Le long du sentier

Le chemin serpentait au milieu des arbres, long filament brun zigzaguant sur le tapis de mousse et de feuilles vertes. Sur celui-ci, Eblésias marchait d'un bon pas, s'aidant de son bâton pour ne pas trébucher sur une racine.

La mine renfrognée, il observe la forêt touffue, scrute les sous-bois, s'arrêtant parfois pour poser la main sur un tronc noueux, ou pour s'accroupir devant un champignon.

Ici et là, il cueille quelques plantes, qu'il met dans la besace accrochée à la corde qui lui tient lieu de ceinture.

Soudain une petite boule de poils bruns et blancs bondit d'un arbre, et s'abat sur le capuchon du druide.

Ce dernier pousse un juron sonore et attrape l'animal par sa longue queue touffue avant de le projeter au sol.

Petit impertinent ! tonna le vieil homme. A-t-on idée de sauter ainsi sur les gens ?

La petite fouine se recroqueville au sol, consciente que sa farce ne fait pas du tout rire son maître.

"Pour rire", murmure-t-il timidement dans l'esprit d'Eblésias.

Eh bien je ne trouve pas sa drôle, répliqua-t-il, brandissant un doigt accusateur.

Sol se releva, les oreilles aplaties sur la tête, la mine penaude. Le regard sévère du vieux druide se fit plus doux, et il tendit un bras vers son compagnon.

Allez ! Grimpe petit sot.

Comme par magie, le petit animal retrouva sa gaieté de vivre et d'un bond, se retrouva sur le bras tendu par son ami, autour duquel il enroula affectueusement sa queue.

Alors qu'Eblésias se redressait, l'air forestier l'alerta qu'il y avait une présence non loin.

Il huma l'air, sentant ainsi les secrétions que les arbres utilisaient pour s'avertir mutuellement de l'arrivée d'un prédateur ou pour "communiquer" entre eux.

En sa qualité de druide, il pouvait non seulement percevoir ces produits volatiles, mais aussi comprendre leur signification.

Dans le cas présent, il sentit qu'il ne s'agissait ni d'un prédateur herbivore, ni d'un carnivore. Il s'agissait donc sans nul doute d'un être doué d'intelligence, un homme ou un elfe.

Bien que la probabilité que cette présence lui soit hostile soit faible, Eblésias se plaça sur le bord du sentier, afin de pouvoir se dissimuler dans les bois au cas ou…

Nakor se rendait armé de nouvelles plus ou moins bonnes vers le grand nord afin de rejoindre son ami Valkayre à Evenstar, il décida donc de faire un petit détour par la foret d'Aduram, en empruntant une fois de plus le sentier, comme il l'avait si souvent fait au cours de sa longue vie. Le vieux magicien marchait donc plein de gaité, s'aidant de son bâton pour avancer sans vraiment avoir besoin d'un soutient pour continuer sa longue marche.
Nakor aimait cette foret et son cœur s'en voyait remplie de joie, à tel point qu'il sautillait sur place et chantait même une petite chansonnette.
Il se calma un peu lorsqu'il sentit une petite agitation dans l'air ... de la magie était doucement à l'œuvre ... comme une communion étrange, Nakor décida donc de rester un peu tranquille et de voir ce qu'il pouvait en être, peut être un homme, peut être un elfe, ou peut être rien d'autre que la folie de sa magie prenant encore une fois le pas!
Il continua à marcher lorsqu'il vit un homme sur le bord du sentier qui se tenait là sur le coté, légèrement âgé pour un homme, il ne paraissait pas plus dangereux qu'accueillant.
Nakor décida donc de faire à son habitude :

"Bonjour Monsieur, j'espère ne pas troubler votre quiétude, mais il est rare de croiser un humain sur cette route ... pour ma part je n'y viens que très rarement et je n'y croise quasiment jamais personne ... et encore moins des humains doté d'un sens aussi développer de la nature!"

Nakor fit un petit clin d'œil à l'humain avec qui il s'entretenait, en effet il venait de lui glisser à l'oreille qu'il se doutait fortement des capacités de druide du vieille homme, puisque, depuis toujours, un magicien en reconnait un autre quand il le voit! Puis soudain Nakor bondit presque sur place puis enroula sa barbe autour de son bâton et tout en relevant ce même bâton pour que sa barbe ne touche pas le sol lorsqu'il s'inclina, il prononça gentiment

"Je manque à tout mes devoirs, je me nomme Nakor de Nisetia, je suis ravi de vous rencontrer!"

Puis Nakor se redressa et attendit de voir comment l'humain aller l'accueillir.

