Edits ancenois

Au début de l'automne, le baron d'Ancenis avait saisi quelque chose d'important. On pouvait bien (trop) facilement armer une poignée de gueux et se dire soldats de la liberté. Yquem, à Hautval, lui avait laissé pour toute leçon cet amer constat. Les hommes d'armes pouvaient pulluler, et chaque région semblait secouée par la frénésie des armes.

Celle qu'il craignait vraiment était celle de Langehack qui, après une curieuse visite de Sainte-Berthilde, s'était prise de passion pour un projet de réorganisation militaire dépossédant la noblesse et créant un mur entre l'Ancenois et le Langecin. Aemon ne pouvait agir contre cet état de fait, sinon en influençant la duchesse dans son projet ou en doublant les châteaux qui bordaient la frontière.

Une autre armée subit donc son ire, et ce fut celle des divins. Il était dit dans l'édit que tout Ancenois collaborant avec cette armée étrangère ne serait plus considéré comme tel avec tout ce que cela pouvait impliquer, que les individus travaillant pour le compte de cette troupe serait chassée des terres d'Ancenis, manu militari si la situation le requérait. A présent, n'était plus tolérée la présence des hommes, qu'ils soient de guerre comme d'argent, d'un baron étranger, d'un homme jouissant d'un titre politique à la cour de Diantra et qui était maître d'une armée sans attache sinon quelques idéaux fort abstraits. Seules les ostes du seigneur Aemon, de son suzerain et de ses alliés proches étaient autorisées à pénétrer dans l'Ancenois.

Une mention expliquait la même chose pour toutes les autres armées libres ou étrangères.

L'homme de l'Armée des divins fut en effet arrêté. Il était d'ailleurs très étonnant qu'un homme portant les couleurs de cette guilde ait pu s'enfoncer si profondément dans les terres ancenoises. L'homme devait avoir une chance critique. Enfin... chance est un bien grand mot. On emmena le garde avec sa lettre devant le baron, qui devait décider du sort de l'intrus.

Il prit la lettre des mains de l'un des gardes et commença à lire. Fronçant parfois les sourcils, il partit, finalement, d'un grand rire franc. La situation semblait l'amuser, tout comme la provocation du demi-elfe. Il se tourna vers le clerc qui s'occupait des affaires d'écriture et autres badineries et lui dit.

"Ecris, scribe, à Aranel d'Actellys. Dis-lui qu'il peut oublier mes édits, mais que mes geôles rappelleront à ses hommes qui fait loi dans l'Ancenois. Envoie également à la noblesse des Hommes un message expliquant que le sieur d'Actellys a défié mon autorité, m'a insulté et qu'il profite de son armée privée pour me menacer de défaire mes édits. Il montre son vrai visage, l'infâme. Dis aux seigneurs de la Péninsule que j'appelle à ce qu'ils chassent cette armée de forbans de leurs terres, pour rappeler à cet elfe qui commande séant."

Il fit un signe aux gardes qui tenaient l'homme de l'Armée des Divins. L'un d'eux l'assoma d'un coup de pommeau et tous le menèrent dans une des geôles d'Ancenis, où il pourrait réfléchir à l'intérêt de se croire au dessus des lois d'Ancenis.

"Ah, scribe. Tu écriras une dernière chose."

Le lendemain, un deuxième édit déclarait que tous les hommes qui disposaient de terres ancenoises se les verraient retirer s'ils collaboraient ou appartenaient à l'Armée d'Actellys.