Juste un petit service [Nehril]

L’ambiance était étrange ce soir-là. L’arche brisée était de ces tavernes entre deux eaux, fréquentées ni par une population ni vraiment aisée, ni non plus par la dernière lie de la ville. Relativement proche des docks, la plupart des hommes venant y chercher le réconfort étaient des marins, de près ou de loin. Harassés par les dures journées de labeur sous le soleil, cherchant à dilapider leurs quelques deniers sans chercher de problèmes, c’était donc une atmosphère de bon vivants qui flottait d’habitude dans la grande salle un peu biscornue.

Pourtant là, malgré les rires et les quelques éclats de voix habituels çà et là, on s’échangeait des regards lourds. Depuis quelques temps, depuis que Silène avait brillé d’un étrange halo, la ville se tendait sous la présence de plus en plus importantes de rites et de sacrifices étranges. Comme si cela ne suffisait pas, les soldats du guet semblaient eux aussi nerveux de plus belles, cherchant en vain à faire cesser cette agitation grandissante.  Leurs patrouilles s’étaient intensifiées dans la basse ville, et cela ne plaisait guère. Cherchant ou non les ennuis, tout le monde avait un certain nombre de choses à cacher ici bas et personne n'aimait les fouineurs. Alors on n’appréciait pas plus les quelques hommes aux armures rutilantes et au regard méprisants qui s’étaient permit de s’accouder au comptoir tandis que le dernier d’entre eux faisait les cents pas d’une table à l’autre, comme cherchant la preuve d’un quelconque crime au fond des cruches des clients.

Soudain on s’agita un peu dehors, et tandis que tous tournaient la tête pour déterminer ce qui se passait, une silhouette en profita pour se glisser à la table d’un autre un peu en retrait et à l’air pas franchement amical. Viliam s’en fichait un peu il avait juste besoin d’un tout petit service et c’était sur ce malheureux que c’était tombé.

-Faite comme si j’étais votre ami. Souffla-t-il en désignant du menton le garde distrait très proche d’eux. Juste le temps qu’il parte.

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà sur les docks et l’éclat argenté d'une lune miroitante demeurait masqué derrière l’écharpe nuageuse qui recouvrait le ciel. L’ombre était persistante et le vent, cinglant. Des éclats de rire et des chants paillards s’élevaient de la taverne branlante qui jouxtait plusieurs entrepôts, brillant dans la pénombre telle une bougie dans les ténèbres.

Immobile depuis un certain temps, camouflé dans sa longue cape noire, l’homme aux yeux d’argent gardait ses yeux rivés sur la chope qui gisait vide devant lui. Il soupesa un instant sa bourse, comme tenté à l’idée d’en commander une nouvelle. Néanmoins, il lui fallait reprendre la route. Il n’avait que trop tardé entre les murs délabrés de cette bâtisse malodorante. Son regard balaya lentement les environs, notant la présence de plusieurs mercenaires, mais également des citoyens venus s’encanaillaient en cette fin d’ennéade.

Rajustant le capuchon qui masquait une partie de son visage, le semi-elfe palpa lentement ses avant-bras afin de s’assurer que l’âtre qui couvait dans son dos avait correctement séché ses vêtements. Une fine pellicule humide les recouvrait toujours, mais cela demeurait suffisant. Il pourrait à nouveau affronter le vent hurlant qui sévissait au-dehors.

Alors qu’il se préparait à se lever, un homme se glissa jusqu’à sa table, tout en lui soufflant de faire semblant d’être une connaissance à lui. Nehril leva les yeux vers le nouvel arrivant, impassible, avant de les laisser lentement papillonner vers les gardes qui semblaient intrigués par ce qui se déroulait au-dehors. Le mercenaire tourna à nouveau son regard vers le nouvel arrivant et le détailla rapidement. Des traits durs, malgré un âge peu avancé. Des cicatrices au poignet, probablement le fruit d’une rixe quelconque ou d’une tentative de mettre un terme à ses jours. Il s’agissait donc là d’un mercenaire, d’un bandit ou d’un malchanceux. Il espérait que ce ne soit pas le dernier : la malchance avait déjà tendance à marcher dans ses pas.

Le visage fermé, Nehril poussa sa chope vide dans la direction de l’homme.

— Tu t’es assis à la mauvaise table l’ami, commença le mercenaire sur un ton glacial. Mais une tournée de bière ne serait pas de refus…

Viliam haussa un sourcil devant la réaction de l'homme. Bon un service méritait salaire certes mais il fallait pas déconner. Et un minimum d'amabilité ça n'arrachait pas les dents... Il lui demandait pas Silène non plus. Mais quoi qu'il en était, aussi peut amical il semblait le bougre, Viliam avait vraiment besoin de passer inaperçu alors tant pis. Il posa quelques pièces brillante sur la table dans un soupir.

-On y aura tout les deux perdus quelque chose cette nuit j'imagine.

