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 [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)

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Braähm Main-Ferme
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MessageSujet: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeLun 15 Mar 2021 - 22:28



Deuxième jour du mariage royal, tôt le matin.
Portes de Kirgan

C’est avec une sensation désagréable que je m’installais dans mon lit, à cette heure avancée de la nuit. Le premier jour du banquet avait été plus difficile que je ne le pensais. Une fois la nourriture sur les tables, je m’étais empiffré en discutant abondamment avec nombre de nains présents. J’avais également pu continuer ma conversation avec le roi des elfes qui était, ma foi, intéressant. Il avait l’air de m’en vouloir pour quelque chose, mais je n’ai pas cherché à en savoir plus tout de suite. Toutefois, je comptais bien comprendre ce que j’avais fait pour le froisser le lendemain.

Les pensées ruminaient dans ma tête. Je repensais aux éloges du souverain envers mon clan et moi-même. Me voilà célèbre. Je me demandais si je n’avais pas fait une gaffe à ce propos… Toujours est-il que j’avais dû en boire, des coups ! Entre les dawis qui voulaient me féliciter ou m’honorer, ceux qui voulaient me rencontrer pour parler affaire, et simplement des connaissances venues me trouver, j’avais dû boire des litres de bière. Je n’avais plus l’habitude de ça ! À partir du moment où Glumtol avait annoncé son jeu, j’avais dû me résoudre à continuer à manger. Résultat, mon estomac était tout retourné, et il me fut impossible de fermer les yeux. Peu avant l’aurore, je me décidai donc à me relever.

Sur la table du salon était posée une bouteille d’une eau de vie venant de la Péninsule. J’en pris un fond de verre pour tenter de calmer mon estomac, et un second pour la forme. Dans les autres chambres, j’entendais mes enfants ronfler. Quelques bougies vacillaient sous l’air qui ventilait la pièce. Mes pensées se dirigèrent vers la salle du trône, et je plaignais les malheureux chargés de nettoyer nos bêtises de la veille. J’enfilai une tunique et pris un drap avant de sortir de l’appartement, une idée derrière la tête.

Je sortis ainsi vêtu et gagnai les couloirs de la ville souterraine. Quelques rares Dawis dormaient par terre, incapables de retrouver le chemin de leur lit. Autrement, le tuyau était vide. À cette heure-ci, la ville dormait encore, mais se réveillerait sans doute bientôt pour préparer le deuxième jour du banquet. Je pris un virage qui descendait plus profondément dans la montagne et entrai dans une cavité reculée. Après quelques pas dans un nouveau couloir, j’arrivai dans une salle où flambaient plusieurs torches contre les murs. Au milieu de cette salle à la chaleur étouffante, une eau chaude pure et limpide dormait paisiblement.

Personne ne mettait les pieds ici. Les nains n’étaient pas connus pour leur hygiène, et même si chacun faisait un minimum d’efforts, je n’avais jamais vu l’un d’entre nous prendre de bain. Et ce n’était clairement pas mon idée. La chaleur de cette salle me ferait transpirer les délices de la veille, et théoriquement, j’en ressortirai mieux. Je m’asseyais donc contre un mur presque brûlant, après avoir ôté ma tunique, et je fermais les yeux.

Je restais ainsi une bonne demi-heure avant de me décider à me lever. Je pris le temps de m’asperger d’un peu d’eau et de me sécher à l’aide de mon drap, avant de repartir, le teint moins pâle qu’à l’aller. Je regagnai mes appartements, en essayant de ne pas gêner les nains déjà debout qui partaient travailler. Une fois arrivé, je me changeai en choisissant cette fois des vêtements un peu chauds, en peau de bête, avant de ressortir et gagner la porte de la ville. Je saluai les gardes, et deux d'entre eux entreprirent de me suivre pour m'escorter.

Dehors, j'accueillis le vent frais à bras ouverts. Aucune brume ne s'était installée durant la nuit. La lueur froide de la matinée, pendant l'aurore, me fit frissonner. Je m'installais sur un rocher visible de la porte et soupirai de plaisir. Le soleil allait se lever, et il me tardait de l’observer surgir du flanc d’une montagne.

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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeMar 16 Mar 2021 - 16:20


La veille avait été riche en découvertes et en émotions. Une union royale, des invités prestigieux, un banquet mémorable, une rencontre inoubliable…Rien n’a manqué à cette soirée de banquet, rien du tout et surtout pas les surprises.

Coutumière de se lever aux aurores à Fernel, il en va de même ici, à Kirgan, loin de chez elle, et ce même après une nuit…mouvementée. La châtelaine ouvre les yeux sur des murs sombres et s’étire comme un chat sous les draps avant de poser une main sur l’oreiller vide à côté d’elle. Un sourire étire ses lèvres, un sourire de plénitude absolue. Le Duc a réintégré ses appartements la veille, non sans avoir laissé une douce impression de joie à Louise, la première depuis bien longtemps. Se hissant sur son avant-bras, la main dans l’épaisse crinière de boucles chiffonnées qui est la sienne, elle observe et surtout elle écoute.

Depuis la chambre voisine, elle entend des ronflements, ce qui la fait sourire et un peu rire aussi, dans son grand lit. Aymeric, Tristan et Philippe ont eu l’expérience des banquets du Zagazorn il y a peu, à Thanor. Enguerrand, le probe et distingué maître d’armes de Louise, n’avait pas eu cette chance lui, il a donc tout découvert la veille, au cours d’un événement rarissime. Elle savait qu’il se laisserait prendre à l’ambiance car même s’il est toujours digne et toujours solennel, il n’en demeure pas moins un homme du Nord qui aime rire, s’amuser et profiter des bonnes choses quand son service est terminé. Il était avec elle à Thaar, le voilà ici, à Kirgan, récompensé pour ses services de cette façon-là. Il a ouvert bien grands les yeux à son arrivée à Thanor et ne les pas tellement fermés depuis, tant il a été conquis et séduit par ce qu’il a vu. Pas assez cependant pour ne point les fermer après une nuit qu’elle imagine remplie d’alcool et de nourriture, assez en tout cas pour qu’il ronfle comme un sonneur, de concert avec les trois autres hommes qui composent son escorte. Et voilà qui fait bien les affaires de la Châtelaine.

Furtive et rapide, elle se déplace jusqu’à ses habits, procède à sa toilette avant d’enfiler des vêtements pratiques, ceux qu’elle portait à son arrivée à Kirgan. Un pantalon, des bottes souples, une chemise de lin et un gilet sans manche cintré sur sa taille de femme. Pour la coiffure, elle se contente de nouer ses cheveux en tresse, sans aucun ornement, sans rien du tout, tresse tombant sur une longue cape de laine bleue à capuche, doublée de fourrure. Un immense sourire espiègle s’affiche sur ce visage tourné vers la chambre des hommes, puis un pas, un autre, des pas de louve, silencieux et rapides, jusqu’à la porte d’entrée. Elle s’imaginait crier victoire, mais en fait non.

Parce qu’on ne plaisante pas avec la sécurité à Kirgan et que deux gardes se tiennent bien droits devant sa porte.

- …flûte, pense-t-elle.

Bon, se reprendre et se composer une allure un peu moins frivole, surtout sous le regard franchement suspicieux des deux Nains qui ne pipent pas un seul mot. Louise ferme sa porte avec précaution, pour ne pas alerter son escorte puis pose son index sur sa bouche, amusée.

- Fidèles au poste, voilà qui sera rapporté à votre Grand Roi s’il me fait l’honneur de me recevoir.

Les mains sagement nouées sur le devant, elle ignore s’ils comprendront ce qu’elle dit.

- Messieurs, je voudrais profiter du silence et du fait que tout le monde est encore plongé dans un sommeil éthylique afin de me promener un peu. Est-il possible de prendre l’air, quelques minutes ?

Pas de réaction. Bon. Elle fait un pas de côté, ils suivent. Elle en fait un autre, ils suivent aussi. D’accord. Louise tousse un peu puis se met franchement en marche cette fois, en profitant pour détailler le couloir, qu’elle n’a pas tellement eu l’occasion de regarder depuis son arrivée, puis tout le reste se déroulant devant ses yeux. Bien souvent, elle doit lever la tête, bien souvent elle s’arrête, pour tout regarder, sans autres témoins que les gardes qui la suivent et les autres Nains déjà éveillés. Et tout ce qu’elle voit lui plaît. C’est très beau. Magnifique même, surtout dans un moment aussi propice à la contemplation que l’est le petit matin. Le calme règne encore, il n’y a que le bruit léger de quelques pas, parfois interrompu par le cliquètement caractéristique des armures portées par son escorte. Elle ne peut cacher son admiration et sa joie d’être là, de se tenir là, précisément là, elle la châtelaine toute minuscule parmi les géants couronnés. Que sa mère serait fière…Tellement.

