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Rénatus Babec-Roumel
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Rénatus Babec-Roumel


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MessageSujet: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeJeu 4 Mar 2021 - 14:17



Fin de la 3ème énneade de Bàrkios
An 18 | XIè


Pénibles avaient été mes énneades d'errance. Péniblement aussi, je décidai de rentrer sur Thaar, laissant un peu de mon essence dans les bars miteux du parcours qui me séparait de la douce et impitoyable cité mère. J'avais la vie sauve mais le corps en peine et le cœur en miettes.

De tous mes états d'âme, la mort était celui qui férocement me poursuivait tel le chasseur traquant sa plus alléchante proie. J'étais gibier, inlassablement gibier. De fait, déchirante avait été ma rupture avec Zaahrian, et depuis je n'aspirais qu'à la mort, du moins me guettait-elle alors que je maltraitais mon corps à outrance.

Zaahrian... Son éternelle jouvence avait eu raison de moi, et malgré moi, je l'avais plombé par mes affres, par ce manque de confiance en la vie, surtout en la mienne, que je trouvais si éphémère en opposition à la sienne. Les mots avaient laissé place à la rancœur, et la rancœur au désarroi, puis, très vite nôtre relation s'était étiolée alors que nous coulions des jours heureux en Ardamir.

Pour tout vous dire, c'est un jour d'hiver que nous nous disputâmes hélas, a priori irrévocablement, bien qu'au fond de moi je sus qu'un jour ou l'autre, nous nous retrouverions. Mais pas encore.
L'impulsivité faisant de moi son fidèle esclave, j'avais fuit l'Anaëh alors que l'hiver tirant sa révérence m'avait permit de quitter la sylvaine forêt qui une saison durant m'avait accueilli et tellement apporté. J'avais appris à baragouiner très maladroitement l'elfique, comme j'avais également acquis des connaissances en tout genre, rien de bien majeur ou stéréotypé, des choses toutefois utiles à ma survie.

Ainsi ressassais-je depuis nôtre rupture mon passé, oubliant qu'il y avait devant moi ce temps au fil ténu, que je tentais tant bien que mal en funambule d'appréhender. L'hiver était pourtant loin derrière moi et le printemps bientôt s'en irait à son tour, le froid nonobstant ne m'avait point quitté depuis que l'être auquel je tenais le plus au monde, à mes côtes ne se tenait malheureusement plus. De quelle idiotie avais-je donc fait preuve !?

Oh certes les affaires avaient été plus que bonnes depuis mon retour, et ma logorrhée enchantée n'avait fait qu'attirer les pigeons dans mon piège. J'étais riche, j'étais respecté ; mon équipe de joyeux lurons, ces gamins des rues que j'avais formé aux boniments excellaient désormais à leur tâche. Des poudres et des remèdes, des potions et mille drogues et orviétans à foison, voilà ce qui sur le dos des poires, des naïfs, nous rendaient richards, nous, fière petite racaille Thaari.
Nous étions ma petite famille de galopins des rues et moi, fervent gouape, des professionnels du mysticisme, du simulacre, bref d'incorrigibles fabulateurs, et c'est avec l'or des dupes que j'achetai courant Bàrkios, une belle et grande demeure dans un quartier huppé. Mes années de larcins avaient fini par payer, or la joie de vivre était la seule chose dont je manquais, et quand bien même je visais tout l'or du monde afin d'assouvir mes moindres plaisirs, je ne pouvais me procurer bonheur qu'en trouvant la paix auprès de mon ancien amant.

Faisant fi de ma fierté, je décidai un jour d'aller m'excuser auprès de lui afin de trouver dans son pardon, quelque réconfort, et peut-être je dis bien peut-être, une bienheureuse amitié : seule façon pour moi d'aller de l'avant.

Seulement, dans le but d'atténuer ma vergogne, je me rendis chez lui ivre comme jamais. Je trouvai tant bien que mal mon chemin à travers la tortueuse Thaar et c'est rampant que j'arrivai enfin devant l'énorme porte d'une charmante villa que je connaissais si peu, que je savais toutefois sienne pour y être jadis invité...

« Zazazarian ! S'sais qu't'es lô ! Oeuvre don' vite, z'sais qu'tout d'ma faute... Pardonne-moi zeste ! Zeste pardon, rions, Zazarian... Pas d'amheur, zeste parler... Zeste... »






Dernière édition par Rénatus Babec-Roumel le Sam 6 Mar 2021 - 10:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeVen 5 Mar 2021 - 18:40


C’était un matin paisible à Thaar. Enfin, aussi paisible que cette ville pouvait l’être parfois. Dans les beaux quartiers, les riches se remettaient à peine de leur beuverie de la veille et c’est l’œil hagard qu’ils laissassent les demeures afin de vaquer à leurs occupations ou tout simplement pour rentrer à la maison. Dans la maison Las’danir, Guilin avait enfin réussi à échapper à Aia et s’adonnait maintenant à des exercices d’étirement et de relaxation. Il se tenait debout au centre de la pièce, les yeux fermés. Il inspira profondément avant de se pencher vers l’avant en gardant ses jambes bien droites jusqu’à poser ses mains à plat sur le sol. Il conserva cette position pendant un moment avant de se redresser d’un geste fluide. C’est à ce moment qu’il entendit par la fenêtre les élucubrations d’un ivrogne. Il grimaça de dédain. « Il n’est même pas midi... ». Il inspira une nouvelle fois et répéta le mouvement.