Il allait pas se compromettre pour lui et il irait pas lui chercher sa bière. Il était pas sa mère.
Cependant alors qu'il ouvrait la bouche pour ajouter quelques chose, un éclat métallique attira le coin de son regard. La seconde suivante il se retrouvait rapière en main, les yeux rond rivé sur la lame qu'il venait tout juste de parer par un réflexe inexplicable. Difficile de dire qui avait l'air le plus surpris de lui ou du type en robe de bure rougeâtre qui venait d'essayer de le planter.

- Ah mais merde a la fin !

Cela sonna comme la fin de l'étrange flottement de surprise qui avait pris les deux hommes. L'autre tenta une attaque relativement pathétique que Viliam désormais sur ses pieds et bien préparé n'eut aucun mal à détourner avant d'envoyer bouler le type au loin. Cela n'attira pas tant l'attention que ça à la fin car autour d'eux, la taverne s'était transformée en petit champs de bataille impromptu. D'autres hommes, sortits comme de nul part et habillés de rouge et de marrons s'en prenaient aux marins décontenancés.  Les gardes étaient pour deux d'entre eux déjà mort et le troisième avait disparu.

-J'y suis pour rien avant que tu demandes. Je sais on dirait pas, je connais la chanson. Grogna le bandit à l'attention du type a qui il avait gâché la soirée avant que d'autres ne le fassent encore mieux. Sectaires de merde. Râla-t-il en visant  plus loins l'arrière du crâne d'un des saccageur d'ambiance à l'aide d'un chope vide qui résonna douloureusement.

Il était pas sensé se faire discret ce soir...?

— Perdu ? répéta l’homme aux cheveux d’argent avec une grimace en empochant les quelques pièces. Seul ceux qui possède peuvent être dépouillé. Or je ne possède rien et encore moins la patience de me livrer à ce genre de jeu…

Se préparant à se lever pour aller s’enquérir d’une nouvelle tournée de bière, il observa son compagnon parer au dernier instant la lame d’un individu vêtu d’une bure rouge. Le mercenaire reposa sa chope en jurant. Des hommes de même acabit jaillissaient à présent dans la taverne, s’en prenant à l’ensemble des clients. Nehril jeta un regard mauvais en direction de son compagnon de table qui laissa échapper un grognement en clamant n’être pas l’objet de cet assaut.

— Je savais que j’aurais dû boire seul dans la grange, grommela le semi-elfe en tirant son épée argentée.

D’un geste circulaire, il trancha le bras tendu dans sa direction avant de pivoter pour embrocher un autre sectaire. Il fit ensuite tournoyer sa lame autour de lui, fauchant une tête au passage, puis projeta la table qui lui faisait face sur un autre adversaire qui tentait de le prendre à revers. D’un geste de la main, il embrasa la bure d’un homme qui hurla de douleur en se jetant au sol avant de l’achever.

Nehril jeta des regards autour de lui en notant les cadavres disloqués qui gisaient au sol. La plupart d’entre eux étaient morts de sa main ou celle de son compagnon, les hommes du Guet ayant livré un combat pitoyable avant de succomber rapidement. Il ne restait plus que deux sectaires debout, mais qui les observaient avec une certaine révérence.

— Vous avez passé l’épreuve, guerriers, lança l’un d’entre eux d’une voix typiquement féminine en abaissant son épée. Vous êtes digne de suivre notre Voie.

Le mercenaire saisit son acolyte par la gorge avant de l’envoyer virevolter à travers une fenêtre.

— Celle qui passe par la fenêtre ? rétorqua Nehril en pointant du doigt les débris de verre brisé.

— La Voie de l’éternelle richesse, répondit l’autre sans être le moins du monde impressionné par le semi-elfe. La Voie de l’Or et de l’Argent. Qu’en dites-vous ?

-Laissez-moi deviner, on prête allégeance à une idole quelconque, et en échange ladite idole qui est bien sûr le seul et unique dieu sur cette terre nous offre richesses, abondance, pouvoir sans une once de contrepartie ? Où-est-ce qu'on signe?

Viliam tenait en respect un des sectaire encore vivant et tombé au sol. Le bout de sa lame était contre sa gorge, relevant légèrement son menton et son pied appuyait sur son torse de manière à ce qu’il ne bouge pas. Le bandit avait découvert les dents dans une moue moqueuse. Ces fanatiques étaient d’un ridicule…Mais maintenant ils devenaient dangereux et pas seulement pour les quelques idiots qui se laissaient parfois embrigader.

En plus de cela, Viliam était un fervent néérite, et ce n’était pas ce genre de fausse promesses même pas un tant soit peu camouflée qui lui feraient abandonner sa foi. D'ailleurs sa main libre était vaguement venue serrer la petite broche à l'effigie d'un oiseau qui se cachait dans un pli de ses vêtements.