Depuis quelques temps déjà, Feanor songeait à combler son manque flagrant de culture concernant l'espèce humaine.
Les nouvelles récentes des différents troubles que traversaient les peuples l'y avait incité un beau matin. Il rassembla ses affaires de voyage et partit sans grande hâte vers le royaume des hommes pour étudier leurs réactions face à cette période de troubles. Cette expérience serait bonne à prendre quoi qu'il en soit pour mieux les comprendre, mais il pourrait peut être également glaner certains renseignements qui aideraient le prince Anàrion à prendre de graves décisions.

Toujours est il qu'après de longs jours de marche sans incident notable, il arriva enfin dans la forêt d'Anduram. Ce n'était pas une forêt elfique, c'était évident ! Les arbres étaient jeunes pour la plupart, espacés et des chemins profonds sillonnaient la forêt de long en large. Décidément ces humains...ils voulaient toujours tout contrôler...même la nature !
Bah, ils étaient ainsi et le jeune elfe songea que son espèce devait également avoir des défauts pour les autres peuples du monde.

"On ne peut pas plaire à tout le monde..." soupira il, las. C'était précisément ces divergences de point de vue qui donnaient lieux aux guerres sans merci qui ravageaient la terre de Miradelphia.

Après quelques heures de marche, il s'arrêta soudain, aux aguets.
Il tendit son oreille pointue en fermant les yeux puis se concentra. Des bruits de pas. Lointains, ténus. Une...deux personnes...non, une troisième encore éloignée approchait également mais ces pas étaient si silencieux qu'il ne pouvait s'agire que d'une personne ayant un minimum de sang elfique.

Feanor réfléchit tout en gardant l'oreille tendue. Il lui était facile d'éviter ces promeneurs, il en était encore loin. Toutefois, n'était il pas ici pour prendre le pouls des humains ? Une rencontre en pleine forêt tissait irrévocablement des liens entre voyageurs...

Il prit dons la directions des pas qui s'étaient apparemment rencontrés et avaient commencé à converser. Le jeune elfe se composa une mine souriante et agréable avant des sortir des sous bois pour tomber sur deux personnes d'un âge assez avancé pour des humains. L'un était indubitablement un mage et le second semblait dégager une aura...comment dire ? Naturelle. Elle lui rappelait en quelques sorte les rôdeurs elfes de sa forêt natale. Etrange. Il existait donc encore des humains qui s'intéressaient à la nature ?
Réjouit par cette nouvelle, Feanor s'inclina respectueusement devant les deux voyageurs.

"Messires, enchanté, je me prénomme Feanor et m'excuse de vous déranger en pleine conversation mais je vous confie ma surprise de trouver de la compagnie en cette forêt. Si le cœur vous en dit, je pourrais partager avec vous un bon verre de cidre pour apaiser vos jambes fatiguées avant de reprendre la route ?"

Souriant, il sortit de sa sacoche une bouteille de fabrication elfique au goût parfaitement respectable. Cette bouteille lui servait habituellement à apaiser les ivrognes parlant un peu fort mais il n'était pas contre l'idée de l'échanger contre une agréable compagnie pour se divertir un peu de son voyage monotone.

Eblésas ne s'était pas trompé dans son interprétation des signes de la nature. Un homme, d'un âge aussi, sinon plus avancé que lui, marchait d'un pas tranquille, l'air guilleret.

Il ne semblait pas surprit de le voir, sans nul doute l'avait-il également repéré, d'une façon ou d'une autre. A voir son chapeau pointu et sa longue barbe, il s'agissait pour sûr d'un magicien, mais était-ce un de ces charlatans aux vulgaires tours de passe-passe, ou était-il réellement pourvu du don de la magie ?

Alors que le druide gardait le silence et posait sur lui un regard soupçonneux, le vieil homme le salua aimablement. Le druide fut quelque peu désarçonné par sa dernière phrase, mais il se concentra pour ne rien laisser paraître.

Celui-ci est donc bien un authentique mage, pensa Eblésias, personne d'autre n'est capable reconnaître aussi facilement la discrète aura des druides.

Comme il restait silencieux, le mage poursuivit, se présentant au vieux druide.

Bonjour, répondit-il à ses dernières paroles, je me nomme Eblésias, et voici Sol.

La fouine quitta le bras de son maître, glissa le long de son dos pour aller s'enrouler autour de sa cheville droite, comme il avait coutume de le faire.

Je suis en route pour Diantra, fit-il, ignorant les insinuations du vieux mage, ce qui ne semble pas être votre chemin.

"Tu pas gentil", glissa la fouine au druide, "Lui pas mauvais".

