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 La ronde céleste [PV Amaënor]

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Artiön Laergûl
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MessageSujet: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeMer 15 Mar 2023 - 0:56



Début de la 7e ennéade de Bàrkios
20e année du Onzième Cycle
Non loin du bras Sud-Est de l’Elorëa
Premières heures de la nuit



- Ada! l’exclamation se perd dans les clapotis du fleuve Plus vite !

- À vos ordres mademoiselle !

Les mains serrées sur celles de ta fille, tu tournes sur toi-même. Petit à petit, les pieds d’Elorëa se soulèvent. Plus haut, plus haut, toujours plus haut. Et elle rit de bon cœur, sans être une seconde inquiétée par les mouvements de la barque qui tangue… ou même par par le tempérament traître de son père. Elle apprendra au dernier moment que s’inquiéter elle aurait dû.

- À l’eau maintenant !

Tu la lâches, et dans un hurlement de félicité elle traverse les airs, s’attrape le nez et perce la surface de l’eau. Tu ne perds pas beaucoup de temps avant de l’y rejoindre, et vos jeux se transforment en jeux d’eau. Le reflet du ciel contre l’eau calme de la crique, le sourire de ton enfant, le carillon discret des oiseaux nocturnes, tout cela te ferait presque oublier les dangers de la forêt. Voilà quelques temps qu’Anaëh se fait de plus en plus sévère. Voilà quelques temps que vous devez redoubler d’attention lors de vos sorties. Et pourtant tu es là, seul avec Elorëa, à fêter – en retard – son anniversaire.
Mais tu le lui dois bien. La cité n’est pas bien loin, et les routes des patrouilles encore moins. Certes, tout cela ne suffit pas à faire intégralement disparaître le danger, seulement, ces quelques instants de bonheur n’en valent-ils pas la peine ? Il vous faut vivre. Pas survivre. Voilà ce que tu avais fini par te dire, après avoir cédé aux incessantes demandes de ton aînée. Cet endroit ne lui était pas inconnu. C’était peut-être même celui qu’elle préférait de toute la forêt. C’est ici qu’à l’occasion, vous alliez pique-niquer. Et c’est ici qu’elle avait voulu fêter sa quatrième année.

- Allez ! tu te saisis de l’enfant pour la reposer sur la barque Fini la baignade, c’est l’heure de manger.

De quelques coups de rames, tu ramènes l’embarcation contre la rive, et le temps d’approximativement vous sécher – parce que ta fille était décidément trop pressée – et de…

- Rhëa, tu n’aurais pas vu ma…

- Aha ! Je suis le Mainyth ! elle se saisit d’une rame qu’elle essaie péniblement de manier comme une lance Papa regarde !

Ta tunique nouée autour du coup comme une – beaucoup trop longue pour elle – cape, et sa rame entre les mains, Elorëa s’attelle à essayer de capturer les expressions faciales de ton ami lancier. Et il faut dire que dans le cas de certaines, elle n’est pas bien loin.

- Heureusement qu’Aegden n’est pas là pour voir ça.

- Papa… elle te regarde avec de grands yeux Je peux garder ma cape ?

- D’accord Rhëa. tu soupires en roulant des yeux, sourire aux lèvres Mais tu y fais attention, d’accord ?

- Oui !

Elle n’aura finalement pas tant l’occasion de l’abîmer, car bras tendus, elle aura attendu que tu l’attrapes, pour trouver sa place sur tes épaules. La pauvre refusait de le montrer, mais elle n’aurait probablement pas pu marcher plus de quelques mètres avant de s’épuiser. D’ailleurs, il ne lui avait pas fallu plus de quelques minutes avant que son menton ne s’écrase sur ton crâne, et qu’elle s’endorme. Mais tu connais bien ta fille. Nul doute qu’une fois arrivés à destination elle…

- On est arrivés ?

- Oui. Mais on dirait qu’on n’est pas seuls.

- C’est qui ?

Tu t’avances en direction de l’inconnu, apparemment soit à moitié perdu dans ses pensées, soit entièrement plongé dans ses observations. D’un large geste de la main tu le salues, réfléchissant au même moment aux raisons pour lesquelles l’individu, que tu étais certain de n’avoir jamais côtoyé, te paraissait si familier. Dehors de nuit, le regard perdu dans le vide, à observer le ciel, croulant sous le papier… des vêtements aux teintes froides, les cheveux gris… tes oreilles se dressent.

- Vous ne seriez pas Amaënor par hasard ? tu demandes, avec juste assez d’aplomb pour l’arracher à son entreprise L’astronome qui doit bientôt partir pour les Telion ?

- Papa… ta fille maugrée, lente à se réveiller c’est quoi un astrobonhomme ?




La tenue du jour:

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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeJeu 16 Mar 2023 - 23:10


Ameanor s’éloignait des grandes portes de la citée d’Alëandir alors que le soleil s’enfonçait lentement dans les arbres. Il abandonnait la sécurité des murs pour trouver refuge dans le calme froid de la nuit, où les douces lumières des étoiles l’attendaient. Et il s’enfonçait dans les profondeurs de sa pensée en même temps que dans les terres sauvages. Le mage était à la recherche de calme et de solitude, d’une place propice à la paix. Dans son esprit, se rejouait inlassablement la même scène, mélangeant les éclats de voix, les pleurs et les doutes.

C’était Filecthel que l’astronome entendait dans la petite maison d’Alëandir au jardin reprenant peu à peu de ses couleurs. Ses yeux étaient brillants et son corps, tendu. De la colère imprégnait le ton de sa voix, une colère qui prenait naissance dans un sentiment d’injustice et dans la frustration de ne rien pouvoir faire. Son regard était plongé dans celui de son père, assis sur une chaise en face.

- Pourquoi ? Pourquoi je n’ai pas le droit de venir ? Répétait la jeune adolescente.
- Filecthel, tu sais bien que c’est trop dangereux. Les profondeurs d’Anaëh ne sont pas faites pour une enfant, répondait Ameanor, le cœur serré par la vision de sa fille dans cet état.
- Mais je ne suis plus une enfant ! j’ai bientôt cent ans !
- Tu es trop jeune pour ce genre de chose ! Les périls sont trop nombreux, en dehors des murs de la cité !
- Et pourtant, j’ai bien vécu soixante-dix années en dehors de ces murs…
- Tu sais bien que ce n’est pas pareil, Filecthel, continua Ameanor avec un soupir. Nous allons bien plus loin que là où nous vivions, dans des environnements plus sauvages. Et la nature est plus traîtresse aujourd’hui qu’elle ne l’était avant.
- Alors pourquoi es-tu revenu ?! Lança immédiatement Filecthel en tapant du poing sur la table. Une larme coulait sur sa joue qui tremblait de rage. Pourquoi es-tu revenu si c’est pour encore m’abandonner ? Je ne veux plus être seule ! Termina la jeune elfe en se dirigeant vers sa chambre. Les larmes coulaient abondamment maintenant, provoquées par sa rage et son impuissance.

