Où l'on rançonne un amiral.

L'aube au doigt de rose se levait tranquillement, éclairant la forteresse naturelle qu'était Meca. Lysandre ne se lassait pas de voir l'île des Comtes, où il avait toujours trouvé de l'or ou un vice pour le gaspiller. Une lumière fragile faisait briller leur destination, et les falaises mouillées brillaient comme des diamants aux yeux des marins. Le voyage avait été plutôt calme, au grand étonnement des pirates, qui craignaient que la Marine royale ne soit prévenue et ne lance à leur poursuite le reste de la flotte.

Il n'en fut rien, et sur le Chuant noir (rebaptisé ainsi quelques jours après la mutinerie) on se laissait aller à la négligence. Si les premiers jours avaient été animés par une peur énergique qui motivait les mutins, l'ennuyeux voyage, uniquement ponctué par le renversement de la lune et du soleil, termina d'achever l'entrain anxieux de l'équipage. Dans les derniers jours, Lysandre lui-même vaquait sur le pont, nu comme Arcam, s'amusant à jouer l'équilibriste sur les garde-fou ou à décapiter quelques prisonniers trop entreprenants.

Car l'ennui était tué comme on pouvait. Céans, on le massacrait à grand-coup d'épée dans le crânes d'anciens officiers. Souhaitant occuper ses journées ou à marquer les esprits, Lysandre désignait un sous-officier qui aurait tenté quelque folie pour s'échapper, insulter la personne du capitaine ou atteindre à la vie d'un de ses geôliers. Le malheureux était fixé au grand-mât et laissé à Tankra, le singe monstrueux qui suivait partout le capitaine. Cette dernière, possédée par les mauvais esprits, griffait frénétiquement l'homme entravé, criant à fendre gueule, insultant puis suppliant. C'était là un spectacle horrible, qui s'arrêtait avec l'évanouissement et recommençait avec son réveil.

En fin de compte, Lysandre, lorsque Tankra s'était lassée de croquer le petit homme, proposait à l'homme d'abréger ses tourments. Plusieurs refusèrent au début, mais tous terminaient par céder, priant Lysandre leur offrir la mort. Lysandre plaçait alors la tête de l'officier épuisé sur le bord du garde-fou et grimpait sur ce dernier. Epée à la main, il décapitait l'homme d'un coup ample, comme les kobolds le font avec les kolob de golofe. Mais hélas, l'infamie ne s'arrêtait pas là, car les pirates déshabillaient le cadavre, le peignaient de divers motifs qui ressemblaient souvent à un grand basilic. Une fois le corps décoré, on le montait en haut du grand-mât. Les hommes entendaient mal ce qui se disait, sûrement quelques invocations lancés aux démons et aux basilics. Le corps sacrifié était alors jeté à la mer. En six jours, trois hommes succombèrent ainsi.

Les démons des abîmes avaient exaucé les voeux des victimaires, car on était arrivé à Méca sans heurt. Bientôt, on fut assez près de la crique pour voir plusieurs navires s'avancer à leur rencontre. Malgré le crâne pourpre sur champ sable qui claquait au vent, les Comtes de Méca se méfiaient. Une fois que les navires furent à portée de voix, on cria qu'on était des leurs, qu'on amenait à Méca le plus redoutable de ses ennemis et l'Amiral du roi.

Lysandre ne se lassait pas de faire l'éloge de l'accueil des Comtes de Meca. Depuis leur arrivée, c'est-à-dire depuis trois jours, il rappelait à tout son équipage et aux hôtes qui les hébergeaut à quel point on était bien sur l'île des forçats. Après avoir fait défiler les officiers entravés de la Marine royale, l'Amiral Gilrad en tête, après qu'il s'être soûlé des vivats d'une populace qui ouvrait les bras à un héros de guerre, il s'était dirigé à la Cambuse, où se réunissait le gratin des Comtes, les capitaines et les personnalités de l'île.

Lysandre était entré avec fracas, un tonnelet d'alcool dans une main, la chaine de l'amiral dans l'autre, un sourire au visage. Sous le regard des quelques capitaines de passage, il avait conté, avec brio et surtout beaucoup d'hyperbole, la traîtrise qui lui avait permis d'amener aux Comtes de Meca les plus belles pièces de l'Armada royale, son vaisseau et son amiral. Il avait offert un peu de vins de framboise, parlé avec les hommes de l'île pour recevoir quelques félicitations. La prise était grosse et l'entreprise fort risquée - en plus d'être d'une bassesse somme toute considérable.

On avait offert des libations jusqu'à ce que la nuit tombe, puis un aubergiste avait proposé de loger le nouveau venu à moindres frais. Lysandre accepta et négocia tout au long du chemin qui menait au logis de telle sorte que, lorsqu'on arriva devant la porte principale de l'épave reconvertie, l'aubergiste céda le séjour contre un tonnelet de feu la réserve de l'amiral, qui était sûrement le meilleur vin de framboise d'Arétria. A partir de là, les hommes de Lysandre partageaient leur temps entre la garde du Chuant noir et l'agréable passivité qu'offrait l'auberge du Rat de Navire.

