Qui aurais cru (kata)

Premier jour de Karfias, an 18 du XIe cycle.
L'Esplanade devant le temple de Tyra
8 heures du matin.

Il y a un groupe de gamins sur l'esplanade. Une demi douzaines de gamins dépenaillés, mais néammoins chaussés et avec des manteaux sur le dos. Des manteaux faits avec différents trucs pris un peu partout. Rideaux, tapis... Et même un ado qui porte ce qui semble être un volant de robe.

En ce moment, ils se concertent, pas trop loin d'un groupe de pigeons qui picorent la neige, un grand drap entre eux. Avec eux, est un homme. Un adulte tranquillement assis en train de les regarder tout en lancant quelques graines aux volatiles pour les nourrir.

Cet homme, c'est Dante. Quand il est venu à la Volière, tôt ce matin, avant d'aller à l'arène, il est tombé sur sa bande on en peut plus surexcitée. Il a quelque chose à leur dire, mais avant, il veut les voir aller. Comment ils ont évolués et comment ils travaillent en équipe. Il s'est fait tordre le bras, mais bon, il est quand même leur chef, quelques activités avec le groupe est obligatoire pour garder le lien fort. Ca leur fait plaisir en plus.

Ainsi donc le voilà, se les gelant encore, plongeant sa main gantée dans le sac. C'est certain qu'il n'a pas trop fière allure, vêtu de son matériel fatigué mais néanmoins parfaitement entretenu. Son bandeau de borgne cachant son oeil vert, l'humain lance encore une poignée de graines au sol, attirant les volatiles affamés. C'est que les humains ne sont pas les seuls à avoir faim.

Plume

« Je m’inquiète pour elle, Plume, » soupira Illio en dardant un regard troublé sur la sang-mêlé qui haussa simplement les épaules pour lui signifier qu’elle n’y pouvait pas grand chose. Agacé peut-être par la désinvolture de son aîné, l’adolescent s’entêta. « Elle dort à peine, ne mange quasiment rien et ne réagit pas quand on lui parle.

— Je sais, répondit placidement Plume.

— Et ça ne te fait rien ?

— Ce n’est pas la première fois qu’elle me fait le coup, expliqua la sang-mêlé avec cynisme.

— Ce n’est pas comme d’habitude, » objecta Illio.

Et Plume de se souvenir que la route du petit éphémère avait croisé le chemin tortueux de la gardienne depuis plusieurs années déjà. Sans lui répondre directement, elle jeta un rapide coup d’œil derrière son épaule dans ce qu’elle estimait être la direction de Mémoire. Comme Aislinn avant lui, le Vaani avait été chargé de s’occuper du Vaisseau de la Voilée par des adultes trop craintifs pour le faire eux-mêmes. Je suis la seule qu’elle a choisi, songea pensivement la gladiatrice en reportant son attention sur son interlocuteur préoccupé. « Elle cherche quelque chose, Illio. » Quelque chose de bien caché, garda-t-elle par-devers elle. « Quand elle aura trouvé, nous repartirons… alors, en attendant, laisse-moi profiter de ces quelques jours de repos. »

Au même moment, quelques éclats de voix attirèrent leur attention. Plume fronça les sourcils en regardant deux adolescents échanger quelques insultes qu’elle ne comprit pas. Leur échange ne s’éternisa pas : ils se séparèrent très vite, en jetant des coups d’œil un peu anxieux vers le seul adulte de leur groupe.

« Décidément… » Illio esquissa une grimace avant de baisser d’un ton. « Ils flânent souvent dans les parages, depuis quelques temps. Ysmir se plaint souvent d’eux, mais il n’ose jamais les chasser. » Devant le regard interrogateur de la sang-mêlé, il ajouta : « Je ne sais pas pourquoi. »

Je suis prête à parier qu’Ysmir n’ose pas se frotter à leur alpha, songea ironiquement la gladiatrice en reprenant son examen de l’homme au cache-œil. Elle devait reconnaître qu’il dégageait quelque chose et ce n’était pas spécialement à cause du bandeau qui lui barrait une partie du visage. « Le gamin le plus âgé à quel âge, à ton avis ? » s’interrogea-t-elle à voix haute. Illio aurait très bien pu se fondre dans leur groupe, mais Plume, elle, commençait enfin à afficher des traits d’adulte… Il était cepedant encore aisé de la confondre avec une « vielle » adolescente. « Je me demande ce qu’ils attendent. » Et Plume de croiser le regard du borgne, au moment où elle prononçait ces mots.