Il était au sol lorsque quelqu’un toqua doucement à la porte de sa chambre. « Entrer. » Il se redressa juste à temps pour voir l’esclave entrer. « Maître, il y a un homme ivre à l’entrée. »

« Et alors? Vous n’avez qu’à le remettre sur le chemin. Ce n’est pas le premier ivrogne que vous croisez dans votre vie, non? »

« Non, maître. Il ne cesse de baragouiner des paroles incompréhensibles, mais je crois qu’il souhaite s’entretenir avec maître Zaahrian... »

« Et vous lui avez dit qu’il était absent? »

L’homme se ratatina sur lui-même. Le manque d’expression dans son ton de voix provoquait souvent ce genre de réaction chez les gens qu’il rencontrait. Si Guilin était un peu agacé, il n’était pourtant pas fâché. Toutefois, l’esclave réagissait comme si on venait de lui hurler dessus.

« Oui, mais il refuse de nous entendre. »

« C’est bon, je vais aller voir. Donnez-moi une minute... »


« Les gardes le retiennent. Prenez tout votre temps. »

L’esclave trotta vers la porte et disparu. Guilin soupira.

« Zaahrian… Si tu m’as laissé un autre de tes désastres amoureux à nettoyer, je te jure que celui-là, je lui tranche la tête et la mets dans ton lit pour te donner une leçon. Ça t’apprendra à promettre monts et merveilles à tout ce qui a une jolie gueule et un pénis. »

Quelques instants plus tard, Guilin passait la grande porte, l’expression sur son visage parfaitement impassible. Si Zaahrian était l’ardent soleil qui apporte la vie, Guilin était la lune froide des nuits d’hiver. Il était splendide et terrifiant en même temps. Il avait à peu près la même taille que Zaahrian, mais d’une constitution nettement plus fine. Il avait les cheveux foncés, presque noirs. Ils atteignaient le milieu de son dos et il les portait détacher. Les traits de son visage étaient résolument elfiques malgré qu’il soit seulement un demi-sang. Beaucoup le trouvaient séduisant même avec cette cicatrice qui lui barrait une orbite et la joue. La blessure avait laissé à l’œil une teinte laiteuse, mais le second était toujours aussi perçant et il fixait Leonie sans broncher. Il n’avait pas de temps à perdre avec ces histoires et il s’apprêtait à se débarrasser de l’ivrogne lorsqu’il le reconnut.

« Leonie? »

Il haussa un sourcil, brisant ainsi son masque d’impassibilité. Honnêtement, Guilin l’avait peut-être vu une fois ou deux et c’était tout juste avant le départ de Zaahrian pour l’Anaëh. L’assassin l’avait présenté comme étant son petit ami. Guilin l’avait trouvé passablement agaçant, mais à l’époque, il était encore sévèrement affaibli par les mauvais traitements subis aux mains des esclavagistes. Aujourd’hui, il était en bien meilleure forme, mais son impression sur le jeune humain ne semblait pas vouloir s’améliorer.

« Si tu cherches Zaahrian, il n’est pas là. Il a été engagé pour escorter un riche jusqu’à Naelis. En ce moment même, il doit se trouver quelques parts entre ici et là-bas. Repasse dans quelques jours et, cette fois, tâche de moins boire... »


Dernière édition par Zaahrian Las'Danir le Dim 7 Mar 2021 - 19:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 17:47






Mes élucubrations parvinrent aux oreilles de la maisonnée, quelques secondes plus tard les portes commencèrent enfin à s'ouvrir et je tentai tant bien que mal de me glisser par la fente offerte à mon opportunisme. Un bras musclé ralentit ma course en me barrant le chemin, je me tortillai mais avant que je pusse esquiver l'inopportun obstacle, on retint avec poigne mes épaules. J'évitai de mordre à tout va, mon but n'étant pas de créer l'esclandre que toutefois et malgré moi, j'amorçais ; cela va sans dire, on ne pouvait changer une équipe gagnante.

« Eh, oh, çuis z'un ami d'Zaz, léchez-moi, léchez-moi ! J'ignorai royalement celui qui tentait de m'expliquer poliment que son maître était absent, tout en me débattant mollement du fait de mon état d'ébriété avancé. 'Scuse ! Za'rian, suis v'nu t'mander pardon ! Pardeunne-moi, Za'rian ! Léchez-moi bon sang, bande de prute ! »

Alors qu'en désespoir de cause l'esclave était probablement parti quérir l'attention de son maître, je tentai de me subtiliser à l'emprise des deux colosses qui, soit dit en passant me broyaient les bras de leurs terribles gros doigts. Erreur grosse erreur, car je retrouvai mes esprits une ou deux minutes plus tard après avoir reçu sans le moindre doute une torgnole des plus lestes. J'accusais le coup tout en me massant la tempe lorsque je vis une silhouette apparaître devant mon champ de vision plutôt trouble. Le temps de me frotter les yeux, j'ouvris enfin la bouche pour signaler le plaisir procuré par l'apparition, Zaahrian rappliquait ! Mon nom fût prononcé or ce n'était point la voix que j'escomptai entendre, malgré la stature de mon nouvel interlocuteur ; les gardes ne me considérant plus comme une menace m'avaient délaissés, me laissant face à mon nouveau bourreau.