Elle se remet en marche pourtant, pour atteindre l’extérieur, serrant soudain sa cape contre elle. Il fait froid mais l’air lui fait beaucoup de bien. Louise passe beaucoup de temps à l’extérieur, quand elle est à Fernel alors rester enfermée dans une chambre est un peu compliqué même si elle en prend son parti. Un petit inconvénient de rien du tout en comparaison de la chance d’être là, après tout. Et visiblement, elle n’est pas la seule à avoir eu besoin de prendre un bol d’air. Il y a un Nain, installé sur un gros rocher là-bas, lui aussi accompagné de deux gardes. Louise se sent soudain comme une intruse, comme si elle venait perturber le moment de paix de quelqu’un d’autre.

- Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous dér…ohhh !

Les montagnes. Les montagnes du Zagazorn, plongées dans un silence respectueux, toutes frémissantes de l’aube qui s’annonce, teintant le ciel de subtiles nuances de pourpre et d’or, là, entre deux pics enneigés, se dévoilent peu à peu dans le clair-obscur du petit matin. Elle ne dit plus rien, elle se contente de regarder, les yeux rivés sur ce spectacle majestueux. Elle se permet juste d’approcher son voisin, sans l’importuner, replaçant derrière son oreille quelques boucles rebelles flottant sous le vent du matin qui agite doucement sa cape. Un moment d’éternité, encore un, dont elle se souviendra probablement toute sa vie.
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Braähm Main-Ferme
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeMer 17 Mar 2021 - 18:46



La brise fraîche me caressait le visage, protégé en partie par ma barbe blanche. Comme il était revigorant d’être à l’extérieur avant le lever du soleil ! Mes pensées dérivaient en attendant que le soleil montre le bout de son nez. Je me remémorais les promenades matinales que je faisais habituellement le long de la muraille de ma loge, en Haute-Virnée. Cette petite routine me manquait. Si j’avais perdu une partie de mon sens de la perspective après la perte de mon œil gauche, j’avais toujours aimé profiter de la vue des pics et des monts qui semblaient percer le ciel et les nuages. Aujourd’hui, le ciel était clair. On ne voyait plus les étoiles, mais le soleil n’était pas encore visible. Au loin, on apercevait les couleurs roses de l’aube qui s’installait progressivement en éclaircissant l’azur.

Je n’étais pas installé depuis 5 minutes lorsque j’entendis une voix derrière moi. Le timbre et la tonalité – ainsi que la langue utilisée – ne faisaient aucun doute : une humaine était également sortie de Kirgan. J’essayais de déchiffrer ses mots quand l’exclamation qu’elle eut me coupa dans mes réflexions. Visiblement, même une humaine n’était pas insensible au spectacle majestueux qu’offraient les montagnes du Zagazorn. J’attendis quelques secondes nécessaires pour traduire dans ma tête les quelques mots qu’elle avait prononcés avant de me tourner vers elle, et je reconnus l’une des invitées au mariage royal. Je n’en fus pas moins surpris de sa présence ici, car il était encore bien tôt.

À vrai dire, je ne m’attendais pas à croiser quelqu’un ici. J’avais prévu de rester un moment seul avant de regagner mes appartements, et prendre le petit déjeuner avec mes enfants. Peut-être me serais-je promené un peu aux alentours pour faire disparaître les derniers effets de la veille. À contrecœur d’abord, je me creusai la tête pour retrouver l’usage de l’Oliyan, que je n’avais pas utilisé depuis bien longtemps. Je réussi à rattacher ces mots les uns aux autres, que je parlai d’une voix posée.

« Magnifique, n’est-ce-pas ? Et vous n’avez encore rien vu. »

J’étais persuadé d’avoir déjà employé mot pour mot cette même formule pour parler de ma marchandise lors d’un passage à Thanor, dans un autre temps. Avant le Voile, il m’arrivait souvent de marchander en direct avec des commerçants humains, qui bravaient la mer pour trouver le meilleur minerai du monde chez nous. Ce n’était pas arrivé depuis. La suite se révéla plus coriace, que j’accompagnais en pointant du doigt un pic à l’est :

« Dans quelques minutes, regardez dans cette… direction. Vous en serez… éblouie. »

Je cherchais mes mots, évidemment, mais je ne trouvais pas l’exercice déplaisant. Retrouver l’usage d’une langue parlée longtemps auparavant était difficile, mais faisait travailler ma mémoire et ma logique, choses qui avaient été mises à rude épreuve ces dernières ennéades. De plus, ma curiosité commençait à s’éveiller doucement. Qui était-elle, et pourquoi le roi l’avait-il invitée à cet évènement ? Qu’avait-elle l’intention de trouver ici, à la base ? D’où venait les perles qu’elle avait offertes à Brynhild ?

J’observais donc avec intérêt cette intruse dont l’arrivée augurait finalement une matinée intéressante. Elle semblait avoir presque froid, blottie dans sa cape. Pourtant, j’avais l’impression qu’elle n’en était pas vraiment dérangée. Ses yeux étaient rivés à l’horizon, et je me surpris à penser qu’un humain, si grand soit-il, ne faisait pas forcément tache au milieu de ce paysage rocailleux et montagneux. Derrière elle, les gardes qui l’avaient accompagnée s’étaient mis à discuter à voix basse avec les miens en Khazalide. Je ne les entendais pas, mais je me demandais s’ils pensaient que nous nous étions donné rendez-vous ici, avant de me dire que cela n’avait aucune importance.

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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeVen 19 Mar 2021 - 8:45


La contemplation de la châtelaine est un instant troublée par des mots hésitants à l’accent roulant et auxquels, il faut bien l’admettre, elle ne s’attendait pas du tout. La majorité des Nains rencontrés dans la salle du trône, au banquet et dans les couloirs, tous très nombreux, parlaient leur propre langue, une langue rude, de ce qu’elle a pu en entendre quand elle n’était pas distraite par d’autres conversations. Une langue dont elle ne connait que quelques mots qu’elle prononce de manière tout à fait approximative. A dire vrai, elle a bien essayé de parler un peu en Khazalide, en écoutant – ainsi qu’elle le fait toujours – et en apprenant à sa façon, de manière à se montrer une invitée attentive et réellement curieuse d’apprendre quelque chose de nouveau mais c’est un exercice qu’elle ne fait plus du tout, surtout ici, par crainte de froisser les seigneurs Nains. Imaginez le désastre si en voulant être polie et aimable elle insulte sans le vouloir un des invités…Donc non, elle ne le fait plus, ce qui ne l’empêche pas d’écouter, quand c’est possible.

De même, les Nains parlant sa langue sont rares. Donc oui la surprise est là, assez pour qu’elle rompe un instant le contact avec cette vue enchanteresse afin de regarder celui qui parle, avec un étonnement mêlé de joie, réellement heureuse d’entendre quelqu’un s’exprimer en sa langue.

- Pour être honnête avec vous, c’est ce que je me dis à chaque fois que je découvre quelque chose ici, au Zagazorn et à Kirgan.

Elle ponctue sa petite phrase d’un gentil sourire avant de suivre la direction indiquée par l’inconnu du rocher, avisant dans le même temps les gardes qui sont en train de discuter ensemble, à voix basse. Cela l’amuse un peu, d’être perçue comme un danger potentiel ou une menace qu’il faut surveiller tout le temps. Cela l’amuse et cela ne la dérange pas du tout et, en d’autres circonstances, si elle n’était pas une noble dame en voyage protocolaire, si elle laissait ses instincts espiègles reprendre le dessus, elle s’amuserait sans doute à essayer de les semer, comme Dante le lui a appris. C’est qu’elle bouge vite, elle est rapide et souple, elle pourrait sans doute y parvenir. Cette pensée l’égaye encore plus et elle serre sa cape contre elle en toussotant légèrement pour se recomposer un visage digne.

