Sus à la racaille - Viliam

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Shaheem Angharad
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MessageSujet: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeMer 28 Fév 2024 - 22:24


Sus à la racaille - Viliam Anjm

Le 4ème jour de la troisième énnéade, de l'an 21 du XIème cycle

L’automne ramenait sur la capitale un air plus respirable. La moiteur étouffante de l’été passée permettait à la ville de retrouver sa saine effervescence ; non pas qu’elle s’arrêtait pour autant durant les longs mois chauds ! Thaar ne dormait jamais vraiment. Simplement qu’il était plus agréable d’arpenter les rues à cette période. La mélasse de la basse-ville donnait bien moins de hauts-le-cœur, et les corps transpiraient de manière plus modérés. De fait, c’était les conditions idéales pour une sortie au cœur du poumon Vaani. A croire que tous s’étaient donnés le mot. Les rues résonnaient de rires et les conversations allaient bon train. Les vendeurs hélaient avec ferveur le chaland, criant à qui mieux-mieux la qualité des produits à des prix défiant toute concurrence. Shaheem aurait pu sourire en les écoutant, mais son visage était impassiblement égal, luttant parfois pour retenir une moue lorsqu’un malandrin s’approchait de trop près. Ces sorties étaient de véritables tortures pour la Princesse ; pas particulièrement parce qu’on la forçait à s’arrêter tous les dix pas pour s’assurer de sa sécurité à chaque intersection, plutôt parce qu’elle devait se mêler à toute sorte d’engeance qu’aucun n’aurait aimée côtoyer.

Oh, elle n’avait rien contre l’honnête Thaari qui gagnait sa vie à la sueur de son front. Elle n’aimait juste pas la sueur, ni les mains crasseuses qui écrasaient les perles des fronts fatigués. Aussi avait-elle passé un accord consensuel avec elle-même pour déléguer ce genre de tâche à plus capable qu’elle. Pourtant aujourd’hui, elle n’avait guère réussi à s’esquiver. Sous les suppliques écrites de Mihai, elle avait fini par céder pour avoir la paix. Arcam aurait mieux dû rendre cette femme impotente, sa vie aurait été plus douce ainsi. Mais là ! Elle la connaissait assez pour savoir que son insistance était sûrement justifiée, et que donc elle devait délaisser ses affaires courantes pour se rendre au rendez-vous qu’elle avait elle-même fixé, deux jours plus tôt. Elle était bien plus à l’aise à jouer la négoce avec des gens de pouvoir, et à s’adresser à ses pairs. Son humeur massacrante, qu’un médecin aurait tout aussi bien qualifié d’affaire de femme, était donc bien plus liée à son appréhension qu’à ce bain de foule.

Il était un temps pas si lointain où la Princesse de Sel aimait à se promener dans la ville, flânant avec insouciance, s’amusant comme il était coutume dans la cité aux milles sens. Elle enviait souvent cette ère révolue, et revivait avec une amère nostalgie ces souvenirs précieux. Elle les chérissait, non pas comme une chose perdue, mais comme un espoir ; car malgré tout, elle espérait un jour trouver l’équilibre qui lui permettrait d’être une autre que la Princesse de Sel. Elle aurait volontiers ri à cette pensée. C’était une utopie adulescente, un fantasme que de croire que quiconque aurait pu être intéressé par autre chose d’elle. Lorsque son oncle et sa tantine était encore là, tout était si différent. Eux l’aimait pour ce qu’elle était, et, étrangement, elle avait moins l’air d’une enfant effrayée à leur côté.

Mais l’heure n’était pas aux regrets. On l’arrêta une nouvelle fois, et un soupir d’agacement lui échappa. Autour d’elle se massait une petite troupe en armes. Elle n’en connaissait pas la moitié, mais savait qu’elle les payait assez cher pour qu’ils lui soit dévoués au moins ce midi. Puis elle avait entière confiance en Archibald, ce qui pouvait se rapprocher le plus de son maître de la garde personnelle. Il était vieux à présent – quarante ans passés. D’aussi loin qu’elle se souvienne, il avait toujours servi Brahem, comme un meuble utile que l’on transportait de demeure en demeure. Shaheem avait un peu d’affection pour lui, il avait été gentil et serviable, et de bons conseils. Aussi n’avait-elle pas réfléchit davantage lors de la succession. Il avait gardé son poste, et s’était vu confié la responsabilité de sa vie : ce qui, lorsqu’on servait un Prince-Marchand, n’était pas une mince affaire. D’ailleurs, le bretteur avait lui-même reconnu les lieux en avance, dès qu’elle l’avait averti de la rencontre, non sans tenter de l’en dissuader.

C’est que Thaar était loin d’être un havre de paix, et dernièrement, quelques incidents avaient ébranlé le conseil tout entier. Il ne s’agissait, disait-on, que de quelques trouble-fêtes, cependant ces trouble-fêtes faisaient claquer des genoux les Princes et Princesses. De la racaille d’une ingratitude folle dont la témérité laissait à redouter le pire. Mais là, ils étaient en plein jour, dans une artère proche du marché. D’aucun ne se risquerait à quoique ce soit de fâcheux. Et puis, se rassura-t-elle, le guet patrouillait régulièrement, peut-être assez pour se joindre à ses forces personnelles en cas de mauvaise rencontre. Un peu plus blême à présent, elle questionna son gardien du regard alors qu’il revenait de sa dernière inspection.

« — La voie jusqu’à la maison est sans risque votre Altesse, voulez-vous que je vous fasse annoncer ?
Eh bien oui, je ne compte pas prendre racine ici. »

Elle eut bien du mal à réprimer la mine dégoutée qui pointait son nez à la commissure de ses lèvres, et emboita bientôt le pas à Archibald jusqu’à la masure qu’elle était venue visiter. L’endroit était idéal : à deux pas des étals, dans une rue passante, le bien possédait une jolie façade entretenue avec deux entrées. Ce n’était pas les cabanes des pécores, plus éloignées. Elle n’avait rien de modeste, et devait à coût sûr appartenir à une quelconque famille bourgeoise que de récents événements avaient mis en difficulté. Oui, Mihai avait vu juste ; la Princesse voulait ce bien à présent. Elle désirait le posséder, l’ajouter à son escarcelle, consciente de la rentabilité d’un tel lieu. Elle pourrait proposer la location à un de ses commensaux, qui pourrait y faire commerce de jeu ou de plaisir, ou tout autre chose, elle s’en fichait bien. Plus elle en obtiendrait un bon prix, plus elle pourrait compter sur les bénéfices qu’un tel endroit engendrerait dans ses mains habiles. Perdue dans sa contemplation, elle n’entendit même pas lorsqu’on la présenta et pris simplement la porte ouverte comme le signal du bourreau. Elle pénétra à l’intérieur, prête à abattre la hache faite d’un petit paquet doré. Elle l’aurait.


Dernière édition par Shaheem Angharad le Jeu 14 Mar 2024 - 18:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeJeu 29 Fév 2024 - 10:03


-En voilà une surprise !

Elle avait à peine franchit la porte de la maison, sa garde encore à demi à l’extérieur qu’une voix, venue à son tour de l’extérieur et en amont d’un toit plat en face de la maison, avait interpellé la petite troupe.

-Et un honneur ! Une princesse nous fait la grâce de venir visiter les basses-rue. Il y avait un ton particulièrement moqueur dans la voix de l’homme qui parlait.

Viliam se tenait sur la corniche du toit et toisait les soldats qui s’étaient retournés à sa provocation. La petite armada se tenait prête à se battre et à en découdre mais ne fit pour l’instant rien de plus qu’attendre les ordres de leur princesse.

Lui ne comptait pas leur laisser l’occasion de jouer de leurs belles armes –d’où sa position en hauteur-. Il savait pertinemment qu'à jeu de force, il perdrait. Aussi avait-il d'autres avantages : il savait ses munitions à portée de main, ainsi que la potion de légèreté qui lui permettrait de fuir en cas de danger trop grand.

Ce jour-là, les plans de l’aile Blanche avaient sensiblement été foutus en l’air alors que la ville apprenait le déplacement d’une des plus puissantes marchandes de la ville.  Leur cible avait disparu, la garde s’était renforcée. Et bien ainsi soient-ils, les bandits tenaient à accueillir la Thaarie étrangère.

Ils étaient quelques-uns, dissimulés dans les ombres et les hauteurs du quartier et l'on pouvait sans doute apercevoir les quelques silhouettes vêtues de clair qui observaient la scène avec attention. D’ailleurs, si l’on avait prêté l’oreille, quelques secondes avant que l’homme ne parle, un sifflement étrange avait retentit.  Leur chef se détachait d'eux par sa posture mais portait lui aussi ce qui se rapprochait le plus d’un uniforme : une armure aux nuances blanches, dont l’un des bras était prolongé d'une trainée de morceaux de cuir formant une protection de plumes. Afin de se faire entendre, il avait abaissé le foulard blanc qui devait habituellement cacher le bas de son visage et sa capuche laissant visible son teint halé, et le sourire presque provocateur qui fendait ses lèvres.