Autour d’eux régnaient un chaos sans nom et ce qui ressemblait autrefois à une taverne n’était qu’amoncèlement de corps mutilés et de résidus de meubles brisés. Quelques marins s’empressaient encore de détaler, certain en profitaient même pour piquer quelques richesses avant de disparaitre loin des ennuis. Ils avaient certainement bien raison…

La réplique cinglante de Viliam sembla tirer un petit rire à la femme qui ne se laissait pas décontenancer.

-Dites-moi…Puisque notre...’’idole’’ ne semble pas vous convaincre…Que vous ont déjà apporté vos dieux, exactement ? Et...à quel prix ?

La femme était masquée, mais l’on pouvait voir à sa peau qui se tendait un peu que ses yeux se plissaient, d’amusement sans doute.

-Ou plutôt qu’est-ce qu’ils ne vous ont jamais apportés malgré vos sacrifices ? Son visage se tourna vers l’homme aux cheveux argentés et sa bouche s’étira d’avantage. Vous l’avez dit vous-même vous ne possédez rien. Alors vous n’avez rien à perdre à vous affranchir de leurs lois injustes.

Une grimace étira le visage émacié de Nehril. Ses dents se serrèrent.

— Je ne troquerais pas un mal pour un autre, humaine, déclara-t-il en faisant siffler sa lame. Déguerpissez d’ici et emportez ce qui reste de vos amis avec vous.

La sectaire siffla et rejeta en arrière son capuchon, dévoilant sa longue chevelure blonde. Ses traits fins et ses lèvres pulpeuses étaient déformés par une haine farouche.

— Pauvres idiots, cracha-t-elle en ramenant son arme devant elle. Vous osez refuser une telle offre ? Soyez prêt à subir la fureur de celle dont vous avez refusé l’Amour !

Le mercenaire haussa les sourcils avec un air moqueur. Les sectaires venaient de perpétrer un massacre dans cette taverne, les avaient attaqués sans aucun motif et souhaitaient désormais qu’ils rejoignent leur rang ? Pensait-elle réellement qu'ils allaient accepter sans sourciller ? S’il n’avait pas été d’une humeur aussi ombrageuse, Nehril aurait éclaté de rire.

Il leva son arme, se préparant à accueillir la lame de son adversaire qui ne se fit pas prier. D’une simple pirouette, le semi-elfe trompa la garde de la jeune femme et la transperça de part en part. Elle s’écroula lourdement sur le sol en lâchant un ultime râle d’agonie. Sans jeter un œil à son compagnon, Nehril s’accroupit et commença à fouiller les affaires des sectaires : quelques pièces de monnaie enfermées dans des petites bourses en cuirs, des dagues émoussées et des gants en peau de daim composaient leur possession. Il dénicha finalement un long parchemin qu’il déroula avec un grognement. Ses yeux étincelèrent un moment.

— Viliam, je présume, lança le mercenaire à son compagnon en jetant le rouleau dans sa direction. Le portrait qu’ils ont fait de vous est assez ressemblant. Nehril essuya son épée sur l’une des bures des sectaires et se redressa pour faire face au bandit le visage fermé. Vous persistez à me faire croire que vous n’avez rien à voir avec tout cela ?

Lorsque la femme s’effondra sous les coups du mercenaire, Viliam laissa échapper un soupir désabusé. Tant de violence pour si peu... Enfin, ce n’est pas comme si les sectaires ne l’avaient pas cherché. Tant pis pour eux. Celui qui avait tenu sous son pied avait finit par s'agiter, visiblement mort de peur et il l'avait épargné, le laissant détaler à toutes jambes. Il n'y avait pas besoin d'un mort de plus.

Profitant de l’inattention de son compagnon d’infortune, le bandit commença à chercher une sortie un peu plus discrète que la porte d’entrée à moitié défoncée. Tout pourrait faire l’affaire, un étage, une cave, peu lui importait tant qu’il se sortait rapidement de ce merdier avant que le reste de la garde ne rapplique. Mais alors qu’il venait d’apercevoir une trappe au-dessus de feu le comptoir, l’autre l’interpela par son prénom avant de lui jeter un parchemin aux pieds qu’il saisit, inquiet.

-ça dépend... tu trouves que j’ai une tête à essayer de vendre du sable ? J'ai fait des trucs cons, mais de là à finir dans une secte, non.  Répondit-il quelque peu blasé, avant de fixer le plafond au-dessus d’eux et de tenter de soulever la plaque qui ne céda pourtant pas.Pourtant Viliam n’était pas spécialement faible. Il était plus petit que son compagnon d’infortune mais restait tout de même d’une bonne carrure. Quelque chose bloquait donc surement le tout, de l’autre côté. Bon tu m’aide ou on attend que le guet débarque ?