Ameanor soupira de nouveau en baissant le regard. Son cœur lui faisait mal, et les doutes le rongeaient. Une main chaleureuse se posa sur la sienne. En relevant la tête, il découvrit le doux visage de Míririen, qui lui faisait un sourire. Les deux époux n’eurent pas besoin d'échanger un mot, une simple approbation d’un signe de tête suffit pour que faire passer le message que ce serait désormais à la mère de gérer l’enfant. La présence du mage ne ferait qu’empirer les choses. Alors, celui-ci prit la direction de l’extérieur tandis que sa dulcinée allait réconforter l’enfant blessé.

Et le voilà seul, maintenant, marchant entre les arbres, et cherchant la quiétude de la nuit qui tombait pour reposer son cœur à vif. Avait-il fait le bon choix ? Cette expédition, que le scientifique organisait, signerait-elle un renouveau, ou creuserait elle la tombe des derniers espoirs de vie avec les êtres qui lui sont chers ? Au fond de lui, Ameanor pensait que sa fille avait raison. De nouveau, il l’abandonnait, bien qu’il le fasse dans l’espoir de donner une nouvelle lueur de vie à son amour séculaire. Et il partait pour si peu de temps… Pas plus d’une ennéade… Aurait-il dû amener son enfant avec lui ? Impossible, jamais il n’aurait pu se pardonner qu’il ne lui arrive quoi que ce soit.

Son pas s’arrêta alors que ses yeux parcouraient les alentours de la petite clairière où il était arrivé. Le fleuve n’était pas loin, les arbres, éloignés, et l’herbe grasse, confortable. L’endroit n’était, certes, pas parfait, mais il ferait l’affaire. Son calme salutaire était prêt à accueillir le mage torturé pour qu’il y apaise son Souffle en perdant son être dans un ciel brillant de milliers d’étoiles. Alors, il balança son regard d’étoiles en étoiles, saluant chacune de ses compagnes de jeunesse sans pour autant trouver la paix qu’il recherchait, sans pour autant parvenir à faire taire la douleur lancinante qui enserrait son cœur. Et son regard finit par se perdre dans une zone du ciel où rien de particulier ne semblait briller. Une zone que seuls les initiés connaissaient, puisqu’il était quelques fois possible d’y voir surgir l’insaisissable qu’Ameanor voulait interrompre dans sa course dans son voyage vers les montagnes.

Il sortit alors trois grandes feuilles de papier, couvertes d’annotation, de calculs et de schéma. Des trajectoires circulaires et des projections de mouvement cycliques de sphères, se décomposant parfois en épicycles, y étaient dessinées. Une nouvelle fois, le scientifique vérifiait les calculs de la position de ce qu’il recherchait quand et où il le chercherait. Mais en avait-il vraiment besoin ? Il connaissait déjà par cœur la réponse, les angles, les positions et les vitesses. C’était encore un moyen pour essayer de vider son esprit et son cœur lourd. Mais rien n’y faisait, et, bien vite, il se retrouva à regarder ses vielles amies scintillantes, perdues dans ses songes de tourmente.

Ce furent des voix bien inattendues qui le sortirent de sa contemplation solitaire des ténèbres. Un elfe singulier l’avait interpellé. Particulièrement grand, il dépassait d’une bonne tête l’astronome, et son torse dénudé présentait des muscles aussi puissants qu’imposant, bien inhabituels. Un sceptre tenait en son dos par un fourreau de cuir, mais ce qui attira particulièrement l’attention d’Ameanor était dans les bras vigoureux du nouveau venu. Une petite elfe, très jeune, emmitouflée dans ce qui devait être la tunique détrempée du géant. Un sourire apparu sur le visage du mage de lumière, un sourire qui ne semblait porter aucune joie, seulement une tristesse sourde soutenue par les cernes profonds sous ses yeux et les débuts de rides qui pointaient sur le bord de ses yeux. La nostalgie d’un temps passé, d’un temps perdu, se lisait sur le visage de cet être. Pourtant, ce fut avec douceur qu’il répondit d’abord à la jeune enfant.

- Un astrobonhomme, c’est quelqu’un que les étoiles appellent tous les soirs pour partager les histoires de leurs journées. Les pauvres se sentiraient si seules, si elles n’avaient personne avec qui parler…

Vous avez vu juste, heru
, reprit-il en perdant son sourire, et avec un regard plus interrogateur qu’il dirigea vers le père de l’enfant. Je suis bien Ameanor, mage maître de la lumière, théoricien des sciences physiques et astronome. Je n’imaginais pas que la petite exploration que j’ai organisée ait pu s’ébruiter autant, en encore moins à tomber sur quelqu’un dans les pénombres du crépuscule en dehors des murs d’Alëandir. En revanche, termina le thaumaturge en plaçant ses mains dans le dos, je ne crois pas vous connaître, heru.
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Artiön Laergûl
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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeVen 17 Mar 2023 - 0:44


Le visage de l’étranger t’est dévoilé, et ton front tout entier se plisse, comme si tes sourcils avaient désespérément cherché à fuir ta face. Voilà longtemps que tu n’avais pas vu une expression aussi… aussi… aussi pathétique. Au sens propre du terme. Il n’y avait pas d’autre mot. Elorêa eut une relation similaire, crispant ses jambes autour de tes épaules, et manquant de t’arracher les cheveux en s’y accrochant trop fermement. Puis tous les deux, alors qu’il entamait sa réponse, aviez soupiré de concert. Sans avoir à en discuter, ta fille et toi étiez tombés d’accord sur le fait qu’il vaudrait peut-être mieux pour celui-là que vous passiez la soirée avec lui. Être triste et seul était après tout le meilleur moyen de commencer une lente descente vers la mort.

Nonchalamment, tu avais pris place assise à portée de bras de l’astronome. Puis rendant un sourire chaleureux, quoique quelque peu gêné à celui qui venait de perdre le sien, tu lui répondis.

- Il n’y a pas grand-chose de ce qui se passe en ville qui m’échappe. tu retiens un rire Artiön Laergûl, Seigneur-Protecteur d’Alëandir et Aran du Royaume. tu tends la paume vers celle qui salue vigoureusement au-dessus de ta tête Et voici Elorëa, ma fille aînée.

- C’est mon anniversaire ! C’est pour ça qu’on est là !

- Aegden m’a un peu parlé de toi la dernière fois que je l’ai croisé à la caserne. C’est assez rare de croiser des civils qui veuillent se rendre dans les Monts Telion, surtout depuis que les gobe…

- Papa chut ! l’enfant déclare de manière autoritaire en posant ses mains sur ta bouche Tu parleras à heru Maënor de gobelins après, j’ai une question importante à…

- Rhëa… tu la coupes avec douceur, mais avec fermeté Qu’est-ce qu’on dit ?

