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 À la recherche du temps perdu

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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeMar 24 Jan 2023 - 23:40


4ième ennéade de barkios, 20:XI
Académie d’Alëandir



2ème jour de la 3ème ennéade du mois de Barkios, 20:XI
Heri Anardîl,

Peut-être n’en gardez-vous que peu de souvenirs, mais nous avions échangés sur quelques-unes des idées que j’avais fait passer à l’académie, il y a de cela quelques années déjà. Sachez que ces conversations épistolaires ont toujours eu un intérêt particulier pour moi, et il me plairait qu’elles reprennent. En effet, nous l’avons malheureusement fort brutalement arrêtée lors des énigmatiques événements du Voile. Or, nous étions loin d’avoir clos nos discussions si ma mémoire ne me fait pas défaut. Je ne suis plus certain d’avoir pu vous apporter les réflexions que j’avais menées sur la manière de rediriger les rayons lumineux sans changer pour autant l’image qu’ils véhiculent. Mon expérience personnelle me dicte que seule une étude préalable de leur chemin naturel, couplée à une mise en œuvre rigoureuse n’affectant qu’un point précis de l’espace, permet d’atteindre l’objectif énoncé. Néanmoins, nombreux sont les obstacles, comme je l’ai exposé dans le manuscrit simplement intitulé « La géométrie de la lumière » que j’ai fait amener à l’Académie, encore incomplet, il y a de cela plus d’un siècle. Sachez que, depuis, j’ai pu effectuer quelques progrès qui pourront attirer votre intérêt.

Ces progrès traitent de points qui me paraissent d’une complexité plus grande que les précédents néanmoins, et pourraient permettre de retrouver l’intensité des rayons lumineux provenant du ciel lointain, perdue dans leur trajet jusqu’à nos yeux. Ne trouvant pas de manière claire de les présenter par écrit ici même, je vous propose alors une rencontre dans l’Académie d’Alëandir, afin d’en discuter de vive voix. J’ai d’ores et déjà, prévu un voyage vers la cité éponyme, et je devrais déjà être parti lorsque cette lettre vous parviendra. Mon voyage ne me prendra pas plus d’une ennéade, j’arriverais donc dans la cité en ce mois de Bàrkios. Je vous prie de pardonner ce départ hâtif, pour lequel vous n’avez pas eu mt au chapitre dans l’organisation, mais quelques événements survenus récemment me pressent particulièrement.

Dans l’espoir que vous pourrez me recevoir au plus vite dans l’Académie, et avec toutes mes plus distinguées salutations,

Ameanor



Le midi approchait déjà alors qu’Ameanor était enfin arrivé aux portes de la grandiose Alëandir. Voilà bien une expérience nouvelle pour lui, qui n’avait connu qu’une cité ou la pierre ne laissait pas sa place à la végétation. Les elfes ici paraissaient plus joyeux, plus vivant. Leurs habits chatoyaient de mille couleurs différentes, juraient avec les couleurs sombres d’Ameanor, et ne rendaient la cité que plus attrayante pour le regard. Pourtant, le mage lumineux n’accordait que peu d’attention au monde qui l’entourait pour le moment. Il faisait un saut dans l’inconnu, son premier pas pour retrouver ce qu’il perdit dix-neuf longues années plus tôt. Pourrait-il un jour retrouver ce temps, qui avait filé sous son regard impuissant tandis que le noir s’épaississait autour de lui ? L’heure n’était plus à ces questions désormais. Non, l’heure était venue de se jeter dans l’inconnu, dans une entreprise qu’il attendait et redoutait tant. Lui, l’elfe solitaire qui n’avait plus connu de contacts sociaux depuis si longtemps, plongea dans les rues animées de la capitale pour rejoindre son objectif : l’Académie d’Alëandir.

Dans quel autre endroit aller ? Quelle autre possibilité Ameanor avait-il ? Filecthel n’avait pas posé son double choix avant qu’elle ne quitte Quatrième-Saison, peut-être s’était-elle finalement tournée vers la magie ? Peut-être partageait-elle encore la même passion que son père ? De toute évidence, il ne connaissait que cette place dédiée aux connaissances et à la magie dans cette cité. Quel autre choix avait-il alors ? Et, des nombreux Souffles qui s’exprimaient ici, il n’avait eu de contacts qu’avec une elfe : Anardîl. C’était une professeure de l’Académie, une mage avec une grande maîtrise de la lumière, qui s’était intéressée aux écrits qu’Ameanor avait envoyé à l’académie de longues années auparavant. Mais que lui dire ? Il n’allait décidément pas lui parler des troubles qui le rongeaient de l’intérieur, il n’allait tout de même pas partager son fardeau et ses échecs les plus cuisants comme s’il échangeait quelques mondanités…

Aussi, il n’avait pas trouvé mieux que d’envoyer une simple lettre annonçant qu’il venait partager une science qu’il n’avait même pas terminé de développer. Comme à son habitude, Ameanor s’était montré distant dans ses écrits, n’impliquant quasiment pas le moindre sentiment, et cachant la profonde angoisse qui le tourmentait derrière un discours parfois technique, d’autre, trop général et la plupart du temps, incroyablement laconique. Le mage s’en rendait bien compte, et il ne pensait pas que quiconque serait dupe. Cela faisait vingt ans qu’il n’avait plus adressé le moindre courrier à l’académie. Dans ce temps perdu, sa mémoire s’était comme étiolée. Il avait rejeté toute communication, restant enfermé sur lui-même et laissant dériver toute tentative de le retrouver sur le fleuve lent et sinueux de l’oubli. Ainsi, même si l’on avait essayé de lui envoyer quelques courriers que ce soit, Ameanor serait bien en peine de s’en souvenir. Dès lors, comment allait-on interpréter son silence ? Que savait-on des tristes événements entourant le Coromitinwë ? Comment ne pas se poser de questions, alors que lui, d’habitude prompte à proposer des écrits détaillés, parfois jusqu’à en devenir nébuleux, proposait de lui-même de se déplacer ? Lui, qui, jamais ne s’était éloigné à plus d’une heure de marche de Quatrième-Saison ? Tant de questions qui le tourmentaient depuis ce jour où il avait confié sa lettre au maître fauconnier. Pourtant, une question revenait toujours écraser les autres : serait-il possible, un jour, de retrouver le temps perdu ?

Le soleil atteignait son zénith, tout comme le stress que ressentait Ameanor alors qu’il arrivait aux portes de l’Académie. C’était là la meilleure chance qu’il avait de réussir sa tâche, et elle était si faible… Si dépendante de choses sur lesquelles il n’avait aucun contrôle… L’elfe soupira en levant les yeux au ciel, espérant presque y trouver la lumière réconfortante des étoiles pour le soutenir dans sa tâche. Mais il n’y avait que ce soleil printanier dans ce ciel bleu, dispensant une lumière propre à propager la joie du renouveau de la vie. Une joie qui ne pouvait plus imprégner le visage crispé du mage. Mais la résolution se lisait tout de même à travers la mélancolie de son regard. Ainsi, mettant ses mains dans le dos avec un soupir, Ameanor entra alors dans l’enceinte de l’Académie. Marchant vite, et regardant droit devant lui, comme s’il craignait que ses jambes ne le lâche avant d’atteindre sa destination, Ameanor se dirigea droit vers le bâtiment des chercheurs.

Mais il s’arrêta bien vite une fois le fameux bâtiment atteint. Le voilà dans une bien mauvaise posture : il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où trouver Anardîl. Au fond de lui, il avait espéré qu’il tomberait sur elle facilement, mais c’eut été trop beau. Pestant en son for intérieur, il se décida à interpeller un elfe qui lui paraissait être suffisamment vieux pour ne pas être un étudiant. Ne lui accordant qu’un regard rapide,

-Heru, pourriez-vous m’aider, je vous prie ? Je dois voir Heri Anardîl le plus tôt possible. Serait-il possible de m’amener à elle ? Ou au moins, d’annoncer mon arrivée ?

Le dos droit, les mains jointe derrière, le regard visant au-dessus de son interlocuteur, Ameanor pouvait paraître quelque peu froid, voir désagréable, même si ce n’était là qu’une attitude qui lui permettait de cacher son malaise. Néanmoins, les signes du fardeau pesant sur les épaules du père de famille étaient bien visibles pour tous. Ses cernes étaient encore plus profonds que d’accoutumé, creusés par les nuits hantées de cauchemars de son voyage, ses épaules étaient quelque peu affaissées et aucun sourire ne semblait capable d’apparaître sur ses lèvres. Si lui avait décidé de remonter le fleuve de l’oubli, les autres souhaitaient-ils le voir en ressurgir ?
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Anardîl Idräsil
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeMer 25 Jan 2023 - 22:11


Quelle mouche l’avait piqué ces derniers temps ? Quelle motivation ? Quelle folie ? Quelles envies ? Quoi – tout simplement ?

Le projet d’une vie, tout simplement. Et par les divinités, que ce projet était difficile, que ce projet était long. La Luminomancienne s’était perdue des mois durant, alors que ses travaux piétinaient de plus en plus… Quoi faire ? Comment le faire ? Peu ou proue avait-elle crue perdre l’esprit bien avant l’arrivée du mal du millénaire de vie…  Le moral avait alors été difficile à garder, et plus encore à retrouver lorsqu’il s’en fût bien malgré lui… La thaumaturge avait eu beau passer des heures, des jours, à lire tomes après tomes des travaux d’illustres mages avant elle ; elle avait eu beau relire tous les écrits qu’elle avait déjà compulsé par le passer pour préparer ses recherches actuelles ; elle avait eu beau s’enfermer dans la pièce qu’elle aimait le plus… L’étincelle d’intelligence, l’illumination, l’épiphanie… Jamais ne vint.

Une larme morne et froide avait perlé le long de ses joues alors qu’elle s’avoua finalement vaincue. Jamais elle ne parviendrait à trouver un moyen de communication intercités basé sur la lumière… Jamais elle ne réussirait à faire aboutir les travaux débutés par Fineldor. Elle devait abandonner avant de perdre l’esprit une fois pour toute…

Mais c’est alors que vint une missive. Une lettre, envoyée par un oiseau fidèle et bien dressé. Cette missive portait un nom que la magicienne de lumière n’avait point vu, ni lu, ni même prononcé depuis bien des années maintenant. Deux décennies au moins… Bien peu dans la vie d’une Elfe des cités… Mais, depuis le Voile… Une éternité, à n’en point douter. Ameanor Sindënellë. Un thaumaturge de lumière, lui aussi. Et pas n’importe lequel… Sans doute l’un des esprits les plus bruyant de ce cycle et du dernier, avec le Doyen de l’académie, évidemment. L’Elfe avait théorisé bien des choses sur la magie de Lumière, mais pas seulement : l’astronomie, la physique, n’avaient presque aucun secret pour lui. Et ses théories, jadis, furent d’une aide incroyable… Aujourd’hui, à n’en point douter, elles seraient salvatrices…

Enfin, un sourire lui vint aux lèvres lorsqu’elle reconnut le nom, et cette calligraphie. Les nouvelles étaient plutôt bonnes : l’Elfe avait fait de nombreux progrès qui méritaient l’attention de la magicienne et professeur en Luminomancie. Cette nouvelle lui fit l’effet d’une bombe. L’arrivée de son collègue et ami d’antan était pour bientôt, et ô combien avait-elle hâte !