En effet Eblésias gardait un air méfiant, et n'avait pas bougé d'un pouce. Mais c'était la première fois qu'il se rendait à Diantra, il était donc un peu nerveux. De plus, on lui avait apprit à ne jamais faire confiance à personne. Précepte peut-être un peu trop strict, mais qui avait fait ses preuves jusque là.

Ils n'eurent pas le temps de poursuivre leur conversation, car une voix les interrompit.

Là, Eblésias sursauta, lâchant par la même occasion un juron qu'il n'eut pas le temps d'étouffer. Mais sa surprise était justifiée, car il avait devant lui un elfe. Etant les amis de la forêt, les arbres n'avaient aucunement besoin de se prévenir de leur arrivée, le druide se pardonna donc ce manque de vigilance.

Fort heureusement pour les deux hommes, l'elfe n'était pas animé d'intentions agressives, il souhaitait simplement trouver un peu de compagnie, et allât même jusqu'à leur proposer un verre de cidre.

Le vieux druide était ravi. Il était si rare de rencontrer un elfe ! Il n'en avait jamais rencontré que deux au cours de son existence.

Aussi, sa méfiance le quitta progressivement, et il répondit aimablement à la proposition de l'elfe.

Ma foi, voilà qui n'est pas de refus. Je me nomme Eblésias messire Elfe, et je suis honoré de vous rencontrer.

Le druide s'assit sur un coin d'herbe, au bord du sentier, posant son bâton à ses côtés.

Nakor fut ravi de voir que le druide n'était pas si inhospitalier que ça et qu'il acceptait petit à petit de se dévoiler! Nakor comprenait les doutes de cet homme, car s'il avait passé presque toute sa vie dans la forêt, il était plus que normal qu''il soit méfiant envers les autres hommes, ce qui était preuve d'une sagesse notable.

"Et bien ravi de faire votre connaissance Eblésias, et bonjours à toi sol!"

Nakor glissa un petit clin d'œil à la créature et se mit à rire gentiment à la vue de la petite bouille toute mignonne de la fouine.

"Non en effet je quitte Diantra plutôt, j'y ai passé suffisamment de temps et j'ai des choses à faire dans le nord de plus ... "

Mais soudain un elfe apparue dans leurs champ de vision, ce qui ne manqua pas de faire sursauter le druide. Pour sa part Nakor connaissait trop bien l'amour des elfes pour la discrétion et la surprise pour se soucier d'une telle apparition! Mais l'elfe ne lui semblait pas complètement étranger, un air qu'il avait déjà vue quelque part. Mais c'est au nom de l'elfe que Nakor sursauta lorsque la mémoire lui revint, il était quasi certains d'avoir à faire au cousin de son vieil ami Lenwë, oui cela il en était presque sur. Malheureusement cette rencontre remontait à cent ans et l'elfe était très très jeune à l'époque, il pouvait donc se tromper et faire erreur, Nakor décida qu'il tenterait de tester l'elfe et sa mémoire. Mais lorsque l'elfe proposa du cidre pour reposer leurs vieilles jambes fatigué s'en était trop pour le vieux magicien qui s'insurgea :

"Mais quelle impolitesse de nous faire remarquer que nos vieilles jambes ne sont plus aptes à nous supporter après quelques instants de marches très jeune elfe!"

Nakor fit les gros yeux, en tentant de prendre un air méchant mais il n'y parvenait jamais vraiment et se mit à rire ouvertement et fortement puis une fois sa crise de rire terminé il reprit pour que personne ne se méprennent

"Non rassurez vous Feanor, je plaisantais, j'accepte votre excellente boisson avec plaisir et me permets de vous demander ... comment vont les affaires de votre famille, car je suis étonné de vous voir ici plutôt qu'à la forge en train d'aider votre père!"

Puis Nakor prit le verre des mains de l'elfe et s'amusa à apprécier l'air étrange de l'elfe tout en se retournant vers Eblésias et en disant

"Trinquons à notre bonne rencontre messieurs!"

Puis les verres tintèrent et Nakor attendit la suite avec impatience

Surprit que son visage soit connu du vieil homme, Feanor resta un instant perplexe et pour le moins étonné.

Il observa attentivement les traits du mage en fouillant activement dans sa mémoire. Il connaissait Lenwë ? Mais lui même venait seulement de redécouvrir son lien de parenté avec le grand chasseur...auraient ils déjà été proches dans leur jeunesse ? Après tout c'était bien possible, il y a cent ans, il avait cinq ans...dur de se rappeler cet âge si insouciant où l'on vit au jour le jour.

Malgré tout, il était vrai que les manières et la façon chaleureuse et pleine d'humour de Nakor lui semblaient étrangement familières. Cet homme lui plaisait indubitablement.