- Mais c’est pas ma faute ! Quand les adultes ils se mettent à parler vous vous arrêtez jamais et je peux jamais parler moi !

- Rhëa…

- Grmbl elle grogne Excusez-moi de vous interrompre… elle dit sans conviction, étirant ses voyelles … mais j’aurais une question à poser.

- Tu vois, tu souris, et caresses les pieds de la petite ce n’est pas bien difficile ! Pose ta question maintenant.

L’enfant fronce les sourcils et pose son index sur le coin de sa bouche, comme se lançant dans une intense réflexion. À vrai dire, elle avait oublié la question qu’elle voulait poser. Ou du moins, une autre en avait pris la place, et elle ne se rappelait plus de la manière dont elle avait constitué l’énoncé de la première.

- Depuis quand les étoiles elles parlent ? le ton était plus agressif qu’elle ne le voulait, faute à l’impatience Et pourquoi elles se sentent seules alors qu’elles sont plein dans le ciel ? Et comment ça se fait qu’il y ait que les astrobonhommes qui les entendent ? C’est de la magie ? Ou alors est-ce que c’est comme avec Liltalaïma et les astrobonhommes c’est des druides du ciel ? Et si c’est des druides du ciel ça ressemble à quoi les animaux du ciel ? elle reprend hâtivement sa respiration pour ne pas être interrompue Puis est-ce qu’on peut leur répondre au moins aux étoiles ? Ou est-ce qu’elles font que parler et elles écoutent jamais ?

Un léger flottement dans l’air.

- Ça fait plus qu’une question ninyë.

- C’est une longue question ! elle rétorque avec fierté

Tu souris, presque désolé, en direction d’Amaënor. Tu aurais préféré ne pas infliger les interrogatoires d’Elorëa à un autre elfe, mais la meilleure solution à tes yeux restait de la laisser interagir avec le monde à sa guise. Qu’elle se sente libre d’exister aux yeux de ses pairs et d’engager le rapport avec eux. Dans ces moments, tu n’étais finalement là que pour assurer qu’elle ne se fasse pas écraser. Ainsi, de ton regard, tu invitais Amaënor à lui répondre comme il l’entendait. Tu saurais gérer ton enfant si le retour ne lui convenait pas.

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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeVen 17 Mar 2023 - 23:02


Ameanor paru momentanément mal à l’aise. Il n’était pas mondain, préférant la solitude de son ancienne demeure dans les collines à l’activité des villes. Et s’il était déjà peu habitué à côtoyer des inconnus, il l’était encore moins à ce que ceux-ci aient un nom aussi illustre que Laergûl, inscrit dans l’histoire des elfes par ses actes. Néanmoins, son visage se décrispa devant la pureté rafraîchissante de la simple spontanéité de l’enfant que le seigneur elfique portait sur ses épaules. La suite ne fit que plonger le mage dans un hier fait de simplicité, un passé révolu, un temps perdu. La tourmente de son regard se changea en une tendre nostalgie, pénétrée de souvenirs inscrits dans ses sens plus que dans sa raison.

Alors que terminait la petite fille, un petit rire échappa même au scientifique, éclaircissant momentanément son visage avec l’expression de paix et de calme qui le caractérisait alors qu’il vivait aux alentours de Quatrième-Saison. Après avoir s’être enquis de l’approbation du père d’un regard, Ameanor répondit en plongeant ses yeux dans ceux de l’enfant.

- Tu me rappelles ma petite Taethriel, quand elle avait ton âge. Eh bien, une longue question mérite une longue réponse, n’est-ce pas ? Le mage leva les yeux au ciel en reprenant son souffle. Les étoiles ont toujours parlé, il suffit de savoir les écouter. En fait, elles parlent très très lentement, et pas avec des mots, non, mais avec des danses. Mais puisqu’elles braquent leur regard sur nous, elles ne peuvent pas voir leurs danses, c’est pourquoi elles se sentent si seules… Alors, nous, les astrobonhommes, avons appris leur langage pour les aider. Et elles se sont mises à nous raconter toutes leurs histoires, lentement, au cours de nombreuses années ! Mais elles ont tellement à dire, qu’elle ne se rendent compte du temps qui passe que lorsque vient le moment pour elles d’aller se coucher, alors qu’elles se fondent dans l’horizon. C’est à ce moment que l’on parle avec, et à peine a-t-on le temps de leur dire quelques mots qu’elles disparaissent. Mais il existe des étoiles particulières, qui reste dans le ciel toute l’année, et qui dansent toutes les nuits. Ces vieilles amies écouteront toujours, et illumineront toujours les nuits les plus sombres.

Tiens, là, regarde ! Continua l’astronome en montrant tout d’abord une petite étoile brillante de manière fébrile dans la nuit. C’est l’Etoile du Nord, la vieille reine si fatiguée qu’elle ne peut plus bouger. Ici, poursuivit-il en montrant successivement plusieurs amas d’étoiles, se trouve le Mathandil, qui cabre, prêt à courir pour délivrer ses messages. Là, se trouve le Naehld, qui déploie ses ailes avant de s’envoler pour sauver les Souffles en peine. Pas très loin se trouve la terrible Medrinil, affamée et qui cherche sa proie, en regardant par-là, vers l’amante implorant le ciel d’aider son amant mourant dans ses bras. La main droite du mage se posa sur son cœur alors qu’il baissa le regard au sol. Laisse-moi donc quelques minutes, veux-tu ? Je vais te traduire l’histoire qu’elles me content depuis quelques saisons.

Il plongea sa main gauche dans sa tunique pour en tirer son antique astrolabe d’or. Son regard se perdit dans le ciel, et sa main droite se tendit vers les étoiles. Un court son sec accompagnant le clapet de l’instrument qui s’ouvrait, et de rapides cliquetis se firent entendre alors qu’il tournait agilement le cadran. Sa main droite se mit à s’agiter, traçant droite trace des lignes, des courbes et des boucles précises et gracieuses. Autour de lui, la magie s’agita, se contorsionna puis tournoya lentement, remontant jusqu’au bras tendu du mage debout dans la nuit en des spirales aussi voluptueuses que contrôlées. Au bout des doigts de sa main droite, les énergies mystiques s’affinaient en un trait d’une exquise finesse, qui dessinait le sort désiré avec la même délicatesse que l’on aurait à dessiner de minuscules enluminures colorées sur les bords d’une page fine et fragile. Ameanor avait passé si peu de temps à préparer ces mouvements qu’un arcaniste confirmé aurait sans doute pu deviner que ce n’était pas la première fois qu’il faisait ce sort.