Il est mécontent, les jeunes attirent l'attention. Ce n'est pas une mauvaise chose en soi, certe, mais quand on chasse le pigeon, attirer l'attention des bourges ce n'est pas une bonne idée.

Des grains volent dans les airs, causant une agitation parmis les volatiles qui roucoulent à qui mieux mieux. Des gens les regarde... Deux pour être précis. Aussi bonne soit sa vision et son ouïe, à cette distance, il n'est pas capable de savoir ni l'âge, ni la race, ni les capacité, ni d epourquoi on le reluque ... surtout entre deux gloussements de pigeons.

Dante commence à saisir pourquoi les gamins lui ont demandé de venir. Les gens en général se tiennent tranquille quand il y a un adulte dans les parages. Il les regarde du coin de l'oeil, jusqu'à ce que, par pure ennui, il tourne son attention sur ce qui lui semble la plus vieille des yeux. La prunelle marron se plisse moqueusement, un sourire soulève le coin de la grande bouche de façon fort inquiétante.

Je t'ai vue!

Clame le non verbal du vagabond avant qu'il ne reporte son attention sur la bande. Un hochement de tête de La Loutre et de La Gueuse, Junior en arrière plan, fort viril avec son volant au vent. . L'homme se relève d'un bond, effrayant les volatiles qui s'enfuient à tire d'ailes directement sur le drap qui est prestement rabattu sur plusieurs d'entre eux. Les deux fillettes au sol tenant leur prise, c'est à Dante et à Junior que revient la tache de les sortir, de leur tordre le cou et de les envoyer dans le panier que Petit, un gamin fluet de 7 piges, tient. Lapine, quand à elle, va ramasser le sac de graines rapidement, pour ne pas perdre le trésor que c'est. Et les deux autres, des garcons de douzes ans, montent la garde autour. Ils ne sont pas aussi grand ni aussi fort que Junior qui affiche une ascendance incertaine, mais tout de même.

Les enfants sont surexcités, plusieurs volatiles bien dodus étant leur prise.

Entre deux craquement de cou, Dante demande au grand adolescent.

Les deux qui nous regarde, là... Tu sais qui c'est?

Le bras droit hausse les épaules du haut de ses quinze ans bientôt avant d'envisager les deux voyeurs.

Le petit je l'ai déjà vu, mais pas la mignonne chef.

Vous avez pas demandé la permission de chasser ici jespère?
Ben non! C'est public et les piafs sont presque aussi gras que ceux de la Volière.
C'est pour ca que vous m'avez demandé de venir?

Les prunelles noires du gamin luisent de malice.

Ben non. Mais tu as été parti longtemps chef, je voulais leur rappeler qui commande.

L'assassin n'a qu'un infime hochement de tête.

Bon, retrouvez moi, toute la bande chez la Veuve dans deux heures. Je régale et j'ai des instructions à vous donner. Garde deux piafs pour la bonne femme.

Se détournant du groupe, les mains dans son manteau étroitement roulé autour de sa personne, il fait face aux indiscrets et se dirige directement vers eux, les épinglant tout deux de son oeil unique. Derrière lui, les gamins replient soigneusement le drap, comme le trésor qu'il est. En chahutant un peu, cela va sans dire. Ce sont des enfants.

Bon matin. Dit il de sa voix chaude et grave. Y a t'il un problème?