Si hâte, que sa motivation fut renouvelée. Si envie, qu’elle imagina bien vite quelques moyens d’expériences, quelques idées à tenter, tester et à mettre en œuvre. Son cœur se remit à battre à la chamade, et la tristesse disparut aussitôt… Ce sourire qui était né de la lecture de la missive, ne cessa point ensuite, et l’ont vit alors la professeure reprendre du poil de la bête, ressortir de ses livres… Et préparer élèves, clercs et mages, pour les futures expériences nécessaires à ce projet académique.

Elle était dans la cour de l’académie lorsqu’arriva Ameanor. Avec toute une équipe à ses côtés, et des instruments divers et variés permettant moults expériences physiques et spectrométriques, la professeure était plus motivée que jamais… Et c’était vers elle que l’Elfe alpagué dans l’entrée du bâtiment le guida.
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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeVen 27 Jan 2023 - 0:58

Au plus grand étonnement d’Ameanor, ce fut vers la porte de sortie qu’on le menât. On le fit avancer dans la cour qu’il avait traversée précipitamment, sans un regard pour ce qui l’entourait. Et pourtant, c’était bien là que se trouvait sa destination et l’on aurait peine à croire qu’il l’eut raté précédemment ! Anardîl était bien là, mais entourée d’une petite foule de mages et d’elfes suffisamment jeunes pour n’être qu’apprentis. Plus étonnant encore était le nombre d’instruments sortis, divers sextants, astrolabes compas, des prismes cristallins montés sur des trépieds, d’autres, plus spéciales, capables de former deux images à partir des rayons lui passant au travers, divers miroirs droits ou sphériques et bien d’autres encore… Un véritable arsenal à côté duquel Ameanor était passé sans même s’en rendre compte !

C’était pour le moins inattendu, le maître scientifique s’attendant presque à ce que sa lettre reste morte, et que son nom ne soit qu’une vague mention dans les registres de l’académie. Se retrouver si brutalement projeté au-devant de la scène l’avait décontenancé, et son regard laissa filtrer son étonnement lorsqu’on lui désigna Anardîl au milieu du groupe d’elfe. Un étonnement qui se mua en appréhension lorsque vint l’idée que sa fille puisse se trouver ici. Mais, dans un mélange aigre-doux mêlant déception de ne pas retrouver Filecthel et soulagement que les retrouvailles ne se passent pas de cette manière, Ameanor constata que tous les elfes de la petite congrégation l’accueillant semblaient trop vieux pour que sa fille en fasse partie.

Après que son regard eût fait un rapide balayage de son audience, il s’arrêta quelques instants sur Anrdîl. C’était, à dire vrai, la première fois qu’il la voyait. Singulière rencontre, que ces deux mages ! Si l’une rayonnait, souriante, pleine de couleurs, l’autre paraissait terne, fatigué, ombrageux. Pourtant, une même passion, un même amour de la compréhension du monde les animaient. D’un premier coup d’œil, ils étaient si différents, et pourtant, même par lettres interposées, une affection sincère s’était développée entre les deux elfes. Ameanor baissa alors légèrement la tête en guise de salut tout en s’exprimant d’une voix profonde, douce et calme.

- Je vous salue chaleureusement, Heri Anardîl. C’est un véritable plaisir pour moi d’enfin vous rencontrer, dit-il en se relevant. Pardonnez mon étonnement, je dois vous avouer que je ne m’attendais pas a voir autant de monde ici aujourd’hui. Je pense que nous avons des affaires fort intéressantes à discuter néanmoins. Et j’espère que nous pourrons rattraper le temps perdu de ces dernières années.

Ameanor fit une courte pause et balaya rapidement l’audience du regard. Il n’avait pas l’habitude de se retrouver dans une situation telle que celle-ci, il avait fait tous son apprentissage seul avec un maître, et avait évité les foules pendant la quasi-totalité de sa vie. Autant dire que les têtes à têtes lui étaient bien plus maîtrisés que les colloques… De nouveau, le regard d’Ameanor se porta vers Anardîl, manière pour lui de se rassurer, bien qu’il s’adressât à tous.

- Hery, je suis honoré que vous vous soyez rassemblé pour mon humble visite à l’académie. Pardonnez donc mon impréparation, je ne m’attendais pas à ce que mes travaux aient pu attirer tant d’engouement. Même si je pense que c’est bien inutile pour vous, laissez-moi me présenter avec plus de forme : Ameanor Sindënellë, luminomencien, astronome et pratiquant des sciences naturelles de la lumière. Heri Anardîl, je vois que vous avez fait rassembler un matériel exceptionnel ici, peut-être seriez-vous intéressée à ce que nous profitions de cet instant pour faire quelques démonstrations en public ? Dernièrement, je me suis intéressé à une manière de rendre plus intense la luminosité d’une image sans en changer la nature, en me focalisant non pas sur l’idée de donner la forme que je souhaite aux rayons lumineux, mais en affectant les propriétés géométriques de leurs trajectoires en quelques points particuliers très définis. Mais Heri Anardîl, peut-être, souhaiteriez-vous me proposer un point qui vous tient particulièrement à cœur ?

Tout en parlant, Ameanor lançait régulièrement des regards aux passants, dans la cour, avec un, parfois une pointe d’espoir bien vite déçu. Il ne savait pas vraiment s’il pouvait se permettre d’espérer, mais il ne pouvait pas s’en empêcher.


Dernière édition par Ameanor Sindënellë le Ven 27 Jan 2023 - 22:31, édité 1 fois
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Anardîl Idräsil
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeVen 27 Jan 2023 - 10:07

Virevoltant aux vents, une fine brise printanière rafraîchissait les souffles et les vies qui s’agitaient sous les frondaisons qui tamisaient les airs de la cité d’Aléandir. Animée par une volonté renouvelée, Anardîl était en joie, mais surtout… Elle était rassurée. Rassurée de ne plus être seule, de ne plus attendre, chercher, décortiquer l’esprit pour rien…

Ces dernières années, la magicienne avait tout tenté pourtant… Recherches, lectures, visites dans les tréfonds de la bibliothèque et des archives… Et même, une expédition menée avec l’actuel commandant des forces royales, au beau milieu de la forêt et des créatures dangereuses qui l’habitent. Rechercher l’inspiration face au danger… Rechercher quelques informations, quelques petites choses, on-ne-sait où… On-ne-sait quand… Mais rien n’était venu.

Aujourd’hui, les choses changeraient. Elles changeraient, car quelqu’un lui apportait non seulement des réponses, mais en plus, une aide qui se voulait précieuse. Les échanges passés entre Ameanor et elle, par le passé, s’étaient déjà montrés prolifiques et avantageux pour la science et la magie… Nul doute qu’aujourd’hui, tout cela recommencerait maintenant.

Aussi fit-elle préparer quelques élèves, clercs et apprentis. Les chantiers qu’elle avait pensé par le passé, et les expériences scientifiques qu’elle avait imaginé, tout allait se mettre en place maintenant, grâce à l’aide des petites mains et des cerveaux qui ne demandaient qu’à être formés et informés. Et grâce aux apports d’un maître doué dans son domaine.

Et enfin, le voici. Lorsqu’il se fit connaître, Anardîl fit volte-face avec la grâce et la candeur des Elfes. Son habit de lin et de lumière virevoltait dans les airs, et un regard empli de joie, et un sourire charmant, se posa sur son vis-à-vis nettement plus… Terne. L’espace d’une demi seconde, le cœur d’Anardîl se serra. Comment un tel être sylvestre pouvait-il se montrer si sombre, en étudiant tant de lumière ? Tout transpirait… La tristesse, ou serait-ce la solitude ?
« Oh ! Ameanor ! » S’exclame-t-elle, presque surprise, choquée… Mais toujours souriante. « Plaisir partagé. » Lui répondit-elle, avant de l’écouter, puis de reprendre, d’un air à la fois surpris et presque désolé pour lui. « Tant de monde ? Est-ce… Est-ce là quelque chose qui vous contrarie Heru ? Ou… Cela vous dérange-t-il ? »

Elle était sincèrement et timidement inquiète pour son vis-à-vis. A peine arrivé, et visiblement déjà choqué, ou en posture désagréable, le thaumaturge se montrait hésitant, et… Affaibli ? Sans doute était-il du genre d’érudits et d’académiciens qui se complaisent à construire amitiés et relations avec les êtres du passé, au travers d’écrits séculaires ? Les relations entre les individus… Sont… Difficiles à comprendre pour quiconque se prend plus d’amitié et d’amour pour les vélins et les connaissances, que pour les relations sociales. Anardîl en connaissait quelque chose… Elle-même, au crépuscule de son huitième siècle de vie, ne s’était jamais liée à qui que ce soit, ni n’avait jamais eu la joie et la bénédiction d’enfanter.
« Le temps perdu est… Perdu… » Dit-elle, rependant à ses propres errements, ces dernières années. « Ce qui importe, c’est le temps qui nous reste en ce monde. Autant faire de ce temps… Quelque chose d’extraordinaire ? »

Sa question était rhétorique en effet. Mais l’Elfe reprend bien vite, et se présente. De toute évidence, après les premiers temps, l’Elfe timide parvient à reprendre le dessus sur ses émotions, sans doute transporté par la recherche et le but de sa visite, qu’impressionné par la surprise de son arrivée.

Et ses propos sont… Fascinants. A mesure qu’il explique l’étendue de ses dernières recherches et de ses derniers intérêts, l’entourage se fige… L’écoute… Fait de gros yeux… Et se prend à imaginer. Anardîl, elle aussi, imagine. Elle imagine les rayons lumineux, les particules, les ondes, cette sensation de magie qui la parcours quand elle pratique la luminomancie… L’approche d’Ameanor était… Passionnante.
« Incroyable ! Quand avez-vous réussi à penser à tout cela ? » Demande Anardîl, souriante, enjouée. « Je n’ai pas prévu de présentation publique… Ces jeunes souffles sont là pour nous aider : ce sont mes étudiants. » Dit-elle, présentant l’assemblée d’un petit geste de main. « Nous vous attendions. Voilà des ennéades, des mois même… Que je coince sur mes expériences. Je cherche, comme vous le savez, à créer un moyen de communication inter-cité basé sur la lumière. Je n’ai… Encore réussi qu’à reprendre et imiter, et légèrement peaufiner les travaux de Fineldor… En transmettant de simples messages basés sur la couleur. J’avais dans l’hypothèse de manipuler la lumière via sa chaleur plutôt que par son intensité ou sa couleur, afin d’affiner de potentiels messages. Vous voyez ? En fonction de la chaleur… Faire passer un message plutôt qu’un autre. Mais cela reste encore basique… »

La déception se voyait sur son visage et se lisait dans son regard. Elle n’avait point avancé d’un iota… Et cela était difficile à encaisser.
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeVen 27 Jan 2023 - 22:30


Un sourire mélancolique traversa rapidement le visage d’Ameanor alors qu’Anardîl partait de l’avant avec enthousiasme. Qu’il aurait aimé être capable de penser comme elle ! Mais ce n’était pas une chose si facile, ce n’était pas une chose que l’on pouvait forcer à vrai dire. Quand l’on s’accroche désespérément au bord d’un gouffre de ténèbres depuis aussi longtemps qu’Ameanor, la lumière d’un nouveau lendemain meilleure ne parait plus qu’une légende lointaine. Ainsi, l’on se prend à regretter le temps passé dans cette noirceur autant que le temps d’un ancien passé, où la lumière brillait sur le champs verdoyant d’une vie en plein essor.

