[Afflux] Invasion Gnolle | L'aube d'un nouveau défi [Libre]

Fin de Karfias,
les Terres Stériles, au Sud du Puy d'Elda.
Campement du IIIè ost.

Un vent sinistre faisait s'élever le sable blanc des Terres Stériles en de léger nuage de poussière. Le ciel dégagé laissait ce soleil de plomb abattre ses rayons dont la chaleur suffocante ne rendait ce pâle désert plus désagréable qu'il ne l'était déjà. Le manque de relief et de la moindre trace colorée l'inhibait d'une bien fade monotonie. Il n'y était pas possible de s'y repérer sans un travail minutieux de d'éclairage. Le moindre malheureux qui s'isolait prenait le risque de s'y égarer définitivement, jusqu'à ce que la mort le délivre de la faim.

Sur l'une des rares dunes à des lieues à la ronde, un grand campement militaire se dressait derrière des barricades primitives. S'il n'était pas dans ce fichu désert, ce camp ne susciterait certainement que de l'indifférence. Pourtant, d'aucun dirait que ceux qui l'ont dressé sont parmi les êtres les plus dangereux de Miradelphia. Le tissu des bannières et des tentes claquait au gré des quelques rafales faisant s'envoler le sable, tandis que les soldats, emplastrés dans des armures aussi noires que leur peau, s'étaient réunis en rang devant celui qui ressemblait à leur commandant. Entre eux, quelques soldats de rang différents se dressaient au dessus d'un cadavre de ce qui ressemblait à l'hybridation d'un canidé et d'un homme.

« … Ils nous ont attaqués à quelques lieues. Bien qu'elles ressemblent à des hyènes, ces créatures sont pourvues de parole, et sont bipèdes. Elles se battent avec des armes, bien que leur entraînement soit très médiocre. Vu leur nombre, il ne s'agissait probablement même pas d'une avant-garde. Nous n'avons trouvé aucune trace de campements à proximité du lieu des combats. »

Pensif, l'officier s'approcha des cadavres apportés par les soldats revenant d'une patrouille. Il s'accroupit pour mieux observer les cadavres, puis tira son épée, de laquelle une chaîne pendouillante supportait le poids d'un anneau orné d'un gros améthyste. De là, le Senger titulaire du sceau marquant son rang entailla l'une des créatures jusqu'à ce que du sang en coule. Un sang rouge comme le leur.

« Je n'ai jamais rien vu de tel. » fit Kaernsÿmran, en se relevant. « Nous faisons véritablement face à un nouvel ennemi, qui n'a rien à voir avec ceux que nous avons affronté ces dernières années. Reste à savoir à quel point il peut se montrer gênant… »
« Quels sont les ordres, Senger ? »
« Nous n'avons pas les provisions nécessaires pour s'engouffrer plus loin dans le désert, et nous savons à quoi nous avons affaire. Faîtes vos affaires, nous rentrons à Elda pour y préparer la suite des opérations. Qu'Uriz nous en soit témoin, si ces créatures veulent nous défier, elles n'y trouveront que la défaite. »

2è ennéade de Favriüs de l'An XXI du Onzième Cycle,
Quartier Général du IIIè Ost, dans les Profondeurs du Puy d'Elda.

Dès son retour au Puy d'Elda, Kaernsÿmran avait rapporté les trouvailles de ses hommes à l'État-Major. Le lendemain, il avait pris les choses en main, en faisant appel à tout volontaires désirant s'aventurer dans les Terres Stériles afin d'y dénicher l'ennemi, quelle que soit son nombre ou sa force. Soldats, prêtres, et magiciens de tout horizon étaient conviés à se manifester, afin de composer un groupe spécial pour cette opération que le Senger du IIIè Ost commandera en personne. Ce dernier ne voulait créer aucun mouvement de troupes significatifs sans mieux connaître son ennemi, et encore moins sans savoir où il nichait. C'est également pour cette raison qu'il avait fait multiplier les patrouilles et les avants-postes dans les Terres Stériles.

Les volontaires avaient déferlé depuis lors, de tout rang et de tout âge. Tous voulaient répondre à ce que beaucoup pensait être une nouvelle épreuve décidée par le Père. Mais Kaernsÿmran ne put sélectionner que les meilleurs pour former un commando restreint à une cinquantaine de combattants, tout au plus. L'objectif était de pouvoir couvrir de longues distances plus aisément, dans un terrain hostile et sans nécessiter d'énormes provisions qu'une troupe armée de plusieurs centaines de soldats n'exigerait.

L'heure était venue de démarrer officiellement les opérations. Le Senger du IIIè ost avait convoqué les volontaires pour un départ imminent vers le Sud.