« Gui... Guilin ? » Ma prononciation semblait s'être nettement améliorée à la vue de l'être en question. Guilin. Je ne le connaissais que très peu, mais le souvenir que je gardais de lui n'était pas des plus agréables. De fait, s'il était nettement plus fin et gracile que Zaahrian, c'était son regard froid et distant qui le rendait aussi redoutable. Néanmoins, je le savais fidèle à Zaahrian, raison pour laquelle le bougre n'oserait sûrement pas me causer quelque tort qui soit.

Je me redressai, lissant par la même occasion mes frusques froissées dont les couleurs paraissaient beaucoup plus sobres que moi-même je ne l'étais.

Sans préambules, je me jetai à l'eau.

« S'il... S'il-te-plaît, Guilin, j'ai bu voui, mais je souffre, je souffre de ma connerie... Jamais je... Jamais... NON ! Jamais je n'aurais dû me comporter de la sorte... Sais-tu, sais-tu si Zaahrian m'en veut et Ô combien il m'en veut... !? T'a-t-il au moins parlé de nôtre dispute... Ou ne veut-il peut-être plus jamais entendre parler de moi...? Je... Je ne voulais pas aller aussi loin, mais je ne supporte pas le fait de le faire souffrir en mourant bien avant l'heure, hrmpfff... Foutus hybrides... Maudits humains... Alors... Alors je... Diable ! Je croyais bien faire, je croyais le protéger, en le quittant, en me détruisant, voilà, oui voilà pourquoi... Tout... Tu... Tu lui diras, Guilin, tu lui diras, par pitié, tu lui diras... Je ne te connais pas beaucoup, je sais que tu comprends, je le vois dans... Dans ton œil... Je, non, désolé, ton regard... Tu ne m'aimes pas, je le sens... J'ai toujours été bon à ça... A sentir les gens... Je sens le dégoût... Je m'en fiche de ce que tu penses de moi, tu m'entends !? Mais... Je sais la place que vous occupez l'un l'autre dans vos cœurs respectifs... Il... Il m'a causé de toi, je te connais sans te connaître... Plus que tu ne me connais toi, je serais prêt à parier... Ma vie... Est telle... Tu comptes beaucoup pour lui, de ce fait tu comptes beaucoup pour moi... Tu seras toujours à ses côtés, voilà pourquoi, et je t'en remercie... Boire moins, moins boire ? Bah... Je ne boirai plus, non que nenni, je ne boirai plus, une fois mort... » J'avais prononcé la dernière phrase en me retournant afin de m'en aller, et je doutais qu'il l'ai au vol saisie, la suicidaire remarque dont la teneur spontanée mais si pesante fit se nouer ma gorge... Non, je ne pleurerai pas... De toutes façons, si Zaz n'était pas là, finalement rien ne me retenait ici... Ciao... Décidé à m'en mettre plein la panse et plein le sang, je finirai probablement noyé dans un fossé poisseux, noyé oui mais dans mon propre vomi, un point c'est tout. Ciao, oui, ciao !

Je poussai la lourde porte ignorant tout sauf ma peine. Ciao ? Non ! Adieu.





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« Un charlatan, sur un tréteau,
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Puis échange, contre des sous,
Son remède pour loups garous
Et l'histoire de point en point suivie,
Sur sa pancarte,
D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »

(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)

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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 19:22


Du vomi verbal, voilà ce que c’était. Trop de mots sortaient de la bouche de cet humain et l’alcool le rendait incohérent. Rien pour apaiser l’impatience de Guilin n’avait ni le temps ni l’envie de s’occuper de ce genre de chose. Malgré tout, quelque chose ressortait de ses paroles. Il était désolé d’avoir blessé Zaahrian. Pour ça, il l’avait vraiment blessé. S’il connaissait aussi bien son frère qu’il le prétendait, Leonie ne lui aurait jamais dit ce genre de chose. Zaahrian était très sensible sur la question de son sang. Il avait longtemps eu du mal à l’accepter, à voir les gens qu’il connaissait vieillir et mourir alors que le temps l’affectait à peine. Ainsi, aux yeux de Guilin, Leonie méritait de se sentir mal. En fait, il méritait bien plus, mais avoir un poids sur la conscience pouvait aisément rendre la vie d’un homme misérable. La mort n’était pas toujours la pire punition. D’un autre côté, si Zaahrian apprenait qu’il était venu ici et que Guilin n’avait rien fait pour l’aider, il lui en voudrait à mort. Son frère était peut-être fâché contre l’humain, il avait toujours une place spéciale dans son cœur et il n’aimerait pas le voir aussi dévasté même si leur relation risquait de ne jamais s’en remettre.