En apparence, la découverte du mercenaire ne semblait en tout les cas pas spécialement l’émouvoir. En réalité, bien que la priorité était toujours de ficher le camp, son esprit réfléchissait à toute vitesse pour essayer de trouver une explication à tout ce merdier. Non, il n’avait aucune accointance avec ces demeurés et c’était bien la première fois qu’il entendait leurs âneries. Il était certes un bandit et un agitateur pour certains, mais sa cause n’était certainement pas dans la poursuite de fausses idoles. Son but était bien plus terre à terre. Peut être n'avaient-il fait que récupérer quelques avis de recherche pour il ne savait quel plan tordu... Merde. S'il avait su il n'aurait pas laissé l'autre se tailler...

Avec une grimace, Nehril rengaina son épée d’un geste vif tout en balayant les environs du regard. Les corps distordus des sectaires gisaient dans une mare de sang, silencieux et immobiles, à l’image de marionnettes dont les fils auraient été tranchés. Au-dehors une voix grave s’éleva :

— Marianne est morte ! Sus aux assassins ! Sus au traître Vilam !

Des éclats de voix furieuses accompagnèrent ces vociférations, signe que de nombreux autres hommes en armes les attendaient derrière le frêle panneau de bois. Poussant un juron, le mercenaire bondit aux côtés de Vilam et l’aida à soulever la lourde trappe qui permettait d’accéder à ce qui semblait être un grenier sombre. Joignant ses deux mains, il propulsa son compagnon dans les airs avant de s’élancer après lui. La porte de la taverne vola en éclat alors que ses bottes restaient encore visibles et plusieurs voix s’exclamèrent :

— En haut ! Ils sont en haut !

Les bruits sourds des flèches qui se plantaient dans le plafond firent légèrement vibrer le plancher où se trouvaient les deux réfugiés. La pénombre étant persistante, Nehril brandit sa main en avant afin d’y matérialiser une flamme dorée. Il put finalement distinguer le visage de Vilam à quelques mètres du sien.

— On peut dire qu’ils sont tenaces, grommela le semi-elfe à son attention avant de se redresser, pour des individus qui te sont étrangers…

Éclairant les environs de sa main ardente, Nehril ne distingua aucune échappatoire, si ce n’était une large fenêtre qui leur faisait face. Un grondement sourd fit une nouvelle fois trembler le sol : le tranchant d’une hache apparut brusquement entre leurs pieds et arracha une partie du plancher. Nehril fit un pas de côté avant d’échanger un regard avec Vilam.

— Pas le temps de traîner, grogna-t-il en s’élançant à travers la vitre avant de plonger dans le vide.

Sans l’impulsion du mercenaire, il n’aurait certainement pas grimpé dans ce grenier sans au moins une torche. Pris d’un bref sursaut de panique à se retrouver soudain totalement dans le noir, ce fut un net soulagement lorsque son compagnon d’infortune utilisa sa magie afin de leur octroyer un peu de lumière. L’espace d’un instant Nehril put sans doute voir la panique dans son regard, avant qu’il ne  secoue la tête et se reprenne.

Alors qu’il ouvrit la bouche pour lui demander de ne pas lâcher sa flamme, un tremblement à leur pied les rappela à la réalité.

-Je suis d’accord.

Nehril s’élança à travers une des fenêtres et sans attendre, Viliam le suivit. Pile à ce moment-là résonna derrière lui un immense craquement et des cris laissant peut de doute quand au sort du grenier...

Rattrapant le mercenaire dans sa course, le bandit lui saisit soudain le poignet et l’entraina en direction de ruelles plus tortueuses que celle qu’ils s’apprêtaient à rejoindre. Il aurait put l'abandonner ici et se débrouiller seul, mais Viliam avait un peu pitié pour l'homme pris dans des problèmes qui n'étaient pas les siens.

-Pas par là ! Lança-t-il.

Sans doute avait-il raison car d’autre éclats de voix résonnèrent derrière eux. Alertés, le guet s’était visiblement enfin mêlé de l’affaire.

-Il faut rejoindre les bas quartiers si on veut s’en sortir. Passer par les quais c'est trop dangereux.

Derrière eux, dans la noirceur qui enveloppait l’auberge, des éclats de voix fusaient : injurieuses et véhémentes, ordonnant la poursuite des deux fugitifs qui couraient à en perdre haleine dans les venelles silencieuses. Le bruit de leur pas résonnait, frappant les flaques d’eau nauséabondes qui parsemaient les dalles éclatées et glissantes.

La main sur le pommeau de son épée, Nehril suivait Viliam, ses yeux argentés balayant méthodiquement les environs à la recherche d’éventuels poursuivants. Quelques badauds et ivrognes écumaient encore les lieux malgré l’heure tardive, s’écartant promptement lorsqu’ils croisaient leur chemin.