Le spectacle promis commence à poindre, timidement, à l’est, entre deux pics immenses. Et Louise se tait. Elle se tait parce qu’elle sait qu’un spectacle pareil, elle ne pourra sans doute pas le revoir de sitôt et qu’elle ne veut rien manquer. L’air est un peu piquant mais cela ne lui fait rien. C’est une Nordienne, elle a l’habitude du froid et de la glace, du brouillard et de l’air sec qui brûle l’intérieur du corps, en altitude. Par contre, ces montagnes-là sont différentes, plus hautes que les Monts d’Or d’où elle provient, découpées différemment. Le soleil, lui, reste le même et c’est bien cela que Louise trouve fascinant. Un même soleil pour tant de peuples différents. Un même astre éclairant tant de paysages variés, parfois secrets, comme ceux qui forment le vaste territoire du Zagazorn.

Les contours des pics se teintent de pourpre et d’or, dans une fusion orangée merveilleuse, avant que les premiers rayons n’éclairent les brumes, les rochers moussus et les silhouettes écharpées des montagnes. Elle s’appuie contre le rocher sur lequel est assis son acolyte du matin, respectueuse et admirative. Le soleil vient de se lever, la journée commence avec un spectacle qu’elle n’oubliera pas.

- Vous aviez raison, c’est éblouissant. Le jour se lève sur le Zagazorn…Il doit également éclairer Fernel…C’est curieux de se dire cela…d’imaginer des perspectives si différentes et pourtant si semblables. C’est magnifique…

Les bras croisés sur son ventre, elle s’attarde un peu sur la jolie lumière qui se répand un peu partout avant de reprendre, de sa voix douce :

- Je me suis levée pour prendre l’air, je n’ai pas l’habitude de rester enfermée bien longtemps, sortir est essentiel et je suis bien heureuse de l’avoir fait.

Elle se tourne vers son discret compagnon et ajoute, tranquillement :

- Je m’appelle Louise. Louise de Fernel. Je proviens d'une terre située aux pieds d’autres montagnes, les Monts d'Or, dans le Duché de Serramire. Nous n'avons pas eu l'occasion de nous rencontrer hier soir...
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Braähm Main-Ferme
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeSam 20 Mar 2021 - 22:10



Le soleil levant m’aveugla quelques instants avant que mon œil s’habitue à la lumière. Mon visage s’étira en un sourire plein de béatitude. En cette douce matinée de printemps, j’étais plutôt heureux de partager la vision de ce spectacle avec quelqu’un d’assez sensible pour en ressentir de l’admiration. Je sentis la caresse des premiers rayons me réchauffer les parties visibles de mon visage. Ma peau apprécia vivement cette faible chaleur, tandis qu’autour de nous, la montagne semblait se réveiller. L’invitée reprit ainsi la parole, évoquant sa terre lointaine. Je la laissais continuer sans l’interrompre.

Elle venait donc de la Péninsule : si je ne connaissais ni Fernel, ni Serramire, je savais à peu près situer les Monts d’Or sur une carte. Il faut dire que la géographie des pays étrangers m’était presque totalement inconnue, et à vrai dire, ne m’intéressait guère. Je n’avais pas mis les pieds en dehors du Zagazorn de ma vie, et je doutais en avoir l’occasion d’ici là – sauf si les elfes se mettaient à nous inviter dans leurs forêts. Brr. Sans ajuster mon sourire, je fixais la dénommée Louise dans les yeux lorsque je lui répondis sur un ton tout aussi calme.

« Je ne connais ni Fernel, ni Serramire, mais j’imagine que les Monts d’Or doivent valoir le coup d’œil également... Eh bien, ravi d’vous rencontrer, m’dame Louise. Je suis Braähm Main-Ferme, Thane du clan du même nom. »

Je m’arrêtais une petite seconde pour réfléchir. Elle était sans doute ici depuis quelques temps, et si elle venait de Thanor, il était probable qu’elle connaisse le terme de Thane. Je choisis donc de ne pas me reprendre et poursuivis allègrement.

« Vous avez eu raison de garder vos habitudes et d’écouter votre instinct. Il est rare d’avoir un ciel si clair en cette saison. Mogar nous offre une vue splendide ce matin, je pense qu'il approuve totalement la présence d'étrangers sur ses terres. Je ne m'y attendais pas. »

Les mots me revenaient petit à petit. Finalement, quand on connait une langue, ça ne s’oublie pas. Un peu comme monter à dos de bélier, tiens.

« En effet, nous nous sommes sans doute ratés parce que j’étais assis de l’autre côté de la table, à côté des oreilles pointues. J’espère que vous avez passé une bonne soirée, et apprécié l’accueil Dawi ? »

Et quel accueil ! Le banquet avait été spectaculaire, digne des plus grands festins que Glumtol aurait pu organiser. La nourriture avait coulé à flots, et la bière rempli nos chopes en continu. Il y avait tout ce qu’on faisait de mieux en Zagazorn, et au-delà. Les plats exotiques s’étaient enchainés aux habituels poulets et ragoûts. Les spiritueux élitistes et autres digestifs avaient nettoyé nos gosiers avant de s’enfiler un litre de mousse. Enfin, c’était l’expérience que j’avais pu avoir. Peut-être qu’un gabarit comme le sien n’avait pas pu en profiter autant.

J’écoutais sa réponse en me relevant et tâchai de frotter mes vêtements et d’ajuster ma tenue, en entrouvrant le haut de mon manteau. La température allait grimper doucement. Une fois debout sur le rocher, je dépassais l’humaine d’une dizaine de centimètres. Je n’avais pas fait attention lors du mariage à cause de l’imposante stature du roi des elfes, mais tous ces étrangers étaient plus grands que nous, en fait. Et aux proportions si étranges.

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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeDim 21 Mar 2021 - 13:48


- C’est différent. Les montagnes sont différentes, mais elles sont tout de même majestueuses. J’aime beaucoup me lever aux aurores, aux beaux jours, pour voir le soleil se lever et observer le spectacle à dos de cheval…Un petit moment de grâce et de plénitude avant le tumulte des obligations…

Elle soutient son regard, agrémentant le tout d’un sourire aimable avant de s’incliner légèrement.

- Je suis ravie de vous rencontrer, Braähm Thane du clan Main-Ferme.

Louise a un petit rire en l’entendant parler de Mogar approuvant la présence d’étrangers sur les terres du Zagazorn. Si Mogar semble l’accepter, il n’en est pas de même pour tous les Nains, il suffit de voir l’impressionnant mécanisme d’encadrement et de surveillance qui gravite autour de chaque invité péninsulaire ou elfique. A ces mots elle se tourne vers son escorte qui est toujours en train de parler à voix basse tout en lui jetant des regards à la dérobée, ce qu’elle ne manque pas de souligner.

- Je pense que peu de Nains s’y attendait pour être honnête avec vous. J’ai parfois l’impression d’être un dangereux animal féroce qu’il faut surveiller tout le temps de crainte qu’il ne tue.

Ce qui la fait rire doucement.

- Je comprends bien entendu…Je sais que la confiance doit se gagner. Puis ce n’est pas si désagréable de se sentir en sécurité de cette façon.

Elle est sans arme, elle mesure 1m60 à peu près et doit peser 50kg au grand mot. Rien qui n’indique une dangerosité excessive, en soi, mais elle comprend l’attitude générale qui consiste à se méfier. Le Zagazorn sort d’une longue période de repli et même si les frontières s’ouvrent, il faut montrer patte blanche. Rien de plus logique et elle respecte cela, bien sûr.

- J’ai passé une excellente soirée, en effet, même si je me suis très largement modérée. J’avoue que j’étais bien loin de m’imaginer pareil banquet même si mes hommes m’en avait dressé un portrait assez fidèle. Ils ont passé quelques jours à Thanor en compagnie de Maître Glumtol il y a de cela quelques ennéades et m’ont rapporté le déroulé exact d’une semblable soirée. Et pour tout vous dire…

Elle a à nouveau un petit rire.

- …ils sont tous encore en train de ronfler de concert. La soirée a donc été excellente pour eux aussi.