Plume

Le grotesque spectacle de ces enfants fondant sur leurs victimes aviaires avec plus de hargne qu’un gladiateur sur un rival défait avait de quoi décevoir Plume ; la sang-mêlé s’était attendue à démonstration plus convaincante de la dangerosité du groupe. « Je comprends Ysmir, plaida-t-elle à Illio, on ne peut pas laisser ces gamins harceler et tuer nos pauvres amis les pigeons.

— Ce n’est pas ça son problème, rétorqua l’adolescent sans saisir l’ironie de son aînée. C’est surtout que quand ils sont là, certains fidèles n’osent pas s’approcher du Sanctuaire.

— Tyra reconnaîtra les siens, » répondit doctement Plume avant de se résoudre à se relever. L’attraction proposée par les chasseurs de volailles avait perdu la faveur de son attention et elle était déjà en train de se demander ce qu’elle allait bien pouvoir faire de sa journée ; le borgne choisit cependant ce moment pour les accoster, répondant de fait à son interrogation.

« Plume, » avait voulu la prévenir Illio. La gladiatrice, trop occupée à regarder ses pieds et à épousseter les toiles de son pantalon, n’avait pas su profiter de cet avertissement ; elle darda donc des prunelles surprises sur l’homme quand ce dernier l’interpella.

« Quel problème ? » lui répondit-elle en fronçant les sourcils. Il lui fallut se répéter silencieusement la question pour comprendre où il voulait en venir. « Ah, se reprit-elle avant de hausser les épaules. Je ne sais pas, c’est à toi de me le dire. » Elle le jaugea rapidement des pieds à la tête, avec la force de l’habitude. Il était plus lourd et plus fort qu’elle, de cela elle était persuadée ; elle ne doutait pas qu’il fût aussi plus expérimenté. Cependant, elle était aussi prête à parier qu’elle était plus rapide et, s’il était comme tous les autres, il la sous-estimait déjà : en cas d’affrontement, elle pourrait le cas échéant profiter de l’élément de surprise pour prendre l’ascendant malgré ses désavantages. Qu’il essaie, se surprit-elle à penser en croisant à nouveau son regard. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de se battre contre quelqu’un, à fortiori quelqu’un de plus fort qu’elle. L’adrénaline des combats d’arène lui manquait. « Tu viens pour ta prière du matin ? » lui demanda-t-elle en accompagnant sa question d’un petit mouvement de menton vers le temple dans leur dos.

Ainsi donc, elle s'appelle Plume. L'humain présume donc qu'elle doit être vive et rapide, aussi insaisissable qu'une plume dans le vent. D'ailleurs, Dante pivote et tourne un peu autour des gens pour que les courant d'airs lui apporte leurs odeurs. Evasant les narines, il inspire doucement et à fond pour marquer son odeur dans sa mémoire, évaluant de son oeil marron la protagoniste qui lui rend le même genre de regard.

Ce ne sont pas les prunelles d'une adolescente. Et si, de loin, la dénommée Plume peut donner le change, de près, son ascendance mélangée est trop évidente. Elle est trop délicate de constitution. Et si son manteau cache la musculature de l'homme, musculature faite pour la vitesse et la souplesse, lui conférant une carrure factice sous ses oripeaux, les vêtements de plumes n'ont pas cet effet trompeur. Et la lueur bravache du regard, des prunelles pâles qui ont envie d'en découdre, attisent sa curiosité et sa prudence plus qu'autre chose. Soit elle a plus de sang immortel qu'humain ce qui donne une expérience probablement similaire à la sienne, soit elle bluffe.

La prunelle marron prend la couleur de la terre riche, un sourire soulève le coin de la grande bouche. Lui donnant une expression moqueuse. Alors l'oeil dévie sur l'adolescent humain qui accompagne la bravache, lui donnant un même examen visuel qu'à la première. Avant de revenir de poser sur cette dernière.

Non, à moins que ton chef ne veule me voir. C'est un endroit public, donc neutre ici... N'importe quelle bande peut venir chasser le pigeon.