Mais, bien vite, le mage astronome s’extirpa de ses pensées, car ce n’était plus l’heure des lamentations. Et, pour un temps au moins, la science et la magie pouvaient accaparer son esprit, laissant le reste de ses troubles sommeiller dans l’ombre. En effet, bien que beaucoup plus pratique que ce sur quoi Ameanor avait l’habitude de travailler, les sujets d’étude de ce collègue luminomencienne n’en était pas moins intellectuellement stimulants.

- Vous avez raison, Heri, focalisons-nous sur l’avenir plutôt que de ressasser le passé, dit alors Ameanor sans trop de conviction. Quand à savoir d’où vient mon approche, la raison ne se trouve guère loin ! Je me plais à observer les astres, leurs mouvements et leurs particularités. Mais il est bien difficile d’avoir des détails, vu la petite taille apparente de ces objets. Et essayer de recréer de la lumière pour les agrandir artificiellement n’est pas une option ! Telle une copie d’un manuscrit répétée mille fois, les erreurs ne sont pas évitables en procédant de cette manière, et le message peut en être grandement dénaturé. Il est, alors, bien plus pratique, et moins coûteux en énergie, de seulement tordre le chemin de la lumière selon les principes naturels qui régissent notre vue. Si, bien entendu, un travail préalable a déjà été fait pour rationaliser le chemin que prend la lumière…

Le mage fit une courte pause, se rendant compte qu’il s’éloignait de son sujet, et se perdait, comme à son habitude, dans des détails qui n’étaient pas forcément recherchés. Il secoua rapidement la tête avant de reprendre.

- Pardonnez-moi, je m’égare. Laissez-moi vous dire que vous m’impressionnez, en tout cas. Ayant appris l’art de la magie comme seul élève de mon ancien maître, à Quatrième-Saison, je ne suis pas habitué à voir autant d’étudiants ! Vos talents de pédagogies sont tout à fait remarquables, je ne m’imagine pas réussir ce que vous faite ici. Mais revenons à vos travaux, voulez-vous. Après une nouvelle pause de quelques secondes pendant laquelle Ameanor passa sa main derrière sa nuque, l’air pensif, il reprit. Je ne comprends que trop bien vos peines… Se retrouver enfermer dans un méandre de questions sans fin qui ne trouvent aucune réponse est une épreuve dans laquelle nous sommes tous passés, j’en ai bien peur… Vous soulevez tout de même es points très intéressants, tant sur la limite de l’utilisation de la couleur que sur la nécessiter de passer par d’autres propriétés de la lumière…

Le regard de l’érudit se perdit alors dans le ciel, tandis que sa main gauche, par réflexe, vint caresser le clapet fermant son astrolabe, au travers de la toge bleu qu’il portait. Sa voix se fit moins forte alors qu’il semblait réfléchir à haute voix.

- Mais la température, voilà quelque chose qui pose tant de questions… Et sans jouer sur l’intensité ? Comment faire alors ? Hum… Il y a bien la longueur des onde lumineuses : les plus longues, celles qui s’étirent plus encore que le rouge, chauffent bien plus que les plus courtes, celle se rétrécissant après le bleu, mais il est bien difficile d’en générer en grande quantité… Bien sûr, d’autres propriétés existent, comme la rotation temporelle de la lumière, ou la longueur de l’émission de chaque partie d’un rayon lumineux, mais moi-même, je n’arrive guère à les maîtriser correctement, et encore moins à une grande échelle. Ou bien, en jouant sur la focale de rayons particulièrement étendus…

Ameanor plongea son regard, qui s’était fait étonnamment plus intense, dans celui d’Anardîl. Si ses petites pattes d’oie et ses cernes étaient toujours présentes, ses yeux avaient comme changé, et véhiculaient une vigueur nouvelle.

- Heri, lors de mes études, j’ai souvent rencontré ce point particulier, ce point focal. Lorsque vous tordez la lumière de manière symétrique autour d’un point, alors, les rayons convergent et viennent se croiser en un point particulier. Sur ce point, l’image d’un objet est nette, mais sa luminosité est, de même, plus forte. Ainsi, la chaleur que génère chaque rayon s’additionne et la chaleur en ce point n’en est que plus intense. Peut-être que générer un grand nombre de rayons sur une zone étendu, puis n’en recombiner que la quantité désirée, serait une piste pour modifier les messages que vous vouliez envoyer ? Je pourrais, bien sûr, vous montrer comment je pratique l’art de modifier les trajectoires lumineuses… Ce n’est, en soit, pas des sorts très compliqués, il suffit d’un peu de pratique pour se rendre compte de la manière de procéder. Mais… Reprit le mage après une très courte pause, je pense à l’instant à un paramètre que nous négligeons bien trop souvent dans notre domaine : le temps. Plus j’avance dans la compréhension du phénomène de la lumière, plus j’ai la sensation que son importance est plus que capitale. Néanmoins, sans aller dans les détails qui me pendent moi-même, le temps d’illumination de chaque couleur ne pourrait-il donc pas être un support de l’information ?

Un petit sourire mélangeant une satisfaction et une certaine forme de gratitude vint s’afficher sur le visage de l’elfe paraissant si triste, quelques minutes, auparavant. Cela faisait une éternité qu’il ne s’était plus plongé avec autant d’ardeur dans le monde des idées, et le défi qu’on lui lançait ici l’aidait à se soutirer de son malheur habituel. Ce simple bonheur le ramenait dans un passé qui semblait parfois définitivement révolu.
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Anardîl Idräsil
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeSam 28 Jan 2023 - 4:42

La Luminomancienne était aux anges, et pour la première fois depuis plusieurs mois, elle se prenait à espérer. Pourtant, jamais elle ne s’était départie de ses atours lumineux aux couleurs chaudes, ni de son sourire chatoyant, et encore moins, de son attitude chaleureuse. Celle qui, dans l’esprit de certains, incarnait le cliché parfait de l’être du Lumière, avait pourtant eu des moments bien sombres… Mais si ses pensées s’étaient effectivement assombries, c’était moins à cause de déceptions professionnelles que par un réel sentiment de malheur et de tristesse. Magicienne et professeure ayant dédiée sa vie à l’étude de la magie, enchaîner les échecs et stagner dans ses travaux n’était jamais facile à vivre… Mais aujourd’hui, tout allait changer. Assurément.

Telle la digne représentante de la grâce Elfique, la professeure baissa respectueusement la tête, rapprochant son menton de sa poitrine, lorsque son vis-à-vis se mit à vanter ses mérites pédagogiques devant l’assemblée d’élèves ainsi réunis. Remontant le bout de son nez vers Améanor, son sourire ne peut quitter son visage, et ce, même lorsque le thaumaturge se perd de temps à autres dans ses pensées et ses réflexions. Son cerveau, tels les astres qu’il étudie avec passion, semble constellé de milliers d’intuitions scintillantes et brillantes qu’il est seul à pouvoir observer. Toutefois, Anardîl désirait apprendre, comprendre… Et sa curiosité était sans cesse renouvelée.

Lorsque la question du mage survient, Anardîl se prend de nouvelles réflexions. Sa main droite se leva, rejoignant son menton et frottant celui-ci. Son bras gauche se plaça devant sa poitrine, et son coude droit, lui, se posa sur le bras opposé. Imitant ainsi une position de penseur, la Luminomancienne se triturait les méninges…
« Peut-être aurais-je dû préciser ma pensée… » Dit-elle, avant de se ressaisir et de reprendre. « Lorsque je parlait d’utiliser la chaleur, c’était, évidemment, d’un point de vue magique. » Dit-elle. « Il existe de nombreux moyens de communications. Outre la voix, les sons sont utilisés par certains clans : sifflements, claquements de doigts… Le rythme utilisé permet d’encoder des mots, des phrases, ou des expressions complètes, permettant une communication bien plus distante que la simple voix. Les travaux de Fineldor permettent d’envoyer des messages basiques basés sur la couleur. Par exemple, le rouge renvoie à un message d’alerte… Pour ne citer que celui-ci. » Explique-t-elle, sans s’épancher plus sur les travaux de l’ancien seigneur protecteur de Tethien. « Afin de complexifier les messages, et d’user de magie, j’ai émis l’hypothèse de travailler la chaleur d’avantage que l’intensité lumineuse ou la couleur. Après tout, nous, mages de Lumière, pouvons, avec la pratique, décortiquer tous les aspects de la lumière, que celle-ci soit visible ou non… La chaleur étant également affaire de longueur d’onde, peut-être que coupler ces deux systèmes serait… Plausible ? » Suggère-t-elle. « Mais là où vous, vous vous êtes heurté face au facteur temps… Moi, je me suis heurtée au facteur météo, en plus du facteur géographique. Les frondaisons, l’humidité, les arbres, les nuages… Tout cela dénaturait le message, pour ne pas tout simplement empêcher sa transmission. »
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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeSam 28 Jan 2023 - 14:21


Le regard d’Ameanor se perdit de nouveau dans le ciel alors qu’il se plongeait dans une nouvelle réflexion. Il était vrai qu’il avait plus l’habitude d’utiliser sa magie pour étudier et comprendre des lois physiques. Ainsi, il ne s’encombrait que peu des contraintes liées à la mise en pratique de certains sorts à grande échelle, hormis lorsqu’il s’agissait d’observer les astres, bien sûr. Néanmoins, des questions importantes étaient posées ici, voir même fondamentales, aux yeux du thaumaturge. Comment donc un maître de la lumière pouvait-il contrôler la température si ce n’est par l’interaction de la lumière avec la matière ? Et tant de facteurs entraient dans cette équation, la tache en était alors forcément ardue.

- J’avoue que, bien qu’ils soient intéressants, je ne me suis que peu penché sur les travaux de Fineldor puisque mon intérêt s’est plus porté vers des aspects plus fondamentaux, reprit alors Ameanor en retrouvant le contact oculaire avec sa collègue estimée. Il me semble que vous maîtrisez bien mieux le sujet que moi, Anardîl, mais je ne vois pas d’autres manière, à ma portée en tout cas, de changer la température sans faire interagir des rayons lumineux avec la matière. Et, dans ce cas, intensité, longueur d’onde tout comme le temps sont des facteurs entrant en jeu. Et vous ne pouvez imaginer comme je comprends vos griefs contre la météo imprévisible qui vient perturber nos travaux, dit le mage tout en affichant un sourire compréhensif. Combien de soirs ai-je déjà perdu à cause de nuages qui ne voulaient pas dévoiler le ciel étoilé… Et, justement, ce fut en désespoir de ne plus voir le ciel que j’ai fini par me rendre compte d’une chose : certaines longueurs d’onde ne sont presque pas affectées par l’humidité, les nuages, ou tout ce qui compose notre ciel ! Dans les longueurs plus grandes que le rouge, certaines se transmettent dans l’air et à travers les nuages et le brouillard en perdant une énergie si minime qu’il m’a été possible d’observer des étoiles cachées par les phénomènes météorologiques ! Et puisque l’augmentation de la température d’un corps sous l’effet de la lumière est due à l’absorption de ce corps, il suffirait d’en placer un qui, lui, absorbe cette longueur d’onde. Or, chaire, plantes, et différents métaux comme le fer semblent particulièrement absorber dans cette zone du spectre de la lumière.