« Attends une minute. » Guilin attrapa l’humain par le collet juste avant qu’il ne franchisse la porte. « Tu mérites mon poing à la figure et probablement plus encore, mais Zaahrian serait fâché d’apprendre que je t’ai laissé partir sans rien faire. Alors, je vais t’aider. Viens avec moi... » Sans le lâcher, Guilin l’entraîna à l’intérieur de la maison tout en donnant des ordres aux esclaves. « Apportez quelques choses à boire et des herbes contre la gueule de bois. Il va en avoir besoin... »

Guilin le traîna de force jusqu’à un salon meublé d’une table basse et d’une abondance de coussins qui invitaient à se prélasser. Il y avait une bibliothèque remplie de livres et des armes décoraient les murs. « Assis-toi là. » L’assassin le poussa pratiquement au sol devant la table basse et Guilin s’installa face à lui, les coudes appuyés sur la surface de bois précieux. « Tu es un lâche. » Dit-il sans préambule. « Tu es un lâche et un imbécile, mais tu le sais déjà parce que tu n’aurais pas rampé jusqu’ici pour tenter de te faire pardonner. » L’expression de son visage trahissait son dégoût. « Tu ne connais pas Zaahrian. En tout cas, pas aussi bien que tu le prétends. Si c’était le cas, tu n’aurais jamais dit ces choses. Tu saurais qu’il a souffert longtemps de son demi-sang. S’il a de la chance, il va vivre à peu de chose près 6 fois la vie d’un homme. Il n’a jamais demandé ça. Il y a beaucoup de choses qu’il n’a jamais demandé, mais il fait avec. Zaahrian a choisi de ne pas penser à demain. Il vit aujourd’hui et maintenant et s’il t’a accepté dans sa vie, c’est parce qu’il le voulait même en sachant que ça ne représenterait qu’une fraction de sa vie. Il est dévoué et généreux envers les gens qu’il aime. Il est prêt à payer le prix fort pour eux. S’il t’a amené en Anaëh, c’est qu’il voulait partager ça avec toi et c’est comme ça que tu l’as remercié. Donc oui, il est possible que tu mérites de mourir et je peux t’aider avec ça si tu veux. » Il sourit, mais il n’avait rien d’agréable. « Mais si tu meurs, ça va briser encore plus le cœur de Zaahrian et ça fera de toi le pire des égoïstes. Alors, fais le seul truc sensé à faire et ressaisis-toi. » Un esclave apparu dans l’embouchure de la porte. Guilin lui fit signe d’approcher et un plateau contenant une théière remplie d’eau chaude fut déposé sur la table. D’une petite boite en bois, l’assassin prit une pincée d’herbes sèches qu’il jeta dans l’une des coupes avant d’y verser l’eau encore fumante. « Attends une minute ou deux et bois ça. Ça te fera du bien. » Cette fois, sa voix était plus douce, mais à peine. Guilin n’était pas du genre bavard, mais quand Zaahrian était impliqué, il trouvait souvent beaucoup de choses à dire.
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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeSam 17 Avr 2021 - 12:11






Je m'en allais quérir l'ivresse et pourquoi pas frôler la mort, toutefois, avant de pouvoir mettre un pied à l'extérieur on me saisit par le collet avec fermeté, puis on me fit faire demi-tour illico presto. Le tout accompagné d'une petite introduction acerbe, j'encaissai l'explication de son bienveillant geste – celui de me retenir –, les mots prononcés par l'hybride coulèrent en moi tel un flux salvateur. Si j'étais venu rampant de la sorte – pitoyable être désolant et désolé – c'est que certainement j'étais à la recherche d'un peu d'aide, et d'une sévère remontrance. Je n'eus pas à attendre des lustres avant que ladite remontrance s'abatte sur moi avec justesse, telle une faucille fauchant ce triste ego qui était mien...

Je me retrouvai de facto assis à même le sol sur quelque moelleux coussin, devant une table basse, et Guilin réprobateur sans passer par quatre chemins de m'expliquer le pourquoi du comment de ma sottise. J'étais un lâche doublé d'un imbécile. Je ne connaissais pas vraiment Zaahrian, et oui, à cause de cette ignorance je l'avais énormément blessé. Il m'avait offert sa confiance et son amour, et je l'avais trahi. Je l'avais déçu. Et je méritais effectivement la mort, en cela je n'avais pas eu tort, décidément mortel éphémère, et sot. Seulement, car il tenait encore à moi le bougre – et quelle joie de l'entendre ! – il me fallait vivre, il me fallait me ressaisir...

« Je... Oui... M... Merci... » furent les seuls mots que je pus déglutir, la visage en larme. Méritais-je une seconde chance ? Probablement pas, et visiblement seul importait le cœur blessé de Zaahrian. Je m'en arrangerai.