Il renonça à retrouver l'instant exact de son enfance où il avait pu le rencontrer. Tout ce qui lui venait à l'esprit n'étaient que des bribes de souvenir. Une grande ombre à chapeau pointu qui se penchait vers lui en dégageant une agréable sensation de bonheur et de joie de vivre, une petite voix amusée à ses côtés très énergique qui débordait de curiosité pour les histoires des voyages de l'homme... Des souvenirs heureux mais si vagues...il les regrettait amèrement.

Sortant de sa réflexion alors que le mage lui prenait le verre qu'il lui tendait, il sourit chaleureusement.

"Ça par exemple ! Pour une coïncidence ! Je vous avoue que mes souvenirs sont bien flous mais effectivement il me semble me rappeler quelque peu de vous, cher ami de la famille."

Il tendit alors le second verre à leur compagnon druide et ils trinquèrent tous trois, assis sur le bord du sentier.

"Pour vous répondre mon ami, je ne suis pas devenu forgeron à la suite de mon père Elendil, non. Mon père est mort assassiné le jour de mon cinquantième anniversaire et la forge à fini brulée. J'ignore par qui et comment celà a pu arriver mais j'ai du grandir seul dans la forêt d'Anaëh en me jurant de comprendre un jour ce qui a put arriver.
Toujours est il qu'aujourd'hui je suis éclaireur dans l'armée elfique et que je cultive toujours un grand amour pour la forêt dans laquelle j'ai construit une petite résidence. N'hésitez pas à venir me rendre visite à l'occasion, nous pourrons nous redécouvrir après toutes ces années."

Il tendit à Nakor un petit parchemin où était décrit avec précision l'emplacement de la cabane de Feanor en pleine forêt d'Anaëh.

"Il n'empêche que nous nous sommes vu il y a cent ans et vous me semblez toujours fringuant ! Vous tenez le coup pour un humain, pas vrai ?" Il ponctua d'un clin d'œil amical en resservant l'honorable magicien avant qu'il n'ait fini son verre.

Il se tourna ensuite vers le druide en souriant.

"Excusez moi, je me suis attardé à mon sujet, dites moi plutôt comment se fait il qu'il se dégage de vous un tel amour de la nature ? Sans vouloir vous offenser, au cours de mon existence à fréquenter tous les peuples, j'ai rarement entendu parler d'humains tant en communion avec notre mère à tous. Non que la nouvelle me déplaise, loin de là !"

Tout en parlant il ajouta au cidre quelques morceau de biscuits elfiques comme casse croute en ce milieu d'après midi. Précisant qu'il s'agissait de nourriture elfique, il leur assura qu'il ne s'offusquerait pas si ils n'aimaient pas ça. Il connaissait trop bien les différences de goûts selon les peuples.

Tranquillement, à son rythme, Mehyo avançait vers Alëandir. Cela faisait quelques jours maintenant qu’il était parti de la bruyante et populeuse Diantra. Il avait flâné en traversant la grande plaine d’Atral et maintenant il était dans la forêt d’Aduram. Forêt que Mehyo connaissait bien pour y avoir passé pas mal de temps lorsqu’il était éclaireur au service du royaume.

Empruntant l’un des nombreux sentiers qui parcourait la forêt, Mehyo commença une nouvelle étape de son voyage. Une fois cette étape terminé il devrait il resterais alors plus que la forêt d’Anaëh entre lui et la capitale du royaume. Suivant l’un des nombreux sentiers créé par les hommes au fils du temps, Mehyo observa la forêt, nota les détails qui avait changé depuis son deniers passage. Aduram était bel et bien une forêt humaine, on pouvait le voir à de nombreux détail : les arbres jeunes, les nombreux sentiers, mais aussi de petites zones où les bûcherons humains venait coupé le bois.

Avisant un arbre plus ancien que les autres et plus résistant aussi, Mehyo s’en approcha. Posant sa main sur l’écorce et fermant les yeux, l’ancien éclaireur écouta la forêt, le bruit du vent dans les arbres, le bruit des petits cours d’eau, le chant des oiseaux, la courses des animaux. Mais dans toute cette harmonie subtile des sons de la nature, une fausse se faisait entendre. Plus loin sur la route des voyageurs semblaient être arrêté. Ouvrant les yeux, Mehyo attrapa une branche au dessus de lui et commença à grimper dans l’arbre, bien décidé à voir à qui il avait affaire.