Louise a un regard rieur et espiègle pour Braämh alors qu’elle reprend, amusée :

- Je n’ai pas eu le cœur de les réveiller. Je sais ce qui les attend encore aujourd’hui et demain, autant qu’ils reprennent un peu de forces et qu’ils dorment un maximum. Puis, ça m’a permis de visiter quelque peu ce qui est accessible, sans pression et sans crainte. A mon arrivée je n’ai pas vraiment eu le temps de m’attarder mais là…Vu qu’il est encore tôt et que tout le monde ou presque se remet des aventures de la veille…

La châtelaine a un regard pour les flancs de la montagne totalement éclairés désormais et ajoute, rêveuse :

- Je ne sais pas quand je pourrai revenir alors je profite de cette demi-liberté pour contempler toutes ces choses dont on parle comme étant des légendes, là d’où je viens. Les sculptures, les armures, la ville, tout cela est très beau, tellement différent de ce que je peux voir en mon pays

Elle reporte son attention sur son compagnon du matin qui vient de se redresser:

- Vous parlez fort bien ma langue. Avez-vous autrefois séjourné en Péninsule ?
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeMar 23 Mar 2021 - 11:31



Un sourire me vient aux lèvres lorsque je l’entends évoquer ce sentiment qui anime la plupart de mes matinées depuis des années. Je chérissais ces moments de solitude et de calme avant d’affronter la journée. Ils venaient ponctuer ma vie et me permettaient de m’ouvrir à des réflexions plus profondes, qui s’étalaient sur plusieurs ennéades. Il m’arrivait d’ailleurs parfois de recenser ces pensées sur du vélin, pour les contempler le soir avant de me coucher.

Lorsqu’elle évoqua le sentiment qu’elle avait de se sentir observée, j’imitais son sourire et lui répondis franchement.

« Nous, les Dawis, on est très fiers de nos secrets. Même entre nous, on ne se les partage qu’à regret, et seulement lorsqu’on n’a pas d’autre choix. Vous imaginez bien qu’il faut que nous protégions notre savoir pour éviter de le voir répandu et utilisé à de mauvaises fins. »

Je soupirai doucement. C’était un sujet sensible, le secret des Nains. Avec la politique de Harald, le partage de nos connaissances entre nous était vivement conseillé, voire obligatoire. Beaucoup d’entre nous persistaient à vouloir garder notre savoir, voyant les clans comme des potentiels rivaux plus que comme des alliés unis dans une même faction. Je lui répondis en choisissant soigneusement mes mots.

« Ce n’est pas une question de confiance, et je doute fort que l’on vous considère comme un danger en soi. Et puis, comme vous le dites, la sécurité n’est pas non plus optionnelle. Certains d’entre nous ne voient pas du bon œil votre présence ici, et encore moins celle des elfes. On ne sait jamais ce qui peut se tramer, dans les galeries profondes de Kirgan. »

Là-dessus, je n’étais pas sûr de moi. Après tout, qui oserait défier notre souverain aujourd’hui ? Sa démonstration de puissance et son assurance le faisaient briller, et même si beaucoup d’entre nous étaient mécontents de certaines de ses décisions, jamais l’idée ne viendrait à des nains sains d’esprit de faire des coups montés. La discussion prônait au sein de la faction, et nous savions que Groman-Rik écoutait et prenait en compte chacune de nos remarques.

Je riai de concert avec elle lorsqu’elle parla de ses hommes.

« Mes enfants sont eux aussi profondément endormis. Je doute que je les verrai debout avant midi ! Je suis étonné que vos hommes aient survécu à plusieurs jours en compagnie de Glumtol. Le connaissant, il n’a pas dû lésiner sur la quantité et la qualité. Il n’y a pas meilleur hôte à Thanor. »

Je sautai du rocher pour me retrouver les pieds sur terre.

« Vous avez raison de profiter de ces moments en effet. Mais si vous le désirez vraiment, j’imagine que le roi vous autoriserait à revenir et séjourner un peu plus longtemps ici. Il y a des tas de choses à voir, en Zagazorn. Même si tout se ressemble plus ou moins, on ne s’en lasse jamais. »

Son compliment me fit sourire de nouveau. Quelle amabilité chez cette humaine, bien différente des autres longues jambes que j’ai pu croiser au cours de ma vie ! Je sentais une réelle gentillesse émanant d’elle, qui contrastait avec la mesquinerie qu’on retrouvait chez les marchands qui ne cherchent que le profit.

« Je vous remercie, cela faisait longtemps que je n’avais pas parlé l’Oliyan. Eh bien, non, je n’ai jamais quitté mon pays. Je l’ai appris pour pouvoir marchander plus facilement avec des humains à Thanor, avant le Voile, sans passer par des intermédiaires. Je ne pensais pas m’en souvenir autant, je suis soulagé que vous me compreniez. »

J’observai les alentours et respirai profondément lorsqu’une brise un peu plus forte se leva.

« Que diriez-vous d’aller marcher un peu ? Il ne me reste pas beaucoup de temps, et j’aimerai me dégourdir les jambes avant de retourner à mes obligations. »

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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeMer 24 Mar 2021 - 14:04


Les bras croisés sur sa poitrine, elle hausse un sourcil en écoutant les paroles de son compagnon du matin. Leur savoir, utilisé à de mauvaises fins ? Les paupières de Louise battent un peu plus vite, sans trop savoir comment interpréter ces paroles.

- Je…Je ne suis pas ici pour voler votre savoir…Enfin, oui, j’aimerais en apprendre davantage à votre propos, comme à propos des Elfes dont j’ignore pratiquement tout, mais pas dans le but de vous nuire…

Elle rougit de honte à l’idée qu’on puisse la prendre pour une voleuse et soudain un léger malaise s’empare d’elle. Elle a bien compris, d’instinct, qu’il y a des sujets que l’on n’aborde pas avec les Nains, elle l’a compris lors de son long voyage en compagnie de Glumtol depuis Thanor jusqu’à la capitale. Ce n’est pas facile, d’apprendre à connaître les autres, à fortiori quand ils sont d’une autre culture, alors elle y a mis beaucoup de bonne volonté, elle ne s’est jamais offusquée des silences qu’on lui adressait en guise de réponse à ses questions, elle ne s’est pas formalisée non plus de tout ce dispositif mis en place afin d’éviter que les invités ne se déplacent trop librement dans la cité. Elle a pris comme un privilège exceptionnel le simple fait de pouvoir être là, juste là, à discuter avec les Dawis. Entendre que peut-être on la considère comme une potentielle voleuse de secrets, voilà qui ne fait guère plaisir à entendre mais elle n’en montre rien. Elle ravale son orgueil et se tait.

Lorsqu’il évoque à mots couverts que sa propre sécurité serait potentiellement en danger, elle baisse la tête, un peu.

- Je sais me défendre vous savez…Je suis petite, toute mince et je suis une femme mais…j’ai eu d’excellents maîtres en la matière, les meilleurs qui soient. Me battre et me défendre ne me font pas peur, ne serait-ce qu’avec mes poings…

Elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille, encore un peu sous le choc de ce qu’elle vient d’entendre.

- Mais oui, j’ai compris que certains d’’entre vous sont réfractaires à cette ouverture qui a lieu ici…J’ai croisé quelques regards ombrageux hier soir…des regards avec de gros sourcils en V qui n’avaient pas l’air très contents de me voir là…C’est dommage. Je suis probablement le plus petit cadet de vos soucis, et certainement pas une ennemie ou une personne en quête de secrets à revendre. Je suis là parce que votre roi m’a conviée et qu’il aurait été impensable de ne pas venir à cette célébration…On ne refuse pas l’invitation d’un roi.

En parlant, elle dissipe elle-même le petit malaise ressenti un peu avant et esquisse à nouveau un sourire, en imaginant tout le monde dormir d’un sommeil éthylique dans toutes les pièces du palais.

- Le Roi Harald en décidera comme bon lui semblera. S’il m’y autorise, je reviendrai, bien sûr, avec le plus grand plaisir.

Elle a un nouveau regard pour Braämh et opine tranquillement de la tête à sa proposition.

- Je vous accompagne volontiers. Je suis curieuse de vous entendre à propos de ces échanges commerciaux qui ont précédé la Longue Nuit. A Fernel, votre peuple est légendaire. On raconte des choses fabuleuses à votre propos, les banquets, les armes, vos forteresses, tout ! J’ai lu bien des choses et écouté les histoires rapportées par mes hommes de leur séjour à Thanor…

Elle marche d’un pas tranquille, suivant son interlocuteur sans plus tenir compte de ces deux gardes qui la suivent partout.