....

Lysandre était à l'auberge, encore un peu soûl de sa victoire, lorsqu'un de ses hommes lui apporta une lettre marquée du sceau royal. Enfin ! La richesse venait, l'or, l'argent, les diamants. A lui les putains de Sharas, les manoirs à Soltariel, le respect, et encore les putains. La belle vie se trouvait dans cette missive, pour sûr !

"Eh bien ouvre-la, abruti !", lui cria un Lysandre fébrile. Ce dernier s'exécuta, puis commença à lire la lettre, fronçant des sourcils et semblant avoir de grandes difficultés à s'acquitter de sa tâche. Lysandre s'enquit de la situation et le pirate lui rappela timidement qu'il ne savait pas lire. Ce dernier fulmina, le tança puis prit la lettre des mains du béotien. "Maître Delacouture... blablabla... parjure... blablabla... potence... blablabla... infamie... blablabla... AH !" Lysandre cessa sa lecture. Sa main se crispa sur le papier.

Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Le roi ne semblait pas se soucier plus que de cela de son amiral, et il conviait le capitaine à demander de l'or à Arétria, qui était plus inquiète de la situation de son brave comte que le roi de son malheureux officier. Lysandre serra un moment les dents, cracha par terre. Sa Majesté n'en avait pas cure... Adieu putains, diamants et respect ! Cela ne mettait pas le capitaine dans une joie infinie, et cela ne rendrait pas ses compagnons bienveillants. Ils traînaient un bout de viande comtale depuis quelques jours déjà, et ce pour rien.

Lysandre annonça le nouvelle et proposa, avant que les pirates ne bouillonent littéralement, de détourner la conversation en rappelant que le comte était un fardeau. Il proposa aimablement à la gent des pirates de faire savoir ce que l'on faisait des nobles sans valeurs. Se dirigeant vers le bateau, il réunit ses hommes et excita leur colère, détournant son échec sur le malheureux Amiral. Une fois sur le bateau, il offrit un discours déchaîné sur la noblesse, sa décadence et leur lacune pour les valeurs familiales.

"Bonjour, sire Amiral," entra Lysandre, accompagné par une poigné de gorilles à l'allure patibulaire, mais presque. Il avait la lettre royale dans la main, et un rictus amusé sur le visage. Il embrassa du regard la cale, où était enchaîné l'Amiral. Il n'avait rien, pour l'instant. On avait préservé le malheureux des ardeurs sadiques d'une poignée d'hommes à l'oeil torve et aux projets tortueux. "Il semblerait que vous ne soyez pas très appréciés par votre oncle... Ni par votre roi, d'ailleurs. Il est bien dommage d'apprendre que vos protecteurs vous abandonnent. Car sans protecteur, qui nous retient, moi, mes hommes, et leurs velléités, hum ? Rien, bien malheureusement."

Il s'effaça pour laissait place aux pirates. Ceux-là ne semblaient pas sourire, bien au contraire. Lysandre avait interdit qu'on y aille trop fort. Pas d'instruments. Pas d'armes. Pas de violence. Pas trop. Pour l'instant, on devait juste s'amuser avec lui. Une fois la douzaine de gorilles entrés en scène, Lysandre se retira galamment, laissant la coterie à ses futurs ébats.

[sachant que la détention d'un personnage sans son accord est interdit, que que toute atteinte a sont intégrité physique est interdite (sectionner un doigt, enfermer Gilrad avec des hommes pour le massacrer) et que le gros billisme est également interdit (rançon de 250.000 S), je propose de donner cette fin, qui respecte les règles et finit cette affaire qui nous importune tous. A valider tout de même par un modérateur pour pas que le conflit continue.]

Les hommes s'approchaient de Gilrad, le visage presque serin.
Ils avançaient lentement… Lysandre était sortit. Des sourires apparurent sur leurs visages. Des sourires de joie.
Ils s’avancèrent vers l’Amiral, mais ce n’étais pas pour le frapper.

-Amiral ! Lysandre croit que nous sommes de son côté, mais nous sommes toujours fidèles a la couronne! Il nous a pris au piège, mais nous venons reprendre le contrôle de la Pourfendeuse. Laissez nous vous détacher !

Gilrad ne comprenait rien. Il sortait d’un lourd sommeille, il était rongé par la faim.
Il se souvenait de la prise de la Pourfendeuse, son second baptême du « Chuant noir », la perte des deux autres navires… Il se pensait perdu. Mais là, des hommes a lui venaient le sauver…
Ils le détachèrent et reprirent :

-Nous avons élaboré un plan, la première partie est accomplie avec succès : vous êtes libre. Vous savez sire amiral, que plus de la moitié de l’équipage de la pourfendeuse avait rejoins Lysandre… Mais c’était seulement pour garder la vie sauve. Lorsque nous avons appris que vous étiez encore en vie, nous avons contacté nos camarades. Certains voulaient rester pirates, et nous les avons occis. Mais vous voilà libre, et désormais, Nous devons nous débarrasser de Lysandre et des pirates qui constituent l’équipage. Nos hommes peuvent se débarrasser de Lysandre. Et comme la nuit viens, il nous sera facile de nous débarrasser des hommes de Lysandre. Ils ne sont qu’une dizaine à garder le pont…

-Nous n’allons pas nous débarrasser de Lysandre… Il va vivre avec la honte d’un échec cuisant face à ses supérieurs. Le coupa Gilrad. Passez-le par-dessus bord.