Les deux fuyards ne tardèrent pas à atteindre les Bas Quartiers et ils firent une pause à l’ombre d’une demeure vétuste. Nehril désigna les murs branlants de l’endroit à son acolyte et sauta par-dessus le portail délabré. Il poussa lentement la porte qui s’effondra dans un craquement sinistre. Le mercenaire tira son épée et pénétra d’un pas silencieux, levant son arme comme s’il s’apprêtait à frapper. Après avoir vérifié toutes les pièces, il se laissa tomber sur une chaise qui supporta miraculeusement son poids.

— Vide, marmonna le semi-elfe à l’attention de Viliam. D’ordinaire ces habitations sont infestées de mendiants qui n’auraient pas hésité à nous égorger. Nous avons de la chance.

Il ponctua sa phrase d’un sourire sinistre, comme s’il se rendait compte que la chance, dans leur situation actuelle, était toute relative. Le mercenaire frappa le sol de la pointe de son épée, la tenant à quelques centimètres de son visage. Ses cheveux grisonnants, couverts de poussière, tombaient négligemment sur son front, masquant son regard brillant.

— Il me semble plus prudent d’attendre ici que ces fanatiques abandonnent leur poursuite, continua-t-il d’une voix rauque. S’ils sont aussi habiles à se battre qu’à nous pister dans ces Bas Quartiers, nous ne craignons rien. Cela nous donnera le loisir de discuter un peu… Tu as dit que tu ne connaissais pas ces hommes, mais eux semblaient bien te connaître.

Les doigts de Nehril craquèrent alors que sa poigne se durcissait sur la poignée de son arme.

— Tu as laissé s’échapper l’un d’eux, lui reprocha le mercenaire en ne bougeant toujours pas. Ces hommes connaissent désormais mon visage et je suis désormais mêlé à ton histoire… Ils ne me laisseront pas tranquille tant que cette affaire n’aura pas été éclaircie. Creuse-toi le crâne, n’as-tu réellement aucune idée de qui sont ces hommes ?

-Je l’ai laissé partir parce que ce n’était qu’un gamin. Je suis néérite, pas un foutu sectaire ni un meurtrier.

Viliam s’était assis juste au-dessous d’une fenêtre qui laissait un peu de lumière s’écouler dans la pièce délabrée. Il jeta un regard en biais à l’homme aux cheveux d’argent qui semblait décidément bien impatient de se servir de son épée…

-Des fanatiques il y en a des milliers dans cette ville. Ce ne serait pas les premier à essayer de me recruter avec…plus ou moins d’originalité.

Ses doigts tambourinaient machinalement sur son genou. L’aile blanche n’attiraient pas que des Souffles aux intention louables. Nombreux auraient été ceux qui auraient aimé récupérer leurs idées et les détourner à leurs fins. Mais le bandit coupait systématiquement ces ambitions à leurs racines. Ils ne négociaient pas avec ce genre de pourritures hérétiques et encore moins si cela avait un risque sur son combat.

-Quoi que ces derniers temps ils sont particulières casses pieds… La Silène probablement.

Il haussa les épaules, faussement nonchalant car il ne quittait pas son compagnon d’infortune du regard malgré tout. Le mercenaire était une menace bien plus tangible que ces sectaires, ou même le guet. Ce n’était pas la première fois que Viliam était contraint de se cacher quelque temps. C’était de l’ordre du quotidien et il n’en faisait pas grand cas.

-Rassure toi l’ami. Ajouta-t-il en passant ses mains derrière sa tête. D’ici une heure ils t’aurons oublié et seront passé à autre chose. Alors on se séparera, moi je rentre chez moi et toi, tu pourras ressortir et te bourrer la gueule jusqu’au lever du jour si ça te chante.

Les lèvres du mercenaire s’étirèrent en un sourire sardonique. Ses dents blanches lancèrent un éclat sous la lumière opaline de la lune.

— Il n’y a rien de plus dangereux qu’un orgueil blessé, asséna Nehril en rappelant la manière dont ils s’étaient tous deux comportés envers les sectaires. Surtout celui d’un fanatique ayant perdu tout sens commun.

Il porta sa main à sa poche et fit tinter les pièces que lui avait données plus tôt Viliam.

— Il n’y a guère là de quoi me donner une gueule de bois, mais j’imagine que c’est déjà un bon début.

Le semi-elfe rengaina son épée dans le dos et alla se poster non loin de la fenêtre. Il plissa les yeux, tentant de percer le nuage de noirceur qui enveloppait les environs. Des mouvements furtifs à travers l’obscurité le firent grincer des dents.

— Je crois qu’ils sont plus doués que nous ne l’escomptions. Ils sont en train d’encercler notre refuge…

A l’alerte du mercenaire, Viliam soupira et s’esquiva discrètement de l’espace sous la fenêtre. Un peu plus en retrait dans l’ombre, il guetta alors à son tour l’extérieur, une main sur le pommeau de sa rapière. Les ombres s’agitèrent dehors, plus proche. Quelque chose rodait.