Passant avec silence d’arbre en arbre, Mehyo avançait vers les voyageurs arrêté en peu plus loin. Cela faisait bien longtemps que Mehyo n’était pas monté dans un arbre pour autre chose qu’une pause sommeil. Dans le temps ce genre de chose était monnaie courante pour lui, grimper dans un arbre et allait observé les positions ennemis depuis les hauteurs, chose normal pour un éclaireur. C’est sans faire un bruit que l’ancien éclaireur s’approcha du groupe de voyageur.

Deux humains, un mage et un druide, ainsi qu’un elfe, voilà un groupe des plus étranges. Il semblait en plein repas, et de ce qu’il en voyait Mehyo n’avait rien à craindre, alors pourquoi ne pas les rejoindre pour partager leur boisson. Descendant d’un arbre un peu en retrait dans la forêt, Mehyo se dirigea vers le groupe, toujours sans un bruit.

- Salutation amis voyageur ! Puis je me joindre à vous ?

Les trois voyageurs s'installèrent sur le bord du sentier et trinquèrent, s'accordant un peu de repos. L'elfe et le vieil homme se mirent à converser à propos d'une connaissance commune.

Eblésias restait silencieux, écoutant sans intervenir la voix joyeuse du dénommé Nakor à laquelle répondait la voix aux intonations chantantes de l'elfe.

Sol, pour sa part, s'ennuyait ferme dans cette conversation dont il ne comprenait pas un traitre mot. Aussi préféra-t-il partir à la recherche d'une souris ou d'un nid d'oiseau.

Feanor se tourna vers le druide, conscient que celui-ci était un peu à l'écart du fait qu'il ne connaissait pas son père.

Sa question fit sourire le vieil homme. Ainsi même les elfes avait du mal à discerner l'aura druidique. Bon à savoir.

Eh bien vos sens ne vous trompent pas, messire elfe, l'aura qui m'entoure est en effet étroitement liée à notre bienfaitrice mère nature. Ce que vous ressentez est l'aura des druides. Je suis un des leurs.

Il salua humblement de la tête.

A ce moment, ils furent à nouveau interrompus par un second elfe. Les arbres et les animaux de la forêt ne l'avaient, une fois de plus, pas averti de l'arrivée d'un de leurs amis et protecteurs, mais Eblésias fut moins surprit que lors de l'arrivée de Feanor.

Le druide rendit son salut au jeune elfe, et élargit le cercle qu'ils formaient, afin de laisser une place au nouveau venu.

Décidément, pensa-t-il, c'est mon jour de chance.

Puis il prit la parole à haute voix.

Eh bien, messires elfes, quelles sont les nouvelles de votre royaume ? Je ne suis que trop conscient de ma veine pour laisser passer l'occasion de profiter de vos nouvelles et de votre sagesse. Contez-nous.

Nakor observa tout d’abord l’elfe et ses réactions, il était intéressant de voir que Fëanor était effectivement troublé et qu’il se replongeait dans ses souvenirs, avec un sourire mélancolique affiché sur son visage. Le vieux magicien était content de son effet et de la compréhension de l’implicite de Fëanor, preuve d’une intelligence notoire mais il fut désolé de provoquer chez sa vieille connaissance, une quelconque morosité. La dernière fois qu’il s’était vu Fëanor était un jeune elfe plein de malice et de joie de vivre, entouré de l’amour de parents très chaleureux et attentif. Le vieil homme avait passé plusieurs après midi à jouer avec le petit Fëanor, à le faire rire aux éclats, ce qui avait pour effet de faire de Nakor un homme extrêmement respecté et apprécier par la famille Elensar.
Mais Nakor fut profondément affecté par l’annonce du meurtre de ses parents, et il s’en voulu soudain de ne pas avoir était là au moment où ce pauvre enfant avait certainement eu le plus besoin d’une aide, quelle qu’elle soit ! Nakor commençait aussi à comprendre pourquoi Lenwë agissait comme il le faisait, car c’est toute la famille qui avait du pâtir de cette expérience. Nakor saisit la carte et dit clairement avec toute la chaleur dont il pouvait faire preuve :

« Crois moi Fëanor Elensar, je viendrais te voir mon ami, et nous parlerons du bon vieux temps, car cela me touche profondément que tu te souviennes d’un vieux fou comme moi! »

Puis Nakor explosa de rire quand l’elfe souleva le grand âge du vieil homme

« Oui … on me dit tenace en effet, et cinglé jusqu’aux os … ce qui ne dois pas être loin de la vérité si tant de gens me le font remarquer heinnnn ! »

Puis Nakor continua à rire en donnant une claque dans le dos de l'elfe, il refusa amicalement la nourriture elfique, qu'il trouvait aseptisé et sans gout. Puis Fëanor se tourna vers Eblésias et reprit sa conversation avec le druide! Nakor en profita pour evaluer les pouvoirs du druide, en effet les plus puissant d'entres eux, parvenaient à se metamorphoser en animal, en poussant son pouvoir mental plus loin et en entourant discretement Eblésias, Nakor fut impressionné de voir que l'aura de l'humain ne se sentait presque pas ... on ne trouvait que la nature à la place ... enfin presque que la nature, ce qui demontrait un grand maniement de son art!