Ainsi, continua Ameanor, le nouveau problème serait de tracer un chemin pour amener la lumière au point désiré sans qu’elle ne se fasse arrêter par les arbres, qui en changerait le message inscrit dans la température. Le scientifique attrapa alors un bâton et traça sur le sol une série de traits verticaux parallèle entre eux, dont il relia les sommets avec des segments en dents de scie. Peut-être pourrions-nous outrepasser les limitations proches du sol en envoyant la lumière non pas vers sa destination, mais vers des points fixes en hauteur. Sur ces points fixe, par des rituels, nous pourrions essayer de rediriger les rayons d'une trajectoire vers le ciel vers une nouvelle trajectoire, en direction de la destination choisie. L’on pourrait multiplier le nombre de points fixes autant que nécessaire pour passer les obstacles tels que les montagnes et autre… Une solution qui serait néanmoins coûteuse, et demanderait que des rituels soient effectués en chaque point fixe… Et un grand nombre d’essais-erreur seront nécessaires pour trouver les longueurs d’onde précises à utiliser pour ne pas perdre d’informations. Néanmoins, vous pourriez ainsi compléter les messages colorés avec une information de température, puisque les longueurs d’onde ne se mélangent pas.

Il est toujours difficile, et coûteux en énergie, de générer des lumières dans ces longueurs d’onde invisibles tout de fois. Je ne sais pas si vous pensez qu’il serait faisable de créer des rayons suffisamment intenses pour chauffer un corps à la température souhaitée… J’aurais peut-être quelques pistes sur ce point, pour générer des lumières dans ces couleurs invisibles sans entièrement s’épuiser, mais rien n’est très certain. Oh, Continua Ameanor, mais pardonnez-moi, je me suis peut-être encore perdu dans mes réflexions ! Vous aviez peut-être déjà une excellente idée de la manière de jouer sur la température sans passer par l’interaction lumière-matière ! Je dois vous présenter ma gratitude, cela faisait longtemps que je n’avais pu me plonger de nouveau dans le monde des idées tel que maintenant, mais la contrepartie est que je risque de m’être éloigné de votre sujet… J’espère tout de même avoir apporté quelques idées…
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Anardîl Idräsil
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeJeu 2 Fév 2023 - 1:32


Les propos de l’astronomes étaient fascinants pour la magicienne. Emportée, comme transcendée même, par toutes ces informations que distillait Ameanor, la professeure s’était mise dans une posture d’écoute parfaite, qu’elle affectionnait particulièrement : droite, mains jointes au-devant de son bas ventre, les bras pendant et la mine dressée vers celui qui était à la fois son vis-à-vis, et son interlocuteur. De temps à autres, quelques mouvements d’approbation et quelques moues de réflexion venaient trahir cette impression de roc, par quelques mouvements de vie. Pour la première fois depuis plusieurs ennéades, et plusieurs mois même… Les choses prenaient une tournure positive, et les avancées se profilaient. Rien n’était encore fait, bien-sûr… Mais les discussions ravivaient une flamme scientifique que l’ennuie et les échecs auraient pu éteindre à tout moment.
« Les longueurs d’ondes qui n’appartiennent pas au spectre du visible, ont encore bien des secrets à révéler… Néanmoins, j’ai passé tant d’années à étudier la magie de Lumière, que je puis être fière de dire que, aujourd’hui, il m’est capable de les ressentir, de les modeler, et d’en faire usage presque selon mon grès. » Dit-elle, la mine levée et le sourire naissant. « Lors d’une de mes expéditions passées, j’ai ainsi pu ressentir l’énergie de la faune présente derrière l’épaisse forêt qui nous entourait. C’est ainsi que j’ai pu déceler l’approche d’un prédateur à plusieurs dizaines de mètres, et malgré les arbres, les feuillages, et un paysage quelque peu vallonné. Mon focalisateur… » Dit-elle, en levant la main et en montrant une épaisse chevalière finement ouvragée. « … Fonctionne de telle manière, en mon esprit, que je visualise la trame et la lumière comme autant de faisceaux vibrant chacun d’une manière qui leur est propre. Ainsi, telle la musicienne avec sa harpe, il m’est possible de choisir telle longueur d’onde plutôt qu’une autre, et d’en saisir la proximité, la taille, l’intensité… Et de la retranscrire en une image plus ou moins correcte en mon esprit. »

Si l’explication pouvait porter à sourire puisqu’elle utilisait à la fois l’analogie de la musique et de la prédation, Anardîl voulait surtout imager son propos, et un argument : la magie avait beau suivre des lois universelles, chacun possédait une méthode propre pour en permettre la maîtrise. Elle voulait aussi montrer que, à l’instar d’Ameanor, elle possédait elle aussi une certaine maîtrise du spectre lumineux. Ainsi pourraient-ils préparer d’autant plus d’expériences qu’il en existerait de possibles, de pensables, et de réalisables.
« Jusqu’ici, les essais et expériences ne ce sont faites qu’à très petite échelle. La contrainte géographique est donc limitée, puisqu’il s’agissait de communiquer d’un point à l’autre d’une cité, la cité de Tethien. » Explique-t-elle. « Néanmoins, il m’est rapidement apparu utile, voir vital, qu’une telle communication à grande échelle doive ce faire via des espaces dépassant la plupart de nos contraintes, à savoir, la canopée. Le ciel serait ainsi bien plus facile d’utilisation pour nous, comme vous le suggérez. » Concède-t-elle, en souriant. « Pour… Eh bien, pour ce qui est de l’interaction lumière/matière… Nous… Nous avions utilisé des miroirs polis… Simple d’utilisation, pratique à mettre en place et à fabriquer… Mais… Je ne sais pas si cela s’appliquerait à une plus grande échelle… »


Dernière édition par Anardîl Idräsil le Lun 6 Fév 2023 - 13:36, édité 1 fois
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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeJeu 2 Fév 2023 - 20:19


Ameanor entrevoyait désormais l’un des grands bénéfices de l’académie. L’étude isolée de la magie et de la physique lui avait apporté le plus grand bien, lui avait permis de développer une pensée et une manière de faire unique. Mais même cet elfe solitaire devait admettre que le partage de ses points de vue et de ses manières de faire avec d’autres maîtres était aussi stimulant que riche en enseignement. Pour la première fois depuis bien longtemps, le mage échangeait avec une talentueuse thaumaturge de son domaine, et en tirait d’édifiants enseignements sur la manière d’appréhender l’énergie mystérieuse qu’est la magie. Et l’académie, rassemblement de tous les plus grands esprits d’une race qui avait la connaissance et la compréhension comme idéal, était le meilleur endroit pour nourrir un esprit avide de savoir.

Ainsi, ce fut au tour d’Ameanor de prendre une position de réflexion tandis qu’Anardîl exposait se manière de voir et modeler magie et lumière. Un intérêt particulier avait animé son regard alors qu’elle décrivait sa manière d’utiliser son focaliseur, qu’il interprétait, au premier abord, comme une fusion du phénomène naturel qu’est la lumière avec la magie sur des propriétés communes. Un sourire apparu au coin de ses lèvres lorsqu’elle utilisa la musique comme comparaison, puisqu’il lui semblait depuis bien longtemps que celle-ci partageait aussi des points communs avec la lumière, faisant vibrer la matière plutôt qu’une énergie invisible. Ainsi, ce fut à la fois méditatif et enthousiaste qu’il reprit la parole.

- Tout ceci est proprement fascinant, très cher consœur. Dans mon exil loin de l’académie, je n’ai presque jamais eu l’occasion de confronter les différentes manières que des maîtres ont à exercer leur art, je dois bien l’avouer. Votre talent et votre affinité avec la magie m’impressionnent, je dois bien l’admettre. Peut-être suis-je trop attaché à une approche analytique et à mon besoin constant de rationaliser, d’expliquer et de reconstruire les lois fondamentales de ce que j’observe pour atteindre une symbiose telle que celle que vous avez développé avec la lumière ? Ameanor fronça les sourcils tout en posant une nouvelle fois sa main gauche sur son astrolabe. Bien sûr, alors que je m’ouvre aux énergies magiques, la lumière m’apparaît sous un nouveau jour. Ses vibrations, ses mouvements, ses longueurs et ses compressions, ses manières de tourner ou de s’effacer, de pulser et de briller se font sentir dans tout mon être. Mais tous ces mouvements, tous ces temps différents, je me dois de les décomposer pleinement dans mon esprit afin de les atteindre, et je ne peux les ressentir aussi puissamment que vous. Levant les yeux au ciel et tendant le bras droit en sa direction, le mage continua. Ce n’est qu’une fois que j’ai déconstruit les lumières dont j’ai besoin que je peux les recombiner de la manière que je veux, tel un peintre qui écraserait des fleurs pour en extraire la couleur et, ainsi, en recombiner de nouvelles afin d’en peindre de nouvelles sur une toile immatérielle.

Se rendant compte qu’il s’était de nouveau perdu, s’éloignant des objectifs et difficultés de sa vis-à-vis, l’astronome se tût en se raclant la gorge et en secouant la tête. Plaçant sa main gauche dans son dos et ramassant de nouveau un bâton, Ameanor se concentra de nouveau sur son objectif avant de reprendre.

- Pardon, je m’égare encore, il me semble. Effectivement, la dimension spatiale est primordiale lorsque l’on parle de lumière, même lorsque celle-ci n’est que peu affectées par notre atmosphère. Si des miroirs ont pu s’avérer suffisants pour transporter des lumières colorées au sein d’une cité, je crains que ce ne soit pas le cas sur de plus grandes échelles. En réalité, si l’on se plaçait dans un monde parfait, ces miroirs pourraient fonctionner, mais je crains qu’il n’existe pas d’artisan suffisamment précis en ce monde pour en créer de suffisamment parfait et ainsi véhiculer la lumière sur de très grandes distances. Voyez-vous, continua Ameanor en traçant un trait d’abord droit, puis qui partait avec une très légère courbure. Il fit arriver une nouvelle droite sur ce trait avec un angle d’incidence et le continua tel qu’il devrait être réfléchi jusqu’à un cercle plus loin. Il traça un nouveau rayon, parallèle au premier, mais qui touchait la partie légèrement courbe, et sa réflexion le fit arriver en un point différent du rond tracé plus loin. Si une petite imperfection ne change pas grand-chose sur des petites distances, elle sera ingérable sur de plus grandes distances, termina-t-il en prolongeant les rayons réfléchis et plaçant le cercle sur la trajectoire du premier rayon. Le second, cette fois, ne touchait plus le cercle. Et puisque nous parlons de centaine de kilomètres, il suffit vraiment de très peu pour perdre dans la nature une part substantielle du rayon généré.