-Peut être daignerait-elle enfin discuter ou bien cela est-il au-delà de ses forces ?

L'armure dont je parle :
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeVen 1 Mar 2024 - 21:53

Tous se retournèrent comme un seul homme avant même que la Princesse de Sel n’eut compris ce qu’il se passait. Son corps frêle était à présent dans l’ombre d’Archibald, alors que tintait l’arme que l’on tire au clair, un bruit métallique particulièrement désagréable mais ô combien utile pour sauver sa vie. Le cœur au bord des lèvres, ses yeux cherchaient dans la rue la menace, mais n’y trouva que les badauds alertés, et sa garde. Le temps filait à une vitesse folle, et elle se souvint qu’on lui avait un jour dit qu’au moment de rejoindre le royaume de Tyra, ses propres souvenirs défilaient sous nos yeux. Etrangement, elle pensa à tout, sauf au passé. Elle avait mal alors même qu’elle était indemne, prête à recevoir le jugement de l’acier, les yeux mi-clos, les muscles étrangement contractés.

Mais rien ne vint. Ni douleur, ni mort. En une expiration, elle s’était cru partie, et pourtant elle se tenait toujours là, fébrile, derrière ce dos monstrueux. A l’intérieur, les habitants avaient filé, lâches, l’abandonnant dans l’embrasure de la porte. Pour sûr, si elle survivait, ils le payeraient cher ; pour l’heure elle avait mieux à s’occuper que ces misérables fourmis. La voix était forte et ferme : celle d’un seul homme. Ainsi donc la racaille avait trouvé assez de courage pour s’en prendre directement aux mécènes de cette ville. Si leurs petites exactions étaient jusqu’alors passé pour des enfantillages, ils s’exposaient à présent à des représailles d’autant plus sévères. Shaheem, terrorisée, faisait bonne figure, complètement clouée sur place par la peur qui lui tirait les entrailles. Elle avait passé sa vie à se constituer ce masque de Princesse, mais la très Sainte Mère savait comme cela était difficile à maintenir en pareilles circonstances.

Toutefois dans son malheur, elle se trouvât bienheureuse que le voyou eut la langue longue. Il babillait comme une vieille, visiblement plus intéressé par un brin de causette que par sa mise à mort immédiate. Elle en fût soulagée comme la souris épargnée pour cinq minutes de plus par le chat. Elle avala péniblement sa salive, alors que le capitaine de ses gens hurlait quelque chose de peu aimable, qu’elle n’eut pas le courage de relevé. L’Asharite suivit du regard les paroles envolées, et tomba enfin sur le malotru. Un garçon – car aucun homme n’aurait manqué d’autant de courage en s’en prenant à une femme -, vêtu de blanc, dont elle n’aurait su déterminer la mine. Semblait-il amusé de la situation ? Ou était-il solennel ? En tout cas, sa vision lui donna le courage nécessaire pour s’adresser à lui sans que sa voix ne chevrote. Heureusement, elle occulta les choses terribles qu’il tenait en main.

« — A qui ai-je l’honneur ? J’ai pour principe de n’accorder aucune entrevue à ceux qui ne daignent se présenter, et encore moins à ceux qui me menace. Allons ! Retrouve raison et range tes armes, et mes hommes feront de même. Je n’ai guère prévu de mourir aujourd’hui .

La dernière phrase lui avait échappé sans qu’elle ne sut la retenir, mais dans le fond, elle ne la regretta pas. C’était la stricte vérité. Elle aimait, par-dessus toute chose, vivre. Quant aux conditions de redditions, elle avait dit cela comme ça, consciente qu’il savait pertinemment ce qui allait lui arriver si jamais il se faisait pincer ; on ne menaçait pas une Princesse-Marchande sans en payer le prix.

Sois donc raisonnable, et nous pourrons parler de ce que tu désires, là, dans cette maison. »
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeSam 2 Mar 2024 - 9:44


-Ah !

S’il tenait sa rapière, la pointant sur les gardes en contrebas, il la rangea à sa hanche, sans se défaire de son sourire provocateur. Il leva une seconde ses mains libres de toutes armes, comme en signe de bonne volonté, avant de toute de même les rabaisser. Il se gardait prêt à réagir et à répliquer au cas où les brutes de la princesse ne se décident à attaquer. Même en hauteur et avec un avantage en cas de fuite, il redoutait encore les arbalètes, ou un quelconque piège de la milice retorde. Jamais plus. Jamais plus il ne se laisserait prendre. Jamais il ne se laisserait être enchainé. S’il devait mourir, il mourrait libre.

-Je suis Viliam de l’Aile Blanche. Lança-t-il, accompagnant le tout d’une petite révérence ironique. Voilà, je ne vous menace plus et vous connaissez mon nom. Ajouta-t-il. Car je n’ai pas pour projet de vous tuer. Répondit-il, des plus sincère et avec une note de sérieux qu’il n’avait pas eu jusqu’à présent. Comme je vous l’ai dit. Tout ce que je souhaite, c’est discuter. Rares sont les occasions pour le peuple de Thaar d’être entendu de ses dirigeants, Princesse. Malgré nos…alertes régulières.

Dans un coin de son esprit, il observa la femme à laquelle il s’adressait. Il était loin d’elle mais il pouvait quand même facilement noter sa petite et frêle carrure et s’en étonnât. Etait-ce vraiment ce petit bout de femme qui tenait étouffer son peuple ? Elle semblait à peine adulte.

-Mais ne nous mentons pas. Si je mets un pied dans cette maison, il n’y aura nulle discussion.

Un regard vers celui qui semblait  être le chef de sa milice et à nouveau un rictus légèrement méprisant. Chien de garde enragé. Pensa-t-il. Cet homme ne perdrait pas une seconde pour tenter de le tuer une fois piégé dans le bâtiment.

-Vous n’avez qu’à me rejoindre. Fit-il. Et vous aurez ma promesse devant Nééra que mes hommes se tiendrons tranquille tant que les votre ferons de même. De ce fait, vous ne craindrez rien.
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeSam 2 Mar 2024 - 13:23

Elle fut soulagée en voyant son interlocuteur baisser les armes. Son cœur retrouva un rythme presque normal, et Shaheem laissa échapper un imperceptible souffle, détendant un peu ses épaules. C’était en ces moments qu’elle regrettait la tranquillité d’Ashaï. Certes la cité côtière n’était pas sans défaut, mais au moins elle en connaissait chaque recoin, et plus encore ; de quoi se sentir plus en sécurité qu’ici, à Thaar. Elle aimait beaucoup y vivre, dans son palais sis dans le Joyau, profitant avec allégresse à l’abri derrière l’épais mur qui s’était construit dernièrement. Mais dès qu’il fallait sortir dans la basse-ville, c’était là une toute autre paire de manche. Les quartiers du bazar et du port restaient relativement accessibles, même pour une Princesse. Toutefois, elle prenait garde à ne pas s’approcher ni de près, ni de loin de certains bouges, de certaines rues, de certains habitants. C’était la triste réalité de sa position ; son oncle l’avait prévenu et préparé du mieux qu’il avait pu, et elle lui en était reconnaissante. Cela ne faisait aucun doute ; c’était cette éducation qui lui avait permis de survivre.

Car il ne s’agissait que de ça ici-bas : survivre. Elle se débrouillait d’ailleurs bien mieux auprès des serpents du conseil qu’auprès du genre de voyou qui la surplombait alors. Ses commensaux étaient peu loyaux, mais pétris d’orgueil et d’étiquette. Ce savoir-vivre laissait alors assez de temps pour s’organiser, ménager les sensibilités, graisser les bonnes mains. Mais le pécore en colère, ça c’était une toute autre affaire ! Il n’avait aucune éducation, ou sinon la plus rudimentaire, et par conséquent ne connaissait rien à ce qui se faisait ou non dans le monde civilisé. Ce cher Viliam de l’Aile Blanche en était un exemple criant. S’en prendre à une jeune femme sans défense, là, en pleine rue, ce n’était guère honorable. D’ailleurs, elle n’avait aucune foutre idée de ce que c’était l’Aile Blanche, mais il avait dit ça avec assez d’aplomb pour que cela soit important. Elle verrait bien de toute façon.

« — Faites rengainer vos hommes, Archibald.
Mais votre Altesse, ce n’est pas prudent et si…

Elle leva sa main droite pour arrêter sa complainte, et posa la gauche sur son bras armé. L’ordre avait été donné, et elle n’aimait pas se répéter. Surtout que cela l’ennuyait profondément ; les gens, a fortiori les hommes, trouvaient toujours juste de remettre sa parole en doute. Une moue irritée voila son visage l’espace d’un instant, avant de disparaitre sous son masque de Princesse de Sel. Qu’il était fatiguant de devoir se justifier de toute chose.