Il se penche un peu vers elle, juste assez pour que la gladiatrice puisse sentir son haleine de cannelle, avec un fond indéfinissable, mais irrémédiablement carnée, comme s'il venait juste de manger de la chair fraîche. Attentif, acéré, il se tient prêt, au cas où. Dante tiens aussi l'autre jeune dans le coin de son champ de vision. Qui sait ce qu'il pourrait tenter. Parce qu'elle a l'air d'avoir envie de lui en coller une.

Oui, il fait souvent cet effet préliminaire aux gens.

On rend service, on nourrit les gens. C'est quoi ton excuse pour venir nous faire chier, Plume?

Plume

La drôle répondit aux propos agressifs du borgne d’un haussement de sourcil évocateur ; l’accusation de son interlocuteur passait mal, quand il était celui qui avait fait le déplacement pour entamer cette discussion. Elle n’était par ailleurs pas certaine de savoir de quel « chef » il était question ; elle supputait qu’il devait s’agir d’Ysmir et l’idée qu’on pensât qu’elle était au service du prêtre la vexait presque. Son instinct la pressait en tout cas d’essayer de démontrer à l’homme à l’œil brun combien ses remarques manquaient de cohérence, mais elle doutait qu’il l’écoutât. Elle préféra plutôt adopter une stratégie légèrement différente — mais pas moins glissante. « Je ne me rappelle pas avoir fait quoique ce soit pour vous gêner. Vous n’aimez pas avoir des spectateurs ? » lui demanda-t-elle sans se départir de son calme apparent.

Illio, lui, commençait à paniquer ; elle n’avait pas besoin de jeter un œil dans sa direction pour le deviner. C’était compréhensible. Maintenant qu’il se tenait en face d’elle, elle pouvait bien s’en rendre compte : le borgne exsudait la menace et la violence. Tu m’étonnes qu’il fasse peur aux badauds, ricana intérieurement la sang-mêlé.

« On veut vraiment pas vous déranger, m’sire, abonda Illio en attrapant la dextre de son aînée. On va vous laisser, désolé. » Plume, à son grand damne, ne se laissa cependant pas faire. Il y avait encore quelques secondes, elle prévoyait de partir se trouver un autre os à ronger… mais désormais qu’une brute cherchait par sa seule présence à la déloger, ses pieds étaient rivés au sol. « Plume… » insista un Illio au désespoir.

La gladiatrice coula un regard dédaigneux sur lui ; à douze ans, était-elle aussi peu débrouillarde ? Elle ne savait plus très bien. À bien y réfléchir, elle était trop sauvage à l’époque pour laisser le borgne s’approcher autant : elle aurait déguerpi aux premiers cris des enfants. « Il a dit qu’il ne voulait pas de problème et nous n’en voulons pas non plus, plaida-t-elle doctement. A priori, rien ne devrait nous empêcher de profiter en même temps de ce lieu public. »

Contrairement à l’homme qui lui donnait un peu l’impression d’être sur le point de mordre et qui essayait d’envahir son espace en se penchant au dessus d’elle, Plume prenait bien garde de son côté de ne rien dégager de plus que de l’assurance… sans parvenir à cacher complètement qu’elle demeurait sur le qui-vive, prête à s’éloigner s’il décidait de l’agresser.

Ah... Bien sûr.

Rétorque Dante en gratifiant Plume d'une pichenette sur le nez... Si elle ne l'esquive pas. Dans les replis de son manteau, sis les gardes de deux dagues brièvements apercues avant qu'il ne rebaisse la main. Une main immense aux grands doigts agiles.

Certain que les zones neutres sont à tout le monde. Mais me fixer, moi ou ma bande, est un signe d'agression. Tout le monde sait ça. Et on se les gèle assez déjà en partant pour ne pas tremper le beau parvis de rouge, c'est le temps de la Trêve, mais quand même. Allez... Tu fais parti de quelle bande, La Plume, pour pas savoir de pas faire chier celui du Gerboir?

La voix grave reste égale à elle-même, avec peut-être un fond grondant qui se dessine. La prunelle marron ne manque rien de l'interaction entre les deux jeunes. Derrière lui, ses gamins finissent de plier le drap, les plus grands se donnent des coups de coude tout en le fixant. Il sent leurs yeux attentifs dans son dos.