Alors, lentement, les étoiles se mirent à tourner dans le sens anti-horaire dans le ciel, autour de la petite étoile si peu brillante qui servait pourtant de pivot. Elles s’accélérèrent de plus en plus, formant des petites traînées lumineuses derrière elles. Seul le Flambeau d'Aluthen et l’Etoile du Nord étaient immobiles, et quelques étoiles avaient une trajectoire étrange, formant des boucles ou zigzagant dans le ciel. Bientôt, les traînées se muèrent en de véritables cercles lumineux alors que les étoiles tournoyaient toujours plus rapidement. Mais, enfin, après une poignée de secondes, elles se mirent à ralentir.

Et quand, finalement, elles s’arrêtèrent, une puissante medrinil, clairement dessinée par une myriade de petites étoiles, se tenait sur ses deux pattes arrière et déployait ses ailes puissantes en ouvrant sa gueule aux crocs acérés. Sous l’un de ses membres puissants, se trouvait la jambe d’une silhouette aux cheveux longs, tenant d’une main une épée tendue fébrilement vers la bête. La tête de l’infortuné était posée sur les genoux d’une silhouette féminine qui posait une main dans ses cheveux. La bête terrible commença à descendre lentement sa gueule vers le couple. Mais, non loin, un majestueux mathandil cabra, poussant un hennissement silencieux dans la nuit. Voyant la triste scène, il se mit à galoper dans la voûte céleste pour atteindre le naehld, allongé en boule dans un repos immémorial. L’équidé poussa de son museau la tête de l’animal légendaire qui ouvrit un œil. Alors, il se dressa sur ses quatre pattes et ouvrit grand ses ailes, dévoilant ses deux queux. Prenant son envol, il tournoya dans la sphère nocturne pour fondre sur la créature draconique, prête à faire claquer ses crocs mortels sur le soldat désespéré. Il l’attrapa au cou à l’aide de sa gueule, et le projeta dans les profondeurs ténébreuses de la nuit. Alors, le naehld contempla le couple que la mort cherchait à séparer. Finalement, il entoura les deux silhouettes avec ses ailes imposantes, tandis que le mathandil s’éloigna pour annoncer la nouvelle de la fin de la terrible créature aux habitants des cieux.

Sur ce, la scène s’effaça doucement, laissant de nouveau place aux étoiles naturelles. Ameanor garda le regard sur les restes de l’illusion qui se dissipait pendant encore quelques instants, profitant du goût doucereux d’un ancien souvenir. Il vivait de nouveau cette nuit chaude et dégagée, pendant laquelle ses deux filles de même pas dix ans regardaient la même scène dans le ciel alors que leur père leur montrait les merveilles de l’univers. Encore quelques instants de cette drogue aigre-douce, puis il poussa un soupir et croisa de nouveau le regard de l’enfant, un sourire aux lèvres.

- Entrevois-tu le langage des étoiles, maintenant ?
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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeLun 20 Mar 2023 - 21:19



Les constellations. Il était donc là le secret de son fameux langage des étoiles. Si ta fille était accrochée aux lèvres de l’inconnu, il faut avouer que tu l’étais tout autant. Toi aussi, bien que ne partageant pas cet émerveillement enfantin, tu étais extrêmement curieux de ce à quoi il pouvait bien faire allusion. En soi, tu espérais surtout qu’il ait ancré son histoire dans une quelconque réalité tangible, parce qu’Elorëa – autant une forte tête qu’une rêveuse – avaient le don d’alourdir l’atmosphère de votre maisonnée chaque fois qu’elle était un peu déçue.

En même temps que ta fille, tu découvrais sous un nouveau jour des images auxquelles tu ne portais que trop rarement attention. Ancien militaire… et finalement toujours soldat, le ciel nocturne ne t’a que rarement assez fasciné pour que tu t’attardes sur sa beauté. À tes yeux, l’étoile du Nord et Aluthen disaient où, les autres amas brillants disaient quand. Ni plus ni moins. Quelques rares fois tu te seras perdu en sentimentalisme. La première fois ayant été le jour de ta rencontre avec ton épouse, alors que comme l’Amant, tu n’étais pas loin de lui mourir entre les bras. Les plus récentes ayant été tous ces piques-niques, durant lesquels ta fille t’aura forcé à te rappeler des cours d’astronomie de ton enfance ; ceux auxquels tu n’avais accordé que trop peu d’attention ; en pointant aléatoirement des endroits du ciel où elle dessinait ses propres formes.
Il y avait quelque chose de presque attendrissant dans la manière dont Ameanor tissait son sortilège. Sa pulse ne s’était qu’à peine emportée, son geste était assuré, et son dessin à travers l’éther d’une grande précision. C’est loin d’être la première fois qu’il s’adonne à ce jeu. Non. Au contraire. Il s’y est adonné régulièrement. Probablement pour offrir à sa Taethriel la même chose qu’il offrait à ton Elorëa. Et nul doute qu’elles furent au moins aussi passionnée que l’était ta petite à l’instant.

Ton enfant était perdue. Les yeux brillants, un sourire béât dévorant son visage. Incapable de se décider quant à où donner de la tête, elle pointait du doigt tantôt devant tantôt derrière, espérant par-là t’empêcher à toi aussi de rater quoi que ce soit. Mais les étoiles t’importaient peu. À la place, c’est l’expertise de l’astronome en tant que sorcier que tu appréciais. Les étoiles dans tes yeux n’étaient pas le reflet de celles habitant la voûte céleste, mais le signe de ton attention au doux mouvement de la Trame, à l’expression de la force vitale d’Ameanor alors qu’il donnait littéralement une part de lui afin de donner vie au ciel. Le battement inconstant de son coeur alors que la nostalgie le gagnait, et que son corps ne savait plus s’il devait être emporté par la liesse de ce que tu imagines avoir été un agréable souvenir, ou submergé par quelque chose de plus sombre. D’un sourire entendu, avant que ton enfant ne puisse lui répondre, tu le remercias, car tu le comprenais avoir réveillé quelque chose de douloureux.

- Elles font vraiment tout ça ou c’est juste votre magie ? Elorëa s’enquit, hésitant entre être excitée ou dubitative Parce que papa m’a déjà montré que les étoiles elles bougent dans le ciel mais elles bougent pas autant quand même ! Si ?

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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeMer 29 Mar 2023 - 20:04


D’un léger signe de main accompagné d’un petit mouvement de tête, Ameanor signifia au puissant protecteur d’Alëandir qu’il effectuait cet exercice de bon cœur, autant pour eux que pour lui-même. Néanmoins, il ne put cacher l’ombre passagère de son regard, porteur du temps perdu qui jamais ne pourrait être retrouvé. D’un certain côté, le mage enviait ce père de famille, qui avait la chance d’être avec sa fille, pleine de vie, qu’il semblait aimé du plus profond de son être. Il ne pouvait que souhaiter que les années soient douces pour ces deux Souffle, et que ce père de famille puisse voir grandir et évoluer son enfant dans un monde sain. Mais rien ne pouvait restreindre cette aiguille plantée dans le cœur de l’astronome, qui s’enfonçait à chaque fois qu’il croisait du regard les nouveaux arrivés dans la clairière. Rien ne faisait disparaître le noir qui s’immisçait lentement et continuellement dans le trou de la pointe brûlant sa poitrine. La raison aurait demandé de partager la joie de ceux qui la vivait, mais le cœur ne faisait que renvoyer la sensation de froid au creux de son bras.