Puis soudain un nouvel elfe entra en scene, Nakor ne s'en soucia guere mais le vieux magicien commencait à se dire qu'il n'avait vraiment pas perdu son temps dans la foret et que la vie lui reservait donc encore bien des surprises interessantes. Nakor allait intervenir quand Eblésias le devança, Nakor vint simplement se planter à coté du druide, sur sa droite, comme pour le soutenir et reprit les mots simplement

"Oui bien le bonjours à vous ami elfe, comptez nous!"

[Désolé du retard, je n'avais pas vu que vous aviez avancé avec tous les sujets en cours de partout... Razz

]

"Tenez, buvez mon ami." Dit il en servant du cidre à leur nouveau compagnon. Il ne le conaissait pas encore mais, après tout, le royaume elfe était vaste et il ne pouvait conaître tout le monde malgré ses nombreux voyages.
Il revint ensuite aux deux humains en réfléchissant aux dernières nouvelles. Il y en avait peu qui méritaient d'être contées sans ennuiyer fermement son publique. Bah l'essentiel suffirait sûrement...

Et bien que vous dire que vous ne pourriez savoir ? Deux mariages arrivent. Assez important puisqu'il s'agit du mariage de la fille du Marquis de l'Epine Dorée, commandant des armées du sud, ainsi que du grand mariage princier d'Illydril, la fille de notre reine avec son cousin, le prince Anàrion.
...Malgré ces évènements heureux, vous devez sûrement avoir entendu l'annonce de la guerre imminente avec les drows. Mais celle ci ne concerne pas que notre peuple, si je ne m'abuse, les humains aussi prendront bientôt part à cette guerre, n'est ce pas ?"

[C'est hyper court mais j'avoue que je ne sais plus trop quoi ajouter :coupable:

]

Tout en remerciant Feanor d’un signe de tête pour le verre de cidre que ce dernier lui proposa, Mehyo sorti de son sac une tomate, une miche de pain et deux pommes, qu’il proposa silencieusement aux deux humains qui n’avait visiblement pas touché au Lestis proposé par Feanor.

Buvant tranquillement son cidre, Mehyo écouta les dernières nouvelles en provenance du royaume qu’il rejoignait. Bien qu’ayant quitté les belles forêts d’Anaeh depuis quelques années pour les vastes plaines du royaume des Hommes, Mehyo aimait bien se tenir au courant des derniers événements ayant survenus chez les Elfes. Mais plus que les mariages, c’était le fait que le marquis de l’Epine Dorée soit redevenu le commandant des armés du Sud qui l’avait surpris. Mehyo avait servit le jeune marquis des dizaines d’années plus tôt et ne pensait pas qu’il reprendrait un jour son ancien poste.

Quand l’elfe parla de l’imminence de la guerre, les yeux de Mehyo commencèrent à s’assombrir. Il n’aimait pas la guerre et il avait quelques mauvais souvenirs de certaines vieilles batailles.

- Les humains prendront, d’après les rumeurs qui circulent, bien part à la prochaine guerre mais je ne suis peut être pas le mieux placé pour vous en parler.

Tout en disant cette phrase, le visage de Mehyo se fendit d’un petit sourire et ses yeux reprirent une teinte plus claire.
Se levant brusquement Mehyo fit une petite révérence, en faisant attention à ne pas renverser de cidre.

- Veuillez m’excuser je ne me suis pas présenté. Je me prénomme Mehyo Milnia.

L'elfe nommé Feanor répondit avec concision à la question du druide, n'apportant que peu de nouvelles. Deux mariages, Eblésias n'y portait aucun intérêt, il s'agissait d'affaires politiques et elfiques qui plus est, et l'annonce d'une guerre.

Le vieil homme n'était pas particulièrement intéressé, n'étant pas soldat, mais il souhaitait tout de même recueillir davantage d'informations. Si une guerre approche réellement, il vaut mieux en savoir le plus possible.

Voilà qui est bien bref sieur Feanor, dit-il en regardant ce dernier, pouvez-vous m'en dire davantage à propos de cette guerre ? J'ai beaucoup voyagé ces derniers temps, et j'ai tâché d'éviter les hameaux et les bourgades. De ce fait, je suis très mal informé de ce qui se prépare.