Plume

Le regard que Plume darda sur le borgne après avoir prestement évité la pichenette qu’il lui réservait avait perdu de sa retenue ; ses prunelles trahissaient un agacement certain, tout de même tempérée par une prudence accrue.

Tout le monde sait ça, avait-il affirmé. Et Plume de le corriger mentalement : Son monde peut-être et il a cru que j’en fais parti. Cela flattait son égo et elle se détendit subrepticement en conséquence. Il était peut-être détestable, mais l’envie de mordre lui avait a priori passé ; elle pourrait s’accommoder de ses manières s’il ne changeait plus d’état d’esprit.

« Allez… Tu fais parti de quelle bande, La Plume, pour pas savoir de pas faire chier celui du Gerboir ? l’interrogea-t-il finalement.

— D’aucune, » avoua-t-elle avec un haussement d’épaules. Elle se rendit alors compte qu’Illio lui tenait encore l’avant-bras et coula vers lui un regard étrange, avant de se dégager d’un geste ferme. « Tu n’as pas des corvées à faire, toi ? s’étonna-t-elle faussement avec un rictus moqueur.

— Euh… hésita l’adolescent en laissant son regard alterner entre son amie et le borgne. C’est que…

— Il me semble bien que oui, le coupa-t-elle avec autorité. Va donc commencer par demander à Mémoire si elle a besoin de quoique ce soit. » Illio allait pour protester qu’il en venait justement ; il comprit cependant le petit jeu de la gladiatrice juste à temps et finit par opiner un peu piteusement — quel mauvais acteur, pouffa silencieusement la sang-mêlé — avant de s’incliner précipitamment devant l’homme, de marmonner une salutation creuse et de commencer à détaler sans demander son reste.

« Je crois qu’il a peur de toi, » souligna Plume à son interlocuteur en accompagnant son euphémisme d’un fin sourire.

Un sourire de loup s'épanouit sur la sale gueule du vagabond à la mention du Vaisseau de la Voilée.

Tiens donc, Mémoire est en ville.
Qu'est ce qu'on en a à foutre?
C'est un avatar...
Et moi je me trimballe ta sale gueule dans ma tête depuis le Voile, je sais pas ce que ca fait de moi, et, personnellement, je m'en branle.
Elle te fait pas peur? Ronronne la Bête, fort aise de l'assurance de son humain
Pour avoir peur, faudrait déjà avoir peur de crever. Je suis damné anyway. Tiens toi juste tranquille, avec un peu de chance, elle te sentira pas. T'est qu'un dieu mineur après tout. Celui qui a plus à perdre si le jeu s'arrête c'est toi.
Ca serait une belle prise, bave Zhak'Bar, Affamé
sera surtout rien du tout, on a plus de chances de se planter qu'autre chose, et si on se plante et bien finit le buffet. En plus elle sert tes desseins... Gruge toi la patte et tiens toi tranquille!

Une morsure mentale fait osciller la lueur étrange de l'unique prunelle marron. Levant la main, dévoilant encore brièvement ses armes il fait signe au gamins de décarrer. Plume peut remarquer que leurs gardes sont entortillées dans du cuir.

Ahhhh.... Il est manifestement un gamin ayant un bon instinct de survis... contrairement à toi Et toi, tu n'as pas de corvées à faire non plus?

Dit il d'un ton effroyablement aimable. Elle lui a dit qu'elle n'avait pas de bande. Mais de la façon qu'elle parle, elle est au service de mémoire...

Dommage elle doit avoir un goût délicat.
pense la Bête tandis qu'une prunelle d'ambre descend le long du visage, se pose brièvement sur le jugulaire avant de remonter sur les prunelles pâles. Il a Faim, mais il ne peut pas bouffer... Dommage.