Un frisson parcourut le corps d’Ameanor. Il passa sa main gauche sur la partie antérieure de son coude droit, puis souri à la jeune elfe qui exprimait ses doutes de la manière terre-à-terre d’un enfant ne saisissant pas toutes les subtilités de la mémoire vivante des civilisations, de leur manière d’évoluer dans le monde et d’inscrire leurs manières d’être dans l’immensité de l’univers. Bien sûr, les étoiles ne se mouvaient pas de la manière qu’il les avait mises en scène, mais l’histoire qu’il avait montrée était aussi réelle que les rondes des astres dans le ciel. D’antiques légendes, aux origines perdues, des bribes de mémoire superposées aux astres par des observateurs aguerri, déterminant les subtilités des scintillements des astres, et de leurs mouvements par rapport aux astres errant et à la lune -dans un temps où seule une se trouvait dans la voûte céleste-.

- Il me semblait qu’on s’était mis d’accord sur une seule question, non ? Répondit-il alors tout en reprenant une expression plus douce. Bien sûr, tu as raison, les étoiles ne bougent pas autant, reprit tout de même le scientifique, mais ça ne les empêche pas de raconter ce que je t’ai montré. Je n’ai fait qu’utiliser ma magie pour rendre plus compréhensible leurs histoires. C’est d’ailleurs là tout le devoir des astrobonhommes. Pendant des années et des années, les étoiles vont bouger, la lune va passer devant, s’éclairer de diverses manières, et certains astres danseront lentement autour des autres pour vibrer sur leurs contes. Mais il est laborieux de démêler tout cela. Regarde, continua Ameanor en pointant une grande feuille au sol couverte de cercle représentant des orbites, de sphères imbriquées coupant de multiples points, tant planètes qu’étoiles, de mesures d’angles et de flèches pointant à des calculs divers. C’est cela que nous voyons. Et c’est ce que je t’ai montré, c’est ce que nous traduisons.

Le mage fit une courte pause en regardant le fruit de son travail, simple brouillon posé au sol parmi les milliers de pages similaires qu’il avait tracé dans ses longs siècles d’existence. La précision des mouvements célestes, leur implacable logique, leur immensité temporelle et spatiale l’avaient toujours apaisé.

- J’espère ne pas vous faire perdre votre temps, Aran, reprit Ameanor en croisant le regard du géant torse-nu. Il doit vous être précieux, vous qui portez tant de responsabilités sur vos épaules. Cela fait de nombreuses années qu’une expédition dans les montagnes me tourne en tête, et ce n’est qu’une situation récente très particulière qui m’a fait franchir le pas. L’astronome baissa légèrement le regard tandis que ses oreilles s'affaissèrent légèrement. Peut-être que pour vous, qui travaillez toujours au bien-être de notre peuple, ce voyage pour dévoiler les objets cachés du ciel n’est qu’un caprice bien futile… Néanmoins, je ne puis m’empêcher de penser que s’il est juste que vous vous battiez pour nous protéger, il l’est tout autant que je me batte pour créer ce qui doit justement être protégé.
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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeMer 5 Avr 2023 - 1:13


Les mains d’Elorëa se mirent à chercher les tiennes, et tu compris que la petite en avait assez de son perchoir. Quittant tes épaules pour se lover dans tes bras, l’enfant n’en restait pas moins extrêmement attentive à ce que lui expliquait l’astronome, buvant littéralement ses mots même quand elle n’en comprenait pas entièrement les implications. Tant que tu ne contredisait pas, elle se contentait de faire confiance, et de son mieux, elle tentait d’intégrer ce nouvel enseignement, et de faire le lien entre les choses qu’elle était capable de relier.

- Si ça peut te rassurer, tu libères ton enfant d’une main, pour la poser contre l’épaule du mage tant qu’elle sourit, c’est du temps bien utilisé.

Ton regard se tourne vers la petite, qui – loin d’être souriante, au contraire – a les sourcils froncés, le nez retroussé et le regard rivé sur des dessins dont elle veut être absolument certaine de se rappeler pour le restant de ses jours. Ton attention retourne ensuite à Ameanor, et à défaut du sourire de l’enfant, tu lui offres le tien.

- Et si elle réagit comme ça, c’est aussi bon signe.

Tu ris doucement, ta poigne se resserrant légèrement sur l’épaule du mage, le berçant délicatement d’un discret mouvement de poignet. Tu as été chef de guerre, et aujourd’hui tu es roi. En tant que chef de guerre comme en tant que roi, ton plus grand rôle, au final, c’est surtout de te préoccuper de tes Hommes. De les rassurer. De les galvaniser. De les pousser à aller de l’avant en espérant marcher dans la bonne direction. Et celui-ci… pas besoin d’être particulièrement perspicace pour comprendre que son moral n’était pas au plus haut.

- Pour le reste, je n’aurais pas pu mieux le dire. ton étreinte devient une petite tape dans le dos d’Ameanor Mon travail n’aurait pas de sens si personne n’osait aller au bout de ses projets. Que tu te sentes assez à l’aise pour franchir le pas, ça veut dire que je ne fais pas un si mauvais boulot… et honnêtement ça me rassure. tu ris doucement Puis sans des gens comme toi tu jettes à nouveau un œil à ta fille les gens comme ma fille et moi n’aurions pas le luxe de poser les yeux sur quelque chose d’aussi précieux qu’une carte du ciel.

D’un bras, tu ramènes Elorëa à toi in extremis avant que – trop absorbée pour se rendre compte qu’elle penchait à l’excès – l’enfant ne culbute en direction des parchemins. Ton autre main se refuse à quitter Ameanor, à qui tu aimerais, d’une quelconque manière, pouvoir apporter un peu de réconfort.

- Mais c’est l’expédition qui t’inquiète autant ? tu repenses à la manière dont il regardait Elorëa Des petits que tu as peur de laisser derrière ?


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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeMer 5 Avr 2023 - 21:44

Ameanor eut un léger sursaut alors que la main de son roi se posa sur son épaule. Il n’était guère habitué au contact social, et moins encore à ce qu’il devienne physique. Seule sa famille semblait différente à cet égard, dévoilant un être doux, ouvert et au cœur tendre qui était caché au reste du monde. Pourtant, le mage ne chercha pas à se dégager, et accepta le geste. Son cœur souffrait trop pour qu’il n’ait la force suffisante à une quelconque autre réaction.