Rengainez !

Et ils s’exécutèrent, un peu incrédules, les yeux toujours braqués sur le spécimen perché, alors que Shaheem s’approchait enfin. Dans un pas modéré, elle sortit du palier et pu enfin voir un peu mieux le bandit. Il était grand, et il était armé. De quoi refroidir les ardeurs de n’importe qui, malgré sa livrée soignée. Elle ne put s’empêcher de se dire que le blanc était sûrement la pire couleur pour ses activités salissantes, mais elle se retint de lui faire la remarque ; ils n’étaient pas encore assez proches.

Ne te trompe pas : je suis jeune mais pas stupide. Je n’irai nulle part pour l’heure. Tu m’as l’air assez honnête pour que je t’accorde le bénéfice du doute, pas assez pour ma confiance. Alors me voici. Discutons Viliam de l’Aile Blanche.

Elle avait bien mille questions qui se bousculaient dans son esprit. Déjà pourquoi elle ? Que pouvait-elle bien faire pour ce pauvre ère, dont la folie l’avait mené à la menacer ? Qu’est-ce que l’Aile Blanche ? Il avait également parlé de ses hommes… Il n’était donc pas seul. Combien ? Pourquoi ? Bref, malgré le chaos d’interrogation, elle se contenta de planter ses yeux verts d’eau vers lui.

Que puis-je pour toi ? ».
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeSam 2 Mar 2024 - 15:00


-Soit.

Il se contenta de plier un genou y posant son coude, afin de se pencher un peu vers le petit bout de femme qui le toisait. Il laissa échapper un bref sifflement à la modulation étrange. Ses interlocuteurs ne pouvaient le comprendre, mais il venait d’ordonner à ses hommes d’attendre, et de ne pas intervenir sans nouvel ordre. Sans doute cela aurait-il eut l'effet de crisper d'avantage les soldats en contrebas, mais à son attitude tranquille ils devraient comprendre que le signal n'était pas belliqueux. Sa promesse il comptait la tenir. Viliam ne jurait pas sous les yeux divins à la légère.

-Je doit dire que j’admire votre cran, Princesse. Et votre geste ne passe pas inaperçu. Fit-il. La plupart de vos pairs se seraient contenté de se débarrasser de la situation à coup d’épée et de bain de sang. C’est ce qu’ils ont tentés jusqu’ici, en vain. Il pencha la tête. Quoi que vous en pensiez, notre but n’est.pas. la violence. Il fit un geste vers elle, puis dans sa propre direction. Mais notre échange est symptomatique de cette cité, Princesse. L’itrhi’Vaan est fracturé. Votre peuple, Conseillère, meurt. De faim, de soif, de froid. Des enfants de ce pays sont tués et torturés chaque jours dans l’indifférence pendant que vous vous offrez des maisons et vivez dans le luxe. Vous avez le pouvoir de changer ça et vous le savez. Voilà ce dont je veux discuter, Dame. Cela doit changer et il n’y a que deux chemins pour se faire : la violence, ou votre aide. Vous êtes jeune mais intelligente. Repris-t-il ses paroles. Et à la place de ses airs provocateurs voir méprisants à l'encontre d'une inconnue issue d'une caste qu'il abordait plus que tout, il y avait maintenant une forme de sincérité presque désespérée dans ses yeux sombres.

En réalité, il ne s’était pas attendu à autant de coopération. Il s’était attendu à un refus net, du dédain, qui n’aurait été soldé, à nouveau que par une rixe. Une preuve de plus, au grand jour et aux yeux de tous, de la cruauté des dirigeants de ce monde. Mais elle acceptait de discuter. Son manque de confiance était compréhensible et partagé. Après tout Viliam n’était pas non plus prêt à quitter son perchoir… Et pourtant. Il gardait toujours cet espoir insensé. Que, à défaut d’accéder à ses demandes, au moins, sa voix se fasse le début d’une infime étincelle au fond de l'esprit de cette jeune dame.

-Aidez-nous. Aidez votre peuple pour l’amour des dieux.
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeDim 3 Mar 2024 - 12:36

On y était enfin ; à ce discours mille fois éculé, à ces mots larmoyants, suppliciés de ceux qui n’ont rien. Ce n’était pas la première fois qu’elle les entendait, qu’elle se laissait entourer de leur odeur douçâtre, comme le chant des sirènes qui rendent d’un coup d’un seul le monde plus beau. Elle l’écouta paisiblement, les yeux rivés sur sa silhouette déchirée du toit, cherchant à voir au-delà même de son corps matériel. Elle y chercha son âme, le souffle offert par les Cinq, pour tenter de deviner sa clarté. Il n’y avait aucun doute : le brave croyait en ses idéaux. Il avait même abandonné son air hautain, et ses railleries, avait également décidé qu’une discussion valait mieux que son larcin habituel. Alors Shaheem se sentit l’obligation de donner le change, au moins pour le moment. La mine aussi sérieuse, elle se trouvait au milieu de l’allée, le cou dévissé et la voix forte pour qu’il l’entende clairement.

« — Ta fougue est tout à ton honneur, Viliam de l’Aile Blanche. Et j’entends ce que tu me dis, crois-moi, je l’entends depuis mon enfance. Mais tu te fourvoies. Tu penses que nous sommes indifférents, nous, Princes et Princesses, conseillers de Thaar. Derrière tes mots, je perçois une rancœur séculaire, celle de ceux qui sont ignorants… Elle marqua une courte pause. Et je ne t’en veux pas.

Elle avait prononcé les mots avec une étrange franchise ; de toute façon, avec les petites gens, il valait mieux jouer la sincérité. C’était un exercice d’ailleurs bien plus plaisant que les faux-semblants et autres manipulations dont on s’adonnait au Conseil. Au moins, elle n’avait pas à réfléchir de trop, à ménager son interlocuteur ou même à se préserver. C’était l’un de ces moment idéaux, rares, durant lequel elle pouvait enfin parler sans détour. On lui reprochait toujours ce qu’elle était, d’être une femme, d’être jeune, d’être riche… A tel point qu’elle avait eu dans sa jeunesse, une véritable haine d’elle-même, comme si elle ne serait jamais suffisante, pour personne. Fort heureusement, le temps fait bien les choses et aujourd’hui, elle s’était acceptée, avait fait la paix avec ces démons qui tournaient toujours, avides de refaire surface. Mais la Princesse avait décidé plutôt d’être fière, voyant le verre à moitié plein plutôt que moitié vide.

Combien d’hommes et de femmes dépendent de toi ? Combien nourris-tu avec ton labeur ? Cinq ? Une dizaine ? Disons une vingtaine. Sais-tu seulement combien moi, j’emplois de personnes ? Un seul coup d’œil à sa garde pouvait assurer que ce chiffre était largement atteint. Tu blâmes notre richesse sans accepter qu’elle est indéniablement une chance pour nos terres. Grâce à ma fortune, j’aide des centaines de familles à Ashaï, j’offre un toit à ceux que la dette aura rattrapé. J’investis dans la sécurité de la ville, je m’assure que la cité soit convenablement approvisionnée, que les échanges commerciaux perdurent dans le temps et malgré les instabilités.

C’était vrai, tout cela. Bien sûr, rien n’était fait sans intérêt personnel, mais qui pouvait bien les blâmer ? Après tout, le boulanger ne faisait pas de pain par pur altruisme. Travailler était par essence égoïste ; on cherchait à obtenir de l’argent, pour mieux vivre soi, pas pour faire mieux vivre le voisin. Les héros comme celui à qui elle parlait alors n’était que des naïfs, ou pire, des hypocrites de croire que le monde allait autrement. Elle soupira ostensiblement.

Ce n’est pas parfait, je te le consens ; mais il est utopiste que de croire le contraire. D’ailleurs, qui crois-tu vraiment aidé en volant des commerçants ? Tu pourras donner quelques écus, par-ci par-là, mais au final, ces gens-là resteront miséreux. Par contre, tu auras mis en difficulté des honnêtes travailleurs, qui devront se débarrasser d’abord des apprentis, puis des employés, de leur marchandise, et au final il ne restera rien. Pire, tu auras créé de nouveaux pauvres. A agir comme tu le fais, Viliam de l’Aile Blanche, tu es ton seul ennemi ».