Lorsqu'il se tut, Sol revint de son escapade et se glissa aux côtés de son maitre, se délectant encore des oeufs qu'il venait de manger.

Et vous messires, reprit Eblésias, s'adressant à tout le groupe, auriez vous quelque chose à m'apprendre à propos de cette guerre ?

Nakor n'avait plus rien dit depuis un moment et le druide souhaitait entendre son avis, car il était, comme lui, un homme et comme il venait de Diantra, il était peut-être donc au courant de ce qui se préparait en royaume humain.

Nakor écouta avec amusement les paroles du druide! L'homme ne semblait connaitre la légendaire concision des elfes, ce peuple qui détestait tellement parler pour ne rien dire, où en utilisant de longues phrases pleines de détails. Puis Eblesias posa des questions sur cette guerre qui approchait et sur les nouvelles que le groupe improbable de compagnon ici regroupé pouvait lui apporter. Nakor s'exclama simplement.

"Moi je peux vous en fournir Eblesias!"

Puis Nakor s'avança au centre du cercle formé par le groupe de quatre personne qu'ils étaient et commença en se tournant vers Feanor

"Mais je suis tout d'abord et en premier lieu surpris d'entendre les mots prononcé par notre ami elfe ... oui Feanor, tu utilise des mots qui semblent indiquer que les elfes vont prendre part à la guerre contre les drows, qui approche à grands pas. Or, il y a très peu de temps un son de cloche très différent m'est parvenu aux oreilles ... il va falloir qu'au retour de mon voyage dans le nord, je retourne voir les elfes!"

Puis Nakor se tourna vers celui qui demandait des réponses

"Pour ce qui est de la guerre en elle même Eblesias je ne peux pas en dire grand choses si ce n'est qu'elle approche à grand pas et que le monde des hommes est faible! Je fais parti d'une sorte de guilde humaine, dirigé par le descendant direct des derniers rois de la lignée de l'arbre blanc. Ce descendant que j'ai récemment rencontré est venu me voir pour me demander conseil et enseignement en me nommant capitaine du groupe des magiciens de la lignée de l'arbre blanc. Nous recrutons actuellement le plus de monde possible afin de grossir les rangs de notre armée et pouvoir, le jour venu, empêcher les drows de détruire le monde des hommes en miettes. Je me dirige actuellement vers le nord avec des nouvelles, bonnes et mauvaises pour la lignée. Et je vous avoue que je n'ai que trop tardé, il va donc falloir que je vous quitte rapidement, mais avant cela j'aimerais répondre à vos questions si vous en avez sur la lignée et son but, car j'ai un rendez vous et je déteste être en retard. Et en tout cas comme vous pouvez le voir tout les trois le monde des hommes n'a pas perdu complément espoir et même, ce monde se prépare à faire face à une menace non négligeable ... de l'espoir perdure Eblesias, de l'espoir perdure!"

Sur ces quelques mots Nakor se retira du centre du cercle et attendit de voir si jamais un des protagonistes désirerait poser des questions! Ensuite il devrait se hâter dans le grand nord pour rejoindre Valkayre.

Feanor baissa les yeux et ne contempla plus que les images gravées en lui.

"Oui, la guerre est proche, j'y suis en parti pour quelque chose car j'ai été le premier à découvrir un village massacré par une armée inconnue. Il s'est avéré qu'il s'agissait d'une armée drow agissant furtivement pour monter les hommes contre les elfes. Cette stratégie a failli marcher mais le commandant Rima Marcil a réussit à déjouer leur plan et à rattraper l'ennemi avant qu'il ne massacre plus de villages innocents.
Les deux armées se sont affrontées sur terrain elfe et, ayant prit part au combat, je peux témoigner de la boucherie qui eut lieu là bas. Qu'importe, la commandante drow fut capturée. C'est tout ce que je pourrais vous dire pour l'instant puisque étant blessé, j'ai disparu du champ de bataille lorsque tout fut fini. J'avoue que l'évolution des evenements m'a dépassé pour le moment."

Il se tourna vers Narkor en souriant de nouveau.

"Mais dites moi donc comment se présente votre guilde mon ami, faisant moi même parti d'un groupe de résistance contre les drows je ne pourrais vous aider mais nos compagnons seront sûrement intéressés par vos propos."

Il détendit ses jambes pour les relaxer en songeant qu'il serait bientôt temps pour lui de reprendre la route également, on attendait son retour et la route était encore longue.

Le druide assimilait en silence les informations que lui délivraient Nakor et Feanor. Il restait calme, arborant comme toujours sont air sévère et renfrogné, mais les nouvelles qu'il venait d'apprendre l'alarmait.

Il devait faire vite.