Néanmoins, il envoya un sourire passager à Elorëa, occupée à décortiquer les notes éparpillées sur le papier, les tracés d’orbites des astres, les rotations des sphères célestes et les projections des différents modèles plaçant lunes, soleil et mondes. Qu’il était doux, de voir de nouveau la curiosité de la jeunesse chercher à atteindre ce qui est hors de portée -pour le moment, du moins- ! Voir la vie, essayer de s’épanouir, de grandir dans un monde plein de mystères à résoudre ! Voir un père s’occuper de son enfant avec amour et dévotion, comme il l’avait échoué, deux décennies auparavant.

L’astronome releva le regard pour croiser celui d’Artiön qui acquiesçait à ses derniers mots. Le scientifique les avait dits plus pour se rassurer lui-même que pour essayer de convaincre. Ses doutes étaient si nombreux, si puissants, qu’il en avait ressenti un besoin impérieux. Ainsi, que quelqu’un d’autre partage sa vision lui réchauffait le cœur, et ce fut avec bienveillance qu’il fit un hachement de tête en signe de remerciement au protecteur d’Alëandir. En ces temps où tout ne paraissait que futilité, qu’ombres fugaces destinées à disparaître dans le vide sans fin, que quelqu’un puisse traiter son travail comme précieux était un véritable encouragement.

Pourtant, la dernière question de son interlocuteur provoqua un soupir chez Ameanor, suivi de l’affaissement de ses épaules et de ses oreilles. Il n’avait jamais été bon pour cacher ses ressentis, c’était une évidence que l’on lierait son malheur sur son visage, sa peur dans ses traits. Au point où il en était, à quoi bon essayer de préserver le peu d’apparence qu’il restait ?

- J’ai déjà tant abandonné derrière moi… Commença alors le mage, le regard semblant se perdre dans les ténèbres de la nuit, à travers un brouillard de peine et de douleur. En réalité, ce sont mes choix qui me terrifient. Fais-je encore fausse route ? Mes échecs n’ont laissé que cendre derrière eux. Il baissa alors les yeux vers ses genoux. Des petits, oui… Il fut un temps où j’avais deux filles, deux magnifiques jumelles, Taethriel et Filecthel. Mais ce sont mes choix qui ont amené au pire. Ameanor ouvrit ses mains, plaçant leur dos sur ses genoux et ses paumes, devant son regard. Ce sont mes mains qui n’ont pas eu la force de protéger la seule chose qui devait l’être. Une larme se forma au coin de son œil, alors qu’il voyait de nouveau le sang de son enfant couler entre ses doigts. Et ce sont tous mes pouvoirs les plus bruts, prêt à arracher le Souffle du corps, qui n’ont été que pure futilité, étincelle destinée à disparaître dans le noir. Ce sont mes choix qui ont abandonné Taethriel à l’arbre de notre ancienne clairière.

Par réflexe, le mage porta de nouveau sa main gauche au creux de son coude droit. Le froid était mordant, il transperçait la chaire pour envahir le cœur. Un instant, il ferma les yeux et serra les dents, comme pour résister à une vive blessure.

Toutes mes possibilités semblent de mauvais choix. Et, encore aujourd’hui, j’ai l’impression de choisir le pire qu’il m’était possible de faire. Je ne peux pas abandonner mon épouse à l’oubli dans lequel elle s’effondre. Elle a besoin de vie, d’un renouveau. Je ne peux pas la perdre, sinon, où trouverais-je la force de continuer ? Mais alors, j’abandonne l’enfant envers qui j’ai déjà failli. Je laisse Filecthel seule, à l’Académie. Mais que puis-je faire ? Lança-t-il en relevant la tête vers le puissant roi, le regard torturé, la larme formée précédemment ayant laissé un sillon sur sa joue. Je ne peux pas la faire venir, elle n’a pas même un siècle ! Mais elle a besoin d’aide, elle a besoin de nous, et je l’abandonne. Encore…
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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeSam 8 Avr 2023 - 0:32


Ta fille n’aime pas voir les larmes couler sur les joues des adultes, parce que l’ayant vécu, elle sait ce qu’il faut pour pousser les adultes aux larmes. Mais ta fille, probablement beaucoup trop tôt, mais heureusement avec une force que ni ton épouse ni toi ne l’auriez imaginé avoir, avait su rester debout à travers la douleur. Ta fille est l’enfant d’un soldat et d’une guérisseuse. La mort a toujours été proche de ses parents. Vous le saviez. Vous ne le lui aviez pas caché. Vous vous étiez contentés d’en parler comme une réalité. Une réalité qui n’est pas pour autant une menace. Malgré tout, Kaëlistravaë et toi vous étiez retrouvés bien surpris de constater que déjà, si tôt, elle l’avait compris, et l’avait accepté.

- Quand papa était mort, l’enfant déclare avec toute la solennité dont elle est capable maman m’a dit que tout ce qu’on peut faire, c’est pleurer, se souvenir, et respecter nos promesses. elle hausse le ton Et pour le reste, Anaëh s’en occupe.

L’enfant à quitté ton giron et de ses petits bras, elle s’est tentée à enlacer Ameanor. Le même geste qu’elle avait offert à sa mère en larmes devant ton corps inerte. Le même geste que lui avait rendu sa mère alors qu’elle fondait à son tour en sanglots. La seule manière qu’elle connaissait pour communiquer à quelqu’un qu’il n’était pas seul.

- Malheureusement, les choix difficiles font partie de la vie. ton bras se love autour des épaules du mage, et tu le rapproches de toi Mais au final, tout ce qu’on peut faire, c’est vivre avec et faire de notre mieux pour en faire de meilleurs. tes doigts cherchent son crâne et le massent doucement, réflexe pris avec tes enfants Nos enfants sont plus solides qu’on ne peut l’imaginer. Et même si parfois, inévitablement, on les blesse, un enfant sait reconnaître quand ses parents l’aiment. Et je suis certain que ton épouse et toi, vous aimez votre fille de tout votre Souffle ta main va a sa tempe, appelant sa tête à ton épaule Si tu penses que vous en avez besoin, alors prenez un moment pour vous, revenez meilleurs pour elle, et demandez-lui pardon là où vous pensez avoir failli, tout simplement. tu secoues gentiment l’astronome, comme essayant le revigorer Dis-toi que si ta fille a du mal à te voir t’éloigner, c’est qu’il y a au moins quelque chose quelque part que tu fais bien.

Les enfants… et les adolescents plus encore savent protéger leur cœur. Ou du moins, ils savent s’y résigner. Si l’enfant d’Ameanor n’en est pas encore là, c’est qu’elle attend encore quelque chose de lui, et si elle attend encore quelque chose de lui, c’est qu’elle se sent encore assez aimée pour pouvoir espérer l’obtenir.