- …j’étais bien loin de m’imaginer tout cela. De pouvoir voir cela de mes propres yeux. Savez-vous que Maître Glumtol a fait réparer l’épée du capitaine de ma garde et que depuis le Capitaine Atréis est presque nimbé d’une aura de légende ? Même les petits enfants de Fernel l’arrêtent parfois dans les rues du bourg pour l’obliger à raconter tout ce qu’il a vu, tout ce qu’il a fait…Il me semble même avoir entendu un soir une chanson dans la salle d’armes à ce propos…Quand je lui ai dit qu’il m’accompagnait ici, il n’a même pas pu cacher sa joie. Tout comme les autres. Mon maître d’armes, lui, a été tellement ému par ce qu’il a vu que ses compagnons ont du le soutenir un peu, à notre arrivée ici…Pour lui, c’était un peu comme voir une légende devenir réalité…Rien que d’avoir vu cela dans le regard de mon plus fidèle serviteur, je suis heureuse…C’était important pour lui de voir, de vivre tout cela au moins une fois dans sa vie. Et c'était bien le moins que je pouvais faire que de le récompenser de cette façon...
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeJeu 25 Mar 2021 - 20:34



Les paroles choquées de l’humaine me firent hausser les sourcils. L’accuser n’était absolument pas mon intention, et je me demandais si j’avais bien utilisé les bons mots. Peut-être que ma connaissance de la langue commune n’était pas si affinée que ça, finalement. La couleur rouge qui monte aux joues de la femme n’est certainement pas due au froid de cette matinée. Je me sentais donc un peu honteux, et je doutais fort que ma réponse bredouillante soit convaincante.

« Allons, vous… vous êtes l’invitée du roi, personne ne vous soupçonne de quoi que ce soit. Mais vous connaissez l’adage, prudence est mère de sûreté. »

Ou était-ce l’inverse ?

Sa répartie me fit sourire, sourire qui se transforma en un rire franc et fort que je ne pus retenir.

« Je doute fort que vos poings soient de taille face au maniement expert d’une hallebarde par un Dawi centenaire. Mais je ne pense pas que vous mentiez, et j’espère ne jamais avoir à me battre contre vous ! »

Mon ton était celui de la plaisanterie. Toutefois, ce qu’elle disait ensuite ne me rassura pas.

« C’est bien normal, certains d’entre nous n’ont jamais vu de nains. Imaginez l’un d’entre nous entrer dans votre royaume, je doute que tous vos sujets nous accepteraient de la même façon. Mais c’est vrai, nous n’aimons pas trop les étrangers. C’est dans notre culture. »

Depuis longtemps, les nains avaient vécu retranchés, coupés de toute autre civilisation. Les échanges entre les peuples relevaient surtout du commerce, ou bien de la guerre. L’isolement était ancré dans nos gênes, et il faudrait sans doute des siècles de travail pour ressentir les premiers effets de la politique d’ouverture du roi.

Je fus satisfait qu’elle accepte de me suivre. Cette discussion m’amusait, et il était intéressant de connaître le point de vue des divers invités du mariage. Celle-ci était visiblement un cas à part. Son éloge du peuple nain me fit sourire, alors que le silence de la montagne était ponctué par ses paroles et le bruit de nos propres pas. Derrière nous, les quatre gardes suivaient en silence, aux aguets. Je me demandais bien ce qu’ils craignaient. Après tout, les alentours étaient plutôt paisibles, les créatures sauvages ne s’approchaient pas si près d’ici. Nous ne risquions absolument rien.

La façon dont elle parlait de son peuple et de ses proches m’étonna, et ce fut probablement à cet instant que je me rendis compte de son jeune âge. Cette manière presque enfantine de s’émouvoir de ces choses me mit sur la piste, mais son visage exempt de rides était également un indice non négligeable. J’écoutais avec attention ses paroles, et je reconnus dans sa voix une fierté que je connaissais bien. Elle semblait vraiment heureuse de son voyage, non par pour elle-même, mais bien pour sa suite.

« Vous savez, la première fois que je suis entré à Kirgan, je n’ai pas pu m’empêcher de lâcher un juron. J’étais bien plus jeune, à l’époque, et la ville était bien plus impressionnante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Notre peuple a un don pour créer de l’admiration. Il est difficile de ne pas être fier lorsqu’on franchit les portes de la capitale. Je ne m’attendais pas à ça. C’est un sentiment terrible, et on a tant l’impression d’entrer dans un monde bien plus grand que nous… J’imagine donc très bien comment cela doit être pour vous, qui voyez ces choses pour la première fois. »

Nous marchions lentement, suivant le tracé d’un chemin emprunté surtout par les patrouilles et autres flâneurs comme nous. Mais aujourd’hui, nous étions seuls – mis à part les gardes.

« Il n’y a pas grand-chose à dire sur ces échanges commerciaux, madame. Autrefois, mon clan produisait le titane le plus pur et sans doute le plus cher du Zagazorn. Il s’est répandu dans toute la Péninsule, et certainement au-delà. Il était la base de notre fortune, et tout le monde en voulait. Et puis, le drame s’est produit, 18 ans plus tôt, lorsque les volcans se sont réveillés. Je ne sais comment était le Voile, chez vous, mais ici, nous avons tellement perdu. Kirgan s’est effondrée, beaucoup de nains sont morts, et la lave en fusion s’est répandue partout. Et c’est sans compter les invasions gobelines et autres. C’est pour ça que nous avons fermé nos routes commerciales, et que nous nous montrons également aujourd’hui. Nous nous sommes reconstruits, et nous sommes prêts à faire profiter le monde de notre savoir-faire, une nouvelle fois. »

En disais-je trop ? Probablement pas, je ne dévoilais rien qui ne pouvait se deviner. Et puis, plus personne ne pouvait profiter de ces informations, aujourd’hui.

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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeVen 26 Mar 2021 - 19:44


Il a raison. Enfin du moins en ce qui concerne la perception péninsulaire du peuple nain. Elle sait que de manière générale on tolère très très mal les étrangers dans le Nord. Ils sont vus avec méfiance, ils sont souvent chassés, maltraités dans le meilleur des cas. C’est valable pour tout ce qui diffère des standards nordiens. Pourtant, comme partout en ce monde, s’il y a des règles, il y a aussi des exceptions et Louise en est une. Une exception qui aime découvrir, partager et discuter, avec tout le monde, peu importe la taille, la couleur, l’âge, la race.

Louise a vécu sous cloche toute sa vie. Elle a étudié ce qu’on jugeait bon qu’elle étudie. Elle a lu des ouvrages choisis, édulcorés. Elle n’est jamais réellement sortie des limites du Duché, jamais plus loin que sa capitale. A la mort de sa mère, les choses ont changé. Elle a voulu se libérer de tout cela, de tout ce poids, elle a voulu faire en sorte que Fernel lui ressemble. Ce n’est pas pour rien que l’hospitalité et le bon accueil sont de rigueur à Fernel, peu importe qui la demande. C’est une manière comme une autre de recevoir les étrangers et jusqu’ici cela lui a plutôt bien réussi. Les paysans et les gens du bourg commencent tout doucement à se poser des questions et à voir les choses sous un angle nouveau, ce qui n’est pas pour déplaire à Louise même s’il y a encore énormément de travail à faire.

- Vous savez, dit-elle en marchant d’un pas mesuré aux côtés de Braähm, quand le capitaine de ma garde est revenu de Thanor, il a raconté ce qu’il a vu. Je l’ai entendu décrire les choses, à des personnes qui se sont moquées quand mes hommes sont partis. Ces mêmes personnes sont celles qui lui ont demandé des précisions et de raconter, encore et encore…

Elle jette un regard sur son compagnon et poursuit :

- J’essaye d’ouvrir les mentalités à un peu plus de tolérance tout en respectant nos traditions et nos façons de vivre. C’est en agissant comme cela que j’y arriverai, en parlant avec vous, en parlant avec tout le monde et en tâchant de mettre de côté la peur. Parce que la peur…n’est qu’une mauvaise conseillère.

