Demeure de Juliette

Le manoir est assez grand, sans pour autant être giganteste. C'est un petit manoir. Il est entouré d'un jardin richement entretenu, avec une allure faussement sauvage, traversé de ronces et de fleurs presques noires. Un mur de pierre vient délimiter les limites de la propriétés, surmonté de pic de fer. Une grande porte de fer forgé, où de vraies ronces se mêlent à celles de fer, permet d'accéder à la propriété et elle n'est barrée que durant la nuit ou les absences de Juliette.

Un chemin de dalle mène aux escaliers de la demeure, se séparant à un certain moment pour aller vers les jardins arrières. à la porte du petit manoir, un heurtoir représentant un visage de gargouille permet aux invités de signalier leur venue. Les matériaux choisis pour la facade sont sombres et solides.

En entrant, on découvre une ambiance à la fois gothique et chic, où l'or se mêle parfaitement au bois. Le grand hall guide vers un large escalier et un couloir. Le premier monte à l'étage alors que le second mène vers un grand salon qui a longtemps servi de salle de réception. Au bout de celui-ci, des portes de verres mènent à la salle à manger alors que d'autres s'ouvrent sur le jardin. De l'escalier, on a une vue magnifique sur l'endroit.

à l'étage, face aux escaliers, on trouve une porte séparant les appartements des maîtres du reste de l'étage. Rares sont ceux qui ont pu y accéder depuis que Juliette est maître de maison. Vers la gauche, il y a un petit salon plus privé où sont normalement reçus les invités. Il communique avec le boudoir de Juliette. Vers la droite, un long couloir où s'alignent plusieurs portes: des chambres d'invités, fort probablement.




on était au jour de l'annonce de Alyrne s'adressant aux Drows. Après les rencontres faites durant la journée, Juliette rentrait chez elle. Il devait être 18heures. Derriere elle, elle laissa la grille de sa demeure ouverte, s'attendant à avoir de la visite.

Elle avait dit à sa servante de faire venir à son salon, à l'étage, ceux qui se présenteraient. Elle avait retouché un peu ses cheveux, mis une tenue soignée, s'était décorée de bijoux et avait pris soin à bien paraître. Elle fit monter du vin dans son salon puis demanda aux servantes de ne plus la déranger. Ne lui restait qu'à attendre l'invité prévu

Juliette fit rapidement taire son impatience lorsqu'elle entendit une servante se précipiter vers la porte. Enfin.

Elle s'approcha d'un miroir, replaça ses cheveux (exceptionnellement laissé détachés pour ce soir) puis retourna s'assoir, une coupe de vin dans la main. Elle fit mine de s'attarder à l'observation de son jardin, par la fenêtre, mais il lui brûlait de voir son invité, de pouvoir croiser son regard et ainsi commencer, peut-être, à se servir de lui...

Elle le voyant s'incliner et lui parler ainsi, elle ne put s'empêcher d'avoir un petit rire. D'une voix douce, avec un demi-sourire, elle lui lança:

"Vous êtes bien différent de quand je vous ai parlé dans la ruelle. Peut-être un peu plus... respectueux, non?"

Elle l'invta à s'assoir et lui versa une coup de vin qu'elle lui tendit. Pour ne pas qu'il pense qu'elle l'eut empoisonné, elle se resservit aussi et prit une gorgée. Elle attendit qu'il eut bu à son tour puis continua:

"Vous semblez connaître les usages de la cours, c'est bien, ce pourrait être utile..."

Elle se releva et s'éloigna vers une fenêtre, lui tournant le dos. Celui-ci était totalement découvert, sous les boucles blanches de ses cheveux. Elle sembla réfléchir un peu mais au fond, elle savait exactement quoi faire. Tout son discours, tous ses gestes, étaient corégraphiés, pensés en fonction des réactions qu'ils provoqueraient. La seule improvisation était l'entrée dans ce discours. Mais elle n'avait pas à craindre, ce serait facile. Comme une parfaite comédienne, elle se plongea dans les sentiments qu'elle voulait feindre et provoquer puis se sentit prête à commencer.