- Ce n’est pas le moment d’abandonner, tu m’entends ? ta poigne se resserre, et ton timbre, déjà adouci, devint presque un murmure Quant à Taethriel, tu la retrouveras un jour. Mais en attendant, la Sylve continue de porter ses mémoires. Et pour peu qu’un jour tu retournes chez vous, et que tu daignes écouter, je suis certain que les Voix d’Anaëh sauront te Chanter des choses heureuses. Aussi tragique en soit la fin, Liltalaima sait faire honneur à notre histoire, et je suis certain que le temps qu’elle a duré, ta fille a vécu un conte qui vaut d’être raconté.

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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeSam 8 Avr 2023 - 12:32


Un sourire triste répondit à l’étreinte enfantine. Il y avait quelque chose de mignon dans sa vision simple du monde, empreinte de mots doux. Mais quel était le pouvoir de mots doux face à la terreur du vide, nourri par le temps implacable ? Que pouvaient-ils face au noir se teintant lentement d’un rouge sanguinaire d’une haine viscérale contre soi-même ? Telle une marée sombre rongeant peu à peu les murs effrités d’un cœur fendu, le temps avait fait son œuvre, le brisant définitivement, ouvrant une brèche où le vide put s’installer. Et, dans ce vide, toute chaleur doucereuse n’était que temporaire et finissait invariablement par s’évanouir. Peu importait la hauteur que réussissait à atteindre la luciole, elle finissait toujours par retomber plus loin, plus profondément dans la noirceur visqueuse de l’oubli.

Pourtant, quelque chose restait. Pourtant, quelque chose brillait toujours. Un espoir. Un désir. Un amour sincère et profond. Simple corps étendu, se mouvant difficilement, mais repoussant toujours les terribles assauts du vide. Chassant la haine qui tentait de le briser de l’intérieur. C’était une main tendue, cherchant à attraper la lumière. C’était l’aspiration à la vie. C’était le noyau dur du Souffle que même l’oubli éternel ne pouvait atteindre, là où se logeait l’amour dans sa forme la plus brut qu’Ameanor portait à sa famille. L’étreinte du roi aida momentanément à chasser l’attaque ténébreuse qui s’infiltrait, ce soir, sur ce corps blessé. La lumière brillerait, oui. Avant que la chute ne survienne à nouveau, précipité par la force inaltérable du temps.

- Vivre avec ses choix ne justifie ni ne pardonne de ne jamais apprendre à les rendre meilleurs pour ceux que l’on aime, chuchota alors le mage au sir qui daignait prendre de son temps pour ce Souffle en peine. Et vous ne savez pas à quel point le mal que j’ai fait est grand, à quel point mes échecs ont fait souffrir ceux qui m’étaient les plus chers. Vous avez connu les affres de la guerre, les vies perdus dans la douleur et je conçois alors à quel point mon histoire doit vous paraître pathétique, tout comme ma manière de la vivre. Pourtant, le sol se dérobant sous nos pieds… L’étreinte implorante contre ma chair… Le cœur battant de terreur pendant la chute… Le craquement des os qui se brisent… L’odeur du sang… Le froid sa tête contre mon bras… Tout cela est inscrit profondément en moi, et revient chaque nuit, attend chaque instant de paix pour ressurgir.

Ameranor serra ses poings, toujours posés sur ses genoux et ferma les yeux un instant. Il y avait ici des elfes qui ne cherchaient que du bien, et une enfant qui n’avait certainement pas besoin de l’aperçu de la Tourmente dont le mage avait arpenté les limites. Peut-être était-ce son cœur qui était défaillant, peut-être était-ce Souffle qui, contrairement aux autres, ne pouvait s’adapter à la déchirure provoquée par ce qui jamais ne devrait être. Mais, au moins pour cette nuit, il pouvait essayer de contenir la douleur qui se rependait, ne serait-ce que pour endiguer le malheur qu’il générait autour de lui. Le mage poussa un profond soupir et contempla le ciel froid, brillant de mille étoiles. Ses yeux étaient toujours brillants, mais sa voix, plus forte, semblait quelque peu calmée.

- J’ai peur de ce qui pourrait se passer en notre absence. Je crains que Filecthel n’ait hérité de ma malédiction solitaire. Lorsque les être auxquels nous nous lions profondément se comptent sur les doigts d’une main, la perte de l’un d’eux est un coup terrible. Jusqu’ici, mon épouse a donné toute l’énergie qui lui restait pour l’écarter du gouffre, jusqu’à se vider complètement, mais elle marche toujours sur un fil. Et s’il lui arrivait de choir, je ne voudrais pas ne serait-ce qu’imaginer les conséquences. Si j’ai pu faire des choses bonnes, est-ce le cas maintenant ? En voulant faire le bien, je crains de provoquer le plus terrible mal. Un mal qu’aucune excuse ne peut pardonner. Ameanor baissa la tête, un sourire nostalgique prenant place sur son visage. Pardonnez-moi. Je n’ai pas à vous faire porter mon fardeau, ni à vous demander de réparer mes propres défaillances. Le mage passa une main douce et bienveillante sur les cheveux de la petite Elorëa qui n’avait cherché qu’à la réconforter. Un geste mille fois répété, presque un réflexe maintenant. Tu es une fille brave. Puisses-tu garder à jamais cette joie de vivre que tu as au plus profond de toi, ainsi que la force de ton cœur à vouloir propager le bien autour de toi.

De nouveau, l’astronome leva les yeux au ciel. Il semblait légèrement apaisé, bien que toujours nostalgique. Là-haut, la lune brillait au milieu des étoiles, et la nuit était belle.
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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeDim 9 Avr 2023 - 15:11



Non. Tu ne trouves pas son histoire pathétique. Au contraire. Vivre la guerre, voir famille et amis tomber au combat. Voir des elfes auxquels on se lie plus profondément qu’on ne l’imagine changés à jamais par ce qu’ils ont été forcés de faire. Réaliser, parfois de longues ennéades après la fin des combats, que toute cette effervescence n’était pas qu’un rêve… c’était difficile. Plus difficile qu’aucun soldat ne l’avouerait jamais devant un civil. Parce qu’aux yeux des civils, vous deviez rester ces inébranlables protecteurs. Ces machines de guerre prêtes à faire sacrifice de leur vie pour que les leurs puissent continuer le plus paisiblement possible. Quitte à parfois vous faire l’objet du mépris de ceux qui ne comprennent pas la guerre, vous vous appliquiez de votre mieux à ce qu’ils n’aient pas à la comprendre. Oui. Conserver le peuple dans l’ignorance des réalités de la guerre était – si non le – l’un des plus fondamentaux de vos impératifs. Un impératif qu’il vous fallait toute une vie de conditionnement et un rigide système de soutien pour avoir la force de supporter.