Le retour au Puy avait été une bénédiction. Un repos bien mérité pour celui qui avait décidé de rejoindre la croisade en terre péninsulaire. Il était parti avec le dernier convoi, prétextant un certain intérêt pour les hommes sous ses ordres et les commandos envoyés plus en profondeur, alors que ses raisons étaient tout autres. Il avait attendu, attendu jusqu’au dernier instant, leurs retours en vain.

Si cette expédition avait un vrai succès, il n’en savait rien. Cependant pour lui, elle en avait été couronnée. Le gros des forces armées en retrait, couvrant les commandos, avait su tenir son rôle jusqu’au dernier jour et les pertes avaient su être limitées.
Le Père avait été témoin, il avait vaillamment combattu et mené les troupes, Kiel aussi été témoin qu’il avait accompagné son vaisseau dans sa mission divine. C’était là la vraie source de satisfaction du guerrier qui, maintenant, se reposait.

Il était alors posé sur un des fauteuils de sa demeure, avachi même, profitant d’un verre avant de prendre la direction de sa chambre. C’est à cet instant qu’un esclave vint attirer son attention, la tête basse et le dos courbé. Si Vel’drin n’était pas vêtu de son armure ou armé de sa faux, il restait néanmoins imposant à la vue. Son torse dénudé, couvert de cicatrices et de tatouages, laissait entrevoir son corps massif et façonné par la guerre.
Quand l’infâme créature osa le déranger, il ne daigna même pas relever le visage, il entendit simplement la raison de sa venue et d’un signe de l’index, posé sur l’accoudoir, lui ordonna d’agir.

Quelques secondes après, un second drow entra dans la pièce. Celui-ci portait une armure et les attributs du I ost, ainsi que les décorations le désignant comme Veldruk, un lieutenant. Le guerrier salua son supérieur et aussitôt prit la parole.

“Vel’drin, je viens t’informer de ce qui s’est dit en ton absence.” Un regard curieux se dessina sur le visage du Zaurahel, mais il garda le silence. “On raconte que l’Obok Senger du Troisième recherche des volontaires afin de mener une expédition dans le désert. Des créatures étranges y ont été repérées et…” Subitement, Vel’drin leva sa main pour le couper dans sa parole. Il se redressa quelque peu sur son assise et de sa voix calme répondit. “Avant de poursuivre, en as-tu parlé à notre Obok Senger ?” Le Veldruk hocha. “Il est au courant, mais… - Mais ?” Il pencha sa tête sur le côté, ses cheveux retombant en cascade sur son visage. [b]“Mais, il ne semble aucunement concerné par cette affaire, prétextant que le premier ost n’a pas à s'en intéresser et qu’il s’agit d’un problème uniquement pour le troisième.”[/color] Un sifflement s’échappa des lèvres du Streea Jabbuk et finalement, il se redressa, approchant de son lieutenant. Il posa alors une main sur l’épaule de son subordonné et reprit. “En ce cas, je répondrai présent à l’appel de l’Obok Senger du Troisième, non pas au nom de mon ost, mais dans le but de démontrer que la sécurité de nos terres est un devoir pour tous, surtout en ces temps où le Premier ost n’est pas déployé. Si tu désires, toi et même d’autres, te porter volontaire, fais-le.” Finalement, il se détacha de son interlocuteur et retourna s’asseoir.

Le Veldruk le salua alors et reprit la direction de la sortie. Il ne s’agissait pas de contredire les paroles de l’Obok Senger en place, même si cela pouvait d’une certaine manière arranger les affaires de Veld’rin, car le volontariat était pour tous. Cependant, en agissant de la sorte, il montrait aux siens, qu’il était un guerrier bien plus dévoué que le serait leur général et mieux encore, combattre encore une fois sous le regard du Père était un acte qu’il ne pouvait pas rater.

D’un geste machinal, Syrkrar'lltran gratta l’une de ses joues, de la pointe de ses griffes, sans trop prêter attention à la trace carmin qu'il y laissa. Trop de discutions. Trop de parlote.

Perché sur une pierre au fin fond du puy d'Elda, attendant les décisions avec les autres volontaires, le mage regardait l’horizon, comme s'il pouvait voir l'extérieur de là, et il grimaçait. On lui avait dit que le Troisième Ost cherchait des volontaires pour régler un problème de créatures étranges au dehors du volcan. Évidemment, le prêtre d’Uriz ne pouvait laisser cette occasion de se faire remarquer aux yeux du Père des batailles. Alors eh bien il était venu.

A présent qu’attendait-on ?

Le drow agita ses doigts, faisant vibrer très légèrement les énergies brutales et invisibles autour de lui. Tout son corps brulait de déverser sa colère sur les impies au dehors. Du sang, du feu et de la glace. Voilà ce à quoi le prêtre rêvait en observant l’horizon invisible, ses canines se relevant en un rictus animal.