Je bus quelques gorgées d'une infusion fumante que je ne vis apparaître que lorsque Guilin me la tendit avec insistance, j'avais en effet le regard perdu l'esprit en effervescence. L'infusion avait un goût amer, comme si soignant le mal par le mal en ingurgitant le liquide chaud je pouvais régurgiter mon amertume afin de laisser place à d'autres émotions plus saines. Faire un peu d'espace, avant de tenter quelque reconstruction qui soit. Soudain, narquoise coïncidence entre philosophie et réalité, je me mit à vomir affreusement sur la table basse tout en éclaboussant probablement Guilin et les soyeux coussins qui nous entouraient. La table basse, Guilin, mes frusques, mes bras, mes jambes, un peu tout, en fin de compte, dû subir mon sympathique rendu.

« Bleeeeeuurhhhaarrrg bleuuuurp blargh » raclait ma gorge en feu tandis que « Aaaaahhhhh aïe aïe ahhh » tonnait mon esprit en proie à un mal-être naissant. Ainsi débutait donc le processus de ressaisissement ? Fichtre de foutre, quelle horreur ! Lorsque le reflux pris fin après quelques minutes de mélodie gutturale et peu ragoûtante, haletant, je demandai naïvement : « Guilin, t... T'as pas un truc plus doux ? » Un vrai gamin dans le corps d'une ébauche d'adulte, je le savais pertinemment.

Un de mes yeux semblait vouloir dire merde à l'autre, tandis que d'une main je me barboullais la figure, mi-faisandé mi-sain.




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« Un charlatan, sur un tréteau,
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Puis échange, contre des sous,
Son remède pour loups garous
Et l'histoire de point en point suivie,
Sur sa pancarte,
D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »

(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)

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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeSam 24 Avr 2021 - 13:16


Ce n’était pas l’effet escompté. La décoction devait apaiser son estomac, pas le vider de tout son contenu. Malgré ses bons réflexes, Guilin ne put échapper au jet de vomi qui jaillit de la bouche de Léonie, éclaboussant tout sur son passage. Au-delà de la vision d’horreur, l’odeur était aussi insoutenable, provoquant un haut-le-cœur chez l’assassin pourtant habitué à bien pire. Il se précipita sur les volets pour les ouvrir au maximum dans l’espoir de dissiper l’aigreur qui prenait à la gorge et retournait son estomac. Il allait le tuer. Il allait le tuer et faire disparaître le corps. Peu importe si Zaahrian se posait des questions, il finirait peut-être par croire que l’humain avait tout simplement pris la fuite. Il s’en remettrait. De toute façon, vu son état après sa rencontre avec son client, tout indiquait qu’il était déjà passé à autre chose. Guilin pivota sur ses talons, prêt à lui rompre la nuque, mais la vision qu’offrait Léonie l’arrêta. Pathétique. Il n’y avait pas de mot plus juste. Couvert de vomis des pieds à la tête, il luttait afin de rester sur son séant. Sa peau arborait un vert maladif, mais son regard était plus clair.

« Dégoûtant… Tu mériterais qu’on te torde le cou, mais même pour ça tu es trop pitoyable. »

Guilin revint vers Léonie en faisant son possible pour ignorer le liquide visqueux qui recouvrait maintenant la table basse et les coussins. Il saisit l’humain par le col de sa tunique et le força sur ses pieds.

« Tu penses pouvoir tenir sur ses pieds? »

C’était une question, mais au ton de voix employé, il avait intérêt à pouvoir le faire. Malgré tout, Guilin ne le lâcha pas alors qu’il l’entraînait en dehors de la pièce. Au premier esclave qu’ils croisèrent, l’assassin aboya des ordres. Il fallait vider le petit salon en entier et trouver le moyen de remplacer les objets perdus avant le retour du maître. Aucune trace de l’incident ne devait subsister.

« Et préparez un bain! Trouvez des vêtements également. Prenez un tunique à Zaahrian s’il le faut. »

Toute la maisonnée s’activa. Guilin était contrarié et ils savaient d’expérience que lorsque c’était le cas, quelqu’un finissait par en payer le prix. Avec un peu de chance, son attention ne se détournerait pas de Léonie.

Au détour d’un couloir, leur progression fut brusquement arrêtée par l’apparition d’une fillette. Une fois de plus, Aia avait échappé à sa tutrice. À l’image de son père, elle tenait difficilement en place et tout ce raffut devait avoir piqué son attention.

« Aia, ne reste pas là. Où est ta tutrice? »

La gamine haussa les épaules. Apparemment, elle ne savait pas et c’était le dernier de ses soucis.

« Oooooh, vous sentez mauvais. »

Elle se pinça le nez en faisant la grimace.

Le regard de Guilin s’assombrit. Il reprit sa progression en contournant l’enfant au même moment où sa tutrice, une femme corpulente au visage rougeaud, rattrapait enfin sa pupille pour la gronder. Ils s’enfoncèrent ainsi jusqu’au cœur de la maison sans échanger plus que quelques mots. Finalement, ils passèrent une porte à doubles battants en bois pour entrer dans une pièce assez grande et sans fenêtre avec du marbre du plancher au plafond. L’air y était humide et chaud. C’était le grand bain. Il était possible de se faire préparer un petit bain dans la chambre en remplissant une simple cuve, mais vu l’état de Léonie, beaucoup d’eau sera nécessaire pour le décrasser. En les voyant arriver, les esclaves détalèrent en laissant derrière tout ce que Guilin avait demandé, donc une grande tunique appartenant à Zaahrian.