Si vous, à qui l’on enseignait à regarder La Mort dans les yeux en aviez toujours peur, comment blâmer un elfe à qui elle fut si soudainement infligée de s’en trouver désarçonné ?
Non. Tu ne trouves pas son histoire pathétique, alors tu le contredis sans mots, faisant ton étreinte plus chaleureuse chaque fois que lui semble tenter de se vêtir d’un masque plus froid. Tu essaies de te prouver l’Aran qu’il mérite, lui comme le reste d’Anaëh, et non pas celui qu’il pense mériter. Car en tant que dirigeant de ce Royaume, n’es-tu pas finalement comme patriarche d’un foyer dont les frontières se confondent avec celles d’Anaëh ? Père adoptif de milliers d’elfes ?

- Promis !

La petite finit par libérer le mage, et par imitation, son regard se porte à son tour vers un ciel qu’elle a soudainement la sensation de mieux comprendre.

- Mon épouse et moi, on passe régulièrement par l’Académie. tu libères à ton tour Ameanor, lui tapotant le dos du plat de la main en guise de dernier symbole d’affection Si tu veux, le temps de ton absence, on pourrait en profiter pour jeter un œil à comment se porte ta fille.

À ton tour, tu lèves les yeux vers le ciel, et tu souris. Ta fille retrouve sa place dans ton giron. Le calme que vous étiez venus chercher s’installe lentement. Ce n’est pas ce que tu pensais partager avec Elorëa pour son anniversaire, mais l’enfant en semble profondément heureuse. Quant à toi tu es fier. Fier que d’entre tous les traits que Kaëlistravaë et toi auriez pu passer à votre fille, elle ait hérité de votre compassion et de votre force.

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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeLun 10 Avr 2023 - 0:49


Dur est l’instant où l’assaut ténébreux cherche à ensevelir les dernières lueurs d’espoir. Tout aussi dur est l’instant suivant leur reflux, alors que l’être écrasé sous le poids de la douleur observe les dégâts qu’il a causé dans sa lutte. Maintenant, la haine s’infiltrait sur le sable de la roche brisée. Ce sentiment de rejet de soi, en constatant ce que l’on imposait aux autres. Non. Il n’avait pas le droit de monopoliser quelqu’un qui avait déjà bien trop de choses à faire. Il n’avait pas le droit de lui demander plus encore de son temps précieux. Ce n’était pas une nounou. C’était le roi. Et il ne devait pas se sentir obligé de promettre son aide sur la durée au premier elfe trouvé dans la forêt, là où des milliers d’autres souffraient peut-être tout autant, là où ce temps perdu aurait certainement dû servir au bien du plus grand nombre.

- Je me suis déjà trop imposé à vous, répondit Ameanor en détournant les yeux du ciel et en baissant la tête. Si vous devez passer à l’académie, c’est que vous avez certainement des choses importantes à y faire. Plus importantes que de courir après une enfant pour calmer les angoisses d’un de vos citoyens. Je ne peux pas vous demander cela pour mon intérêt personnel, à vous qui gérez l’intérêt de tous.

Le mage poussa alors un soupir. Dans son esprit, se matérialisaient les temps anciens, des temps où ses deux filles jouaient cote à cote. Alors, il repensa à la vie simple que l’on a dans son jeune âge, une vie simple aux sentiments exacerbés, où toute frustration, pourtant banale, peut se vivre comme une véritable trahison, ou un abandon. Il se remémora sa petite Filecthel partant pour un écrin de solitude alors qu’elle venait de se heurter à la dure réalité de la vie. Il se souvint de la voir se réfugier dans son lit, dans sa tendre jeunesse. Puis alors qu’elle grandissait, trouver des coins silencieux parmi les livres de la salle de travail de sa demeure. Puis, enfin, s’enfuir dans les fourrés de la colline, dans des cachetés connues que d’elle-même et sa sœur, qu’elles trouvaient en jouant et en farfouillant la terre, dans l’espoir vain de trouver une plante que leur mère ne connaissait pas. Dans ses moments de peine, cette enfant avait besoin de se trouver un écran de solitude, de se protéger d’une cage dorée telle celle que son père s’était créé de longs siècles avant, alors qu’il n’était qu’un jeune bambin. Et c’était bien parce qu’il avait vécu cela qu’Ameanor savait qu’il ne fallait pas la laisser s’isoler, pour son bien. Cette petite fille avait peut-être trop pris du caractère de son géniteur pour son bien, mais comment ne pas encore plus l’aimer pour cela ?

- Je ne connais que trop bien ma fille, dit alors l’astronome en relevant la tête. Si elle commence à se sentir mal, elle partira se trouver un coin secret où digérer son mal-être dans la solitude. Mais cette même solitude est le terreau fertile du malheur. Quand nous étions encore au Coromitinwë, dans notre ancienne résidence, nous devions parfois nous résigner à demander l’aide de Taethriel pour avoir une chance de la retrouver… Alors que pourriez-vous faire, dans ce cas ? Vous n’avez certainement pas le temps de courir partout dans l’Académie et alentour à la recherche d’une fille que vous n’avez jamais vue pour le compte d’un elfe qui n’a su correctement s’en occuper.
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MessageSujet: Re: La ronde céleste [PV Amaënor]   La ronde céleste [PV Amaënor] I_icon_minitimeSam 22 Avr 2023 - 18:26


La réaction du mage – parce qu’elle était finalement bien trop prévisible – t’arrache un soupir las. En tant que parent, tu le comprends. En tant qu’elfe ayant perdu des proches, tu le comprends. Mais ayant peut-être trop côtoyé la mort pour véritablement sympathiser avec ce qu’il ressent, tu ne peux que t’attrister de voir ainsi lentement sombrer un Frère dans une spirale qui ne peut mener qu’à la sienne.

- Demander de ses nouvelles ne me coûterait pas grand-chose. tu commences à masser le crâne de ta fille, qui s’endort lentement Et même si ce n’est pas grand-chose, être rappelée de temps en temps que son père pense à elle pourrait faire plaisir à ta fille. tu prends la tienne contre ta poitrine Il s’en faut parfois de peu.

Tes yeux se ferment, et tu serres ton enfant contre toi, la berçant tendrement alors que l’une de tes mains lui caresse la tête. Les chants des oiseaux et insectes nocturnes ont pleinement pris possession de l’espace sonore. Les lunes brillent dans le ciel, entourées de leur cortège d’étoile. Le poids d’une journée à suivre son vieux père a fini par avoir raison des forces de la petite elfe.
Tu te lèves, et cherches Ameanor du regard. Tu lui souris, une dernière fois, espérant lui en arracher un dernier à lui aussi. Ton enfant, groggy, quelque part entre l’éveil et le sommeil cherche péniblement à entourer ton large cou de ses petits bras.

- Ma proposition tient toujours. tu lances un regard en direction de la Cité Si tu changes d’avis, tu sais où me trouver. tu fais ton premier pas sur le chemin du retour Et fais attention à toi. D’accord ?

Aussi magnifique soit-elle, la nuit en Anaëh se fait vite traîtresse.

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