Le silence était tombé sur la maisonnée, animé seulement pas le bruissement de la mystérieuse silhouette. Puis...plus rien. La créature semblait avoir disparue... Une seconde passa, deux...Soudain quelque chose bondit à travers le trou béant qu’était la fenêtre et vint atterrir sur le parquet grinçant dans un jappement inhumain. Avant que le mercenaire ne frappe, Viliam tendit sa main.

-Ce n’est qu’un chien… Remarqua-t-il amusé.

La bête fixait les deux semi-elfes, l’air plus surpris qu’autre chose de croiser d’autres individus dans ce qui semblait être son territoire. En cherchant à distinguer un peu ses traits on constatait rapidement qu'il n'avait pas l'air particulièrement agressif.

-Je suis désolé mon gars…Lui souffla-t-il, j’ai rien pour toi. Mais d’autres mouvement attirèrent son regard et coupa court à ce bref instant d'amusement. Eux étaient bel et bien humanoïdes. On a d’autres compagnie. Viens.

N’attendant pas que le mercenaire réagisse, Viliam fit volte-face, montant les marches de l’escalier aux marches vermoulues. De là, il sauta sur un autre toit en contrebas et seulement il s’accorda quelques secondes pour vérifier que l’autre suivait. Bizarrement, l’animal aussi avait placidement gravit les marches pour sauter sur les tuiles en contrebas...

Les yeux argentés du mercenaire suivirent lentement Viliam et leur nouveau compagnon gravirent les marches qui menaient jusqu’au toit. Jetant un dernier regard dans la pénombre, Nehril emboîta le pas à ses acolytes. L’escalier vétuste craqua sous sa démarche lourde, ses bottes manquant de le traverser par l’interstice qu’il avait agrandi. Il parvint finalement sur le toit et suivi Viliam alors que ce dernier bondissait des tuiles d’une maisonnée à une autre. Avec une surprenante agilité, le chien galopait joyeusement derrière l’homme aux cheveux de jais. Si joyeux en effet, qu’il se mit à aboyer fortement en prenant de l’avance sur eux.

— Fais taire ce maudit chien, lança Nehril à Viliam alors qu’il se rattrapait maladroitement sur le toit voisin. Il va attirer l’attention sur nous.

Sur ses paroles, une voix stridente et indubitablement féminine s’écria en contrebas.

— C’est mon chien ! Ces pouilleux m’ont volé mon chien ! À l’aide ! Gardes ! Au voleur !

Le mercenaire jura et poussa Viliam à accélérer l’allure. Le chien crasseux jappa de plus belle et effectua plusieurs tours sur lui-même en les attendant. Les deux compagnons poursuivirent leur fuite pendant de longues dizaines de minutes avant de s’interrompre sur un large balcon qui jouxtait une taverne bruyante.

Nehril s’accouda à la rambarde, reprenant son souffle. Il avait surveillé les venelles sombres et n’avait repéré aucun signe ni du Guet ni des fanatiques qui les avait poursuivis plus tôt. De plus, le canidé avait cessé tout aboiement et les observait docilement, grattant occasionnellement la botte de Viliam comme pour lui quémander une quelconque ration de nourriture.  

— Il semblerait que tu te sois trouvé un nouvel acolyte, remarqua le semi-elfe sur un ton pince-sans-rire. Allons nous trouver quelque chose à boire.

Poussant la porte de la fenêtre qui menait à la taverne, Nehril enjamba un bac d’eau croupie avant de pénétrer à l’intérieur. Une épaisse fumée acre flottait dans les airs, odeur que le mercenaire identifia immédiatement comme de la lavande et rejoignit une table sous le regard interloqué d’un imposant serveur qui ne se souvenait pas d’avoir vu des clients s’éclipsaient sur le balcon.

— Deux bières, lâcha Nehril en s’asseyant lourdement sur sa chaise. Et des os à ronger, ajouta-t-il en observant la mine penaude du chien qui les accompagnait.

Le semi-elfe retira sa cape et passa une main dans ses cheveux clairsemés d’argent. Son visage était plus affable que lorsque Viliam l’avait rencontré la première fois. Il ne souriait toujours pas et conservait une expression fermée, mais ses yeux brillaient un peu plus chaudement.

— Nous n’avons pas eu le loisir de nous présenter, rappela-t-il en grattant distraitement une tache qui maculait le bois noir, je me nomme Nehril. Je suis mercenaire.

Il fit un geste de la main vers Viliam, comme pour l’inciter à lui répondre.

Tient dont, encore un mercenaire… Décidément il n’en finissait pas avec ces gens-là en ce moment. L’espace d’un instant il se demanda si celui qu’il avait en face de lui opérait en solitaire, ou s’il faisait partit d’un groupe comme c’était souvent le cas.