Elle sembla préoccupée puis revint s'assoir face à lui, gardant l'air noble l'habitant. En sa demeure, ainsi, elle n'aviat plus besoin de dégager autant d'autorité: les lieux s'en chargeaient. Elle plongea son regard dans le sien, sachant qu'il risquait de se perdre dans la tempête de ses iris maintenant violets... peut-être, ainsi, le captiverait-elle dans ses filets. Du moins, elle était sûr d'avoir son attention.

"Si je vous ai fait venir ce soir ce n'est pas pour que vous passiez, au bout de la nuit, dans mon lit. Avec un peu de chance, nous irons discuter dans mon boudoir, plus tard, pour ne pas que les servantes nous entendent. Mais n'espérez pas trop sur ce point là. Je vous ai fait venir comme un potentiel employé, voir un allié."

Le violet et le gris de ses iris ne cessait de bouger, comme un ciel nuageux, au gré des émotions que Juliette vivait...

L'introduction était faite. Ne lui restait qu'à enchaîner sur ce qu'elle avait prévu.

"Je sais que normalement, en temps de guerre, votre tâche serait d'être à la tête d'hommes armés, sur un champ de bataille, à se battre et à mourir pour votre race. Vous êtes né dans le sang et espérez mourir dans le sang, non? J'admire ceux qui se battent ainsi... mais aller se battre ainsi, aveuglément, contre un ennemi dont on ne sait à peu près rien... n'est-ce pas un peu risqué?"

Elle ne le laissa pas répondre. Pas à ce moment là. Elle continua:

"Vous me direz que vous avez des espions pour aller cueillir l'information chez l'ennemi... mais l'ennemi est sur ses gardes. Un espion normal aurait tôt fait de se faire attraper, torturer et de nous trahir. Mais moi, j'ai une idée. Mais j'ai besoin de gens pour me suivre dans cette idée. Et vous me semblez être le genre de personnes qui me suivriez.

"Je veux me rendre en territoire humain. Directement dans la cour du roi. Je veux... m'y glisser. Une drow, ils pourraient très bien ne pas accepter... et pourtant. Si je joue le jeu d'une femme qui renie sa race, ses origines, qui demande asile en échange de quelques informations sur sa race... ne croyez-vous pas que les humains peuveut tomber dans le piège? Ils ne sont pas idiots, mais ils sont trop sensibles aux sentiments.

"Or, je ne veux pas m'y rendre seule. Ce serait d'ailleurs idiot. J'ai besoin de protection. C'est pour cela que j'ai besoin de vous. Vous pourrez aisément passer pour mon cousin ou mon frère. Et je vous apprendrai à cacher votre vrai nature, à jouer le jeu vous aussi. Et, en bout de ligne, je peux très bien vous payer. Mais pour quelques temps, vous devrez, avec moi, faire croire au monde entier, mêmes à vos frères, que vous avez renié votre race. C'est très risqué, très difficile. Mais n'ayez crainte, depuis ma tendre enfance, j'ai tout appris sur cela. Je suis prête à le mettre en application. Ce serait une aide précieuse pour notre armée, non?"

Dans un sourire charmeur, elle se tut, attendant de voir sa réaction.

"Bien sûr, vous serez démis de vos fonctions pendant tout ce temps. Il le faut d'ailleurs. Ce sera plus crédible. Je veux dire... si vous jouez parfaitement le jeu en disant que vous avez quitté un rang si haut parce que... parce que vous avez renié votre race, malgré le certain prestique que vous y aviez, on aura probablement plus tendance à avoir de l'estime pour vous. Or, lorsque nous reviendrons ici, d'abord comme des traîtres puis comme des héros losque nous ramenerons le résultat de notre espionnge, vous risquez non seulement de reprendre votre place mais... probablement plus encore. Enfin, tout cela, si nous réussissions. Sinon, il sera toujours temps de faire un... attentat."

Elle sembla pensive, un peu, puis rajouta:

"Je peux vous payer plutôt grassement, oui... mais la réputation que vous aurez, ensuite, viendra probablement vous enrichir aussi. J'ai tout prévu. Enfin, presque. Ne suffit, maintenant, qu'à agir et à prier les Dieux que nous réussirons."