Après sa dernière phrase, qui sonnait comme une sentence affreuse, elle le regarda parfaitement désolée, avec un peu de pitié. Pour sûr il n’y avait jamais pensé. Les héros ne pensent jamais à ces choses-là ; et ils n’aiment pas non plus être mis face à leur propre non-sens. Il lui faudrait du temps probablement pour comprendre ce qu’elle venait de lui dire, et plus de temps encore pour comprendre comment fonctionnait réellement les choses. Mais nul cas n’était désespéré, et elle était prête à l’aider. Elle ne lui avait pas encore dit, elle voulait d’abord jauger de l’homme.
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeDim 3 Mar 2024 - 14:15


Il secoua la tête et de là où elle était pu elle sans doute seulement deviner son soupir à ses épaules qui s’affaissèrent un peu.

-Vous me taxez d’ignorant mais c’est vous qui prouvez une fois de plus que les vôtres n’ont aucune idée d’à quoi ressemble le monde. Vous ne semblez pas non plus saisir le sens de l'Aile blanche, mais pour ça je ne vous blâme pas. Ceux que nous faisons trembler se cachent derrière des mensonges et des contre vérité pour garder la face. Les honnêtes travailleurs n’ont rien à craindre de nos actions. Nous n’attaquons pas le boulanger qui fait son pain ou le marchand qui gagne péniblement sa vie. Expliqua-t-il. Nous nous en prenons à ceux qui s’engraissent. Nous nous en prenons à ceux qui enchainent, qui torturent, violent et tuent dans l’impunité la plus totale. Il parlait avec calme, mais elle put malgré tout constater la haine que ces mots seuls lui inspiraient. Et là encore, je pense vous prouver aujourd’hui que nous ne nous contentons pas de tuer aveuglément. Nous croyons en une justice et avons tenté le dialogue quand bien même sommes-nous moqués et sans cesse poussé à la violence. Vous me demandez combien d’hommes et de femmes dépendent de moi. Et qui ais-je vraiment aidé jusque-là…Il secoua la tête.

Si seulement elle voyait ce qu’était devenue la Plaine. Il y avait un an à peine l’endroit caché bien à l’abri des falaises de la campagne Thaarie n’était qu’un tas de ruine. Mais depuis que les bandits avaient récupéré l’endroit, il était devenu un havre de paix inespéré. Aujourd’hui, une petite centaine de bandit et de réfugiés pouvaient y vaquer tranquillement. Si elle voyait cela…

-Avez-vous un jour mis un pied sur le marché aux esclaves, Princesse ? Avez-vous vu, en dehors de votre palanquin l’horreur et l’hérésie que représente cet endroit ?

C’était une place bien connue, placée entre la basse ville et les soieries bourgeoise, à dessin. C’était une grande et large place ouverte aux quatre vent sans pour autant que cela ne parvienne tout à fait à en éliminer l’odeur de crasse, de sang et de peur qui y régnait. En son sein l’on vendait de toutes créatures sans distinctions : hommes, femmes, enfants, bêtes plus ou moins exotiques. Un homme pouvait ainsi y acheter une vache, et séparer une mère de son fils sans aucun problème si tel était son envie et que sa bourse l’y permettait. Pour bien des bandits de l’Adain’vinje, il s’agissait du théâtre de traumatismes douloureux qu’ils rêvaient d’abattre. Ils y avaient d’ailleurs mis le feu quelques années en arrière, entamant ainsi la diffusion de leur message.

- Des exemples d’hommes et de femmes portant encore les stigmates de chaines que nous avons brisées, j’en ai aussi des centaines. Et parmi ces centaines, j’en vois tous les jours avoir retrouvé une vie plus juste. Fonder des familles et avoir des enfants. J'ai permis à des centaines d'autres famille de manger un mois de plus grâce à l'argent de leurs créanciers déjà gavés à l'excès. Pour vous autres, qui avez vos mains sur des pays entiers, ce n’est rien. Une poussière. Il eut une moue. Qu'est-ce que le prix du pain lorsque l'ont dirige des plantations entières? Ceux que je récupère seront bientôt remplacés par d’autres et ainsi ira le monde. Et pourtant…Une vie est une vie peut importe son influence sur ce monde. Il haussa les épaules. Vous avez raison : Mon influence à moi est infime. Je ne suis personne. Un rictus tandis que son regard s’en alla une seconde en direction d’un recoin où il savait son meilleur ami se dissimuler et l’observer en retour. Si c’était lui le chef de l’Aile Blanche. En réalité, c’est à Ren qu’ils devaient tout. Rien qu’un grain de sable voué à enrayer les rouages de Thaar jusqu’à ce que je trouve plus fort que moi. Peut-être dites-vous vrai. Peut-être contribuez-vous effectivement à rendre ce pays florissant. Peut-être êtes-vous la conseillère dont ce pays a besoin. Peut-être vous souciez vous réellement des gens et dans ce cas là, aujourd’hui nous ne nous parlons pas en vain. Mais par pitié et par égard pour cet échange, ne me faite pas croire qu’il s’agit là de la norme et que l’indifférence ne règne pas en maitre au-delà des murs des Soieries.Grogna-t-il. Si tel était le cas, je ne serais pas ici. Et le Guet aurait déjà arrêté bien d’autres criminels que des gamins qui volent pour manger. Si c’était la norme, votre conseil ne serait pas dirigé par une princesse qui a fait son empire et se richesse sur les bordels et l’esclavage.
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Shaheem Angharad
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeLun 4 Mar 2024 - 22:55

« — Le conseil n’est dirigé par personne. La Princesse d’Uldal'Rhiz a une voix, comme nous tous.

Elle le regarda sans émotion, se gardant bien de dire ce qu’elle pensait réellement de Maralina. De toute façon, elle n’avait pas meilleure réputation auprès du peuple ; au moins saluait-elle sa grande fertilité. Du reste, elle n’avait guère été émue par le reste du discours. Elle-même avait eu sa phase, enfant, cherchant à comprendre comment fonctionnait le monde. Sa tantine s’était alors assurée de lui donner une grande leçon, afin qu’elle se souvienne à jamais que les choses sont pour une bonne raison. Shaheem avait fini par croire que c’était même la volonté des Cinq : sinon pourquoi avoir créé les Hommes ainsi ? Au final, un petit pincement lui enserra le cœur. Il était difficile d’appréhender ces choses-là pour les petites gens. Peut-être que cela devrait être enseigné une fois par jour, aux temples. Oui, voilà une belle idée ! Ainsi les enfants pourraient acquérir ce qui faisait défaut aujourd’hui aux adultes, et d’ici deux générations, plus aucun ne se ferait de mal à se battre contre la logique et le bon sens. Mihai serait sûrement enchantée de l’idée.

Chaque souverain que tu prélèves, c’est un souverain de moins dans un système huilé. Je te l’ai dit ; cela ne te parait rien sur le coup. Tu prends à celui qui a tout, et tu donnes à celui qui manque. Des idéaux, oui de très nobles idéaux…

Elle marqua une pause, appuyant son propos d’un hochement de tête. C’était une douce illusion, elle n’en doutait pas. Mais elle avait appris auprès de ses précepteurs ce que sont les idéaux et à quoi ils servent vraiment. Et puis, à mesure qu’ils discutaient, là, au milieu de la rue, quelques badauds curieux avaient entrepris de venir écouter. Elle s’en fichait bien, mais sa garde veillait à dissiper les oreilles lorsqu’elles se faisaient ostensiblement indiscrètes. Là, qu’ils entendent donc ce qu’elle avait à dire plutôt !

Mais ce souverain, une fois usé, ne tirera personne de sa misère. Pire encore, tu auras rendu celui qui a tout moins riche d’un souverain. Puis d’un autre. Et encore d’un autre jusqu’à ce que celui qui a tout devienne celui qui n’a rien. Il arrivera fatalement le moment où ni l’ancien, ni le nouveau pauvre ne pourront se nourrir et mourront impitoyablement de faim et de soif. Je le répète : ce n’est pas une solution à terme.

Il y avait des Hommes qui devaient posséder et d’autres ne rien avoir, c’était un fait. De la même façon, certains dirigeaient tandis que d’autres obéissaient ; s’il en allait autrement, ce ne serait sans doute aucun le chaos. Tous n’étaient pas aptes à prendre des décisions, par incapacité intellectuelle ou simplement par manque de jugeote ou encore d’abnégation. Car le pouvoir était un fardeau lourd, n’en déplaise aux justiciers des rues de Thaar. C’était un equilibrium entre ce qui est juste, ce qui est bon et ce qui est nécessaire. Par conséquent, ce qui est juste n’est pas toujours bon ou nécessaire, et réciproquement. Pour diriger de manière éclairée, tous devaient consentir à quelques efforts. C’était comme cela qu’on distinguait l’Humain de la Bête : les premiers savent faire société, tandis que les autres vivent sans cette balance indispensable, ne pouvant ni aider ni élever son prochain ou soi-même. La Princesse de Sel refusait d’être une bête.