« Maintenant, tu te déshabilles et tu vas dans l’eau. Et cesse de geindre, je commence à avoir la migraine. »
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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeDim 12 Sep 2021 - 11:32






Le printemps avait laissé l'été s'exprimer ardemment, quant à moi sur une note amère et grottesque j'avais traversé la transition, suivant les saisons à l'instar des couleurs. Je me souvenais parfaitement bien de cette remontrance de la part de Guilin que j'avais essuyé tant bien que mal ; depuis, j'avais arrêté de boire et quand bien même j'avais essayé de croiser Zaz au détour d'un hasard, je ne l'avais point revu. Le temps avait doucement remit les points sur les « i », bénéfique situation pour ma part, je me retrouvais et me ressourçait à en retrouver une hygiène de vie des plus saines, chose qui ne m'était guère arrivé depuis des lustres.

C'est mêlant oisiveté et petits intérêts professionnels que j'avais vu passer ce premier mois d'été, que j'avais célébré ma vingt-septième année de vie et remercié la dix-huitième année du cycle présent. La nouvelle année serai pour moi celle du renouveau.



Premier jour de la première énnéade.
Karfïas • Été
19° année | XIe Cycle


Milles projets s'offraient à moi, ainsi mon avenir paraissait radieux.
Il s'avère que mon derrière me démangeait plus que de raison, il me fallait bouger, j'irai en Péninsule s'il le fallait ! Or très vite avant que je commence à me lasser, vint se présenter à moi une opportunité de voyage professionnel, des plus urgents et pas des moins dangereux, et dont la destination n'était autre que Sol'Dorn.

C'est en connaissance de cause, celle concernant ma propension aux déboires, anicroches et ennuis dont je savais être inéluctablement la proie, que j'eu une idée lumineuse ! Celle d'appeler Zaahrian à se joindre à moi. Non pas que j'eusse les pétoches ou le besoin de protection, cela avait été dans nos us et coutumes que de s'aventurer ensemble, or bien que nôtre relation amoureuse soit révolue, je pensais que nous pourrions toutefois folichonner ensemble. J'étais passé outre ma tristesse ; mon affliction ne saurait vaincre si l'hybride daignait sinon me suivre à Sol'Dorn, du moins accepter de me voir.

Par un des mes gavroches je lui fit parvenir un petit billet sur lequel on pouvait lire le suivant vocable :

« Très cher Zaahrian,

Je serai concis,

Je serai enchanté de te revoir, discuter un peu et rire autour d'une fraîche boisson par les temps chaleureux qui courent,

Je comprendrais que tu ne veuilles point m'accorder de ton temps, sache cependant que je suis passé à autre chose. C'est un ami qui me manque que je veux retrouver, le temps fait bien les choses sois-en rassuré.

Tu pourras si le cœur t'en dit, répondre à l'invitation en informant mon petit messager si oui ou non tu désires me revoir et dans le premier cas, le lieu que tu voudras être celui de nôtre amicale retrouvaille !

Amiteusement,

Léonie.

PS : Je serai hors de Thaar jusqu'en deuxième ou troisième énnéade, mon départ étant prévu d'ici une paire de jours.
»

Avec un peu de chance il voudrait bien m'accorder un peu de son temps, de préférence avant mon départ pour Sol'Dorn.




_________________

« Un charlatan, sur un tréteau,
Pantalon rouge et vert manteau,
Vend à grands cris la vie;
Puis échange, contre des sous,
Son remède pour loups garous
Et l'histoire de point en point suivie,
Sur sa pancarte,
D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »

(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)

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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeDim 12 Sep 2021 - 14:53

Si on laisse le temps au temps, il peut accomplir des choses étonnantes. Cela requiert de la patience, chose que Zaahrian possède malheureusement en quantité limitée, mais dans le chaos que fut le premier mois d’été, ses pensées s’étaient peu à peu détournées de Léonie. Aujourd’hui, s’il pensait à l’humain, c’était surtout pour se questionner à savoir s’il allait bien ou qu’est-ce qu’il pouvait bien faire ces jours-ci. Il avait évidemment eu des échos du passage de Léonie en sa demeure alors que lui-même trouvait son plaisir dans les bras d’un autre quelque part entre Thaar et Naélis. Il avait dit regretter ses paroles envers l’assassin, mais il était un peu tard pour ça. Zaahrian pouvait passer par-dessus beaucoup de choses, mais ça, il n’allait pas l’oublier. Cela étant dit, il pouvait faire la paix et c’est ce qu’il avait fait. Dans les premiers temps, il n’avait pas cherché à le revoir d’abord parce qu’il était occupé ailleurs, mais aussi parce qu’il n’y tenait pas particulièrement. En revanche, il comprenait que pour boucler définitivement la boucle, ils devraient avoir une conversation tous les deux. Zaahrian allait-il aimer de nouveau ? Sans aucun doute. Zaahrian était un passionné qui se laissait aisément emporter par sa fougue. Malgré la peine et la déception, il ne regrettait en rien le temps passé en compagnie de Léonie. Il lui avait sauvé la vie alors qu’il traversait un épisode particulièrement sombre de son existence et pour ça, il lui sera toujours reconnaissant.