Bon, elle ne dit pas tout non plus. Elle a ressenti la peur, primale, absolue, sous le regard de cette prêtresse de Kiel, à Thaar. Et désormais elle ne peut plus voir un seul Drow sans se sentir mal. Pourtant, elle avait tenté de passer outre toute l’histoire nordienne et de réellement tenter de discuter avec elle. Vraiment. Parce que peut-être que chez les Drows aussi, il y a des exceptions mais ce n’était pas le cas. Pas ce jour-là. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment et la seule vision de cette noirelfe au banquet de la veille lui a retourné l’estomac. Quand Nakor lui a dit son nom, ça été pire que tout…

La discussion à propos du commerce chasse ces souvenirs douloureux. Elle écoute, avec la plus grande attention, ainsi qu’elle le fait toujours, marchant les mains nouées dans le dos, songeuse. Le titane ?

- Je dois bien avouer ma méconnaissance…Qu’est-ce que le titane ?

Elle le regarde, un peu gênée d’avouer cela, puis reprend :

- Quant à la longue nuit, elle a eu des effets différents sur chacun d’entre nous. La terreur a par contre été une constante, à peu de choses près…Cette nuit est souvent évoquée avec des frissons et des angoisses dans la voix de celui qui la raconte.

Louise observe les alentours, inspirant profondément l’air pur de la montagne, avant de sourire. Ça pique un peu, mais cela lui fait du bien, de se promener de cette façon, avant une nouvelle journée de festivités. C’est une agréable surprise et un agréable moment qu’elle partage avec lui dont elle ignore presque tout.

- Le monde vous accueillera bien, j’en suis persuadée. Vous avez su vous reconstruire, vous êtes forts et obstinés, je n’ai aucune crainte à ce sujet et ne doute pas du tout de votre retour à meilleure fortune.

Elle est sincère. Un peuple qui est capable de surmonter les épreuves et d’en devenir plus fort n’a rien à craindre du tout, de qui que ce soit.

- Peut-être devrions-nous nous inspirer de certaines de vos méthodes, nous les Péninsulaires. Toujours à nous battre pour des lopins de terre ou pour laver un affront…Nous avons eu des guerres horribles, sordides, entre nous ou contre les Drows et il faut bien admettre que nous ne tirons aucun enseignement de notre Histoire. Les terres commencent à peine à se remettre des précédents conflits, je vous avoue que j’angoisse beaucoup à l’idée qu’un nouveau conflit survienne. Ce serait une catastrophe pour tout le monde, sauf peut-être les plus riches et les mieux protégés d'entre nous…
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeSam 10 Avr 2021 - 18:10



L’air frais matinal revigorant venait par petites brises que j’accueillais chaleureusement. Qu’il était doux et agréable de profiter de l’air pur de la montagne, bien différent de celui des sous-sols de Kirgan. Sous nos yeux, la flore rare se réveillait et venait chercher les quelques rayons de soleil, les seuls qu’elle verrait de la journée. La faune était, quant à elle, silencieuse. Tapie, elle se reposait certainement après une bonne nuit de chasse. Ce silence était inestimable à mes oreilles. Dans peu de temps, il faudrait reprendre la route de Kirgan, et retrouver le chahut de la ville et de la cérémonie. J’avais donc l’intention de profiter un maximum de ces précieuses minutes.

Les paroles de la dame de Fernel faisaient écho à certaines de mes pensées. Le Zagazorn vivait aujourd’hui quelque chose de semblable. Nous nous ouvrions certes au monde, mais aussi à nous-même. Les clans travaillaient ensemble et partageaient des secrets jusque-là gardés jalousement. Mes propres mineurs devraient conseiller et enseigner à d’autres certaines astuces pour dénicher du minerai de meilleure qualité, en se servant de son nez et étudiant la roche autour d’eux. Le partage et la découverte était donc de mise, et « ouvrir les mentalités » était la clé de voûte du règne de Harald, aujourd’hui.

« Je peux le comprendre, disais-je en me rapprochant d’elle pour ne pas à avoir à trop élever la voix. Vous êtes bien sage pour votre âge, Louise, et vos paroles sont justes. Vous réussirez certainement à convaincre votre peuple, et vous n’aurez qu’à y gagner. »

Je remarquai son regard perdu, visiblement pris par des souvenirs difficiles, mais ne relevai rien à ce sujet. Sa question sur le titane me perturba. Qui donc pouvait ignorer ce qu’était le titane ? Je pris le temps de choisir mes mots, ce n’était pas mince affaire que d’expliquer cela en langue commune.

« Le titane… C’est un minerai rare, très dur, qui peut s’avérer très tranchant. On s’en sert pour fabriquer des lames, des armures, des haches… Il est très prisé, et a servi depuis plusieurs Cycles dans maintes guerres. Aujourd’hui, j’imagine que beaucoup d’armes en titane circulent, même en Péninsule. »

Je me frottai la barbe en réfléchissant.

« C’est étrange, avec le cadeau que vous avez offert à Brynhild, je pensais que vous vous y connaîtriez un peu en minerai. D’où provenaient donc ces perles ? En quoi étaient-elles faites ? »

La longue nuit. L’humaine devait certainement parler du Voile. Cette fois, ce fut mon tour de revoir certains souvenirs peu entraînants. Le dernier regard que m’avait porté ma femme, le sang nain sur mon marteau, les éboulements et le sauvetage de certains de mes nains,… C’était un évènement horrible, pour nous tous.

« Je ne sais comment la Péninsule fut touchée, vous n’avez pas de volcans, là-bas. Que s’y est-il passé ? Qu’avez-vous vu ? Vous êtes peut-être trop jeune pour l’avoir vécue ? »

Ses paroles encourageantes me firent sourire doucement. Il était bon de savoir que nous avions fait bonne impression. Il y avait encore tant à faire, mais nous étions donc bel et bien sur la bonne voie.

« Merci pour vos paroles, elles me remplissent de gratitude. J’espère sincèrement que vous réussirez à éviter la guerre. Les Drows… Je n’ai entendu que quelques histoires, mais la seule que j’ai jamais rencontrée était au mariage hier. Elle m’a l’air très aimable, mais bon, elle a été élevée par un Dawi, ce n’est certainement pas un exemple ! J’ai eu vent d’une attaque dans une ville d’Ithri’Vaan, récemment. Naélis, il me semble. Si jamais ces êtres viennent sur vos terres, envoyez-nous donc un corbeau. Nous ne laisserons pas nos alliés sans défense, je peux vous l’assurer. Quant à vos querelles internes, il n’y a qu’une chose qui compte : l’écoute. Elle est la seule capable de prévenir du pire, si tant est qu’il ne soit pas inévitable. Je connais l’arrogance et la soif de pouvoir de certains hommes., et seul un coup de pied bien placé peut les faire réfléchir, parfois. »

Le bruit de nos pas résonnait dans la montagne. Je regardai le soleil monter un peu plus haut. Il ne fallait plus tarder à rebrousser chemin.

« Chez nous aussi, la guerre se prépare. Le roi a décidé de reprendre les terres du Nord, et reconquérir les monts que vous voyez, au loin. Ces montagnes sont infestées de créatures dangereuses, et de sauvageons qui ont perdu la raison. » Je soupirai, et regardai mes mains avec lassitude. « Moi, je me fais vieux pour retourner me battre. Je le sens dans mes os, il va falloir que je reste sur le banc et que j’observe les jeunes partir là-haut, pour la gloire du Zagazorn. Et je sais que certains ne reviendront pas. Mais cette guerre est nécessaire, et peut-être que la vôtre le sera également. »

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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeLun 12 Avr 2021 - 12:45


C’est la première fois que quelqu’un lui dit qu’elle est une personne dotée de sagesse. S’il savait à quel point ce n’est parfois pas le cas…Cette sagesse, cette prévenance qu’elle a envers quiconque lui adresse une parole amie, polie et courtoise, elle la doit à son éducation, sa vie passée sous cloche, loin de tout et de tout le monde, nourrie par les romans, les chroniques, les jolies histoires. Eudes et Elisabeth de Fernel ont toujours fait en sorte de lui épargner la laideur, la guerre, le sang, les choses indignes d’une jeune fille. Pourtant, Eudes savait très bien qu’elle reprendrait le flambeau à son décès, donc il a tenté de lui enseigner des choses, l’histoire de Péninsule, les conflits voisins, le monde selon son prisme à lui. Un prisme de petit seigneur qui aime son domaine, son Duché, et qui n’avait pas de grandes ambitions. Ce qui n’est pas le cas de Louise.