Et quand bien même nous arriverions à créer un outil avec une précision suffisante, il demandera une attention de chaque instant. Tout d’abord, la matière absorbera quelque peu la lumière, et le métal que l’on utiliserait comme miroir vieillira face aux affres de la nature : il perdra son polissage, se salira et n’en renverra que moins bien la lumière. En vérité, je pense que votre salut se trouve plutôt dans la magie. Mais pas pour donner la forme que vous souhaitez à la lumière, non, mais pour en changer les propriétés à un point précis. Je pense qu’il serait possible, en passant par un rituel à créer, d’inscrire dans le temps une modification de la trajectoire de la lumière en un point particulier pour qu’elle suive l’exact trajet que l’on souhaite. Imaginons donc que l’on veuille envoyer un message à Quatrième-Saison. Il faudrait se placer en hauteur, dans Alëandir, afin d’envoyer une lumière. Nous pourrions alors installer un avant-poste dans les monts Telion, et y faire un rituel pour modifier la trajectoire d’un rayon ayant l’exact angle de celui provenant d’Alëandir pour le transmettre, en l’orientant vers le bas, jusqu’à Quatrième-Saison. Il faudrait, pour ce faire, que l’on rassemble des mages compétents et que l’on créé et prépare un tel rituel bien sûr… Je pourrais…

Ameanor s’arrêta net dans sa phrase, laissant un silence pesant. S’imaginer organiser un tel voyage, même dans un lointain futur, avait ramené son esprit depuis le monde des idées dans le monde des mortels. Ses épaules comme ses oreilles s’affaissèrent légèrement, et son regard se voila d’une sombre tristesse faisant ressortir les cernes profonds de son visage. Une ombre existait dans le cœur du maître des étoiles, une ombre que ni son amour pour la science, son entrain pour la magie ou même son plaisir de partager une réflexion commune ne pouvait effacer. Elle était toujours là, et n’avait fait qu’attendre son heure pour, de nouveau, se manifester. Quand l’astronome reprit la parole, sa voix était plus faible, plus hésitante.

- Heri Anardîl… Je suis désolé d’interrompre ainsi nos réflexions, mais j’aurais aimé m’entretenir d’une requête avec vous… Dans un endroit un peu plus privé. Il y a… Des choses dont je dois m’occuper au plus vite, ici.
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Anardîl Idräsil
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeLun 6 Fév 2023 - 14:36

Une part d’elle ressenti une amère déception lorsqu’un esprit aussi éclairé qu’Ameanor objectiva, lui aussi, l’impossibilité d’user des miroirs pour autre chose qu’une communication à petite échelle. Bien-sûr, elle n’était ni dupe, ni naïve… Elle savait, bien-sûr, qu’user de miroirs ne serait point chose faisable. Mais elle avait espéré un peu plus de pistes… Sans doute, après tout, était-ce là un rêve naïf. Attendre d’un autre esprit une solution pour conserver l’idée des miroirs, tout en l’améliorant… Oui, cela était naïf à n’en point douter.

Sa déception, elle ne pu en cacher aucun aspect. Son visage se ferma, ses yeux descendirent jusqu’au sol et sa moue se fit presque honteuse. Si elle était d’un tempérament impulsif, elle tapoterait presque du pied sur le sol comme pour pouvoir oublier et passer à autre chose, encaisser la chose sans rompre son calme. Heureusement, la professeure était aussi calme qu’elle était patiente, et si son visage trahissait en effet un inconfort notable, le reste de son attitude se fit digne et posée.

Elle reprit toutefois des couleurs et quelques sourires lorsque le mage émit une hypothèse qui pourrait sauver le projet : rituels, incantations et moyens thaumaturgiques et physiques de sauver longueurs d’ondes et messages, intégrité du support et intégrité du sort. Il n’y avait pas encore d’idées précises, ni de vecteur dédié. Les deux luminomanciens n’en étaient qu’au début de toutes ces recherches, de toutes ces démarches… Mais l’esprit d’Ameanor était une bénédiction pour celui d’Anardîl qui n’en pouvait plus de tourner en rond sans avoir de réelle avancée…
« Bien-sûr, les miroirs étaient des moyens à court terme de valider une hypothèse. Avant d’envoyer un message, même simpliste, à l’autre bout des terres d’Anaëh, il nous fallait déjà pouvoir communiquer à quelques toises de distance… Puis, à l’échelle d’une cité. Mais je me doutais… Non, je savais pertinemment, que cela ne pouvait point être déclinée à une grande échelle… Toutefois, je reste fort déçue de l’entendre de votre bouche… J’en étais venue à imaginer quelques miroirs en Acier Véladrien… Et même, à mander aux Nains leur aide et leurs runes pour tel projet… C’est dire l’étendue de mon désarroi avant votre arrivée… » Dit-elle, explicitant l’étendue de toute sa pensée, de ses recherches passées, de ses illusions et de ses déceptions. « Mais vos idées sont semblables à de nouveaux horizons qu’ils nous faut explorer. Tels des aventuriers, des explorateurs, nous voguons sur un océan d’inconnues et de variables maîtrisables, et nous devons planter le fanion du savoir sur de nouveaux territoires magiques… »

Cette dernière phrase était à la fois philosophique, et symbolique. La philosophie d’une manière de faire, d’une manière de voir les choses, de voir la coupe toujours à moitié pleine. La symbolique, aussi de voir enfin de nouveaux cieux, plus bleus, plus beaux, moins nuageux, s’ouvrir sur un avenir radieux. Si l’esprit d’Anardîl était tel un volcan tumultueux, elle devait rester de marbre face aux élèves, et face au nouveau maître fraîchement arrivé.
« Pardonnez-moi ? » Demanda-t-elle, alors que le thaumaturge demandait soudainement, et doucement, une requête… Personnelle. « Heu… Oui, oui. Suivez-moi, mon bureau se trouve dans un des étages de l’académie. Nous y serons seuls. » Elle se retourne. « Elèves ! Veuillez je vous prie réaliser à l’échelle 1/10 000, notre modèle de communication intra-cité. Vous incanterez quelques faisceaux lumineux chacun votre tour, parmi tous ceux du spectre lumineux et vous calculerez l’angle d’incidence nécessaire pour transmettre ce faisceau messager autour d’un axe central, sur 360°. Mages… » Dit-elle enfin, s’adressant aux deux plus anciens diplômés, lesquels se devaient encore d’apprendre, mais aussi, d’aider la professeure dans ses démarches académiques. « Réalisez le même exercice, dans le spectre de l’infrarouge cette fois-ci. » S’assurant de la compréhension des consignes, la thaumaturge se retourne vers Ameanor, avant de mener la voie jusqu’au bureau. « Suivez-moi, je vous prie. »
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeMer 8 Fév 2023 - 20:41


Les deux maîtres de la lumière prirent alors le chemin du bâtiment des chercheurs. Pour commencer, Ameanor suivit Anardîl sans dire un mot, le regard fuyant. Il était de nouveau perdu dans ses pensées, et n’avait qu’à peine remarqué les directives assurées et professionnelles que la professeur de l’académie avait donné à ses élèves. Pas plus qu’il ne prit note desdits élèves qui s’activèrent sans broncher, guidés par une même passion de la magie comme de la science. Un spectacle qui, en toute autre circonstance, aurait été des plus plaisants à observer pour un scientifique, même solitaire.

Bien vite, la cour fut traversée, et les deux elfes entrèrent dans le corridor qui les mènerait au bureau d’Anardîl. Fidèle à ses habitudes, Ameanor avait placé ses mains dans son dos. Néanmoins, ce n’était plus la détermination ou la curiosité que sa démarche inspirait, mais une certaine fatalité et une fatigue qui lui donnait un air vieilli. Ses épaules étaient un peu voûtées et son regard, dans le vide. Pendant ce qui semblait une éternité, il était resté silencieux, perdu dans ses souvenirs et ses angoisses. Mais quand, même pour lui, ce silence devint trop lourd, il se força à reprendre pied.

Ainsi, alors que les deux mages montaient des marches, l’astronome contraint son esprit à se replacer dans les suggestions de sa collègue. Il n’avait pas manqué de remarquer son air dépité lorsqu’il avait écarté la possibilité de passer par des objets physiques pour rediriger la lumière, ainsi que son intérêt nouveau lorsqu’il avait proposé des méthodes moins naturelles. Beaucoup restaient à faire sur le sujet, mais revoir l’enthousiasme de sa collègue décrispa tout de même quelque peu le visage d’Ameanor. Alors, le mage se lança d’une voix plus hésitante qu’auparavant, plus pour briser son propre silence que pour relancer pleinement la conversation.

- En y réfléchissant… L’aide des nains et du pouvoir de leur rune pourrait être une bonne solution pour transporter la lumière à notre guise. Mais mieux vaut nous laisser une chance d’inscrire les changements de directions lumineuse dans l’espace que nous désirons dans un temps long. Je suis certain qu’en combinant les grands esprits de cette académie, une telle chose peut être possible…

Le thaumaturge s’arrêta, se montrant bien moins volubile, moins développé dans ses mots. S’était-il même inclus dans les grands esprits ? Lui-même en doutait maintenant. En cet instant, il était si compliqué de se concentrer sur le savoir et son développement… D’autant que le chemin touchait à sa fin alors qu’Anardîl présentait la porte de ses quartiers. Celle-ci s’ouvrit sur une pièce lumineuse et bien ordonnée. C’était ainsi bien loin de ce dont Ameanor avait l’habitude, lui qui travaillait dans un espèce de grand fouillis organisé, où diverses notes avec ses idées écrites à la volée se mélangeait avec des brouillons remplis de calculs raturés, eux-mêmes disposé sur des tomes laissés ouvert là où le mage s’était arrêté. Une grande pagaille qui n’aurait pas manqué d’étonner ceux qui s’était intéressé à ses écrits, puisqu’il y mettait une rigueur scientifique extrêmement poussée, déclarant chaque hypothèse, détaillant chaque calcul et chaque méthode avec précision. Ici, les nombreux manuscrits étaient correctement rangés et classés, chaque note et chaque document était à une place désignée et vie privée et travail étaient correctement séparés. Ce dernier point était un véritable don envié d’Ameanor, qui, depuis les tristes événements du Voile, n’avait pu travailler correctement.

Avec un petit soupir, le mage s’assit sur un fauteuil désigné par Anardîl. Ses épaules s’étaient encore plus affaissées, et son expression funeste soulignait ses cernes et ses légères rides, marquant comme un début de vieillesse qui ne devrait pas exister pour son peuple. Ameanor baissa alors son regard, le plongeant dans la paume de ses mains ouvertes, posées sur ses genoux. Des mains aux doigts si agiles, qui virevoltaient à mille tâches, mais qui s’étaient retrouvés incapables de retenir la seule chose qui comptait vraiment. Alors, il se mit à parler, tout en continuant de regarder ses mains.