L’occasion pour des retrouvailles se présenta d’elle-même sous la forme d’une lettre apportée par un messager, un gamin des rues que Zaahrian reconnut comme l’un des protégés de Léonie. Ce dernier voulait le revoir. Il prit la peine de dire qu’il était passé à autre chose, mais qu’il s’ennuyait de la présence d’un ami. Au moins, ça avait le mérite d’être clair.

« Dit à ton maître de me retrouver dans le jardin muré non loin d’ici. Il comprendra de quoi il s’agit. Je l’attends demain à la tombée du jour. »

Il ressentit un soudain élan de nervosité, mais ce dernier passa rapidement lorsque Zaahrian retourna à ses occupations. Le lendemain, l’assassin se rendit à l’heure prévue dans le jardin abandonné témoin d’un bon nombre de leurs conversations et moments plus ou moins intimes. Il aurait peut-être été préférable de choisir un endroit plus neutre que celui-ci, mais plusieurs bons souvenirs y étaient rattachés et il n’y avait rien de triste ou de déchirant à être ici. C’était même plutôt le contraire. Alors qu’il s’étendait sur un banc en attendant Léonie, il ne pouvait s’empêcher de sourire à l’évocation de certaines de leurs conversations alors que tous les deux étaient passablement éméchés et tenaient des propos sans queue ni tête.
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Rénatus Babec-Roumel
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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeLun 13 Sep 2021 - 14:42






Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque P'tit Ben revint avec une réponse de la part de Zaahrian, si peu de temps après que je l'ai envoyé. Le gavroche était un de mes plus fidèles garçons, aussi fugace qu'une ombre. Toujours serviable. Une flèche.

« L'a dit oui, Tontinou. Y faut qu'tu l'retrouve dans le jardin muré, côté d'chez lui, me dit-il après s'être relevé de sa chute, c'est qu'en arrivant précipitamment il s'était vautré à mes pieds. Je l'aidai à se relever.
Oh, oh, fais gaffe de pas te casser la margoulette, j'ai besoin de toi tu sais ! Te remercie mon grand !
D'rien, j'file, on m'attend, répliqua-t-il avec empressement avant de pivoter sur lui-même.
Eh ! Vas-y doucement... Mais il avait déjà prit la poudre d'escampette. Je le soupçonnais d'être amoureux. J'évitai de penser au malheur qu'il encourrait, l'amour à mon instar n'est point chose éternelle, pensais-je, philosophe, en l'imaginant courir rejoindre sa dulcinée. »

Ainsi Zaahrian avait accepté de me revoir, et pour cause : j'exultais. Bien évidemment, je saurai être digne de cette rencontre ; les raisons explicitées dans ma missive étaient on ne peut plus sincères, loin de moi l'idée de retrouver un amant déchu et de l'enquiquiner. Je voulais retrouver un ami qui me manquait énormément, un point c'est tout. Et l'assassin avait semble-t-il compris dans ma démarche, la sincérité qui en découlait. J'avais tellement de choses à lui raconter !

C'est avec un trac immense cependant que je me rendis le lendemain sur le lieu de rendez-vous, il va de soi que je le connaissais fort bien pour l'avoir fréquenté plus d'une fois. Un petit jardinet abandonné où j'ignore ce qu'y faisait autrui, jadis tous deux passions d'excellents moments à y jacasser, dans la privacité qu'offraient ses pierres taillées, abîmées certes, mais toujours d'aplomb.

Soudain, je le vis. Étendu sur un banc, celui que j'avais aimé et tant blessé, le regard lointain il ne m'aperçut pas lorsque je pénétrai l'enceinte du petit jardin. Je m'eclaircis la voix.

« Que complotes-tu, malandrin ? demandai-je avec humour. »

Je m'avançai à sa hauteur. Ma tenue n'avait rien d'extravagant, juste un peu de lin coloré recouvrait mon corps tendu, le protégeant d'une petite brise naissante. A l'épaule un baluchon avec quelques babioles à l'intérieur. Je le déposai délicatement à mes pieds.

« Salut, Zaahrian. Merci d'avoir accepté de me revoir. Je vois que tu n'as pas changé depuis le temps... » Oups ; en mon for intérieur j'osai espérer qu'il ne vît dans mon propos aucune allusion concernant nos espérances de vie... dissemblables.




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Et l'histoire de point en point suivie,
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(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)

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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeMar 14 Sep 2021 - 23:22


Au son de la voix, Zaahrian tourna la tête. Léonie était bien là, toujours aussi mignon qu’à son habitude. Malgré le statut actuel de leur relation, son opinion sur la question n’avait pas changé. C’était un très séduisant jeune homme qui se tenait non loin de lui que les derniers rayons du jour baignaient d’une faible lumière.