Puis il lui demanda pourquoi elle avait un nom sonnant si "humain". Elle aurait pu le prendre comme une insulte qu'on la traita d'espionne mais elle resta de marbre.

"Ma mère était un peu... extravagante. Elle aimait faire tourner les têtes. Bien que mon père eut protesté, elle m'a appelé Juliette. Elle savait que cela ferait tourner les têtes, que les gens se poseraient des questions. Elle savait que là où je passerait, ce nom serait étrange, voir mystérieux. Que cela m'aiderait, un peu, à captiver l'attention. Et je peux vous jurer que jamais je ne m'allierais avec un humain. Je peux jouer le jeu, mais jamais je ne le ferais sincerement. La fierté que j'ai d'être Drow m'en empêcherait. Ce nom sera probablement mon passeport pour la cour humaine. Mais jamais je ne serai fidèle aux humains. Les Drows sont les seuls êtres à qui je peux jurer fidélité éternelle. Ce sont les seuls que je ne trahirais jamais."

Elle était sincère dans sa voix et son regard ne pouvait, cette fois, pas la trahir: une lueur de fierté brillait dans son regard. Consciente qu'à jouer et à mentir sur ses émotions elle risquait de se mettre l'homme à dos, elle continua sur la sincérité.

"Je crains, moi aussi, de tout perdre. C'est soi je perds tout, soi je gagne plus. Une fois là-bas, peut-être que mes plans changeront du tout au tout. Peut-être que je me retrouverai en situation plus difficile. Peut-être que tout échouera. Peut-être qu'en revenant ici, on doutera de moi. Mais je prends quand même le risque. "

Elle prit une pause, hésitant entre feindre l'impatience pour avoir une réponse immédiate à sa proposition ou attendre pour voir la suite. Elle préféra se taire et observer la réaction de l'homme. Voyant sa coupe vide, elle lui resservit du vin.

[Je peux me joindre à vous ?]

Il était presque dix-neuf heures. Le drow venait de quitter une estrade où il avait dit en public qu'il allait se battre jusqu'à la mort pour son peuple. Qu'il allait diriger la brigade des archers long et menait son peuple vers la victoire. Plusieurs drow avait répondu présent, parmi eux des personnes de valeur, des nobles. Avec la promotion de Ceylan, il avait décidé d'aller vivre dans un beau manoir et se dire noble, car pendant une nuit, il avait découvert un écrit disant que sa mère était une femme descendant d'une lignée de gens de sang pu, et son père un drow puissant à la tête d'une brigade qui était lui aussi un Lord.

Le gens drow se hissa contre le portail de la demeure qui lui faisait face car il voulait voir comment se débrouiller des gens comme la personne qui habitait l'endroit. Alors qu'il allait terminer de gravir la porte, celle-ci s'ouvrit sous son poids. Elle n'avait pas était fermé ! Quel imbécile ce Ceylan ! Il ne frappa pas à la porte, il voulait se faire discret et ne pas se faire remarquer par des serviteurs et esclaves de se genre ! Rentrant dans le magnifique manoir qui imposait tout de même une forme de respect pesant, il alla vers une pièce, ouvrit doucement la porte et remarqua deux jeunes drows entrain de se parler. Cerald, il le connaissait et savait de lui un brave combattant et la propriétaire du majestueux endroit. Une certaine Juliette qu'il avait déjà rencontré et où il lui avait manqué de respect. Il écouta leur conversation. Ceylan avait tout entendu, et ils désabrouvaient totalement. De toute façon, il partira bientôt à la tête d'un régiment qui kidnaperra Ultuant, roi des humains. Il frappa à la porte pour rentra dans la pièce.

-Bonsoir Dame Lorsonge !

Puis il s'avança vers elle, inclina légèrement la tête puis lui fit un baise-main comme on en faisait aux Nobles, ou plutôt aux femmes nobles. Puis il serra la main de son compagnon d'armes.

