ou l'avait-elle gagné dans la gloire des arènes ? Une légende racontait qu'on pouvait retrouver sa liberté ainsi, mais Uthred n'avait jamais entendu qu'un seul gladiateur ait jamais été libéré à Sol Dorn, il imaginait encore moins cela en Elda, dans le fief des sombres. Il secoua la tête, parlant doucement pour être sûr que la grande rouquine comprenne bien ses mots.

Non, Hirondelle ... Nous ne chassons pas les gens libres.
Kerro hänelle, että hän on kaunis.
Dis-lui, qu'elle est belle.
Ei nyt, Eiki !
Pas maintenant, Eiki !
Kysy häneltä pidänkö hänestä.
Demande-lui si je lui plais.

Uthred soupira, en lançant un regard agacé à son camarade qui avait un sens du timing des plus déplorables. Karhusen tenta de reprendre sa discussion.

Nous chassons ... les chasseurs.

Il sourit, confiant dans le fait qu'elle comprendrait qu'ils ne représentaient pas un danger pour elle.

Kysyit häneltä?
Tu lui as demandé ?
Tee se itse, puhut vaanie !
Fais-le toi-même, tu parles vaanie !
En uskalla
J'ose pas

Uthred leva les yeux au ciel, poursuivant malgré tout.

Nous aussi, nous aimons vivre ... libre.

Chasser le chasseur. Un jeu dangereux.

Vivre était un jeu dangereux. Les esprits prenaient un malin plaisir à semer le chemin d'embûches et Uthred avait décidé de détruire ces obstacles avant qu'ils ne le bloquent.

Si vous aimez libre... Pourquoi venir-.. Revenir dans... la.. "Gueule du loup"..? Construire vie nouvelle... ici ou ailleurs... Vengeance ne tue pas les autres... Vengeance tue vous.

Les sourcils du wandrais se fronçèrent en entendant l'elfe parler. Elle avait peur. Elle, dont la réputation dans les arènes était d'être implacable et sans crainte de la mort, avait la frousse qu'un jour, elle perde de nouveau sa liberté. Ou elle était trop égoïste pour voir ce qui semblait être une évidence pour lui.

Combien encore ne sont pas libres ?

Eiki passait d'un pied sur l'autre, semblant se donner du courage pour aborder la créature qu'il ne lâchait pas des yeux. Il sentait malgré tout l'agacement qui gonfler les muscles de son camarade et posa sa main nonchalamment sur l'attache de la lanière qui retenait son marteau massif dans son dos. Au premier signal d'Uthred, il était prêt à écraser son arme sur la jolie face de la rouquine. Il le ferait avec regret, mais sans hésitation si son frère jugeait qu'il devait en être ainsi. Ils avaient été capturés ensemble, avaient survécus aux arènes ensemble et fuient Sol Dorn ensemble, il s'était promis de mourir pour lui ou de l'aider à réaliser sa promesse faite dans le désert. Uthred poursuivait.

Je ne peux pas commencer une nouvelle vie en sachant que nombre de nos frères et soeurs meurent sous les coups de leurs maîtres ou que des paskiaiset chassent ceux qui cherchent à retrouver ce qui leur revient de droit.

Il s'approcha un peu plus de l'elfe. Elle était plus grande que lui, mais il la défia du regard, lui laisser admirer la détermination dans ses yeux clairs.

Je ne construirai pas une vie nouvelle, tant que d'autres seront privés de liberté.

Il laissa flotter le silence pendant un instant, donnant le temps à l'elfe de comprendre ses mots.

Tu es peut-être lâche mais pas moi.

Il serra les poings et les mâchoires, plongeant toujours son regard enragé dans celui de l'Hirondelle. Il secoua la tête en reculant, prêt à partir, avant d'ajouter par-dessus son épaule.

J'ai cru que tu avais plus d'honneur, Hirondelle. Profite bien de ta "nouvelle vie". Viens Eiki !

Le colosse observa Uthred se détournait de la jolie rousse, déçu. Il n'avait même pas eu l'occasion de lui adresser la parole, mais au moins n'avait-il pas eu à la combattre. C'était dans une autre forme de corps-à-corps qu'il s'imaginait avec l'elfe. Une forme qui impliquait autant de sueur mais moins de sang. Perdu dans ses pensées érotiques, il poussa un petit soupir satisfait en souriant à la rouquine qui venait de lui lancer un petit regard en coin. Etait-ce une ouverture ?

À peine Uthred eut-il tourné le dos que l'elfe se précipita, lame en avant vers la groge d'Eiki. Elle stoppa son attaque à quelques centimètres du colosse.

Honneur... ils auront pas.

Le wandrais se tourna à nouveau vers elle, constatant la menace envers son frère qui observait la femme avec des yeux ronds. Elle retira sa lame de sous la gorge aussitôt, mais Uthred se sentit gagner par la hargne. Elle venait de menacer un de ses frères sous ses yeux. Sa main dénoua lentement la fixation de sa lanière et sa hache tomba dans sa paume.