Louise, elle, possède une imagination débordante, un désir très vif de rencontrer ce monde qu’on lui a décrit, qu’elle a lu dans les histoires, dans les chroniques. Au lendemain du décès de sa mère, elle a du reprendre le domaine, les comptes, les soucis, les doléances, alors qu’elle était en plein deuil. Cela a pris des ennéades avant qu’elle ne puisse enfin vivre ce qu’elle a toujours voulu vivre : une aventure. Et quelle aventure, par les Dieux ! Un voyage à travers toute la Péninsule jusqu’à l’Estrevent, un voyage qui lui a permis d’ouvrir grands les yeux sur les réalités de ce monde, un monde qui n’est pas si beau, pas si doux, pas si tendre. Un monde difficile dans lequel il faut se battre pour conserver ce que l’on possède si on veut éviter que le voisin ne se serve, dans un moment de faiblesse. Un monde dans lequel le savoir est le pouvoir. Un monde qui lui est tombé dessus avec toute la violence d’une première gifle. Et elle en a encaissé depuis, des gifles. Des dizaines. Attendues. Inattendues. Elles ont fait de Louise ce qu’elle est aujourd’hui, un mélange d’élégance et d’irrévérence, de courtoisie et de franc parler, de délicatesse de salon et de brutalité au combat, de douceur habituelle et de sauvagerie quand on s’en prend à ce qu’elle aime. On peut dire des tas de choses à propos de Louise, mais dire qu’elle est sage, c’est une première…

- Je ne suis pas toujours sage, vous savez…tout comme je ne prends pas toujours de bonnes décisions mais je m’attelle à faire de mon mieux pour le bien de tous. C’est…c’est ainsi que je vois la vie. Je ne sais pas tout, il y a bien des choses que j’ignore et c’est pour ça que je pose toujours plein de questions. Comme à propos du titane. Pour moi, le métal est le métal. Peu importe ce qui le compose…Maintenant que je sais qu’il existe un minerai aussi rare et tranchant, je vais sans doute faire en sorte de m’en procurer pour façonner de nouvelles armes. Les épées de Fernel sont vieilles et usées. La seule vraie épée remise à neuf est celle du capitaine de ma garde. Glumtol a eu la gentillesse de la faire réparer. Son épée est comme neuve, luisante, tranchante. Une merveille…

Elle a un sourire quand il évoque les perles, elle lui répond, les mains cachées dans sa cape, le nez dans le col de fourrure de son habit.

- Ces perles viennent de la mer. C’est de la nacre, je crois, une pierre qu’on récolte dans des coquillages bien précis. On n’en trouve pas beaucoup, en réalité.

Là aussi, elle est approximative parce que dans le fond, elle ne sait pas grand-chose là-dessus mais au moins elle est honnête.

- Je n’ai pas d’enfants, pas d’époux, et rien ne montre que cela changera dans les prochains mois. Mes voisins sont tous mariés et il semble que…enfin…je ne suis pas vraiment ce qu'on appelle "un beau parti", selon les codes péninsulaires. Ces perles, ce sont les femmes de Fernel qui en héritent. Alors j’ai préféré faire cadeau d’une partie de ces perles à une personne qui les conservera bien plus longtemps que moi et qui pourra les transmettre à ses héritiers à son tour. C’est ma façon à moi de transmettre quelque chose de Fernel à quelqu’un. Tout comme j’ai offert une graine de l’arbre seigneur de Fernel à votre Roi.

Elle dit cela sans aucune amertume dans la voix, sans tristesse, comme on énonce une réalité contre laquelle on ne peut rien. Elle a voulu donner un peu de Fernel à des souverains pour qu’une petite partie de sa seigneurie lui survive. Et elle y est arrivée. Un sourire flotte sur ses lèvres en imaginant un arbre seigneur ici, au Zagazorn. Elle sera morte depuis bien longtemps que ce chêne sera lui, peut-être, toujours debout, rappelant à celui ou celle qui le regarde qu’il existe un lien entre le royaume de Dawis et celui des Humains. Et rien que d’imaginer cela, elle est heureuse.

- Quant au Voile, je n’aime pas tellement en parler…cela a vraiment bouleversé des tas de personnes et les conséquences sont encore visibles chez certaines d’entre elles…

Ce n’est rien de le dire. Elle serre un peu plus sa cape contre elle, le nez toujours enfoui dans le col du vêtement, haussant un sourcil à l’écoute des paroles de son compagnon du matin. Parler des Drows à Louise, c’est un peu comme lui servir un verre de vin bouchonné. Elle grimace et elle ne peut pas vraiment s’en empêcher.

- Nakor m’a tenu à peu près les mêmes propos hier à son sujet. Il semble qu’elle fasse l’unanimité ici à Kirgan, assez en tout cas pour être admise à la table du Roi.

Louise ferme les yeux en songeant à cette créature en robe de soirée et a un frisson.

- Il m’a dit que le sang ne fait pas tout. J’ai rencontré un membre de sa famille, à cette Drow qui était présente hier au banquet…une Drow accompagnée de son serviteur et de son esclave. Et je ne souhaite à personne de faire cette très déplaisante expérience. Cela m’a guérie de ma curiosité à leur sujet, en tout cas.

Louise regarde ailleurs. La rencontre avec Khalinas est gravée au fer rouge dans son esprit et la jeune femme en a des cauchemars, assez régulièrement. Elle s’en est sortie en vie et en un seul morceau, ce qui relève de l’exploit, mais si elles devaient à nouveau se rencontrer, Louise ne laissera sans doute aucune chance à la haute prêtresse de Kiel. Du moins, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour lui faire mal à sa façon. Elle a d’ailleurs déjà son idée bien précise sur ce point, ce qui la fait sourire de cette façon étrange, un peu à la façon d’un gros chat devant un appétissant morceau de viande. Elle s’arrête, un instant, observant son compagnon de promenade d’un air perplexe.

- Vos alliés ?

Elle penche la tête, incrédule. A-t-il dit cela dans le but d’être poli et prévenant ou s’agit-il d’une vérité ? La nuance est importante, d’autant que Louise n’a pas d’allié formel, que ce soit en Péninsule ou ailleurs, si on excepte la fine lame de Thaar connue sous le nom d’Ombre.

- Est-ce à dire que si j’ai, un jour futur, besoin de l’aide du Zagazorn, le Zagazorn répondra ?

Cela lui semble énorme. Vraiment énorme. Elle sait que les Nains se méfient beaucoup des Hommes et elle ne peut malheureusement pas leur donner tort. Les Hommes sont violents, sournois, prompts au complot et aux coups de poignard dans le dos, ils changent d’alliances comme de chemise et n’hésitent pas à écraser les plus faibles pour devenir plus forts. Louise rougit jusqu’aux yeux. Avoir un lien avec le Zagazorn qui serait autre qu’un lien commercial, ce serait totalement inespéré. Elle reprend sa marche en l’écoutant, l’esprit en feu.

- Je n’aime pas la guerre. Elle n’est source que de malheurs et de larmes. Pourtant, elle est parfois nécessaire, comme vous le dites. Et si elle devait advenir en Péninsule, quelle qu’en soit la raison, je serais sûrement en première ligne à défendre les gens dont j’ai la responsabilité. Parce que c’est mon devoir…

Elle a un regard doux pour le Dawi en ajoutant :

- J’ignorais la raison de cette guerre qui s’annonce au Zagazorn. J’ai bien vu, senti, les préparatif, toute cette effervescence qui précède les batailles…Le bruit du fer qui plie sous les marteaux…L’odeur aussi, les fumées, j’ai senti tout cela depuis Thanor mais personne ne m’a rien dit du tout. Et je n’ai jamais posé de question à ce propos parce que je ne voulais pas paraître discourtoise.

La châtelaine s’arrête pour regarder vers le Nord, pensive. Des créatures et des Sauvageons…

- Je souhaite le succès au Roi de son entreprise. Les montagnes sont des terrains difficiles. Il peut y avoir des milliers de caches qu’on ne voit pas…Cela risque d’être périlleux, même pour votre peuple qui vit en symbiose avec les montagnes. Les créatures et les…heu…Sauvageons auront sans doute l’avantage de connaître parfaitement le terrain…Mais bref, je ne sais pas pourquoi je vous dis ça. Cela ne me concerne pas vraiment et vous savez sans doute cela depuis longtemps.

Elle a un petit rire avant de reporter son attention sur Braähm puis sur leur escorte.