Il n'avait que trop tardé, et à présent, le danger guettait. Il devait le trouver. S'il y parvenait, alors tous les peuples seraient sauvé.

Eblésias réfléchit également à ce qu'avait dit le mage à propos de cette Guilde dont il était l'un des dirigeants. Il serait bon d'en apprendre davantage, hélas le temps le pressait.

Mes sieurs, fit-il sur un ton aimable, je suis désolé de vous interrompre, mais il me faut partir. J'aurais volontiers continué cette conversation avec vous mais je dois me hâter.

Le vieil homme se relevât, s'aidant de son bâton, et Sol vint s'accrocher à sa botte, enroulant sa queue autour du mollet de son maitre.

Nakor, poursuivit-il, pourriez-vous me dire comment contacter votre Guilde à Diantra ? Je souhaite en savoir plus, mais je ne puis m'attarder davantage.

Il attendit la réponse du mage, salua respectueusement les deux elfes puis s'en fut, sans mot dire.

Nakor écouta Feanor et Eblesias parler et les deux personnages demandaient des informations sur la lignée de l'arbre blanc, le vieux magicien se dit qu'il ne perdrait strictement rien à prendre deux secondes de son temps pour informer des gens bons et honnêtes des intentions de la lignée. Le vieux magicien, se planta avec son bâton et commença son discours se tournant un peu vers l'elfe et un peu vers le druide, partageant son attention et son discours équitablement.

"La lignée de l'arbre blanc que je représente tente de rester secrète afin que les yeux mal avisés ne la voient jamais, mais je vous fais confiance, ma magie ne me prévenant de rien! Cette lignée est l'héritière de glorieux humains qui par le passé ont défendu et sauvé Diantra de la menace Drow! Nous cherchons à recruter des hommes et des femmes de toutes races de notre monde afin de renforcer nos rangs et de pouvoir, le jour où la menace se fera pressante, intervenir en temps et en heure là où on aura besoin de nous! Nos ennemis principaux sont les drows, mais aussi toutes formes de mal et de dictatures dangereuses!"

Puis se tournant vers Feanor, Nakor continua

"Je ne sais pas de quel guilde tu parles mon ami, mais si vous désirez nous allier à vous pour faire un pacte d'entre aide, je serais ravi de recevoir les émissaires de ton général, pour en parler! Si tu le désires, je passerais te voir chez toi d'ici quelques semaines, car j'ai envie de parler avec toi du passé et de nos vieux souvenirs! Si d'ici là tu peux avoir une idée de ce que je te propose, ne te gènes pas!"

Puis se tournant vers Eblesias, le magicien termina

"Eblesias, si vous désirez contacter la guilde, il y a tellement de possibilité diverses, que la plus simple serait d'enregistrer ma signature spirituelle, et de me contacter mentalement grâce à vos pouvoirs magiques! Où que vous vous trouviez, cherchez moi et nous pourrons décider d'un rendez vous ou autre chose, comme bon vous semblera! Et croyez moi, vous me trouverez sans trop de problème ... rare sont les signatures spirituelles telle que la mienne!"

Nakor glissa un clin d'œil au druide, amplifia momentanément son aura pour que le druide puisse aisément la retenir et salua l'homme qui partit sans un mot. Se tournant de nouveau vers les deux elfes, il reprit son discours avant de partir lui aussi.

"Mes chers elfes, merci de vos informations, mais je dois moi aussi reprendre mon chemin, j'ai déjà passé trop de temps ici. J'espère vous croiser de nouveau un jour sur mon chemin, car rare sont les gens de bonnes compagnies à notre époque."

Nakor s'inclina devant l'elfe resté silencieux dénommé Mehyo puis se permit la familiarité de prendre Feanor dans ses bars avant de quitter rapidement la forêt.

Le druide écouta le vieux mage puis il se concentra un instant afin d'imprimer correctement la signature magique qui entourait Nakor.

Il la trouva assez particulière car elle ne ressemblait à aucune empreinte qu'il connaissait, elle était plus...pétillante, presque souriante. Elle aurait rit si elle avait été pourvue d'une bouche.

Bien à l'image de son propriétaire, qui malgré son allure sérieuse marquée par sa longue barbe et ses vêtements de mage, parlait toujours d'une façon enjouée et aimable.

Il est vrai que les autres signatures auxquelles Elbésias avait déjà été confronté étaient des auras de vieux druides grincheux et peu enclin a la plaisanterie.

Nakor salua le petit groupe et rappelant au vieil homme qu'il ferait mieux d'en faire autant.

Ceci fait, il s'assura de n'avoir rien oublié puis reprit la route, dans la direction opposée à celle du mage, vers la capitale des humains, Diantra.

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