Ils utiliseront ton honneur contre toi. Vivre dehors, différent de combattre dans la arène. Attaques... dans le dos, pendant dormir, pièges... ils utiliseront aussi... autres esclaves contre toi.

Eiki lança un regard amusé vers son compagnon, à peine traumatisé par ce qu'Uthred jugeait comme une agression.

Luulen että olen rakastunut !
Je crois que je suis amoureux !

Elle poursuivait son raisonnement, tronqué par ses années d'asservissement.

Agir avec intelligence... pas avec honneur... Sinon tu sauves dix... et tuer cent. Dis moi... combien autres esclaves avoir déjà tuer... sur le sable, avec honneur ? Tes... ambitions sont riches... heum.. non... nobles. Mais le prix sera grand, plus beaucoup grand que tu imagines... Et tu vas payer pas seul.

Sa main serra le manche de sa hache qui pendait le long de sa jambe. Il se retenait de lui envoyer la lame en pleine face, tant le discours attisait sa colère face à la faiblesse que l'elfe exposait à chacune de ses phrases. Il se résout malgré tout à répondre aux allégations.

Je ne suis plus l'homme que j'étais par le passé. J'ai fait l'erreur d'accepter mon sort et celui des autres esclaves pendant trop longtemps. J'étais faible ... Comme toi.

Il leva sa hache pour pointer l'elfe, poursuivant sa démonstration.

Faible, car je trouvais des excuses pour rester muet, pour ne rien faire pour arrêter des maîtres qui enchaînent leurs semblables. Faible, car je pensais que survivre en étant tenu en laisse, valait mieux que mourir en l'arrachant. Faible, car j'ai cru que les Esprits m'avaient conduit ici pour devenir le jouet des Doeben. Comme toi !

Les sourcils froncés, il posa la hache sur son épaule, posant un regard froid et sévère sur l'Hirondelle. Même Eiki avait changé d'expression, en voyant celui qu'il considérait dorénavant comme son capitaine s'agacer des réponses tièdes de la rouquine.

J'ai fait le serment de ne plus trouver d'excuses, de ne plus fermer les yeux ni de rester muet. De ne plus accepter qu'on prive qui que ce soit de sa liberté. Qu'importe le prix, je suis prêt à payer de ma vie s'il le faut. Ceux qui me suivent le font par choix et savent que nous réussirons ou que nous mourrons en essayant. Les Esprits, seuls, décideront.

Il croisa le regard d'Eiki et hocha vivement la tête. Le colosse passa un bras autour du cou de l'elfe et l'autre saisi ses bras pour les coller dans son dos. Uthred approcha sa lame du visage de l'Hirondelle, lentement, mimant le geste qu'elle avait fait quelques instants plus tôt.

Ceux qui m'en empêcheront, je les tuerai, un par un. Au nom de la liberté.

Il jeta un nouveau regard vers Eiki, qui lâcha son étreinte, un peu émoustillé d'avoir été aussi proche de la jeune femme. L'Ours baissa sa lame et la fit retrouvé sa place le long de sa cuisse.

Tu plais à mon ami. C'est pour ça que je t'épargne. Toi, ta faiblesse et ta peur des chasseurs. Vain Eiki !

Le colosse avait été cueilli par l'annonce d'Uthred, même s'il l'avait pressé de le dire plus tôt, il fut surpris par le minutage qu'avait choisi son camarade. Il sourit, un peu gêné mais content.

Tu causeras mort chez ceux que tu essaies à sauver... Je fais peut-être erreur... si deux hommes sur une femme, pour toi, c'est honneur... peut-être vous as une chance...essaies... et échoue. Quand le sang des tiens sera sur tes mains... tu écouteras peut-être.

Uthred haussa les épaules, comme si elle pensait que la provocation suffirait à le faire changer d'avis. Si elle voulait mourir, elle pouvait continuer ainsi. Et si elle s'attendait à un combat honorable, de ce qu'on racontait dans les sagas où les héros faisaient des duels épiques, elle se trompait lourdement. Eiki entrerait dans le combat, malgré son attirance, et c'est de la pulpe sanguinolente d'elfe rousse qu'on ramasserait dans le sable des rues. Elle était tellement convaincu d'avoir raison, d'être plus maligne que lui et pourtant, le wandrais ne voyait dans ses interventions que de la peur et de la lâcheté. Elle chercha même à enfoncer le clou, pensant sûrement l'avoir percé à jour.

Tu es pas libre... tu es encore esclave... de ton "serment". Tu essaies pas à sauver autres esclaves... tu essaies à sauver toi-même.