- Je… Pardonnez-moi de nouveau de vous avoir interrompue dans la cour. Il faut que je vous avoue quelque chose : ma venue ici n’est pas un simple hasard. Il s’est passé… La gorge du thaumaturge se serra, et sa voix se brisa. Des choses tragiques, il y a vingt ans de cela. Nous… Je… Le mage secoua la tête, incapable de mettre des mots sur la douleur qui le poursuivait depuis si longtemps. Il secoua alors la tête et ramena son regard fatigué dans celui de sa collègue. J’ai perdu ce que j’avais de plus cher à cette époque, et failli à ceux qui restaient. Aujourd’hui, elles ont besoin d’aide… Je dois retrouver quelqu’un… Une jeune elfe, Filecthel, à peine 93 années, les yeux ambre et turquoise, les cheveux d’argent. Je… Je ne sais même pas si elle est à l’académie, mais c’est le seul espoir que j’ai de la retrouver. Existe-t-il des archives ? Une liste des étudiants ? Quoi que ce soit ? De nouveau, Ameanor regarda ses mains, les yeux brillants. Je vous en prie… C’est ma seule chance de, peut-être, sortir des ténèbres.
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeVen 10 Fév 2023 - 17:18

La Luminomancienne mena alors son collègue du jour jusqu’au bureau qui est le sien. Silencieuse durant le trajet, elle réfléchissait aux propos tenus par Ameanor à propos des Nains et de leurs runes, une hypothèse infaisable qu’Anardîl avait pourtant émise dans un moment d’obscurité scientifique. Mais elle n’y répondit point. De toute manière, il n’y avait rien à dire à ce sujet. Si les Nains étaient connus pour leur caractère irascible… Leur propension à garder secret… Les plus grands secrets, était légendaire. Mander leur aide et leurs runes serait sans doute le creuset d’une nouvelle guerre légendaire…

Entrant dans le bureau, la magicienne prit place sur sa chaise, attendant alors qu’Ameanor prenne la parole. Alors qu’il détaillait l’entièreté du bureau, Anardîl réfléchissait toujours… Toujours, et encore. Ce projet de communication inter-cité hantait son esprit depuis des années et des années… Patauger dans la boue sans faire la moindre avancée depuis bien des années, était aussi frustrant qu’attristant pour l’Elfe pluriséculaire.

Mais, alors qu’Ameanor reprit la parole, la Luminomancienne reprit une attitude d’écoute et… Compatissante. Ses yeux se firent plus grands et son regard, plus éclairé encore. Son esprit fulminait de pensées, mais non point dirigées, cette fois, sur les recherches… Mais sur les questions du mage nouvellement arrivé. Tout cela semblait être extrêmement violent pour Ameanor, et sa voix, ses hésitations, trahissaient la tristesse d’instants meurtris voilà vingt années déjà… L’époque du Voile… De la Longue Nuit… Des choses horribles qui hantaient l’esprit du mage depuis bien des années et qui, d’après lui… L’emmenaient toujours un peu plus dans les ténèbres…
« Eh bien… Je… Ce nom ne me dit rien, Heru… J’en suis désolée… Mais il existe des archives. Après tout, si nous nous efforçons à compiler livres et recherches depuis des millénaires, nous devons aussi savoir qui composait nos rangs. Je… » Pausait-elle, réfléchissant ensuite à comment aider l’elfe meurtri face à elle. « Suivez-moi. Les archives sont quelques étages plus bas. »
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeSam 11 Fév 2023 - 15:49


La frustration et la déception latente de l’estimée collègue d’Ameanor fit place à de la compassion, voir, de l’inquiétude. Pourtant, le thaumaturge qui ne reflétait plus son domaine d’expertise ne semblait pas remarquer la sincérité de son interlocutrice. La douleur dans son cœur qui irradiait son corps était trop importante pour qu’il puisse percevoir correctement le monde qui l’entourait. Et pourtant, Anardîl réveilla la lueur d’espoir qui s’était lentement affadi dans la journée. Cette elfe était une véritable chance, il fallait l’avouer. Ouverte et compatissante, elle n’avait pas cherché à plonger dans la douleur du mage pour comprendre l’origine de sa requête. Elle avait simplement accepté, dans l’optique simple et bienveillante d’aider une âme en peine. Même dans sa sombre torpeur actuelle, Ameanor se rendait compte de la chance qu’il avait, en cet instant.

Ainsi, les deux mages se relevèrent, et Anardîl partie de nouveau en tête pour mener son collègue à l’objet de son désir. De nouveau, ils traversèrent les longs couloirs aux arcades hautes et à travers lesquels les rayons du soleil de l’après-midi brillaient. Mais cette lumière chaude et réconfortante n’était pas suffisante pour calmer les nerfs toujours plus à vif d’un elfe qui voyait la possibilité tant d’avancer drastiquement sa quête que de se retrouver dans une impasse. Et même lorsque la lumière se fit encore plus présente alors que les deux maîtres de la lumière sortaient du bâtiment des chercheurs, le cœur d’Ameanor ne s’en trouva pas plus réchauffé. Les arbres aux feuilles d’un vert resplendissant bordant le chemin de la bibliothèque n’attiraient pas plus son regard, servant même de rappel d’une verdure traversant la pierre qui manquait tant à Míririen, autrefois.

Mais, finalement, après une traversée infinie dans un silence angoissé, les deux vieux amis atteignirent la bibliothèque. Ils pénétrèrent dans la bâtisse de pierre et arrivèrent dans une immense pièce avec une multitude d’étagères remplie de manuscrits au savoir millénaire. C’était là la plus impressionnante collection qu’il eut été donnée de voir à Ameanor. En toute autre circonstance, son esprit aurait été happé par tant de connaissance à sa portée, tant de possibilité qui s’ouvrait à lui. Mais, en cet instant, l’appel insatiable du savoir n’avait plus prise sur lui, et la douce odeur réconfortante du vieux papier ne l’apaisait plus. Aussi, se dirigea-t-il rapidement, et sans regard pour son environnement, vers l’elfe que désignait Anardîl comme étant un archiviste. Celui-ci était occupé à ranger quelques manuscrits qui avaient sans doute été laissés sur une table, ou simplement finis d’être retranscrit par des scribes. Ameanor lui demanda poliment, mais avec un ton pressé, de lui indiquer où se trouvaient les archives. Le scribe fit alors signe de le suivre, après avoir cherché du regard l’assentiment bienveillant de la professeur qu’il connaissait bien.

Alors, le nouveau trio traversa l’immense bibliothèque en un temps paraissant infini et arriva dans une nouvelle pièce, plus petite. Dans celle-ci, des copistes étaient minutieusement afférés à remplir et rénover des archives, poursuivant inlassablement une tâche qui était destinée à ne jamais se terminer, effectuant un travail de titan qui, chaque jour, se renouvelait et grandissait. L’astronome n’eut néanmoins qu’une pensée rapide pour ces héros du quotidien, garants du savoir que nul ne prierait jamais, mais qui, malgré tout, continuaient leur tâche, alors que deux gros volumes lui étaient fournis. Les archives des admissions des vingt dernières années. Une véritable fenêtre d’espoir qui, si elle se refermait, le ferait avec une violence que le mage doutait de pouvoir supporter.

De sa main droite tremblante, Ameanor ouvrit le premier tome. Son cœur battait la chamade alors que ses yeux parcouraient à toute vitesse les pages du manuscrit, cherchant la mention unique d’un nom. L’elfe était si concentré qu’il n’avait pas même pris le temps de s’asseoir. Il était penché devant le livre ouvert, passant rapidement les pages, traversants les jours, les ennéades et les années dans une archive qui ne semblait jamais se terminer. Il entendait son sang battre ses tempes, plus fort encore que les bruits feutrés des plumes grattant le papier. Le monde autour de lui n’existait plus, pas même sa bienfaitrice, pourtant si bonne avec lui. Combien de temps s’écoula ainsi ? Ameanor ne saurait le dire. Mais, enfin, alors que deux bons tiers de l’ouvrage était passé, il se figea. Son cœur cessa de battre et son visage prit un teint. Devant ses yeux, le nom de Filecthel était écrit, entrée à l’académie à la septième année du onzième cycle, il y avait treize années de cela. Une larme se forma dans le coin de son œil droit alors que, dans un souffle, quelques mots sortirent.

- Ma fille… Elle est ici…

La main droite de l’elfe se posa sur les lettres formant le nom de son enfant. Après quelques secondes, alors que les couleurs semblaient reprendre leur droit sur le corps de l’elfe, celui-ci essuya rapidement la larme coulant sur sa joue avec son pouce et se retourna vers Anardîl.

- Heri Anardîl, je ne sais que dire pour vous exprimer ma gratitude. Vous m’avez donné plus que je ne saurais jamais vous rendre. J’ai une dette envers vous, je ne l’oublierais pas… Ameanor s’arrêta un court instant, laissant s’échapper un court soupir. Et pourtant, je crains devoir vous demander encore un service, bien que ce serait plutôt à moi de vous en offrir… Pourriez-vous faire passer un message à un élève de cette académie ? Vous serait-il possible de lui faire parvenir que son père est arrivé et l’attend dans les jardins de l’académie ? Je… Je ne sais trop quoi vous dire pour vous remercier, j’aimerais faire autant pour vous que vous avez déjà fait pour moi…
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeSam 18 Fév 2023 - 13:21

Les instants se suivent mais ne se ressemblent pas. De moments forts en espoirs et riches en partages scientifiques et magiques, emplis de nouvelles perspectives, fenêtres sur l’avenir, voici que viennent les instants plus sombres, plus profonds et plus… Personnels.

La chose pourrait prêter à sourire, mais Anardîl ne le pouvait point. Voir un être doué d’une telle sensibilité scientifique et d’une telle force magique, être ainsi diminué physique et assombri psychiquement, à cause de l’absence d’un… Enfant… Voilà qui était à la fois désolant et attristant. Car, après tout… Combien de ces érudits se donnèrent avec passion pour leur art, au point d’en oublier la reproduction de l’espèce ? Combien transposèrent la notion de parentalité, vers le projet scientifique d’une vie, au lieu d’un être de chair et de sang ? Combien, comme Anardîl, donnèrent leurs vies pour la magie et la passion, plutôt que pour l’amour charnelle et spirituel d’une relation à deux ?

Quelque part, Anardîl était déçue. Déçue, parce qu’Ameanor n’était point tout à fait celui qu’il devrait être, à cause de cela. A cause de la perte d’un enfant voilà des années, l’Elfe était une ombre à l’intelligence parfois éclatante de lumière… Mais trop souvent couvée par la dépression et la tristesse.

Oh, la Luminomancienne avait ressentie cette envie de procréer. Mais jamais elle n’avait cédé. Jamais elle n’avait connu Souffle auquel se lier. Jamais elle n’abandonna ses études, son bureau, ses écrits. Jamais aucun Elfe ne pu l’arracher à l’amour de la découverte, l’envie de savoir, l’envie d’apprendre, de trouver, de théoriser… Jamais.