Tirons le trait, si tu le veux. Imaginons ce pays utopique où chacun aurait exactement autant de choses que l’autre. Abolissons, pour un instant, le Conseil, et donnons à chaque âme liberté, libre-arbitre et une parfaite égalité. Comment serions-nous gouvernés ? Chacun pourrait être son propre maître et son propre juge, si bien que la justice commune à laquelle tu aspires n’existerait plus. Car telle est la nature humaine. Tous mèneraient des vendettas, des rebellions et il n’y aurait plus d’unité aucune. Quelle autre solution ? Le vote ? Tu serais bien naïf de croire que les gens voteraient pour celui qui leur faut plutôt que celui qu’on leur conseille. Une fois choisi les gens qui décident, regardons autre chose. A quoi servirait l’écu dans ma main au final ? Si je te le donnais là, je n’aurais plus rien et toi, tu deviendrais plus riche. En une poignée de jour, plus personne ne voudrait acheter son pain, de peur de s’appauvrir. Comment ferait-on ? On passerait sûrement sur un système de troc, comme certaines peuplades du désert ? Mais alors, quelle serait la valeur de l’écu Thaari ? Aucune, elle n’aurait pas plus de valeur que la poussière de sable. Rapidement, nous ne pourrions plus importer ce qu’il nous faut : de la nourriture, des matières premières… Acheter ? Avec quel argent si notre monnaie n’était plus sous forme de pièces – comme nos partenaires- mais des services et des biens ? Personne ne serait plus assez riche pour les acheter. Une solution serait alors toute trouvée : vendre nos ressources. Mais nous serions affamés, nécessiteux, dépendants.

Elle s’arrêta une fois encore pour laisser les mots flotter jusqu’à son perchoir, sérieuse, ancrée dans le sol et ces réalités fictives, qui lui pesaient comme une épée de Damoclès au-dessus de l’échine. Ces choses-là, oui, elle les avait déjà envisagés.

Les prix seraient bradés, petit à petit, à l’excès jusqu’à devenir inexistants. Les braves qui auront réussi à un peu s’extirper de la masse en gagnant assez, s’en iraient. Ils s’établiraient dans un environnement qui leur est plus favorable. Face à ce chaos, notre nation vacillerait, pour sûr. Et c’est ce moment précis qu’attendrait les pays à notre frontière. Incapable de se nourrir avec suffisance, n’ayant plus personne pour payer les milices, nous ne serions guère difficiles à prendre. N’avons-nous vraiment rien retenu des centenaires sous le joug de l’Elda ? Et alors les chaînes de quelques-uns que tu aimes à briser seraient notre lot commun, sans distinction. Je te l’ai dit, je comprends tes idéaux, ces valeurs que tu portes en toi. Je crains que ce ne soit que des fantasmes.

Elle se sentit soudainement épuisée, vidée. C’était la première qu’elle avait répondu avec autant de franchise, la première fois qu’elle exprimait réellement le fond de sa pensée sans détour, sans ambages. Cela en devenait presque grisant, d’avoir pu faire une telle diatribe, là, au milieu de nul part. A coup sûr cet entrainement lui serait utile un jour prochain, et elle se félicitait silencieusement de s’être donné la peine. Un peu comme avant un spectacle, lorsque les comédiens répètent en conditions réelles : oui c’était tout à fait cela ! Elle avait donné comme si sa vie en dépendait.

Tu m’as dit que le peuple avait faim et soif, et j’ai entendu. Je suis prête à te proposer quelque chose, mais cela passera par quelques concessions ».
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeMer 6 Mar 2024 - 21:56


-Vous n’avez pas répondu à ma question, Princesse. Il leva un doigt. J'en conclu donc que la réponse est non. Vous n'avez jamais vu ce qu'il se passe sur le marché aux esclaves.  Et vous déformez mes propos. Sa voix toujours calme avait malgré tout pris un ton de sévérité. Jamais je n’ai parlé de vouer ce pays au chaos par une absence de gouvernement, ou de système hiérarchique. Notre monde est ainsi fait. Nééra elle-même a créé le royaume des hommes de cette façon. Mais un dirigeant se doit d’aider son peuple dans son intégralité et non se soucier de son seul confort ou de futilités économiques. Il ne s'agit pas d'abandonner notre système mais de le rendre juste et équitable. Il ne s'agit pas non plus d'abandonner notre justice mais de la rétablir car pour l'heure elle est absente. Et dans ce cas, tant que ça n’est pas fait nous somme obligé de palier à vos défaillances et défendre nos vies par la force.

En même temps son regard alla aux quelques badauds qui observaient la scène, curieux. Son interlocutrice ne manquait pas d’intelligence, sans doute se doutait-elle qu’elle aurait tout intérêt à montrer patte blanche auprès de son peuple. Quitte à le tourner lui comme l’ennemi.

-Mais soit. Enchaina-t-il d'un geste de la main. Puisque vous dites que vous avez entendu, eh bien...Je vous écoute.

Après tout, il était là pour ça... Quand aux concessions... Il se demandait bien ce qui pouvait traverser l'esprit tordu d'une princesse, malgré le calme et la stabilité dont celle-ci faisait preuve.
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Shaheem Angharad
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeJeu 7 Mar 2024 - 16:39


Pour sûr qu’elle avait déjà vu le marché des esclaves. Ce n’était pas un endroit qu’elle affectionnait particulièrement, mais il remplissait sa fonction. Certains vendeurs étaient des crapules, refourguant sans vergogne quelques marchandises défectueuses, mais lorsque l’on connaissait les bons fournisseurs, c’était une véritable mine d’or. Mais elle se garderait bien d’exprimer le fond de sa pensée à l’Aile Blanche sur son toit perché. Toutefois, ils s’accordaient sur une chose : elle non plus ne comprenait pas pourquoi certains propriétaires maltraitaient leur possession. C’était stupide ; un esclave valait largement le prix d’un meuble luxueux, l’âbimer revenait donc à jeter l’argent par les fenêtres. C’était sûrement parce qu’elle-même n’aimait pas les mauvais investissements… En tout cas, ses gens étaient traités correctement, la plupart du temps. Le travail dans les marais salants était ingrat, sous un soleil de plomb, et le sel rongeait facilement les chairs. Mais avec le temps, sa famille avait mis en place un système ingénieux de roulement, permettant aux forçats de se ménager, profitant de leur temps libre, tout en augmentant les rendements sur la durée : moins de perte humaine, des personnes fraîches et disponibles pour leur quart. Elle avait été émerveillée par l’ingéniosité de ce fonctionnement, surtout depuis qu’elle savait combien il lui faisait économiser annuellement.

Elle ne le repris pas non plus lorsqu’il parla de justice équitable. Le pauvre n’avait guère dû recevoir une éducation aussi poussée que la sienne, et confondait équité et égalité. Les Cinq avaient distribué à chacun ce qui lui est dû, ni plus ni moins. La gouvernance de la cité était déjà équitable ; les riches marchands possédaient les droits et les devoirs les plus importants, tandis que la plèbe, elle, se contentait de moins. Cela valait également pour la plupart des procédures. Ceux qui faisaient les règles étaient avantagés par rapport à ceux qui ne faisaient rien pour le pays. Il est évident que la justice se doit d’être plus laxiste avec ceux qui font tourner la boutique. Si l’on venait à les arrêter pour un oui ou pour un non, alors ce serait le chaos qu’elle avait mentionné un peu plus tôt. Et puis, il n’y avait qu’à regarder les registres pour s’apercevoir que les crimes étaient commis en majorité par les habitants de la basse-ville. Shaheem n’était pas particulièrement enchantée de la répression, mais elle le voyait maintenant comme un mal nécessaire. Sans ça, les pauvres pouvaient se transformer en animaux.

« — Je suis prête à financer des soupes dans la basse-ville ainsi que dans ma Principauté, pour les indigents ; les enfants, les femmes et les vieillards sans distinction de civilité, de sorte que même les esclaves puissent y avoir accès au besoin. Et ce, je m’y engage au moins pour l’hiver à venir. Mais je n’ai pas les moyens humains pour que cela se réalise d’ici les premières neiges. Alors voici ce que je te propose.

Elle lui offrit pour la première fois un sourire. Son humeur était plus légère, et elle redevenait presque aussitôt la jeune femme, à peine adulte qu’elle était. Cela l’amusait dans le fond. C’était un très bon entrainement, et un investissement qu’elle n’allait pas regretter, elle en était convaincue.

Durant cette période, finit les exactions, les vols et autres méfaits. Tu organiseras les points de distributions avec tes camarades que tu as sifflé tout à l’heure, sous mon autorité. Je payerai comme il se doit chaque participant les jours travaillés.