-Bien… Donc je disais que nous allions nous débarrasser de Lysandre et de ses hommes. Sachez que les hommes de la couronne restent fidèles et loyaux à la couronne.

Sur ses mots, les hommes aidèrent Gilrad à se relever. L’amiral leur demanda d’exécuter leur plan qui lui sembla sans failles.
Un des hommes ouvrit la porte et mit deux doigts à ses lèvres, puis siffla un grand coup. Des « plouf » retentissaient alors. Les Marins se débarrassaient des pirates. Les marins, une fois ayant pris le contrôle du navire, déployèrent les voiles, toujours silencieusement. La nuit, le vent, la taille de la voilure de la pourfendeuse et le courant étaient favorable à la fuite du navire.

Lysandre serait jeté à la mer plus loin, dans une chaloupe, pour éviter que ses cris n’éveillent les soupçons. Il avait été assommé par un des gorilles pour le moment.

Le navire, poussé par le vent et caché par la nuit, pris la direction du port militaire de Diantra, direction le sud…

C’est ainsi que la glorieuse marine royale repris la possession de la Pourfendeuse et de son amiral.

[Je considère le Rp ci-dessus comme invalide et ne le prends pas en compte.]

Le quart était passé, et Lysandre alla taper sur la porte de la pièce où était enchaîné l'Amiral. Il cria un "personne n'est tout nu ?" et entra précipitamment. Roger, l'un des rameurs, tenait ses froques à une main et fixait le capitaine d'un air perplexe. Le reste de la petite troupe se redressa et effaça le sourire goguenard qui trônait sur tous les visages. Une fois Lysandre et ses gorilles seuls avec Gilrad, c'est-à-dire une fois la troupe d'amour sortie, le capitaine s'entretint avec l'amiral, qui jonchait le sol. Une moue de pitié figeait le visage du bateleur dans une expression de contrition.

"Ah, sire amiral. Vous voyez à quelle extrémité des gens de bonne volonté comme nous en sont réduits. Je n'ai pas envie que cela se reproduise, voire aille plus loin, entendez-vous ? Mais pour cela, il me faut votre coopération. Je vais rédiger une lettre pour vous, et je vous demanderai de la signer. Bien sûr, cette signature ne m'est pas nécessaire, je pourrais user de votre sceau et apposer une copie de votre signature, mais je vois cela comme une chance pour vous de me prouver que ce qui s'est passé aujourd'hui ne sera plus nécessaire."

[trop de temps perdu avec cette affaire... même les modos s'en foutent, tu pars avec ton chuant noir et je pars avec la pourfendeuse... tes 250.000S, c'est du grosbillisme et c'est interdit,tu les utilises si tu veux a tes risques et périls. J'arrête de RP avec toi, c'est pas interressant et je veu pas me prendre la tête. Bonne continuation]

[Voilà qui est réglé.]

Lysandre changea rapidement de politique. Et à une correspondance purement privée avec l'oncle de l'amiral fut substituée une publicité incarnée dans divers bouts de vélin que l'on dispersa sur les places publiques arétriennes. Les parchemins étaient marqués du sceau comtal, et expliquaient qu'une rançon était demandé pour leur comte bien aimé. Des crieurs, même, furent dépêchés, payés par on ne sait quel bougre ayant l'or. Rapidement, l'annonce prit de l'ampleur, et toujours les lettres avec des bouts de doigts parvenaient à l'oncle, qui n'en tenait plus. Les conseillers de l'intendant comencèrent à suggérer un impôt exceptionnel et l'envoie d'un émissaire au "sieur corsaire". Une nef fut affrétée pour l'ambassade, qui revint avec de bonnes nouvelles. La rançon avait été fixée à 100 000 souverains au lieu de 250 000.

Un impôt exceptionnel fut demandé à la populace d'Arétria, qui aimait son suzerain et paya pour le voir sortir des geôles de l'infâme pirate. Une semaine après l'envoi de la rançon, la nef revint avec l'Amiral, en vie et en bonne santé, et tous ses doigts, malgré la rumeur, étaient au rendez-vous. Cette odieuse affaire était à présent finie. Enfin... dès que Lysandre Delacouture, cet odieux personnage, se balancerait du haut d'une potence, la corde au cou et les yeux dévorés par les mouettes. Arétria fêta le retour de leur bon comte, et tout le monde était content.