« Je dois admettre que pour une rare fois, je ne manigance rien du tout. »

Et c’était vrai. Dans l’immédiat Zaahrian n’avait aucun contrat en vue et c’était aussi bien ainsi. Il ne vivait pas misérablement et dans une ville comme Thaar, d’autres occasions de mettre à profit ses talents se présenteront bien assez tôt. Il se redressa d’un mouvement fluide et tapota l’espace libéré, invitant le jeune homme à y prendre place.

« Tu parles comme si des années se sont écoulées depuis la dernière fois qu’on s’est parlé. Ça ne fait pas si longtemps… »

Pourtant, maintenant qu’il y pensait, il s’en était passé des choses depuis. La plus importante était l’arrivée d’Aya, sa fille. Zaahrian ne pensait pas lui en avoir parlé et il était à peu près certain que Guilin n’a pas abordé le sujet non plus, n’y voyant pas l’intérêt.

« Dans ta missive, tu disais que tu serais en dehors de Thaar pour quelque temps. Je constate que tu es vraiment sur ton départ. »

Il désigna d’un geste du menton le sac à l’épaule de l’humain.

« Je ne sais pas si j’ai encore le droit de dire ça, mais soi prudent, d’accord? Après tout, tu n’as plus l’exceptionnellement doué Zaahrian pour surveiller tes arrières à présent. »

Zaahrian se permit un sourire, même si ce dernier n’avait pas autant d’éclat que d’habitude. Malgré l’humour de ses propos, une certaine tristesse transparaissait dans son regard. Il ne regrettait pas d’avoir accepté de le revoir, mais ce n’était pas aussi facile qu’il l’avait cru.

« Je ne suis pas fâché contre toi, si tu veux savoir. Ce n’est pas de la colère que j’ai ressentie quand tu as dit ces choses… »
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MessageSujet: Re: Je t'aime, moi non plus...   Je t'aime, moi non plus... I_icon_minitimeLun 20 Sep 2021 - 12:11






L'elfe métissé sur son séant se redressa tel un félin et m'invita à partager le banc sur lequel il s'était en m'attendant, prélassé. Comme à son habitude, il était souriant et inlassablement philosophe. Je répondis à sa remarque, avec cette envie de lui conter ma vie.

« Ah ! Arf ! Pas si longtemps !? Pfiouh ! Il s'en est passé des choses pourtant ! Eh tu sais, pour commencer, j'ai arrêté de boire, Zaahrian ! Un petit rictus de fierté vint arborer mon faciès de joyeux luron. Et ça me fait un bien fou, je voulais que tu le saches, que tu sois fier de moi. Je sais que tu me l'a longtemps reproché... Enfin, pas de boire en soi, mais d'être excessif ! Bah tu sais... J'ai toujours été dans le « trop », le « toujours plus », l' «encore un peu» ... Enfin, tu vois ! Je ricannai. Donc voilà j'ai arrêté définitivement. Sans lui laisser le temps de répondre, j'enchaînai. C'est pas ce qu'a dû à te raconter Guilin, heing... ? Je suppose que t'es au courant... Ah... Ahlalala... Comme j'ai honte... Bon... Il a été gentil avec moi, ça oui... Et très patient, même. J'ai voulu revenir quelques jours après m'être humilié devant la maisonnée, lui présenter mes excuses... Je n'ai pas osé. Pfff ! Lui diras-tu, que je m'en veux, et que je le remercie ? J'avais hélas été remercié également, avec gentillesse certes, non sans une once d'un subtil mépris enrobé de mansuétude. Et d'ailleurs, je ne savais pas qu'il avait une petite fille !? Ainsi achevai-je ma logorrhée. »

Je laissai Zazouille répondre à tout cela. Guilin n'était pas un mauvais bougre, il lui avait raconté nos déboires passés, et il lui transmettrai assurément mes plus plates excuses. Enfin, il n'était pas non plus père d'une petite fille.

Lorsqu'il remarqua mon imminent départ, j'expliquai, esquivant ainsi son omission concernant la petite fille que j'avais aperçu chez lui.

« En effet. Je pars pour Sol'Dorn, demain. Je baillai. Je retrouve ce soir dans une auberge non loin de la porte nord, une joyeuse équipe adepte du Théâtre d'Arcam, c'est en leur compagnie que je ferai la route ; à Sol'Dorn je me rend afin d'acheter quelques vipères sèches garnies de le cœur et de leur foie, entre autres, enfin tu connais, je dois composer mon prochain orviétan, c'est qu'on a de plus en plus de demande ! »

Je lui narrai ma réussite, en expliquant comment j'avais agrandi la petite famille de charlatans thaaris qui composait mon entreprise, et comment un de mes remèdes semblait avoir gagné en succès, l'or coulait à flot, je ne pouvais en ce point, m'arrêter là.

« Oui, je ferai attention. Je me suis dit que tu aurais peut-être envie de te joindre à moi ? Mais c'est peut-être pas une bonne idée. »

Concernant ses précisions, je restai pour le moment muet.




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