-Viliam. Il se mit à franchement sourire sans pour autant verbaliser sa question. Disons que…Il jeta un regard a l’animal tranquillement couché à leurs pieds et tendit sa main. Comme s’il l’avait fait toute sa vie, le chien y ficha le haut de son crâne. Viliam n’avait aucune idée de pourquoi cette bête s’était mis en tête de le suivre, mais au fond, il avait l’impression de bien l’aimer…J’ai tendance à vouloir aider les chiens battus de toute sortes.

Dans le même temps, on vint déposer deux chopes à leur table, non sans un dernier regard intrigué à ces clients qu’on avait pas vu entrer. N’y prêtant pas attention, le bandit prit la sienne et la tendit vers son camarade.

-Santé l’ami. A cette…Drôle de soirée.

De la même manière que le mercenaire s’était, toutes proportions gardées, réchauffé, il en avait été de même pour le bandit. Les dangers derrières lui, un éclat rieur avait refait surface dans ses prunelles sombres. Puisqu'ils avaient décidé de ne pas se séparer instantanément, autant ne pas faire la gueule et profiter un peu...

La soirée s’étira un moment, les deux compagnons se servant bière après bière, sans se soucier de la somme rondelette qu’ils allaient devoir verser au tavernier. Les langues se délièrent progressivement des deux côtés, Nehril confiant à son partenaire qu’il œuvrait seul depuis plusieurs années et lui conta quelques-unes de ses aventures. Du fiasco de son voyage jusqu’à Nisétis à son périple à Sol'Dorn, tout en maugréant sur les employeurs aux bourses pleines qui tentaient toujours de lui payer moins que ce qu'il était convenu. Toutefois, il restait avare d’informations sur lui-même. Sa famille, ses amis, son passé, il éludait les questions à grand coup de bière et de grommellements rauques.

Après plusieurs heures, Nehril et son compagnon s’étaient mis à l’aise. Le mercenaire avait l’une de ses jambes sur le coin de la table et faisait tourner le liquide ambré dans sa chope avec un air mélancolique.

— Et c’est là que je lui ai enfoncé mon épée dans le fondement, conclut Nehril en rebondissant sur l'anecdote de Viliam.

Un raclement de chaise retentit derrière eux et les deux hommes se rendirent compte qu’ils étaient à présent les seuls dans la salle commune. Le serveur, un homme trapu aux yeux luisants, s’approcha d’eux avec un sourire satisfait.

— C’était encore une grosse soirée, mes gaillards, leur confia-t-il en essuyant hâtivement leur tablée de son chiffon crasseux. Mais il va falloir décamper maintenant.

Il leva plusieurs doigts, comptant leur consommation à voix basse.

— Vingt-quatre bières et plusieurs eaux-de-vie, énuméra-t-il en calant son plateau sous son bras, cela revient en tout à 2 souverains et 28 écus. Mais arrondissons cela à 2 souverains, cadeau pour les nouvelles têtes.

Nehril jeta un regard à Viliam. Il n’avait pas fait attention au prix des boissons et avait commandé sans prendre garde à sa bourse désespérément vide.  

— Hmm, commença le mercenaire en tapotant lentement dans les poches de son pantalon à la recherche de la somme demandée. Je crois que…

La porte s’ouvrit à la volée, claquant le mur dans un craquement. Une femme pénétra dans les lieux, les cheveux en bataille, le visage buriné par le soleil et les yeux lançant des éclairs. Son rictus édenté s’élargit lorsqu’elle repéra les deux hommes. Le serveur se tourna vers elle avec un air agacé.

— Vous n’avez pas vu la pancarte dehors ? lança-t-il sur un ton réprobateur. Il est écrit « fermé », donc fichez moi le camps.

La main sur le pommeau de son épée, Nehril échangea un regard avec Viliam.

— Serait-ce… ? commença-t-il alors que la femme pointait sur eux un doigt accusateur.

Elle se dirigea rapidement vers Viliam avant de lui houspiller au visage.

Spoiler:

-Oh ça c’est pas spécialement gentil. Ricana alors le bandit en tapotant l’épaule de la femme en colère. On ne se connais pas alors s’il vous plait restez polie. Le tout s’accompagna d’un immense sourire.

A l’image probable de son compagnon, même en ayant voulu faire attention, la soirée avait viré d’une manière où l’alcool avait coulé plus que de raison. Et s’il tenait sur ses deux jambes tout de même, il semblait un peu plus léger qu’à l’accoutumé.

-Vous savez quoi mon brave. Il fit mine de s’appuyer lourdement, plus qu’il n’était ivre en réalité, sur l’homme imposant. Prenez cette bête. Fit-il en désignant le cabot qui darda des yeux luisant sur eux. Il vaut au moins le double de notre consommation. Une brave bête intimidante pour les clients récalcitrant. ça mange pas beaucoup et ça fout les jetons. Une bonne affaire.

-Mais… Tenta de protester la femme. C’est  mon cabot !

-Voyez dont avec son nouveau propriétaire. Renchérit-t-il. Si vous voulez bien m’excuser a présent. Monsieur nous sommait de partir, nous n'allons pas le déranger après tout.