Mais elle aiderait Ameanor. Lorsque ce dernier exprime gratitude et remerciements, elle baisse la tête en signe de respect. Lorsqu’il mande un dernier service, elle relève le menton, et offre un sourire doux, écoutant ce dont l’Elfe avait besoin. Acquiesçant sans rien dire, Anardîl fait demi-tour, et se rend dans les couloirs où se trouvent les bureaux des différents responsables académiques chargés du suivi des éveillés et des élèves. Lorsqu’enfin, elle trouve la salle où doit se trouver la jeune Elfe, elle entre :
« Pardonnez-moi, cher confrère, de vous importuner en plein milieu de votre cours. Je viens arracher une élève à votre bienveillance, pour une affaire importante. » Dit-elle, tant pour informer, que pour mander l’autorisation. S’avançant au milieu de l’auditorium, elle dit. « Filecthel ? » Sa voix se répercute en un faible écho. « Suivez-moi, je vous prie. »

Attendant que le jeune souffle s’exécute, elle la mena bien rapidement au-dehors de l’auditorium. Dans le couloir, elle ne dit rien, et prend la direction des couloirs principaux qui mènent aux ailes, aux jardins, et aux diverses cours intérieures et extérieures.
« Veuillez vous rendrez dans les jardins, je vous prie. » Dit-elle, avec un sourire, et une voix douce. « Votre père vous y attends. »
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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeMar 21 Fév 2023 - 20:42


Depuis ce jour fatidique où, enfin, Ameanor pu retrouver sa fille avec l’aide d’Anardîl, une ennéade s’était écoulée. Une minuscule ennéade qui, pourtant, avait tout changé. Les vingt dernières années n’en étaient pas effacée, bien sûr, mais, enfin, le mage avait fait un premier pas à travers la petite lucarne d’espoir, brillant dans l’immense vide noir de son souffle. L’abandon aux portes de la tourmente était révolu, et la quête était arrivée à son terme. L’heure de la reconstruction avait sonné. Mais cette reconstruction n’était en rien plus simple que l’échappée du royaume de l’oubli, et nombreuses étaient les embuscades de la noirceur, prête à engloutir l’astronome au moindre faux pas. Et la science et la magie, ses anciens amours, offraient un refuge tout particulier contre les menaces du gouffre sans fond qui ne s’éloignait jamais.

Ainsi, la discussion qu’Ameanor avait partagée avec Anardîl en ce milieu de mois de Barkios lui donna une accroche au monde réel. Elle était porteuse de nombreuses idées, de potentiels à exploiter, et se perdre dans une réflexion sur le sujet permettait d’éloigner les moments difficiles. Aussi, bien que n’ayant pas donné de nouvelle de toute cette ennéade à sa collègue, le mage n’avait pas rien fait pour autant. De temps à autre, il s’était posé, traçant dans son esprit et sur du papier les prémices d’un rituel, tordant les rayons et les focalisant à son désir. Mais, avec les jours qui défilaient, une idée se faisait plus forte dans l’esprit du scientifique. Une idée qui recoupait, à vrai dire, plusieurs de ses besoins du moment, et qui pourrait s’avérer tout à fait bénéfique pour sa consœur, envers qui il était plus que redevable.

Pour cette raison, dans le premier jour de la 5ème ennéade de Barkios, Ameanor se présenta de nouveau aux portes de l’académie. Son état d’esprit, tout comme sa posture, était pourtant bien différent que l’ennéade précédente. Les profonds cernes saillaient toujours sur son visage fatigué, et une pointe de mélancolie persistait au fond de son regard, détectable par tout ceux qui le sonderait en profondeur. Néanmoins, son dos et ses épaules étaient droits, sa démarche, rapide et plus assurée. Et la première chose que dénotait son regard rêveur était la curiosité et la détermination, non plus l’angoisse et la peine. Du moins, c’était une réalité pour cet instant où il traversait la cours de l’académie pour rejoindre le bâtiment des chercheurs, où se trouvait le bureau d’Anardîl. Après s’être bien assuré qu’elle s’y trouvait en demandant à quelques passants, il alla frapper à sa porte.
Lorsqu’elle lui ouvrit, c’était un visage bien différent qu’elle découvrit. Un visage, certes, fatigué, mais souriant, et duquel émanait la douceur posée qui lui était si caractéristique autrefois. Ameanor pencha légèrement la tête en signe de respect, avant de prendre la parole, d’une voix calme et profonde.

- Je vous salue respectueusement, heri Anardîl. Pardonnez-moi de me présenter à vous ainsi, sans m’être fait correctement prévenir. Et pardonnez-moi d’autant plus si j’interromps alors vos intéressants travaux. J’ai eu fort à faire, ces derniers temps. Néanmoins, je n’ai pas oublié la dette immense que j’ai envers vous, et encore moins les intéressantes perspectives dont nous avions discuté, il y a de cela quelques jours. Le mage fit une courte pause, avant de reprendre en portant sa main droite à son menton. J’imagine que vous avez dû avancer sur vos recherches, et peut-être vais-je enfoncer des portes ouvertes. Mais, de mon côté, pendant le peu de temps perdu que j’avais, j’ai travaillé sur une prémices de rituel que nous pourrions mener pour inscrire dans le temps un changement de propriété locale de la lumière en un point précis. Beaucoup de travail reste à faire sur ce point, mais je pense que c’est une chose tout à fait possible ! L’astronome fit une nouvelle courte pause en joignant ses mains dans son dos. Mais, bien sûr, je ne me suis pas déplacé simplement pour vous dire ceci. En réalité, j’ai quelque chose à vous proposer.

Pour différentes raisons, dont une recherche que j’avais débuté quelques années auparavant, j’essaie d’organiser une expédition dans les monts Telion. Je vous passe les détails qui me pousse à me rendre là-bas, vous avez bien d’autres choses à penser. Néanmoins, ces monts me paraissent idéaux pour servir de relais à la transmission de lumière sur de longues distances. Au vu de la topographie d’Anaëh, nous pourrions couvrir les terres d’Alëandir, de Quatrième-Saison, d’Eteniril et d'Holimion depuis ces montagnes. Seriez-vous donc intéressée pour que je rajoute, dans les objectifs de cette expédition, la prospection d’un lieu propice à la mise en place d’un avant post où l’on pourrait construire des infrastructures pour effectuer un rituel en toute quiétude ? l’endroit devrait disposer de plusieurs qualités, comme être suffisamment haut pour que des rayons puissent atteindre une tour au-dessus des frondaisons à plusieurs centaines de kilomètres sans trop de problèmes ou dans une zone pas trop difficile d’accès. En outre, une fois une telle zone atteinte, je pourrais essayer de vous envoyer un rayon provenant de l’infrarouge pour vérifier que sa transmission est bel et bien possible, si je réussis à trouver un moyen de m’orienter au bon endroit pour savoir exactement où je dois l’envoyer, bien sûr…
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Anardîl Idräsil
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeSam 25 Fév 2023 - 17:40


1er jour de la 5ème ennéade de Bàrkios – Premier mois du Printemps.
Année XX | XI cycle – Académie d’Aléandir.



Le temps passa, comme il devait toujours le faire. Depuis l’aube des temps, jusqu’au crépuscule des races et des divinités, le temps reste la seule variable qu’aucun être ne saurait modifier. Même les puissants mages de l’esprit, capable pourtant de tordre la temporalité en l’esprit d’une victime choisie, ne peuvent finalement rien face à la grande course du temps. Tous naissent, vieillissent et meurent, inéluctablement. L’important, alors, est de savoir quoi faire du temps imparti.

Anardîl, elle, eut besoin d’un peu de temps justement, pour pouvoir reprendre ses esprits. Touchée par l’histoire d’Ameanor, elle dû faire preuve d’un certain travail sur elle-même pour contenir la déception de voir un tel esprit céder aux affres d’une descendance perdue de vue. Si, bien-sûr, la Luminomancienne était bienveillante et douce, elle peinait toujours à comprendre l’étendue des sentiments que d’aucun pourrait ressentir pour autrui. Aimer la science et la magie, était chose aisée et presque naturelle. Se lier à un autre Souffle, et engendrer un nouvel être… Voilà qui était difficilement concevable pour elle.

Mais voilà, les choses devaient avancer. Et telle l’immuable course du temps, la Luminomancienne reprit le cours de son existence, et de ses recherches. Ses étudiants ne furent point en reste : ils travaillèrent d’arrache-pied pour collecter informations, réussites et échecs, sur le travail de la lumière dans tel ou tel d’environnement. Mais la pièce maîtresse était manquante : les rituels magiques évoqués par Ameanor.

Alors, lorsque ce dernier se présenta dans le bureau d’Anardîl, la professeure eut un sourire radieux et sincère. Se levant de son assise pour la première fois depuis des heures occupées à corriger copies et travaux, elle en ressenti presque un vertige, tant la différence tensionnelle ce fit brutale.
« Excusez-moi… » Dit-elle, s’agrippant au bureau. « Voilà des heures que je ne me suis plus levée. Je suis allé un peu trop vite en besogne… » Témoigne-t-elle, avant de lâcher le mobilier qui n’en demandait pas tant. Elle repassa le pli de sa robe blanche, avant de reprendre, les mains entrelacées devant sa taille. « Je suis heureuse de vous revoir ici. »

Elle lui aurait bien demandé comment il allait, après toutes ces péripéties personnelles et sentimentales, mais l’astronome ne lui en laisse pas le temps. Et, intérieurement, cela lui sied. Soulagée, elle expire longuement, avant de se concentrer sur les propos du mage face à elle.

Elle fut aussitôt rassurée : même la présence renouvelée d’une enfant perdue de vue n’aura su altérer la capacité de réflexion de celui qui serait la pièce maîtresse de l’œuvre d’une vie. Heureusement, son sourire se redessine à mesure que parle Ameanor. Il a d’ores-et-déjà une idée à mettre en œuvre, et cela est exceptionnel ! Une expérience à grand échelle !
« C’est incroyable ! Bien-sûr, par Kÿria ! Bien-sûr que je serais des vôtres ! » Affirme-t-elle, heureuse et souriante. « Il va nous falloir l’accord du Doyen, et nous parer d’une escorte militaire. Les terres boisées ne sont plus si sûres… J’ai eu l’horrible privilège de vivre cette dangerosité moi-même. »


Dernière édition par Anardîl Idräsil le Dim 26 Mar 2023 - 10:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeSam 4 Mar 2023 - 11:25


Ameanor avait interrompu un travail intimement lié au statut d’académicien, un travail qu’il ne connaissait guère en tant qu’astronome isolé pendant des siècles dans son observatoire. Un travail qui infusait lentement une envie de partager son savoir avec la postérité dans l’esprit du mage. Non pas en tant que professeur, une assemblée d’élèves ne provoquant qu’un sentiment de malaise chez l’elfe, mais en tant que maître, tuteur particulier d’un élève qui lui est particulièrement cher. Mais ce n’était ni le moment ni l’endroit de telles réflexions, ainsi éloigna-t-il ces pensées pour se retourner vers le présent plein de projets.

Et il fallait avouer que l’enthousiasme bienveillant d’Anardîl était tout à fait rafraîchissant. Pour un elfe habitué à la chute solitaire dans les ténèbres de la solitude, cette lumière ravivait la flamme du questionnement scientifique permanant, et effaçait d’autant plus les doutes quant à l’organisation d’une expédition relativement périlleuse, surtout pour un néophyte tel que lui. Ce fut alors avec le sourire qu’il répondit à son interlocutrice, même si son idée n’était encore qu’au stade larvaire, et certainement loin de ce qu’espérait la professeure.