Plume

Du dialogue silencieux auquel se livrent le borgne et sa chose, Plume ne devina pas grand chose, trop occupée qu’elle était à offrir à un Illio penaud une porte de sortie. Le regard assassin qu’il promène sur sa gorge et son visage, par contre, ne lui échappa pas et ses sourcils cette fois ce barrèrent d’un plis soucieux. C’était une chose que de devoir supporter ses provocations et sa proximité ; c’en était une autre de le voir reluquer son cou avec l’impression qu’il voulait le mordre. Quelque chose à changer, réalisa-t-elle en croisant son œil brun. Elle ne savait pas quoi et même ses quelques hypothèses étaient loin d’approcher la réalité, cependant il venait sans le savoir de dépasser une limite et elle recula d’un pas. Profitant de ce léger mouvement, elle modifia sensiblement sa posture pour refermer au mieux les ouvertures qu’elle offrait jusqu’alors béantes à son adversaire potentiel.

« Pour la dernière fois, l’ami, je ne cherche pas de problèmes, déclara-t-elle avec circonspection. J’apprécierais que la réciproque soit vraie. »

Quelques minutes plus tôt, elle espérait qu’il l’attaquât, voyant dans leur rixe impromptue un bon moyen de se défouler ; elle avait changé d’avis depuis. Elle n’avait aucune envie de lui céder l’esplanade sans résister, mais elle savait que s’ils devaient en venir aux armes, elle ne resterait que le temps de se trouver une échappatoire. Elle ne nourrirait aucune honte à fuir un ennemi plus dangereux qu’elle. Surtout un ennemi comme le borgne.

« On peut sans doute réussir à discuter sans que tu me donnes l’impression de vouloir me sauter à la gorge, » précisa-t-elle encore.

Bon, elle recule et se ferme et c'est un bon point. L'esprit dominateur de Dante est satisfait. Il se détend aussi, relativement, et se redresse quand elle s'éloigne, la posture droite mais souple.

Merci de me rassurer, tu avais l'air de quelqu'un qui voulait me foutre une torgnole...

« On peut sans doute réussir à discuter sans que tu me donnes l’impression de vouloir me sauter à la gorge, »

Le sourcil noir de l'homme se hausse. La grande bouche, prend un pli amusé tandis qu'il penche la tête légèrement de côté. De quoi pourrait t'elle bien vouloir parler? Ca attise leur curiosité.

Tu as des couilles, je l'admet. Et tu m'intrigue. Ne t'inquiète pas, je te boufferai pas ~~aujourdhui~~, je t'en fais la promesse. Alors, si nous reprenions depuis le début?

Il se recule et s'incline profondément, bon prince. Avant de se redresser, l'oeil ambré ayant repris sa teinte marron, riche.

Je suis Courbache... De quoi veux tu discuter, ô belle Plume évanescente? Nous pouvons aussi marcher en parlant, ca réchaufferait l'atmosphère.

Plume

À quoi joue-t-il ? s’agaça Plume en dardant sur Courbache un regard pour le moins suspicieux tandis qu’il multipliait les simagrées. Il lui avait semblé prêt à lui sauter à la gorge quelques secondes plus tôt ; pensait-il réellement qu’elle allait le suivre dans quelque ruelle isolée, simplement parce qu’il s’inclinait devant elle ? Elle appréciait seulement qu’il se fût légèrement éloigné : elle avait l’impression de mieux respirer. Ce geste-là n’était cependant pas suffisant pour qu’elle oubliât si vite tout ce qui avait précédé.

« Tu es étrange, Courbache, déclara-t-elle après un moment de flottement. Mais on a du déjà te le dire. »

Illio avait déjà dû trouver Mémoire, mais il était difficile de deviner combien de temps il lui faudrait pour obtenir l’attention de la gardienne ; et s’il y parvenait, Plume n’était même pas certaine que son ancienne mentor se déplacerait. Cette pensée lui arracha un léger rictus et elle secoua la tête, avant de darder sur son interlocuteur un regard d’excuse. « Je suis malheureusement coutumière du fait. On dirait que c’est ma malédiction. » Et, sur un coup de tête, elle se décida à se rasseoir, avant de l’inviter d’un geste à l’imiter. « Ça fait quoi, de mener à la baguette une meute de gamins ? » lui demanda-t-elle d’un ton badin.