Alors il prit subitement le poignet de son camarade et l’entraina à nouveau dans les rues. Cependant cette fois il connaissait suffisamment le quartier pour savoir comment semer les éventuels poursuivants… Sans doute viendrait-il rembourser ses dettes lorsqu’il aurait dessoulé, mais pour l’instant il n’en avait pas les moyens.

Évidement le canidé préféra suivre les deux étranges semis-elfes plutôt que sa propriétaire. Ils criaient moins et ils lui avaient donné des os, ces créatures-là étaient donc devenu d’office les plus intéressantes à sa truffe…

Légèrement titubant après s’être copieusement rincé le gosier, Nehril suivait Viliam dans le dédale de venelles silencieuses d’où ils espéraient semer leurs éventuels poursuivants. Le chien à leur côté jappait joyeusement, tournant autour d’eux tout en les bousculant avec espièglerie. D’un geste hardi, le mercenaire semi-elfe se pencha pour le caresser.

— Je n’avais pas vu qu’il avait un collier, marmonna-t-il en saisissant le médaillon qui ornait son cou. Je crois qu’il s’agit de son nom. D’une voix pâteuse, il déchiffra les petites inscriptions : « Mara, à l’image de la princesse-marchande d’Uldal'Rhiz, qui elle aussi, est une vraie chienne ».

Nehril haussa les sourcils et demeura silencieux, le temps de digérer l’information.

— Bigre, jura-t-il en passant sa main dans ses cheveux clairsemés d’argent, en voilà une qui aurait la tête coupée si cet outrage parvenait aux oreilles de Maralina.

Ou toute autre extrémité, pensa-t-il avec un sourire en se souvenant des colères de la princesse.

S’étant arrêté près d’une bifurcation, il profita de cette pause pour se tourner vers son compagnon de beuverie.

— Jolie improvisation à la taverne, reconnut le mercenaire avec un pâle sourire. Mais je crains qu’il ne faille plus y montrer le bout de notre nez avant un moment. C’est dommage, la bière y était d’assez bonne qualité…

La chienne confirma sa déclaration d’un nouvel aboiement avant de gratter le sol argileux d’une porte qui jouxtait leur position. Nehril claqua sa langue avec un air réprobateur qui n’eut aucun effet sur l’animal. Il pivota donc et examina la bâtisse sous laquelle il se trouvait.

– « Chez Sardel et Fils, bijoutiers et artistes de père en fils. », fit-il en lisant l’écriture qui parcourait élégamment la devanture du magasin. Nous ferions mieux de nous éloigner d’ici. Les bijouteries de ce quartier sont souvent remplies d’hommes en armes prêts à fondre sur le premier suspect qui raclerait leur porte de nuit.

Avec nouveau grognement, la chienne parvint à forcer la petite trappe qui permettait à l’animal du maître des lieux de le rejoindre à l’intérieur. Mara bondit joyeusement avant de franchir le panneau de bois. Mue par la crainte de voir l’animal disparaître dans l’inconnu et vers un danger potentiel, Nehril se pencha afin de le retenir, mais le manqua de peu.

— Reviens-la Mara ! lança le mercenaire en plongeant sa tête dans l’ouverture forcée par la chienne. Mais qu’est-ce que…

La vision de Nehril s’acclimatait progressivement à la douce pénombre des lieux et ce qu’il y voyait avait tout pour le surprendre. Bijoux et broderies s’amoncelaient sur une table de cuir et plusieurs meubles adjacents. Une vraie mine d’or brillante et scintillante dans tout son éclat doré. Tout cela… à portée de main.

Le chien jappa, comme pour inviter les deux compagnons à s’y servir.

-On devrait juste se tailler l’ami. Souffla Viliam sans faire mine de rentrer dans son manège bizzare.

Sans doute était l’alcool qui tapait un peu trop dans les tempes de son nouveau camarade, mais il tentait une entreprise bien dangereuse pour quelqu’un ayant passé la moitié de la nuit à fuir. Viliam ne pouvait pas prendre ce risque. Ses hommes n’avaient aucune idée d’où il était, s’il se faisait prendre cela tournerait mal. A sa place, si un des membre de l'Aile Blanche se trouvait dans un tel pétrin il n’aurait pas hésité à lui passer un savon...une fois sortie d'affaire bien entendu.

Alors, après une derrière tape sur l’épaule de l’étrange luron et un " à la revoyure’’ lancé à la va vite mais de manière sincère, il tourna les talons, prêt à décamper.

Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’il s’aperçut alors que le canidé avait encore décidé de le suivre. Amusé, il le laissa venir à lui, et détacha le collier de cuir avant de le jeter nonchalamment.

-Toi aussi t’es un fugitif maintenant. Fit-il en continuant de marcher, l’animal trottinant à sa jambe. ‘Faudra te trouver un surnom digne de ça si tu veux mon avis…