Une lueur brilla un instant dans ses yeux verts. Elle ne pouvait de toute façon pas s’en préoccuper seule, et elle avait bien l’intention d’occuper le marché de la charité avant qu’un autre en ait l’idée. En profitant des connaissances du terrain de Viliam, ainsi que de ses contacts, elle s’assurait que la population la reconnaisse un jour comme une presque-sainte. De son côté, son interlocuteur pouvait assurer un revenu supplémentaire à sa compagnie, légalement, et parvenir à ce pourquoi il luttait. C’était, au fond, un accord équitable.

Disons trois pour commencer. Trois points de distribution, ici et à Ashaï. Si cela fonctionne correctement, alors je me ferais porte-parole de la cause auprès du conseil, et alors on pourrait imaginer dix, vingt points de distribution qui sait… Je suis prête à mettre cette confiance-là dans le peuple, entre tes mains. Si tu bafoues cet accord d’une quelconque façon, je prends à témoin tout le monde ici pour que la responsabilité de tes actes te revienne pleinement. Nous avons toujours besoin de paludier dans les marais ».
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeVen 8 Mar 2024 - 12:28


Pendant un long moment le bandit ne répondit pas et ne bougea pas d’avantage. Son visage n’exprimait pas grand-chose si ce n’était ses prunelles noires plongées dans le profond dilemme imposé par la conseillère.

Elle le faisait pas intérêt, Viliam n’était pas dupe à ce point. Mais…la finalité était plus que ce qu’ils n’avaient jusque-là jamais obtenu des puissants. Oui, elle voyait certainement une opportunité. Mais cette opportunité offrait un peu de répit à des gens qui souffraient. Tous ces gamins qui vivaient depuis toujours la faim au ventre.

Mais pour cela, devaient-ils se laisser de nouveau mettre une laisse au cou, aussi délicate fut-elle ? Un moment viendrait où elle déciderait de la resserrer davantage jusqu’à les étrangler. Et en plus osait-elle les menacer, si leurs actions lui déplaisaient. Que se passerait-il si, un de ces jours de trêve, ses hommes n'avaient pas d'autre choix que de se défendre ?

Vendrait-il leurs Souffle pour atteindre leur but ? Préfèreraient-il leur liberté au détriment de ces gens pour lesquelles ils vouaient toutes leur vie ? Ils leur vouaient leurs vie, leur mort parfois... Mais leur propre liberté...?

Au fond, tout au fond de son esprit, un souvenir qui n’avait qu’une vague odeur de sable et d’un parfum féminin. Il y avait l’image d’un petit garçon aux traits que le temps aura rendu flou. Un petit garçon né dans la misère, destiné à la misère. Un petit garçon pourtant libre mais dont on avait arraché la liberté puis vendue. On avait déchiqueté sa vie, vie bout par petit bout. Pourquoi ? Parce que sa mère avait trop faim.

Le bandit ne bougeait toujours pas. Quoi qu’une de ses épaules vibra un instant d’une colère sourde qui se reflétait sur son visage. Sa mâchoire se contracta et un ombre de passer sur son visage devenu glacé.

On l’avait vendu par survie. On l’avait acheté par distraction. Parce que la femme qui l’a mis au monde n’avait eu d’autre choix que de l’abandonner au plus offrant. Les conséquences sur l’enfant qu’elle choisit d’oublier elle ne les connaitrait jamais. Peut-être mangeait-t-elle à sa faim aujourd’hui. Peut-être se rappelait-elle parfois du gamin qu’elle avait eu. L’enfant, lui, était mort depuis bien longtemps.
6 ans. 6 ans de vie volés à un enfant pour un morceau de pain.

Aujourd’hui, par distraction encore, on leur offrait un espoir de survie et un choix qui n’en était pas un : voir le cycle se perpétrer ou accepter de retrouver des chaines qu’ils avaient jurées de détruire, jusqu’au plus fin maillon. On leur tendait une corde et on les laissait choisir autour de quelle nuque ils la passaient.

-Non. Son regard alla vers la jeune princesse. Et sa voix qui brisa soudain le silence était plus glaciale que l’air de cette fin de l’automne. En l’état actuel vous me demandez de vendre mes hommes à votre solde et…déjà je n’ai pas ce pouvoir sur eux, et si je l’avais je m’y refuserais. Fit-il, maitrisant au mieux sa voix et relevant le menton dans un nouvel élan de fierté brute.

L’enfant au fond de ses souvenirs ferma les yeux. Avant de mourir il s’était fait une promesse : Ne plus être un objet trimballé au grès du destin, mais maitre de celui-ci. Quoi qu’il en coute.

-Nous pouvons cependant trouver un accord dans votre proposition, Princesse. Car ce que vous proposez, est un pas vers ce pour quoi nous luttons et je l’entends. Si vous mettez cela en œuvre, nous aiderons et cela je le promet. Si vous refusez et tournez le dos...eh bien. Un rictus. Alors il s'agissait bien là d'un acte purement intéressé. Alors serons nous obligés, encore, de palier a vos manquements. Mais si nous aidons, nous aiderons selon nos termes et non sous votre autorité. Notre liberté ne se vend pas.
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeVen 8 Mar 2024 - 19:37


Etait-il sot ? Souffrait-il d’un quelconque retard qui eut pu excuser sa bêtise et son audace ? Elle perdit son sourire et sa bonne volonté. A présent, elle était ennuyée par tout cela ; elle lui avait offert ce qu’il désirait le plus, et voilà que non content d’être de la racaille, il lui crachât presque au visage. Elle soupira, à la fois désolée et lassée. Ces gens-là n’étaient définitivement pas fait pour diriger autre chose qu’eux-mêmes. Ils étaient mus par des fantasmes grotesques qu’ils prenaient sans doute pour des réalités possibles. La Princesse de Sel n’était pas réfractaire au changement, elle l’avait prouvé par cette discussion, mais il en fallait toujours plus. Elle aurait pu donner tout ce qu’elle avait, cela n’aurait jamais été assez. L’espace d’un instant, la voix rance de Mihai lui traversa l’esprit, un « je te l’avais dit » bien mérité mais qui froissait d’autant plus son égo que la rousse était restée à Ashaï. A Arcam cette maudite femme, elle et ses humeurs ! Shaheem regarda dans la rue la petite foule alpaguée d’abord par le bruit, puis par l’agitation en elle-même. Une dizaine de personne à présent faisait mine de rien, mais ne perdaient pas une miette du spectacle ; et bien voilà qui devrait leur plaire.

« — Ta réponse me désole, Viliam de l’Aile Blanche. Crois-tu un seul instant que je vais accepter de t’offrir ce que tu désires sans la moindre contrepartie ? Pire encore, tu sembles dire que mon offre n’était pas honnête…

Elle monta le son de sa voix, de sorte à ce que tous l’entendent distinctement. Qu’ils regardent, oui, qu’ils écoutent comment aujourd’hui leur sauveur les avait abandonnés. Il pouvait se targuer de belles actions, nobles et justes, mais il venait de jeter l’opprobre sur son nom et les siens. D’ici à ce que la rumeur se répande, il ne faudrait guère de temps. Elle comptait sur la nature humaine pour faire le travail à sa place.

Je ne vais pas dépenser le moindre écu si toi et les tiens n’êtes pas capable de cesser vos manœuvres de voyous ; je ne jouerai pas ma réputation ni celle de mes gens parce que tu es incapable d’accepter de suivre un chemin plus honorable. Ce n’est pas à mes manquements qu’il faut palier, mais au tiens, à ceux dont tu te rends coupables et qui sont délétères pour les braves gens de Thaar. Je ne me risquerai pas à investir pour l’avenir du peuple, si en plus vous venez à pomper les ressources indispensables à l’accomplissement d’une charité de si grande ampleur. Je ne vendrai pas ceux qui dépendent de moi parce que tu auras jugé que je n’étais pas méritante.
Il est vrai qu’il est plus simple de voler que de travailler pour améliorer le quotidien de tous ; et c’était là tout mon propos de tout à l’heure. Tu choisis la facilité, en dépouillant ceux que tu juges non-méritant, toi, sans te soucier des répercussions. Mais, je crois en rédemption, Viliam. Alors si d’aventure tu venais à changer d’avis et que tu voulais agir réellement pour changer les choses, qu’enfin la voix du peuple que tu prétends défendre sans te mouiller soit entendue du conseil, alors ma porte t’est toujours ouverte.
Viens me trouver si l’instauration de ces soupes et le sort de ces centaines d’habitants ne t’indiffère pas. Mes conditions demeurent inchangées : je suis prête à financer ce projet, mais s’agissant de mon argent, de ma compagnie et de mon honneur, les comptes devront m’être rendus, à moi et moi seule, et je ne tolérerai aucun manquement à la justice tant que vous serez sous mon autorité.
Tu as ma parole qu’il ne te sera fait aucun mal si jamais ne tu te ravisais.