Etrange, moi? Et bien, merci du compliment.

Dit Dante avec un sourire digne d'un certain chat de conte pour enfants.

Mais qui parle d'étrangeté? Tu te penses un modèle de normalité jeune fille? A mes yeux, c'est toi qui est étrange... mais vas y, pose tes questions... Une toi, et une moi.

L'homme commence à tourner autour de Plume, son pied botté de cuir souple se posant silencieusement au sol. Il reste à bonne distance, faisant simplement les cents pas. Les mains en position de repos, il se contente de continuer à se mouvoir, ignorant l'invitation à s'asseoir. Il la rend nerveuse même si elle le cache bien. Et ça l'amuse de tourner autour de la jeune fille comme ça...

Mener à la baguette les gamins?

Reprend l'homme d'un ton hilare. L'assassin s'arrête et dans un bruissement de cape, s'assied à côté de Plume, presque épaule contre épaule. Sans la toucher. La Sang Mêlé peut sentir la chaleur de l'homme.

Je n'ai pas de baguette et ces enfants sont parfaitement capables de se débrouiller seuls. Au contraire, n'as tu pas pensé que c'était peut-être moi qui est à leur service? Qui sait, ils m'ont peut-être engagé pour tenir à distance les vilaines curieuses comme toi. Et, dis moi, ca fait quoi travailler au temple?

Plume

Le regard que la sang-mêlé darda sur Courbache ne disait pas tout ce qu’elle pensait de ses manières : ses sourcils arqués affirmaient qu’elle ne croyait pas un mot de ce qu’il venait de lui dire, quand en réalité, elle commençait surtout à manquer de patience à l’endroit de son atypique interlocuteur.

Faisant cependant montre d’une sagesse dont elle s’ignorait capable, elle se résolut à ne pas insister. Quand, à son tour, Courbache se fendit d’une question, elle décida de jouer le même jeu que lui. Esquissant un rictus amusé, elle répondit : « Je ne travaille pour aucun temple. » C’était vrai, mais cela laisserait l’homme aux manières de loup sur sa faim ; c’était un jeu dangereux que de provoquer un prédateur, mais il avait commencé le premier… quoiqu’il put bien en dire. « À moi, donc, enchaîna-t-elle rapidement. C’est quoi, l’histoire de ton cache-œil ? »

L'histoire de ce cache-oeil... Intéressante question.

Le sourire de l'humain s'élargit, il comprend la question sous jacente... Comment as tu perdu ton oeil? Question informulée à laquelle il n'a simplement pas envie de répondre. La voix grave se module, légèrement grondante de moquerie.

Cet objet a fait un long voyage. Il a été acquis ~~sur le corp~~ d'un marin Qui, je pense, était Péninsulaire. En tout cas, il était blond, donc il ne venait pas du coin. Il semblerait que lui-même l'aurait confectionné d'un jupon provenant d'une de ses femmes à l'un des ports d'attache. Comme dit la prière du marin. Une femme dans chaque port, puisse t'elles ne jamais se rencontrer. Je n'en sais pas plus...

Utilisant le vent, il évase les narines pour essayer de capter de nouveau l'odeur de Plume. Le sourire qu'il arbore est inquiétant. De nouveau, il se demande si elle ferait un bon dîner.

C'est mon tour... Es tu libre Plume ou es tu au service de quelqu'un d'autre? Je reformule... Volète tu au gré du vent et de tes envies où es tu enchainée à quelqu'un?

Demande t'il poliement, avec toujours ce léger grondement dans la voix. Comme un chat ronronnerait. Il y a des choses qu'il veut savoir. Elle est pâle et arrogante. Assurée... Il reste cependant un petit quelque chose dans le coin du regard. Un, il l'a fait chier, et Dante et la Bête adorent agacer les gens. C'est leur petit péché mignon. Après, quand elle sera bien énervée, ils verront bien.

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