Uthred se mit à rire, bientôt suivi par Eiki, qui ne savait pas trop pourquoi il riait. Il préférait ne pas être laissé de côté et il demanderait plus tard à son frère wandrais pourquoi. Rien ne pouvait sonner plus faux aux oreilles d'Uthred que cette dernière affirmation qu'elle avait prononcé avec un regard sombre et intense. Décidément, elle ne comprenait rien.

En plus d'être lâche, tu es stupide, Hirondelle. Ce serment, je l'ai choisi, un esclave n'a pas le choix. Cette vie, je l'ai décidé, librement. Je préfère mourir en essayant que de me cacher et de baisser les yeux ... Comme toi.

Il secoua la tête, un regard légèrement moqueur posé sur la rouquine qui semblait si convaincue de ses choixs, si arrogante dans sa pleutrerie.

Tu décides de te cacher, de dissimuler, de baisser la tête comme à l'époque où le fouet de tes maîtres claquaient sur ton dos. Qui de nous deux est toujours un esclave ? Celle qui continue de courber l'échine pour regarder ses pieds ? Ou celui qui à redresser la tête pour cracher à la face des briseurs de liberté ?

Il posa sa main sur l'épaule massive d'Eiki qui avait avancé jusqu'à lui en riant à gorge déployée. Le colosse comprenait et partageait la vision de son frère. Plutôt mourir que d'accepter la captivité. Ils reverraient les monts du Sigolsheim ensemble et libèreraient leurs frères et soeurs enchaînés ou rejoindraient le Pays-sans-Retour sans concéder quoique ce soit.

Tu étais peut-être une esclave forte, Hirondelle, mais tu es un femme libre faible et égoïste. Tu ne vaux même pas ma colère, ni un combat. Reste seule, ne pense qu'à toi et continue à penser que vivre dans la peur est ta liberté. Je t'ai donné ma vision de la liberté. Libre à toi de croire en la tienne.

Le duo de wandrais observait l'elfe, arme au poing, lui laissant l'opportunité de répondre aux affirmations provocantes d'Uthred comme elle le souhaitait. Il préférait éviter d'affronter une soeur, esclave et gladiatrice mais si elle souhaitait mourir ici, il ne l'empêcherait pas. Mieux, il l'aiderait.

Elle secouait la tête, visiblement hermétique aux paroles du wandrais. Deux conceptions s'affrontaient et aucun des deux n'étaient prêt à concéder un pouce de terrain à l'autre.

Tu as tout faux... Mais soit, meurt comme tu le souhaites, moi, je retourne chez les miens... où je étais arrachée... et je vais, la tête haute, libre.

Elle préférait donc fuir, plutôt que se battre. Et c'est elle qui pensait qu'Uthred avait tout faux. Lui aussi souhaitait revoir sa terre natale, respirer l'air pur des montagnes et honorer les Esprits sous les neiges éternelles du Sigolsheim. Mais lui avait fait le choix de le faire en emmenant dans son sillage tous ceux dont la liberté avait été spolié.

Hirondelle est morte depuis longtemps... Une pauvre fille, perdue, sans espoir et sans avenir...  Je suis bien plus aujourd'hui... Pas un fou obsédé par la mort.

Le wandrais laissa échapper un petit rire, elle prouvait une fois encore ne rien avoir compris aux mots qu'il avait prononcé.

Fou, sûrement, mais obsédé par la liberté.

Elle se détourna du duo de wandrais, lançant par-dessus son épaule.

Nous avons fini je pense...? Bonne chance dans ta mission... Je te souhaite de réussir... Même si je redoute la fin qui sera.

Un petit sourire étira le coin des lèvres du wandrais.

Si tu la redoutais vraiment, tu te joindrais à nous. Adieu, Hirondelle. Ou quelque soit ton nom, puisque l'oiseau est mort ! Que les Esprits guident ta route jusqu'à chez toi.

Même lorsqu'il libérait ses frères et soeurs, il leur donnait le choix de le suivre. L'elfe avait fait son choix avant leur rencontre et il ne lui reprocherait pas. Tandis qu'elle s'éloignait, Eiki se pencha vers Uthred, un grand sourire sur le visage.

Pidän hänestä !
Je lui plais !
Mitä ?
Quoi ?
Pidän hänestä ! Näit kuinka hän teeskenteli näkemättä minua ?
Je lui plais ! Tu as vu comme elle a fait semblant de ne pas me voir ?
Joten mitä ?
Et alors ?
Naiset tekevät tämän hurmaaessaan
Les femmes font ça quand elles sont charmés
En ole varma, veljeni
Je ne suis pas sûr, mon frère
Luota minuun, pidän hänestä
Fais-moi confiance, je lui plais
Mikä hieno tuntija !
Quel grand connaisseur !
Tiedän
Je sais

Les deux wandrais se tournèrent, retournant à la recherche d'un endroit où armer leurs compagnons.