Depuis la première fois depuis leur rencontre, Shaheem rayonnait de cette puissance propre aux Princes Marchands. Elle était l’une des lumières de cette cité, et pouvait faire la pluie et le beau-temps ici-bas. Elle n’avait pas une carrure très impressionnante, mais ses possessions, ses titres, sa place au Conseil la rendait presque invulnérable ; et parfois, elle en oubliait être une simple mortelle, qu’un mauvais coup de poing pourrait facilement envoyer au tapis. Pourtant, si elle avait été vexée par la réponse de l’homme au regard froid accroupi sur le rebord du toit, c’est parce qu’une part d’elle, peut-être, était curieuse de voir ce que cela pouvait donner ; quel poids cela lui apporterait et surtout, est-ce que cela changerait-il vraiment les choses ?

Tu es le seul ici à voir dans une chance une forme d’aliénation. Oui, c’est cela. Tu es aliéné à tes propres craintes, sans même prendre la peine d’imaginer un instant que le monde n’est peut-être pas tel que tu te l’es toujours figuré ».
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeSam 9 Mar 2024 - 10:56


Investir. Investir, ils n’avaient que ce mot en bouche. La vie des gens n’était qu’un investissement qu’il fallait rendre rentable.

Il eut un mouvement mais un sifflement interrompit net son mouvement.

-Ne fait pas ça. Avait sifflé Ren, dans leur langue mystérieuse , se moquant bien d’être repéré. D’ailleurs il avait bougé et Viliam pouvait voir son regard empli de crainte désespéré.

Viliam lui accorda un bref hochement de tête, avant de revenir à sa position initiale. Sans faire mine de sauter. L’espace d’un instant la haine avait bouilli avec une violence démentielle dans son sang et face aux insultes. Mais à présent…Il se sentait surtout atteint d’une lourde tristesse.

-Nous en sommes au même point, et pour les mêmes raisons, comme un miroir. Soupira-t-il. Je suis aliéné par mes craintes et je suis incapable de voir le monde autrement que par mon prisme. Un geste vers elle. Vous êtes aliénés par les vôtres, persuadée que je me cache derrière la facilité et le confort de ma position. Il eut un rictus. Ironique… Et pendant ce temps, tout ce dont nous sommes tous les deux conscients continue. Il secoua la tête. Vous savez Princesse, en l’espace de vingt ans, vous êtes la première de votre rang capable de tenir une conversation plus de cinq minute sans lâcher vos chiens. J’apprécie et je regrette l’incompréhension qui nous sépare.

Finalement, il en vint à s’asseoir sur le rebord d’où il était perché, les jambes dans le vide, comme s’il ne s’agissait que d’un discutions banale.

-Changeons nos perspectives princesse. Il avait une idée folle, potentiellement un brin stupide et à laquelle elle rirait surement…Mais il ne risquait rien de tenter. L’espace d’une journée, voilà ce que je vous propose : Accompagnez-moi dans mon monde. Je vous jure devant Nééra qu’il ne nous arrivera rien, et qu’il n’y aura nulle attaque, ni crimes, rien. Vous rentrerez en sécurité ou bien il sera prouvé au reste du monde que nos paroles n’ont aucune valeur. En échange, je ferais la même chose en votre sens. Je viendrais une journée comprendre mes erreurs concernant votre monde. Un rictus. Et ne croyez pas, vous aurez ma vie dans vos mains de la même manière que moi la vôtre. Cela non pas pour notre ego personnel : pour nous comprendre pour le bien de Thaar.
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeSam 9 Mar 2024 - 22:12

Il n’y a que les mauvais maîtres qui préféraient lâcher les chiens ; ses gens d’armes étaient d’avantage des armes de dissuasions que de véritables limiers. Bien sûr, elle savait quand les envoyer battre le fer, mais elle préférait surtout la peur qu’ils inspiraient naturellement. Shaheem n’était pas adepte des tueries inutiles, ce n’était de toute façon pas dans son intérêt. C’était un conseil précieux que lui avait légué sa regrettée tantine, avant de mourir : l’amour et la peur sont deux pans de la pièce du respect. Aussi, s’était-elle évertuée à suivre sa voie sans en dévier. Elle frappait quand elle le devait, mais ne demeurait pas avare en caresses lorsqu’il s’agissait de récompenser. C’était une des raisons qui la poussait aujourd’hui à tergiverser en pleine rue, au milieu de la merde et des passants, afin, peut-être de grappiller le titre que Princesse de la Charité. Et puis, elle n’était pas sans cœur non plus ! Elle n’irait pas jusqu’à dire que le sort de tout un chacun l’intéressait au-dessus de toute chose, mais elle s’en souciait assez pour rester plantée là.

Elle ressentait de la pitié pour ces gens, vraiment. Si bornés et aveugles, ils étaient voués à rester dans leur pauvreté, sans jamais avoir d’autres ambitions que de vivre un jour de plus. Elle ne les blâmait pas ; on ne leur avait jamais appris à cesser de se complaindre de leur situation. Le misérabilisme et le marasme quotidien les empêchaient de grandir, aussi sûrement qu’une plante ne peut pousser sans soleil. Ils devaient avant toute chose comprendre les rouages inextinguibles du monde pour s’en accommoder au mieux. Car de tous, les mieux adaptés s’élevaient plus vite, tandis que les autres s’éteignaient peu à peu. Prenez donc un poisson ; en cas de sècheresse dans une petite marre, c’est celui qui parviendra à respirer hors de l’eau le premier qui survivra. Il restera bien évidemment un poisson, et l’eau sera toujours son bouillon de prédilection. Mais loin de la fatalité d’un quelconque prédéterminisme, il saura s’extraire hors de la boue et aller une saison de plus. Le poisson qui lui aura tant chouiné sur son état de poisson, battant des ouïes à en évacuer la moindre goutte sans jamais faire l’effort d’autre chose, mourra.

« — Je dois bien avouer que je suis intriguée par ta proposition, et même tentée d’y accéder. Mais je n’irais pas seule, sans au moins un homme de confiance auprès de moi. De même, tu pourras apporter un de tes amis, sans qu’aucun mal ne lui sois fait non plus. Oh et bien sûr, pas d’actes répréhensibles ne doivent être commis durant l’ensemble de l’échange.

Elle haussa les épaules. C’était comme lors de ses jeux d’enfants, où avec Mihai elles s’amusaient dans les pièces les plus petites du domaine familial à imiter les pauvres. Cela ne pouvait être si terrible, et cela l’enchantait peut-être de trop ; mais la Mère l’avait ainsi faite, faible et corruptible. De son côté, ce serait là un bon exercice pour qu’au sortir de sa visite, Viliam loue sa bonté auprès du bon peuple, et que la Princesse de Sel gagne quelques lettres nobles auprès de la populace. Le titre de Princesse de la Charité était là, tout prêt, elle pouvait presque le sentir sous ses doigts.

Je dois toutefois me montrer de nouveau claire : cela ne changera rien à ma décision. Je ne créerai les points de distribution aux indigents que lorsque j’aurais ta parole et la certitude que toi et ton groupe n’êtes plus de la petite vermine qui perturbe la cité, et qu’en tant que débitrice, je reçoive les comptes qui me sont dû de droit. Si ta proposition tient toujours malgré cela, alors d’accord. Nous conviendrons d’un jour.

Cela lui rappelait vaguement un compte, dans un lointain désert. Une Princesse, que le père voulait mariée à un Prince s’était enfuit de son palais, et s’était rendu dans les rues de la ville où elle avait rencontré un garçon mendiant son pain… Elle ne se souvenait plus de la fin de cette charmante histoire, mais ce souvenir lui tira un nouveau sourire.
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Viliam
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 9:36


Le bandit ne put retenir un claquement de la langue et un haussement de ses yeux vers le ciel. On leur tendait la main, ils prenaient le bras, le tout en rappelant bien leur générosité de se contenter de si peu…

Il risquait sa peau et celle des siens en l’amenant dans des lieux potentiellement sensibles ; la risquait encore d’avantage en acceptant de se jeter droit dans la gueule du loup. Avec pour seule garantie la seule parole de la conseillère. Et ça ne lui allait encore pas. Il lui fallait un camarade maintenant. Histoire d’avoir deux fois plus de risques de voir le guet débarquer à sa porte le lendemain...

Cela servirait-il vraiment à quelque chose alors qu’elle ne voudrait jamais descendre de ses grand chevaux une seule minute et comprendre le sacrifice qu’elle exigeait ?

Et pourtant en trop bon trop con qu’il était, il allait accepter. Ça le perdrait, il en était bien trop conscient.