- Votre allant sur mon projet est rafraîchissant, je l’admets. Néanmoins, je crains qu’il ne soit pas encore temps de se lancer dans une expédition à grande échelle. En effet, mes idées ne sont que préliminaires pour le moment. Je compte, tout d’abord, prospecter les livres et les atlas afin de trouver un lieu à cibler, propice aux expériences que je compte mener. Ensuite, j’imaginais commencer par une expédition à petite échelle pour plusieurs raisons. Tout d’abord, si mes premiers calculs sont faux et que l’emplacement que je cible se révèle mal adapté, nous pourrions gâcher des ressources considérables qui auraient été bien utiles si nous avions été plus prudent. Ensuite, je souhaiterais tester le sort sur lequel je travaille directement sur place, et vérifier sa faisabilité. S’il s’avère caduc, alors le rituel que je base dessus ne fonctionnera certainement pas… Enfin, je vous avoue avoir mûri cette expédition pour y effectuer des recherches plus personnelles au départ débutées il y a fort longtemps. Bien des choses nous sont invisibles dans le ciel, et ce, simplement parce que leur lumière manque d’intensité. J’ai travaillé sur un sort permettant d’arrêter et d’additionner les rayons provenant de source lointaine, et ainsi, recréer une image sur un espace donné de choses qui ne seraient, normalement, pas assez lumineuses pour être perçues. Évidemment, le sort ne serait que plus simple en hauteur, puisqu’il s’émancipe ainsi de nombreuses corrections dues à l’atmosphère, d’où mon choix des montagnes. Je vous ai déjà pris beaucoup de votre temps avec mes problèmes personnels, je ne voudrais pas continuer à vous indisposer.

L’astronome fit une courte pause en baissant le regard, les joues rougissantes légèrement. Sa dernière assertion était vraie, mais incomplète. L’idée d’une campagne dans les terres sauvage n’était, en réalité, pas que motivée par la science. C’était aussi un véritable nouveau départ pour sa femme qui l’accompagnerait et lui-même, quelque chose pour raccrocher deux souffles à la vie que les ténèbres essayaient de brouiller. Ameanor secoua légèrement la tête avant de retrouver le regard d’Anardîl. Il continua en reprenant de l’assurance légèrement perdue dans les dernières phrases qu’il avait énoncées.

- Mais vous avez raison sur le point du danger, je vais devoir m’adresser à la caserne, je pense, même si ça ne m’enchante guère. Il y a aussi un point qui pourrait nécessiter votre concours ici, à l’académie. Une fois sur place, je voudrais fixer la direction dans laquelle je devrais orienter le rituel. Pour ce faire, je vais avoir besoin du concours d’un mage de lumière particulièrement compétent, tel que vous. L’idée serait d’envoyer une onde lumineuse large vers le sud. Une partie croiserait alors forcément l’académie. En vous préparant à la recevoir, vous pourriez alors transmettre un nouveau rayon vers l’origine de ce que vous percevez, et ainsi m’indiquer l’orientation très précise de l’académie, que je pourrais noter sur place. Cette idée est intéressante, mais loin d’être complète… Tout d’abord, il faudrait trouver un moyen d’indiquer dans quelle gamme de temps il faudrait se préparer à recevoir ledit rayon… Et ensuite, pourrais-je réussir à émettre une lumière suffisamment puissante sur une étendue suffisamment large pour que vous la perceviez de si loin ? Puisque la force d’un rayon décroît avec son étendu, à puissance totale égale, je ne sais pas vraiment si c’est faisable… Peut-être avez-vous des idées sur ces points ?
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 10:59

Ecoutant son confrère Luminomancien, Anardîl reprit place derrière son bureau, alors que, à nouveau, quelques assauts nauséeux et vertigineux la forcèrent à prendre un repos salvateur. Passant sa main aux doigts effilés contre sa tempe, laquelle battait doucement une douleur pulsatile désagréable, elle pu se ressaisir, et regarder à nouveau son vis-à-vis avec un certain sourire, et une bienveillance éclatante.

Ecoutant donc avec aménité cet être sylvain dont l’intellect foisonnant n’égalait que le caractère béni de sa présence ici-bas après des années d’errance, la professeure de magie sentait, à nouveau, poindre, naître et grandir la petite graine d’intérêt de curiosité pour ce que l’esprit devant elle avait réussi à obtenir de ses pensées foisonnantes. Ameanor avait, en effet, pensé à bien des choses et préparé bien des aspects de sa réflexion.
« Hum… » Fit-elle, réfléchissant encore et encore. Son cerveau, habitué ces dernières heures à corriger copies et travaux rendus après un cours académique, appréciait ce changement de gymnastique cérébrale. « Une expédition à petite échelle est, en effet, un moyen de s’assurer de la réalisation d’une expérience à plus grande échelle. Et puis, vouloir vous renseigner via des connaissances académiques gardées ici, dans nos livres, est quelque chose de vital, à mon sens. Comme vous le savez, une expérience nécessite des critères d’inclusion et d’exclusion, des paramètres, des objectifs attendus… Bref, un cadre de réalisation. » Confiait-elle, satisfaite, s’il était possible de l’être, à l’idée qu’Ameanor n’oubliait point l’aspect théorique de recherches physiques. « Ensuite, eh bien… Je ne vous cache pas que j’aurais apprécier vous accompagner jusqu’aux sommets de ces terres, mais si vous estimez que ma présence est bénéfique ici, à l’Académie, alors ainsi soit-il. »

Elle était sincère, bien-sûr. L’idée de pouvoir partir en expédition était toujours plaisante, surtout avec un magicien aussi doué qu’Ameanor. L’aspect astronomique des recherches d’Ameanor avait quelque chose d’épatant et d’unique. Anardîl, elle, n’avait jamais réellement prit le temps de scruter les étoiles et les cieux, du moins, autrement que par élan poétique et attraits rêveurs. Mais il n’y avait pas suffisamment de Luminomanciens aussi doués et puissants qu’elle-même, pour pouvoir prétendre ressentir les effets d’une lumière envoyée depuis des lieux éloignés. Alors… Une autre fois.
« Eh bien… Oui, j’aurais une idée. Outre le fait de me préparer à recevoir l’information lumineuse, visible ou non, je… Pourquoi ne pas faire venir dans votre épopée, un mage de l’immatériel ? » Proposait-elle. « Certains mages se sont spécialisés dans l’analyse et de la trame magique, et sont capable de déformer celle-ci, soit pour plus de puissance… Soit pour atténuer celle-ci. Notre Doyen et Archimage lui-même, est, dit-on, capable d’anéantir la trame magique autour de lui, rendant la zone hermétique à toute forme de magie. L’effet inverse pourrait donc se produire ? Une exacerbation de la trame, de sorte que le rituel et le sort lancés pourraient créer un rayon si puissant qu’il traverserait les terres sans faiblir d’aucune sorte ? Et cela, bien-sûr… En veillant à ne point créer d’accident magique, ou de nœuds accidentels… »
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeDim 9 Avr 2023 - 12:04

Voyant sa consœur se frotter les tempes en se rasseyant, une lueur inquiète apparu dans le regard d’Ameanor. Pris dans ses réflexions sur les projets mystiques en gestation, il n’avait pas réellement remarqué les mouvements de la professeure, qui semblait maintenant particulièrement fatiguée.

- Tout va bien, Anardîl ? Demanda alors l’astronome, en faisant un pas vers le bureau de sa collègue.

Mais à peine s’était-il enquis de l’état de sa collaboratrice que celle-ci reprit vigueur et poursuivi dans ses réflexions. Et, lorsqu’Anardîl fit par de sa déception de ne pouvoir partager le chemin de son confrère vers la montagne, un sourire bienveillant apparu sur le visage du mage.

- Ce n’est que partie remise, Chère collègue. Votre présence sera plus que nécessaire le jour où nous devrons réellement mettre en place le rituel. Et je ne doute pas que de futures idées de recherche ne nous amènent à traverser d’autres parties d’Anaëh. Quoi qu’il en soit, sachez que si, pour tout autre projet, vous avez besoin d’aide, je serais toujours présent.

Le maitre-physicien fit une pause, portant une main à son menton, alors que l’idée d’impliquer une autre forme de magie était lancée. Voilà une chose à laquelle il n’avait pas pensé, lui qui passa tant de siècles à pratiquer son art en solitaire. Pourtant, c’était là une réelle possibilité, et pas seulement pour les tests de mise en œuvre, mais aussi pour la conception finale du rituel. Et peut-être même serait-ce là une piste qui permettrait au mage d’approfondir un de ses champs de recherche les plus complexe : traiter de la nature immatériel et commune de la lumière et de la trame éthérée. Aussi, ce fut avec une curiosité et une excitation renouvelée qu’Ameanor reprit la parole, répondant aux idées bienvenues de l’esprit fertile de la Luminomanciennne.

- Je vous avoue ne pas avoir songé à une telle possibilité. Mais j’entrevois déjà toutes les possibilités derrière l’idée d’harmoniser la maîtrise de la lumière avec de délicates touches de la trame ! Modifier le support même du sort afin de le faire entrer en résonnance avec les vibrations lumineuses pourrait être exactement ce qu’il nous faut pour amplifier la puissance du rayon. Peut-être même… Reprit Ameanor après une courte pause, levant les yeux au plafond dans sa réflexion, peut-être pourrions-nous même modifier la cohérence de la lumière et de la trame, en supposant que ceux-ci sont bien d’une nature similaire, pour les faire interférer, tels deux rayons en phase… Mais je divague, continua l’astronome en secouant la tête. Ceci traite d’autres recherches qui ne sont pas suffisamment mures pour entrer ici.

Bien entendu, vous avez tout à fait raison de pointer la sûreté de l’opération. Si rien n’est plus beau que les mouvements des énergies mystiques, prenant forme pour aboutir à un sort, rien n’est plus terrible que de les voir sortir de tout contrôle et éclater corps comme esprits. Et je dois bien admettre que, dans mes siècles solitaires, je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’harmoniser ma magie avec celle des autres. Vous avez mentionné l’archimage, et je n’ai aucun doute que ses talents seraient plus que suffisant à notre objectif, tout comme son savoir serait d’une grande aide. Néanmoins, j’imagine qu’il doit être particulièrement occupé. Pensez-vous vraiment que l’on puisse s’adresser à lui, ne serait-ce que pour étudier nos possibilités avant de se lancer à corps perdu dans le projet ?
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Anardîl Idräsil
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MessageSujet: Re: À la recherche du temps perdu   À la recherche du temps perdu I_icon_minitimeVen 14 Avr 2023 - 14:03

L’étincelle d’intérêt et de curiosité qui anima soudainement le regard pétillant de l’astronome avait quelque chose de passionnant et d’émouvant pour Anardîl. Ce genre d’étincelle, de curiosité, d’intérêt, de motivation, tout cela renouvelé par une phrase, un mot, une hypothèse, était le plus beau des cadeaux pour tout académicien digne de ce nom. Souriante comme le ferait une mère face à l’éveil d’un enfant en avance sur les autres, Anardîl regardait Ameanor, avant de lui répondre.
« Vous avez raison, le doyen est un académicien fort occupé. » Dit-elle, avouant effectivement que le temps, encore une fois, serait contre le duo académicien. « Il va me falloir lui en parler, et demander son aide. Je ne vous cache pas que nous aurons à attendre… Plusieurs ennéades, au moins. Je souhaite toutefois que cela ne nous retarde pas dans nos projets. Restez dans les parages, pour les prochaines ennéades. Je vous ferais savoir quand nous pourrons rencontrer le doyen. »
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