- Peut-être devrions-nous faire demi-tour, qu’en pensez-vous ?
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise)   [Une union royale] Une petite balade matinale (Louise) I_icon_minitimeDim 18 Avr 2021 - 11:06



La châtelaine ne cessait de me surprendre. Sa vision familière ne me rappelait pas mes expériences passées auprès d’humains, au contraire. Ceux que j’avais pu rencontrer n’avaient que profit et gains comme objectifs. Ils ne juraient que par leur propre ambition, leur désir de gagner en richesse et en pouvoir. Celle-là semblait attachée à d’autres principes, bien plus nobles, que je ne soupçonnai pas possibles dans une société peuplée d’être à la vie si fragile et si courte. Ses mots m’amenèrent à penser à ma femme, de nouveau. Elle qui m’avait appris à mettre le bien-être de mon clan et de ceux qui en faisaient partie avant tout. Elle qui m’avait accompagné et guidé dans des choix difficiles. Elle qui avait su faire l’ultime sacrifice pour sauver ceux qui pouvaient encore l’être. C’est ce qui m’avait attiré chez elle, au départ. Sa bonté, et sa manière d’appréhender les choses, toujours dans l’optique de faire le bien autour d’elle. Pour moi, il n’y avait pas plus grande noblesse. Je retrouvais dans les paroles de la femme ces traits remarquables, et mon regard se perdit devant moi. La bonté, la générosité et l’altruisme étaient toutes des qualités que j’attendais d’un Thane, ou d’un Roi. Les retrouver ici était si inattendu, je me sentis ignare, et stupide d’avoir généralisé à tout un peuple ce que je ressentais de mes précédentes rencontres. Cette discussion réveillait ma curiosité envers ces humains, et je me fis la promesse de la satisfaire dans les mois à venir.

« C’est par l’erreur que nous apprenons le mieux, vous savez. Les enseignements que nous retirons de nos échecs nous permettent de progresser, et eux-seuls nous évitent de stagner. Après tout, en restant dans notre zone de confort, nous nous enfermons, et lorsque vient le moment où on nous en sort de force, nous nous faisons écraser. Non, nous ne pouvons pas toujours prendre les bonnes décisions. L’important est de suivre son instinct, et d’éviter les conséquences regrettables. Multipliez vos expériences, faites des erreurs, et vous deviendrez redoutable, je vous le garantis. »

Peut-être n’était-ce pas le meilleur conseil que je puisse donner, mais c’était une certitude pour moi : rien ne vaut un pas en arrière pour en faire trois en avant.

« Le titane coûte cher, et le forger n’est pas donné à tout le monde. Mais si le commerce entre nos peuples reprend et se fructifie, vous aurez certainement l’occasion d’en profiter, surtout avec un ami comme Glumtol. Votre capitaine a beaucoup de chance : rares sont les humains qui possèdent une arme forgée par des nains. Elle pourrait attirer la convoitise, il ne devrait pas trop s’en vanter une fois rentré… En tout cas, je n’ai aucun doute sur la qualité de cette épée. Je me demande bien ce que vous avez proposé à mon ami pour qu’il vous offre un tel service. D’habitude, il ne fait rien gratuitement, le bougre ! »

J’eus un petit rire qui m’apaisa un peu, paix que j’accueillis volontiers.

« Je ne connais pas bien la mer. Comme je vous l’ai dit, je ne suis jamais parti de ces montagnes, et pour être honnête, naviguer de me dit rien qui vaille. On entend beaucoup d’histoires sur l’océan redoutable. Tant de navires ont succombé à son chaos impitoyable. Je n’oserai y mettre les pieds. Voilà une erreur que je ne suis pas près de faire ! Enfin... Si on y trouve des perles si rares, comme vous le dîtes, peut-être serait-il intéressant d’y faire un petit tour. En tout cas, je pense que vos cadeaux ont été très appréciés. Peut-être la graine donnera-t-elle naissance à un nouvel arbre, qui sait, mais je ne me ferai pas trop d’illusions. Peu de choses nouvelles poussent dans ces montagnes aujourd’hui. Les hivers sont rudes. »

Ses aveux sur sa solitude me parurent honnêtes, et je me demandais donc la nature de la relation qu’elle entretenait avec le danseur de la veille. Il était probable que ce ne fusse que l’histoire d’une nuit, et je me pris de mélancolie en pensant que je ne toucherai probablement plus de naine jusqu’à la fin de mes jours. Après tout, je me faisais vieux. Des Dawis de mon âge, il n’y en avait pas beaucoup, et la plupart avaient déjà quelqu’un de cher à leurs côtés. Et puis, avais-je vraiment envie de trouver une nouvelle compagne ? La perte de ma tendre était encore récente à mes yeux. Dix-huit ans peuvent passer si vite. Je ne me sentais pas encore prêt à accepter de me remarier, et de toute façon, je n’avais pas la moindre piste d’une possible candidate.

Je ne pus ignorer sa réaction en évoquant les Drows. En observant son regard, on pouvait facilement y lire un trouble mêlant souffrance et terreur. Dans quelles circonstances répugnantes avait-elle rencontré une elfe noire ? Le peu que je savais de leurs mœurs, et ce que l’on racontait à leur sujet m’écœurait. Je sus toutefois taire ma curiosité, il est des choses qu’on ne peut partager à autrui, et je ne voulais la mettre dans une mauvaise position. Et puis, sa question suivante me fit comme l’effet d’un seau d’eau froide. Si Harald ne la considérait pas comme une alliée, que venait-elle donc faire ici ? On n’invitait pas n’importe qui à Kirgan, nom d’un chien. Je n’avais aucune envie de lui répondre maintenant, je ne voulais engager le roi à ma place. Il me fallait donc être honnête, et admettre ma précipitation.

« Louise, je ne saurais engager mon peuple entier sur ma seule parole. Après tout, je ne suis qu’un Thane parmi tant d’autres. Ce que je sais, c’est que la Péninsule se trouve suffisamment proche du Zagazorn pour être un danger pour nous si elle tombait aux mains de ces monstres. Si le roi vous a proposé de venir à son mariage, c’est qu’il a quelque chose derrière la tête, mais je ne connais pas la nature de ses pensées. Vous devriez lui en parler, et mettre les choses au clair. Mais pas tout de suite. Ne lui forcez pas la main, il n’y réagit pas très bien, en général. Attendez qu’il engage la discussion, ou bien faites le par courrier plus tard. Tout cela est très nouveau pour nous, vous savez. »

Mieux valait se montrer prudent, et ne pas attiser les espoirs de la femme. Je ne souhaitai pas être l’origine d’une déception possible.

« Ah, je vous comprends tout à fait ! Un chef qui ne se bat pas aux côtés de ses hommes ne mérite pas leur loyauté. Faites tout de même attention, la guerre est brutale, sanglante et douloureuse, mais je ne vous apprends rien. »

Ce fut à mon tour d’être un peu gêné par son regard, et je détournai les yeux en me grattant la barbe nerveusement.

« Ce n’est pas un secret, il n’est pas difficile de comprendre la raison de la fermeture de nos frontières. S’il valait mieux s’en cacher à l’époque, et espérer que notre faiblesse ne donne pas des idées à quelques imprudents, nous sommes aujourd’hui en mesure de repousser n’importe quelle menace. Si personne ne vous a rien dit, c’est que nous ne pensons pas que nos histoires internes intéressent les autres, tout simplement. Mais oui, nous allons entrer en guerre contre un ennemi que nous ne connaissons pas vraiment. » Je fis une pause, pour réfléchir un peu avant de reprendre d’une voix assurée. « Mais j’ai confiance en notre armée et notre roi. Je sais que nous vaincrons, sans trop de problèmes. Après tout, nos soldats sont coriaces, et très bien équipés. Un seul de ceux qui nous accompagnent pourrait tenir tête à au moins cinq de vos soldats, alors imaginez des adversaires désorganisés et sans véritable équipement, ils n’ont aucune chance. Le seul danger, comme vous l’avez si bien dit, c’est le terrain. Mais nous avons nos solutions pour ça aussi... »

Je lui rendis un sourire assuré. Ma confiance était inébranlable, et je sentais de nouveau cette fierté particulière de faire partie une unité que rien ne saurait fragiliser. J’acquiesçai à sa proposition, et nous fîmes demi-tour en passant devant les gardes, qui restèrent à bonne distance en arrière.

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