-A vous aussi Sir Cerald !

[je vais répondre, ensuite Cerald puis Ceylan, ok? il faut bien que j'accueille mon invité surprise^^]

Juliette, surprise par cette venue, lui offrit un accueil plutôt froid. Elle le reconnaissait, bien sûr, elle n'oubliait jamais le visage de quelqu'un qu'elle n'appréciait pas. Avait-il entendu son invitation dans la rue plus tôt? Et qu'avait-il entendu de leur discussion? Juliette en fut grandement préoccupée.

Elle jeta un regard vers Cerald, tentant de lui faire comprendre de se taire pour le moment. Elle s'éloigna vers la cheminée, où elle cachait un poignard, et lança au nouveau venu:

" Nous nous sommes croisés dans une auberge, non? Désolée de ne pas avoir de sang à vous offrir. J'ai du vin, par contre, si vous en voulez..."

Elle ne fit pas l'effort d'aller le servir. Sur la petite table, quelques verres inutilisés traînait et la carafe, quoique n'étant pas pleine, n'avait pas perdu beaucoup de son contenu.

La venue imprévue de cet homme qu'elle n'appréciait pas vraiment venait déranger un peu ses plans pour la soirée. Et à moins qu'il ne veuille se joindre à elle, elle aurait tôt fait de se débarasser de lui.

"Qu'est-ce qui vous emmène ici, dites-moi?"

Le comportement de la drow n'avait pas changé, point sympathique sans être antipathique. Il jeta un regard en biais au vin. Si elle ne luis ervait pas, il n'allait pas aller se servir lui même. Cela serait une marque de faiblesse plus au moins. Il connaissait leur plans de la soirée, il avait tout écoutait de ses deux oreilles avant de rentrer dans la pièce. Il répondit à la dénommé Juliette.

-Je viens vous demandez un service.

Au fait, il était rentrer dans cette demeure pour un but précis, mais il en avait changé après avoir écouté la conversation ! Puis Cerald prit la parole, le regard de Ceylan se posa sur lui, il avait durci.

-Vous n'êtes pas mon supérieur, je n'en ai que deux et c'est Idazi et notre seigneur à nous. Puis, cela n'est pas à vous à qui je dois des explications mais à la dame qui est présente.

Son regard de nouveau normale, il reporta son attention sur la drow et la décoration du manoir avant de rajouter d'un ton calme.

-Jolie manoir.

Il détailla ensuite la dame maitresse des lieux. Il lui sourit avant de rajouter.

-Et je voulais aussi vous demander pardon de mon comportement à l'auberge.

Dit-il sincèrement en inclinant la tête légèrement vers elle

Cette demande de pardon avait quelque chose de victorieux. Juliette cacha sa satisfaction et répondit D'une voix un peu moins froide:

"Bien... en esperant que vous vous montriez un peu plus digne de votre race dorénavant"

Elle n'aurait pas besoin d'arme. Du moins, elle ne le croyait pas. Sinon, elle avait toujours le poignard à sa hanche, sous sa jupe. En cas d'extrême nécéssité. Son oreille résonnait encore des premiers mots de Ceylan. Un service?

Elle revint au fauteuil qu'elle occupait quelques minutes plus tôt et s'y rassit, reprenant sa coupe de vin et en servant une à Ceylan. D'un geste de la main, elle l'invita à s'asseoir non loin d'elle, face à Cerald. Avant que la tension ne monte entre les deux hommes, elle s'empressa de dire:

"Oublions les grades militaires ici, je vous pris. Je crois que nous avons bien d'autres choses à discuter pour ce soir. Il n'est pas entré sans ma permission. J'avais demandé à mes servantes de surveiller pour ne pas avoir de gens indésirables et de laisser entrer ceux qui se présentaient. Ma grille était encore ouverte."

Puis, se retournant vers Cerald:

"Vous voulez me demander un service? Allez y, expliquez moi, vous avez piqué ma curiosité"

Son regard était allumé d'une petite étincelle et elle ne put s'empêcher de jouer, un tout petit peu, la carte du charme.