-Nous ne sommes visiblement pas capables de nous entendre quand aux conditions de vos points de distributions. Répondit-il en faisant à nouveau un effort pour contenir au mieux son agacement. D’où ma contreproposition. Une étape à la fois, tenons-nous en à cela. J’accepte que vous veniez avec un compagnon, un seul, si j’en ai à mon tour la possibilité, mais que ce compagnon en soit conscient : si je promets, à nouveau, qu’aucun mal ne sera fait et rien ne sera tenté contre vous de notre part, Thaar reste une ville dangereuse. Donc, si je doit prendre une décision, et que je vous demande de vous y tenir, ce qui s’appliquera à vous s’appliquera à lui ou elle, que ça lui plaise ou non. Sommes-nous clairs sur ce point ?

Elle était bien gentille la princesse, mais il protégerait ses secrets et ses hommes avant toutes choses.
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Shaheem Angharad
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 21:28

Elle haussa un sourcil alors qu’il reprenait ses mots, s’assurant sans doute d’avoir bien compris ce qu’impliquait ce compagnon supplémentaire. Elle ne lui en tint pas rigueur, souriant même à l’agacement visible qu’il exprimait. Ce voyou avait l’air de quelqu’un de chafouin, maugréant sur tout et sur tout le monde, même lorsqu’ils étaient d’accord, à l’instar des petits vieux ! Il était donc âgé avant l’âge, et bien trop bougon pour se priver de le piquer au vif, encore et encore, en se délectant de cette moue tiraillée et cet air maussade. Shaheem avait bien vu un sourire sur ses lèvres, au début de leur conversation, mais il avait été aussi fugace qu’une pluie d’été. Là que la vie devait être pénible à ses côtés. Elle plaignait ses amis, ou sa compagne, ou n’importe qui devait avoir à faire avec Monsieur-Grognon. Elle en venait à déjà regretter leur arrangement ; si elle avait à supporter ses jérémiades une journée entière, il y avait de quoi vouloir se vendre aux Eldéens : c’était pour sûr, moins douloureux.

Mais la Princesse de Sel n’avait qu’une parole. Peut-être serait-elle surprise, après tout, de ce temps partagé ensemble. Elle n’avait jamais été contre ouvrir ses perspectives, surtout celles qui l’approchaient de l’amour de son peuple, sa reconnaissance, son entier dévouement. Car oui, tout aussi exotique que cela promettait d’être, l’Asharite ne perdait pas de vu son objectif premier ; le plaisir de toute façon avait toujours été une récompense secondaire à ses efforts. Si toutefois la racaille ne lui donnait pas pleine satisfaction, et bien elle trouverait bien autre chose. Plus encore, s’il venait à se jouer d’elle d’une quelconque façon, elle dégagerait tous les moyens possibles pour rayer l’existence de son organisation de l’échiquier. Ni plus, ni moins.

« — Bien bien ! Parfait, marché conclut, Viliam de l’Aile Blanche. Nous nous reverrons bientôt, je présume. Fais-moi savoir une date, suffisamment en amont pour que je me décharge de mes tâches.
Elle leva les mains doucement, toujours ce sourire accroché aux lèvres. Dans un geste délicat, elle enleva deux lourds bracelets d’or et lui lança, de sorte à ce qu’il les rattrape. Elle était persuadée qu’il serait assez habile pour cela. C’était son gagne-pain après tout.
Si tu souhaites les faire fondre, rends-toi à la forge qui se trouve dans la rue des Lilas. Dis à Rodthil que je t’envoie. En signe de ma bonne volonté, et parce qu’il ne te sera pas nécessaire de me voler comme ça. Puisses-tu nourrir les tiens. »

Elle l’envoyait à propos, dans l’un des commerces qu’elle louait. Rodthil était un épais gaillard, un bon forgeron pour ce qu’elle en savait, mais surtout, un homme dont les dettes s’étaient vus étalées par Shaheem il y a quelques mois. Il lui devait beaucoup, à commencer son commerce mais aussi de ne pas être encore tombé dans la misère. Et il lui en était hautement redevable. Ses yeux et ses oreilles dans la ville grandissaient de jour en jours, et par la même son pouvoir. Son oncle et sa tantine avait fait le choix habile de ne pas régner comme tant d’autres dans l’indifférence des petites gens. Non, ils avaient compris bien avant tout le monde qu’en contrôlant la masse, on finissait invariablement à contrôler le pays.
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Viliam
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeLun 11 Mar 2024 - 9:13


Elle lança ses bracelets dans les airs, et comme d’un réflexe, il se laissa tomber dans le vide, ne se retenant que d’une main à la corniche et de ses pieds venant prendre appui sur la façade. Cela ne faisait effectivement aucun doute quand à son habitude de ce type de cascade... Sa main libre se saisit des deux objets au vol et il les observa une seconde, surpris par le geste. Et puis il afficha une moue appréciatrice, avant de sourire à leur désormais-ex propriétaire.

-Merci.Lui adressa-t-il alors, avec sincérité. Ces objets servirons et servirons bien soyez en sûre. Quand à ce Rodthil eh bien j’imagine qu’il ne sera pas de trop pour vous recontacter.

Les objets finirent rapidement au fond de la sacoche à sa hanche. Et, tandis qu’il se hissait à nouveau sur son perchoir ce nouveau sourire qui étira ses lèvres se fit plus espiègle.

-Au fait. Ses deux pieds touchèrent de nouveau sol et il lui refit face. Je m’appelle juste Viliam. Pas besoin de plus. S’amusa-t-il sans méchanceté à son effort pour préciser qu’il était « de l’Aile blanche » à chaque fois qu’elle le nommait. Elle ne devait sans doute pas avoir l'habitude des gens sans titre ni nom de famille.
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Shaheem Angharad
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MessageSujet: Re: Sus à la racaille - Viliam   Sus à la racaille - Viliam I_icon_minitimeJeu 14 Mar 2024 - 18:43

Il n’y avait aucun doute sur le fait que le voyou avait l’habitude de telles singeries. Pendu au toit, il attrapa les bracelets avec une telle aisance, qu’elle regretta presque son geste ; c’était comme si, insidieusement, elle l’encourageait dans son truandage. Mais bon, le mal était fait, elle préférait encore se dire qu’elle aurait acheté la paix, pour quelques jours au moins. Viliam, juste Viliam, était un personnage bien étrange ; il lui tardait de découvrir ce monde qu’il lui promettait, et à la fois ne s’en faisait pas une trop grande attente. Il n’y avait rien en ce bas-monde qu’elle n’ait déjà vu, surtout lorsqu’il s’agissait de la misère. Elle vivait peut-être en haut de la cité, mais elle n’était ni aveugle, ni sourde – et l’odorat ne lui manquait pas non plus. Mais si par son geste de bonté, Thaar retrouvait de sa sérénité, - et s’octroyait le luxe d’une nouvelle Princesse de la Charité -, alors cela valait bien toutes les peines qu’elle aurait.

« — Alors à très vite juste Viliam. Les Cinq te guident sur la voie de la rédemption. Fais-en bon usage.

Elle lui adressa un hochement de tête poli, avant de se détourner vers la maison. Dedans, ses habitants n’avaient pas moufté. Ils payeraient chers de ne pas avoir fait ne serait-ce que montre d’une once de protection envers la Princesse de Sel. Elle leur accorderait moitié moins que ce qu’elle aurait payé en temps normal ; pour le désagrément. Sans trop savoir pourquoi, cette conversation au détour d’une rue l’avait rendu maussade, même en colère. Sûrement, pensa-t-elle à posteriori, parce qu’elle s’était sentie faible, impuissante même. Il aurait pu attenter à ses jours s’il l’avait voulu ; il y avait certes de fortes chances qu’il eut été mortellement blessé avant de toucher à une seul de ses cheveux, mais la probabilité non-nulle ne lui plaisait pas. Elle ne tolérai que peu les demies mesures. Si d’aventure une telle situation se reproduisait, elle voulait être certaine que jamais elle ne pourrait avoir peur de nouveau.

Les tractations durèrent plus longtemps qu’elle l’avait espéré, mais s’eut été assez de temps finalement pour que la vie reprenne son cours au dehors. Il n’y avait plus une trace de ce qu’il s’était passé, les badauds marchaient d’un bon pas, sans même imaginer l’étrange scène qui avait pourtant eu lieu une heure plus tôt. Ceux qui avaient assisté à l’échange cancanerait pour sûr, mais à l’instant, tout paraissait en ordre, paisible, clair, rangé. C’était là le Thaar qu’elle aimait. Alors que la procession reprenez le chemin du Joyau, elle s’avança jusqu’à Archibald.

Je te somme d’enquêter sur cette Aile Blanche. Fais suivre ceux que tu soupçonneras, renseigne-toi auprès de notre réseau. Je veux tout savoir avant d’être de nouveau confronté à ces énergumènes. Oh et, déniche moi un manipulateur de la magie de l’Âme chevronné.
Vous n’allez quand même pas…
… J’ai donné ma parole. Ne discute pas ».

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